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4 juillet 2015

Midhowe cairn

Rousay_Midhowe_cairn_1De la route surplombant le détroit et l’ile d’Eynhallow, on aperçoit en contrebas un énorme hangar, ressemblant plus à un entrepôt d’usine qu’à des vestiges archéologiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rousay_Midhowe_cairn_2C’est l’écrin protecteur de Midhowe cairn, qui a permis sa conservation depuis sa découverte en 1932 par le propriétaire des terres, un certain Walter Grant, dont la famille est plus connue pour ses whiskys que pour ses archéologues.

 

 

 

 

 

 

Rousay_Midhowe_broch_3Midhowe, dont le nom est le même que le broch voisin, provient de mide, le milieu, et du vieux norrois haugr, tumulus.

 

 

 

 

 

 

Rousay_Midhowe_plan_1aDaté de 3 500 avant notre ère, c’est le plus long des cairns des Orcades. En effet, il mesure 33m de long à l’extérieur, 23 à l’intérieur, avec un passage central flanqué de 12 compartiments séparés par des dalles de pierre verticales de plus de 2m de haut.

 

 

 

 

 

 

 

Rousay_Midhowe_cairn_7Les murs font encore 2,5m de haut, et il semblerait que le cairn fut au départ recouvert d’un toit en pierre en encorbellement ayant pu aller jusqu’à 5m de hauteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rousay_Midhowe_cairn_5Rodney Castleden, dans son ouvrage « The Stonehenge People: An Exploration of Life in Neolithic Britain 4700-2000 BC, le décrit ainsi :

"Walking into the monument is a little like walking into a miniature church, the straight central aisle flanked on each side by pillar-like slabs and culminating in a shrine-like end compartment at the western end".

"Marcher dans ce monument c’est un peu comme marcher dans une église miniature, l’allée centrale, droite, flanquée de chaque côté par des dalles servant de pilier et se terminant à son extrémité ouest par un compartiment qui pourrait être le chœur du sanctuaire".

 

 

 

 

 

 

 

 

Rousay_Midhowe_cairn_4Une passerelle suspendue permet de survoler le cairn. Sept compartiments contiennent encore des bancs, sur lesquels furent retrouvés les restes de 25 personnes en position fœtale, dos contre le mur, ce qui a valu à Midhowe le surnom de « grand navire de la mort ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Rousay_Midhowe_cairn_6Les fouilles ont permis de dégager une triple enceinte autour du tumulus. Au nord, un immense parvis de plus de 70m de diamètre pourrait être interprété comme étant un espace cérémoniel capable de contenir des centaines de personnes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abramis_brama_01

 

 Parmi les ossements retrouvés dans le cairn se trouvaient les restes de cerfs, qui ne gambadent plus depuis longtemps dans les prairies orcadiennes, mais aussi d’un poisson nommé la brème commune, ou Abramis brama, qui ne vit que bien plus au sud, ce qui implique qu’à cette époque le climat était bien plus doux qu’aujourd’hui.

 

 

Rousay_Muckle_Water_2aAu-dessus de la corniche, entre la mer et le sommet de la colline, le lac de Muckle Water où les brèmes étaient certainement pêchées, fait partie du folklore de l’ile.

 

Rousay_Muckle_Water_1

 

 

 

 

 

Rousay_water_horse_1La légende dit que ses eaux abritent une créature magique, le nuggle, qui prend la forme d’un cheval à queue de poisson qui noie chaque cavalier qui grimpe sur son dos. Seul un finman peut le monter en toute impunité…


       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.undiscoveredscotland.co.uk/rousay/midhowecairn/

http://www.orkneyjar.com/history/tombs/midhowe/

https://en.wikipedia.org/wiki/Midhowe_Chambered_Cairn

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15 juillet 2015

Brough of Deerness

 

Mainland_Brough_of_Deerness_3Sur la côte orientale de l’ile de Mainland, la péninsule de Deerness s’avance dans la mer du Nord. L’érosion marine, depuis plus de 400 millions d’années, a formé des grottes aux pieds des falaises de grès rouge, et parfois une partie des plafonds des grottes s’effondrent.

 

 

 

 

 

 

 Le Gloup

 

Mainland_Brough_of_Deerness_Gloup_3C’est ce qui c’est passé au Gloup de Deerness, dans la réserve naturelle de Mull Head. Gloup vient du vieux norrois gluppa, qui veut dire gouffre, et non pas du vocabulaire de Pifou dans Pif Gadget, pas gloup, pas gloup. L’ancienne grotte, envahie par l’eau, est séparée de la mer par un pont de terre.

 

Mainland_Brough_of_Deerness_gloup_5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_Gloup_4Une petite passerelle, en contrebas, permet d’apprécier les forces de la nature mises en œuvre pour arriver à un tel résultat.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_gloup_7Le Gloup mesure 40m de long, ses bords font 25m de hauteur.

 

Mainland_Brough_of_Deerness_Gloup_1a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_Gloup_2a

Le Brough of Deerness

 

Mainland_Brough_of_Deerness_2En suivant le sentier côtier vers le nord depuis le Gloup, on arrive au Brough of Deerness.

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_4Le chemin escarpé descend le long d’une falaise de 30m de hauteur jusqu’à la plage de Little Burrageo, puis remonte sur un rocher de 80m de long, séparé de l’ile depuis bien longtemps.

 

Mainland_Brough_of_Deerness_5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_6C’est sur son sommet couvert d’herbes que les vikings se sont installés, apparemment sur les ruines de bâtiments plus anciens, datant de la période picte.

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_plan_3cLes fouilles de 1970 ont mis à jour les murs d’une trentaine de maisons de style typiquement scandinave, du XIe siècle, entourant une chapelle parfaitement orientée. Les maisons furent abandonnées pour une raison inconnue vers la fin du XIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_1De nombreux artefacts furent mis à jour, comme ce morceau d’alliage de cuivre recouvert d’inscriptions runiques.

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_7Les archéologues, malgré les fouilles, ne sont pas tous d’accord sur ce que fut le Brough. Les uns parlent d’un bastion fortifié de l’Âge du Fer, les autres du village et de la maison d’un chef viking, ou encore d’un ancien monastère et de sa clôture. Moi je dirai peut-être les trois mon capitaine.

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_19Ce qui est sûr, c’est que par sa situation défensive, le peu de sépultures qui furent retrouvées, l’organisation hiérarchique de l’espace, le manque de sculpture religieuse et la présence d’objets à connotation plus guerrière poussent à penser que le monastère, s’il a existé, n’est pas resté bien longtemps monastère.

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_20Quoi qu’il en soit, il est fort probable qu’un pont ait relié le rocher à l’ile, et les restes d’un mur défensif sont encore visibles.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chapelle

 

Mainland_Brough_of_Deerness_8La chapelle fut tout d’abord construite en bois, vers le VIe siècle. Puis elle fut abandonnée durant une longue période, jusqu’à ce que les vikings païens se convertissent au christianisme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_17Puis elle fut reconstruite en pierre au Xe siècle et entourée d’un muret. Quelques pièces de monnaie frappées pendant le règne d’Aedgar (entre 959 et 975) furent retrouvées dans l’enceinte.

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_9L’usage religieux du site est confirmé par la présence d’un autel en pierre et l’utilisation de l’enceinte pour des enterrements chrétiens (la tombe de deux enfants fut creusée contre le mur est de la chapelle).

 

Mainland_Brough_of_Deerness_12

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_10L’utilisation de la chapelle continua durant la période médiévale. Le sol fut dallé, des bancs de pierre furent installés.

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_11Elle fut abandonnée à la fin du XVIe siècle, mais quelques auteurs parlent de pèlerins continuant de visiter le site en donnant des offrandes, ce qui fut confirmé par les fouilles : 32 pièces de monnaie datant de 1642 à 1860 furent retrouvées.

 

 

 

 

 

 

Jo Ben écrivit, en 1529, dans son livre « Descriptio Insularum Orchadiarum » :

"The people on bended knees and with clasped hands, without confidence in the God that is, supplicate the bairns of Brugh with many incantations, throwing stones and water behind them, and walking twice or thrice round the chapel. Having finished their orations they return home, affirming that they have performed their vows. Here they do not worship God purely."

« Les gens à genoux et les mains jointes, sans confiance envers le Dieu qui est, supplient les enfants du Brugh par de nombreuses incantations, jetant des pierres et de l’eau derrière eux, puis faisant deux ou trois fois le tour de la chapelle. Après avoir terminé leurs oraisons ils rentrent chez eux, affirmant qu'ils ont accompli leurs vœux. Ici, ils ne vénèrent pas Dieu dans la pureté ".

 

Mainland_Brough_of_Deerness_plan_4Le mot « bairns of Brugh », traduit dans le livre par enfants du Brough, provient plus certainement de la tentative d’anglicisation du mot viking « baenhus », littéralement la maison de prière.

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_18Et je dirai que les pèlerinages continuent. Peut-être pas de la façon dont on peut l’imaginer d’ailleurs, il m’a semblé que l’atmosphère de la chapelle était fortement teintée de magie noire lors de ma visite.

Par contre, en continuant vers la falaise, le petit bout de rocher sur lequel on regarde l’orient et le soleil qui se lève…

 

 

 

 

 

 

 

 

Mainland_Brough_of_Deerness_13d’ailleurs, j’étais espionnée.

 

 

 

http://www.orkneyjar.com/history/broughofdeerness/

http://www.arch.cam.ac.uk/research/projects/deerness

http://www.undiscoveredscotland.co.uk/eastmainland/broughofdeerness/

http://www.arch.cam.ac.uk/research/projects/deerness/adsr-2008

20 juillet 2015

Barnhouse

 

Barnhouse_10Sur la rive sud du lac Harray, proche du cercle de pierre de Stenness et de l’emplacement de la pierre d’Odin, fut découvert en 1984 le « village » néolithique de Barnhouse. Son nom provient tout simplement de la ferme voisine de Barnhouse. Les fouilles mirent à jour une quinzaine de maisons, contemporaines du village de Skara Brae, c'est-à-dire datant de 3 300 ans, qui furent abandonnées en 2 600 avant notre ère.

 Barnhouse_9

 

 

 

 

Barnhouse_plan_1bLes vestiges des murs restants, en pierre sèche et peu élevés, permirent de voir des structures de forme ronde, avec foyer central, cloisons, lits et vaisseliers en pierre. Les archéologues ont remonté quelques murs, afin que les touristes se rendent mieux compte de ce que fut Barnhouse à l’origine. Le « village » au départ s’étendait beaucoup plus loin en direction de Maeshowe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Barnhouse_1Barnhouse diffère pourtant de Skara Brae, situé 8km au nord/ouest : les maisons ne furent pas enterrées, aucun passage couvert ne les reliait entre elles, et il semblerait qu’il y eut une hiérarchie dans la structure sociale, absente de Skara Brae. De plus, les spécialistes estiment que chacune des maisons ont été délibérément détruites quand elles n’ont plus été utilisées, d’autres prenant leur place au fil des ans. Deux structures se démarquent.

 

 

 

 

 

Barnhouse_5La maison 2, plus grande que les autres et construite plus solidement sur une petite hauteur, avec deux pièces ayant chacune un foyer. Dans les murs intérieurs, 6 cavités rectangulaires intégrées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Barnhouse_cisteUn peu après le seuil d’entrée fut découverte une ciste (du latin cista, corbeille en osier et par extension coffre, boîte, sépulture individuelle, de petites dimensions, se présentant sous la forme d'un caisson de dalles de pierre où se fait un dépôt votif ou funéraire).

 

 

 

 

 

 

 

Barnhouse_6Au lever du soleil le matin du solstice d’hiver, les rayons passaient par l’entrée et allaient taper directement sur la dalle trapézoïdale qui la recouvrait. La maison 2 n’a jamais été démolie, contrairement aux autres.

 

 

 

 

 

 

Barnhouse_2Située en face, la maison 8 est la structure la plus grande de Barnhouse. Elle fut construite sur une plate-forme d'argile jaune après l’abandon des autres maisons, vers 2 600 avant notre ère. C’est une structure carrée massive de 7m de long, aux murs épais, entourée par 3 murs d’enceinte. L’entrée, orientée au nord/ouest sur le coucher du soleil au solstice d’été, et flanquée de deux menhirs, donne sur un couloir de 3m de long. Au milieu du passage, sous le plancher de dalles, fut retrouvée la trace d’un foyer.

 

 

 

 

 

 

Barnhouse_pitchstone

 

 

 

La structure possède aussi un foyer central, près duquel fut retrouvé une poterie de style Unstan Ware remplie de silex, très rare dans les Orcades. Un morceau de rétinite, pierre formée à partir de lave refroidie au contact de l’eau ou de la glace, utilisée pour fabriquer des outils tranchants mais aussi pour ses propriétés énergétiques, fut également retrouvé.

 

 

 

 

 

 

Barnhouse_Machrie_MoorCette pierre chamanique, verre naturel, qui facilitait la connaissance de l’inconscient et la purification, proviendrait de l’ile d’Arran (Eilean Arainn), de l’autre côté de l’Ecosse, habitée sans interruption depuis le début du Néolithique et où se dressent bon nombre de mégalithes comme ceux de Machrie Moor.

 

 

 

 

 

Barnhouse_12Il semblerait que le « foyer central » du cercle de pierre de Stenness, 200m plus bas, monté bien après les menhirs, fut construit avec les pierres de pavement de la maison 8.

 

 

 

 

 

Barnhouse_8Si Barnhouse ne fut pas un village comme les autres, à quoi a-t-il bien pu servir ? Même les archéologues disent que la découverte de ce site, de nature cultuelle, a conduit à la réinterprétation de l’histoire des Orcades. C’est dire. Voyons un peu. Premier indice, sa position orientée des entrées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Barnhouse_plan_aDe plus, le site est relié suivant un axe solsticial à la pierre de Barnhouse, elle-même reliée à Maeshowe. Cela forme un beau triangle rectangle isocèle. La pierre de Barnhouse est aussi reliée au centre de Brodgar, en passant par la Watchstone, suivant la ligne des rayons du soleil levant du 1er mai, à la fin de la saison sombre et au début de la saison claire.

 

 

 

Barnhouse_plan_6aLa maison 2, différente des autres, devait accueillir un personnage plus important, d’où la notion de hiérarchie. Si non, elle était différente d’un logement, la présente de la ciste en témoignant (lien avec les ancêtres ?), même si la possibilité qu’elle ait été mise là ultérieurement reste de mise.

 

 

 

 

 

 

 

Barnhouse_3La maison 8, ressemblant à un édifice religieux tel une église romane avec sa triple enceinte, fut construite après l’abandon du reste du site. Les temps changent, les pratiques religieuses et rituelles aussi, mais le lieu, espace sacré, semble rester dédié au culte. Là où les cérémonies eurent lieu à l’extérieur, dans les cercles de pierres ouverts à l'ensemble de la communauté, elles se firent ensuite dans un espace clos seulement accessible à quelques privilégiés. Le fait que l’entrée possède un foyer caché indique peut-être que l’on devait passer dessus avant d’entrer afin de se purifier. A moins que le foyer ne soit le vestige d’une ancienne cérémonie de fondation. A moins qu’il faille se servir du feu pour ouvrir le site énergétiquement parlant. Dans les trois cas, on note l’importance du feu.

 

 

 

Tous ces indices tendent à prouver que Barnhouse fut un village sacerdotal, où les premiers chamanes, puis les  prêtres, officiaient, en relation directe avec Maeshowe, le ness of Brodgar et les cercles de pierre voisins. Le fait qu’à l’intérieur des maisons, en interface les unes avec les autres, règne la permanence d’un état harmonique ne fait que confirmer la chose.

http://www.orkneyjar.com/history/barnhouse/

http://www.spirit-of-orkney.com/contents1a/2010/08/barnhouse-neolithic-settlement/

http://www.odinorkney.com/pages/maeshowe/barnhouse.html

http://www.ancient.eu/Barnhouse_Settlement/

6 février 2016

Bois-Sainte-Marie, historique

 

Bois-Sainte-Marie map 2Le village de Bois-Sainte-Marie se construisit sur une ancienne route gauloise. Il semblerait qu’une prieurale bénédictine, située sur la pente de la colline, fut construite dès l’époque carolingienne, mais ce n’est qu’en 974 puis en 998 que le village apparaît dans une charte clunisienne en tant que Sancta Mari de Boscum.

 Bois-Sainte-Marie 0a

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 15La population augmentant, une église paroissiale, financée par le vicomte de Dun, fut bâtie en grès jaune au sommet de la colline au XIIe siècle, sous le vocable de la nativité de la sainte Vierge.  Bois-Sainte-Marie devint alors le siège d’un archiprêtré de 32 paroisses du diocèse d’Autun.

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie mapLe village fortifié, siège d'une châtellenie royale où les comtes de Mâcon battaient monnaie et où un prévôt rendait justice, prit de l’importance après 1181, quand la population de la proche citadelle de Dun, détruite par Philippe-Auguste lors de la guerre qu’il mena contre le vicomte de Mâcon suite à une plainte de l’abbé Pierre de Cluny, y vint se réfugier.

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 2Bois-Sainte-Marie devint possession royale en 1239 et Louis IX, dit Saint-Louis, y demeura en 1245 lors du voyage qu’il fit à Cluny pour y rencontrer le pape Innocent IV. C’était un bourg important, au carrefour de plusieurs régions, organisant des foires réputées. Il fut saccagé durant les guerres de Religion, en 1420 par les Armagnacs puis en 1567 par les Calvinistes : l’église fut incendiée et le prieuré détruit. La ville voisine, La Clayette, organisa alors les foires, et doucement Bois-Sainte-marie périclita.

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 13Au XVIIe siècle l’église était presque en ruine, la voûte du bas-côté nord en grande partie effondrée. Il faudra attendre 1845 pour que les Monuments Historiques commencent à s’en occuper et l’architecte Eugène Millet, élève de Viollet-le-Duc, commença la restauration en 1849. Un nouveau perron fut ajouté ainsi qu’une tour carrée d’accès au clocher (lui-même reconstitué), les piliers furent consolidés, certains chapiteaux refaits à l’identique, les murs du côté nord (où fut ouverte une porte) et du déambulatoire remontés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://association-egliseboisstemarie.org/

http://www.bourgogneromane.com/edifices/boisstemarie.htm

http://www.petit-patrimoine.com/fiche-petit-patrimoine.php?id_pp=71041_1

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bois-Sainte-Marie

http://www.pays-clayettois.fr/bois-sainte-marie.html

http://pjpmartin.free.fr/site/FMD1s.htm#r54

30 juillet 2015

Stage en Brionnais avec Jacques Bonvin

J'ai le plaisir et le privilège d'animer un stage sur la symbolique romane avec Jacques Bonvin dans cette merveilleuse région qu'est le Brionnais. Si la perspective de passer un moment avec nous vous semble intéressante, et pour plus de précisions, il vous faudra contacter l'ANGE :

Académie Nationale de
Géobiologie Environnementale
contact@academie-geobiologie.fr
Téléphone : (33) 05 63 32 06 18

ou vous rendre sur le site de Mosaïque ici et regarder dans les stages d'architecture sacrée ici  puis  . Sinon, vous pouvez laisser vos coordonnées en commentaire. Merci, et peut-être à bientôt, presque à demain, si vous le voulez bien !

Stages_1

Stages_2

Stages_3

 

Neuilly_en_Donjon_21

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14 octobre 2015

La chute d’Adam et Ève, ou l’acte fondateur de l’exil humain sur la Terre


Genesis 3.6-7

6 Vidit igitur mulier quod bonum esset lignum ad vescendum et pulchrum oculis et desiderabile esset lignum ad intellegendum; et tulit de fructu illius et comedit deditque etiam viro suo secum, qui comedit.
7 Et aperti sunt oculi amborum. Cumque cognovissent esse se nudos, consuerunt folia ficus et fecerunt sibi perizomata.

Genèse 3.6-7

6 La femme vit que l'arbre était porteur de fruits bons à manger, agréable à regarder et précieux pour ouvrir l'intelligence. Elle prit de son fruit et en mangea. Elle en donna aussi à son mari qui était avec elle et il en mangea.
7 Leurs yeux à tous les deux s'ouvrirent, et ils prirent conscience qu'ils étaient nus. Ils attachèrent des feuilles de figuier ensemble et s'en firent des ceintures.


Bible_3La Genèse fait partie du Pentateuque, appelé Torah chez les juifs, composé des cinq premiers livres de la Bible. La tradition en attribue l’écriture à Moïse, mais il fut démontré que ces écrits furent rédigés lors de l’exil du peuple juif à Babylone, entre le Ve et le IVe siècle avant notre ère, et par de nombreux auteurs ayant accès aux bibliothèques sumériennes et aux tablettes d’argile gravées,

 

 

 



Gilgamesh_1notamment l’épopée de Gilgamesh et le mythe d’Enki et Ninhursag (que je vous conseille vivement de lire rapidement. Il n'en existe que trois tablettes, elles pourraient disparaître malencontreusement dans une guerre débile, on ne sait jamais).

 

 

 

 

 

Bible_1Ces scribes se basaient donc sur des documents anciens et sur leur propre tradition orale, suivant en cela un projet théologique bien précis. La plus ancienne Torah retrouvée fut écrite en hébreu, avec quelques passages en araméen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bible_5En Occident, la traduction en latin la plus utilisée au départ provenait d’une Bible écrite en grec au IIIe siècle avant notre ère, la Septante, puis d’une Bible traduite directement de l’hébreu en latin par saint Jérôme au IVe siècle, la Vulgate.

 

 

 

 

Adam_et_Eve_chapiteau_5Le thème de la chute, issu de la Genèse, se retrouve souvent représenté sur les chapiteaux et les tympans romans. Nous avons là, au niveau de la symbolique, de quoi écrire un livre entier : l’Éden, le couple originel, le serpent, l’arbre, le fruit.

 

 

 

 

 



Le fruit défendu

Eden_3Notre épisode de la chute se trouve au troisième chapitre du premier livre, la Genèse, juste après la création de l’univers puis du jardin d’Éden, dans le centre duquel Elohîm plaça deux arbres, l’arbre de la Connaissance du bien et du mal, et l’arbre de Vie.

 

 

 

 



Genèse 2.8-9 (Bible Chouraki) :

Elohîm plante un jardin en Éden, au levant, il met là le glébeux qu’il avait formé. Elohîm fait germer de la glèbe tout arbre convoitable pour la vue et à bien manger, l’arbre de la vie, au milieu du jardin et l’arbre de la connaissance du bien et du mal.

Adam_et_Eve_18aC’est le fruit de ce dernier que la femme va manger. Seulement… il n’est pas nommé. Plus exactement, il est nommé « fructu vero ligni », le fruit de l’arbre. Le fruit symbolise en général une certaine abondance, il est souvent lié à la fécondité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_16aGuénon l’assimilait à l’œuf du monde, symbole des origines. Dans la traduction latine, plusieurs mots sont utilisés. J’ai plongé mon nez dans le dico de latin édition Garnier. En version, nous avons :

Pomum,i : fruit d’un arbre (figue, datte, noix,…)
Pomus : arbre fruitier
Mālum, i : pomme, fruit ressemblant à une pomme par sa forme ronde (grenade, pêche, …)
Malus, a, um : mauvais, mal, mais aussi malin, rusé
Fructus : fruit de la terre
Lignum,i : bois, arbre, partie dure d’un fruit (noyau)

Voici la suite en thème :

Le fruit : fructum
Une pomme : pomum
Le mal : malum
Le fruit défendu : pomum ligni vetiti

Adam_et_Eve_2Pomum, fruit de l’arbre, mālum/malum, la pomme et le mal… Nous sommes devant un cas typique de polysémie et de mauvaise traduction. Notre fruit défendu, celui de l'arbre de la connaissance du bien et du mal planté au milieu du jardin d'Éden, n’était donc pas une pomme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_1Effectivement, notre William Shakespeare babylonien avait plus de chance de parler du fruit d’un figuier ou d’un palmier, voire d’un dattier ou d’un grenadier, que du fruit d’un pommier, car comme tout le monde le sait bien, ce n’est pas en Irak que l’on cultive le plus la pomme, mais en Normandie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pommier_1D’ailleurs, comme le disait si bien Henry Monnier, voyez comme la nature est prévoyante : elle fait pousser la pomme en Normandie sachant que c'est dans cette région qu'on boit le plus de cidre.

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_9Notre petite pomme, à la cime d’un pommier, qu’un grand coup de vent d’automne fit tomber sur le pré, représentée depuis des siècles dans la main d’Ève par des générations de peintres et de sculpteurs, n’en demandait pas tant.

 

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_chapiteau_7Le fruit du Malus Domestica, victime de  ces homophonie et homographie bien commodes, n’est devenu le symbole du fruit défendu que parce qu’un scribe traduisit du latin de travers. De plus, il en rajouta une couche pour bien montrer aux lecteurs que la connaissance, c’est mal.

 

 

 

 

 

 

Vigne_4aDans la littérature rabbinique, ce premier interdit alimentaire peut concerner plusieurs fruits. Un sage parle du raisin, fruit de la vigne, puisque son ingestion peut provoquer une modification d’état de conscience. In vino veritas donc. Ce qui expliquerait la traditionnelle feuille de vigne en guise de pagne pour notre Adam.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

vigne_1Certains chapiteaux romans nous parlent de la vigne du Seigneur et de ses bienfaits (ivresse mystique), qui permettent de poser notre mental de côté afin de recevoir un message spirituel qui ne se comprend parfaitement qu’avec le cœur.

vigne_2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur cette sculpture on voit bien un homme ailé (ce n'est pas un ange car il ne porte pas d'auréole, les ailes sont un outil pour s'élever) tenir des raisins, ses pieds se retournant vers le ciel. Traditionnellement,la vigne porte la connaissance et symbolise les cycles naturels et la vie toujours renaissante, devenant l’attribut de Dionysos.

Vigne_6

Figue_2Un autre sage parle de la figue, fruit du figuier. En effet, nos tourtereaux se servent bien d’une feuille de figuier pour cacher leur nudité, et ce fruit là est bien nommé : folia ficus. Grâce à ses nombreux grains, la figue représente la fécondité, l’abondance. En Égypte, où  elle représentait la science religieuse, elle était considérée comme initiatique, à l’instar de l’Inde où le Bouddha trouva l’illumination sous les feuilles du figuier des banians.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

figuesElle sera puissance, axe du monde, immortalité, connaissance supérieure, arbre qui relie le ciel et la terre. Mais ce n’est pas tout : en Inde toujours, c’est l’arbre de Vishnou et de Shiva et son culte est associé au serpent.

 

 

 

 

 

Figue_1Cette association arbre et serpent (tiens, ça me dit quelque chose) sera alors créatrice de force fécondante. La figue peut aussi être associée au dualisme : figue fraiche et figue séchée (vie et mort), forme externe évoquant les testicules, apparence interne le sexe féminin.

 

 

 

 

 

 

 

 

grenade_2Et que dire de la grenade… Ce fruit généreux aux multiples grains rouge sang, originaire de Perse, fut assimilé à la fécondité, à la prospérité, associé aux relations sexuelles et à la procréation. En botanique, il est aussi appelé fruit du Paradis ou pomme punique (Punica granatum). En Grèce, elle fut l’attribut d’Héra et d’Aphrodite. C’est à cause de pépins de grenade, seul fruit disponible aux enfers, que Perséphone dut rester 6 mois par an avec Hadès.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Grenade_1Elle orna les colonnes du temple de Salomon : « Les chapiteaux placés sur les deux colonnes étaient entourés de deux cents grenades, en haut, près du renflement qui était au delà du treillis; il y avait aussi deux cents grenades rangées autour du second chapiteau» (Rois, 7.20). Elle ornait aussi l’éphod, robe des Grands Prêtres hébreux. Plus proche de nous, saint Jean de la Croix en parle en ces termes : « elle représente les plus hauts mystères de Dieu, ses plus profonds jugements et ses  plus sublimes grandeurs ».

 

 

 

Jardin_Hesperides_1aRevenons à notre Malus domestica et sa petite pomme, qui, bien qu’elle ne soit pas nommée, porte elle aussi une symbolique riche de sens. Chez les grecs nous la retrouvons d’Or au jardin des Hespérides où Héraclès en vola trois sur l’arbre de Vie, peut-être l’une de celle que lança Eris, déesse de la discorde, au milieu des noces de Thétis et Pélée, qui devait aller à la plus belle des déesses.

 

 

 

 

Aphrodite_3Il fallut choisir entre Héra, Athéna et Aphrodite. Miroir, miroir, mais qui est la plus belle ? Aphrodite fut choisie par Pâris, en échange de l’amour d’Hélène, ce qui provoqua, tout le monde s’en souvient, la fameuse guerre de Troie. La pomme devint alors le symbole de la déesse de l'amour.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ydun_1aChez les dieux nordiques, la déesse Idunn gardait les pommes d'or qui conservaient l’immortalité et la jeunesse éternelle des Ases. Chez les anciens celtes, Tir Na Nog, l’autre-monde, est représenté comme une ile au-delà de la mer, que l’on trouve en partant vers le nord/ouest, là où le soleil meurt. Elle est plantée de pommiers aux fruits d’or. La racine celte ablu, la pomme et abalnos, le pommier ont donné le gaulois abalo, l’irlandais aball, le gallois afal, le breton aval.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pomme_1Avec la même racine indo-européenne germanique, nous avons le néerlandais appel, l’allemand Apfel, et l’anglais apple. Notre pomme donna donc son nom à Avallon, l’ile magique où reposent Arthur, Merlin et Morgane. Le fruit est alors associé à la création et aux cycles de mort et renaissance, à la fertilité, à la pureté et à l’intégrité. Il parait même que les druides racontaient que la pomme pouvait transporter celui qui la mangeait dans d'autres mondes. Pouvoir en manger tout l’hiver leur faisait dire qu’elle était le symbole de l’immortalité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

pomme_3Et Marc Gendron a bien raison quand il dit que l'univers est résumé dans un trognon de pomme. Tout le monde connaît l’expérience suivante : si on coupe une pomme dans le sens de ses pôles, on peut voir un dessin en forme d’amande, très clairement assimilable au sexe d’une femme. Si on regarde mieux, on voit alors la queue, le pédoncule du fruit, pénétrant le carpelle (mésocarpe et endocarpe) contenant les graines (les pépins).

 

 

 

 

 

 

Pomme_2bPar contre, si on la coupe par son équateur, on se trouve devant une étoile à 5 branches, bien connue des pythagoriciens, et qui figure, selon Éliphas Lévi, le microcosme, l'Homme naturel, et qui parle d’Adam comme du tétragramme humain, le pentagramme qui exprime la domination de l'esprit sur les éléments. Le nombre cinq signifie, chez les pythagoriciens, la somme du pair (féminin) et de l'impair (masculin).

Pomme, raisin, figue, grenade, même combat.

 

 

 

 

 

 



Les deux arbres

 

Yggdrasil_1Ce fruit défendu provient d’un arbre. L’arbre, à la tête du règne végétal, possède une symbolique des plus riches. Arbre cosmique, axe du monde, comme Yggdrasil dans la mythologie nordique, il relie entre elles les trois parties de l’univers, le monde souterrain par ses racines, la surface de la terre par son tronc et le ciel par sa ramure. C’est par lui, échelle cosmique, que l’homme va s’élever, chemin ascensionnel de la matière vers l’esprit, de la pénombre à la lumière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arbre_de_vie_2Il réunit en lui les 4 éléments : il va chercher l’eau dans la terre, la portant  par la sève aux feuilles qui, se développant dans l’air, vont transformer le gaz carbonique par l’énergie du soleil (de plus, c’est du frottement de deux morceaux de bois que jaillit le feu).

 

 

 

 

 

Homme_Vert_2De part le renouvellement de ses feuilles, il devient symbole des cycles de vie, de la victoire sur la mort par une perpétuelle régénération, d’une vie riche et fertile. Les druides nous en ont laissé le symbole dans les visages humains sortant de feuilles ou formés de végétaux, les hommes-verts, présents sur bon nombre de chapiteaux romans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_chapiteau_12Nourricier, il nous accompagne tout au long de notre vie, du berceau au cercueil, servant de nourriture (fruit), de chauffage et d’éclairage (bûche), de protection (hutte).
Il peut aussi représenter la dualité : le masculin, la verticalité de son tronc puissant, tel le phallus dressé, s’oppose au féminin par la rondeur de sa ramure, par sa fécondité et sa faculté de nourrir et de protéger.

 

 

 

 

 

 

 

 

Arbre_de_Vie_1Deux arbres symboliques sont plantés en Éden, l’arbre de la Connaissance et l’arbre de Vie. L’Éden, qui signifie jardin des délices en hébreu, provient de l’akkadien « edinu », la plaine, lui-même issu du sumérien « e-din », la plaine, mais aussi l’enclos.

 

 

 

gilgameshLa première mention connue de cet Éden, ce jardin paradisiaque, apparaît sur une tablette sumérienne parlant de Gilgamesh et de son épopée. L’endroit, luxuriant, fertile et riche, planté d’arbres fruitiers, est réservé aux dieux. Un seul homme y fut admis, Uta-Napishtim, le Noé sumérien, à qui  fut donnée l’immortalité en récompense pour avoir sauvé la vie.

L’interdit porte sur le premier, l’arbre de la connaissance. Mais de quelle connaissance s’agit-il ?

 

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_chapiteau_8Souvent sur les chapiteaux romans représentant la chute, on voit Adam, cachant son sexe, mais aussi sa gorge, au niveau du chakra correspondant aux énergies de communication, celui qui permet de relier l’homme au divin. La faute, le péché originel, serait alors le simple fait d’être séparé de la divinité, la perte de conscience des mondes subtils, que l'homme va tenter de retrouver grâce aux fruits à sa portée.

 

 

 

 

 

Tubalcain_1En sumérien, le mot « giš » désigne un arbre mais aussi un outil en métal. D’où l’hypothèse qu’émet Anton Parks disant que l’interdiction porte sur l’outil et  sur le travail des premiers métaux, la métallurgie.  Cette maitrise donnerait à l’homme la possibilité d’être libre et autonome. Apparaît l’idée d’un Tubal-Caïn connaissant, tel les dieux et héros d’antan maitrisant la forge (Héphaïstos, Goibniu, Thor, etc.) à la tête d’une lignée d’initiés (il est dit que Tubal-Caïn inventa l’alchimie).

 

 

 

 

Adam_et_Eve_chapiteau_16Il se pourrait aussi que cette connaissance du bien et du mal, comme vue plus haut avec la symbolique du fruit, soit en rapport avec le sexe et la reproduction. Adam et Eve, après avoir mangé le fruit défendu, prennent conscience de leur sexe, donc de leur différence.

 

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_chapiteau_10Ce qui pourrait impliquer qu’avant, ils n’étaient... qu’un ? Dans ce cas, les humains furent créés pur esprit. Le fruit les projeta dans la matière et la dualité, les privant de leur unité primitive, ce que l’on pourrait appeler l’androgynat des origines.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_4Le deuxième arbre, l’arbre de Vie, ne porte pas d’interdit.

Genèse 2-22

22 L'Eternel Dieu dit: « Voilà que l'homme est devenu comme l'un de nous pour la connaissance du bien et du mal. Maintenant, empêchons-le de tendre la main, de prendre aussi du fruit de l'arbre de vie, d'en manger et de vivre éternellement!

 

 

 

 

Adam_et_Eve_chapiteau_14L’ingestion du fruit du premier arbre, la Connaissance, aurait donc permis à l’homme de pouvoir manger du second, fruit de l’arbre de la Vie, si Dieu ne l’avait pas viré d’Eden. En gros, l’homme découvre le sexe et la reproduction, si en plus il devient immortel… il est comme Dieu. Ou plutôt comme LES dieux, puisque l’auteur dit « nous » !

 

 

 

 

 

Adam_et_Eve_chapiteau_11Ca me fait penser au professeur Norman (Morgan Freeman) dans le film Lucy de Luc Besson, qui dit que « traverser le temps semblerait être le seul but réel de chacune des cellules de notre corps. Pour atteindre ce but, elles n'ont que deux solutions : la reproduction ou l'immortalité. Elles choisiront en fonction de leur environnement, plus ou moins favorable ». En Éden, l’arbre de la Connaissance dévoile les mystères de la reproduction, l’arbre de la Vie ceux de l’immortalité…

 

 

 

 

 


Le serpent

 

Serpent_5aL’humanité telle qu’on la connaît, faite de chair et duelle, n’existerait pas sans le serpent qui, dans la Septante, est qualifié d’avisé (le temps passant, on le retrouve rusé dans la Vulgate. Le message n’est plus le même…).

 

 

 

 

 

 

ouroborosCe serpent avisé, on le retrouve dans les cosmogénèses diverses et variées, depuis l’aube des civilisations, maitre du principe vital des origines, maitre des énergies et des forces de la nature. Il sera ce qui anime, ce qui maintient. Il créera le temps en plus de la vie, dans sa représentation de l’ouroboros.

 

 

 

 

 



Atoum_3Les chaldéens n’avaient qu’un seul mot pour dire serpent et vie. Il sera dieu créateur aux origines comme Atoum chez les Egyptiens, représentant de l’incarnation de l’esprit dans la matière, maitrisant la vie, mais aussi la mort.

Il sera initiateur en portant les symboles des 4 éléments : la terre (la Déesse-Mère le maitrisera), le feu se transformant alors en dragon, l’air lorsque les ailes lui poussent (dragons ailés) et l’eau (vouivre). Il sera alors symbole des sciences, de la connaissance et de la sagesse.

 

 

 

 

 

 

Quetzalcoatl_1De part sa capacité à changer de peau, il sera symbole d’immortalité et de renaissance, comme Quetzalcoatl le serpent à plumes chez les Aztèques. Il deviendra protecteur sous la forme de l’uraeus au front des pharaons, guérisseur s’enroulant sur le bâton d’Asclépios. Chez les indiens, lové au niveau du premier chakra, il attendra d’être éveillé pour conduire à l’état de samadhi, état d’expansion illimitée de la conscience.

 

 

 

 

 



Caducee_dHermesL'image du serpent enroulé autour de l'arbre de la connaissance, du bâton d'Asclépios à la baguette d'Hermès, le caducée (les serpents: le feu et l’eau, la baguette : la terre, les ailes: le ciel) qui signifie le bâton du héraut, symbolise la communication, la connaissance et sa diffusion (voir le site sur la symbolique du caducée, très bien fait).

 

 

 

 

 

 

 

 

Caducee_alchimiqueEn alchimie, les deux serpents enroulés autour du caducée symbolisent le soufre et le mercure, les principes antagonistes, qui seront unis par le sel.

Caduc_e_alchimique1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

serpent_2aAlors, avisé ou rusé le serpent ? Il faut savoir que ce n’est qu’au Moyen-âge qu’il deviendra la représentation directe du mal, le Satan, responsable du péché de la femme. Même au début du christianisme, la secte gnostique des ophites, considérés comme hérétiques assez rapidement somme toute,  considérait Nahash (le serpent en hébreu) comme le héros apportant la connaissance sous forme du fruit défendu aux hommes, le démiurge créateur étant un être diabolique ne sachant que maudire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Serpent_6aComme les ouvrages ophites ont beaucoup servi de combustible, il ne nous reste que les témoignages de leurs ennemis, et quelques écrits originaux trouvés à Nag Hammadi. Irénée de Lyon, dans son livre « Contre les hérésies »,  en parle en ces mots :

« Certains disent que c’est la Sagesse elle-même qui fut le serpent : c’est pour cette raison que celui-ci s’est dressé contre l’Auteur d’Adam et a donné aux hommes la gnose ; c’est aussi pour cela qu’il est dit que le serpent est le plus rusé de toutes les créatures. Il n’est pas jusqu’à la place de nos intestins, à travers lesquels s’achemine la nourriture, et jusqu’à leur configuration, qui ne ferait voir, cachée en nous, la substance génératrice de vie à forme de serpent. »

Adam_et_Eve_10Je terminerai sur cette idée : en supprimant le principe du péché, en enlevant la culpabilité, en rendant aux femmes leurs véritables attributs, les églises et leurs représentants perdraient leur pouvoir et n’auraient plus de prise sur l’assemblée de leurs fidèles.

 

 

 

 

 

 

 

 

Blanche_neige_3D’un autre côté, l’immortalité est un cadeau empoisonné, à l’image de la petite pomme rouge que donna la méchante reine à Blanche-Neige dont les cheveux noirs, la peau blanche et les lèvres rouges sont familiers aux alchimistes.

Blanche_neige_2

 

 

 

 Blanche_neige_1

 

 

 

 



 

Jardin_Hesperides_0Ce secret ne serait-il pas justement celui que recherchent ces alchimistes, les descendants de Tubal-Caïn, caché par la quête de la pierre philosophale qui transmute le plomb en or, métal dont sont faites les pommes du jardin des Hespérides ?


 

 

 

 

 

http://lewagges.fr/?p=3621

http://rhr.revues.org/4621

http://www.persee.fr/doc/dha_0755-7256_2002_num_28_2_2474

https://lecheminsouslesbuis.wordpress.com/2010/12/15/le-symbolisme-du-5/

http://rhr.revues.org/4621

https://www.jweel.com/fr/blog/p/2015/signification-des-symboles-la-pomme/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Arbre_de_la_connaissance_du_bien_et_du_mal

22 octobre 2015

Llafranc, Sant-Sebastià de la Guarda

 

Llafranc_6LLafranc, village de pêcheurs construit sur la Costa Brava, dans cette partie du Baix Empordà (comarque de la province de Gérone) où les calanques n’ont rien à envier à celles de Marseille, de Piana ou de l’Esterel, possède une longue histoire.

 

Village_2a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_5Les premiers vestiges d’occupation humaine remontent au Néolithique. Vers le VIe siècle avant notre ère, un peuple aux origines mystérieuses, les Ibères, viennent s’y installer. Leur langage, comme celui des Basques, n’est pas issu des langues indo-européennes.

 

 

 

 

 

 

Llafranc_24Au IIe siècle, le pays est occupé par les Phéniciens, puis par les Grecs (comme le montre cette carte des villages ibères et grecs entourant Sant-Sebastià de la Guarda) et bien sûr au IIe siècle par les Romains avant de tomber entre les mains wisigothes, arabes et franques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le dolmen

 

Llafranc_Dolmen_4Vestige de ces premiers peuples, le dolmen de Can Mina dels Torrents se situe tout près du centre de Llafranc, à côté d’une ancienne fontaine sacrée, la Font d’en Xecu.

 

 

 

 

 

 

Llafranc_Dolmen_5Passé inaperçu des scientifiques,  il fut découvert en 1954 au milieu d’une ancienne vigne abandonnée, au milieu des pins, servant de cabane à outils au propriétaire du terrain. L’hypothèse de la présence d’un cromlech ou d’un cairn reste envisageable, même si la structure a disparu.

 

 

 

 

 

 

Llafranc_Dolmen_2Les fouilles furent commencées en février 1964. Le dolmen fut posé sur un rocher naturel existant, qui fut creusé afin de gagner de la hauteur à l’intérieur. Daté par les archéologues d’environ 3 500 avant notre ère, il mesure 2,10m de long et 1,60 de haut.

 

 

 

 

 

 

Llafranc_Dolmen_3La dalle de couverture en granite, d’une seule pièce, couvre toute la chambre. Elle possède une épaisseur comprise entre 25 et 60 cm, et mesure 1,80 m dans l’axe nord-sud et 1,60 m dans l’axe est-ouest.

 

 

 

 

 

 

Llafranc_Dolmen_1Une semaine après l’étude du monument, le propriétaire se dépêcha de faire tomber les pierres, de peur, soi-disant, que son fils s’y blesse en jouant. En septembre 1968, la ville de Palafrugell fit reconstruire le pauvre dolmen endommagé.

 

Llafranc_Dolmen_plan

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le village ibère

 

LLafranc_plan_1

 

Les Ibères, qui privilégiaient pour s’installer les collines dominant les vallées fertiles, trouvèrent  le cap Sant Sebastià à leur goût. En effet, cet escarpement rocheux qui surplombe la Méditerranée du haut de ses falaises de 175 m, avait de quoi plaire.

Llafranc_25Les Indigets, tribu ibère, créèrent un village près de cet endroit sacré d’où ils pouvaient surveiller les terres et la mer. Le village fut découvert en 1960 lors de la restauration de la chapelle Sant-Baldiri et fut daté du VIe siècle avant notre ère. Les premières fouilles commencèrent en 1984.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_30Beaucoup d’objets furent mis à jour, comme ces gobelets en céramique probablement utilisés lors de cérémonies rituelles, des stèles en pierre provenant certainement d'un cimetière non encore découvert et un os gravé représentant une tête de déesse.

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Llafranc_35Les gens du village utilisaient les objets en bronze, comme cet hameçon et ces aiguilles.

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Des poids de métiers à tisser utilisés pour maintenir le fil tendu, des boutons, des broches, nous donnent un aperçu de leur façon de se vêtir.

 

 

 

 

Llafranc_42a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_37aPlusieurs pièces de vaisselle provenant de Grèce, d'Italie, des amphores contenant du vin de Marseille, prouvent que les échanges avec les autres peuples étaient nombreux.

 

 

 

 

 

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Les maisons mitoyennes étaient très simples, constituées de deux pièces.

 

 

 

 

 

Llafranc_29Les murs étaient faits de briques d'argile et de paille séchées, les plafonds  de branches, de roseaux et de boue, le sol  d'argile compactée.

 

 

 

 

 

Llafranc_28Ils stockaient le grain, qui avait été pilonné à l’aide de mortier de pierre puis tamisé, dans des silos. Certains des quinze silos retrouvés font entre 4 et 5 mètres de profondeur.

 

 

 

 

Llafranc_38L’agencement du village montre la présence d’espaces communs et publics comme des places et des rues, des silos, un four à pain ou des ateliers de céramique. Tout cela suggère une organisation bien structurée et une certaine hiérarchie sociale.

 

 

 

 

 

 

Llafranc_26Les archéologues n'ont pas retrouvé de temple dans le village. Pas étonnant, à mon avis, il est sous la tour, à l'emplacement de l'ancienne chapelle. 

 

 

 

 

 

Llafranc_19

 

 

 

 

 

 

 

La tour de guet et le premier sanctuaire

 

Llafranc_4Les Ibères disparurent à la suite des invasions romaines, vers le IIe siècle avant notre ère. LLafranc devint un centre important qui perdura jusque sous la domination wisigothe. Puis les populations se déplacèrent vers l’intérieur des terres, redoutant les actes de piraterie. Le pays fut ensuite soumis aux arabes, puis aux francs.

 

 

 

 

Llafranc_12Au sommet de la montagne San Sebastià, dominant la mer et la falaise (appelée le Salt de Romaboira), l’ancien sanctuaire devint ermitage. Dans une lettre adressée à la reine Marie de Castille, épouse d’Alfonso le Magnanime, est mentionné, à la date du 28 Janvier 1444, le premier ermite de Sant-Sebastià, Jaume Corbera.

 

 

 

 

 

 

Llafranc_8Alfonso parlait aussi dans cette lettre de la permission de lever des fonds dans le royaume afin de terminer les travaux de la tour de guet en cours de construction.

 

 

 

 

 

 

Llafranc_11C’est donc au cours du XVe siècle que fut érigée la tour. Sa présence est attestée par un écrit de l’évêque Bernat de Pau (1436-1457) qui la mentionne en tant que « Turris Sancti Sebastiani marrittimi Palafrugell »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_7Cette tour, avec son sommet couronné de créneaux et ses angles en granite, fut bâtie vers1445 et avait pour mandat de surveiller la zone côtière, pour la protéger des attaques pirates et corsaires, très fréquentes au cours des XVe et XVIe siècles. Sa forme rectangulaire avec une partie arrondie vers l'est, est due à la présence d’une chapelle du XIIe siècle, dédiée à saint Sébastien, sur laquelle la tour s’est construite.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_10La tour fut modifiée au long des années, on rajouta des escaliers, plus pratiques que les échelles primitives, mais l’atmosphère y est conservée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_9A l’heure actuelle, la tour sert de galerie d’exposition aux peintres locaux. Et je dois dire que j’ai été agréablement surprise par la qualité des toiles.

 

 

 

 

 

 

Saint_S_bastien_1bLe saint auquel la chapelle primitive fut dédiée, Sébastien, est invoqué pour lutter contre la peste et les épidémies. Il est compté pour cela parmi les saints auxiliaires, c'est-à-dire intercesseurs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_S_bastien_4aSébastien, né à Narbonne et citoyen milanais, fut un légionnaire apprécié des empereurs de son temps, qui le nommèrent centurion. Il fut pourtant martyrisé sur leur ordre pour avoir soutenu ses coreligionnaires dans leur foi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_S_bastien_3aIl fut tué par sagittation, c'est-à-dire par les flèches des archers (du latin sagittarius, archer). Dans la mythologie gréco-romaine, Apollon, le dieu-archer, est lui aussi protecteur contre la peste.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chapelle Sant-Baldiri

 

Llafranc_18En raison de la peste de 1650 - 1651, il fut décidé de construire une nouvelle chapelle et un hospice. Les travaux commencèrent en 1707.

 

 

 

 

 

Llafranc_23Possédant un plan simple à une nef, elle fut construite attenante à la tour de guet, sur une esplanade jouxtant le village néolithique.

 

 

 

 

 

Llafranc_15De style baroque, brûlée pendant la guerre d’Espagne, la petite église fut restaurée en 1960. Elle fut dédiée à celui que l’on nomme Baudile en France, martyr nîmois du IIe siècle, protecteur de la population contre les épidémies. La fonction du lieu sacré se perpétue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_16Sant-Baldiri conserve la même orientation que la chapelle primitive. Cette orientation semble aussi être celle du village, ce qui me laisse à penser que les maisons furent construites après le premier sanctuaire, sur lequel se sont succédé les différents bâtis.

 

 

 

 

Llafranc_20A mon avis, le premier devait être contemporain du dolmen de Can Mina dels Torrents.  J’aurais aimé connaître le nom de la divinité à laquelle ce lieu fut dédié en ce temps là.  Je parierai sur un Gargan quelconque.

 

Llafranc_17

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’hospice

 

 

Llafranc_21L’hospice, quand à lui, fut transformé en auberge, où les pèlerins venaient passer la nuit. Différentes dates sont inscrites sur des linteaux : 1750 et 1756 à l'est, 1772 et 1832 à l'ouest.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_22A l’heure actuelle, l’auberge est devenue l’un des lieux magiques de la Costa Brava. C’est en effet devenu un hôtel de prestige, El Far, offrant une vue à couper le souffle sur la mer et les plages de Tamariu, de Llafranc et de Calella de Palafrugell.

 

 

 

 

 

Llafranc_47aLe restaurant gastronomique est à la hauteur de la prestation des chambres, c'est-à-dire exceptionnel. Dommage… Les hommes ont trouvé comment dénaturer cet endroit idyllique : ils ont planté une antenne relai juste en face. Hypersensibles aux ondes electromagnétiques s'abstenir.

 

 

 

 

 

Le phare

 

Llafranc_14Juste avant l’antenne relai se dresse le phare de Sant-Sebastià. Il fut inauguré le 1er octobre 1857. Les machines, faites par l'ingénieur Josep Maria Faquineto, utilisèrent l’huile jusqu’en 1940, date à laquelle le phare fut électrifié.

 

 

 

 

 

 

 

 

Llafranc_44D'avril 1963 à juillet 1966, la tour d'origine fut démantelée et le nouveau phare édifié. Il est à l'heure actuelle entièrement automatisé et sa lumière est visible en mer à plus de 60km, ce qui en fait le plus puissant de la côte catalane.

 

Merci à Terry Lair pour ses photographies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.hotelelfar.com/fr/costa-brava

http://www.terrylair.com/layer-slider/

 

21 mars 2016

Le château Saint-Georges

 

 Historique

 

Lisbonne château Saint-Georges 2Le château Saint-Georges (Castelo de São Jorge en portugais) fut construit au sommet de la colline la plus élevée de Lisbonne, difficile d’accès.

 

 

 

 

 

 

Lisbonne chateau Saint-Georges 32La vue magnifique sur le Tage et son estuaire permettant une bonne surveillance, les flancs escarpés du nord et de l’ouest, faisaient de cette citadelle un site stratégique de premier ordre.

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 17La présence des hommes sur la colline remonte loin dans le temps : des traces du VIIe siècle avant notre ère, durant l’Age du Fer, furent mises à jour. Les Phéniciens, les Grecs et les Carthaginois s’y succédèrent. Les troupes romaines du consul Decimus Junius Brutus Callaicus s’y installèrent en 139 avant notre ère, puis les Wisigoths sous le commandement d'Euric au Ve siècle.

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 19La forteresse fut agrandie par les Maures au XIe siècle, et des murailles protégeant l’Alcáçova (le Ksar, ou Alcazar, centre du pouvoir politique et militaire, avec le palais du gouverneur et les maisons des notables) furent érigées.

 

Lisbonne château Saint-Georges 16

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 15En 1147, Alphonse Ier de Portugal fit le siège du château pendant près de trois mois. Selon la légende, le chevalier Martim Moniz, voyant les portes se refermer, se sacrifia en s’allongeant en travers de l’entrée, afin que ses compagnons puissent entrer. Les Maures capitulèrent et le château fut placé par les chrétiens sous la protection de saint Georges de Lydda, patron des chevaliers.

 

Lisbonne château Saint-Georges 14

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 13Durant le XIIIe siècle, le château à son apogée devint palais royal. Les anciens bâtiments de l’époque islamique furent aménagés et agrandis pour accueillir le roi et sa cour, le palais de l’évêque et les archives.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 12Son rôle prit fin au XVIe siècle avec l’installation de la famille royale en 1498  dans le nouveau  palais de la Rive, situé au bord du Tage. Il fut alors utilisé en tant que caserne et prison. Après le séisme de 1755, de nouveaux bâtiments, comme le quartier-général, furent construits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 18Mais au XIXe siècle le château se dégrada. Il fut même interdit à la visite. Il fut classé monument historique en 1910 et en 1940 puis en 1990 d’importants travaux de restauration permirent de le redécouvrir et lui rendirent son aspect médiéval. Les fouilles archéologiques  confirmèrent l’ancienneté du site.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Description

 

Lisbonne château Saint-Georges plan 3a

 

1 Donjon

2 Tour d’Ulysse, dite du Trésor ou des Archives

3 Tour de Saint-Laurent

4 Tour de la Citerne

5 Site archéologique

6 Palais royal

 

Lisbonne château Saint-Georges 29Les portes de la citadelle s’ouvrent sur l’ancienne place d’armes où la statue d’Alphonse Ier est à l’honneur au milieu des pins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 23La vue sur la ville est époustouflante.

 Lisbonne château Saint-Georges 21

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 4On longe les murailles et l’ancien palais royal en passant par ce que les lisboètes appellent le jardin romantique,  puis on arrive au château.

 Lisbonne château Saint-Georges 5

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 10Le château aux murs crénelés a conservé 11 de ses 18 tours, parmi lesquelles le donjon, utilisé comme poste de commandement, la tour d’Ulysse, du Trésor ou des Archives, la tour du Palais, la tour de la Citerne et la tour Saint-Laurent en contrebas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 22Des escaliers permettent aux visiteurs d’emprunter le chemin de garde qui suit les murailles.

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 20Il relie entre elles les différentes tours.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 8La tour du Palais, ainsi nommée en raison de sa proximité avec l’ancien palais auquel elle était probablement reliée.

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne chateau Saint-Georges 31La tour de la Citerne, possédant un réservoir qui recueille l’eau de pluie. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 11Le donjon, pièce maitresse du château. L’étendard royal y était hissé. Le premier observatoire géodésique de Lisbonne y fut installé au XVIIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne château Saint-Georges 25Le rempart nord qui mène au site archéologique passe par la porte Moniz. Le site montre les restes du quartier administratif et résidentiel maure du XIIe siècle, le palais des comtes de Saint-Jacques, résidence de l’évêque de Lisbonne bâti entre le XIIe et le XVe siècle, puis remanié au XVIIIe siècle, et les vestiges d’un habitat du VIIe siècle avant notre ère, village fortifié utilisé jusqu’au IIIe siècle.

Lisbonne chateau Saint-Georges 30

3 janvier 2015

Le Breuil-sur-Couze, église Saints-Côme-et-Damien

 

Le_Breuil_sur_Couze_1Le Breuil, autrefois appelé Condete (confluent en gaulois) puis Ebrenensis (de Brogilum, Brohl en provençal, petit bois entouré d'une haie), se situe au confluent de l'Allier et de la Couze et au croisement d'anciennes voies romaines. L’église Saints-Côme-et-Damien du Breuil date du XIe siècle, où elle fut dédiée à Notre-Dame. Le curé était nommé par le chapitre de Brioude ou par celui de Saint-Flour.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_15Le clocher néo-roman est de plan carré à deux niveaux d'ouverture. Il est coiffé d'une flèche octogonale en patte d'oie avec un cadran d'horloge sur trois faces.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_2Le portail, présentant des similitudes avec les églises de Mailhat et de Nonette, est assez bien conservé et comporte des voussures, décorées de fleurons et de quelques motifs animaliers, retombant sur quatre colonnes à chapiteaux sculptés.

 

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_3Côté droit, un homme écarte sa bouche pour mieux délivrer son message.

 

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_4Le chevet plat est percé par trois baies hautes et étroites, chose rare en Auvergne.

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_5La nef unique de deux travées est voûtée d'un berceau brisé avec doubleaux reposant sur des colonnes engagées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_12aLes chapiteaux sont essentiellement fleuris, montrant l’évolution de l’âme depuis les boutons jusqu’à la fleur épanouie.

Le_Breuil_sur_Couze_10

 

 

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_11Sur la deuxième travée ouvrant par des arcs brisés, deux chapelles voûtées d'un berceau perpendiculaire forment un transept saillant.

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_6Le cœur, surélevé d'une marche, est constitué d'une travée identique à celle de la nef, mais légèrement plus basse et terminée par un chevet plat éclairé par trois baies.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le_Breuil_sur_Couze_7L'église possède une statue de saint Verny, saint patron de vignerons, cher à mon coeur. La culture de la vigne est en effet attestée au Breuil depuis le IIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

le_Breuil_C_me_et_Damien_3aLe patronnage de l'église : Côme et Damien, frères jumeaux nés en Arabie à la fin du IIIe siècle, pratiquaient la médecine à Aigéai en Cilicie (sud de la Turquie). Ils souffrirent ensemble le martyre sous Dioclétien, en 303 ou 310. On les appelle « anargyres » parce qu'ils n'acceptaient pas d'argent pour leurs soins. Ils sont devenus les saints patrons des médecins, chirurgiens et pharmaciens.


 

 

 

 

http://piece-jointe-carto.developpement-durable.gouv.fr/DEPT063A/Breuil_sur_Couze/63052_rapport.pdf

4 décembre 2015

La symbolique de la fougère

foug_re_3aLa fougère est une plante magique qui existe depuis les premiers âges du monde : ses plants colonisèrent la terre au Dévonien et connurent leur apogée au Carbonifère, il y a 360 millions d’années.

 

 

 

 

 

 

Foug_re_9aA cette époque elles mesuraient 40 m de haut et formaient des forêts entières. Leur lente transformation dans le sol par carbonisation nous a donné le charbon.

Foug_re_fossile_2a

 

 

 

 

 

 

 

 

foug_re_4aMiniaturisée à notre époque, elle est présente sur tous les continents. Elle a la plupart du temps besoin de beaucoup d’eau, mais une fois desséchée, alors qu’elle semble morte, elle peut parfois renaitre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

fougere_2Ses crosses, comestibles, ont le goût de l’asperge. Elle fut utilisée comme plante médicinale : Dioscoride, médecin grec, botaniste et pharmacologue, en a vanté les vertus dans son « De Materia Medica ». Elle fut utilisée comme puissant vermifuge, mais aussi pour soigner la bronchite, les rhumatismes, la goutte, le rachitisme, les maladies du foie et la constipation.

 

 

 

 

Foug_re_11aPour les Celtes, elle était le symbole de la mémoire. Au Moyen-âge, la plante était connue pour repousser les attaques du démon. Coupée pendant la nuit de la saint Jean, elle protégeait des mauvais esprits et éloignait les forces du mal. La fumée de fougère faisait fuir les animaux nuisibles aussi bien que les êtres malfaisants. Elle passait pour attirer la chance et la fortune.


 

 

 

 

Foug_re_13Ce végétal, s’adaptant aux conditions les plus extrêmes, a gardé longtemps le mystère de sa reproduction sans graines. En effet, les fougères ne fleurissent pas, ne possédant pas les organes sexuels le lui permettant.

 

 

 

 

 

 

Foug_re_14aLa plante mère, la fougère sporophyte, va engendrer au travers de ses spores, tombés sur un sol humide, une plantule, appelée prothalle, qui possède à la fois des organes mâles et femelles, les anthéridies et les archégones.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Foug_re_15aÇa fait bien si on peut placer les trois mots dans une conversation, isn’t it ? La nouvelle fougère pourra naitre après fécondation de l’oosphère, l’œuf, contenu dans l’archégone, par un anthérozoïde, échappé de l’anthéridie, sorte de spermatozoïde se mouvant grâce à son flagelle sur la surface du prothalle. Vous me suivez ? Et si la surface du prothalle n’est pas humide, point de bébé fougère.

Fougere_anth_rozo_de_1a

 

 

 

 

 

 

 

 

foug_re_5Le bébé fougère va développer ses feuilles en déroulant ses crosses, appelées ainsi à cause de leur ressemblance avec la crosse d’un évêque. Les crosses sont des spirales, des courbes qui tournent autour d’un point fixe en s’en éloignant, liées au mouvement et au temps.

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fougere_23aLa spirale figure un mouvement cyclique infini. C’est une énergie qui peut partir d’un point central, en évolution, ou retourner au point central, en involution (voir le symbolisme de l’escargot ici).

 

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fougere_22aNotre fougère, porteuse de toutes ces qualités (guérison, protection, prolifération, purification)  peut être considérée comme représentant l’énergie, l’éveil, la croissance, la fécondité et l’immortalité, la vie dans toute sa splendeur.


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http://www.bestphotosworld.com/15-lovely-unfurling-ferns/

26 avril 2016

La butte Saint-Cassien et sa chapelle

Cannes chapelle Saint-Cassien 23La Siagne, petit fleuve côtier issu de sources vauclusiennes, va se jeter dans la Méditerranée en ayant formé auparavant une vaste plaine alluviale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 4Dominant cette plaine, une petite butte en partie artificielle s’élève, parsemée de chênes et de cyprès centenaires. Autrefois baignée de silence, elle s’est accoutumée des passages répétés des petits avions de l'aéroport d’affaires de Cannes-Mandelieu qui la distraient de sa solitude. Mais il n’en a pas toujours été ainsi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Arluc 2Les hommes ont occupé le site depuis le Néolithique. Les archéologues ont retrouvé des témoins de l’Âge du Bronze, des céramiques de l’Âge du Fer, du Ve siècle avant notre ère. Aux pieds de la colline et au bord de l’ancien lit de la Siagne, devenu le canal du Béal, s’étendait une petite agglomération, qui fut occupée par les Ligures puis les Celtes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 11Les Grecs vinrent ensuite s’y installer. Ils construisirent à son sommet, vraisemblablement sur l’emplacement d’un ancien sanctuaire, un temple dédié à Aphrodite.

 

 

 

 

 

Arluc Plan 1Après eux les Romains édifièrent une enceinte fortifiée qui protégeait le site des attaques venant de la plaine et permettait de surveiller la via Julia Augusta, petite partie de la via  Aurélia qui reliait  Rome à Arles. Les ruines d'une grande tourelle d'angle laissent imaginer la présence de l’ancienne forteresse, située à l'angle sud-ouest de la butte, et dont les murs avaient plus de 2m d'épaisseur.

 

 

 

 

 

 

Arluc plan 4a

Une importante nécropole d'époque romaine avec une quarantaine de sépultures datant du Ier siècle au IVe siècle fut retrouvée. Vénus succéda à Aphrodite sur le site qu’ils appelèrent Ara Luci, l’autel du bosquet sacré, qui donna Arluc plus tard.

 

 

 

 

 

Arluc 1Minerve l’accompagna, une statuette à son effigie fut trouvée sur le site. Puis arrivèrent les bons moines des iles de Lérins. D’après la tradition, ce fut Nazaire, abbé de Saint-Honorat devenu saint, qui fonda un monastère dédié à saint Étienne à la place du temple païen. Est-ce par respect pour les anciennes croyances qu’il y mit des sœurs ?

 

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 5Quoi qu’il en soit, un village se développa vers l’an 616 autour de ce premier couvent de femmes. Les échanges commerciaux se développèrent grâce au port : des céramiques sigillées produites en Afrique du Nord, dans l'actuelle Tunisie, et dans la région de Phocée en Turquie furent retrouvées sur la butte. Arluc prospéra.

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 7Aux VIIIe et Xe siècles, le village et les édifices religieux furent détruits par les Sarrasins de la Garde-Freinet. Ils furent reconstruits. Puis la rade s’ensabla, déplaçant le littoral de plus d’un kilomètre. Au XIIIe siècle, le castrum du Suquet et le village de Cannes prirent alors la place d’Arluc, qui disparut progressivement. Il ne resta plus qu’une petite chapelle au sommet de la butte.

 

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 12Détruite au XIVe siècle, à nouveau incendiée durant la guerre de Succession d'Autriche, elle fut reconstruite en 1653 par la confrérie de Saint-Cassien. Mais la chapelle, mal conçue, s’effondra.

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 9Elle fut à nouveau bâtie avec un porche typiquement provençal, et les travaux se terminèrent en 1675. Elle devint un lieu de pèlerinage, un romérage en provençal. Mise aux enchères publiques pendant la Révolution, elle fut rachetée par des cannois.

 

 

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 17En novembre 1942, les troupes allemandes y entreposèrent des munitions. Le stock explosa en 1944, ce qui endommagea la chapelle.

 

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 20Saint-Cassien, acquise par la ville en 1970 mais en ruine, fut restaurée par le comité de sauvegarde créé en 1969. Depuis, chaque 23 juillet, Cassien, saint patron de Cannes, y est fêté.

 Cannes Chapelle Saint-Cassien 21

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 2A l’entrée du chemin menant au sanctuaire, un petit oratoire contenant la statue de  saint Cassien vous accueille. Et si vous cherchez bien, la triple enceinte vous indiquera que le sanctuaire fut bien protégé.

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cannes Chapelle Saint-Cassien bLe 1er juillet 2009, une relique de Cassien, donnée par l’abbaye Saint-Victor de Marseille où il fut abbé, fut insérée dans le reliquaire de la chapelle.

 Cannes Chapelle Saint-Cassien a

 

 

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 8Dans la nuit du 25 au 26 juillet, un chêne majestueux de plus de 400 ans tomba et se brisa en trois morceaux sans qu'il y ait eu un quelconque effet météorologique. La Déesse-Mère des origines n’aurait-elle pas apprécié le nouveau venu ?

 

 

 

 

 

Cannes chapelle Saint-Cassien 14

http://www.academia.edu/4016344/De_r%C3%A9centes_d%C3%A9couvertes_dans_la_plaine_de_la_Siagne_le_diagnostic_des_parcelles_Nord-Est_de_la%C3%A9roport_de_Cannes-Mandelieu

http://www.ot-mandelieu.fr/preparez-sejours-mandelieu/documents/MLN_Notre_Histoire.pdf

http://stcassien.cannes.free.fr/Stcassien/buttestcassien.html

 

12 janvier 2016

Le prieuré d’Anzy-le-Duc


Historique



Anzy_le_Duc_2aLe village actuel d’Anzy-le-Duc se trouve probablement sur le site d’une ancienne villa rustica, Anziacum, domaine foncier consacré aux travaux agricoles datant de l’époque gallo-romaine. Le viguier de Semur-en-Brionnais, Lethbald, sans descendance, en fit don en 876 à l’abbé Arnulf d’Autun, qui envoya sur place Hugues, originaire de l'abbaye de Saint-Savin-sur-Gartempe en Poitou et déjà connu pour sa grande piété, afin d’y bâtir un prieuré bénédictin.

 

 

 

 


ANZY_autelLe moine fit construire un hospice, des bâtiments monastiques et une église vers 880, à laquelle il donna une triple dédicace, chose fort peu commune vous en conviendrez : à la Sainte Trinité, à la Sainte Croix et à la sainte Mère de Dieu, la Vierge Marie (inscription trouvée sous les marches du sanctuaire).

 



Anzy_11aLa notoriété de notre bon moine fit venir foule. Hugues était sollicité pour ses prières et ses conseils, mais aussi pour ses talents de guérisseurs d’hommes et de bêtes, pour ses bénédictions de graines et semences qui devenaient fécondes, et pour ses commandements aux éléments déchainés qu’il apaisait d’un regard.

 

 

 

 

 

 

Anzy_10aC’est après sa mort, vers 930, qu’un pèlerinage autour de ses reliques prit forme. Tout d’abord enterré près de sa cellule de moine, son corps dut être transféré dans un sanctuaire digne de lui après de nombreux miracles (guérisons, exorcismes, lévitation du tombeau).  

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_2aSes ossements furent ensuite portés au concile d’Anse en 934, en présence d’Odilon de Mercœur, abbé de Cluny. C’est vers 1001, après la décision de construire une église plus vaste, que se fit la translation solennelle de son corps dans la crypte. Odilon fut le commanditaire des travaux qui commencèrent par le chœur et le transept et durèrent jusqu’en 1050. Le prieuré, défendu par des enceintes et des tours, fut agrandi.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_1Malgré les défenses, il fut saccagé par les troupes du Prince Noir en 1368, puis par les Huguenots en 1576 qui mutilèrent les sculptures des portails occidentaux et détruisirent le tombeau du saint. Il fut repris et pillé en 1594 par les Ligueurs. En 1644, le prieur Henri de Castille fit venir de Rome les reliques des saints martyrs persans Abdon et Sennen, afin de continuer le pèlerinage.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_56Malgré tout commença le déclin. A la Révolution, il ne restait plus que quelques moines. Le prieuré fut vendu comme bien national et l’église, qui devait être détruite, fut rachetée par des habitants de la commune et servit d’entrepôt. La crypte, quand à elle, fut transformée en cave à vin. Après la destruction de l’église du village en 1818, la prieurale fut rachetée par la commune et devint paroissiale. Elle fut classée Monument Historique en 1851. La crypte fut rendue en 1987, fut restaurée et ouverte au public en 1994.

 

 

 

 

Les bâtiments du prieuré

 

Anzy_le_Duc_6Il nous est parvenu quelques bâtiments de l’ancien prieuré, situés au sud de l’église, autour d’une cour qui fut le jardin du cloître.

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_4aLe logis du prieur fut reconstruit, entouré de granges et de maisons des XVIe et XVIIe siècles, aujourd’hui propriétés privées.

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Anzy_le_Duc_8La grosse tour carrée de la justice, du XIIe siècle, se trouve encore à l’angle de l’ancienne enceinte. Les deux baies géminées romanes à colonnettes de sa façade est s’ouvrent sur la cour.

Anzy_8

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_5Quelques  remparts, du XIIe siècle également, entourent partiellement au sud et à l'ouest l’ancien prieuré.
 

 

 

 

 

 

 


Le portail sud du prieuré

Anzy_le_Duc_9Le portail perce le rempart côté sud.  Plus tardif que celui de l’église, il est daté des années 1140, et attribué à l’atelier de sculpteurs du portail de Neuilly-en-Donjon, eux-mêmes influencé par Gislebertus d’Autun. N’ayant pas été protégé des intempéries, mutilé au XVIe siècle, il est très abimé, mais on peut encore apercevoir sur le tympan, comme à Neuilly, une Epiphanie, les deux arbres d’Eden et la cueillette du fruit de la connaissance, et la chute d’Adam et Eve.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_10aLe linteau est intriguant. Il est habituellement décrit comme montrant le jugement dernier, avec la séparation des élus allant vers la Jérusalem céleste et des damnés enchainés en enfer aux côtés d’un serpent monstrueux appelé Léviathan. Mais… Si on regarde bien, il se pourrait que la bande-dessinée se lise d’une autre façon.

 

 

 

Anzy_le_Duc_4bTout d'abord le chapiteau de gauche présente peut-être le sacrifice d'Isaac, qui, comme l'a si bien dit Robert-Jacques Thibaud, ne représente que le "don de soi, l'offrande initiant une mort libératrice. Lorsque nous nous destinons à un parcours spirituel, héroïque ou initiatique, il est nécessaire d'abandonner ce qui nous est le plus cher. C'est une mise à l'épreuve de notre détermination, il faut mettre notre idéal ou notre foi au-dessus de toutes choses."

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_12aNormalement, quand il s'agit du sacrifice d'Isaac, près de la scène, caché dans un buisson, se trouve un ange prêt à arrêter le bras d'Abraham, et un agneau destiné à prendre la place du jeune homme. Ici, point de trace. Il se pourrait alors que le chapiteau ne nous montre qu'un homme, tenant un autre homme par les cheveux (la force vitale), lui coupant la tête. Nous serions alors en présence de la symbolique bien connue de la décapitation qui permet de laisser sa tête, c'est à dire le mental, et de ne fonctionner qu'avec le cœur.

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_10bLe linteau  ensuite nous montre la Jérusalem céleste, puis un ange (les anges, ne l'oublions pas, ont comme fonction  de nous permettre de découvrir la réalité de notre être profond, en nous faisant évoluer, ils sont nos guides sur le chemin de la révélation) conduisant des hommes vers le centre, où ils seront prêts à monter directement vers la Vierge et l'enfant au-dessus.

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_13aA gauche du portail, une scène de combat chevaleresque très endommagée, comme le chapiteau, difficile d'en faire l'interprétation. Il semblerait que nous ayons un homme dont la tête, les mains et les jambes sont suspendues au ciel par une corde.

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_14aSur le linteau, des hommes sont guidés par un ange vers un serpent tellurique, monté par un diable ailé qui tient d'autres hommes enchainés par le cou. Le serpent présente ensuite un homme au centre du linteau, comme pour le faire monter au ciel lui aussi. Les épreuves sont passées, la matière et les énergies cosmo-telluriques sont dominées.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_14baNous serions alors, sur l’ensemble du portail, en présence d'un mode d'emploi indiquant les différentes façons d'atteindre la manifestation de l'état christique après les épreuves de la chute. Par les trois rois-mages, nous avons les trois phases  du grand œuvre alchimique, qui amèneront à la transmutation du vil métal en or. La fleur à 5 pétales du chapiteau de droite est une promesse de quintessence. Par les trois degrés de la connaissance de l’être, le corpus (homme), l’animus (saint) et le spiritus (sage), par la renaissance du Christ en nous et l’abandon du vieil homme, nous deviendrons re-nés, un homme nouveau qui a terminé les étapes du grand œuvre.

 

 

 



Le portail ouest du prieuré, ou portail d’Arcy


Anzy_4aIl provient de l’ancienne entrée principale du prieuré. Démantelé en 1791 pendant la Révolution, il fut conservé dans le château d’Arcy, puis fut donné en 1896 au musée du Hiéron à Paray-le-Monial où il orne à présent la salle centrale. Daté d’environ 1130, son style est celui de la fin de l’art roman et s’apparente à celui de Charlieu.

 

 

 

 

 

 

Anzy_4bLe tympan représente le Christ en gloire dans une mandorle portée par deux anges. Il porte un livre ouvert dans sa main gauche et bénit de la droite. Une restauration, faite en 2003, a montré les traces d’une ancienne polychromie : la tunique du Christ était rouge, le fond du tympan vert-bleu.

 

 

 

 

 

Anzy_tympan2aLe linteau présente une scène rarissime : la Vierge allaitant l’enfant, entourée par 4 saints hommes portant auréole (peut-être Moïse, Pierre, Paul et Etienne) et 4 saintes femmes inconnues.  
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Anzy_5aLes chapiteaux nous montrent des hommes barbus portant phylactère, supposés être des prophètes.

 

31 mai 2016

Les iles de Lérins, histoire et légendes

 

 

Lérins plan 1L’archipel de Lérins, situé dans la baie de Cannes, comprend cinq iles, dont les deux principales, Saint-Honorat et Sainte-Marguerite, sont séparées par le canal du Frioul, haut plateau marin peu profond.

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 10Les iles furent habitées par des Ligures au VIe siècle avant notre ère. Puis les grecs s'en servirent de lieu d'escale, les romains y construisirent un oppidum, Vergoanum, avant que les moines n'y fondent un monastère au début du Ve siècle.

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 64Une légende raconte que l'archipel, il y a très longtemps, ne formait qu'une seule grande ile appartenant au Diable. Il y avait construit un temple où il enfermait les serviteurs dont il était mécontent. Pour retrouver leur liberté, ils devaient se transformer en serpents venimeux sept années consécutives et provoquer la mort d'au moins une personne juste par an.

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 50Dieu se mit en colère et ordonna à la mer de submerger l'ile et ainsi de détruire les oeuvres du Malin. Ce qui fut fait. Lorsque l'ile remonta à la surface, elle était scindée en deux et le Diable, un pied sur chaque ilot, perdit l'équilibre, sombra dans la mer et ne revint pas. Les iles se couvrirent alors d'une épaisse forêt.

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat plan eIl n'ya pas de fumée sans feu, comme il n'y a pas de légende sans fond de vérité, comme nous le verrons plus loin. Pourrait-on d'ailleurs voir ici la possibilité du passage de l'androgynat primordial à la dualité masculin/féminin, avec l'ile principale, l'unité, se divisant en Marguerite d'un côté et Honorat de l'autre ?

 Les anciens marins parlent de l'archipel comme de "l'ile de Lérins", et non pas "des iles de Lérins"...

 

 

 

 

 

 

Héraclès 2Une hypothèse parle de l'origine du nom de Lérins comme d'un souvenir de Lerne et de son hydre. Il semblerait qu'Héraclès, maitrisant la bête aux 9 têtes lors du deuxième des douze travaux qui lui furent imposés, ait pu être remplacé par saint Honorat tuant les nombreux serpents de l'ile.

 

Héraclès 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Apollonius 2

Dans un autre registre, Philostrate d'Athènes, écrivain du IIIe siècle, rapporte dans sa "Vie d'Apollonios de Tyane" que le philosophe, grand initié de son temps, avait caché sur les rivages de Lérins des talismans qui devaient servir à développer les pouvoirs des hommes. Il aurait du, à mon avis, en poser d'autres servant à développer leur sagesse. Erreur. Grosse erreur.

Aurait-il pu se douter que des décérébrés abrutis et lâches puisse détruire les statues colossales de l'éveillé Bouddah ou seulement imaginer une seule seconde dynamiter la grande pyramide ? Bon, ça, c'est parce que je suis en colère. D'autres décérébrés abrutis et lâches ont fait bien pire avant eux, détruisant la bibliothèque d'Alexandrie, les parfaits, les templiers et les soi-disant sorcières par le feu. Apollonios, si tu m'entends...Oscour...

 

 

 

 

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Eles_de_L%C3%A9rins

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8Ele_Saint-Honorat

http://www.cepam.cnrs.fr/IMG/pdf/Plaquette-Lerins_web_low.pdf

http://www.abbayedelerins.com/site/index.php/fr/

http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/synaxaire/stHonorat.htm

http://www.francenervie-secretes.com/lerins_art.html

12 janvier 2016

La prieurale Notre-Dame-de-l'Assomption


L’extérieur

Anzy_le_Duc_16L'église fut construite en calcaire doré du Brionnais, commencée en petit appareil par le transept et terminée avec la nef en pierres plus épaisses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_2Le clocher du XIIe siècle, de style Lombard, à trois étages octogonaux percés de baies géminées (24 en tout, nous retrouverons ce nombre plus tard), surmonte la coupole du transept. Il mesure 26m de hauteur et 6m de diamètre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_57Les modillons de la corniche sud présentent une sculpture remarquable, reprenant l’étonnant cyclope de l’église d’Iguerande, avec sa barbe double et ses moustaches tournées vers le ciel.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_59Ailleurs, une chauve-souris, un moine tirant la langue, un singe, un tireur d’épine, une sirène, etc.

Anzy_le_Duc_60

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_17La façade occidentale nous offre un portail qui présente sur son tympan un Christ en gloire dans une mandorle entouré de deux anges, comme le portail d’Arcy.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_18Sur le linteau sont représentés les 12 apôtres encadrant la Vierge Marie.

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_25aTout autour, sur l’archivolte à double voussure, très abimés, 19 de ceux que l’on nomme les 24 vieillards de l’apocalypse, les 5 autres étant représentés sur les chapiteaux.

Anzy_le_Duc_24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_21aPersonnages mystérieux de l’Apocalypse de Jean, il est dit que leur rôle est d’adorer Dieu et de le conseiller. Ils sont généralement barbus, ceints de la couronne des élus, habillés d’une toge blanche, portant de la main droite un vase ou une coupe et de la gauche un instrument de musique. Mais ils ne sont jamais représentés comme des… vieux. La traduction de Chouraqui nous donne ceci :
« Autour du trône, des trônes, vingt-quatre ; et sur les trônes, vingt-quatre Anciens assis habillés de vêtements blancs ; et sur leurs têtes, des couronnes d'or.»   (Apocalypse 4:4)
« Quand il prend le volume, les quatre Vivants et les vingt-quatre Anciens tombent en face de l'agneau. Ils ont chacun une cithare et des coupes d'or, pleines d'encens. Ce sont les prières des consacrés. » (Apocalypse 5:8)

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_23aLa cithare est figurée à Anzy par la citole en usage au XIIe siècle. La symbolique reste la même : l’encens contenu dans les vases comme la musique des instruments servent à faire parvenir aux cieux les prières et les louanges provenant de la terre. Et entre un vieillard et un ancien, je vois une grosse différence. A vous de choisir en fonction de ce que vous ressentez.

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Sumer_1Le nombre 24, dans le dico des symboles de Chevalier et Gheerbrant, peut se rapporter à la double harmonie du ciel et de la terre (12x2), à un équilibre harmonieux, aux « Juges de l’univers » des mages chaldéens (12 étoiles australes et 12 boréales, celles qui se voient préposées aux vivants, celles qui ne peuvent se voir assignées aux morts), à la roue des renaissances, etc.

 

 

horloge_24_heures_Greenwich_1C’est encore une fois Thibaud qui va nous apprendre que 24 est « la particularisation plus précise des séquences d’expérimentation. Une journée est divisée en 24 heures, la Bible est composée de 24 livres…. Il semble qu’on ait voulu montrer un nécessaire et très dosé apprentissage. »  

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_19aCôté gauche, lunaire, est représenté sur le corbeau, à côté d’un atlante, un âne musicien. L’âne possède une symbolique bien spécifique. Il a pour fonction le transport, et pour mission la révélation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L’intérieur


Anzy_le_Duc_plan_8Le plan de type bénédictin en forme de croix latine de l’église reproduit celui de Charlieu : une nef à cinq travées, deux bas-côtés, une abside et  cinq absidioles. L’église est orientée à l’est, décalée de 6° sur l’équinoxe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_1La nef à deux étages avec de grandes arcades surmontées de fenêtres hautes, datée de la deuxième moitié du XIe siècle pour la partie haute et du tout début du XIIe pour la basse, est voûtée d'arêtes sur arcs doubleaux en plein cintre.

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_35aLa croisée des transepts est surmontée d’une coupole octogonale sur trompes. Les transepts datent de la fin du XIe siècle.

 

 

Anzy_le_Duc_33L’abside en hémicycle, décorée d’arcatures de type lombard sur pilastres, se termine par un prolongement formant une cinquième absidiole. Le chœur, voûté en cul-de-four, fut repris à la fin du XIe siècle et son sol fut surélevé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_70L’église contient des fresques murales du XIIe siècle découvertes sous un badigeon en 1855. Elles furent restaurées en 1857, c'est-à-dire largement refaites, par le peintre Jean-François Maurice.

Anzy_le_Duc_71

 

 

 



Anzy_le_Duc_72Anzy_le_Duc_73Elles reproduisent, dans les absidioles, l’histoire du martyr de saint Jean-Baptiste, la vie de saint Benoit et de saint Maur, celle de Jacques le Majeur et on peut voir une représentation des premiers donateurs, Lethbald et sa femme.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_34Sur le cul-de-four de l’abside est peint une scène de l’Ascension sur fond bleu-vert, avec le Christ dans une mandorle entouré de deux anges. Il surmonte les 12 apôtres, comme sur le tympan du portail occidental, mais à la place de la Vierge, les 3 saintes femmes sont rajoutées.

 

 

 

 

 


La crypte

 

Anzy_le_Duc_crypte_e1On accède à la crypte par un escalier aménagé dans le transept nord. A l’origine, elle était desservie par deux escaliers latéraux se rejoignant en un seul devant le chœur.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_aCette crypte, partie la plus ancienne de l’église, est peut-être celle qui fut construite pour recevoir les reliques de saint Hugues, le fondateur du prieuré. Certains la datent du début du XIe siècle, lors de la reconstruction romane de l’église, d’autres la font remonter aux temps carolingiens du premier prieuré.


 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_bLe plan développe une nef centrale, une abside avec chapelle axiale et deux bas-côtés se terminant par une absidiole.

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_d1Un fragment de peinture murale, une tête de moine, est daté par certains du XIIe siècle, d’autres parlent du XIVe.  


 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_1Les voûtes d’arrête sont soutenues par des piliers à chapiteaux, dont deux, en pierre grise, proviennent d'une colonne antique scindée.

Anzy_le_Duc_crypte_2a

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_crypte_3aPar terre, de la terre battue. On ne peut oublier la transformation de cette crypte en cave à vin lors de la Révolution, et ce jusqu’en 1987, date à laquelle l’ancien propriétaire la rendit à l’église.

 

 

 

 

 



Les chapiteaux

Anzy_le_Duc_42Les 12 piliers cruciformes, flanqués chacun de trois colonnes engagées, sont surmontés de chapiteaux sculptés. Je ne vais pas vous traduire tous les chapiteaux, je ne vous donnerai que quelques interprétations puisque c’est  le sujet d’une partie du stage que j’anime dans le Brionnais avec Jacques Bonvin.

 

 

 

 

 

Brionnais_1Les plus intéressés et les moins patients iront de ce pas consulter le livre « Brionnais symbolique et roman » où ils retrouveront des explications, tout en sachant qu’une église peut se lire mais ne se vit que sur place. Je suis effarée des interprétations que font parfois les guides officiels de ces chapiteaux romans. Ils veulent absolument y voir des péchés, de la luxure, de l’avarice, de la colère ou de l’orgueil. Et ils disent que ces gens du Moyen-âge étaient frustres, primaires, sans aucun sens commun…. Z’êtes sûrs ?

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_34aComme dans toute église romane, les chapiteaux cachent une histoire dans leur symbolisme, ce qui nous est confirmé dès l’entrée, côté lunaire, avec des oiseaux affrontés. On le dit « oiselé », il porte le langage des oiseaux que nous allons devoir maitriser tout au long de notre parcours. Nous commençons avec ces oiseaux donc, surélevés dans des feuillages. Le feuillage porte en lui l’espérance puisqu’il va donner des fleurs puis des fruits, révélant les trois étapes de la transformation.

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_36aLes oiseaux, dans la symbolique romane, sont les représentants de l’esprit, illustrant par leurs fonctions, leurs tailles, leurs couleurs ou leurs places l’avancement de la vie spirituelle. Leurs ailes serviront à l’esprit à se rapprocher du « ciel ». Ils sont les messagers des mondes supérieurs. Là, au début du parcours, ils sont dans la dualité et regardent le couchant. Il faudra un retournement, le mode d’emploi sera donné dans les chapiteaux suivants. Mais regardons de plus près.

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_chapiteaux_35aLes feuilles de ce chapiteau sont représentées sur trois niveaux, avec au centre un épanouissement en forme de corolle d’où s’échappe une dernière tige portant bourgeon. Le feuillage est constitué probablement de feuilles non pas d’acanthe comme nous disent les guides mais bien de chélidoine qui, comme vous le savez maintenant, symbolise l’accès à la lumière.

 

 

 

 

 

chelidonium_majus_7

 

 

 

La tradition prêtait à cette plante magique les propriétés de ramener la vue aux aveugles, redonner vie aux mourants, favoriser les rêves et la clairvoyance… tout un programme. La Chélidoine tire son nom du grec Khelidon  qui veut dire hirondelle. La tradition rapporte que ces oiseaux se servaient du latex de la plante pour nettoyer les yeux de leurs petits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_hirondelleIl semblerait bien que les oiseaux représentés soient des… hirondelles ! Une autre étymologie leur donne comme origine le latin Coeli Donum, le don du ciel, nom donné par les alchimistes du Moyen-âge. Ces alchimistes et leur langage alambiqué, nous allons les retrouver tout au long du parcours, nous montrant la marche à suivre afin de transformer le vil métal en or pur, c'est-à-dire notre transformation intérieure, avec ses trois phases bien connues.
En résumé, le message du premier chapiteau est le suivant : ouvrez vos yeux, lisez, expérimentez, Anzy-le-Duc peut vous transformer. Ah oui, certainement, ces gens là étaient primaires.

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_5Un deuxième chapiteau va attirer notre attention. Il est présenté habituellement comme un « acrobate dévoré par deux serpents monstrueux entrelacés », une « belle représentation de l'homme luttant contre les forces du mal », ou bien comme « Jonas et la baleine », ou encore comme un « homme nu renversé mordu par deux dragons aux queues dressées en spirale représentant la chute ou le péché ». Un œil plus averti va voir bien autre chose. Nous sommes là en présence d’un acrobate, un initié qui a commencé son retournement. Ses mains sont bien posées sur l’astragale symbolisant la terre, un de ses pieds essaie de toucher le tailloir représentant le ciel.

 

 

 

 

 



Anzy_le_Duc_chapiteaux_6L’autre pied est posé sur l’un des deux serpents telluriques, nous indiquant que c’est en maitrisant ces forces terrestres que la transformation commence. L’autre vouivre va l’aider en lui insufflant son énergie directement au niveau du cœur, là où se trouve la pureté. Mais en regardant bien, la première vouivre sur laquelle l’acrobate s’appuie ouvre la gueule devant le talon du pied qui rejoint le ciel. Elle est en attente, et si l’acrobate échoue, elle sera là pour reprendre à l’homme l’énergie vitale que l’autre lui a donnée.

 

 

 

 

 

 

Achille_3bLa tradition nous parle du talon comme de l’endroit d’où peut s’échapper l’âme au moment de la mort, et tout le monde se souvient d’Achille et de son point faible. Le pied est la base sur laquelle l’homme s’appuie pour avancer et le talon et son tendon qui relie l’os au muscle représentent la possibilité de réaliser les pensées et les désirs. Le pied est aussi la représentation de la liberté (ce n’est pas pour rien que les chinois bandaient les pieds des petites filles) et la clé de nos appuis relationnels (ce n’est pas pour rien que beaucoup de traditions parlent du lavage des pieds qui purifiait la relation au monde voire au divin).

 

 

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_7Le fait que cet acrobate, pour pouvoir atteindre le ciel, ait besoin de la maitrise de la vouivre, nous amènera au prochain chapiteau représentant…. Saint Michel, celui qui est comme Dieu, terrassant le dragon et non pas tuant le démon. CQFD.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_49L’arc triomphal d’Anzy-le-Duc nous apprend qu’il faut comprendre les trois règnes pour pouvoir atteindre le chœur et le saint des saints. Nous avons donc la pierre des deux colonnes pour le minéral, surmontée de deux chapiteaux de feuillages pour le végétal, suivi de deux lions pour l’animal (toujours deux, la dualité) pour terminer sur la clé de voûte avec un homme et une femme réunis. Celui qui a eu l'idée de mettre au-dessus le Christ, même s'il est crucifié, ne s'est pas trompé.

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_chapiteaux_23aBeaucoup d’autres chapiteaux, beaucoup de magie, de langue des oiseaux, de symboles alchimiques vont accompagner, à Anzy-le-Duc, ceux qui vont suivre le chemin que nous propose la prieurale Notre-Dame-de-l'Assomption.

 

 

 

 

 

 

 

 

Anzy_le_Duc_50Notre-Dame, nous la retrouverons sur la clé de voûte du bas-côté nord, côté lunaire bien entendu, assise sur une cathèdre, hiératique, l’enfant dans son giron. Ceux qui suivent le blog la reconnaitront.

Anzy_le_Duc_51

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.bourgogneromane.com/edifices/anzy.htm

http://www.art-roman.net/anzy/anzy2.htm

http://photos-eglises.fr/Bourgogne/71/Anzy/crypte.htm

http://pjpmartin.free.fr/site/FMD2.htm

http://pjpmartin.free.fr/site/Anzy_tympan.htm

http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k35687b/f351.image

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame-de-l'Assomption_d'Anzy-le-Duc



5 février 2016

La symbolique du pélican

P_lican_15aLe pélican, vieil oiseau remontant à la fin de l’ère secondaire, présent sur tous les continents, est vecteur, comme le cygne ou l’aigle, d’une symbolique riche. Pour la comprendre, il nous faut connaître son mode de vie.

 

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Le pélican, avec des ailes qui atteignent une envergure de 3m50 et un poids de 10 kg, fait partie des plus gros oiseaux. Il vit dans les zones humides des régions tropicales ou tempérées. Il peut se déplacer sur terre, dans l’air et sur l’eau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

P_lican_47aC’est un oiseau grégaire, c'est-à-dire qu’il vit en groupe. Chez eux point de dominants ni de dominés, malgré une petite hiérarchie due à l’âge, tous sont égaux.

 

 

 

 

 

 

P_lican_26aUn couple, couvant alternativement les œufs, donne naissance à deux ou trois oisillons, totalement dépourvus de plumes. Les petits sont nourris par le père et la mère qui leur apportent la nourriture sous forme de bouillie régurgitée contenue dans la poche de son bec qu’il vide en le pressant contre sa poitrine.

 

 

 

 

 

Pélican 52aPlus tard, les jeunes pélicans de la colonie, regroupés sous la surveillance de quelques adultes, iront chercher les morceaux de poissons directement dans le gosier du parent, parfois même jusque dans l’œsophage.

 

 

 

 

 

Pélican 9aLa pêche occupe une petite partie de leur temps, ils préfèrent passer de longues heures à dormir ou à lisser leurs plumes au soleil.

 

 

 

 

 

 

Pélican 16aNous trouvons la trace de notre pélican chez les égyptiens qui en firent un animal d’ornement de jardins et de palais. Les prêtres l’assimilèrent au cygne : il était la Lumière, couvant l’œuf du monde.

 

 

 

 

 

Pélican 53aLes légendes du pélican se répandirent dans le monde grec puis romain. Voyant des morceaux sanguinolents de poisson régurgités, les hommes pensèrent que le pélican perçait sa propre chair pour nourrir ses petits. Il devint le modèle de l’amour parental.

 Pélican 10a

 

 

 

 

 

Pélican 33aDans le « Physiologos », bestiaire chrétien écrit en Egypte au IIe siècle qui influença tout le Moyen-âge, la légende fut reprise, d’autres ajoutées :

 

 

 

 

 

 

Pélican 36ales petits pélicans, à leur naissance, frappaient leur géniteur. En représailles, ils étaient tués, puis ressuscités trois jours plus tard grâce aux gouttes de sang que faisait couler sur eux leur mère.

 

 

 

 

Pélican 21aOu bien cette autre : l’ennemi du pélican, le serpent, tue les petits avec son venin. L’oiseau s’envole alors au-dessus d’un nuage qu’il inonde de son sang afin que le liquide, tombant avec la pluie sur les petits, puisse les ressusciter.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 6aLe christianisme fit alors du pélican le symbole du sacrifice, du martyr et de la résurrection, comparant l’oiseau au Christ se sacrifiant pour la rédemption des pécheurs.

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 13aEusèbe de Césarée et saint Augustin le mentionnèrent au début du IVe siècle. L’oiseau, dorénavant lié à la symbolique chrétienne, apparut alors dans de nombreux livres enluminés, sur les chapiteaux des églises et plus tard dans les armoiries.

 Pélican 1a

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 4aEn héraldique, le pélican fut traditionnellement représenté comme un oiseau à bec d'aigle, dans son nid, les ailes déployées au-dessus de ses petits, se perçant la poitrine d'où coulent des gouttes de sang. Il est alors « Pélican de piété ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 32aIl apparaît sur les armoiries de plusieurs familles, villes, pays, même imaginaire comme la Syldavie dans « Le sceptre d’Ottokar ».

 

Pélican 50

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 31aDante, dans le « Paradis » de sa « Divine Comédie », compare le Christ à l’oiseau, en parlant de saint Jean qui fut représenté dans la Cène penché sur le sein du Sauveur :

« Voici venir celui qui coucha sur le sein

de notre Pélican: qui, du haut de la croix,

avait été choisi pour un office insigne. »

Pélican 30pgLa légende fut reprise par le romantique Alfred de Musset au XIXe siècle :

« Lui, gagnant à pas lent une roche élevée,

De son aile pendante abritant sa couvée,

Pêcheur mélancolique, il regarde les cieux.

Le sang coule à longs flots de sa poitrine ouverte;

En vain il a des mers fouillé la profondeur;

L'océan était vide et la plage déserte;

Pour toute nourriture il apporte son cœur.»

Pélican 5Les alchimistes s’emparèrent très tôt de notre pélican. Eux qui utilisaient les oiseaux pour symboliser les parties volatiles de la matière, utilisèrent celui qu’ils appelaient « oiseau d’Hermès » comme représentant leur Mercure.

 

 

 

Pélican 17aUn vase alchimique, récipient  hermétique muni de deux tubes reliant le sommet, ressemblant à la silhouette du pélican qui se perce le flanc, porte son nom. Le pélican représenta aussi l’œuvre au blanc, les trois petits étant respectivement le Sel, le Soufre et le Mercure.

 

 

 

Pélican 40aLes Rose-Croix à leur suite utilisèrent le symbole, qui fut repris dans la Franc-maçonnerie pour l’ordre ultime du Rite Français et pour le dix-huitième degré du Rite Ecossais Ancien et Accepté, qui porte le titre de « Souverain Prince Rose-Croix, ou Chevalier de l’Aigle et du Pélican ».  

 

Pélican 41a

 

 

 

 

 

Pélican 3On retrouve notre oiseau accompagné des outils sur des tabliers correspondant à ces degrés. Il pourrait alors symboliser la consécration au grade de maitre et l’achèvement du parcours initiatique, comme le pélican, victorieux de la mort, pourrait faire renaitre ses enfants vers la lumière de l’initiation.

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 11aAu final, notre oiseau porte en lui les symboles de la mort, de la renaissance, donc des cycles de la Vie, de la quête spirituelle tendant vers la lumière.

 

Pélican 28a

 

 

 

 

Pélican 18aJe terminerai par une citation de Robert-Jacques Thibaud qui voit dans le pélican une représentation de « l’œuvre générant puis entretenant sa création ». Selon lui, « le pélican symbolise l’axiome assurant que l’on ne découvre que ce que l’on possède déjà en soi. C’est l’image d’une autre phase de la longue quête spirituelle assimilable au grand-œuvre ».

 

 

 

 

 

Pélican 25aLes oisillons, en ce cas, pourraient-ils représenter le corps, l’âme et l’esprit au même titre qu’avec lui, par lui et en lui, ou les trois niveaux de lecture, ou les trois phases du Grand-Œuvre ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 55aMais… il parait qu’au départ, dans la légende, les oisillons étaient au nombre de… sept. Comme le nombre d’arcatures du déambulatoire de l’église de Bois-Sainte-Marie.

 Bois-Sainte-Marie chapiteaux 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pélican 8aEt puis un oiseau qui possède sa propre marque de bière ne peut pas être mauvais... Allez, à la prochaine !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.larousse.fr/encyclopedie/vie-sauvage/p%C3%A9lican/178178

http://hermetisme.over-blog.com/article-rennes-le-chateau-les-3-oiseaux-de-brenac-72658010.html

http://www.occitanie-cathare.eu/le-pelican-un-drole-d-oiseau

31 mai 2016

L’abbaye Saint-Honorat

 

Le groupe cathédral

 

Abbaye Saint- Honorat plan c1 : Eglise Sainte-Marie

2 : Eglise Saint-Honorat

3 : Cloitre

4 : Salle du chapitre

5 : Refectoire

6 : Chapelle Saint-Porcaire

Situé sur l’emplacement du monastère primitif d’Honorat, l’ensemble monastique du XIe siècle, commencé sous l’abbatiat d’Aldebert I, comprenait deux églises reliées par une petite pièce à fonction funéraire dite « galerie des morts », l’église majeure Saint-Honorat (dédicacée en 1088) et plus au nord la petite église Sainte-Marie.

 

 

 

 

 

 

cloitre 1Le cloitre en parallélépipède, plus large côté est, reconstruit entre les XIIe et XIIIe siècles, porte encore des traces des murs du VIIe siècle. Il était situé au sud-ouest et donnait accès à la salle capitulaire voûtée d'ogives du XIIe siècle, au réfectoire et à la cuisine. Plus au sud, la chapelle Saint-Porcaire.

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 12De l’église abbatiale romane il ne reste rien. Elle fut remplacée au XIXe siècle par celle que l’on peut voir de nos jours.

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 48L’église Sainte-Marie, transformée en habitation, fut largement transformée. Elle comprenait une nef unique, avec abside semi-circulaire. De nombreux bâtiments furent rajoutés, qui servent aujourd’hui de magasin et de quartiers d’habitation, où l’on peut venir faire une retraite.

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 14

 

 

 

 

 

Le monastère fortifié

 

Abbaye Saint- Honorat plan bAprès l’abbatiat d’Aldebertt Ier, Aldebert II, abbé de Lérins entre 1088 et 1103, fit élever une tour fortifiée à la pointe sud de l’ile, près du monastère, afin de protéger les moines des attaques des sarrasins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat plan dLes sous-sols sont aménagés, cachant les réserves de nourriture, le moulin à huile et le four à pain. Le premier étage comprend  les salles communes, dortoirs et salles de travail. Le deuxième étage est réservé à la prière. Sa construction se termina vers la fin du XIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 29La fin du XIIIe siècle et le début du XIVe voient l’adjonction vers l’est d’une grande tour carrée aux murs très épais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 37

Dans son sous-sol est creusée une citerne, accessible par un puits. Les reliques de saint Honorat furent placées en 1392 au deuxième étage, dans la chapelle Sainte-Croix, qui devient le saint des saints de l’abbaye.

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 28

Un premier cloitre voit le jour en 1459 dans le nouveau bâtiment, appelé « cloitre du travail ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 39

Le deuxième, le « cloitre de la prière », est construit au-dessus vers 1477.

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 55Aux XIVe et XVe siècles, un autre bâtiment est construit ou sud-ouest pour palier au manque de la place prise par les cloitres.

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 58

L’intérieur de la forteresse est réaménagé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 47A la fin du XVe siècle, la garnison militaire s’installe dans les étages supérieurs et sur les terrasses de guet et de défense. Le monastère fortifié, comprenant alors 90 pièces, dont 30 cellules, une église, et trois chapelles, fut utilisé jusqu’à sa fermeture en 1788.

 Abbaye Saint- Honorat Lérins 43

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 26On arrive au monastère par un escalier en pierre assez récent menant à une porte située à 4m du sol. Les moines y accédaient à l’époque par une échelle. On entre directement dans un cellier, voûté en berceau.

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 62

 

Le premier étage, le cloitre du travail, dont la plupart des colonnes proviennent de monuments romains (comme une borne militaire), possède des arcades ogivales datant du XIVe siècle. Il fut remanié et restauré au XVIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 46

Le cloitre de la prière, au deuxième étage, est soutenu par 12 colonnes octogonales en marbre blanc, offertes par la ville de Gênes qui voulut se racheter de l’attaque du monastère en 1400.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 42De là on accède à la chapelle Sainte-Croix, dont la porte possède un linteau très bas, comme dans les églises romanes primitives, ce qui obligeait le visiteur à s’incliner, à se replier sur lui-même dans une attitude de soumission. La porte de sortie, plus haute, lui permettait d’en ressortir debout, après avoir été en contact avec les reliques et reçu la grâce divine. 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 56Un escalier amène au troisième étage et aux plateformes entourées de créneaux et de mâchicoulis. 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 54Viollet-le-Duc rénova l’édifice et rajouta le clocheton.

 

 

 

 

 

 

 

Le pèlerinage

Abbaye Saint-Honorat Lérins plan a

1 : Abbaye

2 : Monastère fortifié

3 : Chapelle de la Trinité

4 : Chapelle Saint-Cyprien

5 : Chapelle Saint-Michel

6 : Maison Saint-Salvien

7 : Chapelle Saint-Sauveur

8 : Chapelle Saint-Caprais

9 : Chapelle Saint-Pierre

10: Chapelle Saint-Porcaire

Les pèlerins devaient visiter sept chapelles en faisant le tour de l’ile pieds nus afin de recevoir des indulgences. L’ile, Lêron, étant lié au masculin, le tour devrait se faire de façon dextrogyre en partant du point le plus saint, l’abbaye. Le pèlerinage débutait probablement alors à Saint-Porcaire. Mais j'ai comme un doute. Il me semble, contrairement à tout ce qui a été dit, que Saint-Honorat et son abbaye est de nature féminine, alors que Sainte-Marguerite et son fort de guerre est masculine. Dans ce cas, Lêron se trouve sur la plus grande ile, Lêriné sur la plus petite, et le pèlerinage sera sinistrogyre, commençant par la chapelle de la Trinité.

La chapelle Saint-Porcaire

 

Abbaye Saint-Honorat chapelle Saint-Porcaire 1aSituée à l’intérieur de l’enceinte de l’abbaye, elle ne se visite pas. Elle fut construite au VIIe siècle.

 

 

 

 

La chapelle Saint-Pierre

Abbaye saint-honorat chapelle Saint-Pierre 3La chapelle Saint-Pierre, reconstruite en 1497, détruite en partie par les espagnols en 1636, fut restaurée en 1963. Les fouilles ont permis de découvrir un grand nombre de sépultures datant du Moyen-âge.

 

Abbaye saint-honorat chapelle Saint-Pierre 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye saint-honorat chapelle Saint-Pierre 5Elle est utilisée pour des expos. 

 

Abbaye saint-honorat chapelle Saint-Pierre 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La chapelle Saint-Caprais

 

Abbaye saint-honorat chapelle Saint-Caprais 3a

Cette petite chapelle, située à la  pointe ouest de l’ile, fut construite durant la période carolingienne, entre le VIIIe et le Xe siècle. Elle fut dédicacée au mentor d’Honorat, mort le 1er juin 430.

 

 

 

La Chapelle Saint-Sauveur

 

Abbaye Saint-Honorat Chapelle Saint-Sauveur plan 1b

Première chapelle de la façade nord de l’ile. Les fouilles ont permis de remonter le temps, puisque les restes d’un premier édifice ont été datés du Ve siècle. Il s’agissait d’un petit oratoire, utilisé probablement par les premiers cénobites de l’ile. Ses dimensions sont modestes, mais intéressantes : environ 7m de longueur, 3,5m de largeur, l’abside semi-circulaire à l’intérieur faisant 2m. Au sud, un bâtiment mitoyen comportait plusieurs cellules.

Vers la fin du Ve siècle et du début du VIe, la nef fut agrandie vers l’ouest, une banquette intégrée aux murs indiquant que le lieu devait servir de funérarium avec des réunions commémoratives. Les cénobites ayant réintégré le monastère principal, les cellules furent arasées, laissant place à une seule pièce, une « cella memoria » organisée autour d’une tombe monumentale recouverte de quatre couvercles successifs.  Le squelette retrouvé, tenant un chapelet entre ses mains,  est celui d’un jeune homme, peut-être être un compagnon d’Honorat.

Vinrent les incursions sarrasines du VIIIe siècle, provoquant l’abandon du site par les moines et son occupation profane. C’est à ce moment là que se situe l’épisode du massacre de Porcaire. Avec le retour des moines, une nouvelle chapelle carolingienne dédiée au Christ fut construite au début du IXe siècle.

Abbaye Saint-Honorat chapelle Saint-Sauveur 1aElle fut remplacée au XIe siècle par l’édifice que l’on peut voir actuellement, construite sur un plan octogonal de 8m de diamètre.

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint-Honorat Chapelle Saint-Sauveur 5aSix des côtés sont prolongés par des niches semi-circulaires, celui de l’est par une abside.

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint-Honorat Chapelle Saint-Sauveur plan 3a

La voûte, plus récente, date du XIIe. 

 

 

 

 

 

 

 

La chapelle Saint-Michel

 

Abbaye Saint-Honorat chapelle Saint-Michel 1

De cette chapelle, située en face de l’ile Sainte-Marguerite, il ne reste que des ruines. L’archange Michel, parèdre chrétien de la Grande Déesse, comme Lêron, parèdre de Lérinê.

 

 

 

 

 

La chapelle Saint-Cyprien et Sainte-Justine

Abbaye saint-honorat chapelle Saint-Cyprien

Située au milieu du vignoble, elle ne se visite pas. De là, on peut voir

 

 

 

 

 

 

La chapelle de la Trinité

Abbaye Saint-Honorat Lérins Chapelle de la Trinité 2

Située à la pointe est de l'île, dernière chapelle du pèlerinage, elle possède un chevet construit à une époque plus récente que la nef, composé d’une abside flanquée de deux absidioles, le tout surmonté d’une coupole.

 

 

 

 

 

Abbaye Saint-Honorat Lérins Chapelle de la Trinité 6

Sur sa façade principale se trouvaient trois croix en briques intégrées au mur : il n’en reste que deux, la troisième ayant disparu lors d’une restauration malencontreuse.

 

 

 

 

 

Abbaye Saint-Honorat Lérins Chapelle de la Trinité 15Certaines des pierres de construction proviennent de monuments antiques : on peut les remarquer aux angles de l’édifice. Les archéologues pensent qu’elle pourrait être antérieure au XIIe siècle voire au XIe, durant la période carolingienne, contemporaine de la troisième phase de la chapelle Saint-Sauveur.

 

 

 

 

 

Abbaye Saint-Honorat Lérins Chapelle de la Trinité 10

Comme à Saint-Sauveur d’ailleurs, des bâtiments adjacents furent retrouvés, probablement utilisés pour des rites funéraires. Durant le XVIIe siècle, la chapelle fut utilisée par les militaires espagnols qui l’aménagèrent en bastion.

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 3

http://www.editionsdelarenaudie.fr/pages/journalN105-10nov2013.htm

http://www.abbayedelerins.com/site/index.php/fr/

http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/synaxaire/stHonorat.htm

http://www.abbayedelerins.com/site/index.php/fr/abbaye-de-lerins/la-fondation-de-lerins

http://www.cannes-destination.fr/cannes-maritime/ile-saint-honorat

https://fr.wikipedia.org/wiki/Honorat_d'Arles

http://www.orthodoxa.org/FR/orthodoxie/synaxaire/stHonorat.htm

6 février 2016

L'église Notre-Dame-de-la-Nativité de Bois-Sainte-Marie

 

Bois-Sainte-Marie 7Certains pensent que l’église fut commencée à la fin du XIe siècle, vers 1050, mais il parait plus probable qu’elle le fut au début du XIIe, le chœur datant d’environ 1115, la nef entre 1120 et 1130. Eugène Millet en refit une grande partie au XIXe siècle, mais, en homme avisé, il fit refaire les chapiteaux à l’identique, ce qui conserva tout le message des bâtisseurs du Moyen-âge. Il reste le tympan du portail sud, la fuite en Egypte, qui fait un peu tache à mon goût.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


L’extérieur

Bois-Sainte-Marie 17On accède au portail ouest de l’église par un perron de 18 marches fait au XIXe siècle. La façade, dont seule la partie haute fut refaite, est scindée en trois partie, avec de chaque côté une grande arcade aveugle reposant sur des colonnettes à chapiteaux. Les deux contreforts matérialisant les trois parties sont agrémentés de colonnes engagées surmontées de chapiteaux, chose assez rare dans le monde roman.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 50aDans la partie haute de la travée centrale, on peut voir une baie à colonnes dont les voussures sont ornées de claveaux rouges et blancs.

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 21L’arcature à gauche conserve un bas-relief sculpté effacé qui représente la Vierge assise portant l’Enfant.

 Bois-Sainte-Marie 26

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 19Les chapiteaux de la partie basse sont romans. A gauche du portail, côté lunaire, ce qui pourrait être un âne musicien, et côté solaire comme il se doit des aigles aux ailes déployées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 18Le chapiteau du contrefort droit porte deux anges. S’il a bien été refait à l’identique par Eugène, il se pourrait que l’on soit là en face de deux hommes ailés (les anges ont des auréoles, là, ils n’en ont point), dont celui de gauche, jupe relevée, est en position de se décharger de la matière lourde, pendant que celui de droite joue de la trompe, montrant tout les deux ce que l’église de Bois-Sainte-Marie est capable de faire.

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 27De belles ferronneries ornent les portes, avec un petit clin d’œil à la symbolique du dragon ou du serpent, sans savoir si l‘artisan forgeron a pu le faire exprès.

Bois-Sainte-Marie 28

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 7Le clocher, remonté à l’identique au-dessus de la croisée des transepts, est orné d’une baie cintrée au premier étage et de trois fenêtres accolées au deuxième.  Eugène Millet fit élever une tour quadrangulaire au sud-est du transept pour lui servir d'escalier.

 Bois-Sainte-Marie 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 22Le haut du chevet, remonté par Eugène, est décoré de bandes lombardes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 6Le bas possède 6 colonnes à chapiteaux, et nous retrouvons nos hommes ailés qui, cette fois, donnent l’impression d’être à genoux, commençant par là même leur retournement. Espérons que ce chapiteau aussi ait été refait à l’identique, le message est important.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 24Côté sud, par contre, un chapiteau est d’origine. Il représente un personnage ailé au centre, montrant un livre, symbole de la connaissance (le livre est  ouvert, signifiant par-là que la connaissance en ce lieu n’est pas tenue secrète). Il est entouré de deux groupes de gens liés par une chaine.

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 23Sur sa droite, trois hommes en prière, agenouillés, les mains jointes. Ils sont reliés par la chaine à un homme à gauche, nu, qui cache un démon cornu accroupi, lui-même se tenant devant un animal très abimé. Trois interprétations sont possibles. A vous de déterminer celle qui vous convient entre le parlant, le signifiant et le cachant. Tout le message de Bois-Sainte-Marie sera sur ce modèle, proposant différents niveaux de lecture du symbole.

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 25Je ne peux m’empêcher de vous donner l’interprétation que j’ai trouvée sur le net de ce message parvenu jusqu’à nous : « il représente l’intercession d’un ange en faveur des victimes du péché enchaînées par les démons ». En allant encore plus loin, j’ai trouvé ceci : « Cette composition comporte huit personnages ; trois d'entre eux, revêtus de tuniques, à genoux sur de petits tabourets, sont de pauvres victimes retenues par une lourde chaîne. Leur attitude suppliante et désolée est rendue avec une parfaite expression de vérité. À droite, un démon accroupi tient les extrémités de la chaîne. Entre lui et les captifs, un ange, vu de face, les ailes éployées et également agenouillé, présente un livre ouvert. Sur la face de droite, un second démon parait maintenir une autre victime. C'est là, évidemment, l'image de l'âme des vivants détenus par les liens du péché dans l'esclavage de l'enfer et demandant, par la prière, le secours de la grâce divine. Les damnés et les âmes des morts sont en effet représentés sous la forme de personnages nus, dans la sculpture romane ; ici, les captifs de Satan sont vêtus et leur attitude n'est pas celle des réprouvés. L'ange qui les accompagne, à genoux lui aussi, intercède en leur faveur. »

 

 

 

 

 

 

Que j’aime ce « évidemment »… Brrr, ça fait peur. Ces gens ont oublié que le message roman, bien plus subtil que nous puissions l’imaginer, était porteur de joie, d’espérance, de promesse, d’enthousiasme, d’exultation ! Certes le message au premier niveau sera basé sur la dualité, sur le combat mené contre le mal, mais seulement celui que l’on trouve à l’intérieur de nous-mêmes. Ici, rien n’est plus clair : d’un côté les priants vertueux, de l’autre les diaboliques vicieux. Point de victime, point de démon, point d’enfer, de péchés et de damnés, juste des choix. Même le personnage central ne peut être pris pour un ange, car les gens simples du Moyen-âge savaient bien que les anges portent des auréoles.

Au deuxième niveau, nous saurons que la seule issue pour continuer le chemin sera de sortir de cette dualité. Le message se fera plus subtil, il prendra le nom de langue des oiseaux. Les ailes de l’homme central lui permettront de rejoindre le ciel (plus haut que les autres donc s’élevant), il prendra la voie du juste, du connaissant, montrant son livre ouvert, la marche à suivre, à tous.  Le troisième niveau nous montrera le personnage central ayant réussi la maitrise des énergies. Il enseigne la façon d’accéder à la porte du ciel et comment Bois-Sainte-Marie peut nous y aider.

Trois niveaux de lecture. Je me souviens de ces deux triades bardiques, qui, même si elles ne datent que du XIXe siècle, restent d’une grande sagesse :

 L'être humain possède trois privilèges qui sont :

-  le discernement du bien et du mal ou comparaison

-  la liberté de choix, donc de jugement 

-  un certain pouvoir limité de réalisation de ce choix, qui entraîne la responsabilité

Ces trois pouvoirs sont indispensables pour échapper à la fatalité pure et s'élever vers la plénitude.

Plus loin, il sera dit qu’il faut « placer le bien et le mal face à face, de telle sorte que l'un et l'autre puissent être connus ».

 

Nous pouvons aussi parler du «  Per ipsum, et cum ipso, et in ipso ». « Par lui, avec Lui, en Lui », la formule qui donne un raccourci de la voie que l'adepte doit suivre pour atteindre le magistère.

Henri Blanquart nous dévoile ce mystère :

«  Toute évolution individuelle, de même d'ailleurs que toute l'évolution de l'humanité, est résumée dans ces trois termes, symbole des trois parties de l'œuvre :

- l'œuvre au noir, où l'offrande est encore semblable à ce pain et à ce vin, produits élaborés et parfaits de la nature, non encore détachés d'elle, véritablement "dans le monde" et "du monde". A ce stade, il agit encore en croyant qu'il nait, qu'il meurt, qu'il est parmi d'autres, qu'il est petit en face de dieu, grand en face de la fourmi.

- l'œuvre au blanc, où le pain et le vin deviennent corps et sang du Christ amis restent encore séparés dans la dualité, où l'homme a atteint l'état de sainteté, mais n'a pas encore réalisé l'unité. Il est encore, à ce stade, face à son dieu. Certes il n'est plus manipulé "par Lui", il chemine maintenant "avec Lui", mais il lui reste une troisième étape à parcourir, la plus importante, la seule qui soit définitive et sans retour.

- l'œuvre au rouge, qui voit s'unir l'hostie et la coupe, le solide et le liquide, le yang et le yin, et se fondre dans l'unité du principe unique de toutes choses. C'est alors que le fils peut dire "Mon père et moi ne faisons qu'un". L'homme a dépassé à ce stade l'état de sainteté et a abouti à l'état de sagesse. Il est allé "au delà de dieu". Il ne subit plus "par Lui", il ne chemine plus "avec Lui", participant au plan de dieu en s'y conformant. Maintenant il est "en Lui" ; il n'y a plus pour lui de naissance ou de mort, ayant atteint la sagesse d'où il n'est plus possible de retomber dans l'illusion, alors que le saint, lui, reste encore faillible.

L'évolution de l'humanité est condensée également dans cette formule. En effet :

- par Lui sont menés les hommes qui ignorent les lois divines et veulent mener leur vie et les choses qui les entourent selon leur plan propre et leur volonté restreinte. C'est ainsi que se comportent actuellement nos gouvernants, nos savants, nos exploitants agricoles qui tuent le sol, nos chimistes qui empoisonnent le globe, nos pédagogues qui ne règnent que sur la sphère intellectuelle, négligeant le principal.

- avec Lui marchent les initiés qui savent que pour maitriser il faut obéir aux lois et non y contrevenir. Ainsi se comportaient il y a longtemps les chefs des peuples, les rois, les prêtres qui plaçaient l'évolution de l'individu avant le profit au dépens de la masse ou l'asservissement idéologique de cette masse.

- en lui enfin sont les hommes qui ont atteint l'état de sagesse et qui peuvent dire, comme leur modèle divin, "mon père et moi ne faisons qu'un". Tels étaient les hommes qui, dans leur temps très reculé, menaient les peuples vers l'accomplissement et les suprêmes réalisations. »

Ouf. Promis, je ne vous ferai pas ça à chaque chapiteau… Continuons notre visite.

L’intérieur

Bois-Sainte-Marie plan 123L’église se compose d’une nef de 4 travées flanquée de deux bas-côtés, d’un transept non saillant surmonté d’une coupole sur trompes et d’une abside semi-circulaire bordée par un déambulatoire. Elle fait 32m de longueur, 14,65m de largeur pour une hauteur sous voûte de 6m dans les bas-côtés, 12m dans la nef et de 24m sous le clocher.

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 37La voûte en berceau brisé fut refaite en briques par Eugène Millet. Les bas-côtés, très restaurés, sont voûtés d’arêtes. L’éclairage provient de fenêtres hautes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 47La croisée du transept est surmontée d’une coupole sur trompe qui porte le clocher. Les parties hautes des croisillons, voûtés en berceaux, avec un triforium à 3 arcatures aveugles, ont été faits par Eugène Millet. 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 40On accède directement à l’abside sans travée de chœur. Elle est éclairée par 7 fenêtres dans sa partie basse, 3 dans la haute.

 

Bois-Sainte-Marie 36

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 34L’église possède un déambulatoire original, recouvert d'une voûte en compartiments d'arêtes. Les chapiteaux présente une facture très archaïque, ce qui laisse à penser qu’ils appartiennent à une église antérieure et qu’ils furent réutilisés.

 

Bois-Sainte-Marie 43

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Bois-Sainte-Marie 38Les voûtes des 7 arcatures reposent d’un côté sur des colonnettes posées sur un banc de pierre qui court tout le long de son mur extérieur, et sur des faisceaux de 4 colonnes à l’intérieur.

Bois-Sainte-Marie 45

9 avril 2016

Lisbonne, historique

 

Lisbonne 12Lisbonne, la ville aux sept collines située à l’embouchure du Tage (Taghi, bonne pêche en phénicien), ne peut pas laisser indifférent. Ses habitants, les lisboètes, sont d’une gentillesse à toute épreuve, ses différents quartiers regorgent de pures merveilles architecturales.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne 1Les lisboètes, qui sont aussi des poètes, ont surnommé l’estuaire Mar da Palha, la mer de paille, parce que le soir les reflets du soleil couchant teintent la ville d’un jaune doré presque irréel.

 Lisbonne 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne 3Et que dire des spécialités culinaires à tomber par terre… mais il ne faut pas se laisser embarquer dans le trip touriste. Vous pouvez aussi trouver de la morue dégueulasse, et c’est rien de le dire.

 

Lisbonne 15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne 4Les alentours de Lisbonne furent occupés dès le néolithique par les pré-Ibères, comme en attestent quelques mégalithes encore présents dans les environs de la ville. Déjà que personne ne sait d’où viennent les Ibères, alors les pré-Ibères…

 

 

Lisbonne 13

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne 10Quoi qu’il en soit, ces gens virent arriver vers – 1 200 avant notre ère des Phéniciens, qui créèrent un comptoir appelé Olissipo, la baie agréable, mais il est possible que les premiers installés soient des Tartessiens. Des relations

 

 

 

Lisbonne 6

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne 25Les Romains s’installèrent ensuite et rebaptisèrent la ville Felicitas Julia, puis les wisigoths arrivèrent et la nommèrent  Ulishbona. Les Maures ayant envahi la péninsule ibérique s’installèrent en 719 à Al-Isbunah. Ils en furent délogés en 1147 lors de la reconquista par Alphonse Ier, roi du Portugal.

 

 

 

 

 

 

Lisbonne 7La ville promue capitale du royaume prospéra et devint un centre économique, universitaire et politique important durant le Moyen-âge, puis un grand port au XVIe siècle d’où partirent des expéditions maritimes vers l’Amérique du sud et les Indes.  Lisbonne devint alors le principal centre du commerce européen.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne 21Le 26 janvier 1531, Lisbonne subit un premier séisme qui fit des milliers de victimes, puis le 1er novembre 1755, elle fut presque entièrement détruite par un tremblement de terre (9 sur l’échelle de Richter) suivi d'un raz-de-marée.

 Lisbonne 22

 

 

 

 

 

Lisbonne 26Elle sera reconstruite par le marquis de Pombal qui détruisit ce qui avait résisté au séisme et fit un plan urbain en quadrillage selon les principes d’urbanisme de l’époque.

 

 

 

Lisbonne 18

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne 31La période moderne eut son lot de dictatures, de révolutions et de massacres en tout genre, comme partout ailleurs. Lisbonne commença vraiment à reprendre sa place à partir de la Révolution des Œillets en 1974, et fut choisie pour l’exposition universelle de 1998.

Lisbonne 32

 

 

 

 

 

Lisbonne 20

7 juillet 2016

L'alignement mégalithique de Lagatjar

 

Camaret plan 1Camaret n’est pas seulement l’endroit où vivait un certain curé bien connu des amateurs de chansons paillardes anticléricales, c’est avant tout un petit port de la mer d’Iroise, situé dans une anse bien protégée entourée de plages somptueuses et de falaises vertigineuses.

 

 

 

 

 

 

 

 

Lagatjar 30Au nord-est, la presqu’ile de Roscanvel avec la pointe des Capucins, au sud-ouest la pointe du Toulinguet et la plage de Pen-Hat.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lagatjar 29Sur la pointe du Toulinguet se trouve une succession de remparts. Dès la préhistoire les hommes s’en servirent comme un bastion naturel qu’ils fortifièrent, Vauban en 1695 et Napoléon en 1812 prenant la suite. 

 

 

 

 

 

 

Lagatjar 33Pen-Hat, plage aux eaux transparentes et au sable fin, est très prisée des surfeurs et autres adeptes de glisse et de vitesse : les vagues cassent sur plusieurs endroits et la houle est la plus consistante de Camaret.

 

 

 

 

 

 

Lagatjar 31Plus au sud encore, la pointe de Pen-Hir, imposant promontoire supporté par des falaises de pans de roches à pic hautes de plus de 70 mètres, se termine par les rochers que l’on appelle ici les Tas de Pois.

 

 

 

 

 

 

Entre les deux se trouve l'alignement mégalithique de Lagatjar.

 Lagatjar 27

Lagatjar 1a

Il est écrit dans le dictionnaire de Jean-Baptiste Ogée en 1778 qu’il était composé de 600 menhirs, ce qui fut confirmé en 1835 par Fréminville (je l’aime celui là) dans son livre Antiquités du Finistère.

 

 

 

 

 

Lagatjar 16Entre cette époque et celle de la restauration du site en 1928, et ce malgré son classement aux Monuments Historiques en 1883, beaucoup furent détruits. Il fut une période où ils servirent de zone de camping, et même de terrain de foot.

 

 

 

 

 

 

Lagatjar 32aEn août 1928 les 21 pierres couchées parmi les restantes furent donc relevées. Saint-Pol-Roux, le poète symboliste né à Marseille mais breton de cœur, créateur de la revue « La Pléiade » en 1886, possesseur du manoir de Coecilian (dont on peut encore voir les ruines derrière les pierres levées) en prononça le discours d’inauguration, intitulé «  Menhirs » :

 

 

 

 

Lagatjar 17

« …ces pierres forment pour moi, solitaire de Lagatjar et leur voisin immédiat depuis un quart de siècle, un clavier gigantesque où la touche noire de l’ombre s’exprime en mineur et la touche blanche de la lumière en majeur… »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lagatjar 3Aujourd’hui il ne reste que 87 menhirs et bases de menhirs. Les pierres les plus grandes font environ 3 mètres de hauteur.

 

Lagatjar 8

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Camaret plan 3L’alignement d’un peu plus de 200 mètres forme une ligne qui suit un angle de 37° dont partent à angle droit deux lignes parallèles légèrement courbes, distantes d’environ 77 mètres et d’un angle de 127°, c’est à dire la direction du lever du soleil au solstice d’hiver. Tout ceci délimite une aire quadrangulaire ouverte vers l’ouest, vers le soleil couchant.  

 

 

 

 

 

 

 

 

Lagatjar 25Les dignes ancêtres des constructeurs de cathédrales se sont manifestement servis des orientations solsticiales, voire plus si l’on en croit l’écrivain et historien Georges-Gustave Toudouze qui émit l’hypothèse que les alignements étaient orientés par rapport aux Pléiades.

 

 

 

 

 

 

pleiades 1L’amas stellaire des Pléiades, de couleur bleutée, est situé dans la constellation du Taureau (où se trouvait le point vernal vers 4 000 ans avant notre ère). Les anciens grecs, ayant compté 7 étoiles très brillantes, lui ont donné son nom : les Pléiades,  comme les 7 sœurs, filles du Titan Atlas (la force brute de la terre) et de l’Océanide Pléioné (la force brute de l’eau). La plus lumineuse d’entre elles se nomme Alcyone, puis viennent Astérope, Mérope, Élèctre, Maïa, Taygète et Célaéno.

 

 

 

 

 

 

Pléiades 2aEn octobre, les Pléiades apparaissent à l’est au-dessus de l’horizon, signalant dans tout l'hémisphère nord le début des moissons. L’amas fait partie de l’alignement PAMS, avec les Pléïades, Aldébaran (alpha du Taureau), le Baudrier d’Orion dit les 3 Mages (Alnitak, Alnilham et Mintaka) et Sirius (alpha du Grand Chien).

 

Et notre Saint-Pol-Roux n’a-t-il pas créé une revue nommée « Les Cahiers de la Pléiade » ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Poule 3aMieux encore. La petite constellation prend parfois le nom de poussinière, de couveuse, de poule et ses petits, de troupe de pigeons. En breton on l’appelle Ar Yar, la poule. Or, dans la langue bretonne, lagad veut dire l’œil. Lagatjar, ou lagad-yar, serait alors l’œil de la poule, c'est-à-dire l’endroit où l’on peut voir, viser, les étoiles Pléiades.

 

Ouvrez l'oeil, poulettes et poulets... aux pattes noires, aux plumes blanches et à la crête rouge, et continuez de chanter le rythme du soleil et la rotation de la Terre.

21 mars 2016

Les fontaines de l’Alfama

Alfama 4Village dans la ville, l’Alfama est le quartier de Lisbonne ayant le moins souffert du  séisme de 1755. Bâti sur l’une des sept collines de la ville dominée par l’antique château Saint-Georges, surplombant le Tage, il conserve le cœur des vrais lisboètes avec ses bars à Fado, ses ruelles labyrinthiques et ses escaliers sans pitié pour les mollets.

 

 

 

 

 

Alfama 1Son nom vient de l’arabe « al hamma », qui veut dire « les sources thermales ». En effet, la colline est traversée par une faille géologique empruntée par les eaux minérales souterraines qui jaillissaient en plusieurs endroits. Ces eaux  furent utilisées à des fins thérapeutiques au début de l’histoire de Lisbonne et les romains édifièrent même des thermes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alfama 3Plusieurs sources dont la température s’échelonnait entre 20° et 32° contenaient du sulfate de calcium, du sulfate de magnésium, des chlorures, du bicarbonate. Elles étaient données pour soigner les maladies de peau, les rhumatismes, les problèmes digestifs, les allergies, les maladies respiratoires et gynécologiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Alfama 2Ces différentes sources furent canalisées et utilisées pour alimenter des fontaines, appelées chafarizes. A l’époque moderne, l’eau fut envoyée dans le réseau d’approvisionnement public et servit à remplir des citernes.  En 1868, la Société des Eaux de Lisbonne prit possession des sources. Beaucoup de chafarizes furent scellées, les réservoirs détruits.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chafariz das ratas 1La source des Rats par exemple fut fermée en 1880 et oubliée. Après des travaux sur un mur, elle fut redécouverte, et dans les années 60, malgré le débit de 360 litres par heure, on pouvait voir une longue file d’attente pour remplir des bouteilles de son eau curative.

 

 

 

 

 

 

Chafariz das ratas 2En  1963, la Société des Eaux de Lisbonne décréta (sans preuves) que les eaux étaient impropres à la consommation et sans tenir compte de la révolte des habitants, ferma définitivement la fontaine. Ah, ces monopoles et ces intérêts économiques…  Finalement, il ne resta plus qu’à la ville de classer ces fontaines taries monuments historiques.

 

 

 

 

 

Chafariz de Dentro

 

Chafariz de Dentro 6Les premiers documents parlant de cette fontaine datent de 1280, mais elle fut utilisée bien avant et certainement par les romains. Elle se nommait à l’époque « fontaine des Chevaux » parce que l’eau jaillissait de la bouche chevaux de bronze qui ornaient la façade.

 

 

 

 

Chafariz de Dentro 2L’eau sortait à 25° et contenait du calcium et du bicarbonate. Au XIVe siècle, Lisbonne fut entourée de nouvelles murailles, la cerca Fernandina.

 

 

 

 

 

 

 

Chafariz de Dentro 5aLa fontaine se retrouva dans les murs et prit le nom original de « fontaine de l’Intérieur (Dentro) ». Deux portes y conduisaient, celle dite d’occident et celle des lavandières.

 

 

 

 

 

 

Chafariz de Dentro 1Vers 1494, une canalisation emmenait ses eaux vers la nouvelle « fontaine de la Plage », ou « fontaine de l’Extérieur », servant à approvisionner en potable les navires du port.

 

 

 

 

 

 

Chafariz de Dentro 3Elle fut reconstruite en 1622, comme le prouve l’inscription sur sa façade.  La fontaine de la Plage, réaménagée en 1836, fut définitivement démolie en 1940.

 

 

 

 

 

 

 

Chafariz de Dentro 4En 1726, un document indique que ses eaux médicinales étaient réputées pour les problèmes de vue. La fontaine fut gravement endommagée par le séisme de 1755. Elle fut restaurée en 1872. En 1970, au cours des sondages géologiques en prévision des travaux du métro, fut découvert sous la fontaine ; à une profondeur de 25m, une nappe aquifère artésienne.

 

 

 

 

 

Chafariz d’El-Rei  

 

Chafariz d'El Rei 1Cette fontaine du Roi, construite au XIIIe siècle, aurait été la première fontaine publique de Lisbonne. L’eau, sortant à 27°, contenait du bicarbonate, du chlore et du calcium.

 

 

 

 

 

 

Chafariz d'El Rei 5

Des archives datant de 1468 parlent de bains publics. Les tuyaux amenant l’eau de source chaude aux becs verseurs datent de 1487. Il y avait 6 becs verseurs en pierre avec des buses en laiton. Les représentations les plus anciennes de la fontaine, du XVIe siècle, montre un porche formé de 3 arcs en plein cintre reposant sur des colonnes, protégeant les 6 gargouilles.

 

 

Chafariz d'El Rei 9En 1542, suite à de constantes  bousculades, le Sénat promulgua une loi qui réservait chaque bec à une couche sociale différente, et malheur à celui qui utilisait celui du voisin : il était emprisonné et payait une forte amende. Le premier bec était réservé aux esclaves noirs, le deuxième aux Maures, le troisième aux hommes blancs et le quatrième  aux garçons. Le cinquième était pour les femmes esclaves, le sixième pour les femmes blanches. Moralité : à cette époque, valait mieux être un homme, blanc de surcroit.

 

 

 

 

 

 

Chafariz d'El Rei 3Le nombre de becs fut passé à 9 lors de travaux en 1747.

 Chafariz d'El Rei 2

 

 

 

 

 

 

Chafariz d'El Rei 4En 1755, la fontaine était surmontée du palais du marquis Angeja. La façade que nous pouvons voir actuellement  fut refaite en 1864 dans un style classique, avec des pinacles et une large corniche. Le palais fut transformé au XIXe siècle, restauré au XXe. C’est maintenant devenu un hôtel de luxe, le palacete d’El Rei.

 

 

 

 

 

 

Chafariz d'El Rei 6En 2005, lors de fouilles archéologiques, le conduit voûté de distribution d'eau de source fut retrouvé, datant probablement du XVIIe siècle, et une structure hydraulique qui pourrait correspondre à un compartiment de thermes romains du Ier siècle. La fontaine fut classée en 2012 monument d’intérêt public.

9 avril 2016

Le monastère des Hiéronymites (Mosteiro dos Jerónimos)



Historique

Lisbonne Hiéronymites 30aPrès de Lisbonne, sur la rive du fleuve Tage, se trouvait un petit port appelé Restelo. Il s’agrandit au XVe siècle sous l’impulsion des grands voyages portugais, du commerce maritime et de la construction navale.

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 39aPour répondre à ce développement, Henri le Navigateur, prince du Portugal, membre de l’Ordre de la Jarretière et grand maitre de l’Ordre du Christ, ordonna en 1452 la construction de la chapelle de Santa-Maria de Belém sur l’emplacement d’un ancien ermitage, afin que les marins, très pieux et superstitieux, puissent trouver du réconfort.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 45aL’Ordre du Christ, aujourd’hui simple ordre honorifique officiel de la république portugaise, fut l’héritier de l’Ordre des Templiers au Portugal. Fondé en 1319, la « Christi Militia », dépositaire de tous les biens du Temple, fut à l’origine des grandes découvertes maritimes du pays. Vasco de Gama en fit partie, et les voiles de ses bateaux en portaient la croix évidée. Le déclin spirituel de l’Ordre commença vers la fin du XVe siècle sous la maitrise de Manuel Ier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 25C’est en 1496 que ce roi décida de la construction d’un monastère à la mémoire d’Henri. Il le confia aux moines de l’Ordre de Saint-Jérôme, ou Hiéronymites. Cet ordre religieux contemplatif suivant la règle de saint Augustin, approuvé en 1373 par le pape, installé dans la péninsule ibérique, avait pour vocation d'entretenir le culte funéraire de la dynastie royale de Castille. Par décision politique, Manuel Ier les accueillit au Portugal.  

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 1Financé en grande partie par les impôts directs perçus sur les épices ramenés d’Inde, sa construction démarra en 1502 à Restelo.  Il fut bâti sur l’emplacement de la chapelle de Santa-Maria de Belém, dans laquelle, selon la tradition, Vasco de Gama se recueillit avant de partir pour les Indes.

 

 

 

 

 

Lisbonne_Hi_ronymites_2Les travaux durèrent une centaine d’années, et les architectes Diogo Boytac, João Castilho, Nicolas Chantereine, Diogo Torralva et enfin Jérôme de Rouen se succédèrent. Les Hiéronymites l’occupèrent jusqu’en 1834

 

 

 

 

 



Lisbonne_Hi_ronymites_32Épargné par le séisme de 1755 mais endommagé par les troupes anglaises de Wellington venues combattre les troupes napoléoniennes au début du XIXe siècle, ce monastère typiquement manuélin intègre des éléments architecturaux de la fin du gothique, de la Renaissance et du Classicisme, associant un symbolisme royal, christologique et naturaliste abordant souvent le thème de la mer. Il conserve encore la plupart de ses structures, comme le cloître du XVIe siècle, l’ancien réfectoire des moines et la bibliothèque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 19Les moines partirent en 1834 lors de la dissolution des ordres religieux. Classé au patrimoine mondial en 1907, le monastère fut remis à une institution s’occupant d’orphelins et de défavorisés jusqu’en 1940. L’église Santa-Maria maintint ses services religieux au monastère.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 4Les deux ailes construites au XIXe siècle dans un style néo-manuélin abritent actuellement le musée de la Marine et le musée national d’archéologie.  

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 29Le 13 décembre 2007, les chefs d’état de l'Union Européenne s'y réunirent pour signer le traité constitutionnel de Lisbonne. Je ne fais pas de politique, mais je pense que ce jour là, le peuple de France, après avoir rejeté majoritairement l’idée par référendum et après qu’elle lui fut imposée par voie parlementaire, fut trompé et bafoué.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Description

Lisbonne Hiéronymites plan 1aLe monastère se compose d'une église, d'un cloître et des bâtiments monastiques. Les ailes plus récentes ne sont pas représentées sur le plan.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



L’église Santa-Maria

Lisbonne Hiéronymites 7Le portail sud, donnant sur l’esplanade, est celui que nous apercevons en premier même s’il n’est pas le portail principal, juste une entrée latérale. Mesurant  32 mètres de haut et plus de 12 de large, il fut conçu par Diogo Boytac et terminé par João Castilho en 1518. Sur le trumeau se tient la statue d’Henri le Navigateur. Le tympan, surmonté par la statue de la Vierge, représente la vie de saint Jérôme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 6A son sommet, dominant la statue de saint Michel, la croix de l’Ordre du Christ. En bas la Dame, en haut Mickaël. Normal.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 5Le portail ouest, œuvre de Nicolas Chantereine, est le portail principal de l’église. Il fut abrité par un porche au XIXe siècle, ce qui le plonge dans une semi obscurité.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 35aSa partie supérieure est occupée par trois niches dans lesquelles sont représentées la naissance du Christ, l'Annonciation, la Nativité et l'Adoration des Mages. Sur les côtés se trouvent les statues de Manuel Ier et de sa seconde épouse Marie d'Aragon.


 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 16L'église, de plan en croix latine, possède trois nefs de la même hauteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 8La voûte du toit, très travaillée, est soutenue par six piliers.

 

 

Lisbonne Hiéronymites 9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 14Le chœur initial fut démoli et remplacé en 1571.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 26Le tombeau de Vasco de Gama, sculpté d’emblèmes marins, se trouve à gauche juste après l’entrée.

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 15Le presbytère, chapelle construite en 1571, contient celui du roi Manuel Ier, reposant sur des éléphants.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 33Le haut-chœur était utilisé par les moines pour les offices. Sur la balustrade, effondrée lors du tremblement de terre et reconstruite en 1883, se dresse un Christ en croix sculpté en 1551 par l’artiste Philippe de Vries.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 34aLa sacristie, œuvre de l'architecte João de Castilho , fut construite entre 1517 et 1520. Elle est recouverte de voûtes à lierneset tiercerons.

 

 

 

 

 



Le cloitre

Lisbonne Hiéronymites 10On y accède par la sacristie. Le plan de forme carrée de 55m de côté est coupé aux angles, ce qui compose un octogone.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 12Deux étages seront conçus en 1502 par Diogo Boytac, adaptés par João de Castilho en 1517 et terminés par Diogo de Torralva en 1541.

 

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Lisbonne Hiéronymites 28On accède au deuxième étage par un escalier impressionnant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lisbonne Hiéronymites 37aLa salle capitulaire ne fut achevée qu’en 1886 et ne fut jamais utilisée.

Lisbonne Hiéronymites 38a

 

 

 

 

 



Lisbonne Hiéronymites 23De style manuélin, le cloitre est un exemple frappant de l’utilisation conjointe des styles Gothique finissant et Renaissance.

 

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Lisbonne Hiéronymites 13Il se caractérise par des pierres finement sculptées de motifs inspirés par des thèmes nautiques tels que chaînes, câbles, sphères et ancres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Lisbonne Hiéronymites 21Les sculptures sont aussi inspirées de symboles religieux, comme des éléments de la Passion du Christ, mais aussi des symboles représentant la royauté, le tout agrémenté d’un bestiaire fantastique.

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Lisbonne Hiéronymites 31

https://fr.wikipedia.org/wiki/Monast%C3%A8re_des_Hi%C3%A9ronymites

http://www.linternaute.com/voyage/portugal/lisbonne/monument/monastere-des-hieronymites/

http://www.cityzeum.com/mosterio-dos-jeronimos



27 avril 2016

Les sauroctones et les céphalophores

 

Nous avons déjà rencontré, au gré de nos visites dans la symbolique romane, des hommes particuliers, aux drôles de noms : les sauroctones et les céphalophores. 

 

Les sauroctones

 

Dinosaure 3aLe nom vient des mots grecs « saûros »,  le lézard, et « ktonos », le tueur. Les sauroctones sont donc ceux qui tuent un lézard. Le mot « saûros  » va se retrouver dans saurien (sous-ordre des reptiles), ou dans dinosaure,  dont les squelettes, d’après certains, sont à l’origine des légendes des dragons.

 

 

 

 

 

Dragon 3aUn proto-récit d’origine asiatique fut retrouvé par des chercheurs, datant au moins du début du Paléolithique supérieur, c'est-à-dire vers – 30 000 ans.

 

 

 

 

 

 

 

Sauroctones saint Michel 1Les sauroctones sont nombreux. Nous allons les retrouver en majorité christianisés, à proximité d’un point d’eau, près d’une ville en expansion, combattant les menaces naturelles ou surnaturelles mettant en danger la population et/ou la religion.

 

Sauroctones Siegfried 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sauroctones sainte Marthe 1Les plus connus des sauroctones chrétiens se nomment saint Michel chez les archanges, saint Georges chez les hommes et sainte Marguerite ou sainte Marthe chez les femmes. 

 Sauroctones sainte Marguerite 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sauroctones Persée 1Mais avant eux Apollon tua Python, Persée délivra Andromède, fille de Cassiopée, d’un monstre marin et Héraclès délivra de la même manière Hésione, sœur de Priam, roi de Troie, avant de tuer l’Hydre de Lerne.

 Sauroctones Hercule et l'hydre 2

 

 

 

 

 

Sauroctones Krishna et KaliyaKrishna vainquit le roi des serpents célestes Kaliya, le roi gallois LLudd aidé de son frère Llefelys enferma les dragons rouge et blanc dans un puits, Siegfried transperça Fáfnir gardien du trésor et mangea son cœur.

 Sauroctones Siegfried et Fafnir

 

 

 

 

 

 

 

 

Apophis 2Rê sur sa barque solaire envoie Seth, Isis et Bastet tuer Apophis, personnification du chaos voulant mettre fin à la création.

 

Sauroctones Horus

 

 

 

 

 

 

 

 

Sauroctones saint Clément 1Nos gros lézards représentant les forces brutes de la nature se transformèrent en dragons puissants, terrassés et non pas tués par des héros solaires. Le dragon sera abondamment décrit dans les récits du Moyen-âge, qu’ils soient hagiographiques ou romanesques.

 

 

 

 

 

 

Sauroctones saint Georges 1Reprenant les anciennes traditions païennes, le chevalier partira en quête, et notre héros christianisé deviendra le saint ou la sainte imposant sa volonté aux sauriens. La symbolique primitive se retrouva enfouie, mais resta présente.

 

Sauroctones st Georges 3

 

 

 

 

 

 

 

 

Sauroctones 6

 

 

Le serpent ainsi que le dragon devinrent l’allégorie du paganisme ou la représentation du mal que la vraie religion allait vaincre. Mais sous jacent reste la puissance du symbole duel, celui de la lutte du bien contre le mal, de la lumière du dieu solaire contre les ténèbres du chaos, de l'esprit contre la matière.

 

 

 

Sauroctones 5

 

 

Il faudra apprendre à maitriser cette force brutale afin de pouvoir accéder à la dimension spirituelle. Le saurien, le serpent issu de l'inconscient, symbolisera alors l'agent des transformations qui doivent s’opérer, qui fait mourir à l’état de vieil homme et renaître à l'homme nouveau. Il sera le gardien du trésor que l’on porte en nous-mêmes.

 

 

 

 

 

 

serpent créateur

Plus loin que la simple dualité, on retrouvera le serpent primitif dans les cosmogénèses diverses et variées, depuis l’aube des civilisations, maitre du principe vital des origines, maitre des énergies et des forces de la nature. Il est ce qui anime, ce qui maintient.

 

 

 

 

 

 

 

ouroboros

Il crée le temps en plus de la vie, dans sa représentation de l’ouroboros. Les chaldéens n’avaient qu’un seul mot pour dire serpent et vie. Il sera dieu créateur aux origines comme Atoum chez les Egyptiens, représentant de l’incarnation de l’esprit dans la matière, maitrisant la vie, mais aussi la mort.

 

 

 

 

 

 

 

SerpentDe part sa capacité à changer de peau, il sera symbole d’immortalité et de renaissance, comme Quetzalcóatl le serpent à plumes chez les Aztèques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AkhenatonIl deviendra protecteur sous la forme de l’uraeus au front des pharaons, guérisseur s’enroulant sur le bâton d’Asclépios. Chez les indiens, lové au niveau du premier chakra, il attendra d’être éveillé pour conduire à l’état de Samadhi, état d’expansion illimitée de la conscience.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dragon 4bIl sera initiateur en portant les symboles des 4 éléments : la terre (la grotte où il demeure), le feu (le dragon le crache), l’air lorsque les ailes lui poussent (dragons ailés) et l’eau (vouivre). Il sera alors symbole des sciences, de la connaissance et de la sagesse, maître des mystères de la mort et de la renaissance. Le futur initié devra passer par ces 4 épreuves.

 

 

 

 

Dragon 5bLe dragon, mot issu de l’indo-européen « dak », briller, qui donna le grec ancien « drakôn », du verbe « derkomai », regarder, fixer d’un regard perçant, voir clair, qui lui-même donna le latin « draco »,  sera aussi la représentation des forces telluriques qui s'expriment dans un lieu à travers une rivière, une caverne ou une montagne.

 

 

 

 

 

 

 

 

Sauroctones Persee et AndromedeSouvent dans les récits hagiographiques le dragon habite près de l’eau, dévore les jeunes gens (souvent des jeunes filles vierges d’ailleurs, ce qui laisse à penser que les mythes liés au matriarcat détrôné par les mâles ne sont pas loin), se réfugie dans une grotte, se soumet grâce à un voile, une corde ou une ceinture. Il n’est pas tué mais maitrisé ou renvoyé dans son monde d’où il ne pourra plus revenir. Les forces telluriques devront s’équilibrer avec les forces cosmiques

 

 

 

 

 

La maîtrise des énergies du dragon est une première étape dans le cheminement initiatique. L’étape suivante sera celle de « la tête coupée ».

 

Les céphalophores

 

Céphalophores saint Denis 2Le nom vient des mots grecs « képhalê », la tête, et « phorein », le verbe porter.  Les céphalophores sont donc ceux qui portent leur tête coupée. Le plus connu d’entre eux chez les chrétiens se nomme saint Denis, chez les musulmans ce sera Qassim ibn Abbas, cousin du prophète. Jolie légende, ça change un peu (au moins de noms) :

 

 

 

 

 

 

Céphalophores Qassim ibn Abbas 4«  Il existait, dans la province de Sogdiane, une vieille ruelle qui montait sur la colline sacrée jusqu’aux portes de l’antique ville d’Afrosyab, autrement dit Samarcande. L’endroit, habité depuis les premières époques de l’humanité, avait connu les idées du Mazdéisme, puis de Zoroastre, de Bouddha, de Mani.

 

 

 

 

 

Céphalophores Qassim ibn Abbas 5C’est ici, en l’an 676, que vint s’installer Qassim le missionnaire, cousin du prophète Mahomet. Il voulut faire connaitre la nouvelle religion, ce qui ne fut pas du goût de tout le monde. Un jour qu’il était en prière dans la ruelle, un mécréant lui coupa la tête. Qassim s’empara alors de son chef, puis descendit dans un puits qui le mena droit au paradis. Depuis, Qassim, aidé de deux assesseurs siégeant à ses côtés pour l’assister dans ses fonctions, préside la cour des âmes. »

 

 

 

 

Céphalophores Qassim ibn Abbas 2Cette belle légende reprend le mythe zoroastrien du juge des Enfers. Au quatrième jour de la mort, sur le pont Činvat qui relie le Ciel et la Terre, Ahura Mazdâ pèse l’âme avec ses bonnes et mauvaises actions. Il est aidé par le vertueux Rashn et le bienheureux Srôsh. Anubis, Mikael et les autres, si vous nous lisez…

 

 

 

 

 

Céphalophores Qassim ibn Abbas 1Il fallut attendre le XIe siècle pour qu’un mausolée soit construit, à la place des anciennes murailles de la ville, là où Qassim fut tué. La nécropole Shah-i-Zinda, c'est-à-dire du Roi Vivant, devint le principal lieu saint de la ville, et au XIVe siècle il fallut réaménager le site. Le tombeau de Tamerlan le Conquérant y fut construit, ainsi que ceux de nombre de ses femmes. Plusieurs mosquées s’y ajoutèrent. Au XVIIIe siècle, un escalier de 40 marches fut aménagé, menant sur le haut de la ruelle puis sur le plateau.

 

Céphalophores saints Ache et Acheul 1Mais nous avons bien avant Qassim et dans toutes les traditions la même symbolique. Je vous renvoie pour un cas précis à la légende de sainte Spérie.  Nous avons dans ces légendes des symboles récurrents : le lieu sacré, l’eau, le sang, le passage, la caverne.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Céphalophores saint Denis 1Les céphalophores portent leur tête, le plus souvent au niveau du cœur. Que représente cette tête ? C’est avant tout le principe actif. C’est l’esprit agissant, l’activité, la volonté, la force vitale. Chevalier et Gheerbrant nous parlent de l’autorité de gouverner, d’ordonner, d’éclairer. Ils disent que la tête symbolise l’esprit manifesté, par rapport au corps qui est une manifestation de la matière.

 

 

 

 

Céphalophores saint DLivien 1Par sa forme sphérique, elle est comparable à un univers. Tout cela converge vers le symbolisme de la perfection, de la divinité. La porter signifie la maitrise de ces principes. Mais avant tout, la tête, c’est le siège du mental. La couper et la porter au niveau du cœur, c’est abandonner les barrières mentales qui empêchent l’avancée et c’est prévaloir le cœur sur la voie de l’initiation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Céphalophores Alice 1Au final, toutes ces légendes nous renvoient aux anciens mystères initiatiques, de tout temps perpétrés en secret. Et quoi de plus malin que de les cacher dans des contes à dormir debout ? « Qu’on lui coupe la tête ! » dit la reine rouge de Lewis Carroll, la reine de cœur du pays des merveilles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

thuret 1Il le faudra bien si nous voulons passer de l’autre côté du miroir, faisant ainsi notre retournement, comme nous le propose l’initié de la porte de l’église de Thuret.

 

 

 

 

 

 

 

Sauroctones prince Philippe

https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00360165/file/Volume1_francais_.pdf

https://fr.wikipedia.org/wiki/Dragon_europ%C3%A9en

http://www.insolitepaysflechois.org/Croyances_files/Sauroctones.pdf

http://www.tao-yin.com/astrologie/dragon_Occident.html

http://www.mythofrancaise.asso.fr/mythes/themes/saurocto.htm

http://laplumefeerique.over-blog.com/pages/Le_Mythe_du_Dragon-6344533.html

http://racines.traditions.free.fr/dragon/

31 mai 2016

L’ile Sainte-Marguerite

Sainte-Marguerite Lérins 4Les Ligures construisirent sur Sainte-Marguerite, appelée tout d’abord Plasania, puis Lérinê par les grecs et enfin Lerina par les romains, un oppidum de blocs de pierre massifs disposés en cercle. Cette base défensive, Vergoanum, citée par Pline l’ancien au Ier siècle dans son « Histoire naturelle » ( Lero et Lerina, aduersum Antipolim, in qua Vergoani oppidi memoria ) construite sur le point le plus élevé, deviendra fort romain, forteresse moyenâgeuse, citadelle royale puis prison. Sa célébrité lui sera assurée par son illustre détenu, le mystérieux masque de fer. La ville de Cannes racheta le fort en 1993.

 

 

Sainte-Marguerite Lérins 1La légende raconte que sur l’ile de Lerina vint s’installer Marguerite, la sœur d’Honorat, le saint homme qui bâtit un monastère sur l’ile voisine de Lero. Elle y dirigeait alors une communauté de religieuses. L’ile de Lero étant dévolue aux hommes, elle ne pouvait rendre visite à son frère. Honorat, qui aimait profondément sa sœur, ne pouvait venir lui rendre visite qu’une fois l’an, lorsque les amandiers étaient en fleurs. Marguerite ne l’entendant pas de cette oreille, pria les cieux. Les amandiers fleurirent une fois par mois, même si, au Ve siècle, il n’y avait pas la queue d’un amandier à l’horizon. 

 

 

 

Sainte-Marguerite Lérins 2Une autre version parle d’un soupir de la sainte qui fit tomber les pétales des fleurs d’un cerisier, qui formèrent un pont entre les deux iles. Une autre légende encore raconte que Marguerite, aidée de son frère Honorat, combattit un dragon qui, blessé, s’en alla mourir près de Draguignan. Mais l’église décrétât qu’Honorat n’eut jamais de sœur s’appelant Marguerite, que le personnage fut créé à partir de l’histoire de sainte Marguerite d’Antioche. Rabat-joie quand même.

 

 

 

 

Sainte-Marguerite, ilot de la TradelièreEn face de la pointe est de l'ile se trouve un ilot qui se nommait autrefois Trans-Léro. Il fut appelé par les marins Terra de Lhierra, qui donna son nom actuel de Tradelière.

31 mai 2016

L’ile Saint-Honorat

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 1L’ile de Saint-Honorat, appelée tout d’abord Lêron par les grecs puis Lero par les romains, plus petite que Sainte-Marguerite, servit d’escale aux navires grecs dès le Ve siècle avant notre ère.

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 96

Lêron, d’après Strabon, était un héros grec, un demi-dieu auquel un petit temple était dédié : un vase d’offrande sur lequel ce nom était gravé fut retrouvé dans un fossé proche de l’abbaye (Athênaios, fils de Dionysos, de Néopolis, à Lêrôn et Lérinê ).

 

 

 

Neptune 1Lero et Lerina pourraient être des parèdres, des jumeaux, ou bien une mère et son fils. Du temps des Romains, Neptune y fut à l’honneur (une pierre carrée, ancien autel votif, portant l'inscription "Neptuno Veratia Montana", fut retrouvée. Neptune, assimilé à Poséidon, était le dieu de la mer, mais aussi des tremblements de terre).

Puis l’ile fut abandonnée. Au début du Ve siècle, elle était déserte. C’est à cette période que saint Honorat vint s’y installer. Sa légende nous est contée par Jean Cassien :

 

 

 

 

 

 

 

Saint Honorat 1Honorat vint au monde vers l’an 375 au sein d’une riche famille gallo-romaine, peut-être à Trèves, dans l’actuelle Allemagne. Il reçut l’éducation classique de son époque, son père le destinant à la fonction de consul. Il choisit avec son frère Venantius de se convertir au christianisme et de partir sur les routes vers l’orient en compagnie d’un vieil ami et mentor, Caprais, afin de trouver les pères du désert et devenir comme eux anachorètes.

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 98Venatius trouva la mort en Grèce, Honorat et Caprais revinrent en Gaule. Ils s’installèrent dans une grotte proche de Fréjus, et leur renommée ne se fit pas attendre : ils reçurent beaucoup visiteurs venus les consulter pour leur grande sagesse.

Désirant avant tout mener une vie d’ermite, ils virent se réfugier sur les conseils de Léonce, l’évêque de Fréjus,  avec quelques compagnons voulant les suivre, sur l’ile de Lerina. A leur arrivée, ils trouvèrent l’ile infestée de serpents venimeux. Honorat invoqua le ciel : toutes les bêtes moururent. L’odeur pestilentielle des cadavres en décomposition devint vite intenable.

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 69Honorat demanda à ses 6 compagnons de grimper sur des palmiers, puis il invoqua le ciel une seconde fois : les eaux de la mer montèrent et nettoyèrent l’ile. Ensuite, afin de pouvoir installer plus confortablement la petite communauté de cénobites et pouvoir accueillir les visiteurs sur l’ile dépourvue d’eau potable, il fit jaillir une source en tapant une pierre par 3 fois avec son bâton. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 77aComme dit précédemment, il n’y a jamais de fumée sans feu. En 410, la Côte-d’Azur fut victime d’un violent séisme qui fit s’affaisser l’archipel, les eaux de la Méditerranée submergeant ainsi les sources proches du rivage, rendant difficile l’installation humaine (la source de la Boutte, débitant 200 litres d'eau douce par seconde, se trouve à quelques mètres sous le niveau de la mer actuellement). Sur l’ile, près de l'église abbatiale, se trouve encore le puits Saint-Honorat, résurgence qui ne tarit jamais.

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 93

Depuis ce temps là, les armoiries de l’abbaye portent une crosse d’abbé flanquée de deux serpents enlaçant de leur queue deux branches de palmier (ou palme), même si au Ve siècle il n’y avait pas la queue d’un palmier à l’horizon. Le frère et la sœur, tous deux saints, sauroctones et horticulteurs hors pair, voilà bien des parèdres intéressants.

Gardons à l'esprit la zone sismique, l'ile du Diable qui s'affaissa, les serpents ou l'hydre de Lerne maitrisés, les parèdres, les 7 premiers cénobites, les 7 chapelles, les 3 coups du bâton de l'abbé, l'eau miraculeuse. 

La petite communauté cénobitique du départ devint l’un des centres spirituels les plus importants du monachisme occidental. En 427 on en parle comme d’un « immense monastère », et la règle d’Honorat, dite des Quatre Pères, fut la première écrite en Gaule. De nombreux moines affluèrent, surtout du nord de la Gaule.

 

 

 

 

Saint Honorat 2Honorat dut quitter son monastère pour aller prendre la charge d’évêque d’Arles vers 428. C’est là bas qu’il mourra, en 430. Après lui vint l’âge d’or de l’abbaye. Une succession de moines devenus saints y furent formés ou en devinrent abbés, comme saint Maxime, saint Fauste, saint Porcaire, saint Virgile, saint Chonon, saint Nazaire, saint Eucher évêque de Lyon, saint Vincent, saint Aygulf, saint Amand, saint Florent, saint Ardémius, saint Ebibode, saint Vosy, saint Polémius, saint Mayeul et saint Odilon de Cluny.

 

 

 

 

Patrick

Une légende raconte que saint Patrick lui-même vint à Lérins quelques années pour parfaire sa formation (il avait été esclave au service d’un druide pendant de nombreuses années avant de s’échapper).

 En rentrant en Irlande, il aurait prêché à Tara pendant l’assemblée générale des rois d’Irlande, devant Aengus, avant de débarrasser lui aussi l’ile de tous les serpents en les faisant périr dans l’eau. Copieur. Bref. Tout cela nous apprend que les anciennes religions, et surtout celle des druides, étaient très présentes dans les débuts du monachisme occidental. 

 

 

 

 

 

 

 

 

lindisfarneAu VIIe siècle, la règle bénédictine remplaça celle des Quatre Pères. C’est saint Aygulf, ancien moine de Saint-Benoit-sur-Loire, devenu abbé de Lérins en 671 qui la fit appliquer. Un moine anglais, saint Benoit Biscop, venu de l’abbaye de Lindisfarme, sur la côte nord-est de l’Angleterre, et dont le fondateur, Aidan, arrivait d’Iona, vint alors s’y perfectionner.

 

 

Jarrow 1Iona, ancien lieu sacré des druides, où fut abbé l’irlandais saint Columba. Benoit fonda à son retour dans les iles britanniques en 681 les deux monastères jumeaux de Jarrow où vivra Bède le Vénérable. Ils seront les deux premiers monastères anglais construits en pierre, avec des fenêtres en verre. Pour cela, il fit venir des compagnons et des maitres de France, où la technique était déjà utilisée.

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 51En 732, les Sarrasins pillèrent l’abbaye et massacrèrent les moines, entamant une longue période de raids contre l’ile. Les moines revinrent au début du IXe siècle et au XIe, le monastère fut fortifié. A cette époque, Cannes, Le Cannet et Mougins en devinrent les fiefs et portèrent dans leurs armoiries la palme, emblème de l’abbaye. L’abbaye de Lérins, entrant dans le giron clunisien, reçut alors de grosses donations qui permettront la fondation d’une centaine de « filles » en Provence.

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 59Au XIIe siècle, l’abbaye fut agrandie. Les pèlerins accoururent, sachant qu’en faisant sept fois le tour de l’ile pieds nus en s’arrêtant devant les 7 chapelles, ils obtiendraient les mêmes indulgences qu’en allant à Rome ou à Jérusalem : ils recevaient des mains de l'abbé une palme en signe d'indulgence plénière. Au XIVe, des soldats vinrent s’y installer afin de la protéger. Les reliques d’Honorat furent transférées d’Arles en 1391, et l’abbaye devint un lieu de pèlerinage très fréquenté.

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 9Puis les Espagnols prirent l’ile, la fortifièrent, installèrent des batteries de canons sur les chapelles. Le système de commende dès 1464 accéléra ensuite la décadence de l’abbaye, qui fut fermée en 1788 sous ordre du roi. A la Révolution, les deux iles furent appelées Marat et Lepeletier, du nom de deux de ses « martyrs ».

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 11

L’abbaye fut vendue, rachetée en 1792 par Jean Alziary de Roquefort pour sa fille Marie-Blanche, dite Blanche Sainval, actrice de la Comédie-Française, qui la transforma en salons de réception. C’est en 1869 que des moines cisterciens de la congrégation de Sénanque revinrent sur l’ile. L’abbaye était en ruine. Elle sera reconstruite en 1878.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 81

A l’heure actuelle, l’abbaye, équipée d’un superbe alambic de 1948, produit des liqueurs comme la Lérina verte et jaune (me rappelle la Verveine, tiens…), et la liqueur de mandarine, mais aussi du marc et du Lérincello à base de citrons. De plus, 35 000 bouteilles de vin sont produites chaque année dans les deux principales cuvées de l’île : la cuvée « Saint Honorat » en rouge et la cuvée « Saint Pierre » en blanc.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye Saint- Honorat Lérins 82Mais il existe des cuvées prestige, comme la cuvée « Saint Sauveur » en rouge dont le millésime 2005 a été récompensé par la médaille d’or au concours des Syrah du monde, la cuvée « Saint Césaire » en blanc, et la cuvée « Saint Salonius », la plus récente, très prisée et très rare. Comme le disait Andrée Putman,  une personne extraordinaire ayant passé son enfance au sein de l’abbaye de Fontenay, « le luxe, ce n'est pas ce qui est cher, mais ce qui est rare ». Boire du Saint Salonius est un luxe.

1 juillet 2016

La baie des Trépassés

 

Trépassés 4aSur la côte de la Cornouaille, protégée au nord par la pointe du Van et au sud par celle du Raz, la baie des Trépassés, au magnifique rivage de sable blanc, nous fait admirer au loin l’archipel de Sein et les rochers de Tévennec. Elle porte un bien triste nom. Pourtant, au départ, elle se nommait tout simplement Boë An Aon, la « baie du ruisseau ».

 

 

 

 

 

 

 

 

Trépassés 5Elle servait d’estuaire à un large fleuve côtier, venant de la région de Bannalec, devenu au fil du temps et des bouleversements géologiques ce petit cours d’eau qui serpente dans la vallée séparant Cléden et Plogoff, qui entretient l’étang de Laoual avant de terminer sa course vers la mer en s’infiltrant sous les dunes de la plage.

 

 

 

 

 

Trépassés 7Depuis toujours, les corps des marins dont les bateaux s’étaient fracassés sur les récifs de la pointe du Raz, pris par les forts courants de marée et les vents dominants, venaient s’échouer sur cette plage, ce qui alimenta les histoires et les contes bretons (raz en breton signifie « courant rapide »). La Bretagne est terre de légende… Boë an Aon se transforma en Boë an Anao, la « baie des âmes en peine », celles des trépassés.

 

 

 

 

 

Trépassés 8Mais au fait, que veut dire trépasser ? Ce n’est pas, comme on pourrait l’imaginer, passer trois fois. L’étymologie nous apprends que le mot provient de l’ancien français « trespasser », de tres, issu du latin trans : au-delà, et du latin vulgaire « passare », dérivé du latin passus, le pas : traverser. Trépasser représente donc l’action de passer de la vie à la mort, avec une notion de changement.

 

 

 

 

 

Trépassés 11Ceux qui voient quand même dans trépasser l’action du nombre trois ne sont pas en faute : le trois, représentant la trinité des origines, est le premier nombre réellement actif. Il commence une expérience, comme par exemple trois jours qui représentent dans les récits symboliques la première séquence du temps ou trois animaux le premier degré de conscience.

 

 

 

 

 

Trépassés 10Nos morts sont simplement dans le commencement d’une nouvelle expérience, trois passages se rapportant à la première étape d’un voyage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les légendes de la baie des Trépassés

 

Ankou 4aPlusieurs légendes se rapportent à notre baie. La première, la plus connue, parle des marins trépassés qui revenaient parmi les vivants, chez leurs proches, tous les 2 novembre (jour de la Commémoration des fidèles défunts, appelé aussi jour des Morts, le lendemain de la Toussaint selon le rite catholique romain). Les bretons allumaient alors de grands feux dans leurs maisons, pour qu’ils puissent venir s’y réchauffer.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ankou 1aLes âmes des trépassés prenaient la forme de feux sur l'océan, ou bien d’êtres qui, par série de sept, surgissaient des vagues en lançant un appel, ou encore d’esprits formant une longue procession jusqu’à la chapelle Saint-They. D’autres étaient transportées dans la grotte de l’Autel, près de la ville de Morgat, huit jours avant de partir pour l’autre monde.

 

 

 

 

 

 

Ankou 3aUne autre légende, plus ancienne, donc moins influencée par le catholicisme, parle des trépassés, attendant silencieusement par les nuits sans lune dans la barque des morts, la Bag Varu, ou Bag an Noz, la barque de la nuit. Si un marin pêcheur la croisait, une voix lui ordonnait de monter à bord pour tenir le gouvernail. Il naviguait alors en direction du soleil couchant, vers les Iles Bienheureuses où il déposait les défunts, puis il retournait à son bateau. Le lendemain matin, le pêcheur avait tout oublié de son périple.

 

 

 

 

 

 

 

Druide 2Et si l’on remonte encore plus loin dans le temps, on trouve une tradition païenne datant de l’époque celtique : les druides, après leur mort, étaient emmenés dans la baie, puis embarqués jusqu’à l’ile de Sein (insula Seidhun, l’ile des Fées) où se trouvaient leurs sépultures.

 

 

 

 

 

 

Velleda 5aRemontons plus avant… L’ile de Senæ accueillait les Gallisenæ, prêtresses vierges gardiennes du feu, dont Pomponius Mela (géographe romain du Ier siècle) fait la description suivante :

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Velleda 10a« les prêtresses, vouées à une virginité perpétuelle, sont au nombre de neuf. Elles sont appelées Gallicènes, et on leur attribue le pouvoir singulier de déchaîner les vents et de soulever les mers, de se métamorphoser en tels animaux que bon leur semble, de guérir des maux partout ailleurs regardés comme incurables, de connaître et de prédire l’avenir, faveurs qu’elles n’accordent néanmoins qu’à ceux qui viennent tout exprès dans leur île pour les consulter ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Velleda 2aStrabon (géographe grec du Ier siècle) parle de l’ile comme étant interdite aux hommes. La plus connue d’entre elles se nommait Velléda, à qui Merlin confia le roi Arthur lors de sa mort. Personne ne sut comment il revint à la vie…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vercingétorix 2aMême Vercingétorix serait venu demander conseil à ces prêtresses avant d’aller affronter César.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ys 2aUne autre légende semble puiser ses racines aux temps de la Grande Déesse, celle du roi Gradlon et de la ville de Ker Ys. Bien que fortement christianisée, empreinte des fautes et autres indicibles horreurs imputées aux femmes depuis l’arrivée des hommes au pouvoir, pétrie des bons sentiments des saints contrant les vilaines coutumes païennes, elle contient encore une merveilleuse symbolique : on y retrouve le mythe de la ville engloutie et celui des gardiennes des eaux ou de l’autre monde. Ker Ys aurait pu se situer, d’après certains, dans l’ancienne vallée de la baie des Trépassés.

 

 

 

Gradlon 1a« Il était une fois, au fin fond de la Bretagne, en Cornouaille, un roi bon et beau qui s’appelait Gradlon Meur. On le disait fils ainé du légendaire roi Conan Meriadec et de sainte Darerca, la sœur de saint Patrick. Lors d’un voyage en Irlande, il tomba amoureux de Malgven, reine du Nord, que certains disaient magicienne, d’autres même fée ou sirène. Mariée au vieux roi Harold, elle s’arrangea pour que Gradlon, devenu son amant, le tue en lui faisant boire un poison. Le forfait commis, ils s’enfuirent tous deux montant Morvarc'h, le cheval noir de Malgven qui soufflait du feu par ses naseaux et galopait sur les flots. Pour le malheur du roi, elle mourut en donnant naissance à leur fille, Dahut.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint Guénolé 2Rentré seul chez lui, Gradlon fit construire une magnifique cité côtière, protégée des assauts de la mer par une immense digue, au milieu de laquelle se trouvait une porte de bronze dont il gardait précieusement la clé. Il éleva seul sa fille. Un jour, un saint homme, Guénolé, vint de l’abbaye de Landévennec pour les voir et les convertir à la religion du vrai Dieu. Dahut, devenue une belle jeune fille aux cheveux d’or, ne voulut rien entendre. Elle préféra continuer à mener une vie de luxure et de débauche, au milieu des soieries, des ors et des festins. Le saint homme mit en garde le roi, devenu pieux, l’avertissant que les péchés de sa fille pouvaient précipiter la chute de la ville.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ys 1aMais Gradlon aimait trop Dahut pour la punir. Un soir, elle eut la visite d’un séduisant étranger tout vêtu de rouge. Elle passa la nuit avec lui, et, au matin, il lui demanda la clé de la porte de bronze. Sous le charme, elle la vola à son père et le soir venu la remis au visiteur qui s’empressa d’ouvrir la porte avant de disparaître. Les flots envahirent la ville. Guénolé réussit à s’échapper avec le roi qui montait Morvarc'h, le cheval magique. Ils allaient arriver sur la terre ferme lorsqu’ils entendirent Dahut appeler au secours. Gradlon vit sa fille se débattre dans les vagues mugissantes. Il fit demi tour, l’agrippa et la fit monter sur son cheval. Mais Morvarc'h ne pouvant porter le poids des péchés de Dahut, s’enfonçait dans les flots... Guénolé ordonna de l’abandonner à son sort. Gradlon s’enfuit donc sans sa fille à Quimper qui devint sa nouvelle capitale. »

 

 

Gradlon 3aEn breton moderne, le préfixe ker se rattache à l’idée de ville ou de village, mais il provient du vieux breton caer, qui veut dire forteresse, citadelle. Ys serait issu d’izel, ce qui est en bas, ou sous quelque chose. Ker Ys serait donc la forteresse du bas, ou la forteresse dessous (la mer).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Trépassés 3Légende ? Pourquoi alors existe-il, surplombant au nord la baie des Trépassés, sur le site de Trouguer, les traces d’un ancien camp romain fortifié ? Ces camps en hauteur protégeaient en général une villa en contrebas. Et pourquoi la principale voie romaine traversant le Finistère de Carhaix à Douarnenez se poursuit-elle jusqu’à Trouguer, qu’elle dépasse, finissant sur le sable blanc de la baie des Trépassés ?

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.le-repaire-des-pecheurs.fr/sorties-patrimoine/ville-dys-a-la-recherche-de-la-cite-engloutie

http://www.le-repaire-des-pecheurs.fr/?attachment_id=104http://www.le-repaire-des-pecheurs.fr/?attachment_id=103

http://ternel.kazeo.com/legendes-bretonnes-c27252714

http://www.bagadoo.tm.fr/kemper/villedys.html

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