Sainte-Paule
Sainte-Paule est un petit village du Beaujolais très accueillant. J'ai eu la chance de rencontrer son ancien maire, qui venait fermer l'église. Non seulement il nous a laissé entrer, mais il est retourné chez lui afin de rapporter les clés de la sacristie pour pouvoir allumer et nous permettre de prendre de meilleures photos. Merci à lui. Rares sont les villages ayant encore leur église ouverte, rarement sont ouverts le cœur de leurs habitants.
Sainte-Paule, seule commune en France à porter ce nom (il existe une autre Sainte-Paule, mais au Canada), fait partie du pays des pierres dorées, appelé ainsi à cause des pierres calcaires jaunes ocres qui caractérisent l'architecture locale.
L'origine de ce patronyme vient de sainte Paule. " Cette grande dame romaine avait épousé à dix-sept ans un mari qui la rendit heureuse et dont elle eut cinq enfants. Elle souffrit beaucoup quand elle le perdit. Alors elle décida de rejoindre saint Jérôme en Palestine puisqu'elle l'avait connu à Rome. Elle distribua son héritage à ses enfants et partit en 385 en pèlerinage avec l'une de ses filles, sainte Eustochium, dans l'un des monastères fondés par saint Jérôme à Bethléem où elle mourut en 404.
Elle assura à saint Jérôme deux biens précieux : une grande part de sa fortune pour continuer les travaux du monastère, une grande patience pour calmer ses colères. On dit que son corps repose depuis le IXème siècle siècle dans la cathédrale de Sens."
La première église de Sainte-Paule fut construite au XIème siècle et fut à l'origine du village. En 1078, elle fut donnée à l'abbaye de Savigny, abbaye bénédictine fondée à l’époque carolingienne, aujourd’hui disparue (les textes anciens attestent qu'elle existait en l'an 817). Cette abbaye, haut lieu de la chrétienté, prospéra autour de l’an mil.
Elle possédait de nombreuses propriétés, non seulement dans le département du Rhône, mais aussi dans les diocèses de Mâcon, Genève, Lausanne, Saintes et Die (paroisse de Comps ). Sa richesse attirant les convoitises, elle se protégea en faisant édifier des châteaux et des maisons fortes dans les communes alentours ( Bibost, Sain-Bel, L'Arbresle, Montrottier, forteresses de Chessy et de Saint-Romain de Popey, etc..). Sainte-Paule dépendait du prieuré de Saint-Laurent d'Oingt.
En 1562, Sainte-Paule fut victime des ravages du baron des Adrets et connut une terrible épidémie de peste. En 1763, les habitants se révoltèrent pour protester contre les corvées et les charges. La Révolution lui enleva son nom, trop religieux aux yeux du gouvernement révolutionnaire. Elle devint la commune de Roche-Guillon. En 1808, elle fut érigée en paroisse.
L'église d'origine romane, construite aux XIème et XIIème siècles, a connu plusieurs transformations au cours du temps, jusqu'à sa restauration en 1979. Il en subsiste les ouvertures en plein cintre qui sont inscrites à l'inventaire des monuments historiques.
Le clocher de l'église fut érigé au XIVème siècle, et malheureusement il ne fut pas restauré aussi bien qu'il l'aurait mérité.
La chapelle saint Joseph, la dernière travée de la nef et la façade furent construites en 1867. C'est pour cette raison qu'un décalage se retrouve à l'extérieur, où l'on voit très bien la position de l'ancienne façade.
Le bas-côté droit, dit chapelle de la sainte Vierge, de style gothique, est soutenu par des culots d'angles, curieux culs-de-lampe : un chantre à bésicles, un prophète portant phylactère.
Une piéta en marbre du XVème siècle avec un écusson représentant la passion se trouve au dessus de l'autel, ainsi que la statue de sainte Paule, du XVIIème siècle.
Le bénitier en pierre datant du XIVème siècle, provient de l'ancienne église. C'est l'un des plus beaux de la région lyonnaise.
Devant l'autel se trouve le tombeau présumé de 5 personnes de la famille des Vaurion, anciens seigneurs de Chamelet.
Sur la place du village se trouve une très belle croix sculptée, datée de 1596. On reconnait le couronnement de la vierge face à l'église, et à l'opposé le christ avec dessous saint Jacques bénissant un pèlerin.