Historique
Située sur une ancienne voie romaine, le village de Saint-Laurent-en-Brionnais (Sanctus Laurentius in pago Briennensi) se développa autour de son église.
C’est en 1037 qu’Archimbaud Le Blanc, vicomte de Mâcon, donna à l’abbaye de Cluny l’église de Saint-Laurent avec toutes ses terres et revenus. A son retour de Jérusalem en 1039, il donna un autre domaine sous la condition que Cluny y installe un prieuré dont l’existence est attestée au début du XIIe siècle. Il fut détruit autour de 1570, quand les troupes protestantes ravagèrent le Brionnais.
L’église fut reconstruite à l’initiative de Cluny au début du XIIe siècle. Le clocher fut édifié vers 1110 et présente des similitudes avec ceux de Vareilles et de Varennes-l'Arconce. La paroisse appartenait alors au diocèse de Mâcon, mais le curé était nommé par l’abbé de Cluny.
L’église devenant trop petite, la nef fut démolie en 1845 et fut remplacée par une nef à bas-côtés, voûtée d’arêtes, sur des plans de l’architecte Berthier.
Ne restent de roman que le clocher, le transept et l’abside. Et encore… Ils furent restaurés en 1877 par Antonin Selmersheim, qui fit, entre autre, reprendre bon nombre de chapiteaux.
L’extérieur
Le chevet est composé d’une abside semi-circulaire entourée de deux absidioles.
Le clocher, de plan carré, présente trois étages percés de baies en plein cintre doublées, séparées par une colonne engagée, et, sur chaque face, trois demi-colonnes engagées
L’intérieur
L'église est de plan simple. La partie intéressante commence à la croisée du transept.
On accède au transept par trois arcades en plein cintre. La croisée du transept est voûtée par une coupole octogonale sur trompes en cul-de-four qui communique avec chaque croisillon par une grande arcade en plein cintre doublée.
L’abside principale en hémicycle est flanquée de deux absidioles en léger retrait précédées d’une travée.
Voûtée en cul-de-four, elle est éclairée par trois fenêtres sans caractère encadrées par cinq arcatures dont des colonnettes supportent les retombées. Les chapiteaux pour la plupart ont été refaits.
Les chapiteaux
Nous allons retrouver les thèmes courants des XIe et XIIe siècles. Une femme représente la force, celle que l’on retrouve dans l’arcane XI du Tarot. Elle semble maitriser un lion qui lui-même pose ses pattes sur deux serpents entrecroisés. Sa main ne tient devant la gueule de l’animal et elle n’a besoin d’aucune violence ou d’effort physique pour empêcher le lion d’ouvrir ou fermer ses mâchoires. C’est la puissance du haut état de conscience qui maitrise et contrôle la force de base. Les serpents s’enroulant ramènent au Caducée d’Hermès et représentent les deux polarités cosmiques et telluriques.
Le combat d’un ange portant épée et bouclier contre un diable à trident. Les opposés s’affrontent. Le diable va représenter celui qui permet d’accéder à la manipulation des forces de la nature, nos propres pulsions, le renvoi vers la matérialité. L’ange sera le messager de la conscience manifestée de Dieu. Mais il peut être aussi la représentation de notre âme…
Le thème du berger apparaît. Ici, il tient sa houlette, il représente le maitre attentif (nous-mêmes) qui garde un agneau, l’âme. L’agneau va représenter un état de conscience qui, des pattes dans la matière va s’élever pour devenir plus spirituel et dans sa maitrise va influencer la tête du berger.
On retrouvera le même thème en face où le berger n’est plus qu’une tête. A côté, des personnages en couple (unification des contraires ?) sortent des feuilles de Chélidoine (symbole de l’accès à la lumière).
Les bases des colonnes sont aussi très travaillées. Nous allons trouver quelques sculptures assez frustres, comme cet animal peut-être un ours, roi des animaux aux temps celtiques encadrant une croix entrelacée,
et même un lièvre ou un lapin (de trois semaines ?) et un âne mangeant des feuilles. Ils ont tout deux de grandes oreilles…
Mais aussi la représentation du roi et de la reine tenant un sceptre/fleur qui semble de facture plus récente. Ce sont là les représentations du Soufre et du Mercure, principes mâle et femelle, dont l’union constituait le Mariage Philosophique.
http://pjpmartin.pagesperso-orange.fr/site/St_Laurent_Virey.htm