Belleville,
petite cité du Beaujolais, a une très longue histoire, ainsi que
l'attestent des outils de silex découverts sur place. A l’époque
romaine, on retrouve le toponyme de Luna. Luna, Séléné chez les grecs,
supplantée plus tard par Artémis/Diane, le lieu était peut-être déjà
dédié au culte de la déesse.
Cette
ville romaine de Luna s’étendait du nord au midi le long de la voie
romaine qui la traversait, reliant Lyon à Autun par Avenas et Cluny.
Ville forte, elle fut ravagée au Vème siècle par les troupes d’Attila
puis anéantie en 732 par les musulmans d’Espagne. Reconstruite, elle
prit le nom de Bellavilla à la fin du XI ème siècle.
Entourée de hautes murailles doublées de larges fossés remplis d’eau
courante que fournissait la rivière d'Ardière, elle fut la seconde
prévôté du Beaujolais.
Les
drapeaux portaient une salamandre dans le feu sur fond vert parsemé de
fleurs de lys avec le mot "Durabo" (je durerai). Les armes actuelles de
Belleville : « d’azur à la salamandre d’argent, sur un feu de gueule, la
tête retournée » sont incontestablement les héritières de ces drapeaux
et la devise est restée.
A
l'époque des Croisades, Humbert III, Sire de Beaujeu, régnait sur le
Beaujolais. Engagé dans la milice du Temple, il partit pour la
Palestine. Il fut rappelé par son proche parent, Pierre le Vénérable,
abbé de Cluny, qui obtint du pape le retour du baron et l'annulation de
ses vœux, sur la demande de son épouse en proie aux convoitises des
seigneurs voisins.
Contraint
de déporter du vœu qu'il avait fait à l'ordre des templiers, et afin
d'expier cette faute qu’il considérait comme une apostasie, il choisit
Belleville pour recevoir le gage de sa soumission et de sa générosité.
Il y fonda une commanderie, puis en 1158, un prieuré de l'ordre de
Saint-Augustin, élevé en 1164 au rang d'abbaye par Dreux, archevêque de
Lyon, qui y installa comme premier prieur Étienne, prieur de Saint
Irénée.
En
1168, Landric, troisième abbé, bénit la première pierre, posée sur une
pièce d'or. Onze années suffirent à élever cet imposant monument,
consacré à la Vierge en 1179. Il devint même avant son achèvement le
tombeau de son jeune fils Guichard. A sa suite, les princes de Beaujeu
furent inhumés en ces lieux. A cette époque, 30 chanoines vivaient dans
l'enceinte de l'abbaye, qui couvrait le septième de la ville
intra-muros. L’abbaye renfermait dans son enceinte une première église
disparue sous la révolution, un cloître, une salle capitulaire, un
cellier, un cimetière.
Ravagé
par les Huguenots en 1567, l'église fut pillée et mutilée, l'abbaye fut
livrée aux flammes. Le malheur des temps ne permit que de modestes
réparations, et la mauvaise administration des abbés qui se succédèrent
acheva la ruine de cet établissement. Le chapitre se dépeupla au cours
des siècles, et fut finalement réuni en 1768 à la Congrégation de
France.
L'église Notre-Dame de Belleville constitue le seul vestige de l’abbaye.
Consacrée
à la vierge Marie, l’église offre un heureux assemblage du style roman
finissant et du style gothique. Ses dimensions sont imposantes : 63.33 m
de long sur 17.45m de large et 28.65m au transept.
La
façade, de pur style roman, forme un tout régulier et simple,
qu'embellit le portail principal, coiffé de quatre voussures encadrées
de colonnettes. La remarquable rosace qui le domine est l'une des
premières réalisées et date de 1175.
Les portails jumeaux du flanc sud marquaient le passage vers le cloître.
Le
clocher comporte deux étages, l’un ouvert sur chaque face de deux baies
en plein-cintre, l’autre, de deux baies géminées reposant des
colonnettes ornées de chapiteaux.
Sur le clocher, des éclatoirs nombreux sont le signe d'une énergie puissante se dégageant de l'édifice.
Le
dallage refait conserve une dénivellation de 1cm par mètre, ce qui
semblerait traduire l'effort à fournir pour approcher le Sancta
Sanctorum.
A
la base du chœur, les baies de pur style roman ont été condamnées au
XIVème siècle lors de l'élévation de l'abside en style ogival. Dieu le
père en représentation sur la clé de voûte domine.
La
nef s’élève sur deux étages. Elle se partage en neuf travées voûtées
sous croisées d’ogives et bordées de bas-côtés couverts de voûtes
d’arêtes. 18 lucarnes flanquées au dehors et au-dedans de colonnettes
engagées l’éclairent.
De
1850 à 1870, les voûtes reçurent leur badigeon bleu de Prusse et les
murs leurs tracés géométriques. Les chapiteaux et les clés de voûte
comportent des peintures paraissant plus anciennes, peut être certaines
sont-elles d’origine.
Au
centre du transept, on remarque 3 ouvertures au sommet des voûtes.
Elles sont destinées au passage des cordes des cloches, laissant
supposer qu'initialement 3 clochers étaient prévus. Seul celui du sud
fut achevé au XIII ème siècle, haut de plus de 30 mètres. Celui du nord
fut en partie brûlé par les huguenots, celui du centre ne fut jamais
construit.
Les
piliers de plan cruciforme sont ornés à mi-hauteur de consoles
sculptées. La sculpture était, à l'époque, le moyen de communication
pour une population en majorité illettrée, et bien pratique pour faire
passer le message ésotérique qui se devait d’être caché aux yeux de
l'inquisition.
L'église
de Belleville est consacrée à Notre-Dame. Une représentation de la
vierge, sous forme de vierge noire, se trouve dans la chapelle de
l'absidiole sud.
Malheureusement, la statue n'est pas d'époque. Nulle part trace d'une
vierge noire en ce lieu, et pourtant tout est réuni pour son
implantation. La statue fait quand même son effet, même si elle ne
véhicule pas les énergies dues à son rang.
Le parvis de l’église nous accueille déjà, avec un carré magique de 9 cases bien positionné.
Le
nombre 8+1, cher aux templiers, que nous retrouverons à l’intérieur,
sur le dallage de l’absidiole nord, où une croix templière est gravée.
Le sire de Beaujeu, Humbert III, y est surement pour quelque chose.
Mais
les templiers eux-mêmes suivirent la symbolique plus ancienne de nos
druides. Une croix celtique se trouve en haut de la façade ouest. Nous
retrouverons leur influence à l’intérieur, avec les feuilles de chêne et
les glands, tout au long des piliers.
Les portes sud
Les deux portes se trouvaient à l'époque à l'intérieur du cloître.
La
première que nous trouvons nous montre, sur le chapiteau du pilier de
droite, une sirène bifide. Elle est androgyne, moitié mâle, moitié
femelle, ce qui nous fait comprendre qu'il faut arriver à la maitrise
des côtés antagonistes afin de bien profiter des bienfaits énergétiques
du lieu.
Bifide,
elle indique la présence de deux courants d'eau se croisant sous le
bâtiment. Sa queue ne touche pas le sol, elle remonte vers le ciel, et
la sirène la tient dans ses mains : retournement, maitrise,
rapprochement du divin, permis par les énergies présentes.
La
deuxième, au pied du clocher sud, nous montre un singe sculpté sur le
chapiteau de gauche. De sa bouche sortent des rinceaux, symbole du
verbe.
Le
singe représente habituellement la partie animale de l'homme, celle
qu'il faut maitriser. Le verbe, c'est la création. L'homme, en tant
qu'animal, serait-il aussi créateur ? Les pèlerins de Compostelle
passaient par cette porte, se déchargeant sur la pierre de seuil qui est
une pierre d’abaissement. Ils allaient ensuite se remplir des énergies
de l’église.
Les piliers et leurs chapiteaux
Les piliers de l’église nous montrent une progression des énergies,
d’ouest en est. En commençant par les chevaliers, faisant face aux
musiciens.
Un
monstre avale un personnage. Si tu fais le mal, tu iras en enfer. Mais
non, je rigole. En fait, comme d’habitude, l’initié sort de la gueule du
monstre pour renaitre. La partie animale, matérielle, l’a bien compris,
elle qui ouvre ses oreilles. L’initié a les bras tournés vers le chœur,
vers l’est.
En
face, un loup tient dans sa gueule des végétaux, sur fond vert. C’est
le loup vert (l’ouvert), celui qui montre le départ du chemin intérieur.
Un
homme est entièrement empêtré dans la matière. Ses jambes et ses bras,
tordus, sont accrochés à la terre… Il va lui falloir se retourner.
Puis
deux aigles, les ailes repliées, regardent le sol. L’aigle,
représentation tétramorphique de saint Jean (la voie ésotérique), se
trouve souvent comme gardien de l’entrée de la partie haute du
sanctuaire. Il montre le chemin, lui qui peut voler vers le soleil. Ici,
les aigles sont prêts pour l’envol.
En
face, le serpent, symbolisant les énergies telluriques, est maintenu
dans la bouche d’un homme. Les énergies sont maitrisées physiquement. La
femme, tête penchée, comme pour mieux l’écouter, ou pour mieux regarder
le ciel, tient dans ses mains un bâton, semblant guider l’animal. Elle
est la mère des énergies tellurique, liaison entre ciel et terre.
Ensuite
vient le pilier des Atlantes, symbolisant la prise de conscience de
l’homme qui va faire son « retournement ». Il a les bras tournés vers le
ciel, se tenant à l’arbre de vie. Les initiés ont les jambes tournées
vers le ciel, ce qui n’est pas encore le cas. Les accomplis se tiennent
debout, les pieds posés à terre, les bras au ciel.
Un
homme se perce la langue avec un couteau. Dans les explications données
habituellement, il s'agit du mensonge. Oui, certes. Mais la langue
tirée est aussi symbole de la parole, donc du verbe, comme dans le
célèbre Baphomet des Templiers. Mais là, ne sommes-nous pas en face de
la devise de silence est d’or, or que nous retrouvons sur le côté droit,
et sur les oreilles, pour signifier que l’écoute est importante ?
En face, deux oiseaux buvant au même calice. Une patte a quitté le sol, les ailes sont déployées. On se rapproche.
Le
sonneur de trompe, qui tient l’instrument avec deux et trois doigts. La
tradition chrétienne retient le rythme ternaire comme la perfection, le
binaire comme imparfait. La musique est une harmonie des nombres, un
moyen d’arriver à la plénitude par la vibration. Et toujours les
oreilles pour écouter.
Les pommes de pin, symbole de fécondité, des cycles de vie et d’éternel retour, d’immortalité.
Plus
loin, le musicien tient son instrument avec Huit doigts (symbolique du
8), quatre dessus et quatre dessous, les énergies sont mieux maitrisées.
Neuf trous sont visibles : le 8 des Templiers, plus le point central.
En
face, la tête de taureau, symbole tétramorphique de saint Luc, des
forces telluriques maitrisées, souvenir de Mithra. Les bœufs ont
remplacé le taureau dans le christianisme, chassant l’ancien dieu
concurrent. Mais c’est lui qui découvre la vierge noire, il est le
parèdre d’Hathor, et donc symbole lunaire en même temps que solaire.
Les deux piliers suivants montrent des porcs couronnés la gueule
ouverte, d'où sortent les énergies : les telluriques, descendantes, et
les cosmiques, montantes. La pomme de pin est aussi présente, rappel des
cycles de fécondité. Le porc, ou le sanglier, est l’emblème des
druides, du pouvoir sacerdotal, de la sagesse et de la maîtrise, qui
pourrait être traduite par la lance posée entre eux.
C'est
là où nous retrouvons les éclatoirs importants, avec une ligne brisée
sous eux. L'énergie est puissante. C'est la première fois que je vois
ainsi représentée l'énergie suivant le pilier pour arriver dans
l'éclatoir où elle est dispersée, maintenant l'édifice dans un équilibre
énergétique qui, s'il n'était pas respecté, ferait s'écrouler le
bâtiment.
Les
têtes de lions, l'une plus "humaine" que l'autre. Le lion, emblème
tétramorphique de saint Marc, symbole solaire, peut représenter le
courage et la force, mais aussi être associé au lion obscur de
l’apocalypse. Deux natures s’affrontent. Que celui qui a des oreilles
entende. D’ailleurs, les lions sont bien à l’écoute avec leurs grandes
oreilles. Le gardien se trouve à ce niveau.
Un
personnage dont la chevelure ressemble à un canal passant au dessus de
sa tête : les cheveux sont symboles de la force physique (voir Samson)
mais aussi spirituelle. Ils captent les énergies.
La
chèvre, symbole de puissance et de fécondité, comme Amalthée qui
nourrit Zeus et dont la peau servit à fabriquer l’égide, dont les cornes
nous ramènent à l’abondance, elle qui guida l’homme vers Delphes, nous
montre comment poser les sabots sur terre et cornes au ciel.
Les piliers du chœur
reprennent la symbolique des piliers du chœur d'Avenas.
D'autres chapiteaux parlants