Fontenay, historique
En 1118 le vallon de Fontenay est intégré dans les terres d'Eudes II, duc de Bourgogne. Au village de Touillon, distant de quelques lieues, les évêques d'Autun se sont construit un château, leur villégiature d'été. Dans un contexte plus local, les terres appartiennent à Raynard de Montbard, oncle maternel de saint Bernard. Ainsi, quand celui-ci décide de construire une abbaye dans la région, Montbard lui fait don de quelques terres, situées sur le plateau selon quelques-uns ou au nord de la combe selon d'autres. Un premier établissement est édifié en 1118.
Le succès grandissant oblige le premier abbé, Geoffroy de Roche-Vanneau, autre oncle de Bernard, à solliciter un nouvel emplacement. L’abbaye trouve son emplacement définitif en 1130, plus bas dans la vallée boisée, dit vallon des Egrevies, à l'intersection de la Combe Noire où coule un ruisseau, et d'une autre vallée parcourue d'un ru capricieux.
Chacun se mit au travail pour éliminer l'eau stagnante et dompter les cours d'eau, construire des digues pour assainir les lieux. La première digue fut construite au nord, et forme un petit étang qui est encore ne nos jours régulé par une buse alimentant le canal qui se pert sous l'abbaye. La seconde part du flanc de la vallée. Les eaux sont déviées vers le sud.
Une première chapelle, Saint-paul, un cloître et un dortoir furent construits vers 1132, avec des pierres provenant de Massangis, à trente kilomètres du val. L'abbaye reçut le nom de Fontenay, par allusion aux nombreuses sources du site.
L’abbaye se développa pendant les années suivantes et c’est en 1139 que fut commencée la construction de l’abbatiale actuelle. En 1146, Ebrard, évêque exilé de Norwich, arriva à Fontenay. Il lègua ses biens à l'abbaye pour financer le chantier de l’abbatiale (Il est enterré dans son choeur). Celle-ci fut consacrée en 1147 par le pape Eugène III. Le monastère fut complété à la fin du XIIème siècle. En 1259, le roi de France Louis IX exempta l'abbaye de tout droit fiscal, et en 1269, Fontenay devint abbaye royale : les rois Jean II, puis Charles VIII, et Louis XII continueront ces largesses.
Les XIIème, XIIIème, et début du XIVème siecles seront d'une grande prospérité pour l'abbaye qui développa ses activités métallurgiques et sidérurgiques : au plus haut de sa renommée, trois cents personnes logeaient dans ses bâtiments.
Les siècles qui suivirent furent difficiles pour l’abbaye, qui fut pillée à plusieurs reprises : au milieu du XIVème siècle, en 1359, par les Anglais, ensuite en 1419 par les routiers et autres brigands, puis saccagée vers 1557 pendant les Guerres de Religion. Bien que des restaurations aient été effectuées en 1450 après l'incendie du dortoir (pose d'une nouvelle charpente), le déclin de l’abbaye commenca au XVIème avec l'établissement du régime de la Commende en 1547. En 1745, faute de pouvoir l'entretenir financièrement, le porche de l'abbatiale, les cuisines et le réfectoire des moines furent démolis, et en 1746, le sol de l'église fut élevé de près d'un mètre pour limiter les inondations.
Après la Révolution française l’abbaye fut sécularisée, puis vendue comme bien national avec toutes ses terres en 1791 et transformée en papeterie par Claude Hugot. Les frères Montgolfier, dont Elie, papetier d'Annonay, achetèrent l’abbaye vers 1820 et commencèrent la construction de plusieurs bâtiments industriels. En 1830, les premiers essais de pisciculture moderne eurent lieu à Fontenay. En 1864, une partie des archives de l'abbaye fut retrouvée à Paris chez un bouquiniste des bords de Seine.
Après le classement Monument Historique de 1862, l’abbaye dut attendre jusqu’à 1906 pour être restaurée. C’est Edouard Aynard, époux de Rose de Montgolfier, banquier lyonnais et amateur d'art (gendre de Raymond de Montgolfier), qui acheta l’abbaye et lui redonna son aspect médiéval en détruisant les bâtiments modernes de la papeterie. Les travaux durèrent jusqu’à 1911 : les usines furent démolies, le sol de l'église dégagé sur 80 cm et l'aile gauche du cloître remontée pierre par pierre. Plusieurs bassins seront mis en place.
Edouard est le grand-père d'Andrée Putman, une femme que j'admire particulièrement. Elle passa une partie de son enfance dans les murs de l'abbaye. Cette première rencontre avec l'architecture va marquer durablement sa sensibilité artistique, forgeant son goût pour les espaces sobres, simples, voire austères.
http://www.andreeputman.com/francais/index.html
Quelques phrases d'Andrée, que je trouve magnifiques : « Ne pas oser, c’est déjà perdre. Réjouissons-nous de tout projet ambitieux, voire utopique, car les choses ne bougent que si l’on rêve.»,
« Les maisons les plus belles sont celles qui ne trichent pas », « Un intérieur est le portrait de celui qui l’habite.», « J'ai une espèce de grande obsession de la vérité. Réaliser quelque chose de vrai, quelque chose de vécu qui n'ait rien à voir avec une astuce ou de la frime.», « Le luxe, ce n'est pas ce qui est cher, mais ce qui est rare. L'espace est un luxe.», « J’ai été élevée dans une abbaye romane du XIIème siècle, là où ma famille fabriquait depuis plus de cent ans le plus beau papier du monde, le papier chiffon. Ce lieu m'a marquée pour toujours. Obsédée, imprégnée de cette architecture hautement spiritualiste, j'ai recueilli, consciemment, la moisson d'émotions, d'obsessions, nées de la géométrie. ». C'est en 1978 qu'elle créé le bureau de style ÉCART. Si vous le lisez à l'envers, cela donne...
L'abbaye demeure de nos jours la propriété de la famille Aynard. Après les restaurations des années 1960 et 1990, on peut admirer l’abbaye entièrement restaurée et en 1981, l’ensemble fut classé patrimoine mondial par l’UNESCO.
Mon arrivée fut saluée par le héron, mon départ par Goupil.
Plan
1- église
2- sacristie
3- salle capitulaire
4- passage
5- grande salle
6- prison
7 - petit chauffoir
8- grand chauffoir
9- cloître
10- lavabo
11- réfectoire
12- cuisine
13- forge
14- hôtellerie
15- concergerie
16- chapelle des hôtes
17- boulangerie
18- four
19- colombier
20- communs
21- cellier
22- infirmerie
23- jardin des simples
24- moulin
25- vivier
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Fontenay
http://architecture.relig.free.fr/fontenay.htm
http://edu.saline.free.fr/01-cites/1-thema/02-fontenay.html
http://www.ho-net.nl/BourgogneRomane/edifices/fontenay.htm
http://www.abbayedefontenay.com/abbayedefontenay.htm
L'église abbatiale
Elle a été construite de 1127 à 1150 selon un plan cruciforme et des proportions, qui lui valent d'être considérée comme une église-type de l'architecture cistercienne.
Elle mesure 66 mètres de long, le transept mesurant 19 mètres. La nef, de 8 m de large, est flanquée de deux bas-côtés.
Les arcades sont en voûte brisée reposant sur des colonnes aux chapiteaux à décor lancéolé, avec un faible relief, respectant ainsi la règle cistercienne.
Le chœur, de forme carrée, est plus bas que la nef. Le pavage est fait de céramiques, qui recouvraient auparavant l'ensemble du sol de l'édifice.
Malgré les interdits répétés du chapitre général, les bienfaiteurs obtiennent d'être enterrés dans ce choeur : il s'agit du chevalier Mello d'Epoisses et son épouse.
Au Moyen Âge, et jusqu’en 1745, la façade était précédée d'un porche dont on voit encore les corbeaux. Le portail cintré est surmonté d'une rangée de quatre petites baies cintrées, elles-mêmes dominées par un ensemble de trois baies. La fenêtre centrale, plus grande, est garnie de colonnettes.
Donc sept fenêtres (nombre symbolique) diffusent la lumière au couchant.
Le chevet plat, peu élevé, est amplement dominé par le pignon de la croisée. Celui-ci, comme le chevet lui-même est largement ajouré par des baies cintrées.
À l'intérieur, on peut admirer une Vierge à l'enfant datant du XIIème siècle. Cette statue fut longtemps exposée aux intempéries dans le cimetière de Touillon (commune voisine de l'abbaye).
La Vierge porte l'enfant Jésus sur son bras gauche, il entoure le cou de sa mère de son bras droit et tient sur sa poitrine une colombe aux ailes déployées avec sa main gauche. Protectrice de l'abbaye, la main droite aujourd’hui mutilée tenait autrefois un sceptre. On remarque quelques traces de polychromie dans les plis de son manteau.(bleu)
Nul autre mobilier n'est visible, les stalles originales ayant été abîmées par l'humidité, obligeant à un relèvement du sol de près d'un mètre à la fin du XVIIIème siècle.
Une Dame, nous devons retrouver son parèdre, saint Michel. Et oui, il est bien là, au nord de l'abbaye, sur son socle, en hauteur... Il foule aux pieds le dragon.
Le cloître
Il mesure trente-six mètres sur trente-huit. Les quatre galeries, tout en conservant une grande unité, présentent certaines différences de construction.
Elles sont composées chacune de huit travées formant archivolte et double arcade reposant sur des piliers avec double colonnette à chapiteaux lancéolés.
Aucun ornement ne vient affecter la simplicité des remplages, excepté quelques oculi.
La plupart des activités liées à l'utilisation de l'eau se déroulent dans la galerie sud, près du lavabo, que cette galerie avait la particularité d'accueillir, dans une excroissance côté cour. Aussi les historiens y situent, tout naturellement à proximité de la source, le lavement du mandatum.
Chaque galerie avait sa fonction : la galerie septentrionale sert à la collation, la méridionale à la vie domestique, l'orientale dessert les pièces destinées à la gestion de l'abbaye.
La salle capitulaire
Datant du XIIème siècle, elle s'ouvre sur la galerie est du cloître par une grande arcade cintrée, flanquée de chaque coté d'une double baie.
À l'origine la salle capitulaire était parfaitement carrée, elle était formée de trois de 3 rangs de 3 travées en voûte d'ogive reposant sur des colonnettes. La troisième travée fut détruite par un incendie vers 1450.
A côté, un passage également voûté d'ogives fait communiquer le cloître et les jardins qui se trouvent derrière l'église.
La salle des moines
Dans le prolongement de la salle capitulaire et du parloir, se trouve une grande salle romane, la salle des moines. C'est sans doute ici que les moines copistes recopiaient et enluminaient les manuscrits. Elle mesure trente mètres de long, elle est recouverte de douze voûtes d'ogives dont les doubleaux en plein cintre reposent sur cinq colonnes monolithes et sur les culots des murs latéraux, et forme six travées.
Le chauffoir
Il communique à la fois avec la galerie sud du cloître et la salle des moines. Cette petite pièce voûtée d’ogives et restaurée au début du XXème siècle conserve deux cheminées du XIIème siècle avec de petits lanternons visibles du cloître.
Le dortoir
Il occupe tout le premier étage du bâtiment des moines, au dessus de la salle capitulaire. On y accède par un escalier d'une vingtaine de marches.
Il fut incendié au XVème siècle, et la charpente fut remplacée par celle que l'on peut admirer de nos jours et qui a une forme de coque de navire renversé. La règle de saint Bernard imposait une salle commune avec des paillasses disposées à même le sol, et non des chambres individuelles.
Les baies du côté ouest sont romanes, celles du côté est sont modernes.
La forge
Le bâtiment, une des plus vieilles usines métallurgiques d'Europe, se trouve à la limite sud de la propriété.
Il mesure cinquante-trois mètres de long sur treize mètres cinquante, sur voûtes d'ogives reposant sur des colonnes centrales et aux murs sur des culots en pyramide tronquée.
Divisé en quatre salles, on y voit la salle des fourneaux avec sa grande cheminée. Au nord, un passage muré.
Il a été construit par les moines à la fin du XIIème siècle afin de travailler le minerai qui était extrait de la colline dominant le monastère.
La dérivation du ruisseau de Fontenay, le long du mur de la forge, faisait tourner des roues qui actionnaient les martinets pour battre le fer.
L'enfermerie
C'est un bâtiment du XVIème siècle. Certains la considèrent comme une prison, d'autres comme un endroit où l'on mettait sous clé les objets précieux de l'abbaye.
Sa tourelle date de cette époque, tandis que le mur ouest et ses quatre baies sont un vestige du réfectoire disparu du XIIIème siècle.
Les autres bâtiments
Du côté ouest de l’abbaye, devant la façade de l’abbatiale, on trouve le pigeonnier ou colombier et les communs qui datent du XIVème siècle et qui furent remaniés plus tard.
Egalement du XIIIème siècle, la chapelle des étrangers et la boulangerie abritent le musée lapidaire et la salle d’accueil. Un peu plus loin se dresse le chenil des ducs.
Le logis abbatial et la maison rouge, destinés aux abbés nommés par le pape, habitations coquettes, loin de la rigueur cistercienne.
A l'entrée de l'abbaye, au côté ouest, se trouve encore la porterie ou conciergerie. Elle est du XVème siècle, mais ses origines remontent au XIIème siècle.
Enfin,
l’hostellerie du côté sud-ouest du carré abbatial, a été transformée en
ferme au XIXème siècle. Le logement se trouve devant l'hostellerie. Il
existe également des vestiges, de la fin du XIVème siècle, de
l'enceinte qui protégeait l'abbaye.