L'abbaye Notre-Dame-de-Ré de La Flotte-en-Ré
L’abbaye cistercienne Notre-Dame-de-Ré, dite des Châteliers, fut fondée en 1156 par l’entremise d’Isaac, abbé de l’Étoile à Archigny en Poitou et de Jean, abbé de Trizay, et ce grâce aux dons du seigneur de l’ile de Ré, Eble de Mauléon, seigneur de Châtelaillon et de Ré. Elle doit son nom au lieu-dit où elle fut bâtie, le Breuil Chasteliers, le bois du petit château. Effectivement, une place forte existait déjà à l’époque, qui fut détruite plus tard.
Affiliée à Pontigny en Bourgogne, ce fut l’une des rares implantations de l’Ordre de Cîteaux en Aunis et en Saintonge. Isaac de l’Étoile vint y trouver refuge en 1166 lorsqu’il prit parti pour l’archevêque Thomas Becket face à Henri 1er, roi d’Angleterre.
Aux XIIe et XIIIe siècles, l’abbaye, qui bénéficie d’un site stratégique, non loin du lieu d’accostage principal de l’ile, prit une importance considérable. Elle reçut nombre de dons successifs et prit le contrôle de la plus grande partie des terres rétaises. Sous l’impulsion des moines, les bois et forêts reculèrent au bénéfice de la vigne et les premiers marais salants ainsi que les écluses à poissons virent le jour.
Dès la fin du XIIIe siècle, l’abbaye subit de nombreuses destructions lors d’attaques successives : durant la Guerre de Cent ans, lors de l’attaque de la flotte anglaise en 1294, et au cours des Guerres de Religion, en 1388 puis en 1462. Lassés, les moines abandonnèrent définitivement le site en 1574 après une dernière attaque des Huguenots. Données en 1623 à l’Oratoire Saint-Honoré de Paris, l’abbaye servit de carrière de pierres pour la construction du fort la Prée en 1625 : les bâtiments conventuels furent détruits. Seul de chœur fut conservé pour servir de chapelle dédiée au culte de saint Laurent, dont les Oratoriens favorisaient la dévotion. D’importantes cérémonies eurent lieu lors de la fête patronale.
A partir du XVIIe siècle, l’église Notre-Dame fut donc appelée chapelle Saint-Laurent. Désaffectée en 1793, vendue comme bien national, ce fut la commune de La Flotte qui récupéra ses vestiges dès 1795.
De 1850 à 1960, le sommet de la façade fut peint en noir pour servir d’amer (un amer est un point caractéristique à terre, utilisé par les marins comme repère, qui se distingue de la côte par sa hauteur ou sa couleur. Il s'agit souvent d’un phare, d'une église, d’un château d'eau, d'une antenne). Depuis les années 1960, des travaux de consolidation, de reconnaissance archéologique et de mise en valeur sont entrepris par la municipalité et les services de l’État.
Les fouilles archéologiques permirent de mieux connaitre l’aménagement du site et son décor. Dans les années 1990, des campagnes mirent à jour, dans l’église, de nombreuses sépultures du XIIe siècle ainsi que des carreaux de pavage de la fin du XIIIe siècle en argile rouge et blanche, estampés de motifs végétaux et animaliers. L’abbaye des Châteliers est la seule abbaye cistercienne de Charente-Maritime à avoir conservé quelques vestiges de ses murs originels.
De la première construction romane de l’abbatiale il ne subsiste que quelques chapiteaux. Les ruines actuelles sont celles d’une grande église gothique à la fin du XIIIe siècle, au début du XIVe et transformée au XVe.
Le plan (à nef unique de deux travées dont les voûtes d’ogives se sont écroulées, le chœur à chevet plat et les chapelles rectangulaires alignées sur le transept) est conforme aux schémas des églises cisterciennes des XII et XIIIe siècles dans l’ouest de la France.
Voici une reconstitution de l’abbaye telle qu’elle devait être au XIIIe siècle.
Les deux types de fenêtres latérales, de la nef et du chœur, les moulures des voûtes ainsi que les chapiteaux ornés de motifs végétaux stylisés en crochets vont dans le sens d’une datation de la construction dans la première moitié du XIVe siècle.
On trouve dans le chœur trois petites niches. L’une servait aux ablutions, et les deux autres, ornées de barreaux, recueillaient les objets liturgiques et sacrés.
La grande fenêtre du chevet témoigne des réparations effectuées au XVe siècle, à l’issue de la Guerre de Cent ans.
Le transept présente deux croisillons dotés de petites chapelles rectangulaires dont il ne reste que les fondations.
Devant l’église, un escalier s’enfonce dans une ancienne cave, probablement à l’emplacement du cellier qui fermait le cloitre à l’ouest. Entre le cellier et le réfectoire se trouvait sans doute la cuisine.
Des bâtiments conventuels il ne reste pratiquement plus rien. On distingue le carré du cloitre avec un jardin en son centre.
Au nord du cloitre s’élevait le réfectoire dont il ne reste qu’un pan de mur.
La salle capitulaire est représentée par des murs arasés et un sol empierré.
L'ensemble fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques depuis 1901.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame-de-R%C3%A9_dite_des_Ch%C3%A2teliers
https://www.cestenfrance.fr/abbaye-notre-dame-de-re-dite-des-chateliers/
https://www.ile-blanche.com/actualites/abbaye-des-chateliers/
https://www.patrimoine-histoire.fr/P_PoitouC/IledeRe/Ile-de-Re-Abbaye-des-Chateliers.htm
https://www.bernezac.com/Re_Chateliers.html
http://www.lesportesdutemps.com/archives/2020/09/14/38534620.html
https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/abbaye-des-chateliers-la-flotte