Châteauvieux
Avant d'arriver à l'église Saint-Jean-Baptiste, indiquant le hameau, une croix moderne remplace l'ancienne détruite en 1984.
La paroisse de Châteauvieux semble antérieure à celle d'Yzeron : l'église date du XIème siècle. En 1250, la villa et le prieuré appartenaient à l'abbaye d'Ainay qui nommait le curé. Ce n'est qu'en 1658 que Châteauvieux devint annexe d'Yzeron.
La chapelle est entourée de son ancien cimetière, devant lequel se trouvent trois tilleuls "Sully" âgés de plus de 400 ans et l'ancien puits.
Le mur de l'ancien cimetière est surmonté d'une croix byzantine que l'on dit vieille de deux mille ans. Des environs de Lyon, c'est certainement la plus ancienne.
Une petite cour devant la chapelle fait office de parvis, où deux pierres tombales sont placées à droite et à gauche du portail. L'une, en calcaire doré, sans décor, est sans doute celle de François de Talaru : par un testament daté de 1311, madame Hubert de Solognat voulait que les ossements de son époux, François de Talaru, fussent transportés, d'un tombeau situé devant l'église de Châteauvieux, dans le monastère d'Ainay où elle avait élu sépulture. L'autre, en calcaire blanc, est sans doute un réemploi d'une dalle romaine.
Le tympan de la porte est entouré d'un arc en plein cintre formé de 16 claveaux concentriques. Il s'appuie sur un robuste linteau monolithe.
Le côté nord est aveugle : la porte, que l'on dit la plus vieille de l'édifice, fut murée il y a longtemps.
Au sud, la chapelle est éclairée par 4 fenêtres d'inégales grandeurs : primitivement, les 4 étaient des petites ouvertures romanes en plein cintre dont il reste un seul spécimen, puis, l'éclairage étant insuffisant, deux furent agrandies et une autre baissée.
Le clocher, carré, repose sur la croisée du transept.
L'intérieur comporte une nef à trois travées, voûtée d'arêtes. D'après le plan primitif, les fermes de la toiture devaient se reposer sur des becs de corbeaux qui sont en saillie entre chaque travée. Chacune de ces travées est séparée par des piliers à arcatures en plein cintre le long des murs latéraux qui forment des contreforts intérieurs, les murs extérieurs étant unis et sans ressauts. On peut remarquer une déviation très nette de l'axe entre la nef et le choeur : le plan suit les anciennes failles et cours d'eau souterrains.
Le chœur, voûté en berceau plein cintre, est carré. L'arc triomphal est surmonté aux 4 côtés d'une seconde voûte, superposée en arc de cercle, formant des arcs de décharge en forme de loculus.
De chaque côté du maître autel, deux petites chapelles sans autel au chevet carré, éclairées d'une petite fenêtre taillée dans un seul bloc de pierre. Ces chapelles donnent sur un transept dont les arcades d'inégales hauteurs forment un curieux emmanchement de voûtes superposées.
La pierre du maître autel fut découverte lors de la récente restauration de l'église en 1960 faite à l'initiative du Père Granjon alors curé de la paroisse d'Yzeron. Elle mesure 1m22 de longueur par 60 cm de largeur. Elle repose sur un pilier en pierre au milieu duquel se trouve enchassée une pierre ronde figurant une ancienne croix grecque pattée, d'époque romane, mais que l'on pourrait qualifier de celtique.
La poutre de gloire, très simple, en bois, porte l'inscription: "MA DOLEVR TE CONVIE A CORIGE TA VIE". Elle est surmontée d'un très beau Christ en bois (XVIIème siècle) d'une facture très naïve. Ce n'est pas un Christ souffrant mais un Christ souriant, rayonnant.
Le sol, ancien, en grandes dalles de schiste, est conservé sur toute sa surface.
Le bénitier double, en granit, possède une petite vasque pour les enfants. La vasque supérieure porte la date 1669 et deux visages. L'un est souriant, l'autre, portant cornes (le savoir ?) grimace.
Près de l'absidiole droite, on remarque un catafalque de quarantaine en bois peint de façon très naïve. (Le catafalque désigne une estrade sur laquelle on place un cercueil lors d'une cérémonie funèbre)
Les trois statues en pierre représentant saint Étienne, saint Nicolas et sainte Anne, sont estimées du XVème siècle. Une autre statue de sainte Anne portant Marie qui elle même porte
l'enfant, rarissime, se trouve à Polignac.
Je n'oublierai pas de remercier notre guide, et tous ceux qui se battent pour sauvegarder le sanctuaire : http://pagesperso-orange.fr/chapellechateauvieux/
L'accueil fut chaleureux et les discutions passionnées.