L’abbaye Saint-Pierre de Beaumont
Beaumont
La vallée de l’Artière fut occupée dès le Néolithique. Sur le site de Beaumont furent retrouvés les restes d’un village d’une douzaine de maisons entourées d’une palissade. Au Ier siècle, une villa gallo-romaine s’y construisit (domaine foncier comportant des bâtiments d'exploitation et d'habitation).
Elle fut abandonnée au IVe siècle. Mais c’est surtout pour son abbaye de femmes, probablement fondée au VIIe siècle, que Beaumont est connu. Ce lieu fut choisi judicieusement : perché sur une ancienne coulée de lave du volcan voisin de Gravenoire, il domine une vallée fertile favorable à l'agriculture et à la viticulture où la force de l’eau prédispose à la construction de plusieurs moulins.
Étymologiquement, pas trop de surprises : Beaumont vient du latin bellus mons,le beau mont. Ce nom apparait dans une charte en 1124. L’abbaye connut son apogée aux XIIIe et XIVe siècles. Les guerres de Cent ans puis de Religion permirent au bourg de se doter de puissantes murailles. Pendant la Révolution la communauté monastique fut dissoute et le village devint chef-lieu de canton et prit le nom de Bourg-Montagne. C’est devenu depuis une ville résidentielle.
Historique
L’abbaye bénédictine Saint-Pierre de Beaumont fut probablement fondée au VIIe siècle, entre 665 et 676, du temps de Genès, comte d’Auvergne, au cours de l’épiscopat de saint Priest, évêque de Clermont. L’abbaye aurait été l’un des premiers monastères féminins d’Auvergne, construit à la même période que ceux de Royat et Chamalières ainsi que de l’hospice de Vallières.
Son emplacement exact reste incertain. Il se pourrait que la première construction ait été située dans la vallée plutôt qu’au sommet du mont, à la place de l’actuelle église Notre-Dame de la Rivière, ce qui serait plus typique des fondations mérovingiennes.
La première abbesse se nommait Gondiliane et les religieuses étaient le plus souvent issues de la noblesse Auvergnate. En 916, tous ces établissements autour de Clermont furent détruits par les Normands. Seul Beaumont renaitra de ses cendres. Il se pourrait d’ailleurs que la nouvelle abbaye ait été reconstruite, suite à ces attaques meurtrières, au sommet du mont (où elle se trouve toujours), plus facile à défendre.
L’abbatiale fut bâtie entre 1060 et 1090. Au XIIe siècle tous les bâtiments conventuels sont terminés. L’abbaye deviendra une puissante institution : en 1155, l’abbesse Cécilia obtint du pape Alexandre III la protection pontificale de son abbaye (ce qui retira à l’évêque de Clermont son pouvoir de juridiction directe).
L’abbaye devint l’un des établissements les plus influents du diocèse de Clermont. Au XIIIe siècle, elle possède de nombreuses terres à blé en Limagne (trois moulins sont connus : Ronat, le Terrail et le moulin des Dames) et des vignobles en val d’Artière (Champ Madame). Elle connut son apogée spirituel, économique et politique de la fin du XIIIe siècle au milieu du XIVe sous l'impulsion de l'abbesse Ayceline.
En 1448, l’abbesse Isabelle de la Forest obtint du roi Charles VII la reconnaissance de « Fondation Royale ». L'abbaye compta jusqu'à quarante religieuses qui élisaient leur abbesse, elle-même confirmée à cette fonction par Rome. La guerre de Cent Ans (de 1337 à 1453) amorça son déclin. La mauvaise gestion des abbesses successives en précipita la ruine.
Durant l’abbatiat de Jeanne de Luchat en 1545, la crosse d’apparat des abbesses fut donnée en gage à cause des dettes. En 1768, l’abbesse Marie-Thérèse de Lantilhac-Sedières laissa sa place à sa sœur Marie-Victoire après avoir définitivement ruiné le monastère. Cette dernière, après que les bâtiments et les terres soient vendus en 1791, fut expulsée avec dix autres religieuses en 1792. En 1793, les deux clochers furent détruits. Seul le clocher de la croisée fut reconstruit dans le style néo-roman en 1826. L’abbaye fut rachetée par la ville de Beaumont et fut classée monument historique en 1926.
L’abbatiale Saint-Pierre
L’église romane fut commencée à la fin du XIe siècle (premiers travaux entre 1060 et 1090 (10 ans après le début de la construction de Notre-Dame de la Rivière), terminée au XIIe et remaniée au XVIIe.
Le portail ouest de l’église est surmonté d’une frise à double niveau, composée de feuilles d’acanthe (ou de chélidoine), de feuilles de vigne et de raisins. Au XVe siècle, la frise fut creusée au centre pour loger une niche dans laquelle se trouve une statue de saint Pierre. Dans la partie haute, une fenêtre et deux pans murés sont séparés par quatre colonnettes. L’appareil est composé de pierres noires, blanches et rouges.
D’un plan basilical, l’église est constituée d’une nef à quatre travées flanquée de deux collatéraux, d’un transept et d’un chœur semi-circulaire lui aussi flanqué de deux collatéraux. La nef servait d’église paroissiale, le transept et le chœur d’église monastique.
La nef, sans doute recouverte au départ par une charpente en bois, fut voûtée au XIe siècle par un berceau en plein cintre. Les arcatures, en berceau à peine brisé, sont tenues sur d’épais piliers rectangulaires surmontés de simples tailloirs d’origine carolingienne.
Les bras du transept et le chœur datent du XIIe, quand l’église fut agrandie. Cette partie servit d’église monastique alors que la nef était utilisée comme église paroissiale. Deux chapelles en cul-de-four sont percées dans le mur est du transept.
L’autel en chêne date du XIVe siècle et représente autour du Christ les quatre évangélistes et leurs attributs.
On reconnait Jean et l’aigle, Marc et le lion, Luc et le taureau et Matthieu et l’ange.
Dans le chœur se trouve la pierre tombale de Béatrice Arneuf, supérieure du monastère de Beaumont de 1270 à 1287.
Les chapiteaux portent des entrelacs, des feuillages. Une arcature, séparant le chœur de ses collatéraux, est portée par une colonne en marbre d’origine mérovingienne provenant peut-être du tout premier édifice. Dans le chœur, deux anciens chapiteaux posés sur une colonne servent de support aux plantes vertes.
Sur l’un d’entre eux est représenté un personnage à tête de chèvre tenant une épée. Difficile d’en donner la symbolique sans le contexte exact. Y aurait-il un lien avec la fête des Cornards de Beaumont, en sachant que la chèvre apparait comme le symbole de la nourrice et de l’initiatrice, mais aussi de puissance et de fécondité ? La chèvre, c’est Amalthée qui nourrit Zeus de son lait, dont peau servit à fabriquer l’Égide. Ses cornes nous ramènent à l’abondance que nous étudierons un peu plus loin.
http://www.beaumont63.fr/l-histoire-de-la-ville
http://www.auvergne-centrefrance.com/geotouring/villages/pdd/beaumont/beaumont.html