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21 novembre 2014

Carlat

 

Carlat_0Le plateau de roches basaltiques de Carlat, appelé le rocher, est habité depuis le Néolithique. Il est issu d'une coulée de lave ayant rempli le fond d'une vallée. L'érosion l'ayant dégagé, ses falaises font aujourd'hui plus de 20 mètres de hauteur.

 

 

 

 

 

 

Carlat_2On y accède par un escalier taillé dans une faille, appelé l'escalier de la Reine, en hommage à la reine Margot qui résida à Carlat en 1585.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Carlat_7Un deuxième escalier taillé côté nord part de la forêt et accède au plateau. Là se tient un très vieux hêtre que l'on aperçoit de très loin.

Carlat_4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Le château



Carlat_3Il existe des traces d'un oppidum gaulois puis d'un antique castrum, certainement celui que prit en 508 Thierry Ier, fils de Clovis. Cela lui permit de contrôler entièrement l'Auvergne. Au VIIIe siècle, Pépin le Bref s'en servit d'appui dans le conflit qui l'opposait au duc d'Aquitaine.

 

 

 

 

 

Carlat_plan_1En 839, Carlat (Castrum quod vulgo Cartilatum dicitur) fut assiegé par Louis le Pieux, fils de Charlemagne. Carlat (Carlacum), chef-lieu d'un comté jusqu'au XIIe siècle, devint le centre de la vicomté du Carlazès, possession indivise entre les comtes du Rodez et les comtes de Barcelone.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Carlat_8C'est à cette époque que Raymond Beranger III de Barcelone, époux de Douce de Carlat, mit en place une commanderie templière dans l’enceinte de la forteresse qui devint la plus importante commanderie de l’ordre en Auvergne.

Carlat_11

 

 

 

 

 

Carlat_5Durant la guerre de Cent Ans, le château servit de base aux bandes armées à la solde des anglais pour les pillages de l'Auvergne. En 1455, il est la propriété de Jacques d'Armagnac, comte de Nemours, que le roi Louis XI voulut arrêter. Le siège de la place forte par les troupes royales dura 18 mois, et Jacques ne se rendit qu’après quelques promesses faites et non tenues : il fut exécuté pour conspiration.

 

 

 

 

 

Carlat_21aA nouveau occupé pendant les guerres de Religion, le château à la double enceinte et aux tours puissantes (les murailles avaient 4m d’épaisseur) apparaissant comme une menace pour le roi de France, fut rasé sous l'ordre d'Henri VI.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Carlat_plan_2Il fallut 6 mois et plus d'une soixantaine d'hommes pour le détruire et emmener les pierres afin d'éviter toute reconstruction. A cette époque, il est mentionné deux puits sur le plateau, un petit dans l'église, l'autre un peu plus loin, ainsi qu'un petit lac et une fontaine qui ne tarrissait jamais.

 

 

 

 

 

Carlat_6En 1643, Louis XIII donna la vicomté à Honoré II Grimaldi afin de le remercier pour son alliance et le dédommager de la perte de ses seigneuries en Espagne. Le Carladès devint donc propriété des princes de Monaco jusqu'à la Révolution : en 1791, le rocher fut saisi et tout ce qui s'y trouvait fut  vendu comme bien national. La société de la Haute-Auvergne le racheta puis le rétrocéda à la famille Grimaldi en 1914.

 

 

 

 

 

Carlat_Bruni_2La commune de Carlat est depuis peu jumelée avec celle de Bruni en Italie. Cela ne me fait même pas sourire, et pourtant je suis bon public. Ils ont osé... pauvre France.

 

 

 

L’église Saint-Avit de Carlat

 

Carlat_9En 1455, Jacques d'Armagnac mit en place un accord avec le commandeur de l'Ordre de l'Hôpital pour construire la deuxième église de Carlat, en contrebas du plateau. Elle ne fut pourtant construite qu’en 1503, grâce aux dons que firent à l'ordre Anne de Beaujeu (fille de Louis XI, vicomtesse de Carlat) et son époux Pierre de Bourbon, nouveaux propriétaires du rocher. Les travaux durèrent jusqu’en 1522.

Carlat_10

 

 

 

 

Carlat_12Elle fut dédiée à saint Avit, soldat gallo-romain enrôlé dans l’armée des wisigoths d'Alaric. Fait prisonnier lors de la bataille de Vouillé par Clovis, il fut emmené à paris où il est dit que Clotilde le convertit au christianisme. 12 ans après, il eut une vision, et retourna près de chez lui, sur le mont Dauriac, où il s’installa en ermite dans une grotte. Après avoir détruit le temple des idoles du village le plus proche, il éleva une chapelle à Notre-Dame.

 

 

 

 

Carlat_13L’église Saint-Avit fut restaurée en 1649 : les voûtes furent remplacées. Elle fut restaurée une deuxième fois au XIXe siècle, une sacristie fut rajoutée.

 

 

 

 

 



Carlat_23Près de l’église, dans l’ancien cimetière, se trouve un oratoire du XVIe siècle. Sous son toit en lauzes soutenu par 4 piliers d’andésite, un autel et un calvaire sculpté.

Carlat_25

 

 

 

 

 

http://carlat.fr.pagesperso-orange.fr/histoire%20complete.htm

 



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17 novembre 2014

Notre-Dame de Grâce (chapelle du Bourniou) et la source Saint-Géraud


Extrait du roman « Le chemin de la Dame », se passant entre Aurillac et Rocamadour au XIIe siècle :


Roumegoux 1«Théodore continua sa route, le pas plus pesant, remonta le ruisseau d’Angles jusqu’au château d’Hugon de Roumégoux. Il passa devant la petite église, perchée sur un monticule au centre du village, et continua en direction de Saint-Saury.

 

 

 

 

 

 

Roum_goux_saint_Geraud_4Bien des années plus tôt cette route avait été empruntée par plusieurs moines d’Aurillac rapportant chez eux la dépouille du comte Géraud, fondateur de leur abbaye. Le comte avait eu la mauvaise idée d’aller rejoindre le Seigneur loin de chez lui, le vendredi 13 octobre 909. Il avait été l’un des premiers hommes canonisés sans avoir subi le martyr ou être entré dans les ordres. Il était parvenu au titre de saint par la vox populi, la voix du peuple, ce qui était bien plus important aux yeux de Théo que toutes les décisions papales.

 



 

 

 

 

 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_6Frère Clément avait parlé de l’un de ses miracles: les moines d’Aurillac, fourbus et assoiffés, avaient posé par terre le corps de Géraud afin de trouver une source pour se désaltérer et se reposer un peu. Ils revinrent sans avoir trouvé la moindre goutte d’eau. C’est alors qu’à côté de la dépouille jaillit une source. Ils en burent et furent instantanément reposés. Les habitants alentours, comprenant que cette fontaine à l’eau vertueuse était sanctifiée, bâtirent alors un oratoire qu’ils dédièrent à la Vierge. Depuis, l’endroit attirait les pèlerins.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_2Théodore avait compris ce que laissait entrevoir cette légende du miracle. Les anciennes pratiques païennes, probablement émanées d’un culte à une déesse des eaux, s’étaient christianisées. Les temps changeaient, la nouvelle religion devenait toute puissante. Il se désaltéra à la source, que l’on nommait maintenant la source Saint-Géraud, et repris son chemin. »

 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_4Laissons Théodore à ses aventures. Une autre légende se rapportant à l’endroit parle d’une mule de l’expédition des moines d’Aurillac qui aurait, avec son sabot, laissé son empreinte sur la pierre du bassin ou l’eau sortait. La source miraculeuse de Saint-Géraud existe toujours.

 

 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_7Elle est gardée par un troupeau de vaches rouges du Cantal, les Salers, que des historiens, se basant sur les peintures égyptiennes ainsi que sur celles des grottes du Tassili, font venir en Auvergne par l’Egypte, l’Afrique du Nord, Gibraltar et l’Espagne, avant de monter jusqu’aux Highlands écossais.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_5Ces vaches là aussi sont sacrées, n’en déplaise aux vaches Brahmanes, issue des zébus élevés depuis plusieurs milliers d'années en Inde. Non mais. La source fut restaurée et elle est maintenant protégée par une petite construction datant de 1902.


 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_1La chapelle du Bourniou donc, appelée aujourd’hui Notre-Dame de Grâce, fut tout d’abord un petit oratoire situé sur une route de pèlerinage. Tombé en ruine, il fut remplacé par une chapelle, appelée la chapelle de la Dame, à la fin du XVIIe siècle. L’évêque de Saint-Flour demanda au pape Grégoire XVI d’accorder des indulgences à la chapelle.

 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_3C’est comme ça que le second ou troisième dimanche de septembre, il est accordé une indulgence plénière à celui qui vient rendre visite à Notre-Dame de Grâce. Rachetée par un habitant de la commune pendant la Révolution, elle fut rendue au culte en 1807. Elle fut restaurée entre 1833 et 1836 avant d’être agrandie en raison du succès croissant du pèlerinage et grâce aux dons des paroissiens.


 

 

 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_8aLa tradition rapporte que la chapelle protégeait une antique statue de la Vierge. Cette statue aurait été découverte dans une ruche par des bergers qui avaient soulevé le toit pour en prendre le miel. L’ayant rapportée chez eux à Madelbos, petit hameau situé à environ 500 m de là, la statue retourna à la ruche, et cela, plusieurs fois de suite, jusqu’à ce qu’ils comprennent qu’elle voulait rester à cet endroit précis.


 

 

 

 

 

 

 

Roumegoux_chapelle_du_Bourgniou_11aIntéressons-nous maintenant à l’étymologie. Bourniou, en occitan, désigne ce que l’on appelle une ruche-tronc. C’est ce qu’utilisaient les apiculteurs au temps de nos ancêtres : un tronc de châtaignier évidé sur lequel on posait une pierre plate, la lauze.  Bourniou provient du gaulois « borna »qui veut dire trou ou cavité naturelle, mais aussi caverne et abreuvoir ou fontaine, qui a donné le latin « bornellus », la source, le trou d’eau.

Une antique statue, une source miraculeuse, un tronc d’arbre, un chemin de pèlerinage, des bénédictins, des légendes entourant le tout…  ça sent la Vierge Noire, vous ne trouvez pas ?

 

http://www.saintlaurentenchataigneraie.com/pages/Les_pelerinages_paroissiaux-7854957.html

16 novembre 2014

L’église Notre-Dame de Gorses

 

Gorses_6Le village de Gorses existe depuis très longtemps. Son nom provient du gaulois « gortia » qui veut dire « haie, enclos ». Il est posé sur une ancienne voie romaine, le reliant à Latronquière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gorses_3Le village et son église sont cités dans la charte apocryphe de la fondation de l’abbaye de Figeac par Pépin le Bref en 755 puis dans un cartulaire de l’abbaye de Conques. En 1156, l’église, dédiée à Notre-Dame, fait donc partie des possessions de l’abbaye de Figeac.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gorses_5A la fin du XIIe siècle, elle aurait été donnée à la commanderie templière fondée à Latronquière, mais certains historiens attribuent à la commanderie une origine hospitalière directe.

 

 

 

 

 

 

 

 

Gorses_2Si les templiers étaient bien parmi nous, comme tous les biens leur appartenant l’église de Gorses aurait été donnée aux chevaliers hospitaliers de Saint-Jean.

 

 

 

 

 

 

Gorses_4Quoi qu’il en soit, en 1250 l’église Notre-Dame était dépendante du commandeur de l’ordre des Hospitaliers de Latronquière, lui-même relevant du Grand Prieuré de Saint-Gilles du Gard.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gorses_1L’église Notre-Dame de Gorses date du XIIe siècle et même si elle a été remaniée au cours des ans elle possède encore de jolis chapiteaux. Il se dégage de l’endroit une certaine harmonie, et la gentillesse de la personne qui m’a ouvert l’église n’y est pas pour rien je pense. L’église a été restaurée avec goût, et l’on s’y sent bien.

 

 

 

 

Gorses_7Au-dessus de l’ouverture menant à la chapelle nord, dans une niche, se trouve la statue de Notre-Dame de Verdale. C’est celle qui fut sauvée de l’incendie de la chapelle en 1793 par un habitant de Peyrusse.

 

 

 

 

 

Gorses_ND_0aIl est dit qu’il passa par une fenêtre au péril de sa vie, qu’il prit la statue et qu’il l’emmena dans un bois situé entre les hameaux de Malpuech et Fontbonne. Là, il la posa au creux d’un châtaignier où elle resta pendant le temps de la Révolution. Elle fut transportée en 1800 dans l’église de Gorses.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Gorses_ND_1aaC’est une Vierge à l’Enfant en bois de hêtre polychromé, d’environ 80 cm de haut. La statue, assez abimée, est datée de la fin du XIVe siècle, peut-être début du XVe. La Vierge debout tient l’Enfant dans ses bras. L’expression de son visage est douce, attendrie. Il ne s’agit pas, bien sûr, de l’antique statue qui devait se trouver à Verdale avant la destruction du sanctuaire, et m’est avis que l’ancienne, hautaine et fière, devait se tenir assise sur une cathèdre, l’enfant dans son giron.

Gorses_NDc

16 novembre 2014

Notre-Dame de l'Assomption de lacam d'Ourcet



Lacam_d_Ourcet_1Lacam d’Ourcet est un petit village récent, devenu paroisse lors de son détachement de celle de Lentillac en 1815. Sa particularité tient à son église, construite en partie avec les pierres de la chapelle de Verdale, en ruine après la Révolution.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Lacam_d_Ourcet_2Elle fut dédiée à Notre-Dame de l'Assomption en 1859. Ce fut pour dédommager Verdale que les habitants de Lacam d’Ourcet et leurs curés reconstruisirent le sanctuaire à partir de 1847.

 

 

 

 

 

Lacam_d_Ourcet_3On peut voir sur le fronton du portail des pierres de récupération sous un arc surbaissé : le visage du Christ, un cœur enflammé surmonté d'une croix, entourés de deux animaux en méplat. La date de 1315 sculptée à la clé de l'arc n'est pas contemporaine de ce décor.

16 novembre 2014

Notre-Dame de Verdale




Notre_Dame_de_Verdale_2




Extrait du roman « Le chemin de la Dame », se passant au XIIe siècle entre Aurillac et Rocamadour :

Notre_Dame_de_Verdale_1Là, blottie au creux d’un rocher granitique surplombant la gorge profonde où grondait le Tolerme, entourée de châtaigniers, de chênes, de fougères et de bruyères, se tenait la petite chapelle Notre-Dame de Verdale. Bien longtemps avant sa construction, et même bien longtemps avant l’apparition du christianisme, se tenait ici le culte d’une déesse-mère, symbole de fécondité, maitresse de la création. En ce lieu, les forces naturelles du ciel et de la terre se rejoignaient. L’homme les avait canalisées, avait fait qu’elles s’expriment pleinement afin qu’il puisse s’en servir pour la guérison de son corps, de son âme et de son esprit. Théodore reconnaissait au fond de lui-même la présence de cette énergie féminine. Ici, l’ancienne déesse avait laissé son empreinte sous forme de légendes que les gens du coin se racontaient à la veillée :

 



-    Il y a bien longtemps, une jeune fille très pieuse venant de la vallée voulut se retirer du monde afin de prier le Seigneur. Elle passa devant le moulin d’Aubié, grimpa sur le chemin, trouva une grotte et s’y installa. Las, une vilaine épidémie de peste survint. La jeune fille, tout à son amour pour Dieu, passa tout son temps à soigner les pestiférés. Elle ne fut jamais atteinte de cette vilaine maladie, ce qui tenait du miracle. Après sa mort, en reconnaissance, les habitants des alentours, suivis bientôt par quelques pèlerins ayant eu vent de l’histoire, élevèrent une première chapelle à sa mémoire, raconta le vieux Pierrot le meunier.
-    Ah oui ? rétorqua Anselme, le tamelier* de Lentillac, qui ne supportait plus le meunier depuis une certaine affaire de farine de blé vendue pour de l’épeautre. Cette histoire ne tient pas debout, la peste n’est pas venue chez nous. »
-    Justement, lui rétorqua Pierrot qui voulait toujours avoir raison, c’est grâce aux prières de la petite !
-    Mais pas du tout, répliqua Anselme. Les enfants, écoutez donc l’histoire vraie: la jeune fille n’était pas pieuse, enfin, pas tant que ça. C’était juste une petite bergère, comme il y en a tant dans notre contrée. Un jour qu’elle gardait son troupeau sur les flancs escarpés de la vallée, elle vit une belle dame qui lui dit s’appeler Marie, mère de Dieu. La dame lui demanda de construire ici une chapelle pour elle. La jeune fille alla raconter l’histoire à son père qui ne la crut pas et la traita de folle. Une chapelle, en ce lieu, jamais personne ne voudrait y conduire ses bœufs pour transporter les pierres, ils seraient écornés ! Il lui opposa donc un refus catégorique. Le lendemain, allant porter du foin aux bêtes, il eut la surprise de voir ses bœufs écornés… Le brave homme comprit à ce moment là que sa fille disait la vérité. Il alla trouver les gens d’église et leur fit part de l’histoire. On commença bientôt la construction, mais en un endroit qu’avait choisi les religieux. C’était plus pratique pour le transport des pierres, donc moins onéreux pour eux, même si les voisins et les amis des voisins venant de tout le pays prêtaient main forte. Ces moinillons, ils sont toujours près de leurs sous, pas vrai ? Mais chaque matin on trouvait le mur monté la veille par terre. Un des tailleurs de pierre eut alors une inspiration et lança son marteau en l’air. Il demanda à ce que son bras soit guidé par la sainte Vierge et que là où le marteau retomberait, il poserait la première pierre. Surprise… Il atterrit exactement là où la bergère eut cette apparition. Voilà la vraie histoire !
-    Moui, possible, maugréa le meunier. En tout cas, ce qui est sur, c’est que la statue de la Vierge et de l’Enfant fut trouvée miraculeusement dans un tronc de chêne juste à côté de la chapelle. Voilà un miracle qui ne peut qu’être vrai !
-    Hum, hum… toussota Peire*.

Celui-là, personne ne savait vraiment d’où il venait. Les villageois avaient entendu dire qu’il était auvergnat, qu’il avait parcouru les routes comme troubadour. Lui-même racontait qu’il avait écrit bon nombre de poèmes, qu’il avait été reçu à la cour des plus grands, que le seigneur Ebles de Saignes le tenait en haute estime et qu’il était ami avec Uc de Saint-Circ d’Alzon, fils du seigneur de Thégra, petite bourgade située près de Rocamadour. Bien sur, personne ne le croyait. Il était bizarre, certes, mais que viendrait faire un si beau personnage au fin fond de leur campagne, hein ? Et tout le monde savait bien que personne ne pouvait faire confiance à un auvergnat, tous des menteurs. Au moins autant que les bourguignons. Même les gascons ou les barcelonais n’étaient pas aussi fourbes. Peire se mit donc à toussoter :
      -    Savez-vous que cette statue ne pouvait pas être trouvée ailleurs que dans un chêne, l’arbre sacré de vos ancêtres, leur dit-il, et que le marteau de ce brave tailleur de pierre pourrait fort bien être celui de Sucellos, l’ancien dieu gaulois de la Vie, qui avait comme compagne Nantosuelte, déesse le la fécondité. Ne voyez-vous pas surgir derrière ces contes pour enfants l’origine païenne de vos croyances ? Connaissez-vous Héphaïstos le grec, marié à la belle Aphrodite, et Thor le nordique, époux de Sif aux cheveux d’or, tout deux aussi porteurs d’un marteau ?
-    Gare à tes fesses, Peire, gronda Anselme, encore heureux que frère Gauderic soit sourd comme un pot, tu pourrais bien finir tes jours plus vite que prévu si notre évêque avait vent de tes élucubrations.
 
Ainsi s’en allait-il à la veillée dans les chaumières des uns et des autres.

Théodore entra dans le sanctuaire. Comme à Escalmels, il sentit l’énergie de la Dame l’envelopper, tout en détectant dans cette douceur un peu plus d’autorité. Il posa son bagage, se mit en prière. Une fois terminé son hommage, il sortit un bout de pain et le reste du fromage que lui avait donné le frère cellérier. Il mangea, s’allongea, et ne mit qu’une seconde avant de s’endormir, bercé par les vagues d’énergie de la Terre Mère. Il faut dire que le garçon avait cette fâcheuse tendance qui consiste à dormir n’importe où très facilement, pourvu qu’il soit en harmonie avec l’endroit. C’est comme cela, disait-il, que je peux dialoguer avec les anges. Ce fut peut-être un séraphin qui le réveilla d’un coup d’aile, ou bien un rayon de soleil passant par le vitrail sud qui vint lécher son visage. Quoi qu’il en soit, il se remit debout, un sourire béat sur les lèvres, et reprit sa route. Il passa à Lentillac, arriva au confluent du Tolerme et de la Bave. Il suivit la vallée de cette nouvelle rivière et bientôt il aperçut les tours du château de Saint-Laurent, dominant le village de Saint-Céré.

1 - Tamelier ou talmelier: ancien nom des boulangers. Provient du francique tarewamelo, la farine de froment.
2 - Peire d’Auvergne ou d’Alvernhe : troubadour auvergnat né vers 1130 et mort vers 1190. Fils de bourgeois, très instruit, il était connu dans les cours de Provence, de Castille et fréquenta souvent la cour de Raimond Béranger IV, comte de Barcelone. Dante écrira de lui qu’il était l’un des plus illustres représentants de la langue d’Oc.

Notre_Dame_de_Verdale_5Les premières traces de la chapelle datent de 1020, inscription que les anciens du village ont vue sur une pierre. L’histoire de cet endroit au culte ancestral se poursuivit après le XIIe siècle. Les légendes s’adaptèrent, mais la symbolique resta la même.

 

 

 

 

 

 

Verdale_1aAu XIVe siècle, la chapelle fut donnée, ainsi que l’église de Gorses dont elle dépendait, à l’ancienne commanderie templière devenue hospitalière de Latronquière. La chapelle, détruite par les protestants, fut rebâtie en 1615 et le pape Urbain VII accorda une indulgence plénière aux pèlerins de Verdale en 1636.

Notre_Dame_de_Verdale_12

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre_Dame_de_Verdale_3

Les révolutionnaires de Figeac la brûlèrent en 1793, mais la statue de la Dame fut sauvée par un habitant de Peyrusse qui la cacha au creux d’un châtaignier avant qu’elle n’aille trouver refuge dans l’église de Gorses en 1800.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre_Dame_de_Verdale_8Puis les curés de Lacam d’Ourcet reconstruisirent et agrandirent la chapelle à partir de 1847, eux qui avaient pris dans les ruines de Verdale les pierres de construction pour leur nouvelle église.  

Notre_Dame_de_Verdale_10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre_Dame_de_Verdale_9De nombreux critères liés à Verdale font penser au culte d’une vierge noire, comme la présence d’eau, d’une grotte, d’un ordre monastique, d’un chemin de pèlerinage, la présence d’un arbre/cachette, d’un bœuf, de miracles impliquant la notion de voyage, d’ouverture de conscience.

Notre_Dame_de_Verdale_4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Notre_Dame_de_Verdale_6C’est pour cela que je pense qu’il y avait là une vierge noire avant la statue que l’on peut voir aujourd’hui à Gorses qui n’en est malheureusement pas une.



Notre_Dame_de_Verdale_11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

http://verdale.free.fr/



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