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lieux sacrés

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3 septembre 2023

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BONJOUR A TOUS

Vous êtes 3,5 millions à m'avoir rendu visite, ayant visionné 7 millions de pages depuis la création de ce blog et je voudrais vous en remercier.

Les reportages (portant uniquement sur des lieux que j'ai pu visiter personnellement) sont basés sur des documents trouvés sur place, sur les sites que je trouve sur le net ou bien dans les livres de ma bibliothèque, et bien sûr, sur mes ressentis personnels. Dans la mesure du possible, tous sont cités. Les photos sont ©madame_dulac.

En parlant de mes photos... Elles sont libres de droit pour un usage privé, sous réserve de mention du lien vers le blog. Toute autre utilisation doit faire l'objet d'un accord écrit de ma part.

Sincèrement vôtre,  Madame Dulac.

PETITE NOTE EXPLICATIVE

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Pour accéder directement aux sites, cliquez sur la carte ci-dessus. Bon, ce n'est pas à jour, suite au désistement du technicien... Si vous ne trouvez pas, vous pouvez toujours faire une recherche en haut à droite.

Voici mes bannières.

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11 septembre 2024

Le symbole

Le symbole

Le Robert en donne cette définition : « Être, objet ou fait perceptible, identifiable, qui, par sa forme ou sa nature, évoque spontanément (dans un groupe social donné) quelque chose d'abstrait ou d'absent. Par exemple, la colombe est le symbole de la paix ».

Le Larousse à son tour : « Signe figuratif, être animé ou chose, qui représente un concept, qui en est l'image, l'attribut, l'emblème : le drapeau, symbole de la patrie ».

Ce mot, fréquemment utilisé, possède une si profonde signification qu’il mérite qu’on s’y attarde un peu. Jean Chevalier et Alain Gheerbrant, dans leur fameux dictionnaire, parlent de l’expression symbolique comme « la traduction d’un effort de l’homme pour déchiffrer et maitriser un destin qui lui échappe à travers les obscurités qui l’entourent ». Regardons et essayons de voir pourquoi.

Le mot symbole vient du latin symbolum, lui-même issu du verbe grec symballein (σύμβάλλειν), composé des radicaux sum (avec, ensemble) et ballein (jeter, lancer), prenant le sens de jeter ensemble, assembler des parties pour former un tout, joindre.

De ce verbe dérive le mot sumbolon. C’est, à l’origine, chez les grecs, une partie d’un objet brisé que l’on montrait comme signe de reconnaissance à celui qui possédait l’autre partie. Un tesson de poterie était cassé en deux par exemple et chacun partait avec un morceau. Pour se reconnaitre, il fallait que les deux morceaux s’emboitent parfaitement. À Rome, le mot est devenu synonyme de signe, d’emblème, devenant une marque servant à accréditer un envoyé ou à se faire reconnaitre de quelqu’un, comme un cachet ou un sceau. Dans mon dictionnaire de latin, symbolum est un signe, une marque servant à accréditer un envoyé ou à se faire reconnaitre de quelqu’un.

Il prend ensuite une connotation d’union, de connexion, de rassemblement.

Ce symbole, au fil du temps, va assimiler plusieurs idées fondamentales comme l’unité et la connexion qui vont dépasser la forme physique et va représenter des idées, des personnes ou des concepts qui sont liés de manière significative. Il va porter une signification plus profonde qu’une simple image ou un mot, qui pourra être cultuelle, religieuse, politique ou personnelle.  Il va permettre de partager des idées complexes de manière concise et souvent universelle, tout en sachant que leur interprétation peut varier selon le contexte. Pour autant, il continue à jouer un rôle identique au premier, utilisé pour reconnaitre des individus, des groupes, des idées.

Aujourd’hui, le symbole, utilisé pour transmettre des significations complexes de manière concise et unifiée, est devenu un élément essentiel dans la communication humaine. Au figuré, le symbole devient l’ensemble qui lie deux représentations ayant la même signification.

 

Qu’en est-il de son contraire ?

 

Si le symbole vient du latin symbolum, lui-même issu du verbe grec symballein (σύμβάλλειν), son antonyme, le diable (διάβολος), vient du latin diabolum, issu du grec diaballein (διαβάλλειν), composé cette fois du préfixe dia (séparant, divisant) et toujours du verbe ballein (jeter, lancer). Le verbe diaballein signifie littéralement "jeter à travers" ou "disperser". Son sens s'est étendu pour inclure des notions telles que "diviser", "accuser faussement" ou "calomnier".

 

La symbolique du terme diaballein va s’imprégner quant à lui des idées contraires de symballein. Il n’unit pas, il divise, il sépare. Il devient la représentation de la fragmentation, de la désunion des individus, des groupes, des idées. Il prend aussi la connotation de calomnie ou de mensonge, de fausse accusation visant à créer des conflits. Il s’oppose à l’unité, à l’harmonie, à la vérité, cherchant à détruire l’ordre établi. Dans la religion chrétienne, le terme diable désigne Satan, l’ennemi de Dieu, son opposé. Il est nommé le tentateur, l’accusateur, l’incarnation du mal, mais surtout celui qui divise.

 

Le Diable qui divise et détruit représente la force opposée au Symbole. Ces concepts mettent en lumière la dualité des forces à l'œuvre dans le monde : l'une cherchant à créer l'harmonie et la compréhension, l'autre semant la discorde et la confusion. Ces deux concepts sont opposés mais complémentaires. Point d’ombre sans lumière.

 

Prenons un peu de hauteur et regardons le monde des humains. Avons-nous aujourd’hui tendance à nous unir ou bien à nous diviser ? Qui dirige notre planète ? Celui qui divise ? Celui qui met les bouchées doubles depuis quelques années pour séparer les familles, les proches, les amis, les voisins, les citoyens, les politiques, les pays, les nations ? Mais peut-être que les forces du Symbole, restées cachées, sont-elles à l’œuvre ?  À moins qu’il ne faille passer par la dissolution pour retrouver une recomposition de l’être et aboutir à l’alliance finale, le Rubedo…


La Nature est un temple où de vivants piliers
Laissent parfois sortir de confuses paroles ;
L'homme y passe à travers des forêts de symboles
Qui l'observent avec des regards familiers.

Charles Baudelaire

 

28 juillet 2024

Kommos (Κομμόςun)

Le site archéologique de Kommos est situé au sud de la Crète, dans le golfe de la Messara près de Matala, et donne donc sur la mer de Lybie. Les iles de Paximadia, au large de la côte, là où la légende fit naitre Apollon et Artémis, devaient, avant que le niveau des eaux monte, protéger le rivage. Kommos devint alors le port de Phaistos et de Hagia Triada. Kommos est un nom correspondant à la période grecque classique, le nom minoen, d’après l’Odyssée, serait Amyklaion (Αμύκλαιον).

La première occupation du site semble remonter à la fin du Néolithique. Au début de la période Protopalatiale minoenne, la ville prit de l’ampleur et un premier grand bâtiment civique fut bâti.

Durant le Néopalatial, elle fut reconstruite et s’agrandit (jusqu’à 3,5 hectares), devenant un port majeur qui connut son apogée entre le XVIe et le XIIe siècle avant notre ère.

En raison de sa position stratégique dans le Bassin Méditerranéen, il servit de point d’échange de marchandises venant d’Anatolie, d'Égypte, de Tunisie, de Chypre, du Liban, de la Syrie et de la Sardaigne. De nombreux objets provenant de ces pays furent découverts (poteries, sculptures, rhytons, figurines, etc.) ainsi que de nombreuses poteries minoennes et mycéniennes, des tablettes en linéaire A et B, des ancres de pierre, des pressoirs à olive ou à raisin. Tous sont exposés au musée d’Héraklion.

Après le déclin de la civilisation minoenne, Kommos passa sous l'influence des Mycéniens. Les structures architecturales de cette période montrent une continuité d'occupation et d'utilisation du site et la ville portuaire resta un centre commercial important. Le site fut partiellement abandonné vers -1 200, laissant le port de Matala prendre de l’ampleur, puis connut une réoccupation au cours de la période archaïque. Les vestiges de cette époque montrent un faible retour à l'activité commerciale et maritime.

 

 

 

 

 

 

 

Vers -1 020, des sanctuaires furent érigés, indiquant une importance religieuse croissante. Les marchands phéniciens utilisèrent un temple, entre -800 et -600, autour duquel furent retrouvées les figurines en faïence des déesses égyptiennes Sekhmet et Nefertoum, indiquant un lien avec Memphis, en Égypte, où Sekhmet, épouse de Ptah, était la mère de Nefertoum. Un dernier sanctuaire fut construit aux environs de -400 et fréquenté jusqu’en l’an 150. Sous la domination romaine, Kommos continua à être habitée, puis fut progressivement abandonnée laissant le sable enfouir toute trace de son existence.

 

 

 

 

 

 

 

Le site fut fouillé entre 1976 et 1994 par des archéologues canadiens sous la direction de Joseph W. Shaw de l'Université de Toronto. Depuis, rien n’a été fait pour l’ouvrir au public et il est impossible de le visiter. Il reste toutefois visible, les barrières laissant facilement la possibilité de prendre des photos. Au nord, sur de petites collines, se situent les quartiers résidentiels et les infrastructures civiques furent construites au sud, dans la partie plus plate et proche du rivage.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plusieurs structures importantes furent découvertes : un bâtiment important présentant toutes les caractéristiques de l'architecture palatiale minoenne (une grande cour centrale entourée d'ailes) avec des bâtiments administratifs et commerciaux, un sanctuaire, puis des structures en pierre qui servaient de centre de stockage et de distribution des marchandises ou bien de hangar pour la protection des bateaux, des maisons privées, des bâtiments résidentiels et des espaces où les artisans travaillaient la poterie, le métal et d'autres matériaux.

Le site montre un plan urbain sophistiqué avec des rues pavées et des systèmes de drainage. Les bâtiments furent construits en pierre locale et les murs épais et les fondations profondes indiquent que certaines structures étaient à étages multiples. Chose intéressante, la ville produisait probablement du colorant violet, apprécié des élites.

https://en.wikipedia.org/wiki/Kommos_(Crete)

https://www.megalithic.co.uk/article.php?sid=11634

https://viagallica.com/grece/village_tympaki.htm#plage_kommos

https://www.megalithic.co.uk/article.php?sid=11634

21 juillet 2024

Mátala (Μάταλα)

Mátala (Μάταλα)

 

La jolie baie de Mátala (une eau bleu turquoise, une plage de sable fin et de galets entourée de falaises blanches) s’ouvre sur la mer de Lybie, à environ 70 km au sud-ouest d’Héraklion.

 

 

 

Elle est située au débouché d’une vallée creusée par une petite rivière dans le calcaire tendre du massif côtier.

 

 

 

 

Le site fut fréquenté dès le Néolithique, vers -6 000 avant notre ère. À l’époque Postpalatiale minoenne (-1 450/-1 100 avant notre ère), le petit village de pêcheur prit le nom de Matalon et servit de port à la cité de Phaistos après que le port de Kommos, plus au nord, fut abandonné.

 

Vers – 220, Matalum passa aux mains des Romains de Gortyne, devenue capitale de la Crète. Les vestiges du port sont en partie immergés mais il reste quelques ruines au sud du village. Sur la colline surplombant la baie se trouvent les restes de l’ancienne acropole.

 

Mátala redevint au fil du temps un simple village de pêcheur jusque dans les années 60 où de jeunes hippies en firent une halte indispensable sur la route de Katmandou. Aujourd’hui le village est une station balnéaire touristique très prisée.

 

 

 Le village possède deux chapelles, l’une creusée dans la falaise, l’église de Panagia (Σπηλαιώδης Ναός της Παναγίας)

 

 

 

et l’autre, plus récente, au centre du village, la sainte église de la Dormition de la mère de Dieu (Ιερός Ναός Κοιμήσεως της Θεοτόκου).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les légendes

Plusieurs légendes se rapportent à Mátala. Tout d’abord celle de l’union de Zeus et d’Europe, princesse Phénicienne fille du roi Agénor de Tyr, lui-même fils de Poséidon, qu’il désirait. Pour arriver à ses fins et se protéger de la jalousie de sa femme Héra, il se métamorphosa en un magnifique taureau blanc. La jeune fille, attirée par la beauté de l’animal, se rapprocha et monta sur son dos. Zeus en profita et partit en Crète avec sa conquête.

 

 

 

 Ils arrivèrent sur la plage de Mátala et de là se dirigèrent vers Gortyne où ils s’accouplèrent. Europe donna ensuite naissance à Minos et ses frères (voir la symbolique du taureau ).

 

 

 

 

Une autre légende se rapporte à Ménélas, roi de Sparte, mari d'Hélène et frère d'Agamemnon, héros achéen de la guerre de Troie. Le cap Nysos, au nord de Mátala, serait l’endroit où ses navires ont fait naufrage après qu’il ait voulu rentrer chez lui.

 

 

 

 

Odyssée, chant III, v. 286-300 (p. 77) : « C’est alors que Zeus... lâcha sur leur dos les rafales sifflantes ; le flot géant dressa ses montagnes gonflées ; de la flotte coupée, le gros fut entraîné chez les Cydoniens, qui vivent sur les bords du Jardanos crétois. Dans la brume des mers, aux confins de Gortyne, il est un rocher nu, qui tombe sur le flot ; le Notos contre lui jette ses grandes houles, qui le prennent en flanc du côté de Phaestos, et ce caillou tient tête à cette vague énorme : c’est là, qu’atterrissant, les hommes à grand-peine évitèrent la mort ; mais le ressac sur les écueils brisa les coques. Il restait cinq vaisseaux à la proue azurée qu’en Égypte, le vent et la vague poussèrent. ».

 

 

 

 

 

 

 D’après une légende crétoise, c’est dans les iles de Paximadia, au large de Mátala, que Léto donna naissance à Apollon et Artémis, qu’elle conçut avec Zeus. Décidément, quelle santé, ce Zeus !

 

 

 

 

Ces iles prirent également le nom de Dionysos, l’antique dieu du feu divin, figure majeure de l’Orphisme, devenu simple dieu du vin. Mais qu’est-ce que la vigne ? Vous l’apprendrez dans ma prochaine conférence. Disons juste que cette plante sacrée, dont la domestication se fit dans le Petit Caucase, aux frontières de la Turquie et de l’Arménie, joua un rôle primordial dans les cultes à mystère, comme le blé (anciennement engrain ou petit épeautre) également originaire de cette région.

 

 

Un peu plus au nord, le rocher de Volakas aurait été lancé par Polyphème en direction des vaisseaux d'Ulysse. Le cyclope manqua héros qui venait de lui crever son œil unique avec un pieu.

« Le Cyclope arrache le sommet d'une montagne et le lance au-delà de mon navire à la proue azurée. Le rocher faillit effleurer l'extrémité de mon gouvernail. Alors la mer est bouleversée par la chute de cette énorme pierre ; les flots sont émus, ils refluent avec violence, repoussent mon vaisseau qui, soulevé par les ondes, est près de toucher au rivage ».

 

 

 Les grottes

 

Les falaises de Mátala, composées de strates de roches sédimentaires tendres (grès et calcaire marneux) sont inclinées vers l’ouest, conséquence de l’abaissement de la côte.

 

 

 

Elles furent creusées de petites grottes (dont certaines se retrouvent aujourd’hui sous le niveau de la mer) depuis le Néolithique et servirent d’habitations troglodytiques. Les plus anciennes sont caractérisées par leurs entrées basses et étroites et leurs formes arrondies.

 

Les grottes furent aménagées au fil du temps avec un certain confort : on y retrouve des escaliers, des fenêtres, du mobilier taillé dans la roche comme des lits, des tables et des chaises, des niches de rangement. Certains archéologues pensent que plusieurs grottes furent utilisées comme sépulture ou bien comme lieu de culte. La grande grotte dite des taureaux (des sillons en forme de cornes furent sculptés dans la roche de chaque côté de son entrée), fut vraisemblablement utilisée à des fins religieuses ou cérémonielles.

 

Les Minoens de Phaistos utilisèrent à leur tour les grottes comme habitations durant la période Postpalatiale et après eux les Romains installés à Gortyne, qui y creusèrent de nouvelles chambres funéraires. La légende dit qu’une des grottes, appelée Brutospeliana, appartint au romain Brutus (impossible de savoir si ce romain est le sénateur Marcus Junius Brutus ou le consul Lucius Junius Brutus). Une autre prend le nom de garage de Zeus.

 

 

 

Ces grottes furent utilisées comme espace secret de culte durant la période paléochrétienne et plusieurs tombes de cette époque sont répertoriées.

 

 

 

 

 

La dernière occupation de ces grottes date des années 60 et 70, quand les hippies vinrent s’installer à Mátala.

 

 

 

 

 

La période Hippie

 

Les premiers hippies arrivèrent à Mátala dans les années 60 alors qu’il n'y avait absolument rien d'autre qu'un petit village de pêcheurs qui desservait les habitants de la petite ville voisine de Pitsidia.

 

 

 

 

 

 La beauté du site contrastait tellement avec le concept de destruction et de guerre qu’ils fuyaient qu’ils y formèrent une communauté dans laquelle ils pouvaient vivre en toute liberté selon un mode de vie alternatif, privilégiant les activités artistiques comme la peinture ou la musique. Les grottes leur servirent d’habitations, eux qui se voulaient proche de la Nature.

 

 

 

 

 

La chanteuse canadienne Joni Mitchell immortalisa l’endroit dans sa chanson « Carey » en 1971.

 

 

The night is a starry dome
And they're playin' that scratchy rock and roll
Beneath the Mátala Moon


La nuit est un dôme étoilé
Et ils jouent ce rock’n’ roll éraillé
Sous la Lune de Mátala

 

Bob Dylan, Cat Stevens, Joni Mitchell, Janis Joplin ou bien Joan Baez s’y retrouvèrent. De nombreux américains déserteurs lors de la guerre du Vietnam virent s’y réfugier. Mais la façon de vivre des hippies et leur contre-culture choquèrent la population locale, le métropolite (archevêque de l'Église orthodoxe) de Gortyne et la junte fasciste du colonel Georgios Papadopoulos au pouvoir en Grèce depuis le 21 avril 1967. Quand religion et politique s’allient contre ceux qui remettent en question leur pouvoir, gare à ses fesses, que justement les hippies montraient un peu trop souvent au grand jour. Il est vrai aussi qu’ils menaçaient la préservation d’un patrimoine culturel et historique important.

 

Le gouvernement grec expulsa donc la communauté des grottes et procéda à l’arrestation des déserteurs, en prenant bien soin de les torturer au passage (on ne se refait pas). Certains hippies se réfugièrent dans d’autres régions de Crète, d’autres, peu nombreux, qui trouvèrent à se loger dans le village, restèrent sur place. Les grottes furent fermées définitivement en 1977 et déclarées site protégé.

 

 

 

 

 

Le village reprit une vie plus paisible tout en conservant l’héritage hippie et la région se développa au tourisme. La municipalité, ne crachant pas sur les devises étrangères, créa en 2011 un festival de musique (rock des seventies et reggae), afin de commémorer cette période du Flower power. Chaque année au mois de juin se déroule donc le Mátala Music Festival qui reçoit plus de 100 000 personnes.

 

 

 

 À l’entrée de Mátala, au milieu du rond-point, se dresse le tronc mort d’un olivier vieux de six siècles. Destiné à être abattu pour faire du bois de chauffage, Spyros Stefanakis, un artiste grec, décida en 2007 de le sculpter entièrement. L’œuvre lui prit 2 ans.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sont représentés quatre divinités, Dionysos, Hermès, Poséidon et Zeus. Une clé grecque (motif ornemental formé d’une ligne brisée effectuant des retours en arrière en constituant une frise) sépare la Grèce antique en bas et la moderne en haut.

 

 

 

 

 8 branches portent la symbolique de différentes choses comme l’amour, la tentation ou la connaissance (suivant son degré d’avancement) avec le serpent et la pomme, la sagesse avec le hibou,

 

 

 

l’univers avec les étoiles, le dauphin et le trident symbolisant la maitrise de l’instinct.

 

 

 

 

 

Sur un une pancarte près de l’arbre, il a écrit cet hymne à Mátala :

 

Il y a des milliers d’années…

Quand le dieu Dionysos s'enivrait tout le temps de vin doux, de bière et de tentations,

Quand le dieu Hermès propageait l’hellénisme et la civilisation jusqu’au bout du monde,

Avec la force donnée par Poséidon, le roi de la mer, faisant de nous une superpuissance maritime,

Mais par-dessus tout avec la force et principalement avec la sagesse de Zeus, le dieu des dieux…

Ce lieu fut fait.

Ce n’est pas un hasard si ici les enfants du Flower power prospérèrent. Ce n’est pas un hasard si ici, en regardant la mer, ils rêvèrent un avenir basé sur l’amour, la vie, l’amitié, la paix…

Fermez les yeux, tombez amoureux, faites des rêves ! 

« Toutes les choses s'écoulent » disait Héraclite. Vivez pour aujourd'hui, vivez l'éternité, la magie de ce lieu sacré, unique dans tout l'univers.

https://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A1tala

https://www.routard.com/fr/guide/europe/grece/crete/plaine-de-la-messara/Mátala

https://www.rental-center-crete.com/fr/blog/Mátala-crete

https://www.petitfute.com/v44559-Mátala/

https://zigzagvoyages.fr/plage-Mátala-crete/

https://www.okaycrete.com/fr/article/Mátala-road-trip.html

 

16 juillet 2024

Kritsa, église de Panagia Kera (Εκκλησία της Παναγίας Κεράς)

Près du village de Kritsa, au sud-ouest d’Ágios Nikólaos, se dresse une magnifique petite église byzantine, Panagia Kera ou Kardiotissa.

Comme pour rappeler son grand âge, un vieil olivier au tronc creux lui sert de gardien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La première mention écrite connue de Panagia Kera date de 1333, un document la reliant au Patriarcat latin de Constantinople, mais l’église est bien plus ancienne. Il semblerait qu’une première construction ait été en place durant la première époque byzantine.

 

 

Pour rappel :

  • 1ère période byzantine : entre 395 et 732
  • Domination arabe : entre 824 et 961
  • 2ème période byzantine : entre 961 et 1204
  • Période vénitienne : entre 204 et 1648

Panagia vient du grec Παναγία, de pan, le tout, et hágios, saint. C’est l’un des titres donnés à la Vierge chez les Orthodoxes. En Orient, Marie possède un statut plus élevé que n’importe quel saint. Gérard de Nerval, dans Voyage en Orient, nous dit qu’« Aujourd'hui la Panagia grecque a succédé sur ces mêmes rivages aux honneurs de l'antique Aphrodite ». La plupart des églises grecques dédiées à la Vierge Marie sont appelées Panagia, un peu comme les Notre-Dame ou les Sainte-Marie chez nous.  Panagia peut aussi s’appliquer à une représentation de la Vierge, une image, comme une icône par exemple.

L’église fut dédiée à la Dormition de la Vierge, fêtée le 15 août. C’est sans doute pour cela que l’axe est un peu décalé par rapport aux points cardinaux (voir plan plus bas). La Dormition, chez les Orthodoxes, est l’équivalent de l’Assomption chez les Catholiques, la différence résidant dans l’approche de la notion de la Vierge Marie. Pour les uns elle est exempte du péché originel (dogme de l’Immaculée Conception défini par le pape Pie IX en 1854) et ainsi préservée de la mort, pour les autres elle est restée pure par sa seule volonté et partage le sort de l’humanité, y compris dans la mort.

C’est dans cette église qu’était conservée une icône miraculeuse de la Vierge, qui, selon la tradition crétoise, serait l'œuvre d'un moine, Agios Lazarus, qui la peignit au IXe siècle, à l'époque de l'empereur byzantin iconoclaste Théophile. Elle se trouve aujourd’hui dans l'église romaine Saint-Alphonse-de-Liguori. Certains la datent du Xe ou XIe siècle, d’autres au XIVe ou à la fin du Moyen-âge. Quoi qu’il en soit, cette peinture issue de la tradition byzantine, dite hodegetria (la Vierge tient dans ses bras l’enfant), est, selon les traditions crétoise et romaine, à l’origine de nombreux miracles. La légende raconte qu’elle appartint à un riche crétois marchand de vin qui la confia à un ami à Rome en 1498. Une autre version fait référence à un voleur grec qui s’en empara. La Vierge dans tous les cas devint romaine et, selon la légende, demanda elle-même à être placée dans l’antique église Saint-Matthieu où elle prit le vocable de Notre-Dame du Perpétuel-Secours.

 

 

Elle fut cachée en 1797 lors de la campagne de Napoléon quand ses troupes détruisirent l’église pour construire des fortifications et fut retrouvée en 1863 puis remise à sa place dans l’église Saint-Matthieu reconstruite devenue Saint-Alphonse-de-Liguori. En 1876, le pape Pie IX érigea une Archiconfrérie dans l'église Saint-Alphonse, sous le vocable de Notre-Dame du Perpétuel-Secours qu’avait pris l’icône crétoise. Cette Vierge hiératique, entourée de saint Michel et de saint Gabriel, possède, comme les Vierges noires, un regard transperçant. Son visage austère contraste avec son attitude très maternelle.

 

 

 

L’édifice que nous pouvons voir aujourd’hui fut construit en plusieurs étapes. De la première église à nef unique et abside en cul de four du XIIIe siècle, il ne reste que la partie centrale, recouverte en son centre par un dôme. Les bas-côtés nord et sud, dédiés respectivement à saint Antoine et sainte Anne, furent rajoutés au XIVe siècle.

 

L’église présente aujourd’hui un plan presque carré à trois nefs de 10 m par 10,50 m. Chaque nef est voûtée en berceau. La nef centrale est la plus large et la plus haute, avec 3,75 m de large et 4,5 m de haut jusqu'au sommet de la coupole. Le bas-côté sud, mesure 2,4 m de large pour 3,6 m de haut et le nord 2,3 m de large pour également 3,6 m de haut.

Toute l’église est peinte de fresques remarquables, datant, pour les plus anciennes, du XIIIe siècle et pour les plus récentes du XIVe. La restauration de l’église dont les voûtes se fissuraient et le nettoyage des fresques qui manquaient de se détacher furent entrepris au début des années 1950.

 

 

 

La nef centrale est dédiée à la Vierge. C’est ici que se trouvent les plus vieilles décorations murales, dans l’abside et sur les tympans des arcades qui soutiennent le dôme, reconstruit au XIVe siècle. Les fresques du XIVe siècle représentent la Dormition de la Vierge.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nous trouvons aussi le massacre des Innocents,

 

 

 

 

 

 

la Nativité,

 

 

 

 

 

 

 

la Cène,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 le banquet d'Hérode et la Descente aux enfers.

 

 

 

 

 

La coupole est soutenue par 4 pendentifs (portion de voûte en forme de triangle curviligne concave située entre deux arcs et soutenant une coupole qui permettent le passage du plan carré au plan circulaire) reposant sur quatre piliers intégrés aux murs latéraux de la nef centrale.

Elle est partagée en 4 par deux tores qui se croisent à son sommet. La coupole est peinte d’une représentation de 4 anges et des évangélistes en hauteur, puis les 12 prophètes plus bas.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur la voûte se trouvent des scènes tirées des Évangiles comme le rêve de Joseph,

 

 

 

 

la fuite en Égypte, la peste, la trahison de Judas, la résurrection de Lazare, la Transfiguration, Pentecôte.

 

 

 

 

Une rare représentation dans le monde orthodoxe de saint François d’Assise est à remarquer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La nef méridionale, avec 4 arcs aveugles sur son mur sud, est dédiée à sainte Anne (agia Anna).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Y sont représentées des scènes de la vie de sainte Anne et de la Vierge. Quelques scènes sont issues de l’évangile apocryphe de Jacques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dans la zone inférieure se trouvent des fresques en pied de sainte Irène,

 

 

 

 

 

 

 

sainte Kyriaki (Dominique)

 

 

 

 

 

 

et sainte Barbe (trois vierges martyres du IIIe siècle)

 

 

 

 

 

 

et sur le mur sud, saint Théodore Tiron, lui aussi martyr du IIIe siècle.

 

 

 

 

 

Saint Michel sur son cheval terrasse le dragon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’abside contient une représentation de sainte Anne Platytera (du grec Πλατυτέρα, plus large, plus spacieux), c’est-à-dire représentée de face avec les mains en position d’orant.

 

 

 

Nous pouvons faire la connaissance des saints Eustrate, Auxence, Eugène, Mardaire et Oreste, martyrs en Arménie au IVe siècle. 

 

 

 

 

 

La nef nord est dédiée à saint Antoine (agios Antonios)  . 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sa date de construction exacte, 1348, est peinte sur un mur ainsi que le portrait de l’un des donateurs, Georgios Mazizanis, ainsi que sa femme en son enfant (milieu du XIVe siècle).

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette partie est aussi consacrée à la Parousie (du grec ancien παρουσία, parousía, présence, arrivée. Ce mot qui désignait dans le monde gréco-romain la visite officielle d’un prince en ville, devint le synonyme du retour glorieux du Christ sur terre à la fin des temps). On retrouve ici les Apôtres, les différents ordres des anges, les martyrs et les fidèles,

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

un ange qui claironne la venue du Christ (voir la symbolique de l’olifant), la Terre et la Mer personnifiées qui livrent leurs morts au le jugement, la Psychostase, l’Enfer et le Paradis.

 

 

 

 

 

On y trouve aussi un Christ Pantocrator (du grec παντοκράτωρ, de pan, le tout, et de kratos, la puissance. Le Christ est le plus souvent représenté assis sur un trône de gloire, tenant le livre des Saintes Écritures de la main gauche et bénissant de la main droite).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Sur sa façade ouest sont représentés la Crucifixion et le jour du Jugement en présence de l’archange saint Michel annonçant la Parousie, l’enfer avec le châtiment des damnés.

 

 

 

 

 

On retrouve également une représentation du Paradis avec la présence des patriarches Abraham, Isaac et Jacob accompagnés de la Vierge (milieu du XIVe siècle).

 

 

 

http://har22201.blogspot.com/2012/06/notre-dame-du-perpetuel-secours.html

https://www.incrediblecrete.gr/fr/place/church-of-panagia-kera-at-kritsa/

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1 juillet 2024

Épiménide

« Des trois villes fondées en Crète par Minos (Cnossos, kydonia et Phaistos), la dernière, Phaistos, fut détruite par les Gortyniens : elle était située à 60 stades de Gortyne, à 20 stades de la mer et à 40 du port de Matalon … Phaistos passe pour avoir vu naître Épiménide », dit Strabon dans Géographie, livre X-4, chapitre 14.

Qui est Épiménide ( Ἐπιμενίδης/Epimenídês) ?

C’est un poète crétois, philosophe, homme politique et iatromante ayant vécu à la fin du VIe siècle avant notre ère. Connu de Platon, d’Aristote ou bien de Plutarque, il est décrit comme l’un des plus grands sages de la Grèce antique. Plutarque parle même de lui comme d’un « homme dont la réputation était chère aux dieux, un savant dans les choses divines, dans la connaissance inspirée et initiatique ».  Il est souvent intervenu dans la vie d’Athènes, tant sur le plan religieux que politique.

 

 

 

 

 

 

 

Diogène Laërce, dans son ouvrage Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, dans le passage sur Pythagore, mentionne qu'Épiménide voyageait partout dans le monde connu afin de recevoir toutes les initiations importantes. Il se disait même que Pythagore descendit avec lui dans la grotte du mont Ida (Idaion Andron, Ιδαίον Άντρον, grotte crétoise où Rhéa cacha Zeus nouveau-né pour le protéger de son père Cronos), pour y être initié.

 

 

 

 

 

Extrait de l’ouvrage de Diogène : « Épiménide, un jour que son père l'avait envoyé aux champs pour rechercher une brebis, s'endormit dans une grotte, et y resta en sommeil durant cinquante-sept années. Et, s'étant réveillé après ce temps, il se remit à la recherche de la brebis, croyant avoir dormi juste un peu. Une fois qu'il fut rentré dans sa maison, il y trouva des gens qui lui demandèrent qui il était, jusqu'à ce qu'il eût retrouvé son frère cadet, devenu entre-temps un vieillard, dont il apprit toute la vérité. Une fois reconnu, se répandit chez les Grecs l'opinion qu'il était très cher aux dieux ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette légende nous renvoie aux anciens rituels d’incubation (ενοικομέτρηση/enkoimétèrion). L’incubation consiste à s’endormir ou à entrer en transe dans un lieu sacré (initialement les grottes) afin d’obtenir pendant son sommeil ou sa méditation, par le rêve (onar) ou par une vision (upar), les réponses aux questions posées. Le plus souvent ces pratiques étaient d’ordre curatif mais aussi divinatoire. L’abaton du temple d’Épidaure, sanctuaire dédié à Asclépios (dieu de la guérison, fils d’Apollon. Esculape à Rome), devenu un haut-lieu de la médecine, en est un bel exemple. Les légendes de la cathédrale du Puy-en-Velay parlent aussi, à mots couverts, d’une telle pratique près de l’antique pierre des fièvres.

Épiménide était donc considéré comme un iatromante. Un iatromante (du grec ancien ἰατρόμαντις, de ἰατρός/iatros, médecin, et μάντις/mantis, devin) est donc dans la Grèce antique, un médecin-devin, un guérisseur-voyant qui pratiquait les rituels d’incubation. L’iatromante se rapproche dans ses pratiques de celles des chamans d’Asie. Apollon était surnommé Iatromantis, celui qui guérit par la divination. Dans les Mémoires de l’Académie des sciences, inscriptions et belles-lettres de Toulouse de 1986, il est dit que l'iatromancie est une prérogative d'abord exclusive des divinités, comme les autres divinations.

 

 

 

 

 

 

 

L’iatromancie aurait été enseignée par le centaure Chiron à son élève Asclépios qui l'aurait divulguée à ses prêtres qui en firent une pratique banale, inséparable de leurs rituels thérapeutiques. Plus tard, dans les cultes liés à l’iatromancie, la notion de pèlerinage se développa et joua un rôle capital.

 

 

 

 

 

 

Épiménide est aussi l’auteur d’un paradoxe bien connu, le paradoxe du menteur :

Epiménide dit que tous les Crétois sont des menteurs

Epiménide est un Crétois

Alors Epiménide ment

Donc les Crétois disent la vérité

Donc Epiménide dit aussi la vérité

Donc les Crétois sont des menteurs

Et ainsi de suite.

1 juillet 2024

L’église Agios Georgios Phalandras (Αγιος Γεώργιος Φαλάνδρας)

L’église se situe à quelques mètres au sud du palais de Phaistos. Le toponyme Phalandras (ou Falandra) vient d’une déformation d’un ancien mot italien, Filanda, qui veut dire filature. Cela fait référence à la principale activité du monastère, l’élevage du ver à soie. 

 

 

Un premier monastère, Agios Georgios Douvrikas, fut construit sur le site connu sous le nom de Melikas à la fin du Xe siècle par Saint-Jean l’Étranger, Osios Ioannis Xenos (970 – 1027), moine missionnaire philosophe, fondateur de nombreuses église et monastères sur l’ile après l’occupation arabe. La première église fut dédiée à la Vierge. Seul un puits subsiste de cette époque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église que l’on peut voir aujourd’hui, dédiée à saint Georges, est tout ce qu’il reste d’un monastère orthodoxe construit au XVIe siècle par les Vénitiens sur l’emplacement de l’ancien.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les vestiges des bâtiments monastiques fortifiés, encore visibles au XXe siècle autour de l’église, ont totalement disparu, les habitants de la région se servant des pierres comme matériau de construction.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église, initialement conçue avec deux nefs, est restée inachevée. Le bas-côté nord, plus court et jamais terminé, était dédié à la Vierge.

 

 

 

 

La première nef est couverte d’une voute en berceau.

 

 

 

 

 

Le clocher à deux étages fut transformé en tour défensive.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De chaque côté du chevet, une canalisation ingénieuse, partant du toit, récupère l’eau de pluie et permet, par un trou à hauteur d’homme, de la récupérer. L’eau tombant sur le toit d’un lieu sacré se charge énergétiquement, comme une eau bénite naturellement. C’est pourquoi, j’imagine, le trou ressemble à un bénitier.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La première trace du monastère vénitien remonte à 1586 dans un document de concession et une tombe porte la date de 1581. Le monastère fonctionna pendant toute la période d’occupation turque, et arrêta ses fonctions en 1821 lors de la guerre d’indépendance de la Grèce. En 1900, le site servit de campement à l’équipe de fouilles de l’italien Giuseppe Gerola qui prit une photo du site. On voit très bien sur cette photo les ruines des anciens bâtiments du monastère.

1 juillet 2024

Le disque de Phaistos

Le disque fut retrouvé lors de fouilles à Phaistos en 1908 par Luigi Pernier, avec d’autres objets datés du début de la période Néopalatiale (une tablette en linéaire A par exemple), c’est-à-dire entre -1 700 et -1 600 avant notre ère. C’est un disque en terre cuite de 16 cm de diamètre sur 1 cm d’épaisseur couvert sur chaque face d’une inscription idéographique inconnue comportant 241 signes (122 face A et 119 face B) de 45 types différents.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’inscription a la forme d’une spirale qui va de la circonférence vers le centre (ou l’inverse suivant l’interprétation qu’on pourrait en faire) et les signes sont organisés en 61 groupes (séquences) séparés entre eux par des lignes verticales, peut-être des mots.

 

 

 

 

 

 

Les experts semblent être d’accord sur le fait que chaque signe représente une syllabe plutôt qu’une lettre, avec parfois l’ajout d’un idéogramme (symbole représentant un mot entier). Le scribe devait écrire de droite à gauche.

 

 

 

 

 

 

Chacun des caractères a été imprimé séparément sur l’argile humide au moyen d’une estampe, un petit poinçon en métal ou en bois. C’est précurseur de la typographie. Parmi ces signes on reconnait des hommes, des femmes et des enfants, des animaux : poissons, oiseaux et insectes, des bateaux, des ustensiles, des outils, des plantes.

 

 

Le texte n’a pas vraiment été déchiffré. Certains pensent que c’est un hymne religieux à la Grande Déesse, d’autres des incantations magiques, ou bien un calendrier astral, un décret royal, un index de centres religieux, une partition de musique, un objet votif, une lettre de salutation, un rituel de fertilité ou un ancêtre du jeu de l’oie. Certains disent que le disque n’a pas été fait en Crète. On parle d’Anatolie, de Chypre, de Sumer, d’Égypte ou de Lybie, mais la femme représentée est bien une crétoise aux seins nus et à la jupe volantée. Quant au poisson, il ressemble plus à un esturgeon de la Caspienne ou de la mer Noire qu’à un thon ou un dauphin de Méditerranée.

 

 

 

La dernière thèse  de Gareth Owens, linguiste gallois directeur du Bureau des relations internationales de l’Université hellénique méditerranéenne, spécialiste du linéaire B connu pour ses essais pour déchiffrer le linéaire A, me parait judicieuse. Il pense, après plus de 10 années d’études sur le disque en utilisant les valeurs phonétiques du linéaire B et la linguistique comparée, que le texte de la face A est une prière à la « déesse enceinte qui brille ». La face B pourrait être une prière à la déesse de l'accouchement, probablement la déesse Aphaia, liée à la déesse enceinte mentionnée sur la première face. Aphaia est identifiée en Crète minoenne à Diktynna, la déesse de l'accouchement, elle aussi liée à la lumière et à la fertilité. Il pourrait aussi s'agir d'une référence à Astarté ou à Aphrodite.

Ici un essai de la prononciation du texte. Ce serait donc l’ancienne langue de la civilisation minoenne.

1 juillet 2024

Phaistos (Φαιστός / Phaistós, ou encore Festos)

 

C’est au sud d’Héraklion, posé à 97 mètres de hauteur sur un large plateau au sommet d’une colline dominant de tous côtés la grande plaine fertile de la Messara, que se dresse le palais de Phaistos, deuxième plus grand centre du monde minoen après Cnossos. À ses pieds coule la rivière sacrée des Minoens, le Geropótamos (ιερό ποτάμι, ierò potámi, littéralement rivière sacrée) qui reçoit un peu plus bas les eaux de son affluent sur les rives duquel se trouve Gortyne, le Litheos qui abreuvait Ágioi Déka et ses 10 saints miraculeux. Le Léthé est le fleuve des Enfers où passaient les âmes qui avaient obtenu la faveur de revenir dans le monde des vivants pour se réincarner. Lêthê veut dire l’oubli. Chose intéressante, avec un A privatif, lêthê devient alítheia, la vérité, c’est à dire l’absence d'oubli…

Diodore de Sicile attribue sa fondation au roi Minos, souverain de Cnossos. Radhamanthe, son frère, est aussi cité comme potentiel fondateur ou comme gouverneur. Tous deux sont devenus gardiens des Enfers. Homère dans l’Illiade et l’Odyssée la décrit comme une ville bien fondée au grand nombre d’habitants. Le petit fils de Minos, Idoménée, la fit participer au siège de Troie.

« Phaistos passe pour avoir vu naître Épiménide », dit Strabon dans Géographie, livre X-4, chapitre 14. Cette encyclopédie géographique fut écrite entre -20 avant notre ère et l’an 23.

 

 

 

 

 

 

D’après les mythes, le toponyme viendrait de Phaïstos, le petit fils d’Héraclès, tué par Idoménée. Homère dans l’Illiade, Rhapsodie V, en parle en ces termes : « Et Idoméneus tua Phaistos, fils du Maionien Bôros, qui était venu de la fertile Tarnè. L'illustre Idoméneus le perça à l'épaule droite, de sa longue pique, comme il montait sur son char. Et il tomba, et une ombre affreuse l'enveloppa, et les serviteurs d'Idoméneus le dépouillèrent ».

Les archéologues penchent plutôt pour une origine préhellénique. Ce serait pa-i-to, un mot issu du linéaire B, écriture mycénienne d’inspiration babylonienne apparue en Crète vers -1 375, signifiant brillant, glorieux.

 

 

 

Historique

 

La colline de Phaistos fut habitée dès le Néolithique, vers 6 000 avant notre ère. C’est vers -3 000 que la première agglomération fut construite. On retrouva quelques vestiges de maisons et des outils du Prépalatial.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’utilisation d’objets en bronze (donc le besoin d’aller chercher de l’étain à rajouter au cuivre), l’essor de l’agriculture, de la marine et du commerce posèrent les bases de la future civilisation minoenne.

 

 

 

Le culte principal alors était celui de la Déesse-mère, aux formes variées. Deux ports sur la mer de Lybie desservaient la cité, Matala et surtout Kommos.

 

 

 

 

L’apogée de Phaistos se situe entre les IIIe et IIe millénaires, durant le Protopalatial. Les vases en céramique, les œuvres d’art, les bijoux de cette époque sont les témoins d’une esthétique et d’un raffinement extraordinaire. Phaistos devint, avec Cnossos, Malia et Zakros, l'un des centres les plus importants de la civilisation minoenne.

 

 

 

 

 

 

 

Le premier palais, le plus grand, fut bâti vers -1 950. Détruit vers -1 750, les ruines furent remblayées et un nouveau palais fut construit vers -1 600 sur un niveau plus élevé. Entre-temps Hagia Triada avait pris plus d’importance en devenant le centre politique de la région. Le culte de la Grande Déesse se poursuivit, avec peut-être l’ajout à ce moment d’un parèdre, Velchanos (Ϝελχάνος), son fils ou son jeune amant. Certains mythologues pensent qu’il fut l’ancêtre du Zeus de la Grèce classique que l’on fit naitre en Crète.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ce deuxième palais du Néopalatial fut construit en une trentaine d’années. Il fut détruit vers -1 450 mais la colline de Phaistos continua à être habitée durant le Postpalatial, c’est-à-dire jusqu’en -1 100. Puis les Mycéniens s’en emparèrent. À l’époque d’Homère, la cité existait toujours et avait même de l’importance puisqu’elle est décrite dans L’Illiade comme ayant de nombreux habitants. C’est à cette époque, au VIIe siècle avant notre ère, que fut construit le temple de Rhéa (déesse grecque de la Fertilité issue d’une antique Déesse-mère de Phrygie, mère de Zeus) ou bien d’après les dernières recherches, de Léto Phytia (une Titanide mère d’Appolon).

 

 

Phaistos est alors une grande cité autonome, battant sa propre monnaie. Bien qu’elle fût une ville importante, Phaistos ne résista pas aux attaques de sa voisine, Gortyne, capitale romaine de la Crète, qui s’en empara vers -180. En – 160 avant notre ère, Phaistos n’existait plus et fut oubliée.

 

 

 

 

 

Elle fut retrouvée en 1853 par le capitaine Thomas Spratt qui s’appuya sur une citation de Strabon dans Géographie : « Des trois villes fondées en Crète par Minos (Cnossos, kydonia et Phaistos), la dernière, Phaistos, fut détruite par les Gortyniens : elle était située à 60 stades de Gortyne, à 20 stades de la mer et à 40 du port de Matalon ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les premières fouilles, conduites par Antonio Taramelli à la demande de Federico Halbherr, commencèrent dès 1894. L'École d'archéologie italienne sous la direction de Federico Halbherr et de son élève Luigi Pernier reprit les fouilles en 1900 jusqu’en 1904 et occasionnellement jusqu’à la fin des fouilles d’Hagia Triada en 1908, date à laquelle fut retrouvé le disque de Phaistos.

 

Doro Levi reprit les fouilles entre 1950-1971, Vincenzo la Rosa entre 2 000 et 2 004, et enfin Fausto Longo en 2 007. Contrairement à Cnossos, fouillé et (mal) restauré par Arthur Evans, le palais de Phaistos est resté tel qu’il a été découvert.

 

 

Description

 

Le site de Phaistos occupe 8 400 m² de terrain et s’étale sur trois niveaux. Les vestiges des deux palais, le plus ancien de -1 950 et le plus récent de -1 600 avant notre ère, sont imbriqués. Les deux palais, entourés de villas et de communautés urbaines, possédaient plusieurs fonctions. Demeure de rois-prêtres crétois, centre de commerce (entrepôts) et d’artisanat (magasins, ateliers), siège de la justice et de l’administration, ils étaient aussi un centre religieux important où se déroulaient des fêtes, des cérémonies et les initiations. Les escaliers monumentaux, les voies processionnelles, le théâtre, les nombreuses salles servant au bain lustral (purification), les différents sanctuaires dont le grand sanctuaire de l’aile ouest réservé au culte de la Déesse en sont la preuve. Il semblerait que le palais fut orienté en direction du lever du soleil à l’équinoxe.

1 Cour haute

2 Cour ouest et théâtre

3 Sanctuaire

4 Grands propylées

5 Salle à péristyle

6 Bain lustral du roi

7 Mégaron du roi

8 Mégaron de la reine

9 Cour nord

10 Crypte sacrée

11 Cour est et four à métaux

12 Cour centrale

13 Magasins

14 Puits

15 Salle aux deux piliers

16 Sanctuaire

17 Temple de Rhéa ou de Léto

En bleu les bains lustraux et puits

En violet la pièce où fut découvert le disque de Phaistos

 

La visite commence par la cour haute, située au nord-ouest, qui domine le site (1). Elle est recouverte de dalles irrégulières et est traversée du nord au sud par une voie processionnelle légèrement surélevée.

 

 

Elle fait partie du premier palais même si des bâtiments furent ajoutés lors de la période gréco-romaine.

 

 

 

À l’est ont été mis au jour quelques sarcophages de l’époque chrétienne. 

 

 

 

Un escalier monumental datant du deuxième palais descend au sud.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il arrive au sanctuaire protopalatial tripartite composé de 5 salles

 

 

 

dont l’une avec des banquettes le long des murs et d’une salle à ciel ouvert (3).

 

 

 

Dans l’une des salles furent découvertes une table d’offrande emplie de cendres contenant les restes d’ossements et un coquillage de libation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

De là on arrive dans la cour ouest (2) protopalatiale, recouverte de dalles irrégulières.

 

 

 

 

 

 

Elle est traversée par deux voies processionnelles surélevées dont l’une d’elle se poursuit sur huit larges marches formant ce que l’on nomme le théâtre, de 22 mètres de largeur.

 

 

Ces marches ressemblent effectivement à des gradins et les archéologues supposent qu’ici se tinrent des cérémonies religieuses ou des jeux comme la taurocatapsie. Lors de la construction du deuxième palais, cette partie fut totalement remblayée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Au sud de la cour se trouvent quatre constructions circulaires, des kouloúres (κουλούρες), nommées ainsi par Arthur Evans qui les découvrit en 1903 à Cnossos et qui trouva qu’elles avaient la forme d’un pain rond fabriqué en Crète, le kouloúra.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les explications vont de fosses à ordures à citernes en passant par des silos à grains. Récemment une théorie en parle comme des puits à offrandes. Je n’ai rien ressenti de particulier près de ces constructions à Phaistos, contrairement à Cnossos.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La partie est de cette cour donne sur la façade ouest du palais protopalatial. Au nord-est un escalier monumental de 12 marches (légèrement inclinées afin d’évacuer l’eau de pluie) donne accès au palais néopalatial par un propylon dont il reste la base du pilier central.

 

 

Après se trouve un vestibule revêtu d’albâtre qui donne sur un portique à triple colonnade délimitant un puits de lumière (4). Au sud, un sanctuaire et son bain lustral.

 

 

Puis vient un escalier menant au nord vers la salle hypostyle (5)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

et les appartements royaux divisés en deux parties,

 

 

 

 

le mégaron du roi (7)

 

 

 

et le mégaron de la reine (8)

 

 

 

avec leur bain lustral (6).

 

 

 

 

 

 

 

À l’est Les mégarons royaux donnent sur la cour nord (9) et le complexe sacré protopalatial (10) utilisé également lors de la construction du deuxième palais. Au nord des compartiments en brique destinés à ranger les objets sacrés. Les archéologues appellent cet endroit les archives.  C’est ici que fut retrouvé en 1908 le fameux disque de Phaistos (point violet). Au sud, plusieurs petites pièces dont l’une dallée d’albâtre possédant une banquette et ce qui fut certainement un bassin lustral.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette cour est reliée à la cour est (11) qui contient en son centre un ancien four à métaux.

 

 

 

L’escalier menant aux appartements royaux descend au sud vers une série de magasins ou des ateliers d’artisans (13) où furent découverts des vases polychromes d’une qualité exceptionnelle.

 

 

 

Ce sont des pithoi. Un pithos (πίθος) est un vase en céramique en forme de jarre datant de la Grèce antique, utilisé pour le stockage de produits alimentaires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ici également une grande salle où furent retrouvées les empreintes en argile d’un grand nombre de sceaux datant de l’ancien palais. Proche du vestibule, un escalier descend vers un bassin lustral probablement utilisé lors des cérémonies faites dans la cour centrale (12).

 

 

La grande cour centrale dallée, cœur du complexe néopalatial, destinée très probablement aux jeux et aux cérémonies religieuses, était déjà présente lors du premier palais. Elle mesure 51,50 m sur 22,30 m. Ses côtés est et ouest sont bordés de portiques à colonnades.

 

 

Toutes les parties du palais communiquent avec elle par des corridors étroits ou des allées qui devaient être très surveillées.  Au nord, une construction à degrés laisse envisager la présence d’un autel. Un puits plus récent fut creusé dans sa partie sud (14).

 

 

La façade ouest donnait sur des pièces labyrinthiques dont la salle aux piliers (16)

 

 

 

et le sanctuaire principal (15) avec leurs banquettes caractéristiques aménagées le long des murs.

 

 

 

 

De l’autre côté, la partie est de la cour possède des pièces très luxueuses. L’accès à ce complexe se faisait en montant quatre marches et en passant sous un portique.

 

 

Un grand polythyron (pièce d'un palais ouvrant sur plusieurs côtés par des baies multiples que séparent des piliers) donnait sur un vestibule conduisant au bassin lustral. De nombreux objets rituels furent retrouvés dans cet espace.

 

 

C’est au sud de cette partie du palais, où affleure la roche brute, que j’ai ressenti le plus d’émotion. Le rocher parait travaillé, avec peut-être la présence de bassin et de cupules. Cette partie du palais s’est effondrée et on en retrouve des pierres le long de la pente abrupte de la colline.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Proche du rocher, en direction du sud-est, se trouvent les restes d’un ancien four ou d’une habitation en forme de dôme datant de la période Néolithique. 

 

 

 

 

À l’ouest du four, construit sur un axe nord-est/sud-ouest se trouvent les ruines d’un temple de la période Gréco-romaine (17). Il fut au départ attribué à la déesse Rhéa pour ensuite passer à Léto. Quoi qu’il en soit, il y avait ici la présence d’un culte à la Déesse-Mère certainement depuis les origines du site. Elle change de nom suivant les époques mais reste l’archétype de la Déesse de la Fertilité.

 

 

 

Guide de voyage pour la Crète - Palais de Phaistos cretanbeaches.com

https://www.worldhistory.org/trans/fr/1-10228/phaistos/

https://zigzagvoyages.fr/palais-phaistos-crete-ruines-minoennes/

http://bronze-age-towns.com/2020/11/23/phaistos-une-ville-importante-de-crete-a-lage-du-bronze/

http://epigrammeoeil.blogspot.com/2014/08/phaistos-gournia-civilisation-minoenne.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pim%C3%A9nide

https://www.explorecrete.com/el/arxaiologia/gr-phaistos-05

17 juin 2024

Ágios Nikólaos (Άγιος Νικόλαος)

Capitale de la Crète orientale, la petite ville portuaire d’Ágios Nikólaos (Saint-Nicolas) du golfe de Mirabello existe depuis longtemps. C’était le port de la cité de Latô, ou Latô pros Kamara, située quelques kilomètres plus haut dans les montagnes, et qui se développa surtout pendant la période gréco-romaine.

Au début du XIIIe siècle, après que la Crète fut prise par les croisés en 1204 puis vendue aux Vénitiens, le port prit de l’importance. Le fort de Mirabello fut construit en 1206 par le corsaire génois Enrico Pescatore qui s’était emparé de la Crète pour protéger la petite ville naissante. Détruite plusieurs fois puis reconstruite, la forteresse fut reprise aux Turcs par l’amiral vénitien Gianbattista Grimani et ses chevaliers de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem qui finalement la firent sauter en 1645 lors de conquête de la Crète par les Ottomans.

 

 

 

 

 

 

 

 

C’est dans les années 60 que la ville prit son essor avec l’afflux des touristes, mais elle a su garder tout son charme.

 

 

 

 

 

Le lac Voulismeni (Λίμνη Βουλισμένη)

 

De forme circulaire, d’une profondeur de 48,8 mètres pour un diamètre de 137, bordé de falaises sur son rivage nord, le lac Voulismeni ou bassin d’Artémis est un ancien lac d’eau douce qui était alimenté par une source.

 

 

 

Il se forma lors de l’effondrement du plafond d’une ancienne cavité karstique, un véritable gouffre qui se remplissait de l’eau de la source.

 

 

 

 

En 1856 un séisme frappa l’ile d’Amorgos, au nord de Santorin, et provoqua des tremblements de terre et un tsunami avec des vagues de plus de 20 mètres qui atteignit Ágios Nikólaos. Une partie des falaises s’effondra et la source se tarit.

 

 

 

L’eau stagnante rendant l’atmosphère putride, le pacha Kostakis Adossisis, le gouverneur ottoman d’origine grecque, décida en 1870 de relier le lac à la mer en creusant un canal. C’est en 1905 que les troupes françaises, garantissant l’autonomie nouvelle de la Crète et demeurant à Sitia, agrandirent le canal et construisirent un pont mobile afin que les bateaux puissent s’amarrer dans le lac.

 

 

Sur la rive ouest du lac, où sont exposées quelques colonnes de Latô pros Kamara, l’ancienne ville, une grotte fut transformée en église. Elle est appelée la crypte du pêcheur.

 

 

 

À l'intérieur des grottes sont plus ou moins conservées des icônes et du vieux matériel de marins.

 

 

 

 

Un peu plus loin, une ancienne fontaine porte des caractères arabes, rappel de l’occupation de la ville par les Turcs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plusieurs légendes se rapportent au lac. La première parle d’une déesse, Artémis, qui venait s’y baigner. Cette déesse, fille de Zeus et de Leto, sœur jumelle d’Apollon, représente le côté lunaire alors que son frère est totalement solaire. Déesse de la Nature sauvage, protectrice des femmes, des chemins et des ports, rattachée à la fécondité, elle préside à la naissance des hommes. Elle est liée au passage, à la transition, à l’initiation. Ses attributs sont l’abeille, le chien, le cerf et l’ours.

 

 

 

 

 

Parmi ses nombreuses épiclèses, on trouve Agrotera, patronne des chasseurs, Delia, née sur Délos, Ennodia, patronne des chemins, Hagne, chaste et pure, Hêgêmonê, la conductrice, Hemerasia, celle qui apaise, Kourothropos, protectrice de la jeunesse, Limnatis, protectrice des lacs, Paedotrophos, nourrice des enfants, Phôsphoros, porteuse de lumière…

Son culte comprenait des éléments orientaux, empruntés aux anciennes déesses mères comme Cybèle ou encore Isis. Certains mythologues disent qu’Artémis établit sa demeure en Crète.

 

 

 

 

 

 

 

Les habitants de la ville disent que ce lac n’a pas de fond et qu’il est relié directement aux enfers, ou en tous cas aux abysses de l’au-delà. Pour preuve, les soldats allemands, pendant la seconde guerre mondiale, alors qu’ils quittaient la Crète, jeta des canons et des véhicules blindés dans le lac. Personne ne les a jamais retrouvés. Il n’y a pas si longtemps, les freins du camion qui servait au nettoyage des rues se desserrèrent et le camion tomba dans le lac. Lui non plus n’a jamais été retrouvé ! Chaque année, le soir de Pâques, les habitants se retrouve sur ses berges pour regarder le feu d’artifice et lancer des pétards. Peut-être pensent-ils effrayer les mauvais esprits du lac ?

 

L'église Panagia Vrefotrophos

 

À quelques centaines de mètre du lac Voulisméni, sur les flancs d’une des cinq collines d’Ágios Nikólaos, se trouve Notre-Dame Vréfotrophos. Construite au XIIe siècle, orientée à l’ouest, c’est l’une des plus anciennes églises de la ville et son nom signifie « nourricière de l’enfant ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La construction de l’église, en pierre à une seule nef voûtée, date du XIIe siècle mais elle fut agrandie par les Vénitiens. La partie la plus ancienne est la partie occidentale.

 

 

 

A l’intérieur, des peintures murales, sous forme de fresques représentant des scènes de la vie du Christ et de la Vierge, datent du XIVe siècle.  

La Panagia Vréfotrophos est la Vierge protectrice des enfants. En lien avec l’ancienne protectrice du lac, Artémis ?

 

 

 

L’église Ágios Nikólaos

 

La petite église Ágios Nikólaos ou Saint-Nicolas est la plus vieille de la ville et lui a donné son nom. Située sur une péninsule au nord-est, dominant la baie d’Ormos où les Romains puis les Byzantins amarraient leurs bateaux, elle fut construite au début du VIIe siècle, vers 827.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Elle fut dédiée à saint Nicolas, l’un des saints les plus vénérés de l’Église orthodoxe, protecteur des enfants et des marins. Son corps est conservé dans une église de Bari où son corps laisse suinter une huile que l’on dit miraculeuse. Je ne sais pas si le sarcophage contient le corps du saint, mais dans tous les cas, cette huile possède une puissance vibratoire étonnante.

 

 

 

 

 

 

 

 

Restaurée en 1303 après le tremblement de terre, elle a conservé des peintures murales du XIVe siècle et des motifs géométriques et floraux des VIIIe et IXe siècles.

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%81gios_Nik%C3%B3laos_(Cr%C3%A8te)

https://www.bouger-voyager.com/visiter-agios-nikolaos/

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