Riez
Riez, historique
Le site fut occupé dès l’âge du Bronze. Les premiers occupants connus de l’âge du Fer, les Reii (tribu celto-ligure de la Gaule Narbonnaise dont le nom pourrait signifier « les Libres », à l’origine du toponyme Riez), construisirent un oppidum au sommet d’une colline (Saint-Maxime) dominant les vallées des rivières de Colostre et de son affluent l’Auvestre, au croisement stratégique des routes reliant Fréjus, Aix, Digne et Castellane.
Durant le Haut-Empire, la cité, élevée au rang de colonie de droit latin (colonia juris latini) par l’empereur Auguste, va se développer et prendre le nom de Colonia Julia Augusta Apollinarium Reiorum puis de Alebaece Reiorum Apollinarium au Ier siècle. L’agglomération s’étendait alors sur une vingtaine d’hectares. La cité s’est appelée ensuite Reii Apollinares au IVe, puis Reii au Ve siècle alors que la ville devient le siège d’un évêché, pour évoluer naturellement en Riez. Vu son toponyme, il ne fait aucun doute que la cité romaine était dédiée à Apollon.
Vers 477, la région fut envahie par les Wisigoths et Riez passa sous leur autorité. Puis la ville basse fut saccagée par les Lombards et les Saxons au VIe siècle, et les Sarrasins au début du IXe. Les habitants déménagèrent de la plaine où s’était installé le complexe épiscopal près de l’emplacement de la ville romaine à la colline de Saint-Maxime au sommet de laquelle se construisit un castrum. Durant la période du Moyen-âge, la ville se dota de remparts et la ville basse se développa à nouveau.
La ville perdit l’évêché durant la période révolutionnaire et va péricliter pour devenir cette petite bourgade pleine de charme riche de son passé prestigieux.
Les colonnes romaines
Alebaece Reiorum Apollinarium était l’une des principales cités de la Narbonnaise du temps de l'Empire Romain. La ville comprenait des thermes luxueux, des temples, de nombreuses habitations, une grande nécropole et un forum, grande esplanade carrée de 35 mètres de côté bordée de galeries.
Il ne reste de visible que 4 colonnes d’un temple, les autres se trouvant en réemploi comme dans le baptistère ou dans l’église.
Les colonnes monolithes en granit gris de l’Esterel, hautes de 7 mètres, sont surmontées d’une architrave richement décorée en calcaire tendre. Les bases et les chapiteaux corinthiens sont en marbre blanc. Elles constituaient la façade orientale d’un temple tétrastyle construit au Ier siècle et vraisemblablement dédié à Apollon de qui la ville tenait son nom. Cet édifice mesurait 22 mètres de long sur 11 mètres de large.
Du haut de l’imposant socle en grand appareil, le temple dominait le niveau antique de circulation, la grande voie vers Aix. Deux massifs prolongeaient le podium en avant des colonnes extrêmes qui enserraient un escalier. L’édifice fut détruit à la fin de l’Antiquité et les matériaux furent récupérés, mais la colonnade et son support furent respectés.
De nombreuses colonnes ont été découvertes à Riez. Elles dateraient du premier siècle de notre ère, ayant probablement été utilisées pour la construction de différents édifices comme le théâtre ou le temple. Celles qui se dressent dans le champ à gauche à l'entrée du village seraient le reste d'un temple dédié à Apollon.
Le groupe cathédral antique du Ve siècle
Le groupe épiscopal primitif, situé sur le rebord méridional du Colostre en bordure de la ville antique, fut aménagé au début du Ve siècle sur l’emplacement d’anciens thermes romains sous l’impulsion du premier évêque de Riez, saint Maxime (Maximus), venu de l’abbaye des iles de Lérins où il avait été élu abbé à la suite de saint Honorat. Son successeur, saint Fauste, continua la construction (Eh oui, à cette époque, les abbés et les évêques étaient très souvent saints).
Une grande église (de plan basilical, composée d’une nef centrale de 9,40 mètres de largeur, de collatéraux séparés par une double colonnade et d’une profonde abside semi-circulaire), Notre-Dame de Sede (ou Notre-Dame du Siège), et un baptistère, dans le même axe, furent construits sur l'emplacement des thermes romains publics monumentaux dont ils remploient les pierres pour leur construction.
Les deux bâtiments étaient reliés par une galerie de près de 2 mètres de large.
L’évêque Édolde, en 879, décida d’abandonner son église et de s’installer sur la colline de Saint-Maxime. L’ancienne cathédrale devint église paroissiale et, délaissée, dut être reconstruite au XIIe siècle.
L’évêque franco-italien Marc Lascaris de Tende, en 1463, abandonna la colline de Saint-Maxime et fit construire une nouvelle cathédrale dans le bourg vers 1490, utilisant les pierres de l’ancienne cathédrale qui fut totalement détruite.
Le baptistère
Le baptistère (du grec baptistêrion, piscine), seule composante épargnée du groupe épiscopal primitif, fut édifié entre la première moitié du IVe et le début du Ve siècle avec des matériaux antiques en réemploi.
De plan octogonal inscrit dans une construction de plan presque carré (11,10 sur 10,80 mètres), à l'origine entouré d'un portique et parfaitement aligné sur les points cardinaux, il présente une alternance de 4 absidioles semi-circulaires et d’une niche rectangulaire aménagées à l’intérieur du bâtiment qui ne sont pas visibles de l’extérieur.
L’entrée est ouverte à l’est. Les façades sud et nord sont percées d’une fenêtre en plein cintre.
Huit colonnes antiques de granit surmontées de chapiteaux corinthiens de marbre, disposées en cercle, entourent la cuve baptismale octogonale et supportent la coupole qui fut refaite au XIe siècle.
Il fut découvert, lors de fouilles, des inscriptions se rapportant à la construction d'un temple dédié à Cybèle, ce qui fit penser que le bâtiment avait été un temple dédié à cette déesse, puis d’autres inscriptions parlant de plusieurs autres dieux laissèrent envisager qu’il avait été un Panthéon.
Le baptistère, miraculeusement épargné après le démantèlement du groupe épiscopal en 1498, devint en 1559 simple chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste. Il fut cédé ensuite à la confrérie des tailleurs d’habits qui lui adjoignirent le vocable de Saint-Clair, saint patron de leur corporation. En 1707, la chapelle fut confiée à la congrégation des Pénitents blancs juste avant d’être désacralisée pendant la Révolution et servir de grange pour entreposer les moissons.
Un lanternon cylindrique, couronné d'une corniche et coiffé d'un mur-pignon, ainsi que le mur octogonal élevé au-dessus de la première corniche furent supprimés lors d’une restauration malhabile en 1818.
Il fut, comme les colonnes antiques, classé aux Monuments Historiques en 1840. Une autre restauration du baptistère fut faite en 1906, une autre encore, la dernière, qui s’acheva en 2016.
Les baptistères paléochrétiens étaient spécialement construits pour les baptêmes par immersion. C’est à partir du XIIe siècle que l’église utilisa le baptême par infusion ou aspersion en se contentant de simples cuves appelées fonts baptismaux. Seul l’évêque pouvait baptiser les cathéchumènes, seulement pendant la nuit de Pâques au tout début, puis à Pentecôte et lors de l’Épiphanie, raison pour laquelle ces édifices étaient construits à proximité des cathédrales. Après les cérémonies, les portes étaient refermées et scellées du sceau de l’évêque.
Le rituel du baptême par immersion appartient à un principe universel d’initiation où l’impétrant meurt à un ancien comportement, se purifie et renait à un nouveau. C’est un acte souvent secret de transformation spirituelle, de changement de niveau de conscience, réalisé par l’expérimentation de la mort, de la purification puis de la renaissance.
Les fontaines et lavoirs de Riez
La fontaine Benoite
La présence d’une fontaine à cet emplacement est attestée depuis le XVe siècle. Face à l’une des portes principales de la ville médiévale (porte Sanson ou Saint-Sols), la fontaine servait à l’approvisionnement des habitants de la ville close et à ceux des quartiers extérieurs. Elle permettait aussi aux voyageurs et à leurs montures de se désaltérer.
L'eau qui alimente la fontaine et le lavoir viendrait de la source dite de Saint-Maxime. La fontaine actuelle date de 1819. Ses proportions importantes furent conçues pour de nombreux utilisateurs, à l’époque Riez comptait plus de 3 000 habitants.
Quelques années plus tard, on construisit à côté le vaste lavoir pour répondre aux besoins des habitants qui, longtemps, allèrent rincer le linge dans la rivière du Colostre, en bas de la ville.
La fontaine de la colonne
Située face à la porte d'Ayguières du XIVe siècle, des actes datant de 1412 la nomment « fontaine ronde ».
La fontaine Sanson
Cette partie de la ville, située entre la porte médiévale Sanson et le ruisseau de l’Auvestre, était essentiellement occupé par les tanneurs, les tisserands et les teinturiers.
Pour tanner les peaux ou rouir le chanvre, les artisans utilisaient l’eau du ruisseau la rendant impropre à la consommation. Pour les besoins en eau potable, on comptait sur cette fontaine, alimentée par une source.
La fontaine Blanchon
La fontaine de Blanchon, proche de l’ancienne ville romaine, date de la moitié du XVIIIe siècle.
Elle est alimentée par une source dont l'eau arrive jusqu'au bassin par un canal souterrain qui traverse les caves de plusieurs maisons.
Elle fut utilisée par le personnel de l’Hôtel-Dieu qui venait y laver le linge des malades. Pourrait-elle avoir des propriétés thérapeutiques ?
L’eau s’écoule en trois arrivées qui rappellent une vulve. Très féminin comme endroit quoi qu’il en soit, près de l'ancienne cathédrale Notre-Dame, protégé par l'énergie de l'antique temple d'Apollon comme il se doit.
Les remparts
La construction des remparts se fit vers 1371, à l’initiative de l'évêque franciscain Jean de Maillac, qui travailla à la restauration de la ville épiscopale ruinée à la suite de l’attaque de troupes de mercenaires.
Deux portes, Saint-Sols et Ayguière, sont insérées dans la fortification.
L'église
L’ancienne cathédrale ayant brûlé durant les guerres civiles, l'évêque de Riez Marc de Tende posa les premiers fondements d’une nouvelle église, Notre-Dame de l'Assomption et Saint-Maxime.
Les travaux débutèrent vers 1490. Elle fut reconstruite au XIXe siècle, après un effondrement partiel de la nef en 1842. Reconstruite, elle s’effondra à nouveau en 1952. Elle fut le siège du diocèse de Riez jusqu’en 1801puis devint simple église paroissiale.
De plan en croix latine, elle possède un clocher de plan carré qui s’élève au-dessus de la façade, renforçant l’effet de hauteur.
Il est coiffé d’une flèche en pierre cantonnée par 4 clochetons.
https://www.ville-riez.fr/histoire-patrimoine/histoire-village
http://dignois.fr/Riez-ex-cathedrale/
https://fr.wikipedia.org/wiki/Riez#Culture_locale_et_patrimoine
Panneaux indicateurs de la ville
Brochure éditée par les Amis du vieux Riez en 2016
Notes préalables du Parc Naturel Régional du Verdon