Écotay-l’Olme est un charmant village proche de Montbrison. Les Écotayens sont, pour la plupart, chaleureux et accueillants et il n’est pas rare, quand on arrive chez eux à l’improviste, de se retrouver à table face à des tranches de saucisson arrosées d’un bon verre de rosé bien glace, sinon c’est dégeulasse.
Le Vieil Écotay
L’histoire d’Écotay commence très tôt : quelques artéfacts d’origine gallo-romaine ont été découverts, mais les premières traces connues remontent au XIe siècle avec la construction d’un château-fort au sommet d’un éperon rocheux (la pointe du Taillou).
Le site, au confluent du Charavan et du Cotayet qui se réunissent pour former le Moingt après le pont à deux arches, fut le siège de l’une des quatre baronnies du Forez, tenant le troisième rang derrière celles de Couzan et de Saint-Priest-en-Jarez et devant celle de Saint-Bonnet-le-Château. La seigneurie comprenait les paroisses de Verrières et de Bard.
Pourtant l’endroit choisi n’était pas très stratégique puisqu’éloigné des principaux axes de communication (route ou fleuve), mais le château, contenant une petite garnison, dut certainement servir de poste avancé (comme Monsupt, Lavieu, Essertines et Châtelneuf), pour surveiller ceux qui venaient d’Auvergne et protéger Montbrison, devenue capitale comtale en 1173.
La place forte était composée d’un rempart protégeant le château et sa chapelle castrale. En contrebas, sur les pentes aménagées en terrasses où poussaient fruitiers, vignes et céréales, se tenait le village, entouré d’une deuxième muraille. La vallée était parsemée de nombreux moulins et d’auberges.
Sur la colline voisine, le Suc du Pin, où l’on trouve ce fameux rocher appelé « la tête de Louis XVI » ou encore « le profil de Napoléon » (allez savoir…), étaient implantés de grands domaines, comme le Verdier, Sainte-Agathe ou le Vernon.
Au XVe siècle, le château perdit son utilité défensive, n’étant plus adapté aux nouvelles armes à feu utilisées lors des sièges. Le site perdit de son importance et périclita. Avant la Révolution, Écotay avait déjà perdu son statut de paroisse au profit de Verrières puis en 1789 il devint dépendant de Bard.
Écotay, après avoir retrouvé son statut vers 1841, fut quand même doté d’un presbytère et d’un cimetière agrandi, ainsi que d’édifices publics (une mairie, une école). Après la guerre, l’exode rural s’accentuant, les terres agricoles retournèrent à la friche et le Vieil Écotay, comme le village fut appelé, laissa la place à l’ancien hameau de l’Olme, plus séduisant, où se situe, depuis 1985, la nouvelle mairie.
Certains érudits, au cours du XIXe siècle romantique, affirmèrent que le nom d’Écotay proviendrait d’un chevalier écossais, nommé Scotaïum, récompensé pour ses exploits par cette terre où il fit construire son château au début du XIe siècle. Le nom fut traduit par Escotay puis Écotay. Mais rien n’a pu être prouvé…
Par contre, on sait que les premiers seigneurs de la maison d’Écotay portaient le nom de Chauderon. La famille d’Écotay-Chauderon s’éteignit au XIVe siècle. Le château passa aux mains de différentes familles avant d’être donné à la commune en 1982.
Le château
De l’ancienne forteresse du XIe siècle ne reste que les ruines du donjon et une partie de son enceinte polygonale qui protégeait l’habitation seigneuriale.
Le donjon, tour carrée d’une vingtaine de mètres de hauteur, possédait 4 niveaux : un niveau de basse-fosse sans ouverture possédant salles et caves voûtées, et 3 étages avec fenêtres.
Les murs, percés de trous de boulin, sont en granite. A l’extérieur, aux pieds du donjon, une grille donne sur l’ancienne citerne.
Au sommet, les vestiges de pans de murs, ayant une forme vaguement humaine, sont appelés le roi et la reine.
Le château possédait sa chapelle castrale, desservie par un chapelain. Le rocher sur lequel était construit le château fut miné lors de l’agrandissement de l’église.
L’église Saint-Étienne
Alors que l’ancienne chapelle romane était devenue trop petite, le baron Bernard d’Escotay fit construire une nouvelle église à l’extérieur des remparts. Elle fut consacrée en 1217 par Bernard de Chabert, archevêque d'Embrun, au nom de Renaud de Forez, archevêque de Lyon, sous le vocable de Saint-Étienne.
Elle se composait alors d’une simple nef à trois travées voûtées en berceau (soutenues par des piliers massifs et carrés) et d’une abside en cul de four voûtée en plein cintre. Un clocher-mur à deux arcades jumelles surmontait l’arc d’entrée dans l’abside.
Des reliques de saint Pancrace, le deuxième des saints de Glace entre saint Mamert et saint Servais (fêté le 12 mai), y furent apportées au cours du XIVe siècle. S’ensuivit un pèlerinage qui se continua jusqu’au XIXe siècle. Pancrace est le saint patron des enfants et des adolescents (il est mort en martyr en l’an 304 à l’âge de 14 ans lors des persécutions de Dioclétien à Rome) mais est aussi invoqué pour la protection des animaux domestiques.
Au XVe siècle, Jean de Lavieu, seigneur d’Écotay, et sa femme Marguerite de Balzac d ́Entragues, firent construire une chapelle au nord de la nef. On retrouve leur blason à la croisée de la voûte d’ogive.
En 1842, dans un état critique, le curé Jean-Marie Rival, professeur au séminaire de Verrières, décida de faire des travaux et d’agrandir l’église. Ne comprenant certainement rien à la symbolique des orientations, ni lui ni l’architecte Jean Giron, il rajouta à l’ouest (argh…le soleil couchant, le passage, la mort) un transept et un nouveau chœur, couvert d’une coupole octogonale et surmonté d’un clocher crénelé pour rappeler le château féodal. L’ancien chœur, à l’est, reçut les fonts baptismaux (arghhh…. Ceux qui doivent se tenir au nord, dans l’ombre, juste après l’entrée du sanctuaire, sur des réseaux telluriques et un courant d’eau souterrain ou sa représentation !)
Deux chapelles latérales formant le transept furent également ajoutées. Pour cela, il fit détruire un pan du rempart du château et creusa le rocher pour trouver la place nécessaire.
En 1846, c’est l’impératrice Eugénie de Montijo (épouse de Napoléon III) qui apporte une contribution financière, ce qui permet de terminer les travaux. Pour stabiliser les murs et les voûtes, un porche fut accolé au portail en 1860.
http://www.ecotaylolme.fr/fr/information/73448/historique
https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89cotay-l%27Olme
https://patrimoine.auvergnerhonealpes.fr/dossier/presentation-de-la-commune-d-ecotay-l-olme/0487f678-ce29-4d93-a9f8-647209818623
Conférence d’Anne-Christine Ferrand, responsable du Pays d’art et d’histoire du Forez (18 mars 2014)