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lieux sacrés
28 juin 2013

Saint-Euphrône de Corancy

Corancy_1Le nom du village, cité en tant que Corensi en 1193, puis Coranceyum au XIVe siècle, proviendrait du nom d’un propriétaire terrien, accolé au suffixe « iacum », d’origine gauloise, latinisé en « eyum » au XIIe, marquant la propriété et la localisation. La présence d’une tribu éduenne est attestée par les fouilles archéologiques. L’endroit était même habité dès la fin du néolithique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Corancy_2L’église actuelle, dédiée à Saint-Euphrône, évêque d’Autun du Ve siècle, fut construite au XVe siècle sur l’emplacement d’une ancienne église romane, datant du XIIe. Il ne reste de l’ancien édifice que des traces à la base du clocher.
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Corancy_4De plan rectangulaire, l’église présente une nef voûtée en arc segmentaire, suivie d'un avant-chœur supportant la tour-clocher, puis d'un chœur à chevet plat, composé de deux travées.

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Corancy_5De chaque côté du chœur, des chapelles, voûtées en berceau brisé ou en voûtes d’ogive.

 

 

 

 

 

 

Corancy_6Dans un coin, derrière une vitre sale et embuée totalement opaque, la statue en pierre de sainte Marguerite, mains jointes, dominant un dragon couché à ses pieds date du XVIe siècle. Elle proviendrait, selon la tradition, du site de Faubouloin. C’est là bas, à quelques kilomètres, que les sources miraculeuses et la chapelle Notre-Dame du Frêne nous attendent.

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28 juin 2013

Faubouloin


Corancy_source_Sainte_Marie_6Pour planter le décor, imaginez une colline dominant d’un côté les gorges de la rivière Oussière, recouverte d’une forêt humide, luxuriante, et par-ci, par là, des amas rocheux recouverts de mousse. Pour ceux qui ont lu Tolkien, le hameau le plus proche s’appelle « Lorien »…

 

 

 

 

 

Corancy_fraxinus_excelsior_1aLe site de Faubouloin devait être aux temps anciens un lieu de culte défensif. La toponymie nous apprend qu’ici se trouve l’endroit du frêne de Belen : fau, ou fou, le hêtre en patois local, et bouloin, le dieu Belen. Il existe d’autres oppidums alentours, entourés de murailles de pierres et de fossés, dont un de l’autre côté de la gorge, l’éperon barré du Fou de Verdun (Verdunum, le haut-lieu, le lieu qui domine), lié à Faubouloin. L’arbre sacré, le Fou de Verdun, replanté de génération en génération, marquait l'entrée de l'oppidum.

 

 

 

 

 



La chapelle

 


Corancy_Notre_Dame_du_Fr_ne_1La chapelle, appelée Notre-Dame-du-Frêne ou Notre-Dame-de-Grâce de Faubouloin, dont le toit en ardoises est surmonté d'un clocheton, fut reconstruite au XVIe siècle (1558 est gravé sur la porte d’entrée), vraisemblablement sur l’emplacement d’un bâtiment plus ancien. De forme rectangulaire (20m de long sur 7m de large), elle est orientée nord-est/sud-ouest, la partie nord/est, le chevet, étant la plus ancienne.

 

 

 

 


Corancy_Notre_Dame_du_Fr_ne_4Le chevet possède des murs de plus d’1m d’épaisseur et une fenêtre murée. Les murs de la nef, plus récente, sont  nettement moins épais.

 

 

 

 

 

 


Corancy_Notre_Dame_du_Fr_ne_3A l’intérieur on retrouve, au pied du chœur, une pierre qui pourrait avoir été une dalle d’autel, voire plus encore. Placée au-dessus du chœur, la statue polychrome de Notre-Dame, célébrée chaque année lors d’un pèlerinage qui a lieu le 15 août, pour l’Assomption de la Vierge.

 

 

 

 

 

 

Corancy_Notre_Dame_du_Fr_ne_2Aux temps anciens, les pèlerins faisaient aussi le déplacement le lundi de Pâques et le 8 septembre, fête de la Nativité de la Vierge Toutes ces dates ne sont pas anodines. Ces mêmes pèlerins n’allaient pas à la chapelle sans passer par les trois sources miraculeuses, la fontaine Sainte-Marguerite, la fontaine Sainte-Marie et la fontaine du Frêne. Ils se rendaient ensuite auprès du Fou de Verdun, où la fête profane succédait à la fête religieuse.

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Les fontaines



Corancy_source_Sainte_Marguerite_1Le bassin et l’encadrement en granit de la fontaine guérisseuse Sainte-Marguerite sont surmontés d’une croix en métal scellée dans la pierre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Corancy_source_Sainte_Marguerite_2On lui prêtait le pouvoir de guérir les animaux domestiques, les "bavous" et les "bitous", c'est-à-dire en patois local les malades atteints de stomatite ou de conjonctivite.

 

 

 

 

 

 

 

Corancy_source_Sainte_Marguerite_3Elle protégeait les femmes enceintes et leurs futurs bébés, leur assurant un accouchement facile. On lui demandait d’écarter l’orage et de chasser les démons.

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Corancy_source_Sainte_Marie_1La fontaine Sainte-Marie, située sous un amas de rochers moussus, est entourée d'une structure en pierre très rudimentaire.

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Corancy_source_Sainte_Marie_3Elle avait une fonction oraculaire : les femmes jetant dans l’eau un petit vêtement d’enfant malade attendaient qu’il coule (issue fatale pour l’enfant) ou qu’il surnage (guérison proche).

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Corancy_source_Sainte_Marie_5Les femmes pouvaient également demander la protection des animaux domestiques au moyen d’une offrande : de la cire pour faire revenir des abeilles, de la laine pour guérir des moutons par exemple.


 

 

 

 


Corancy_source_du_Fr_ne_3La fontaine du Frêne, la plus puissante des trois sœurs, se mérite. Située plus loin de la chapelle, difficile à trouver, elle est à peine christianisée comme son nom l’indique. Cette fois, l’eau miraculeuse prend les fonctions de guérison de toutes les maladies, de fécondité des terres, des animaux et des gens.

 

 

 

 

 

 

 

 

Corancy_source_du_Fr_ne_4Les récoltes étaient mises sous sa protection, la pluie lui était demandée en temps de sécheresse. Elle procurait le mariage pour les jeunes filles qui accomplissaient le rituel suivant : après avoir bu de l’eau, elles allaient planter une feuille de houx sur le tronc du frêne sacré voisin, aux pieds duquel elles jetaient une pièce de monnaie en récitant une prière.

 

 

 

 

 

 

 

 

Corancy_source_du_Fr_ne_1Le frêne n’existe plus, il est donc remplacé à l’heure actuelle par un chêne qui pousse un peu plus bas. Car soyez sûrs qu’encore de nos jours le rituel se pratique. On raconte qu’au siècle dernier, le curé de Corancy, voulant en finir avec ces diableries, alla retirer toutes les épingles du tronc et les mis dans sa poche afin de les jeter plus loin. Les épingles entrèrent alors dans sa chair jusqu’à ce qu’il les rapporte près de la fontaine…


 

 

 

 

 

 

Corancy_source_du_Fr_ne_5Moi, je n'y ai trouvé que trois petites salamandres en devenir.

Corancy_Salamandre

 

 

 

 

 

 

Corancy_source_du_Fr_ne_2Tout ceci, vous l’aurez compris, est issu d’un très ancien culte celtique, druidique, de l’eau, de l’arbre et de la pierre. Le christianisme a essayé de détruire ces croyances païennes en associant la fontaine à une sainte et l’on dit maintenant qu'en remplissant une bouteille avec les eaux des trois sources, à raison d'un tiers par source, et en faisant ensuite congeler la bouteille, on peut y apercevoir la Vierge Marie. Mais le bon sens paysan a quand même conservé les rituels, ce qui est quand même le principal.

 

 

 

 

 

 

Corancy_Notre_Dame_du_Fr_ne_5Pour une explication plus poussée de la symbolique du lieu, connaître les contes et légendes reste la meilleure solution. Les légendes se rapportant à Notre-Dame-du-Frêne sont nombreuses, et pour ceux qui savent lire, très explicites.

 

 

 

 

 

 

 

 


Les légendes



Tout d’abord il y eut un premier sanctuaire, planté sur l’éperon rocheux dominant le confluent. Ce qui dérangea fortement le diable, le « Peuh », qui s’adressa aux deux rivières, leur demandant de miner la base de la colline. Une bonne fée passant par là alors que les rivières étaient occupées à débattre de laquelle d’entre elles était la plus forte, profita de la querelle pour changer la pierre friable en granit très dur.

Certains disent qu’un mégalithe se trouvait planté en ce lieu, pierre druidique consacrée à trois dames sœurs. C’est certainement la transposition d'un culte ancien dédié aux Mâtres : aussi appelées matrae ou encore matrones, les Mâtres étaient des déesses mères protectrices, symboles de la fécondité. Elles étaient représentées par groupe de trois. Elles tenaient sur leurs genoux des fruits dans une corbeille ou une corne d'abondance, ou bien elles versaient sur la terre le contenu d'une patère ou coupe. Parfois, l'une d'entre elles portait dans son giron un nourrisson qu'elle allaitait.

Puis vint le christianisme et la légende de l’âne de saint Martin qui aurait sauté de l’un à l’autre des éperons barrés de Faubouloin et de Verdun. La présence de Martin, lié à la destruction des lieux druidiques et des mégalithes, prouve encore une fois que se tenait là quelques pierres levées.

Une autre légende raconte que deux bûcherons allant s’abreuver à la fontaine du Frêne, trouvèrent dans le tronc de l’arbre une statuette de la Vierge qu'ils décidèrent de porter en l'église de Corancy. Le lendemain matin, on retrouva la statue dans son arbre. Les gens du village décidèrent alors d’aller la chercher en grande pompe avec une charrette décorée de fleurs, mais les bœufs refusèrent d’avancer. La statue se posa finalement d'elle-même contre un rocher sur lequel on construisit la chapelle.

Une variante raconte que les murs du premier sanctuaire qu’on bâtit pour la statue s’écroulaient tous les matins, et que, de rage, un maitre maçon jeta son marteau en disant que là où il tomberait il construirait. Il atterrit, bien sur, près du rocher de l’actuelle chapelle. Une autre variante parle du jet du marteau parti de l’ancien oppidum de Verdun.

La légende du lancer du marteau peut avoir une première explication : quand la construction d’un édifice était décidée, les compagnons se rassemblaient et élisaient leur chef. Celui-ci, au commencement du chantier, lançait son marteau devant lui, l’endroit où il tombait devenant le point zéro, le centre du chœur. Ce point était bien sur déterminé depuis longtemps, le geste du maitre n’étant qu’un élément de la cérémonie qui établissait la légitimité de sa fonction.

Mais cette légende du lancer de marteau se retrouve souvent aux emplacements de très anciens cultes, comme à Orcival ou à Colombier ou bien à Avenas ou encore à Notre-Dame-du-Cros. Les anciens dieux comme Sucellus ou Thor entrent en jeu, accompagnés de leurs parèdres, fées, déesses gauloises ou Mâtres gallo-romaines.


http://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_de_Faubouloin
http://www.communedecorancy.com/index.html
https://sites.google.com/site/montbeuvray/corancy%28ni%C3%A8vre%29

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