Historique
Le site mégalithique le plus connu de Corse, sur la butte de Turicchju près du hameau de Filitosa, fut habité dès le Néolithique Cardial, c'est-à-dire vers 6 000 avant notre ère d’après les archéologues.
A cette époque, les hommes étaient devenus éleveurs et agriculteurs. Ils se construisaient des huttes sous les taffoni (du mot corse taffone qui signifie « trou », au singulier u taffonu. Phénomène géologique d’intervention des éléments (vent, pluie, sel et soleil) qui creusent les pierres par dessous, formant des abris).
Vers -3 500 ils mirent en place les premiers menhirs, certainement aussi sous forme d’alignements.
Vers -1 600 apparurent les Shardanes ou Torréens, envahisseurs et conquérants, issus de Méditerranée Orientale ou d'Asie Mineure (Libye ou Phrygie). C’est à cette époque que les menhirs prirent une forme anthropomorphe, et que des armes furent gravées sur leur corps.
Ils devinrent statues de guerriers, le culte du héros remplaçant celui de la Déesse-Mère.
Les Torréens chassèrent les premiers habitants vers le nord et s’installèrent à Filitosa. Ils détruisirent les mégalithes, les cassant en morceaux, les enterrant face contre terre, s’en servant comme matériau de construction de leurs propres temples, les torres.
Puis le site fut occupé par les romains, puis par des moines au Moyen-âge, et fut oublié. C’est sur la butte de Turicchju que Charles-Antoine Cesari, propriétaire des lieux, retrouva la première pierre sculptée en 1946.
En 1956 l’archéologue Roger Grosjean se rendit sur place et commença les fouilles. Elles dureront jusqu’en 1972.
Il mit au jour les vestiges d’un village néolithique et une série de monolithes représentant des guerriers armés d’épées et de poignards. La tradition populaire appelait ces mégalithes I Paladini, les paladins ou chevaliers.
Le circuit touristique
La visite commence par une pierre levée. Les pierres levées, ou statues-menhirs (stantare en corse qui signifie être debout), furent retrouvées sur le site de Filitosa, et ailleurs dans la vallée du Taravu, à Barcaju, à Tappa.
Elles furent ensuite posées le long d’un parcours fait pour les touristes.
Des numéros leurs sont attribués, ainsi que le nom du village où elles furent trouvées. La première porte le nom de Filitosa V, la mieux armée des statues-menhirs de Corse : une longue épée, un poignard en oblique dans son fourreau.
Elle mesure 2,95m de haut, 0,96m de large et pèse 2 tonnes. Dans son dos la représentation de la colonne vertébrale et des omoplates. La tête est manquante.
Puis nous arrivons sur un plateau, éperon rocheux orienté nord/sud, dominant la plaine traversée par deux ruisseaux: le Barcajolo et la Sardelle.
Les restes d’une muraille cyclopéenne, l’enceinte qui entourait toute la colline, marque l’entrée de la plateforme de surveillance est, probablement un poste de garde. Le monument, ancien tumulus, fut comblé par les torréens.
Sur la gauche, des abris sous roche ou taffoni, témoins de l’occupation du site au Néolithique Ancien (-8000).
Le monument central, situé au point le plus élevé du plateau, devait être à vocation religieuse.
Les torréens ont encastré dans les murs de leur torre des fragments de mégalithes (32 fragments ont été répertoriés).
Plusieurs de ces statues-menhirs ont été retirées du parement et posées sur le mur.
Parmi elles, Filitosa IX, considéré comme l’un des sommets de l’art mégalithique corse. Ces pierres ont du faire partie d’un ancien alignement, comme ceux de Palaghju, I stantari ou celui de Renaghju.
Ce torre, de 16m de diamètre, remanié à plusieurs époques, fut autrefois recouvert d’un dôme (voûte en encorbellement). L’intérieur, la cella, servit aussi de sépulture.
La statue menhir appelée Filitosa VI se trouve derrière le monument central. Les trois fragments sont posés côte à côte sur le rocher.
Un peu plus bas fut construit le monument ouest, de 18 m de diamètre. C’est lui aussi un torre, qui prend appui sur des anciens aménagements mégalithiques.
Vu son emplacement, ce probable centre cultuel servit occasionnellement à la défense collective.
Sa partie centrale comporte deux chambres desservies par des couloirs. On accède à l’annexe sud par quelques escaliers.
Après être descendus du plateau, nous arrivons dans le vallon du Barcajolo.
Le pont passé, nous arrivons en vue d’un olivier âgé de plus de 1 200 ans. Il est entouré de 5 statues-menhirs récupérées et posées là pour faire joli.
Il s’agit des premières statues retrouvées sur le site et d’une autre trouvée à Tappa.
A mon avis, l’olivier porte plus de mystère que ces pauvres mégalithes déracinés.
La visite se poursuit pour les plus courageux en remontant la petite colline faisant face au site principal. C’est là que nous allons trouver une carrière de pierres,
un rocher appelé le « dinosaure » en raison de sa forme bizarre,
et quelques menhirs parsemés. Les touristes en général ont fait demi-tour, ce qui n’est pas pour me déplaire.
Le chemin du retour contourne l’escarpement par le sud. Là, près des saules bordant la Sardelle, des taffoni prennent la forme d’animaux étranges. On commence à se sentir mieux. Pas un bruit, pas un homme. C’est peut-être aussi grâce à ça.
Le chemin remonte vers l’entrée du plateau et passe devant l’ancienne enceinte en gros appareil. Il n’en reste qu’une partie de mur, mais elle était bien triple, signe que les premiers corses maitrisaient les énergies telluriques.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Filitosa
http://kyrnet.online.fr/filitosa.htm
http://www.paradisu.info/filitosa.html