L’étymologie de Marsat viendrait de "mar "et "ac" en langue d’oc, " lieu où l'eau coule en abondance". Ou de Martialis, Martiacus, Marsacum ou encore oratorium Marciacense, l’oratoire de saint Martial. Marsat porte le plus ancien titre marial de France.
Marsat est un village construit sur une ancienne coulée de lave, où en effet les sources sont abondantes. Il n’est pas étonnant qu’en cet endroit un culte de la déesse des eaux se soit développé, repris par la suite par le christianisme.
La première mention d’un oratoire dédié à la vierge remonte à l’histoire de saint Martial (un des sept évêques envoyés de Rome en Gaule en mission d’évangélisation vers les années 250). Martial aurait fondé un premier sanctuaire et l’aurait doté de précieuses reliques ayant appartenu à Marie, dont la ceinture qu'elle perdit lors de son assomption.
Au Ve siècle, Sidoine Apollinaire parle du village comme de Martialis. Puis Grégoire de Tours mentionne Marsat entre 537 et 590 dans son "De gloria martyrum". Il y fut le témoin d’un miracle :
« "In Oratorio Marciacensis domus, Virginis Reliquiæ continentur." On conserve de ses reliques dans l'oratoire du monastère de Marsat, en Auvergne. Je m'y rendis à l'époque de la fête afin d'y célébrer les vigiles. Comme je me dirigeais vers l’oratoire, par une nuit obscure, je vis de loin se projeter par les fenêtres une vive clarté, telle qu'auraient pu la produire une quantité de lampes et de cierges. Je m'approchai de la porte, pensant que quelques personnes pieuses nous avaient devancés pour dire les vigiles. Je frappe, personne ne répond ; la porte était fermée à clef et tout plongé dans le silence. Qu'ajouterai-je ? J'envoyai vers le gardien chargé de fermer, pour qu'il cherchât la clef et qu'il ouvrît. En l'attendant et pendant que, restés dehors, nous allumions un cierge, la porte s'ouvrit d'elle-même. Nous entrons, et tout à coup la noire fumée de mes péchés, je suppose, dissipa la clarté que nous admirions du dehors, car elle s'éteignit à l'apparition de notre cierge. Je ne puis m’expliquer cette clarté autrement que par la vertu de la glorieuse Vierge. »
Au VIIe siècle, Saint Priest, évêque de Clermont, avec l’aide du comte d’Auvergne Genest, fondèrent un monastère de femmes chargées de veiller sur les reliques. Il est mis en relation étroite avec l’abbaye de Mozac, et comme elle, placé sous la règle bénédictine. La légende raconte qu’en 916, la vierge protégea le village de l’invasion normande.
En 1095, le monastère est rattaché à Cluny, à la suite de Mozac. S’ensuit une période de prospérité, due aux pèlerinages et aux processions : il accueillit jusqu’à 60 moniales. Plusieurs rois de France y vinrent honorer Notre-Dame.
La construction de l’église des moniales commença au XIe siècle. Au XIIe et XIIIe siècles, les religieuses devant rester cloitrées sans rapport avec l’extérieur, une seconde nef fut construite à côté pour les paroissiens.
Louis XI en 1465 fit un don de 50 livres tournoi par an, afin que l’on puisse y célébrer une messe quotidienne en l’honneur de la vierge à qui il attribue sa victoire sur les partisans de la ligue des biens publics. Au XVIe siècle la population s'étant fortement développée, la nef consacrée aux religieuses fut cédée à la paroisse et des ouvertures furent pratiquées, donnant à l'église son aspect actuel.
En 1631, la grande peste épargna Marsat, ce qui fut attribué à la Vierge. Le monastère déclina alors jusqu’à la révolution où il fut partagé en 39 lots : les bâtiments conventuels et le cimetière servirent de carrières de pierre, le jardin fut transformé en cour commune. A l’heure actuelle ne subsiste du prieuré que la porte d’enceinte, l’espace claustral dont les colonnes ont disparu au début du XXe siècle et l’église Notre-Dame.
L’église
Elle comporte deux nefs accolées.
La plus ancienne, au nord, date du Xe ou XIe siècle. Elle est prolongée par un chœur à chevet plat du XIIe, où se trouve Notre-Dame de Marsat, la vierge noire.
Dans une niche sont exposés des pièces d’orfèvrerie religieuses, comprenant une croix reliquaire dite de la Sainte-Epine (qui protège en son centre une épine de la couronne du Christ) et ses deux chandeliers d’époque Louis XIII, les couronnes offertes par les fidèles pour le couronnement de la Vierge en 1939, des petites statues de bois, une Pieta.
Dans la chapelle du rosaire une vierge romane en majesté du XIIe siècle, peut-être une copie de la première.
Dans la nef, un « atlante » supporte une colonne. Sa figure est très lunaire.
Suspendue à la voûte, une roue de cire votive, la « roda ». C’est à la suite d’un vœu remontant à l’époque de l’invasion des normands en 916 que les habitants, en témoignage de leur reconnaissance, brûlaient chaque année une longueur de cire égale à la circonférence de la ville.
La roue était déposée sur deux pierres à l’entrée du sanctuaire, avant d’être brûlée. Cette coutume se transmit avec beaucoup de régularité jusqu’à la révolution, le dimanche de juin qui suit la saint Amable. De nos jours, le pèlerinage a lieu le soir du premier samedi ou l'après-midi du premier dimanche du mois de mai.
La roue en bois que l’on voit, d’un poids de 22 livres, date du XVIIIe siècle, le fil de cire actuel de 1939. La roue de cire actuellement suspendue dans la nef nord, date de 1792, le fil de cire actuel date de 1939, il a été changé pour la cérémonie du couronnement. On retrouve semblables coutumes coutume à Moulins, Montpellier et Montferrand.
La deuxième nef, au sud, romane du XIIIe siècle à l’origine et voûtée en berceau, fut refaite en 1440 en style gothique avec des voûtes en croisée d’ogives. Le chœur de forme octogonale fut reconstruit après sa destruction en 1364.
A l’entrée, un bénitier réalisé dans un ancien chapiteau.
Le portail, dont les colonnes et chapiteaux datent du XIe siècle, fut déplacé vers 1625 lors de la réunification des deux nefs. La croix en pierre de Volvic date du XVe siècle.
Le clocher octogonal fut reconstruit en 1785 et portait une flèche de 16 m de haut, détruite en 1794.
Le cloître
Daté de la première moitié du XIIIe siècle, il n’en reste que deux faces de la galerie voûtées d'arêtes, la salle capitulaire et les jardins.
Les galeries restantes comportent des baies géminées dont les arcs en plein cintre reposent sur des doubles colonnettes formées de fûts cylindriques couronnés de chapiteaux à crochets. Les bases des colonnettes sont ornées de griffes.
Quelques vestiges se retrouvent dans les maisons alentours.
La vierge noire
La statue actuelle est l’une des plus belles vierges noire en majesté d’Auvergne. Sculptée dans un tronc de noyer, elle mesure 80 cm de haut et date du XIIe siècle.
Comme la plupart des vierges noires, elle possède de longues mains.
La cathèdre a disparu et les vêtements furent retouchés et dorés vers 1830, époque où elle fut restaurée et transformée en vierge noire.
Cette vierge noire surprend. Bien cachée dans la partie nord de l’église, à l’abri des rayons du soleil, on la découvre au dernier moment. Et c’est alors que sa magie opère.
http://www.samarsat.com/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Marsat
http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=150
http://www.notredamedessources.com/V2/relais/imagesmarsat/Marsat5.jpg