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lieux sacrés
29 août 2016

Plouhinec, la grotte de Menez Dregan

 

Plouhinec Menez Dregan 5

Sur la commune de Plouhinec, entre le petit port de Pors-Poulhan et la plage de Gwendrez, au bord d’une falaise recouverte d’ajoncs et de bruyères, se tiennent plusieurs témoins majeurs du passé immémorial de la Bretagne.

Plouhinec Menez Dregan 1

 

 

 



Homo heidelbergensisLe plus ancien, la grotte de Menez Dregan, fut habité vers la fin du Paléolithique inférieur, il y a environ 465 000 ans, par de lointains ancêtres que l’on nomme Homo heidelbergensis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Dregan 22aCes premiers hominidés possédaient déjà une certaine culture et avaient développé une forme de rituel funéraire. Ils fabriquaient des lances à pointe de pierre et des outils en silex, maitrisaient le feu et certains chercheurs pensent qu’ils possédaient une forme de langage rudimentaire.

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Dregan 4La grotte de Menez Dregan fut façonnée par la mer dans une falaise il y a 1 million d’années. A l’époque des premiers hommes qui s’y abritèrent (sous un climat tempéré et océanique), l’eau s’était retirée de 10km, laissant derrière elle une plaine herbeuse fréquentée par des troupeaux de grands herbivores.

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Dregan 3La grotte formait ainsi un abri stratégique en hauteur. Elle mesurait environ 15 m de profondeur, 7,5 m de largeur pour une hauteur de 3 m (marrant ce carré long, connaisseurs les anciens…). La grotte est protégée par des plaques métalliques en dehors de la période des fouilles. 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Dregan 20Les hommes y laissèrent des traces à chacun de leurs passages, recouvertes par des dépôts marins lors de la montée des eaux (en période interglaciaire), formant des couches superposées qui furent protégées plus tard par les pierres de la voûte du toit qui s’effondra.  

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Dregan 19Le site archéologique fut découvert par Bernard Hallégouët en 1985. Les fouilles furent commencées en 1991 et mirent à jour un outillage taillé sur galets (le silex étant absent du sous-sol breton, les hommes se servaient des galets de silex apportés par les marées), des ossements d’animaux, mais surtout du charbon de bois qui montra que ces hommes utilisaient le feu. Ces foyers sont l'une des plus anciennes traces de feu maîtrisé connues à ce jour.

 

 

 

 

Plouhinec Menez Dregan 23eLa première couche archéologique correspondant à une occupation humaine remonte à – 465 000 ans. La deuxième à – 400 000 ans, la troisième à – 380 000 ans, où un foyer entouré de 8 pierres disposées en cercle fut retrouvé. La dernière date de – 250 000 ans. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Dregan 1

https://fr.wikipedia.org/wiki/Menez_Dregan

https://fr.wikipedia.org/wiki/Plouhinec_(Finist%C3%A8re)

http://www.hominides.com/html/lieux/menez-dregan.php

http://audierne.info/la-grotte-de-menez-dregan/

http://commonculturalconnections.maritimearchaeologytrust.org/a-shared-heritage/case-study-4

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29 août 2016

Plouhinec, le site mégalithique de la pointe du Souc'h

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 12Au sommet du plateau dominant la mer, à 100m  au nord de la grotte de Menez Dregan, se dresse ce que les archéologues nomment la nécropole mégalithique de la pointe du Souc'h.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 14Elle est constituée de plusieurs sépultures néolithiques, cinq dolmens et une tombe du Néolithique moyen, s’étalant entre 4 500 et 2 500 ans avant notre ère. Mais le site fut occupé dès le Mésolithique (pour preuve les outils en silex retrouvés), et si j’en crois mon intuition, son existence remonterait à bien plus loin en arrière.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 35aCet endroit particulier, qui fut réutilisé au fil du temps, aurait mérité qu’une chapelle s’y dresse au lieu d’un corps de garde. Les sensitifs, allez vous tenir sur l’emplacement de la première chambre, face à l’océan, vous comprendrez.

Plouhinec Pointe du Souc'h 15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 30Le site archéologique est connu depuis le XIXe siècle et la première fouille fut faite dès 1870 par Alexis Grenot qui découvrit différentes structures internes du cairn, mais aussi de nombreux outils, des haches polies, et un type de vase particulier au site que l’on nomme depuis « poterie de Souc'h ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Plouhinec Pointe du Souc'h 18Malgré son intérêt, le site continua d’être utilisé comme carrière de pierre, et ce jusqu’en 1979, quand il fut classé aux Monuments Historiques. (photo du site avant réhabilitation)

Plouhinec Pointe du Souc'h 35

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h plan 4Les fouilles reprirent en 2001 jusqu’en 2006, qui permirent de repérer 6 phases de construction. Le cairn fut restauré, le dolmen central (le plus récent) reconstruit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Plouhinec Pointe du Souc'h 19Le premier monument construit se situe à l’extrémité sud/ouest. C’est une fosse de 2,15 m de long sur 1,20 m de large, creusée dans le sol jusqu’au gneiss. Des pierres plates étaient plaquées contre le bord de la fosse.

 

 

 

 

 

 

Plouhinec vaseUne datation au Carbone14 d’un charbon de bois donne  4530 à 4360 avant notre ère (Néolithique moyen I).  Les fouilles dégagèrent une hache polie, un briquet de silex et de pyrite, des flèches, un grand vase à fond rond et une bouteille en terre cuite.



Plouhinec Pointe du Souc'h 20Puis, vers 3 900 avant notre ère (Néolithique moyen II), une structure fut bâtie au nord/est, détruisant la partie nord du premier tertre : un cairn dont le centre était occupé par un dolmen à couloir.

 

 

 

 

 



Plouhinec Pointe du Souc'h 27Viendront s’ajouter ensuite 2 dolmens compartimentés un peu plus au nord datés de 3 310 à 2 910, puis un dernier reliant les deux structure.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 13aLe cairn atteint alors 40m de long sur 10m de large et 5m de haut.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 25Il sera réutilisé au Néolithique final avec la construction en son centre d'une dernière sépulture où furent retrouvés des perles en pierre, des céramiques et des poteries prouvant que l’endroit fut aussi utilisé au Chalcolithique (transition entre le Néolithique et l’Age de bronze).

 

 

 

 

 

 

 

 



Plouhinec Pointe du Souc'h 33Le couloir latéral est fermé par une porte de forme ogivale.

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 21

 

 

 

 

 

 

 

 

 



Quartz laiteux 2Sous le parvis du cairn furent retrouvés de nombreux galets de quartz laiteux(ou girasol), concentrés près des entrées des couloirs d’accès aux chambres. Ben oui, on essuie ses pieds avant d’entrer quand même !  

 

 

 

 



Plouhinec Pointe du Souc'h 4aPlus bas, en direction de Menez Dregan, un autre petit dolmen pointe le bout de son nez au milieu des fougères.

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 11Continuons la ligne passant par Menez Dregan et la pointe du Souc’h. Nous trouvons alors, quelques 100m plus loin au nord, un dernier dolmen, sans sa table sommitale tombée à terre.

Plouhinec Pointe du Souc'h 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Plouhinec Pointe du Souc'h 17Le corps de garde du Souc’h fut construit en 1747. Il fait partie système d'ouvrages défensifs des côtes françaises dont la construction débuta sous le règne de Louis XIV qui les fit édifier par Vauban, commissaire général des fortifications, dans le but d'assurer la sécurité des frontières maritimes.

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 40

 

 

 

Il constituait un maillon de la chaine ininterrompue des postes de guet armés de batteries de canons qui défendaient le littoral. Bien situé, il contrôlait visuellement toute la baie et pouvait signaler à d'autres forts les mouvements suspects de vaisseaux ennemis.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Pointe du Souc'h 41

Sous les ordres d'un chef de poste, des guetteurs signalaient, par des pavillons, des feux, ou des coups de canons à blanc, les mouvements suspects des navires ennemis. Désaffecté au XIXe siècle, menaçant ruine, il fut acquis et restauré en 1997 par le Conseil Général avec l'aide de la commune de Plouhinec.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9cropole_m%C3%A9galithique_de_la_Pointe_du_Souc%27h

http://www.plouhinec-tourisme.com/

29 août 2016

Plouhinec, l’allée couverte de Menez Korriged

 

Plouhinec Menez Korriged 17aPetite crique devenue port il y a 100 ans, Pors-Poulhan, situé à quatre kilomètres du bourg de Plouhinec, marque le partage des eaux entre le Cap Sizun et le Pays bigouden.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 2Sur la petite falaise dominant le port se dresse fièrement le Menez Korriged, une allée couverte ayant subi bien des déboires.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 3Dès 1825, mon ami Christophe-Paulin de la Poix de Fréminville décrivit l'allée couverte de Pors-Poulhan comme « l'un des plus beaux et plus grands dolmens de tout le Finistère ».

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 10Ce qui ne l'empêchera pas d'être mis à mal par une activité d'extraction de pierres de construction dès le Moyen-âge (la dalle de couverture s’inclina à force vers la fin du XIXe siècle), d'être utilisé au début du XXème siècle comme remise à charrettes et enfin d'être dynamité par les allemands en 1942, parce qu’il gênait la visibilité d'une batterie côtière.

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 6Ce site mégalithique, acquis par le Conseil Général, fut néanmoins fouillé entre 1986 et 1987, puis enfin restauré entre 1988 et 1989 grâce à différents plans, dont une lithographie du XIXe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 1aDe plan naviforme, orientée est/ouest et longue de 10,80 m, l’allée est composée de 16 piliers sur deux rangs parallèles, qui supportaient à l'origine trois ou quatre dalles de couverture (deux sont conservées à ce jour).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 7La fouille a révélé une conception architecturale particulière, que l'on retrouve principalement dans la péninsule ibérique, et un riche mobilier (poteries, armes, outils, bijoux) attestant un usage de sépulture, sur un temps assez long, de la fin du néolithique (entre 3300 et 2800 avant notre ère) à l'époque gallo-romaine(urnes cinéraires -contenant des cendres- retrouvées enfouies).

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 8Mais rien ne prouve qu’elle ait été construite dans ce but particulier : les églises romanes n’ont pas été bâties pour être des sites funéraires, on y trouve pourtant parfois des sépultures, toujours de personnages « importants » d’ailleurs…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 4Au centre se trouve la chambre « funéraire » dont l'entrée est rétrécie par un petit pilier sur lequel s'appuyait la dalle de fermeture, retrouvée brisée.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 9Orientée est/ouest, la chambre est fermée à l'est par une dalle de chevet derrière laquelle se trouve une cella (petite cellule), précédée d'un parvis ogival limité par les pierres dressées.

Plouhinec Menez Korriged 11

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 19aA l'origine, un tertre recouvrait la chambre funéraire. Devant l’entrée, à l’est, un parvis dallé, en bordure une ceinture de petites pierres dressées: le périsalithe.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Menez Korriged 12Selon la légende, l'allée couverte représentait l'autel des sacrifices. Chaque mois d'août, un homme était immolé pour obtenir un temps favorable pour la récolte.

Les dépressions existantes sur la table de couverture inclinée, laissaient couler le sang. Cette légende date du XIXe siècle, puisque avant la dalle n’était pas inclinée. Mais que nous apprend l’étymologie de cette allée couverte ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Korrigan 1ab

Menez en breton, c’est une montagne, un terrain en hauteur. Korriged est issu de « korr », le nain, suivi du diminutif « ig » et du pluriel « ed ». Nous sommes en présence de la montagne des petits nains. Nous les connaissons actuellement sous le nom de korrigan, généralisation de nombreux termes désignant des esprits de la nature liés à la terre. En effet, le petit peuple breton est riche et diversifié.

 

 Korrigan 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Korrigans 20

Nous trouvons, au travers des différentes régions, des kornikans, kourrils, korrigs, korils, courils, corrics, komaudons, korandons, kormandons, kérions, kriores, kéréores, boudics, boudiguets, fomiquets, folliquets, chorriquets, poulpiquets, polpicans, boléguéans, nozegans, ozégans, hoseguéannets, teuz, duz et autres bouffon noz, qui jouent dans les grottes, les tumuli, les dolmens, les menhirs, les sources, les fontaines et les landes.

 

 

 

 

 

 

 

 

http://www.keris-studio.fr/blog/?p=6952

http://fr.topic-topos.com/allee-couverte-de-menez-korriged-plouhinec

Les dessins sont de Pascal Moguérou : http://pascal.moguerou.free.fr/pascal_moguerou_illustrations.php



 

 

5 août 2016

Chapelle Saint-They de Plouhinec

 

Plouhinec 3Entre le petit port de Pors-Poulhan et la plage aux eaux turquoise de Gwendrez la bien nommée (en breton, drez : sable, gwen : blanc), à deux pas du site préhistorique du Menez Drégan, blottie au creux d’un vallon, se tient une petite chapelle dédiée à saint They.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 3Pas de voiture dans ce havre de paix, seul un petit chemin bucolique nous y mène. 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 15L’édifice est bordé par le ruisseau qui s’en va rejoindre la mer en glougloutant.

 

Plouhinec 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 12Datée du XVIe siècle, remaniée au XVIIe, la chapelle de plan rectangulaire très simple possède un petit clocheton à dôme érigé au sommet du pignon occidental. Une inscription au-dessus de la porte ouest indique probablement le nom du maitre d’œuvre qui refit des travaux et la date : « GVILLAVME 1676 ».

 

Plouhinec Saint-They 13

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 4C’est de cet endroit que partait autrefois une procession, tous les premiers dimanche de juillet après les vêpres, jusqu’au phare de Pors-Poulhan où se déroulait la bénédiction de l’océan.

Plouhinec Saint-They 14

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 6Au sud de la chapelle, à l’intérieur du placitre, se tient la fontaine de dévotion, dédié elle aussi à saint They.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 7Comme la chapelle, la petite construction avec un toit en bâtière et une niche en plein cintre date du XVIe siècle. Elle fut restaurée en 1974.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 10La niche abritait une statue du saint que l’on revêtait d’un manteau blanc lors du pardon. Elle fut volée en 1986.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 9L’eau s’écoule de la fontaine dans un bassin rectangulaire puis va se jeter dans le ruisseau qui borde le mur est du placitre. Cette eau, d’après les anciens, avait le pouvoir de guérir les rhumatismes et les mères venaient y plonger leurs enfants en retard pour marcher.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-They 8Bien plus encore, la légende raconte que la fontaine pouvait prévoir l’issue de la maladie d’un petit enfant : si sa robe de baptême, jetée dans le bassin lors du pardon, flottait, il allait guérir. Si elle coulait, il allait mourir.

 

 

 

 

 

 

Saint Guénolé 2Mais qui était ce saint They, fêté le 7 juillet ? On sait peu de choses en vérité. Moine de l’abbaye de Landevennec, disciple de saint Guénolé (celui-là même qui conseilla au roi Gradlon d’abandonner sa fille Dahut lors de l’engloutissement de la ville d’Ys), il aurait vécu au début du VIe siècle, venant probablement de Cornouailles ou du Pays de Galles, fuyant les Saxons. Il est encore vénéré là bas, sous le nom de saint Dey. Une légende se rattache à lui, celle du roi Conomor. 

 

 

 

 

Plouhinec Domnonée 1Ce roi de Domnonée, aussi bien armoricaine que de l’ile bretonne, comte du Poher, ayant vécu au VIe siècle, est appelé dans « La Vie de saint Paul » le roi Marc, ou de son nom complet de Britto-Romain Marcus Quonomorius.  Cet allié du roi de France Childebert a beaucoup fait parler de lui. Assimilé au roi Marc’h de la légende arthurienne, mais aussi à Barbe-Bleue des contes pour enfants, il est parfois porteur d’oreilles de cheval.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-SamsonAu Pays de Galles, il est appelé  Cynmawr (de kon, le chien, et meur, grand), ce qui fait de lui, en plus de ses oreilles, le dépositaire du symbole des psychopompes de l’ancienne religion celte. Mais c’est en Bretagne qu’il traine la plus mauvaise réputation, certainement liée à ses démêlés avec Clotaire lorsqu’il prit parti pour son fils Chramn. Saint Gildas n’apprécia guère, saint Samson non plus, ce qui lui mit la puissante église à dos. Les mauvaises langues terminèrent l’affaire :

 

 

 

 

 

 

 

La légende bretonne du roi Conomor

 

Plouhinec roi Marc 4aLe souverain des deux  Domnonée, Conomor, comte de Poher et prince de Cornouaille, était d’une méchanceté sans borne, cruel et sans aucune pitié. Il avait déjà été marié à quatre jeunes femmes, qu’il avait tuées alors qu’elles étaient enceintes. En effet, Conomor avait peur… Une prédiction lui avait assuré qu’il serait tué par son propre fils. Il prenait alors les devants en tuant ses enfants avant qu’ils ne naissent. Un jour qu’il visitait l’ancienne cité du peuple Vénète, et pour son malheur, il tomba amoureux d’une jolie jeune femme, Tréphine, fille du roi de Bro Ereg, Waroch Ier. Il fit sa demande, mais sa réputation l’avait précédé. La princesse, qui était très pieuse, refusa d’épouser un homme que l’on disait maudit.

 

 

 

 

 

 

 

plouhinec sainte Tréphine 4aConomor lança alors ses troupes contre le royaume de Waroch et Tréphine dut se résoudre à accepter le mariage afin d’épargner son peuple. Elle vécut dans le château de son mari, à Carhaix, priant pour qu’elle échappe à la mort. Conomor partant souvent en guerre, elle réussit à lui  cacher la naissance de son premier fils, qu’elle appela They. Elle put l’envoyer au monastère de Rhuys, chez son père spirituel, Gildas, qui l’éleva. Elle tomba à nouveau enceinte, et cette fois-ci, ne put cacher la fin de sa grossesse à son mari qui revenait d’une nouvelle bataille lointaine. Terrifiée, elle s’enfuit jusqu’à Rhuys où elle accoucha de son deuxième fils, qu’elle appela Trémeur, qui veut dire « grande victoire ».

 

 

 

 

 

 

plouhinec sainte Tréphine 2aConomor, trouvant son château vide, demanda où était sa femme. Quand on lui raconta qu’elle était partie chez les moines afin de prier, il ne l’entendit pas de cette oreille, qu’il avait très pointue dit-on. Il poursuivit sa femme jusqu’au monastère, et là, d’un grand coup d’épée, il la décapita. Soulagé, il repartit chez lui. Gildas, qui déjà faisait des miracles, prit la tête de sa jeune disciple, la remit en place, et la fit revenir à la vie. Elle fut plus tard vénérée comme la sainte patronne des enfants malades.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-Trémeur 2aLes deux enfants restèrent au monastère de longues années. Ils devinrent moines, vivant de prière et de labeur, sans se douter que Conomor, ayant eu vent de leur existence, était en route pour les tuer. Il arriva au monastère un 8 novembre, entra telle une furie dans l’enceinte monacale, et comme il le fit pour leur mère, les décapita tous les deux. Soulagé, il repartit chez lui. C’est alors que les deux jeunes hommes, prenant leur tête dans leurs bras, prirent le chemin côtier et rejoignirent un bateau amarré sur la plage de Men Maria.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Saint-Trémeur 1They, voulant avoir les mains libres pour hisser la voile, remit sa tête sur son cou. Elle se réajusta parfaitement et le bateau prit le large. Tremeur, voulant imiter son frère, essaya à son tour. Mais le vent, devenu trop fort et levant d’énormes vagues, l’en empêcha. Il garda donc sa tête dans ses bras jusqu’à la fin de leur voyage. Ils abordèrent dans une petite anse du cap Sizun et s’installèrent près de Cleden où ils construisirent leur ermitage.

 

 

 

 

 

 

 

Plouhinec Childebert 1Qu’advint-il de Conomor ? Certains disent qu’il périt écrasé par les pierres de son château qui s’écroula le jour où Tremeur jeta sur ses murailles une poignée de terre. D’autres disent qu’il était monté sur le trône après avoir tué le roi, son propre frère Iona, et épousé sa veuve, qui fut donc la première d’une longue liste d’épouses. Son neveu Judwal, qu’il voulait occire à son tour afin de rester seul maitre à bord, réussit à s’enfuir et après s’être réfugié au monastère de saint Lunaire sur les bords de la Rance, il demanda asile auprès de Childebert, roi des Francs (qui, lui aussi meurtrier, égorgea ses neveux). Bien plus tard, soutenu par saint Samson, il affronta son beau-père dans les monts d’Arrée pour recevoir son héritage. Après deux batailles infructueuses, il réussit à le tuer d’un coup de lance. La prophétie fut réalisée malgré tout…

 

C‘est curieux chez les bretons ce besoin de faire des légendes…  Nous avions les saints sauroctones fondateurs de la Bretagne, nous voilà cette fois avec des céphalophores.

 

http://audierne.info/la-chapelle-st-they/

http://www.argedour.bzh/une-chapelle-en-finistere-st-they-plouhinec/

http://audierne.info/la-chapelle-st-they/

1 août 2016

La chapelle de Languidou de Plovan

 

Plovan Nerizellec 1Située au milieu de la baie d’Audierne, la commune bigoudène de Plovan, proche de la côte marécageuse et de l’étang de Kergalan, abrita autrefois une communauté galloise venue se réfugier en Bretagne en raison des invasions saxonnes. Peut-être parmi eux un certain Ozvan, ou Boduann, qui donna son nom au village (ploe veut dire paroisse primitive en breton, auquel on ajouta l’hagionyme). 

 

 

 

 

 

Plovan st Gorgon 3La première église fut dédiée à saint Gorgon, un obscur martyr romain du IVe siècle. Si la commune voisine de Belz tient son nom du dieu Belenos, moi je dirais que ce saint ressemble beaucoup à son fils Gargan, de qui un certain Rabelais fit un bon gros géant.

Plovan st Gorgon 1aa

 

 

 

 

 

Gargantua 1Qui fut Gargantua ? En langue celte, gar = pierre, gan = géant, grand, et tua = celui, l’être, l’homme, ce qui donne celui de la pierre géante. Gargan, Avatar du dieu Lug, ou bien  fils de la déesse Belisama et du dieu Belenos, ou bien le Dagda irlandais, en tout cas l'un des 3 aspects du dieu soleil dans sa forme représentant le couchant (le soleil caché, dont le symbole est la grotte). De nombreuses légendes lui attribuent la paternité des monts, des rochers, des grottes, des mégalithes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Anubis 1Le Mont Saint-Michel fut un mont Gargan, le Santuario di Monte Sant'Angelo sul Gargano en Italie lui fut dédié, pour ne parler que des plus célèbres. Et si certains pensent que Gorgon provient de gour, l’homme, et de kon, le chien, ils n’ont pas vraiment tort : l’homme-chien, Anubis, fut l’un des représentants de cet archétype, comme l’archange Mikaël qui lui aussi pèse les âmes.

 

 

 

 

 

 

Languidou 1Proche de Plovan, dominant le petit ruisseau allant se perdre dans l’étang de Kergalan, se trouve la chapelle de Languidou. Là encore un peu de toponymie : lann, en breton, signifie établissement monastique.

 

Languidou 16

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Languidou plan 1Guidou provient de Kido, qui devint Kideau, Quido, Quidou, Guidou, Guido, un saint breton mal connu, qui fut remplacé au XVIIIe siècle par saint Guy. Languidou serait simplement l’ermitage de Guidou. Une autre thèse parle de saint Citiaw, devenu Kijaw, Quijou. Celui là était compagnon de saint Corentin, l’un des 7 saints fondateurs de la Bretagne, tous plus ou moins gallois et sauroctones.

 

 

 

 

 

 

 

 

Languidou 17La chapelle fut peut-être construite au milieu du XIIIe siècle (date encore incertaine), probablement sur les fondations d’un ancien édifice, en bordure d’un ruisseau et à côté d’une fontaine de dévotion dédiée au fameux saint Gorgon.

 

Languidou fontaine 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Languidou 19Deux stèles préchrétiennes de l’âge du Fer encore debout dans le placitre (terrain délimité par un mur, entourant les chapelles et les fontaines bretonnes) attestent de l’ancienneté du lieu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Languidou 6La taille de la chapelle, la qualité des sculptures et la présence d’une grande rosace laissent à penser que Languidou fut bien plus qu’une simple chapelle locale.

 

Languidou 4

 

 

 

 

 

Languidou inscriptions 1Deux chapiteaux portent des inscriptions gravées en latin. La première mentionne le maitre d’œuvre, Auffray Gurrec, et la seconde le chanoine Guillaume (mentionné dans le cartulaire de Quimper dans les  années 1160 mais aussi vers le milieu du XIIIe siècle) et Yves de Revesco, tout deux commanditaires de cette église dédiée à saint Quidou : « Auvredus Gurreu Hoc Opus Fecit » et « Guillemeus canonicus et Yvo de Revesco aedificaverunt istam ecclesiam ».

 

 

 

 

Languidou 13aC’est de l’époque de sa première restauration, vers la fin du XIVe siècle ou début du XVe, que datent la rosace, placée sur le chevet plat typique de l’école de Pont-Croix, et l’oculus de la façade occidentale.

 

Languidou 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Languidou 21En 1794, la chapelle fut vendue comme bien national, et fut démantelée afin de fournir des pierres pour la construction d’un un corps de garde utilisé par les douaniers qui surveillaient la côte. La chapelle fut classée Monument Historique en 1908, les ruines furent ensuite consolidées dans les années 1960, d’une façon peu orthodoxe.

 

Languidou 23

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Languidou plan 4bLa chapelle, de plan classique, comportait une nef non voûtée à quatre travées, des bas-côtés, et un chœur à trois travées terminé par un chevet plat. Construite en prasinite (roche métamorphique très résistante) pour les parties les plus anciennes et en granite, elle mesurait 22m de long sur 13m de large.

 

 

 

 

 

 

 

 

Languidou 9Les chapiteaux qui nous restent sont ornés de sculptures géométriques, dont une, très alchimique, est formée du sceau de Salomon (union de deux triangles, masculin et féminin) au centre duquel se trouve une rose à 6 pétales (début du parcours), le tout à l’intérieur d’un cercle, comme une fleur de vie.

 

 

 

 

 

Languidou 14Le chœur comporte encore les élévations de trois arcades en plein cintre, supportées par des piles cantonnées de quatre, six ou huit colonnettes fines et engagées, reposant sur des bases circulaires. Seule l’une d’entre elles est de forme carrée.

 

 

 

 

 

 

Languidou 7Le maître-autel est placé sur deux degrés fut certainement reconstruit à partir d'éléments épars. Deux autres pierres d'autel dans le prolongement des bas-côtés indiquent la présence de cours d'eau souterrains. 

 

Languidou 12

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Languidou 18Sur la façade méridionale, très remaniée, se trouvent les restes d’un ancien portail dont l’emmarchement est une pierre tombale probablement rapportée du placitre qui servit de cimetière pendant des années, celui de l’église de Plovan étant très petit.

 

 

 

 

 

 

http://1fluences.fr/languidou-architecture.php

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_de_Languidou

http://patrimoine-plovan.blogspot.fr/2014/03/un-eclairage-sur-les-origines-de-plovan.html

http://objectif-cap-sizun-polynesie.over-blog.com/article-32431234.html

http://www.hautpaysbigouden.com/carto/pictos/chapelles_voir.php?id=1063&base=othpb3&lang=fr

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