La chapelle de Languidou de Plovan
Située au milieu de la baie d’Audierne, la commune bigoudène de Plovan, proche de la côte marécageuse et de l’étang de Kergalan, abrita autrefois une communauté galloise venue se réfugier en Bretagne en raison des invasions saxonnes. Peut-être parmi eux un certain Ozvan, ou Boduann, qui donna son nom au village (ploe veut dire paroisse primitive en breton, auquel on ajouta l’hagionyme).
La première église fut dédiée à saint Gorgon, un obscur martyr romain du IVe siècle. Si la commune voisine de Belz tient son nom du dieu Belenos, moi je dirais que ce saint ressemble beaucoup à son fils Gargan, de qui un certain Rabelais fit un bon gros géant.
Qui fut Gargantua ? En langue celte, gar = pierre, gan = géant, grand, et tua = celui, l’être, l’homme, ce qui donne celui de la pierre géante. Gargan, Avatar du dieu Lug, ou bien fils de la déesse Belisama et du dieu Belenos, ou bien le Dagda irlandais, en tout cas l'un des 3 aspects du dieu soleil dans sa forme représentant le couchant (le soleil caché, dont le symbole est la grotte). De nombreuses légendes lui attribuent la paternité des monts, des rochers, des grottes, des mégalithes.
Le Mont Saint-Michel fut un mont Gargan, le Santuario di Monte Sant'Angelo sul Gargano en Italie lui fut dédié, pour ne parler que des plus célèbres. Et si certains pensent que Gorgon provient de gour, l’homme, et de kon, le chien, ils n’ont pas vraiment tort : l’homme-chien, Anubis, fut l’un des représentants de cet archétype, comme l’archange Mikaël qui lui aussi pèse les âmes.
Proche de Plovan, dominant le petit ruisseau allant se perdre dans l’étang de Kergalan, se trouve la chapelle de Languidou. Là encore un peu de toponymie : lann, en breton, signifie établissement monastique.
Guidou provient de Kido, qui devint Kideau, Quido, Quidou, Guidou, Guido, un saint breton mal connu, qui fut remplacé au XVIIIe siècle par saint Guy. Languidou serait simplement l’ermitage de Guidou. Une autre thèse parle de saint Citiaw, devenu Kijaw, Quijou. Celui là était compagnon de saint Corentin, l’un des 7 saints fondateurs de la Bretagne, tous plus ou moins gallois et sauroctones.
La chapelle fut peut-être construite au milieu du XIIIe siècle (date encore incertaine), probablement sur les fondations d’un ancien édifice, en bordure d’un ruisseau et à côté d’une fontaine de dévotion dédiée au fameux saint Gorgon.
Deux stèles préchrétiennes de l’âge du Fer encore debout dans le placitre (terrain délimité par un mur, entourant les chapelles et les fontaines bretonnes) attestent de l’ancienneté du lieu.
La taille de la chapelle, la qualité des sculptures et la présence d’une grande rosace laissent à penser que Languidou fut bien plus qu’une simple chapelle locale.
Deux chapiteaux portent des inscriptions gravées en latin. La première mentionne le maitre d’œuvre, Auffray Gurrec, et la seconde le chanoine Guillaume (mentionné dans le cartulaire de Quimper dans les années 1160 mais aussi vers le milieu du XIIIe siècle) et Yves de Revesco, tout deux commanditaires de cette église dédiée à saint Quidou : « Auvredus Gurreu Hoc Opus Fecit » et « Guillemeus canonicus et Yvo de Revesco aedificaverunt istam ecclesiam ».
C’est de l’époque de sa première restauration, vers la fin du XIVe siècle ou début du XVe, que datent la rosace, placée sur le chevet plat typique de l’école de Pont-Croix, et l’oculus de la façade occidentale.
En 1794, la chapelle fut vendue comme bien national, et fut démantelée afin de fournir des pierres pour la construction d’un un corps de garde utilisé par les douaniers qui surveillaient la côte. La chapelle fut classée Monument Historique en 1908, les ruines furent ensuite consolidées dans les années 1960, d’une façon peu orthodoxe.
La chapelle, de plan classique, comportait une nef non voûtée à quatre travées, des bas-côtés, et un chœur à trois travées terminé par un chevet plat. Construite en prasinite (roche métamorphique très résistante) pour les parties les plus anciennes et en granite, elle mesurait 22m de long sur 13m de large.
Les chapiteaux qui nous restent sont ornés de sculptures géométriques, dont une, très alchimique, est formée du sceau de Salomon (union de deux triangles, masculin et féminin) au centre duquel se trouve une rose à 6 pétales (début du parcours), le tout à l’intérieur d’un cercle, comme une fleur de vie.
Le chœur comporte encore les élévations de trois arcades en plein cintre, supportées par des piles cantonnées de quatre, six ou huit colonnettes fines et engagées, reposant sur des bases circulaires. Seule l’une d’entre elles est de forme carrée.
Le maître-autel est placé sur deux degrés fut certainement reconstruit à partir d'éléments épars. Deux autres pierres d'autel dans le prolongement des bas-côtés indiquent la présence de cours d'eau souterrains.
Sur la façade méridionale, très remaniée, se trouvent les restes d’un ancien portail dont l’emmarchement est une pierre tombale probablement rapportée du placitre qui servit de cimetière pendant des années, celui de l’église de Plovan étant très petit.
http://1fluences.fr/languidou-architecture.php
https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_de_Languidou
http://patrimoine-plovan.blogspot.fr/2014/03/un-eclairage-sur-les-origines-de-plovan.html
http://objectif-cap-sizun-polynesie.over-blog.com/article-32431234.html
http://www.hautpaysbigouden.com/carto/pictos/chapelles_voir.php?id=1063&base=othpb3&lang=fr