La cathédrale actuelle n’est pas le premier édifice construit sur ce site.
Des éléments sculptés datant du règne de l’empereur Tibère (14-37 après J-C) et retrouvés sous le chœur de la cathédrale permettent de penser que la partie orientale de l’île de la Cité abritait déjà dans l’Antiquité un lieu de culte dédié à des divinités gauloises et romaines.
En 1711, les architectes du roi, voulant construire dans le chœur un caveau pour la sépulture des archevêques, y creusèrent une tranchée ; on fouilla jusqu'à cinq mètres, et le 16 mars, la pioche des ouvriers rencontra, à deux mètres du sol, deux anciens murs appliqués l'un à l'autre, qui traversaient ensemble toute la longueur du chœur ; un de ces murs avait un mètre et demi d'épaisseur, l'autre environ quatre-vingts centimètres ; celui-ci paraît avoir été le plus ancien, car ce fut là qu'on trouva employées, au lieu de libage, neuf pierres antiques, chargées de bas-reliefs ou d'inscriptions.
Ces précieux monuments, taillés dans une pierre analogue à la pierre tendre de Saint-Leu, sont placés dans la grande salle du palais des Thermes, dépendant du musée de Cluny, sous le nom de ‘‘pilier des Nautes’’.
L 'obscurité qui enveloppe les commencements de notre histoire s'étend également sur l'origine de Notre-Dame. Il est difficile de découvrir, au milieu des récits contradictoires que l'on trouve dans nos anciens historiens, quel fut le saint ou le roi qui jeta les fondations de cette église. On rencontre beaucoup de fictions, on se perd dans une foule de conjonctures. Ainsi, les uns prétendent que saint Denis posa la première pierre de l'église Notre-Dame. Est-ce dans la cité, est-ce dans les faubourgs ? c'est ce qu'ils ne décident pas. Lui donna-t-on d'abord le nom de Notre-Dame ou celui de Saint-Denis du Pas ? c'est ce qu'ils ignorent. Or, tout porte à croire que l'intervention de saint Denis dans la construction de cette église doit être complètement écartée.
En effet, Grégoire de Tours nous apprend que saint Denis est venu à Paris lorsque cette ville n'était encore que « Lutèce, entourée de la Seine, située dans une île peu étendue, où l'on aborde des deux côtés par des ponts en bois, » comme dit Julien, dans le IIIe siècle, sous l'impérialat de Dèce.
Dans ce temps, Paris avait pour pontifes les Druides ; pour cérémonies religieuses, des sacrifices humains ; pour foi, l'idolâtrie et la haine du christianisme. Saint Denis et ses néophytes ne pouvaient célébrer les saints mystères que dans des souterrains, dans des endroits écartés de la ville, appelés cryptes, que l'on suppose avoir été dans l'emplacement où se trouve le quartier Saint-Germain-des-Pré : il est donc très peu probable que les Gaulois, qui auraient sacrifié les chrétiens sur l'autel des Druides, eussent toléré la construction d'une église catholique dans l'enceinte même de la ville naissante.
A quelle époque l'autel de Jupiter fut-il renversé ? On l'ignore, mais évidemment sa disparition coïncide avec l'introduction du christianisme dans la ville ; des titres authentiques prouvent qu'il était remplacé par une église dès la fin du IV ème siècle. Cette église primitive fut reconstruite par Childebert Ier avec une magnificence que décrit l'évêque poète Fortunatus. En 1847, les substructions de cette splendide basilique aux colonnes de marbre furent mises au jour par des fouilles entreprises au parvis Notre Dame de Paris. Les fondations de l'église de Childebert, enfouies là depuis dix siècles, se confondaient avec celles de plusieurs maisons romaines qu'on avait rasées pour élargir son emplacement.
On retrouva une partie de la mosaïque en petits cubes de marbre de diverses couleurs dont le sol des nefs était pavé, trois colonnes en marbre d'Aquitaine, qu'on appelle grand antique, et un chapiteau corinthien en marbre blanc de sculpture mérovingienne. Les colonnes et le chapiteau sont exposés au musée de Cluny, qui les indique sur son catalogue non pas comme provenant de la basilique de Childebert, selon l'opinion de Guilhermy, mais du temple païen qui aurait précédé cette basilique. La plus complète de ces colonnes a conservé son astragale et son chapiteau corinthien dans le style latin, particularité qui semble donner raison au catalogue de Cluny.
Ceci ne doit pas nous surprendre, en effet, il n’est pas rare de retrouver des vestiges de temples païens à l’emplacement des églises actuelles, l’Église ayant pris l’habitude d’évangéliser les populations en conservant la localisation des anciens lieux de culte, tout en modifiant le sens de la démarche des fidèles, en les christianisant.
Des fouilles plus récentes ont permis de mettre au jour des fragments de mosaïques, de colonnes et de chapiteaux antiques ainsi que d’un chapiteau d’époque mérovingienne et ont révélé les soubassements d’une ancienne église à cinq nefs construite sur le modèle des basiliques constantiniennes (IV ème siècle).
La première église de Paris, reconnue pour cathédrale per le célèbre Grégoire de Tours, était située sous les premières travées actuelles de Notre-Dame, mais alors dédiée à Saint Etienne, le premier des martyrs. Les documents historico-religieux nous présentent cette première cathédrale comme possédant un narthex avec un clocher-porche, couverte de charpentes en bois. On nous décrit son intérieur comme particulièrement luxueux, tant par la décoration que par le mobilier qu'elle contenait.
Vers la fin du VI ème siècle, l'emplacement actuel de la cathédrale était occupé par deux édifices distincts : l'un, Saint-Étienne, le plus important, s'élevait au midi ; l'autre, titré de Sainte-Marie, plus à l'orient et vers le nord. C'est dans la nef de Saint-Étienne que s'assembla, en l'an 829, le célèbre concile de Paris. En 857, alors que Paris était ravagé par les Normands, l'évêque Énée ne put racheter que Saint-Étienne et laissa brûler Sainte-Marie. Celle-ci ne tarda cependant pas à sortir de ses ruines et fut généralement désignée sous le nom d'église neuve, par opposition à celle de Saint-Étienne, qui était beaucoup plus ancienne. Les rois capétiens avaient pris en affection l'église de la Vierge, à laquelle l'archidiacre Étienne de Garlande, mort en 1142, fit faire d'importantes réparations, et à laquelle l'abbé Suger donna un très beau vitrail. Ce fut Maurice de Sully, évêque de Paris de 1160 à 1196 et le soixante-douzième successeur de saint Denis, qui conçut le projet d'édifier une grande cathédrale sur l'emplacement des deux églises, en les réunissant.
Toujours est-il qu’au début du XII ème siècle, il s’avérait indispensable de rénover ce bâtiment devenu vétuste. L’archidiacre de Paris, Étienne de Garlande fit faire à l’édifice des travaux importants notamment un portail consacré à la Vierge qui a été remonté par la suite dans le portail Sainte-Anne de l’actuelle cathédrale.
Il faut aussi s’imaginer que le fidèle du début du XII ème ne se trouvait pas face à un édifice unique: il y avait déjà, jouxtant la cathédrale au nord, un baptistère, Saint-Jean-le-Rond, cité dans les textes dès le VI ème siècle, ainsi qu’un vaste enclos réservé aux maisons des chanoines. De plus, il existait aussi un palais épiscopal, à l’est de l’île, et un hôpital.
À Paris au XII ème siècle, l’initiateur du projet est sans conteste l’évêque Maurice de Sully. Fils de paysans de Sully sur Loire, il ne disposait pas de revenus personnels pour financer les travaux, par contre il a remarquablement bien géré les biens ecclésiastiques affectés à sa charge (la mense épiscopale) et sa participation financière a été capitale. Ses successeurs: Eudes de Sully, mais aussi des hommes comme Guillaume d’Auvergne ou Simon Matifas de Buci auront à cœur de mener le chantier à son achèvement ou d’apporter à l’édifice des modifications d’envergure.
L’évêque était secondé dans sa tâche par le chapitre, institution qui depuis le IX ème siècle regroupe tous les chanoines desservant la cathédrale. Faute de documents, on ne sait pas si le chapitre est intervenu de façon régulière dans le financement du chantier au XII ème siècle. En revanche, au XIII ème siècle, ce chapitre qui dispose d’une partie de la mense épiscopale et de biens propres prend une part de plus en plus importante dans la gestion du chantier, particulièrement en ce qui concerne l’hôtel-Dieu.
Contrairement à certaines idées reçues, le roi n’intervient pas dans l’édification de Notre-Dame de Paris. Même si Louis VII a fait un don avant sa mort en 1180, même si les personnages royaux agenouillés au tympan de la ‘‘porte Rouge’’ sont traditionnellement considérés comme saint Louis et Marguerite de Provence, laissant penser que la royauté aurait participé directement au chantier de Notre-Dame, ce pour quoi nous n’avons malheureusement aucun document, la cathédrale ne peut pas être considérée comme un chantier royal.
Quant à la participation des bourgeois (sont bourgeois ceux qui habitent à l’intérieur des murs de la ville), elle est d’ordre financier et prend la forme d’offrandes; cette pratique des offrandes ne fait d’ailleurs pas l’unanimité parmi le clergé et Pierre le Chantre, doyen du chapitre vers 1180, la critique vivement.
Si la participation financière du peuple est bien réelle, sa participation au chantier relève plus du mythe que de la réalité. La conception d’un ouvrage aussi grandiose nécessite l’intervention de spécialistes et ce sont des corps de métiers spécialisés et organisés qui travaillent sur le chantier, les tâches de manoeuvres étant confiées à des hommes recrutés sur place et payés à la journée.
Parmi ces hommes de métiers, les architectes sont les plus importants: véritables hommes de science, on leur attribue même le titre de ‘‘maîtres lapicides.’’
Malheureusement, à Notre-Dame, nous ne connaissons pas les noms des premiers architectes des XII ème et XIII ème siècles. Le premier nom qui nous soit parvenu est celui de Jean de Chelles. Il agrandit le transept nord et entreprit la construction du transept sud, mais il disparut en 1258 et c’est son successeur, Pierre de Montreuil, qui poursuivit les travaux. Puis vinrent Pierre de Chelles qui modifia le chevet et lui donna son aspect actuel, et Jean Ravy, qui termina la clôture du chœur.
I er siècle La partie orientale de l’île de la Cité abritait déjà dans l’Antiquité un lieu de culte dédié à des divinités gauloises et romaines
IV ème Construction d'une église par Childebert
VI ème Présence de deux églises: St Etienne et Ste Marie
829 Premier concile de Paris
857 Destruction de Ste Marie par les Normands
1142 Étienne de Garlande, mort en 1142, fit faire d'importantes réparations sur St Etienne, l'abbé Suger donna un très beau vitrail.
1163 Pose de la première pierre de Notre Dame par Louis VII et le pape Alexandre III
1177 Fin de la construction du choeur
1182 Consécration du maître-autel devant cardinal légat du pape
1182 Fin de la construction de la nef et du transept
1196 Mort de l'évèque de Paris Maurice de Sully, nomination de son successeur, Eudes de Sully
1208 Fin de la construction et de la décoration des portails de la façade
1230 Agrandissement des fenêtres de la partie haute de la nef
1240 Fin de la construction de la tour sud - abandon du projet de flêches sur les tours
1250 Fin de la construction de la tour nord et de la galerie reliant les deux tours
1258 L'architecte Jean de Chelles prend la direction des travaux : on lui doit la façade nord du transept
1265 L'architecte Pierre de Montreuil succède à Jean de Chelles : on lui doit le façade sud du transept
1296 L' architecte Pierre de Chelles succède à Pierre de Montreuil
1318 L'architecte Jean Ravy succède à Pierre de Chelles : on lui doit les chapelles au nord du choeur et les arcs-boutants
1344 L'architecte Jean le Bouteiller, neveu de Jean Ravy, prend sa suite
1363 L'architecte Raymond du temple prend la direction des travaux
1430 Couronnement d'Henri VI roi d'Angleterre
1455 Début du procès de réhabilitation de Jeanne d'Arc
1572 Mariage d'Henri de Navarre, futur Henri IV, avec Marguerite de Valois
1638 Naissance de Louis XIV. Son père prononce alors un voeu et promet de "reconstruire le Grand Autel de l'église cathédrale de Paris"
1699 Louis XIV confie à Robert de Cotte la réalisation des travaux pour respecter le voeu de Louis XIII. Il en résultera la destruction du jubé, des stalles et du maître-autel. Quant aux murs, ils seront badigeonnés de blanc.
1730 Installation du Grand orgue de François Thierry
1741 Poursuite des travaux pour le voeu de Louis XIII : Levieil remplace les vitraux du choeur par du verre blanc
1771 Soufflot détruit le trumeau du portail central qui gênait les processions et empêchait le passage du dais
1783 François-Henri Clicquot entreprend la transformation du grand orgue
1792 Les émeutiers de la révolution abattent les statues de la galerie des rois et font démonter la flêche - La cathédrale est rebaptisée "temple de la Raison" puis transformée en entrepôt.
1802 Bonaparte rétablit le culte dans le cathédrale, conséquence de la signature du concordat
1804 Sacre de Napoléon 1er en présence du pape
1831 Victor Hugo publie Notre Dame de Paris
1843 Les architectes Jean-Baptiste Lassus et Eugène Viollet-le-Duc se voient confier la restauration de la cathédrale
1857 Mort de Jean-Baptiste Lassus. Viollet-le-Duc prend seul la direction des travaux
1864 Achèvement des travaux de restauration
1868 Restauration du grand orgue de Cliquot par Aristide Cavaillé-Coll
1871 Des chaises et des bancs sont arrosés de pétrole et enflammés. L'incendie est évité de justesse.
1970 Nettoyage des façades
1977 Les têtes des rois de la galerie de la façade ouest, décapitées par les révolutionnaires en 1792, sont retrouvées dans les sous sol de
la Banque française du commerce extèrieur et transportées au musée de Cluny
1988 L'architecte Bernard Fonquernie prend la direction des travaux de restauration qui se poursuivent
encore