Notre-Dame la brune d'Aleyrac
Classées Monument Historique depuis 1905, les ruines de l'église Notre-Dame la Brune se dressent juste en contrebas du col d'Aleyrac, entre laBégude-de-Mazenc et Salles-sous-Bois, près de l' importante voie de passage médiévale de Crest vers la Provence, en limite Ouest du diocèse de Die.
Cette abbaye de religieuses bénédictines dépendant de l'Ile-Barbe de Lyon est connue dès 1105 mais, après une période d'expansion au XIIe siècle, elle subit les troubles de la fin du XIVe siècle et en 1427, les religieuses étaient réfugiées à Valréas. En 1449, l'abbé de 1'lle-Barbe unit ses biens à ceux de la collégiale Sainte-Croix à Montélimar et en 1528, la seigneurie passe définitivement entre des mains laïques.Elle est vendue en 1550 aux Adhémar de Grignan.
Du monastère primitif, ne subsiste que l'église qui a malheureusement été dépouillée d'une grande partie des pierres de son parement extérieur au siècle dernier. Il est probable que les bâtiments monastiques s'élevaient en aval, à l'emplacement du cimetière, car des traces d'ancrage de toiture subsistent encore sur le mur sud.
La façade ouest que l'on découvre en arrivant apparaît largement ajourée au-dessus du vide : trois fenêtres à double ébrasement, un clocheton à deux arcades qui surmonte le pignon, et une porte maintenant inutile.
Celle-ci en effet, s'ouvre au-dessus de l'eau : à l'extérieur coule le ruisseau d'Aleyrac, à l'intérieur une source miraculeuse. Un pont devait permettre de rejoindre la rive opposée.
La source sacrée est exactement à l'endoit où se trouve le Jourdain dans les édifices religieux. C'est une des rares fois où l'on peut le constater de visu...
Des traces d'ancrage d'une charpente et d'une toiture au-dessus de la porte attestent l'existence, à une époque indéterminée, d'un porche, peut-être de bois. A l'intérieur, un plancher couvrait une salle aujourd'hui à ciel ouvert où coule une source miraculeuse. Les pélerins y cherchaient la guérison des maux de tête et des maladies de peaux.
La patine du temps a donné une couleur grise, presque uniforme, aux moellons des murs faits de calcaire et aux claveaux du sommet des voûtes taillés dans le tuf. La perfection de la taille des pierres n'a pas empêché la réalisation d'un enduit à faux joints rouges sur fond blanc, à peine visible aujourd'hui. Une croix de consécration rouge se devine encore sur les murs de l'abside.
La nef compte trois travées rythmées de larges arcatures, aveugles au nord mais percées d'une fenêtre à double ébrasement au sud. Un transept s'ouvre vers une quatrième arcature et chaque croisillon donne sur une petite absidiole voûtée en cul-de-four et éclairée par une fenêtre axiale. Une travée de chœur précède l'abside pentagonale dont chacun des trois pans médians est percé d'une fenêtre à double ébrasement aujourd'hui obturée.
La voûte de la nef était en berceau très légèrement brisée comme l’on peut l'observer à hauteur de la première travée à l'ouest. Elle était soutenue par des- arcs doubleaux reposant sur des pilastres. La seule décoration est celle de la corniche moulurée d'une doucine qui souligne la naissance de la voûte, celle des doubleaux et des arcatures latérales qui rythment les murs gouttereaux.
Sur le côté sud de l’église, s'y ajoute une simple volute sculptée sur la face latérale de la pierre et que l'on retrouve identique sur celle du petit placard de l'abside.
La position de cette église en travers d'une vallée si étroite étonne et l'on imagine mal aujourd'hui la vie de ces moniales ainsi isolées. L'implantation du monastère s'explique peut-être par le seul souci de christianiser les vertus de la source miraculeuse mais le voisinage de la grande route d'Allemagne en Provence devait faire de ce lieu une halte privilégiée pour les pèlerins et autres voyageurs si nombreux au Moyen Age.
Une impression de solitude, de douceur, de plénitude se dégage du lieu. Sur la gauche en arrivant, un verger nous accueille. C'est dans ce verger que j'ai entendu un concert de silence... C'est dérangeant, ne rien entendre du tout, comme dans un caisson d'isolement.
L'église étant dédiée à Notre-Dame et s'appelant la brune, je me demande si une vierge noire n'était pas vénérée dans la crypte à la source sacrée...
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