La basilique San Zeno, historique
Vérone, de par sa position géographique stratégique, existait déjà lors de l’invasion des Etrusques, puis des celtes Cénomans. Elle devint ville romaine en 89 avant notre ère et se développa au carrefour de trois grandes voies : la via Postumia, la via Gallica et la via Claudia Augusta.
A la chute de l'empire romain, Vérone passa aux mains des barbares germains au Ve siècle et devint la résidence de la cour du roi ostrogoth Théodoric en 489. Après la brève reconquête par Justinien en 553, les Lombards vainquirent les Romains.
En 774, Charlemagne vainquit les Lombards et son fils Pépin hérita de la région. En 1226, Vérone tomba sous la domination du Saint-Empire romain germanique, qui céda plus tard la province de Vérone à son vassal, le duc de Bavière.
Aux premiers temps de Vérone, c’est le long de la via Gallica qu’une une vaste nécropole païenne se tenait. C’est à cet endroit, en 380, que fut inhumé saint Zénon, huitième évêque de Vérone.
Selon la légende, la première église fut érigée sur son tombeau par Théodoric, roi des Ostrogoths. C’est au cours du VIe siècle que le bâtiment originel subit des réfections. Certains archéologues considèrent que le sacellum (petite enceinte ronde ou carrée, consacrée à une divinité, et contenant un autel), encore présent dans le cloître, date de cette période.
En décembre 806, une nouvelle basilique, construite ainsi que le monastère attenant, à l’initiative de l’évêque Ratoldus, fut consacrée en présence du roi Pépin et les reliques du saint y furent transférées le 21 mai 807. L’édifice fut détruit par les Hongrois (les Magyars) en 963 et fut reconstruite selon les règles de l'art roman Vérone par l'empereur Othon Ier et l'évêque Raterius, avec trois nefs, trois absides et une crypte.
Le clocher haut de 72 mètres fut construit vers 1045. Le 3 Janvier 1117, l’église fut endommagée par un tremblement de terre, restaurée et agrandie en 1138. Le travail fut achevé en 1398, par les architectes Jean et Nicolas Ferrara, qui donne à basilique sa physionomie actuelle, avec la construction de l'abside gothique et du plafond en carène de navire.
La tradition veut que Roméo et Juliette se marièrent dans sa crypte à cette époque. En 1870, l'escalier monumental du Cinquecento est remplacé par les actuels escaliers latéraux et par l'accès central à la crypte. Selon la volonté de la République de Venise, le monastère cesse ses activités en 1770 et la basilique devient paroissiale en 1806.
http://it.wikipedia.org/wiki/Basilica_di_San_Zeno
http://www.medioevo.org/artemedievale/Pages/Veneto/SanZenoaVerona3.html
http://www.verona.net/it/monumenti/chiesa_san_zeno.html
http://france-romane.com/Etranger/E_Documentation/Notice_S-Zeno.pdf
La basilique San Zeno, l’extérieur
Le clocher
Le clocher, détaché de l’église, fait 72 m de haut. Il fut commencé en 1045 par l’évêque Albéric, restauré en 1120 et surélevé en 1178. De même style que l'église romane, il est divisé en plusieurs étages par des corniches et des arches.
Le dernier étage possède des fenêtres à triple meneaux. Il est surmonté d'une flèche conique avec des pinacles à chaque angle. Des pierres de remploi romaines sont encore visibles sur sa façade. Il contient la plus ancienne cloche de Vérone, qui fut fondue en 1149.
La façade
Elle fut élevée par maître Brioloto entre 1217 et 1225. Construite en tuf, elle est divisée en trois composantes verticales, marquant la nef centrale et les deux bas-côtés. Ces trois parties sont délimitées par deux pilastres d’angle se terminant par un chapiteau au niveau du fronton triangulaire. Au niveau du tympan court une galerie peu profonde de 12 arcs jumelés, divisé par de minces colonnettes identiques à celles de la rosace. Le nombre 12, symbolisant les cycles.
Le fronton triangulaire définit la nef et crée un contraste frappant avec la pierre de tuf du reste de la façade de l'église, étant de marbre blanc divisé par sept pilastres de marbre rose.
Le porche, ou protiro
Le protiro (du grec prothyron, qui définit un petit édicule architecturé construit devant l'entrée principale d'une église) fut l’œuvre de maitre Niccolò. Il est constitué par une voûte en berceau soutenue par un couple de colonnes (dans certains cas la voûte fait simplement saillie sur la façade de l'église, comme pour San Procolo.
Les colonnes du protiro ne s'appuient pas directement sur le sol mais sur des lions, dits « lions stylophores », comme à Trente. Ces lions en marbre, caractéristiques de l'architecture romane lombarde, sont dérivés des lions funéraires romains, gardiens des tombes.
Ce sont des lions apotropaïques (du grec apotropein, détourner) qui conjurent le mauvais sort, visent à détourner les influences maléfiques, éloignent les forces du mal et effrayent l'ennemi. Le lion est aussi symbole de force et de courage, mais il peut aussi représenter l’orgueil et la colère. Force brutale incarnée dans la matière lunaire, mais aussi puissance maitrisée du principe solaire accompli. C’est aussi le symbole de la résurrection.
Le fronton triangulaire de marbre blanc est porté par deux télamons, un homme avec les jambes croisées, et une femme.
Il est encadré des saints Jean-Baptiste et Jean l'Evangéliste.
Ilporte la main de Dieu bénissant, trois doigts levés pour la connexion cosmique, deux baissés pour le tellurique. L’inscription latine est traduite par « La main droite de Dieu bénit ceux qui viennent le demander ».
Il présente aussi, sur les côtés, les douze mois de l'année avec leurs travaux respectifs, qui reflètent les douze secteurs de la roue de la fortune : c’est la répétition de cycles qui se succèdent sans cesse.
Le tympan figure des scènes historiques de la ville de Vérone, encadrant saint Zenon tenant sa crosse et bénissant, les pieds posés sur un dragon. L’initié, avec sa crosse, maitrise la bête que l’on peut comparer à des pulsions primaires, ou à des forces telluriques, ou à la connaissance, mais certainement pas au mal ou au démon. Les bas-reliefs représentent la vie de saint Zénon, et quelques miracles qu’il accomplit.
Les bas-reliefs
Le portail est flanqué de 18 bas-reliefs en marbre datant du XIIe siècle.
Sur la gauche, des scènes bibliques sculptées par maitre Guillaume, et sur la droite, maitre Niccolò représenta des scènes de la vie de Jésus. Plus bas, des épisodes de la vie de Théodoric, comme le duel avec Odoacre et la chasse au chevreuil.
Le portail
Les portes de bronze de la basilique, dont chaque battant est décoré de 24 panneaux en relief, furent fabriquées entre le XIe et le XIIIe siècle.
Nous trouvons des scènes du Nouveau et de l’Ancien Testament,
de la vie et des miracles de saint Zenon,
des représentations de généreux donateurs comme Mathilde de Canossa et son mari Godefroy, des thèmes musicaux, la représentation de vertus théologales.
La rosace
C’est une roue de Fortune, comme celle de Trente, où la symbolique est traitée. Cette roue date du début du XIIIe siècle, et fut faite par maitre Brioloto. C’est l'un des premiers exemples en architecture romane d'une rosace.
Elle est divisée en douze secteurs séparés par des rayons constitués de paires de colonnes qui rejoignent le centre.
Sur le bord extérieur, six personnages, traités en haut-relief, représentent la destinée des humains.
Rappel d’une citation de Lucien Carny : « Cette ascension de la roue de la fortune, c'est la tentative de reconquête de l'état primordial d'avant la chute. La chute de l'homme, c'est la dualité, l'histoire étant le déroulement de l'incarnation du Verbe Divin initiant l'homme à l'intelligence pour le conduire à la Connaissance. C'est l'obscurcissement, par la bêtise humaine, des révélations divines conduisant à la perte du Verbe. C'est le passage du Paradis Terrestre qui est le centre de la roue, à la chute, c'est-à-dire aux rayons, jusqu'à la circonférence de la roue. Le temps est l'énorme illusion et la plus belle invitation au sommeil. »Des vers en latin sont gravés au centre : « Moi, Fortune, je décide de la destinée des mortels, j’élève et je précipite, je donne le bonheur et le malheur. Je recouvre ceux qui sont nus et je dépouille ceux qui sont richement habillés. On se moquera de celui qui a mis sa confiance en moi. »
La basilique San Zeno, l’intérieur
L’église, en forme de croix latine, possède une nef, deux bas-côtés, un chœur et un transept.
Les allées sont divisées par une alternance de pilastres en croix et de colonnes à chapiteaux à motifs zoomorphes et corinthiens, appartenant à des bâtiments romains préexistants.
Le plafond voûté en bois date du XIVe siècle.
Le sanctuaire fut agrandi et surélevé plusieurs fois, entre le IXe et le XIVe siècle. Elle comporte trois niveaux : la crypte, l’église, et le chœur surélevé, accessible par deux escaliers en marbre.
L'abside polygonale gothique, résultat de l'expansion du chœur, fut achevée en 1398.
En entrant, sur la gauche, une vasque monolithique en porphyre de 2 mètres de diamètre, d'époque romaine. C’est un labrum lustrale, qui pouvait avoir deux fonctions : ou bien un bassin d'eau consacrée, placé comme un bénitier à l'entrée d'un temple païen, pour contenir l'eau lustrale servant à purifier les mains avant le sacrifice, ou alors un bassin qui s'élevait du plancher à l'extrémité circulaire de la chambre thermale (caldarium). Une légende se rattache à cette vasque, que nous retrouverons dans la vie de saint Zenon.
Sur la droite, un baptistère octogonal en marbre du XIIIe siècle, qui pourrait être un balneum (une sorte de baignoire où l’on se purifiait l’âme par l’eau baptismale), surmonté d’une croix du XIVe siècle.
Plus loin dans l’église, la statue polychrome en marbre de Saint Zénon datant du XIIIe siècle. Elle représente le saint, assis sur son trône épiscopal, tenant sa crosse d’où pend un poisson. Son visage est bien de couleur noire, qui confirme son appartenance à la communauté mauritanienne. Elle est appelée par les habitants de Vérone « San Zen che ride », saint Zenon qui rit.
Le triptyque d’Andrea Mantegna, peint entre 1457 et 1459, considéré comme un chef d’œuvre de la renaissance italienne, se trouve dans le chœur. En 1797, l’armée française emmena le retable. La partie haute ne fut restituée qu’en 1815, alors que la partie basse, restée en France (au musée de Tours et au Louvre à Paris), fut copiée par un descendant de Véronèse.
Le sarcophage des saints Lupicin, Lucillus et Crescentianus, tous évêques de Vérone, date du XIIIe siècle. Il sert actuellement de maitre-autel. Y sont représentées des scènes de l’évangile, dont une crucifixion entourée des évangélistes.
Les fresques
La basilique possède de nombreuses fresques, dont la plus vieille, représentant saint Christophe, date du XIIe siècle.
Nous retrouvons aussi saint Georges et la princesse (qui, entre parenthèses, tient en laisse le dragon que le chevalier terrasse avec sa lance…).
Il est entouré du baptême du Christ, de la résurrection de Lazare, du transfert des reliques de saint Zenon.
La fresque dite de la « Madone blanche », du XIVe siècle.
Les fresques parfois se chevauchent.
La basilique San Zeno, la crypte
Un escalier central mène à la crypte.
L’entrée est composée de trois arches surmontées d’une balustrade, où se tiennent 7 sculptures représentant le Christ entouré d’apôtres datant du XIIIe siècle.
Les arches romanes ont été sculptés en 1225 par Adamino da San Giorgio.
La crypte est composée de huit allées de cinq travées. 49 colonnes supportent les voûtes soutenant le chœur. A l’époque carolingienne, c’était un simple sanctuaire où l’on conservait les reliques de saint Zenon, déposées là en 921.
Elle fut agrandie au XIIIe siècle, restaurée aux XIIIe et XVIe siècles, et le corps du saint, portant une robe d’évêque et un masque en argent, est conservé dans un sarcophage de verre posé dans le chœur.
Les colonnes centrales semblent plus anciennes que les autres, et datent probablement du Xe siècle. Les chapiteaux sculptés sont plus grossiers, mais portent un symbolisme puissant.
Plusieurs hommes/animaux, comme des singes, ou des béliers, se transforment en humains sur un même chapiteau.
D’autres chapiteaux montrent des hommes/singes, encore dans l’animalité, nus pour bien montrer que seul le Moi compte.
Ils ont les pieds posés dans la matière figurée par le tore (le tellurique). Ils sont tournés vers l’extérieur, sont isolés, semblent se tortiller. L’un d’eux commence à lever une main au ciel (le cosmique).
Plus loin, l’homme/singe, moins bestial, les pieds toujours dans la matière, lève ses deux bras en direction du ciel.
Puis il est porté par des plantes, au-dessus du tore, où il tient par la main ses semblables.
Plus loin encore, un homme et une femme portant de longs cheveux figurant deux serpents, se retournent vers l’intérieur, leurs pieds n’étant plus reliés à la matière, leurs mains levées au ciel accrochées à l’arbre de la connaissance.
Le dernier chapiteau figure des aigles, animal solaire représentant l’initié, mais la transformation n’est pas complète puisque les ailes sont toujours tournées vers la matière. Il faudra arriver au saint des saints afin de trouver l’illumination.
Les autres chapiteaux sont de type corinthien, et sont peut-être du réemploi. Les colonnes latérales sont du XIIIe siècle, époque de l’agrandissement de la crypte.
Les murs sont décorés de fresques des XIIIe et XIVe siècles, qui parfois se chevauchent.
Parfois, des pierres de remploi d'époque romaine apparaissent.
La basilique San Zeno, l’abbaye
Le monastère carolingien primitif, situé hors les murs de Vérone, se développa rapidement et devint une grande abbaye bénédictine, dont Dante parla dans sa Divine Comédie.
L’abbaye, reconstruite au Xe siècle, devint la résidence des empereurs lorsqu’ils venaient à Vérone. Othon Ier, Frédéric Ier Barberousse et Frédéric II y logèrent.
Il n’en reste qu'une haute tour crénelée en briques, construite entre le XIIe et le XIIIe siècle, et le cloître. Le palais et les bâtiments monastiques furent démantelés durant les guerres napoléoniennes, les pierres servant à d’autres constructions de Vérone.
Parmi les ruines sont conservés des pierres tombales ayant appartenu à l’ancienne nécropole.
L’ancienne entrée du monastère sert encore aujourd’hui aux visiteurs de départ de la visite. La pièce est formée de trois petites nefs, dont les voûtes croisées sont soutenues par deux colonnes.
Dans le bâtiment adjacent fut reconstruite récemment l’ancienne bibliothèque de l’abbaye.
Le cloître
Le cloître actuel, restauré en 1123 et rénové au XIIIe siècle à l'époque du prieur Giuseppe Della Scala (1293-1313), présente au sud des galeries romanes avec des arcades en plein cintre,
alors que celles du nord sont gothiques, avec des arcs brisés.
Les galeries voûtées sont soutenues par des colonnes doubles en marbre rouge de Sant’Ambroggio.
Les seules représentations de têtes humaines, comme dans la crypte, rappellent la transformation de l’animal en humain. Cette fois, point de singe, ni de taureau, mais un loup, ou un chien.
Et franchement, je pense que Bob Kane et Bill Finger sont passés par Vérone en 1939.
Tout le long des galeries se trouvent des pierres tombales et les tombeaux de plusieurs abbés.
Ici, celui de Giuseppe della Scala. Son frère Pietro Ier était alors évêque de Vérone, son père Alberto et ses frères Bartolomeo et Alboino Ier, ainsi que ses neveux Alboino II et Mastino II furent podestats puis seigneurs de Vérone. Belle famille.
Le cloître possède encore son lavabo, où les moines venaient se laver.
La vie de saint Zenon (San Zeno)
Né en Afrique, plus exactement en Mauritanie au début du IVe siècle, il fut formé à l'école de la rhétorique, dont les principaux défenseurs étaient Apulée de Madaure, Tertullien, Cyprien et Lactance. Il quitta son pays natal pour venir à Vérone en 362.
Il y fonda la première église de la ville, et en devint l’évêque. Il combattit l’arianisme, vécut dans l'austérité et la simplicité, et pour ne dépendre de personne, allait lui-même pêcher des poissons pour manger. Il mourut en martyr vers 380, et son culte se répandit dès le Ve siècle. Nombreux sont les miracles qui lui sont attribués.
Par exemple, il guérit la fille d’un magistrat de Vérone, Rezia Gallien, dont la fille était possédée.
Ou bien, il fit un pari avec de diable lors d’une partie de ballon, le ballon étant quand même le sommet d’une montagne. Ayant gagné, il força son rival à transporter sur ses épaules depuis Rome une vasque en porphyre, que l’on retrouve à l’entrée de la basilique.
D’autres miracles survirent après sa mort : la légende, rapportée par le pape Grégoire Ier (l'un des quatre Pères de l'Église d'Occident, avec saint Ambroise, saint Augustin et saint Jérôme), raconte qu’en 589, lors de la crue dévastatrice de l’Adige, l’eau s'arrêta sur le seuil de l'église où venait de se dérouler le mariage du roi lombard Authari et de la princesse Théodelinde de Bavière.
Il est le patron de la ville de Vérone, des pêcheurs, des enfants qui apprennent à marcher. Il est aussi invoqué contre les inondations.
L’église San Procolo (Saint-Proculus), historique
Le long de la via Gallica se trouvait une vaste nécropole païenne. C’est à cet endroit que fut inhumé saint Proculus, quatrième évêque de Vérone, qui mourut en 330 après avoir survécu à la persécution de Dioclétien.
Sur son tombeau fut érigée une première église chrétienne, au Ve siècle. La première trace écrite date de 846, lors de l’éloge funèbre de l’archidiacre Pacifico, où il est fait mention de sa restauration.
Reconstruite au XIIe siècle après le tremblement de terre de 1117, elle fut de nouveau restaurée en 1492, de nouvelles structures romanes furent ajoutées et la crypte fut agrandie. A cette époque furent retrouvées de nombreuses reliques, dont celles de saint Proculus, Agapito, Euprepio et Cricino.
Entre les XVIe et XVIIIe siècles, l’église fut plusieurs fois agrandie, ce qui malheureusement modifia sa structure originale.
Elle perdit sa fonction d’église paroissiale en 1806, et servit même de théâtre à l'armée française d'occupation.
Des restaurations partielles furent réalisées en 1951 et 1978, et en 1984 commencèrent des fouilles archéologiques. Elle fut entièrement restaurée en 1988.
Cette petite église, pourtant porteuse des plus anciennes traces du passé de Vérone, est délaissée des touristes qui lui préfèrent sa grande sœur San Zeno. On ne va pas s’en plaindre, il est plus facile d’y ressentir les différentes énergies dont elle a la garde, et qui ne sont pas des moindres.
L’église San Procolo, description
L’extérieur
La façade date du XIIe siècle. Elle présente le toit d’un ancien porche, décoré de fresques du XIVe siècle. De chaque côté, deux doubles fenêtres à meneaux. Sur le dessus, une fenêtre octogonale du XVIIIe siècle.
Sur le côté sud fut construit au XVe siècle un porche à colonnes de marbre rouge, partiellement fermé au XVIIe.
L’intérieur
L’église possède une nef unique.
De chaque côté de l’entrée, des monuments funéraires, construits en 1492, gardent les reliques des saints : à droite Procolo et Agapito, à gauche Euprepio et Cricino, représentés par un sculpteur anonyme du XVe siècle.
Le chœur et l’imposant arc de triomphe, réalisés selon une technique typique de l'art roman de Vérone avec alternance de galets, de briques et tuf, ont été bien mis en valeur lors de la restauration.
Derrière l’autel, une peinture de 1764 de Giorgio Anselmi, représentant saint Blaise guérissant des malades. Les fresques murales ont été réalisées au XIIe siècle.
Aux pieds du mur de l’abside, un fossé rend visible les fondations du Ve siècle.
A gauche de l’abside, une statue en pierre sculptée par Giovanni di Rigino en 1392. Elle représente saint Proculus bénissant sur son trône, et se trouvait dans la basilique de San Zeno.
Une statue de Vierge noire, de facture récente, contribue à donner à l’église une ambiance de recueillement.
Sur la gauche, une peinture de 1710, les pèlerins d’Emmaüs, attribué à Pasquale Ottino.
Plus loin, les peintures des portes de l'orgue de Saint-Zénon de 1490, sur lesquelles sont représentés Saint Zénon, saint Benoît et l'Annonciation, insérés dans une structure qui représente une église à deux étages.
Un escalier central descend vers la crypte.
L’église San Procolo, la crypte
L’ancien escalier, accroché au mur, date du XIe siècle. Sous l’escalier contemporain, une ancienne pierre portant une inscription latine.
Dans la partie ouest fut dégagée une partie de l’ancienne nécropole romaine,
et les fondations de l’église paléochrétienne, en galets.
S’y trouvent des dalles funéraires en calcaire, un sarcophage romain, et un cercueil de plomb.
La crypte, accessible par trois arcs en plein cintre, comporte trois nefs reliées par des voûtes romanes.
Les voûtes sont soutenues par 6 colonnes de récupération.
12 pilastres sont encastrés dans les murs.
Les chapiteaux datent de différentes époques, les plus anciens, du VIIIe siècle, sont corinthiens. Les plus récents, des IXe et Xe siècles, portent des figures géométriques, mais aussi la représentation d’animaux et de plantes, comme ces deux oiseaux buvant au même calice.
L’autel, dédié aux saints Cosma et Damiano, date de 1695 et conserve des reliques de deux martyrs syriens du IVe siècle. Derrière lui, accroché au mur de l’abside, une dalle en marbre du Ve siècle porte une inscription mentionnant plusieurs saints, dont Proculus. Certains pensent que cette dalle recouvrait le tombeau du saint évêque. C’est en tout cas un ancien autel de la basilique paléochrétienne.
La dernière restauration de 1984 a mis au jour des fresques des XIIe, XIIIe et XIVe siècles.
La crypte était entièrement peinte, parfois de plusieurs couches superposées. Les principaux sujets restent les évêques et la Vierge portant l’enfant,
ainsi qu’une Marie-Madeleine revêtue de ses longs cheveux.
http://www.archeoveneto.it/portale/?page_id=849&album=18&gallery=135