Les églises paléochrétiennes
A Rome, les premiers chrétiens, longtemps contraints à la pratique secrète de leur nouvelle religion, se réunissaient dans les catacombes, mais aussi dans des maisons particulières, chez de riches adeptes de la nouvelle foi. Ces "chefs de file" ont souvent subi le martyr, et quand Constantin laissa éclore au grand jour le Christianisme, on a voulu honorer ces martyrs, construire des temples à leur gloire.
D'anciens lieux de cultes païens ont été récupérés, rituellement purifiés, des colonnes et des pierres provenant de ces édifices ont été utilisés pour la construction des premières basiliques bâties sur le modèle des demeures et des temples antiques. L'ordonnance en croix avec nef et campanile arrivera quelques siècles
plus tard.
Presque toutes ces premières églises sont caractérisées par la présence de remarquables mosaïques représentant le Christ triomphant, les fresques seront ajoutées au fil du temps.
Remarquables aussi les pavements dits « cosmatesques » du nom des Cosma ou Cosmati (famille de décorateurs, cosma en grec signifie orner, décorer) qui ont décoré les églises romaines durant un siècle, jouant inlassablement avec les marbres polychromes disposés en savants dessins géométriques, au sol comme sur les colonnades.
Si elles n'ont pas l'opulence des églises baroques, il y règne une tout autre atmosphère, une humilité, une simplicité touchantes qui rappellent la discrétion dans laquelle ont dû évoluer les premiers chrétiens.
De nos jours, quelques touristes les fréquentent, la plupart sont répertoriées dans les guides, et elles semblent très prisées par les familles romaines qui y célèbrent mariages et baptêmes, dans un cadre emprunt de la simplicité authentique des lieux de culte primitifs.
http://209.85.135.104/search?q=cache:DxX11AzgEbEJ:www.italie1.com/latium/pdf/eglises_primitives_de_rome_1.pdf+san+giorgio+in+velabro&hl=fr&ct=clnk&cd=11&gl=fr&lr=lang_fr
Santa Maria in Trastevere
La basilique de Santa Maria in Trastevere est l'une des plus anciennes églises de Rome, située sur l'emplacement d'un miracle légendaire signalé en 38 avant notre ère : une source d’huile aurait jailli à cet endroit le jour de la naissance du Christ.
Le plan de base et la structure de l'église remontent à l'an 340, alors qu'elle faisait partie de l'un des tituli, ces premières basiliques chrétiennes consacrées à un saint. Ici, ce fut saint Calepodius, institué par le pape Alexandre Ier autour de l'an 112.
L'inscription sur la chaire épiscopale dit que c'est la première église dédiée à la Mère de Dieu, même si effectivement ce privilège appartient à la basilique Santa Maria Maggiore.
Le site fut donné officiellement aux chrétiens par l'empereur Sévère après un différent pour sa possession entre eux et les patrons d'une taverne, la Taberna Meritoria, qui accueillait les soldats à la retraite. Sévère aurait prononcé ces mots : "Je préfère qu'elle appartienne à ceux qui honnorent leur Dieu, quel que soit leur forme de culte." Le pape Callixte Ier la consacra en tant que basilique en l'an 220, ses reliques sont conservées sous l'autel.
En 340, le pape Jules Ier reconstruisit la "Titulus Callixti", qui devint "Titulus Iulii", peut-être la première église dans laquelle une messe fut célébrée officiellement. Elle fut restaurée aux Vème et VIIIème siècles, puis en 1140, à l'initiative du pape Innocent II, une nouvelle construction fut bâtie sur les fondations. Elle prit alors le nom de Santa Mariae trans Tiberim. Un campanile roman fut bâti.
Les 22 colonnes ioniques utilisées (ainsi que le portique de l'entrée) provenaient des ruines des thermes de Caracalla. Dans leur décor ont été identifiés des sculptures représentant Isis, Serapis et Harpocrate, malheureusement martelées lors d'une restauration faite en 1870 par le pape Pie IX.
La façade fut restaurée en 1702 par Carlo Fontana, qui remplaça
l'ancien porche à toit de tuiles par le portique classique que l'on
voit actuellement.
Au fronton, la mosaïque de Marie semble être la plus ancienne représentation iconographique de la Vierge allaitant l'enfant. Elle est entourée de 10 femmes portant des lampes à huile.
La fontaine octogonale de la place en face de l'église, qui apparaît déjà dans une carte de 1472, également restaurée par Carlo Fontana, est d'origine romaine.
Dans le narthex, une collection de fragments de sculptures païennes romaines, des pierres gravées datant des premiers chrétiens ainsi que des sarcophages (IIIème et IVème siècles), et certains fragments de sculptures du IX siècle et de peintures médiévales.
La chapelle de l' Altemps, conçu par Martino Longhi le Vieux (1584-86), accueille la célèbre "Madonna della Clemenza" datant du VIIème siècle. C'est dans la chapelle du baptistère conçu par Philip Raguzzini en 1741, qu'ont été découvertes, sous le plancher, les fondations de la domus romaine.
Les mosaïques de l'abside, attribuées à Pietro Cavallini, sont du XIIIème siècle. Elles représentent 6 tableaux de la vie de la Vierge, ainsi que les évangélistes entourant le symbole de la croix.
Dans l'une des scènes de la vie de la Vierge, la nativité, on remarque un petit bâtiment sur la gauche d'où sort un ruisseau sombre : c'est l'huile miraculeuse de la légende de la fondation de l'église.
Le chœur présente le Christ et la Vierge, entourés de saints : à droite Pierre, Cornelius, le pape Jules, Calepodius, à gauche le pape Callixte Ier, Laurent et le Pape Innocent II.
Santa Maria Maggiore
La basilique de Santa Maria Maggiore, l'une des quatre basiliques patriarcales de Rome, fut érigée après le concile d’Ephèse en 431 sous le pape Siste III. C'est lors de ce concile que Marie fut proclamée Theotòkos, Mère de Dieu. Ce fut donc la première église romaine dédiée au culte de la divinité de Marie et la seule qui ait conservé les structures paléochrétiennes.
Son histoire commence par une légende, le "miracle de la neige" :
"Sous le règne du pape Libère (352-366), en 363 selon Sausseret, et les 4 et 5 août 352 selon Gamba, la Vierge serait apparue en rêve à Giovanni, riche patricien romain, puis à sa femme, pour leur dire d’élever un sanctuaire en son honneur, « un temple dans l’emplacement que, le lendemain, ils trouveraient couvert de neige. Le jour suivant, Giovanni alla tout raconter au pape. Le pontife répondit aux pieux Romains que lui aussi avait eu la même apparition et la même révélation. En conséquence, il ordonna une procession générale. Clergé et peuple allèrent à l’endroit désigné. On le trouva couvert d’une épaisse couche de neige dans l’emplacement que devait occuper l’édifice demandé par la Mère de Dieu. Sous les yeux même de la multitude rassemblée, la neige, s’étendant et se divisant en longues lignes, forma elle-même sur le sol le plan et les proportions de l’édifice ».
Le chantier aurait été financé par le voyant. Ce récit est consigné dans le Legendarium et a été inséré dans la Lectio divina (second nocturne de l’ancien Bréviaire). Une version différente raconte qu’un cerf apparut mystérieusement sur les lieux et traça le plan de l’édifice avec ses bois."
Cela me rappelle la légende de la construction de la cathédrale du Puy en Velay :
"A l'époque gallo-romaine, une matrone souffrant d'une fièvre tenace, inspirée par une vision, se rendit sur le mont Anis, plus connu de nos jours sous le nom de rocher corneille. Là elle s'endormit, épuisée. A son réveil, la vierge trônant sur un dolmen lui confia son désir d'avoir une église en ces lieux. Sa fièvre avait disparu. Saint Georges, alors évêque du Velay, se rendit sur place. Bien qu'en plein mois de Juillet, le sol était couvert de neige sur laquelle un cerf dessina de ses sabots le tracé d'une église.
Neige en Juillet ? Opposée au soleil et au lion zodiacal du mois de Juillet, la neige incarne le principe féminin qui va subir la fécondation indispensable à l'éclosion de la vie. (opérée par le cerf, Cernunnos, le sillon étant symbole de l'acte sexuel, version primitive de l'immaculée conception)"
Jusqu’en 1187, aucun document pontifical ne mentionne l’origine prétendument miraculeuse du sanctuaire. Le plus ancien manuscrit mentionnant ce récit légendaire date du XIIIème siècle.
De cette première église nous n'avons aucune trace archéologique, la partie la plus ancienne de l’actuelle basilique date de la première moitié du Vème siècle siècle. Par contre furent retrouvés lors de fouilles un calendrier datant du IIème siècle, ainsi que les restes de murs romains.
Santa Maria Maggiore fut souvent modifiée et restaurée au fil du temps. Le grand campanile, de 75 mètres de hauteur (le plus haut de Rome), fut construit par Grégoire XI lors de son retour d'Avignon à Rome en 1377.
En 1390, l'abside et des transepts sont ajoutés, avec la mosaïque du couronnement de la vierge.
Au XVIème siècle, des chapelles sont rajoutées et le plafond à caisson fut réalisé.
Au XVIIème siècle, les deux façades baroques et les coupoles sont construites.
C'est aussi à cette époque que l'obélisque, provenant du mausolée d'Auguste, et la colonne provenant de la basilique de Maxence, surmontée d'une Vierge à l'enfant faite par Berthelot en 1611, sont transférés sur les places de l'Esquilin et sur la place Sainte Marie Majeure. A ses pieds, une belle fontaine...
L'église est divisée en trois nefs par deux files de colonnes doriques en marbre d'Athènes, provenant sûrement de la première basilique, laquelle utilisa sans doute les éléments d'une construction romaine.
Les mosaïques de la nef commandées par Sixte III, représentant des scènes de l'Ancien Testament, datent du Vème siècle et sont parmi les plus anciennes mosaïques chrétiennes de Rome.
On y trouve représentés Abraham, Melchisedek, Jacob, Moïse, Josué et David par exemple.
Le baldaquin domine l'autel central où est placé le reliquaire de la crèche. Ce reliquaire a ses origines en 432 quand le pape Sixte III créa dans la basilique primitive une "grotte de la nativité" semblable à celle de Bethléem. Les nombreux pélerins qui revinrent de Terre Sainte à Rome (dont le pape Théodore peu de temps après la chute de Jérusalem en 638) portèrent en don de précieux fragments du bois du berceau sacré (cunabulum) aujourd'hui conservés dans le reliquaire doré.
Le plafond à caissons, dont la tradition veut que sa dorure fut réalisée avec les premières cargaisons d'or ramenées du Pérou et offert par Isabelle et Ferdinand d'Espagne à Alexandre VI, date du XIIème siècle. Il a subi une restauration au XVIIIème.
Dans la chapelle Pauline se trouve une icône de la Vierge dont la légende prétend qu'elle fut faite par saint Luc. Elle est appelée "Salus Populi Romani", le salut du peuple de Rome. Selon la tradition, le pape saint Grégoire le Grand la transporta dans les rues en 593, quand Rome souffrit de la peste. Sa dernière sortie se fit en 1837, quand le pape Grégoire XVI la porta dans la ville au cours d'une épidémie de choléra.
L'icône fut datée du VIIème siècle, mais il parait que la datation au radiocarbone établit qu'elle aurait 2000 ans, ce qui renforcerait ainsi sa tradition sacrée.
http://www.art-sacre.net/rome/f_72_2.html
http://www.rome-passion.com/sainte-marie-majeure.html
http://www.mariedenazareth.com/8804.0.html?&L=0
http://www.vatican.va/various/sm_maggiore/fr/storia/interno.htm
San Pietro in Vincoli
San Pietro in Vincoli fut tout
d'abord l'un des tituli de Rome, Titulus Eudoxiae ad Vincula. L'église fut
construite sur les ruines d'une villa impériale en 442 à la demande de l'Impératrice
Eudoxie, ou Licinia Eudoxia, fille de Théodose et épouse de Valentinien, afin
de conserver les chaînes de saint Pierre, l'une provenant de la prison Mamertine
de Rome, les autres de la prison de Jérusalem, encore visibles aujourd'hui dans
la châsse qui se trouve sous le maître-autel. Le contact de ces chaînes
guérissait les malades et chassait les démons. La fête des chaînes de saint
Pierre est célébrée encore de nos jours avec une grande solennité, le 1er août.
Extrait de la légende dorée de Jacques
de Voragine :
"Ce fut donc en mémoire et en
l’honneur de la victoire qu’Auguste remporta le premier août que tous les
Romains solennisaient ce jour, jusqu'à l’époque de l’empereur Théodose qui commença
à régner l’an du (333) Seigneur 426. Eudoxie, fille de ce Théodose et épouse de
Valentinien, se rendit à Jérusalem pour accomplir un voeu. Ce fut là qu'un Juif
lui offrit, pour une somme importante, les deux chaînes dont saint Pierre avait
été lié sous Hérode. Revenue à Rome aux calendes d'août, et voyant le Romain
célébrer une fête en l’honneur d'un empereur qui était idolâtre, elle fut
affligée de ce qu'on rendait de si grands honneurs à un homme damné : elle
reconnut qu'il ne serait pas facile d'abolir cette espèce de culte passé en
coutume; alors elle pensa à laisser subsister cet état de choses, mais dans le
but que la solennité aurait lieu en l’honneur de saint Pierre, et que tout le
peuple nommerait ce jour la fête de saint Pierre aux Liens. Après en avoir
conféré avec le saint pape Pélage, ils unirent leurs efforts pour porter le
peuple, par des exhortations flatteuses, à laisser dans l’oubli la mémoire du
prince des païens, pour faire une mémoire solennelle du prince des apôtres. La
proposition ayant obtenu l’assentiment universel, Eudoxie fit connaître qu'elle
avait rapporté de Jérusalem les chaînes de saint Pierre et les montra au
peuple. Le pape, de son côté, produisit la chaîne dont le même apôtre avait été
lié sous Néron. On les mit ensemble et alors eut lieu ce miracle par lequel de
ces trois chaînes, il s'en forma une seule, comme si elle n'eût pas été
composée de différentes pièces. En même temps, le pape et la reine décidèrent
que l’honneur rendu à un païen, qui était damné, serait attribué à plus juste
titre au prince des apôtres. Le pape donc avec la reine plaça les chaînés dans
l’église de Saint-Pierre-aux-Liens. Il l’enrichit de grands privilèges et
institua que ce jour serait fêté en tous lieux. Voilà ce que dit Bède. Sigebert
rapporte la même chose. On vit en l’an du Seigneur 969 combien grande était la
puissance de cette chaîne car un comte, proche parent de l’empereur Othon, qui
fut saisi, aux yeux de tout le monde, par le diable d'une façon si cruelle,
qu'il se déchirait avec les dents. L'empereur ordonna alors qu'on le menât au
pape Jean, afin de lui entourer le cou avec la chaîne de saint Pierre. On lui
mit d'abord au cou une autre chaîne qui ne délivra pas le possédé, car il n'y
avait en elle aucune vertu ; enfin on prend la chaîne de saint Pierre et on la
met au cou du furieux : mais le diable ne put supporter le poids d'une si
grande puissance, et se retira aussitôt en jetant un cri affreux en présence de
tous les assistants."
Extrait de "A plus hault
sens" de Claude Gaignebet :
"Selon Bède le vénérable au
IXème siècle, la fête de saint Pierre avait pour but la destruction du rite des
gentils. Les romains solennisaient le 1er août la victoire d'Octave Auguste en
Egypte. Eudoxie, la fille de Théodose, acquit en 426 les chaînes de saint
Pierre lors d'un voyage à Jérusalem. Elle revint à Rome un 1er août et,
constatant qu'il serait difficile d'abolir la coutume, décida de remplacer
Octave par saint Pierre.
A cette date du 1er août en Egypte,
Octave n'a pu, en fait, que redonner quelques lustres aux fêtes très anciennes
qui marquaient le début de l'année sothiaque et la crue du Nil. A Rome même,
les fêtes des chaînes de saint Pierre auraient-elles recouvert des cérémonies
égyptiennes introduites à l'occasion du déferlement des religions orientales
dans la capitale ?
L'étude des traditions indigènes,
plus particulièrement celle de la fête celtique Lugnasad du 1er août laisse
envisager d'autres hypothèses..."
Bien. Nous voyons par cet exemple
que rien n'est dû au hasard, même pas les légendes. Zut alors. Les papes des
premiers temps du christianisme ont bien joué le coup.
Revenons à San Pietro. L'église fut
restaurée par le pape Adrien Ier (772-795) puis reconstruite par le pape Sixte
IV (1471-1484) puis par le pape Jules II (1503-1513). Restaurée en 1875, elle
est desservie depuis par les Chanoines réguliers du Latran.
Le portail d'entrée date du XVème siècle et cache l'ancienne façade.
Construite sur le modèle des
basiliques à 3 nefs auxquelles s'ajoute un transept, l'église contient 22 colonnes doriques antiques qui étonnamment ont
des bases ioniques. La tradition dit qu'elles ont été prises dans la basilique
où saint Pierre fut condamné. Il est plus probable qu'elle provinssent d'un
temple grec.
Une mosaïque byzantine du VIIème
siècle représentant saint Sébastien, barbu et portant un uniforme byzantin, se
trouve au dessus du deuxième autel sur la gauche.
La crypte derrière le sanctuaire contient un ancien sarcophage romain censé contenir les reliques des saints Macchabées, 7 sept héros juifs morts pour protéger la loi mosaïque. Les reliques furent transportées à San Pietro par le pape Pélage (556-561). Je n'ai pas pu y accéder.
L'oeuvre la plus célèbre reste le
Moïse de Michel-Ange, sculpté en 1545, que l'on trouve à la droite de l'autel.
Il fut fait pour le tombeau du pape Jules II, censé se trouver au Vatican. 47
autres statues devaient l'accompagner, mais le projet ne fut jamais terminé.
Les statues de Léa (à droite symbolisant la vie active) et Rachel (à gauche, la
vie contemplative), entourant Moïse, sont aussi de Michel-Ange. Le reste du
monument fut réalisé par ses élèves. On dit que Michel-Ange fut tellement impressionné du résultat de son travail qu'il
jeta son marteau contre la statue en criant "pourquoi ne parles-tu pas
?".
Avec le Moïse, nous voilà revenus en
Egypte : Sigmund Freud est venu étudier la statue à Rome. Il considérait Moïse
comme égyptien, et non pas juif. Selon lui, il fut un prêtre adepte du culte du
soleil, qu' Akhenaton mit en place en Egypte vers -1372. Selon lui, Moïse aurait
demandé la protection des juifs, à l'origine ancienne tribu égyptienne. Je
conseille vivement à ce propos la lecture du livre d'Henri Blanquart, "les
mystères du peuple juif", aux éditions du Léopard d'Or, si vous arrivez à
le trouver !
Encore une chose : Michel-Ange a
sculpté un Moïse pourvu de cornes. On dit que ce fut le résultat d'une erreur
de traduction que fit Jérôme dans sa Vulgate: il confondit le terme hébreu
qâran qui signifie "émettant des rais de lumières, rayonnant" avec le
terme qèrèn, substantif qui signifie "cornes" (Exode, 34, 29). En
gros, la traduction exacte devait être "la peau de son visage rayonnait
chaque fois qu'il avait pris contact avec son dieu" et Jérôme en fit
"Ils voyaient que la face de Moïse était cornue". Mais est-ce bien un
erreur ? Jérôme devait maîtriser assez le latin pour ne pas commettre ce genre
de contresens. Il connaissait bien des rabbins, il pouvait en plus se
renseigner auprès d'eux s'il doutait.
Voici ce que Jean Chevalier et Alain
Gheerbrant proposent comme définition des cornes dans leur dictionnaire des
symboles:
"La corne a un sens d'éminence,
d’élévation. Son symbolisme est celui de la puissance. Ce symbolisme est lié à
Apollon-Karneios et à Dyonisos : il fut utilisé par Alexandre le Grand qui prit
l'emblème d'Amon, le bélier, que le livre des morts égyptien nomme
"seigneur des deux cornes". Les guerriers de divers pays, et
notamment les gaulois, ont porté des casques à cornes. La puissance des cornes
n'est d'ailleurs pas seulement d'ordre temporel.
Les cornes de bélier, note Guénon,
sont de caractère solaire, les cornes de taureau de caractère lunaire. Il est
de fait que l'association de la lune et du taureau est bien connue des
sumériens et aussi des hindous.
Les cornes des bovidés sont
l'emblème de la Magna
Mater
Si la corne relève le plus souvent
d'un symbolisme lunaire, et donc féminin, elle peut aussi devenir un vecteur
symbolique solaire et mâle.
Les cornes représentent un principe
actif et masculin par leur forme et par leur force de pénétration, un principe
féminin par leur ouverture en forme de lyre et de réceptacle. En réunissant ces
deux principes dans la formation de sa personnalité, l'être humain parvient à
la maturité, à l'équilibre, à l'harmonie intérieure."
Bien. Nous voyons par cet exemple
que rien n'est dû au hasard, même pas les légendes. Zut alors. Les artistes
connaissants de tout temps du christianisme ont bien joué le coup.
Jérôme fait une autre erreur quand
il traduit BETOULA, “jeune femme”, par “vierge”. D’où le dogme de
Mais
là, c'est une autre histoire. (http://www.abbaye-saint-benoit.ch)
http://www.rome-passion.com/saint-pierre-aux-liens.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Basilique_Saint-Pierre-aux-Liens
Santa Maria in Aracoeli
Santa Maria in Aracoeli, littéralement Sainte Marie de l'autel du ciel, à l’origine appelée Santa Maria in Capitolo, fut bâtie par des moines byzantins au VIème siècle sur les fondations de l'ancien temple de Junon Moneta, au nord de la colline du Capitole, à l'endroit où la Sibylle de Tibur aurait prédit à l'empereur Auguste l'avènement prochain du Christ. Auguste fit alors construire un autel à l'endroit où il avait eu la révélation, l'ara coeli. C'est aussi à l’emplacement de l’église Santa Maria d’Aracoeli, que résidaient les fameuses oies du Capitole qui sauvèrent Rome des Gaulois en -390 en donnant l’alerte par leurs cris.
Une autre hypothèse : l'église aurait remplacé l’auguraculum, le siège de l'augure. Je ne suis pas historienne, mais je pense que la deuxième hypothèse est la bonne. Je vous expliquerai pourquoi plus tard.
L’église et le monastère attenant suivaient donc le rite grec. Au début su IXème siècle, l’église fut prise en charge par la papauté et donnée aux bénédictins.
Au XIIIème siècle, elle passa aux mains des franciscains : une bulle papale datée de 1249 la leur accorde. Ils la reconstruisirent sur un plan basilical dans le style roman puis gothique, en incorporant de nombreux éléments de l'ancienne église.
Au XIVème siècle, Cola di Rienzo pris le pouvoir à Rome, en se proclamant Tribun et libérateur de la Sainte République romaine. Après avoir remporté une bataille contre les nobles, il consacra son épée sur l'autel de Santa Maria in Aracoeli et inaugura l’escalier en 1348. Quelques années plus tard, il fut tué aux pieds des marches, où les criminels condamnés étaient exécutés. Sa statue fut érigée à cet endroit.
Durant tout le moyen-âge, l’église fut au cœur de la vie religieuse et civique de Rome. Elle est depuis désignée comme l'église du Sénat et du peuple romain, « Senatus Populusque Romanus ». Il est vrai que les sénateurs romains avaient l’habitude de se réunir dans le temple de Jupiter, situé à quelques mètres de celui de Junon.
Des chapelles sont rajoutées aux XVIème et XVIIème siècles, période au cours de laquelle le choeur et les parties hautes sont remises au goût du jour.
En 1797, avec l’avènement de la république romaine, la basilique fut désaffectée et transformée en étable.
On accède à Santa Maria par un escalier monumental de 124 marches en marbre, la scalinata d'Aracoeli. Cet immense ex-voto fut construit en 1348 par Simone Andreozzi à la demande des romains pour remercier la Vierge d'avoir épargné la ville de l'épidémie de peste de 1346.
On dit que si l’on monte ces escaliers sur les genoux, les péchés seront pardonnés.
La façade de briques de l'église, jamais terminée, était à l'origine décorée de mosaïques et de fresques, dont il ne reste qu’une mosaïque dans le tympan de la porte principale. Les trois portes ont été ajoutées plus tard.
Au-dessus de la porte sud, le tympanon présente une mosaïque de la Vierge entourée de deux anges de l'école de Pietro Cavallini. Seul témoignage de l’époque gothique, une fenêtre, le seul détail que l’on aperçoit en bas des marches.
L'église comporte trois nefs, divisées par 22 colonnes romaines qui sont toutes différentes les unes des autres car prélevées sur différents bâtiments romains antiques du Forum et du Palatin.
Le plafond à caissons fut offert par par Marcantonio Colonna en commémoration de la victoire des forces de l’alliance papale sur la flotte turque à la bataille de Lépante en 1571.
Le pavement du sol fut réalisé au XIIème siècle par la famille Cosma, dont le style particulier était l'incrustation de minuscules bris de marbres colorés aux motifs géométriques. Celui de Santa Maria in Aracoeli reste l’un des mieux conservés.
Des fresques du XVème siècle (1486) du Pinturicchio ornent la première chapelle à droite, et sont consacrées à saint Bernardin de Sienne.
Une autre représente une vierge à l'enfant, peinte par Pietro Cavallini (1259 - 1330), peintre et un mosaïste italien de l'école romaine de la pré-Renaissance du Trecento.
Dans le chœur du sanctuaire se trouve une icône byzantine de la Vierge et l'Enfant, connue sous le nom de Madonna d'Aracoeli, peinte sur bois de hêtre, et datée du XIème siècle. Certains spécialistes prétendent qu'elle serait peut-être plus âgée, et daterait du VIème siècle, à l’époque où les moines byzantins construisirent l’église. D’après une légende, le pape saint Grégoire le Grand en l'an 594 l’aurait fait défiler dans les rues de Rome pendant une épidémie de peste, qu’elle aurait stoppée.
La statue de l'enfant Jésus sculptée au XVème siècle par un moine franciscain à Jérusalem dans du bois d'olivier du jardin de Gethsémani, fut transportée à Rome sur les ordres de la curie franciscaine, dont le siège social se trouvait à Santa Maria in Aracoeli. Son histoire débute déjà par plusieurs miracles : la statue fut peinte par un ange pendant que le sculpteur dormait, puis prise dans une tempête pendant le voyage vers l'Europe, elle fut jetée par-dessus bord, mais elle rebondit sur l’eau et finalement arriva aux pieds du moine franciscain, qui avaient attendu avec impatience sur les rives de la Livourne.
La légende raconte encore que la statue pourrait guérir les malades en phase terminale, et aurait même le pouvoir de ressusciter les morts. Incrustée de bijoux, la statue originale fut volée en 1994 et jamais retrouvée, c’est une copie que l’on trouve maintenant dans sa chapelle privée près de la sacristie.
La mère de l'Empereur Constantin Ier, sainte Hélène, fut inhumée dans l'église d'Aracoeli. Ses reliques sont conservées sous un baldaquin fait par les Cosma au XIIème siècle, dans un autel en porphyre.
Je vais maintenant vous expliquer pourquoi je pense que les fondations de Santa Maria in Aracoeli sont posées sur l’ancienne auguraculum, le siège de l'augure.
La légende parlant d’Auguste et de la Sibylle de Tibur date du Moyen-Âge. C’est dans le milieu du XIIème siècle qu’on la trouve pour la première fois, dans un guide de Rome, le « Mirabilia Urbis Romae », où il est dit que l’église s’est construite à l’emplacement de l’ « Ara Primogeniti Dei », là où la sibylle prophétisa. Une légende plus tardive parle carrément d’une apparition mariale devant Auguste.
La colline du Capitole fut la plus ancienne et la plus haute de la Rome antique, donc celle qui prit le plus d’importance. Le christianisme ne pouvait que reprendre à son compte cette position afin d’asseoir son pouvoir et assurer la victoire du spirituel sur le temporel. L’apparition mariale vint vite détrôner la Sibylle, à connotation plus que païenne, même si elle annonçait dans ses prédictions la venue du Christ. Et comme il n’y a pas de fumée sans feu, la présence de cette prophétesse en ces lieux n’est pas anodine.
Au cours de ma visite, j’ai senti un point énergétique très puissant, une ligne en fait, passant par deux des premiers piliers de la nef. Une faille géologique passe à cet endroit. Il suffit de se tenir quelques minutes sur cette ligne, et l’on comprend très vite comment la Sibylle pouvait avoir des visions…. Hein ? Mais non j’ai pas fumé la moquette. Essayez, vous verrez bien !
http://www.insecula.com/salle/MS02945.html
http://www.rome-decouverte.com/la-colline-du-capitole/santa-maria-in-aracoeli.html
http://www.rome-passion.com/santa-maria-aracoeli.html
San Giorgio al Velabro
La basilique San Giorgio al Velabro est consacrée à saint Georges. Le plan de l'édifice, très irrégulier, montre que différentes constructions se sont rajoutées au fil des ans. Le premier édifice religieux fut construit par le pape saint Grégoire le Grand. La basilique actuelle fut construite au VIIème siècle, peut-être par le pape Léon II (682-683), qui la consacra à saint Sébastien. Elle était située dans le quartier grec de Rome, la "Schola Graeca ". Le pape Zacharie (741-752), d'origine grecque, y transféra les reliques de saint Georges de Cappadoce : c'est ainsi que ce saint eut une église dédicacée à Rome bien avant la diffusion de son culte après le retour des croisés.
Après la restauration du pape Grégoire IV (827-844) au IXème siècle, la basilique reçut l'ajout du portique et du campanile à 5 étages dans la première moitié du XIIIème siècle. L'abside fut décorée de fresques.
Entre 1923 et 1926 fut effectuée une restauration radicale dans le but de rétablir son caractère médiéval : le sol retrouva son niveau initial retrouvant ainsi la base des colonnes, d'anciennes fenêtres furent réouvertes donnant de la lumière dans la nef centrale.
C'est au cours de ces restaurations que des fragments de l'ancienne schola cantorum furent découverts.
Une voiture piégée, garée à proximité de la façade de la basilique, explosa à minuit, le 27 Juillet 1993. Cette explosion n'a causé aucune perte humaine, mais a détruit le portique du XIIème siècle, et fait une grande ouverture dans le mur principal. Le Ministère du patrimoine culturel fit restaurer le bâtiment, tout en gardant des détails sur la façade afin de garder en mémoire le triste jour. Une théorie dit que l'emplacement de l'attentat à la bombe a été choisi en raison de la légende de Romulus et Remus, qui, selon la légende, furent retrouvés par la louve en ce lieu. L'attentat aurait été une attaque symbolique contre Rome, centre du gouvernement italien.
L'intérieur présente peu de décorations, mais garde ainsi une sérénité qui à mon goût manque souvent à Rome. La fresque du XIIIème siècle dans l'abside représente le Christ, la Vierge et saint Georges, saint Pierre et saint Sébastien.
La relique de saint Georges, une partie de son crâne, est conservée sous l'autel. Le baldaquin et le maître autel sont l'œuvre de la famille Cosma aux XIIème et XIIIème siècles.
L'église se rétrécit vers l'abside, cela se remarque en regardant le plafond. La nef centrale débute avec 9,5 mètres de large, puis ne fait plus que 7,5 mètres dans sa partie la plus étroite, la nef de droite part de 7,5 mètres pour finir avec seulement 3 mètres de large. La nef de gauche s'écarte un peu de l'axe central.
L'arc des argentiers
Sur la façade est incorporé l'ancien arc de triomphe appelé " Arcus Argentariorum ", arco degli argentari ou arc de la corporation des argentiers, les changeurs. Il fut érigé en l'an 204 en l'honneur de l'empereur Septime Sévère et de la famille impériale. D'une hauteur de 6,15 mètres, pour une largeur de 3,30, il se compose d'une architrave soutenu par deux piliers. Sa moitié orientale fut incorporée à l'église au cours du VIIème siècle.
La structure est recouverte de plaques de marbre blanc, à l'exception d'un socle en travertin. La décoration est riche et remplit chaque surface disponible : deux bas-reliefs représentent Hercule et un génie, des scènes de sacrifice, Septime Sévère et Julia, des soldats et des prisonniers barbares.
L'arc de Janus Quadrifons
Un peu plus en avant se trouve l'arc quadrifront de Janus, construit au milieu du IVème siècle, dont le nom provient en fait non du dieu au double visage, mais du mot latin Ianus, indiquant un passage couvert, ou une porte. Au départ ce ne fut probablement même pas un arc, mais une structure destinée aux banquiers opérant dans le Forum Boario.
Le bâtiment est presque carré (12 mètres par 16 mètres de hauteur), avec quatre énormes piliers soutenant une voûte. Il fut construit en ciment et revêtu de blocs de marbre provenant d'autres lieux. Il se pourrait qu'il ait eu une forme pyramidale. Les niches, surmontées d'une demi-coquille sculptée dans le marbre, abritaient des statues. Il ne reste que les représentations des déesses Minerve, Junon et Cérès.
San Bartolomeo all'Isola
L'église San Bartolomeo all'Isola (Saint-Barthélémy-en-l'Isle) fut fondée à la fin du Xème siècle par l'empereur Otton III, dernier empereur du Saint Empire romain germanique, et était initialement consacrée à l'évêque Adalbert de Prague, un de ses amis.
Elle est située sur l'île Tibérine, à l'emplacement de l'ancien temple d'Esculape, et conserve les reliques de saint Barthélemy. Elle fut rénovée par le pape Pascal II en 1113, puis de nouveau en 1180, après l'arrivée des reliques de l'apôtre, provenant du Bénévent, et avant d'Arménie, où elles étaient encore en 809. Le clocher roman du XIIème siècle, la Torre dei Caetani, est tout ce qui reste de l'époque médiévale.
L'église fut gravement endommagée par une inondation en 1557 et fut
reconstruite, avec une façade baroque, en 1624, d'après les plans de
Orazio Torriani. D'autres restaurations ont été entreprises en 1852.
Les reliques sont actuellement dans une ancienne baignoire romaine en porphyre sous l'autel principal. D'anciennes pierres sont encastrées sous le portique.
Un grand bassin en bronze datant du Xème siècle a servi, selon la tradition, à transporter les reliques de saint Barthélemy de Bénévent à la basilique d'Otton.
Le puits en marbre devant les escaliers du chœur représente le Christ, Adalbert, Barthélémy et Otton. D'après la légende, il doit se trouver à l'emplacement de la source sacrée que contenait le temple d'Esculape.
L'intérieur de l'église conserve quatorze anciennes colonnes romaines, et deux sculptures de lions en marbre datant de la première rénovation.
L'accueil sur l'île s'est plutôt bien passé, les mouettes m'ont laissée entrer.
La légende d'Esculape, d'après monsieur René Patouillard
Une légende explique comment l'île Tibérine fut consacrée a Esculape: Pendant la peste qui sévit a Rome en 293 av. J.-C. et y fit de grands ravages, le Sénat, après avoir consulté, suivant l'usage, les livres de la Sybille, envoya des ambassadeurs a Épidaure, où se trouvait le principal sanctuaire d'Asklépios, le dieu grec de la médecine; un des serpents conserves dans le temple comme symboles vivants de la divinité entra de lui-même dans leur vaisseau qui le ramena à Rome. En remontant le Tibre, arrive aux portes de Rome, il s'élança dans l'Ile et y disparut. Sa venue fit cesser le fléau. En souvenir de cette manifestation divine on éleva dans l'ile un temple consacré au dieu Esculape, ainsi qu'un hôpital pour les malades, et elle fut reliée aux rives par deux ponts.
Plus tard on ajouta de nouvelles constructions pour maintenir les terres de l'Ile et on lui donna, en décorant les deux pointes en forme de poupe et de proue, l'aspect d'un gigantesque vaisseau ancré devant Rome, dont un obélisque placé au centre figurait le mat.
La nouvelle divinité sous la forme du serpent prospéra miraculeusement et la croyance en son immortalité, favorisée par les prêtres, dura plusieurs siècles. Comme à Epidaure les malades venaient en foule implorer leur guérison et ils étaient logés sous des portiques avoisinant le temple. Pendant leur sommeil, le dieu leur apparaissait et leur donnait ses prescriptions pour soigner les maux dont ils souffraient.L'Ile Tibérine a renfermé, outre le temple d'Esculape et ses dépendances, divers édifices dont les principaux sont: le temple de Jupiter Jurarius, dieu protecteur des serments; celui de Faunus, patron des moissons et un monument à Tibérinus, génie tutélaire du fleuve.
L'église San Bartolomeo a été construite sur les substructions du temple d'Esculape. Une statue colossale d"Esculape en marbre fut découverte à la Renaissance dans l'île. Elle se trouve actuellement au Musée de Naples et provient certainement du temple.
Les murs du temple devaient être décores d'ex-votos offerts par la reconnaissance des malades guéris, statues ou statuettes, têtes ou autres parties du corps en marbre, en métal ou en terre cuite. Quantité de ces ex-votos ou donaria ont été retrouvés dans le Tibre près du pont Cestius.
Sous le temple se trouvaient des salles, favissæ, dans lesquelles on renfermait les donaria qui ne pouvaient trouver place dans le temple même. Le temple était entouré d'un petit bois sacré dans lequel s'élevaient les monuments votifs consacrés au dieu par la piété des malades.
Les ponts de l'île
Les deux ponts en pierre subsistent encore. Le pont Fabricius a été restauré en brique au moyen age, son parapet est moderne, mais les deux hermès à quatre faces qui y sont incrustés doivent provenir du parapet antique, lequel devait être composé d'une série de ces hermès entre lesquels courait une balustrade en bronze dont on voit encore les trous de scellement sur les faces latérales.
Ce sont ces hermès qui ont donné au pont son - nom actuel de ponte Quattro Capi.
Le pont Cestius a été réparé ou reconstruit une première fois au IVe siècle, puis, après différentes consolidations, reconstruit à nouveau en 1892. L'arche centrale a été montée avec les matériaux anciens. Le pont antique ne comportait qu'une seule grande arche accompagnée de deux petites. Le nouveau pont, plus long que l'ancien, en comprend trois, sensiblement égales. Les socles des parapets étaient vraisemblablement surmontés de statues des empereurs.
( http://www.isolatiberina.it/W_Testi_16.pdf )
Santa Sabina
En montant sur la colline de l'Aventin, un jardin magnifique nous accueille : une fontaine pour nous désaltérer, des pins pour nous donner un peu d'ombre, une vue sur Rome à couper le souffle. C'est là, pile dans l'axe de la fontaine, que se tient l'église de Santa Sabina. (Sainte-Sabine)
Santa Sabina fut construite sous le pontificat de Célestin Ier, entre 422 et 432, sur l'ancien site du temple de Junon Regina, devenu le titulus Sabina. Ce fut l'évêque Pierre d'Illyrie, originaire de Dalmatie, qui la fit construire à ses frais après le sac de Rome par les Barbares.
Dès l'origine, elle fut dédiée à sainte Sabine, dont la légende indique qu'en ce lieu elle fut passée par le fil de l'épée au IIème siècle, vers l'an 114. Sous une grille posée au sol, on aperçoit une ancienne pièce d'origine romaine, qui a fait l'objet de fouilles. Il se pourrait qu'elle ait fait partie de l'ancien titulus. Un mystérieux escalier, au fond de l'aile sud, laisse envisager des merveilles...
Les proportions de l'église sont fondées sur les principes hellénistique, tel que décrit par Vitruve. Elle fut construite suivant un plan basilical rectangulaire à 24 colonnes de marbre.
Elle fut restaurée aux VIIIème et IXème siècles. Au Xème siècle, on adjoignit à l'église un campanile, modifié au XVIIème siècle.
En 1219, le pape Honorius III, qui avait approuvé la fondation de l'ordre des Prêcheurs, donna l'église à Dominique de Guzman, pour qu'il y installe ses futurs dominicains. Celui-ci y fit bâtir un cloître et des bâtiments conventuels. Des vingt six fenêtres, il n'en reste que six, les autres ayant été murées, selon les prescriptions du concile de Trente qui avait préconisé de supprimer l'importante luminosité peu propice à la méditation des âmes. Depuis lors, il est resté le siège de la maison des dominicains. Saint Dominique vécut dans ce monastère peu avant sa mort en 1221.
Au XVIème siècle, l'empereur Charles Quint fit considérablement transformer l'intérieur de la basilique antique, en y adjoignant des décorations dans le style de la Contre-Réforme.
Les ajouts baroques furent supprimés lors d'une importante restauration au XXème siècle, qui redonna à l'église une apparence plus proche de son origine. Seule la chapelle baroque dédiée à sainte Catherine de Sienne, datant du XVIIème siècle, fut conservée.
Au fond du porche datant du XIVème siècle contenant d'anciens sarcophages se trouve la porte en bois de la basilique, de 5,30m sur 3,12m.
C'est la porte originale, datant du Vème siècle. Elle est composée de panneaux en bois de cyprès, dont 18 sur les 28 ont conservé leurs sculptures en bas-relief représentant des scènes de la Bible.
Celui figurant la crucifixion serait l'exemple le plus ancien d'une telle représentation : Jésus entre les deux larrons a les clous enfoncés dans les paumes de ses mains, la croix est absente. Il a les yeux ouverts, son visage ne transmet aucune marque de souffrance.
À l'intérieur, le dessus de la porte porte une mosaïque représentant la dédicace originale de l'église, en hexamètres latins. La frise qui orne la nef centrale est également un vestige du Vème siècle. La vingtaine de colonnes corinthiennes proviennent de l'ancien temple de Junon.
Sur le sol de la nef, le seul tombeau en mosaïque de Rome, datant du début du XIVème siècle, représente un maître Général des Dominicains, probablement Monoz de Zamora, mort en 1300.
La mosaïque originale du Vème siècle de l'abside fut remplacée par une fresque similaire de Taddeo Zuccari en 1559.
La schola cantorum remonte au IXème siècle. Les bas-reliefs sont inspirés par le style persan.
http://www.rome-decouverte.com/la-colline-de-l-aventin/santa-sabina.html
http://www.rome101.com/Christian/Sabina/
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Sabine_de_Rome
San Gregorio Magno al Celio
Le nom complet en est Santi Andrea e Gregorio Magno al Celio. (Saints-André-et-Grégoire-le-Grand)
L'église est bâtie sur l'emplacement d'un ancien oratoire dédié à l'apôtre André. Un monastère avait été construit sur les terres de la famille du pape Grégoire Ier le Grand, aux alentours de 575. Grégoire y vécut en tant que moine avant son élection : il formait de jeunes garçons qu'il achetait au marché aux esclaves et les envoyait en tant que missionnaires en Angleterre. Cette ancienne partie est certainement sous l'église et le couvent actuels.
Après la mort de Grégoire le Grand, le monastère fut abandonné. Le pape Grégoire II (715 - 731) le fit restaurer et fit construire une nouvelle église, elle même reconstruite après l'invasion des normands à la fin du XIIème siècle, et rénovée de 1629 à 1633 par le cardinal Cafarelli Borghese. C'est à cette époque que fut ajouté un large escalier partant de la via di San Gregorio, la rue qui sépare le Caelius du Palatin.
La façade est divisé en trois parties, avec une section centrale flanquée de deux pilastres et trois arcs couronnés par l'aigle de la famille Borghese.
L'intérieur quand à lui fut rénové au XVIIIème siècle par Francesco Ferrari.
L'église suit le plan basilical typique : une nef divisée par deux allées latérales, avec 16 colonnes antiques.
Le plancher, issu des Ateliers de la famille Cosma est du XIIIème siècle, le plafond est décoré d'une fresque de Placido Costanzi en 1727. Le motif en est la gloire de saint Grégoire.
Au bout de l'aile droite se trouve la chapelle de saint Grégoire : une salle de la chapelle intègre ce que l'on croit être les restes de sa cellule. Le marbre devant l'autel, datant du XIVème siècle, est sculpté d'un bas-relief représentant les 30 messes de saint Grégoire. Au dessus de l'autel, un panneau peint au XVème siècle montrant saint Michel Archange.
Sur le mur de la chapelle Salviati, une fresque de la vierge : la tradition prétend que saint Grégoire pria devant cette image, et que la vierge lui répondit.
San Giovanni e Paolo al Celio
San Giovanni e Paolo al Celio (Saints-Jean-et-Paul), connue au départ sous le nom de Titulus Bizantiis, puis sous celui de Titulus Pammachii (Pammachius fut le fils de Bizantius et contemporain et ami de saint Jérôme) fut construite en 398 sur une maison romaine du IIème ou IIIème siècle, elle même bâtie par de riches propriétaires, qui y avaient installé des thermes privés, des fontaines et des fresques.
C'est à cet endroit que deux soldats, Jean et Paul, furent martyrisés par Terenziano sous le règne de Julien l'apostat en 362 et plus tard enterrés. L'église fut restaurée à plusieurs reprises, d'abord après le sac d'Alaric en 410 et après un tremblement de terre, par le Pape Léon I en 442. Sous le pontificat de Pascal II (817-824), le couvent et le clocher virent le jour.
Il fallut de nouveau restaurer l'édifice après l'invasion des normands en 1082. L'église a pris un style baroque au début du XVIIIème siècle dans le cadre d'un projet de restauration entrepris par le Cardinal Fabrizio Paolucci. Le portique, libéré des murs construits en 1718, est du XIIème siècle, de 1158 exactement, et a été construit sur ordre du pape Adrien IV. Il est embelli par des colonnes dont certaines sont d'origine romaine. La chapelle avec la coupole est un rajout du XIXème siècle.
La façade fut restaurée entre 1946 et 1967, date à laquelle les fouilles de ruines romaines sous l'église ont également été achevées. Deux lions, dont un dévore un lapin, font office de gardiens.
Un Antiquarium dans l'église abrite de nombreux objets découverts pendant les fouilles.
Le clocher, terminé en 1150 reste typique de nombreuses églises médiévales de Rome. Il est décoré avec des disques de porphyre et des copies de carreaux en
céramique. Chose étonnante, la plupart des céramiques originelles,
conservées dans le musée, sont originaires de Malaga, en Espagne, qui à
l'époque était sous la domination des Maures, et sont décorées avec des
inscriptions dédiée à Allah.
Au troisième étage du monastère, une paire de fenêtres marque la
chambre de saint Paul de la Croix, fondateur de la Congrégation
Passionniste au XVIIIème siècle
.
Il fut construit sur d'anciennes structures en travertin, restaurées en 1950, qui supportaient un temple dédié à l'empereur Claudius. Les fondations sont très visibles lorsque l'on se rend sous le porche.
De nombreuses pierres datant de l'époque du temple se retrouvent incrustées dans la façade. Les anciennes piles supportant le temple sont encore visibles.
L'abside, unique à Rome, fut influencée par le style lombard roman.
L'église, très prisée des romains pour les mariages, est divisé en trois nefs flanquée de piliers dont certains sont encore d'origine. Au centre de la basilique, une plaque où les deux saints ont été martyrisés, et sous l'autel central, un reliquaire en porphyre recueille leurs restes. Le pavement, encore une fois, est du à la famille Cosma...
La rue étroite qui longe l'église descend à San Gregorio. Ces vieux murs sont les restes de l'aqueduc que l'empereur Claude fit construire afin d'amener l'eau sur le mont Palatin. Les arcs-boutants ont été ajoutés au XIIIème siècle.
Sur le plan de l'église est visible le positionnement des anciennes structures romaines.