L'église de Salt-en-Donzy
Entre Forez, Lyonnais et Roannais, les Montagnes du Matin sont situées dans un cadre de vallons et collines, du point culminant des Monts du Lyonnais au fleuve Loire.
Salt-en-Donzy,
niché dans ces montagnes, possède un antique et riche passé. L'homme y
a laissé des traces de tous les temps : de l'époque gallo-romaine où
une activité se développe autour des thermes à l'époque médiévale avec
le site de Donzy, l'église de style roman, le prieuré …
Mais
aussi bien avant, comme en témoigne la découverte du site préhistorique
de la vallée de la Charpassonne. Salt, dont le nom signifie "qui
jaillit", allusion à la source d'eau chaude du Gour-Chaud, a été une
ville importante au croisement de deux chaussées romaines.
L'église fut, à sa fondation, l'église du prieuré bénédictiin dont le bâtiment doté d'une tour subsiste à quelques pas de là, au bord de la route. Ce bâtiment dont les fondations sont gallo-romaines, fut donné en 1018 dans un état de vétusté à l'abbaye de Savigny pour devenir prieuré en même temps qu'une église proche sous le vocable de Saint Julien. Les donateurs étaient deux seigneurs de Donzy, Girlin et Jarenton, dont le chateau nous offre encore des ruines imposantes à deux km d'ici.
Des fouilles récentes ont restitué les fondations de cette église primitive de 1018. Elle possédait trois absidioles au chevet visibles sur le côté nord de l'église actuelle. Son sous-sol comportait de nombreuses sépultures du haut moyen-âge avec leur rites funéraires (ablation des pieds, réduction de squelette). Des fragments d'os gravés et une monnaie burgonde les accompagnait, ainsi que des poteries.
Cette église pré-romane fut démolie au début du XIIème siècle, et ses matériaux réintégrés dans la nouvelle construction, à l'usage des moines et de la paroisse qui se développait autour du prieuré.
L'église actuelle, de 1140, est romane, d'influence méridionnale, dans un ensemble austère.
Les
croisillons du transept sont décorés d'arcatures dont l'une, dotée d'un
fût de colonne ayant probablement supporté un autel, se terminait par
une absidiole peinte. Coupole en blocage sur trompes rudimentaires et
piliers carrés supportaient le clocher.
Le
choeur présente des ouvertures en plein cintre : la petite fenêtre de
gauche donne la dimension primitive, les autres ouvertures ayant été
élargies plus tard.
A la croisée du transept, le clocher repose sur
quatre énormes piliers de granit. Chaque pilier comporte 3 redans afin
de donner plus de légèreté à l'ensemble. Deux de ces piliers sont
couronnés de chapiteaux très simples : ce sont les seules sculptures de
l'édifice.
Côté méridionnal, dans le bras droit du transept, le mur plein est soutenu par deux arcades en plein cintre. Entre les deux, un fragment de colonne, vestige du temple romain sur les ruines duquel fut élevé le prieuré de Salt.
L'église souffrit pendant les guerres de religion. En 1570, elle fut incendiée et la charpente de la nef fut détruite. L'église fut alors réduite à son seul transept. Des travaux de restauration furent entrepris après 1614. La restauration de 1977 permit de rétablir l'église dans sa disposition primitive et fit tomber les enduits. On redécouvrit alors les arcatures du croisillon sud, la porte du clocher, la porte du croisillon nord, dite "porte des moines".
Dans l'abside, une cavité formant "dépositorium" fut dégagée et forma le tabernacle actuel. Le dépositorium était à l'origine un tabernacle inviolable, solidement fermé, où l'on plaçait les saintes espèces lors des périodes troublées.
Le
bénitier, à l'entrée, témoigne aussi de l'église de 1018. Dans le bras
droit du transept, sur le sol, une énigmatique étoile est tracée...