Autry-Issard
fait partie du chemin de Saint-Jacques en Bourbonnais, qui a été
repensé il y a peu de temps. Un tracé a été établi suivant des
recherches approfondies et a été élaboré afin de proposer au pèlerin du
chemin de Saint Jacques en Bourbonnais le plus grand nombre de repères
jacquaires, de points forts de l'art roman, une ligne relativement
droite et un paysage rural intact, ainsi que des possibilités
d’hébergement. Il est difficile de retrouver le chemin véritable, mais
la liste suivante s'en rapproche surement :
1) Le Veurdre - Agonges (en passant par St. Léopardin d’Augy, Aubigny, Bagneux)
2) Agonges – Souvigny (St. Menoux, Autry-Issard)
3) Souvigny – Châtel de Neuvre (Coulandon, Besson, Chemilly)
4)
Châtel de Neuvre – Chantelle (Monetay s. Allier, Contigny, Verneuil,
Saulcet, Louchy-Montfond, Cesset, Fleuriel, Deneuille les Chantelle)
5) Chantelle – Ebreuil (Taxat-Sénat, Charroux, St. Bonnet de Rochefort, Vicq, Ebreuil)
Le tracé se poursuit dans le Puy de Dôme en passant par Combronde et Mozac/Riom, pour arriver à Clermont-Ferrand.
Il est fait référence à Autry-Issard de la découverte en 1909 d'une
vierge en majesté en mauvais état dans l'abside du prieuré de
Saint-Maurice, qui serait probablement une ancienne vierge noire.
Le
sanctuaire d'Autry-Issard est coiffé d'une tour-clocher carrée à deux
érages qui est l'une des plus belles du Bourbonnais. L'influence
auvergnate est ici évidente.
Le portail
La
porte principale, en plein cintre, s'ouvre dans un avant-corps de
maçonnerie à deux remapants. elle est sertie d'un boudin continu et
d'une archivolte à billette portée sur des colonnes monolithiques.
Deux
larges pilastres cannelés l'accostent, aux chapiteaux ornés de rinceaux
et d'oiseaux buvant au même calice. Le linteau en bâtière, reposant sur
deux colonnes engagées dans les montants, représente une gloire en
amande bordée de perles, contenant jadis un Christ bénissant, et
soutenu par deux archanges, Michel et Raphaël. De chaque côté pendent
des lampes sous des arcades à fond de damiers et d'imbrications.
Un
petit dais en forme d'arc en mitre abrite la gloire. On y lit
l'inscription "PENAS REDDO PRAEMIA DONC BONIS", rappelant que le Christ
est aussi juge et souverain. On lit aussi les noms des archanges, et
sur le linteau : "CUNCTA DEUS FECI HOMO FACTUS CUNCTA REFECTI", une
phrase qui souligne l'identité de l'oeuvre divine et de celle de deiu
fait homme, avec, particularité remarquable, la signature de l'artiste
: "NATALIS ME FE(CIT)", Noël m'a fait.
Le tableau primitif
Cette
peinture de l'école flamande de la fin du XVème siècle est un tableau
votif, comme certaines familles aimaient en offrir à leur église
paroissiale. Suivant l'usage du temps, c'est une descente de croix qui
figure au centre de la scène. On y retrouve à droite Saint Jean et à
gauche Marie-madeleine. Un donateur est derrière Saint Jean, suivi de
sa fille et de sa femme, et à gauche, le second donnateur suivi de sa
femme et de ses quatre enfants. On ignore encore le nom du peintre et
ceux des donnateurs.
Les chapiteaux
Ils
sont très parlants, et l'on retrouve les thèmes chers aux imagiers du
moyen-âge : les deux oiseaux buvant au même calice, les figures
humaines sortant des rinceaux, les figures géométriques formées par les
feuillages. Tout ceci nous apprends la symbolique, et nous montre
comment les énergies passent dans l'église.
L'autel
Il a la particularité de représenter Moïse avec des cornes.
"
Les commentaires et d’autres études expliquent souvent que toute cette
idée de cornes est exclusivement liée à une mauvaise interprétation du
texte hébreu. Mais ceci n’est pas vraiment sûr. Il me semble, au
contraire, que le récit hébreu joue sur l’ambiguïté: le verbe «qaran»
peut en effet signifier «rayon-ner» ou «être cornu». Donc pour un
auditeur hébreu les deux significations se mélangent.
La sensibilité à cette ambiguïté se retrouve notamment chez Marc
Chagall, qui présente les «cornes» de Moïse comme des rayons
lumineux. Les cornes symbolisent la force et sont souvent des attributs
divins. Mais dans le contexte du récit du veau d’or, il y a peut-être
un sens encore plus profond. Le peuple voulait un dieu visible; ce
faisant il a provoqué la «transgression originelle d’Israël» et la
destruction de cette image. Au moment de l’alliance renouvelée, Moïse
apparaît avec des «cornes».
A-t-il pris la place du taureau? D’une certaine façon, c’est le cas,
puisqu’il est, lui, le médiateur visible entre Yahvé et Israël. Il
n’est certes pas la représentation du Dieu d’Israël, mais il demeure
définitivement son meilleur représentant. Ainsi,les cornes expriment le
statut tout à fait particulier de Moïse. Ce faisant, l’auteur d’Ex
34,29 fait preuve d’une grande audace puisqu’il transpose des attributs
du divin sur un homme."
http://www.evangile-et-liberte.net/elements/numeros/190/article8.html