Outre l’église, la dévotion
à saint Patrocle se centre sur la fontaine. Cette eau, toujours
fraîche, est réputée avoir des vertus thérapeutiques. La légende
rapporte que celui-ci manquant d’eau lorsqu’il construisit le
monastère, il lança un marteau de telle force qu’il retomba à près de
300 mètres en créant la source. D'autres appellent l'endroit "le
marteau de Thor". Pourtant, c'est Sucellus, le dieu gaulois, qui aurait
été le mieux placé : "Sucellus, dieu au maillet et au chaudron,
protecteur de la fécondité, il fait jaillir les sources sylvestres en
frappant le sol de sa masse. Il a été assimilé à Sylvain ou à Vulcain.
On le représente sous la forme d'un vieillard ou d'un homme d'âge mûr,
vêtu à la gauloise d'une tunique à capuche, de braies et de bottes, et
portant un maillet et parfois un chaudron, souvent accompagné d'un
chien. Il est souvent accompagné de la déesse Nantosvelta.
Contrairement aux autres dieux gaulois, qui ont leur équivalent en
Irlande et au pays de Galles, on ne le trouve qu'en Gaule. "
La
source est réputée pour la guérison des maladies de peau et pour que
les jeunes filles à marier trouvent un partenaire. Il suffit pour celà
qu'elles trempent leur pied droit deux fois dans le dernier bassin. Une
procession à la fontaine a lieu le dernier Dimanche de Juillet. Le
pélerinage à Saint Patrocle, survivance probable d'un culte gaulois,
n'a cessé qu'en 1970.
Né
dans la région de Bourges, Patrocle s'intruisit très vite dans les
sciences, les lettres sacrées et profanes. L'évêque de Bourges
l'ordonna diacre à l'âge de vingt-cinq ans, puis archidiacre. On le
considérait comme l'un des hommes les plus saints et les plus cultivés
de son époque.
Devenu le précepteur des fils de Clodomir, roi des
Francs, il eut pu vivre à la cour, être l'un des conseillers du
royaume. Les honneurs ne le tentaient pas, une existence fastueuse ne
convenait pas à son caractère. Le clergé séculier lui parut même trop
attaché aux biens de ce monde. Il avait l'ardent désir de se consacrer
uniquement à Dieu et il se retira dans la solitude, pour y vivre,
prier, méditer. Légende de Saint Patrocle
Il
s'arreta à Neris où il construisit une maison, un oratoire et une
école. Les guérisons qu'il opérait lui valurent le renom de sainteté.
Cherchant la solitude, il partit avec sa bêche et sa hache à deux
tranchants, et s'installa en ermite à la Celle, dans la forêt. Dix ans
plus tard, il repartit pour Colombier où il fondit un monastère. Le
monastère fut vendu au prieuré de Souvigny au XIème siècle.
Nous
avons donc là un saint portant la francisque, ou le marteau cher aux
dieux nordiques, une source miraculeuse, c'est à dire de l'eau chargée,
l'ermitage dans la forêt, la biche compagne du saint... Voilà bien des
ingrédients laissant paraitre un fond de druidisme. Quand à la forme de
la fontaine elle-même, avec ses trois bassins, rond, carré et
rectangulaire, nous y voici plongés. Les ondes de forme des bassins
font le reste.
On peut voir, dans le premier bassin de forme ronde, l'eau qui bouillonne.
l'endroit
a été christianisé, mais de très beaux arbres entourent encore cette
fontaine miraculeuse qui se déverse dans le champ en contrebas.
A la fontaine Saint-Patrocle, christianisation d'un ancien culte
païen, probablement à Dispater, l on trouve donc les restes bien
conservés des captages gallo-romains de la source.
Le captage de la source est un puits gaulois de madriers, comme à Voingt.