Les vierges noires de Clermont
La vierge d’Etienne II
C’est au Xe siècle à Clermont qu’apparut la toute première statue d’une vierge en majesté. Vers 946, Etienne II, alors évêque, commanda à Alleaume, un clerc à la fois architecte, sculpteur et orfèvre, une statue reliquaire pour la Vierge. N’oublions pas qu’Etienne fut tout d’abord évêque de Conques, où nous trouvons la statue de sainte Foy, statue reliquaire dorée à l’or fin, fabriquée sans doute au IXe siècle. Etienne a du s’en inspirer. Cette première statue, destinée à orner l’autel de la nouvelle cathédrale, est sans doute l’archétype des vierges romanes auvergnates. Cette statue reliquaire avait une tête en vermeil entourée de pierreries, son corps étant recouvert de plaques d’or, d’argent et de cuivre, la chaire rehaussée d’or et de pierres précieuses.
Détruite et fondue pour la monnaie de Paris pendant la révolution, sa trace fut retrouvée dans le « Codex Claramontanus » de la bibliothèque de Clermont-Ferrand. Le Codex, copié au XIe siècle en latin, décrit, par l’intermédiaire du diacre Arnaud racontant la vision de Robert, abbé de Mozac, les circonstances de la réalisation de la statue : « Il la (la cathédrale) dédia en l’honneur de la Mère de Dieu toujours vierge, et la fit si belle qu’en nos temps on n’en trouverait pas de pareille dans tout l’univers ».
Au verso de la page se trouve un dessin à la plume représentant la statue. La Vierge est assise sur un trône, l’enfant sur les genoux, représenté avec une tête adulte. Les mains sont démesurées. 9a rappelle quelque chose il semblerait…
Notre-Dame de la Bonne-Mort
La vierge noire présentée à l’heure actuelle dans la cathédrale n’est pas la vierge d’Etienne. Personne ne sait d’où elle provient vraiment. Elle fut retrouvée en 1972 dans le tombeau d’un évêque de Clermont qui s’était fait enterrer avec elle, et porte à cause de cela le nom de Notre-Dame-de-la-Bonne-Mort.
C’est une vierge en majesté du plus pur style auvergnat, proche de Notre-Dame de Marsat. Elle fut restaurée, transformée en vierge noire et dorée au XIXe siècle.
Le trésor de la cathédrale nous présente trois autres vierges auvergnates :
Notre-Dame de Chalus-Lembron
Le château de Chalus et sa chapelle, devenue église paroissiale, possédait une vierge en majesté. Sans doute cachée pendant la révolution, elle fut retrouvée par une petite fille de 7 ans, Marie Panel, en 1886 alors qu’elle jouait à cache-cache avec des copains dans une cave du village.
Réalisée au XIIe siècle, de couleur rouge et verte, elle mesure 75 cm. Elle ressemble trait pour trait à Notre-Dame de Tournus.
Notre-Dame de Colamine-sous-Vodable
Cette vierge en majesté fut retrouvée en compagnie de 6 autres statues polychromes, cachée derrière le retable du maître-autel de l’église du village le 16 août 1979 lors de travaux de réfection. Elle fut réalisée au XIIe siècle, et possède des plis verticaux sur sa robe avec bandeaux à mi-manche.
Notre-Dame de Roche-Charles
C’est dans la chapelle du château de Roche-Charles, perchée sur un piton escarpé et encore à l’écart de toute route, que se trouvait une vierge en majesté du XIIe siècle. Près de l’église coulait une source, la fontaine Notre-Dame. La statue est partie pour Clermont, mais le pèlerinage, chaque 15 août, continue.
Cette vierge a la particularité de tendre ses bras, comme l’enfant qu’elle porte, vers celui qui la regarde.
Et le musée d'art Roger-Quilliot possède deux autres vierges en majesté :
Notre-Dame de Vernols
Datant de la fin du XIIe, la vierge, droite, porte un voile maintenu sur le front par un bandeau circulaire. Un pallium noué au cou retombe droit sur son torse. Le pallium est un ornement liturgique catholique dont le port, sur la chasuble, est réservé au pape, aux primats et aux archevêques métropolitains pendant la célébration de la messe. Bizarre de le retrouver sur une Vierge. La statue aux longs doigts, en bois fruitier, mesure 78cm de haut, sur une base de 30 cm. Elle est restée dans son église jusqu’en 1911.
Notre-Dame d’Usson
La vierge en majesté en bois sculpté et peint polychrome, date du XIIe siècle. Usson est certes plus connu par son château, démoli sur l'ordre du cardinal de Richelieu : il fut en 1585 le lieu de résidence surveillée de Marguerite de Valois dite la Reine Margot, première épouse du roi de France Henri IV.
L'église Saint-Saturnin de Saulieu
Cette église est située à la croisée de plusieurs anciennes voies gauloises, dont la principale est connue comme étant une partie de la Via Agrippa reliant Chalon à Autun.
L'existence de stèles funéraires gallo-romaines dans les alentours prouve que l'église fut construite sur l'emplacement d'une ancienne nécropole.
L'édifice actuel fut remanié au cours des siècles, mais on peut situer sa première construction au XI ème siècle. Sa présence est attestée par un document datant de 1313.
L’église est placée sous le vocable de Saint-Saturnin, évêque de Toulouse martyrisé en 250.
Les parties les plus anciennes datent du XIII ème siècle, comme la croisée du transept, les deux chapelles latérales, la petite porte nord et la première travée du cœur qui présente une voûte avec croisée d'ogive retombant sur des culots à têtes sculptées, et du début du XIV ème, comme le chœur, qui fut rallongé au XVII ème.
La flèche du clocher est recouverte de bardeaux en bois de chêne ou de châtaignier, comme le porche.
Le musée d'art sacré de Dijon
Le
musée d'art sacré de Dijon renferme quelques petites merveilles. Il est
installé dans l'ancienne église du monastère des Bernardines, érigée au
début du XVIII ème siècle. Un accueil chaleureux, pas de billet à
sortir, il est gratuit. Il est même permis de prendre quelques photos
sans le flash.
L'arrivée dans la rotonde est époustouflante, non à
cause du dôme en cuivre et des marbres précieux qui le composent, mais
grâce aux simples sculptures en bois qu'il renferme.
Commençons par les deux plus prestigieuses, les vierges noires de Lantenay et de Vievy.
La
statue de Notre-Dame la Noire se trouvait dans une chapelle du XII ème
siècle construite sur la commune de Lantenay par Agnès de France, fille
de saint Louis, à côté d'une source sacrée.
Elle
était le but d'un pèlerinage très fréquenté, et répondait à sa sœur,
Notre-Dame d'Étang, de l'autre côté de la vallée. La légende dit qu'elle
fut donnée par un croisé, donc d'origine orientale.
D'une
hauteur de 70 cm, en noyer, et présentant des traces de polychromie,
elle est effectivement de style "byzantin". Elle est datée du XII ème
siècle et portait le nom de Sedes Sapientae, siège de la sagesse.
Quand
à sa sœur, aucune information, si ce n'est qu'elle appartenait à la
commune de Vievy, plus exactement à l'église Saint-Christophe.
La statue est datée du XIV ème siècle et porte elle aussi des traces de polychromie.
D'autres statues moins chargées en énergie mais très belles leur rendent hommage, dans ce qu'elles ont de plus simple et de plus sophistiqué :
Une
vierge à l'enfant, en bois polychrome, datée du XIV ème siècle,
provenant de l'église de l'Assomption de Vandenesse-en-Auxois bâtie la
fin du XII ème siècle.
Une vierge à l'enfant pouvant appartenir à l'école rhénane, en bois polychrome, datant du XVI ème siècle.
Une vierge à l'enfant en bois polychrome de la fin du XV ème siècle, provenant de l'église Saint-Antoine de Pagny-le-Château.
Une
vierge à l'enfant, en bois polychrome, datant du XIV ème siècle et
provenant de Vievy, plus exactement de la chapelle Saint-Aimand de
Dracy-Chalas. Cette chapelle du IXème siècle possédait, selon la
légende, une cloche ayant le pouvoir d'écarter les orages du hameau.
Lors de fortes intempéries, un homme sonnait la cloche pour éloigner les
perturbations.
Une vierge à l'enfant, de provenance inconnue, statue en bois du XIV ème siècle.
Saint Eloi, statue du XV ème siècle en pierre calcaire avec des traces de polychromie, provenant de Veuvey-sur-Ouche.
Sainte
Marthe, statue en bois de noyer polychromée, mise à nu et cirée, datant
de la fin du XV ème siècle. Elle provient de l'église Saint-Christophe
de Vievy.
Une vierge à l'enfant en albâtre, vers 1430, provenant de l'église de la Nativité de Marcigny-sous-Thil.
Un bâton de procession représentant saint Georges combattant le dragon, un autre sainte Marthe.
Notre-Dame du Port de Clermont-Ferrand
Cette vierge représente la déesse-mère de la source, celle qui fut à l’origine du sanctuaire. Elle est intimement liée à l’eau. Il devait y avoir une antique statue protectrice, remplacée au cours des âges. Emile Saillens, dans son livre de 1945 « Nos Vierges Noires », dit que cette statue fut trouvée dans le puits sacré bien avant la construction de l'église.
La statue actuelle de Notre-Dame-du-Port, posée comme il se doit dans la crypte, fut copiée malhabilement sur celle du XIe siècle au XVIIIe par un artisan, l’ancienne étant détériorée. La statue primitive fut perdue à cette époque.
Heureusement, nous en avons une représentation au tympan de la porte sud dans une représentation de l'adoration des Mages.
La vierge actuelle est une vierge dite de tendresse, alors que l'originale était une vierge en majesté. Elle fut cachée pendant la révolution, chez monsieur de Villemont et fut sauvée de la destruction. Elle est sculptée dans du bois de noyer, était au départ recouverte d’un enduit rougeâtre, et ne fait que 29 cm de haut. Malgré cela, elle est toujours l’objet d’une vénération qui dépasse le temps. Les ex-voto en sont témoins. Une procession est organisée chaque année le dimanche suivant le 15 mai. Parmi les miracles qui lui sont attribués, citons celui de la procession de 1614, qui fit arrêter la pluie endommageant les récoltes et celle de 1631, qui arrêta la peste.
Notre-Dame de Vievy
Nous ne possédons aucune information sur cette vierge à l'enfant, si ce n'est qu'elle appartenait à la
commune de Vievy, plus exactement à l'église Saint-Christophe.
La statue est datée du XIV ème siècle et porte des traces de polychromie.
Par contre, elle a tous les critères d'une vierge noire, ne serait-ce que sa taille, ses larges mains, la posture de la mère assise sur une cathèdre et de l'enfant dans son giron, le visage moins travaillé de l'enfant...
Eguisheim, historique
Comme souvent en Alsace, le site fut occupé dès le Paléolithique. Les Celtes de la tribu des Séquanes virent s’y installer, puis les romains érigèrent un camp à l'entrée du village et introduisirent la culture de la vigne (Eguisheim est considéré comme le berceau du vignoble alsacien).
Le village, sous forme de résidence fortifiée, prit son essor vers 720, après qu’un parent d'Aldaric (ou Etichon, premier comte d’Alsace et père de sainte Odile d’après la mémoire alsacienne), eut décidé de la construction d’une pfalz, un premier château, le Castrum Egisheimiensis. C’est à cet homme, prénommé Egino ou Egeno, que la ville doit son nom.
A l’extinction de la lignée des comtes, au début du XIII ème siècle, le village fut légué à l’évêché de Strasbourg. Eguisheim fut élevée au rang de ville, fortifiée en 1257 et rattachée au Haut-Mundat de Rouffach. L’ancien château fut reconstruit dans le style de Frédéric II Hohenstaufen, à l’intérieur d’une enceinte octogonale constituée de pierres à bossage en grès jaune de Rouffach.
Cette muraille, de parfois plus de 2 mètres de large, était entourée de fossés à eau, qui furent asséchés en 1835. C’est autour du castrum que s’organisa la ville, en cercles concentriques suivant le tracé des fortifications successives.
Aux pieds de l’ancien castrum fut construite en 1557 la fontaine Saint-Léon, de forme octogonale, l’une des plus grosses d’Alsace. Le bétail venait s'y abreuver et les habitants y puiser l'eau pour des usages domestiques. Une statue de saint Léon fut placée en 1842 à son sommet.
Saint Léon, qui fut pape entre 1049 et 1054, est né Brunon d'Eguisheim-Dagsbourg. Son père, Hugues IV, est issu de la famille des comtes du Nordgau, seigneurs d'Eguisheim, lié aux rois de Germanie, et sa mère, Heiwige, est la fille du Comte de Dagsbourg (Dabo), lié aux Carolingiens de Francie occidentale. Brunon serait né au château d’Eguisheim le 21 juin 1002.
Or, les origines exactes du château d'Eguisheim sont aujourd'hui sérieusement contestées par les meilleurs spécialistes contemporains, et faire naître Brunon dans une petite à forteresse serait inéluctablement rabaisser ce fils du comte de Nordgau, l'un des plus puissants seigneurs de la vallée du Rhin et de l'empire othonien, au rang d'un vassal secondaire. Quoi qu’il en soit, Léon IX est encore vénéré à Eguisheim, où une chapelle lui fut dédiée en 1894.
http://www.eguisheim.net/
http://www.ville-eguisheim.fr/
http://fr.wikipedia.org/wiki/Eguisheim
http://www.trivago.fr/eguisheim-105989/attractions/eglisecathedralemonastere/f_178=1
http://www.parcatho3chateaux.net/articles.php?lng=fr&pg=19
http://www.alsace-passion.com/eguis/eguisheim_2.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/L%C3%A9on_IX
http://www.chateauxforts-alsace.org/page_consultation.php?page=eguisheim_chateau
L’église Saint-Pierre et Saint-Paul
Les archives font mention d’une église paroissiale dès 1128, construite sur une ancienne fondation carolingienne et propriété du couvent de Marmoutier.
Puis une autre église fut édifiée dans le deuxième quart du XIII ème siècle. Il n’en subsiste plus que la base du clocher-tour. Cette tour à quatre étages comporte des fenêtres ogivales géminées, et sa charpente, du XVI ème siècle, soutient 4 cloches dont la plus importante provient de l'Abbaye de Marbach.
Une partie de l’ancienne église s’écroula le 22 juillet 1787 pendant un office. Elle fut donc entièrement démolie en 1807, et reconstruite immédiatement. La nouvelle église, sans aucun style, fut consacrée en 1809.
Le portail
La base du clocher forme un narthex qui abrite l'entrée de l’ancienne église, un portail d’une hauteur de 6 mètres composé de 4 colonnettes à chapiteaux et d’un tympan à voussures moulurées richement sculpté conservant des traces de polychromie.
Les sculptures sont de style roman (entre 1230 et 1240), tandis que les lignes architecturales du tympan et de l’archivolte ont la forme de l’arc brisé gothique.
Le tympan en grès au décor en haut relief présente un Christ bénissant, entouré des apôtres Pierre et Paul.
Sur le linteau est sculpté la parabole des vierges sages et des vierges folles qui chacune de leur côté frappent à la porte du paradis : les premières sont accueillies par le Christ, alors que pour les autres, la porte reste fermée.
La Vierge Ouvrante
Le portail abrite une sculpture haute de 119 cm en bois polychrome dite "Vierge Ouvrante", datant de l’an 1300. Elle représente la vierge Marie assise tenant l’enfant dans son bras gauche Ces statues assez répandues furent proscrites de l’art religieux par le concile de Trente (1549-1563), aussi sont elles devenues très rares : en Alsace, on ne compte plus que celle d’Eguisheim et celle de Kayersberg.
La Vierge portait probablement dans la main droite un lys ou un sceptre disparu. L’enfant devait faire de la main droite enlevée un geste de bénédiction. Il tenait dans sa main gauche un globe. La tête de la Vierge est couverte d’un voile au-dessus duquel se trouve un bois arrondi, destiné à maintenir une couronne, laquelle a également disparu.
Les deux vantaux de la partie centrale de la statue ressemblent aux volets d’un retable et sont ornés sur leur face intérieure d’une peinture représentant un ange tourné vers l’intérieur, debout, et portant un grand cierge. La partie centrale présente une gloire surmontée d'une hostie, probablement destinée à encadrer un ostensoir, un calice ou une relique. Ces peintures dateraient du XVII ème siècle.
La chapelle Saint-Léon IX d'Eguisheim
Elle fut construite par Mgr Pierre-Paul Stumpf, évêque de Strasbourg et natif d’Eguisheim, entre 1888 et 1894, dans l'enceinte octogonale et sur les fondations de l’ancien donjon du château.
Dédiée au pape Léon IX, dont la statue se dresse sur la façade, elle fut édifiée en grès rose des Vosges dans le style néo-roman.
Les peintures intérieures furent exécutées dans le style du XI ème siècle (mais assez baroques quand même…) et furent achevées en 1897.
Les sept médaillons de la voûte représentent sept scènes de la vie de Léon IX.
La chapelle et le château attenant furent acquis en 1972 par la commune qui décida une restauration de la peinture intérieure.
Un reliquaire, d’après la légende, pourrait contenir une partie du crâne de Saint Léon. Ces reliques furent auparavant exposées à l'abbaye de Lucelle, fondée en 1123, qui les avait reçues de Rome. Pendant la Révolution, les reliques furent transférées à l'église de Bouxwiller dans le Sundgau. En 1869, elles furent reconnues comme vraies reliques. En 1880, le curé Andlauer d'Eguisheim obtint l'autorisation de l'évêque de Strasbourg qu’une partie du crâne soit transportée à Eguisheim. A la fête de saint Léon en 1881, la châsse fut exposée pour la première fois au public.
La légende de Léon IX
Durant sa jeunesse, alors qu'il dormait, un accident survint. Il fut mordu par une bête venimeuse au visage. Il tomba malade au point qu'on désespéra de le voir jamais récupérer la santé. Mais, nous dit le chroniqueur de sa vie, Wibert, "le doux Jésus, qui toujours vient au secours des situations désespérées, donna bientôt à ses parents l'assurance de sa pleine guérison et se souvint de l'Eglise qu'il devait restaurer grâce à lui". En effet, Brunon eût une vision deux mois après son accident lorsqu'il était au plus mal.
"Un jour enfin, alors qu'il reposait sur le dos tout éveillé, il lui sembla voir une échelle lumineuse s'élever de son lit, traverser la fenêtre qui lui faisait face, et atteindre le ciel. Un vieillard en habit monastique, d'un éclat éblouissant et d'une blancheur de cheveux vénérable, en descendit, portant dans la main droite une croix resplendissante au bout d'une longue hampe. Lorsqu'il vint près du malade, il tint l'échelle de la main gauche et, de la main droite, apposa d'abord la croix sur ses lèvres, puis en marqua ses plaies et ramena derrière l'oreille tout le pus que le venin avait produit; s'en retournant bientôt comme il était venu, il le laissa sur la voie de la guérison".
Quelques temps après, l'abcès creva et il guérit de l'empoisonnement. Aujourd'hui encore, ajoute Wibert, "il affirme qu'au cours de cette extase, il avait immédiatement identifié à son visage et à son habit, le bienheureux Père des moines, Benoît, dont l'éclat dépasse celui de la lumière." Plus tard, malade durant toute une année, il dut cette fois sa guérison à saint Blaise.
La cathédrale Saint-Lazare d'Autun, historique
Sur le site se trouvait l'ancienne Bibracte, capitale des Éduens, l'une des villes les plus importantes de la Gaule, qui comportait à l’époque un sénat des Druides et une école druidique où l'on venait de très loin. Puis Augustodunum fut bâtie sous le règne de l'empereur Auguste par les Romains comme sœur et émule de Rome.
Ils construisirent une enceinte de 6km de long, un théâtre et un amphithéâtre pouvant contenir jusqu'à 20 000 personnes. La ville devint la capitale gallo-romaine des Éduens en remplacement de Bibracte : au premier siècle, le temple dit de Janus fut élevé. Il semblerait que ce soit un fanum de tradition gauloise, bâti avec la technique romaine.
Puis Autun devint rapidement un évêché. Une première domus ecclesiae fut élevée au cours du III ème siècle, qui devint abbatiale, partie d’un futur groupe épiscopal. Au X ème siècle, à Vézelay, les reliques de sainte Madeleine, provenant de la Sainte Baume, attirèrent nombre de pèlerins.
La foire commerciale de Vézelay fit de l’ombre au marché d’Autun. Gérard, l’évêque d’Autun, négocia alors avec celui de Marseille en 965 pour faire venir le corps de Lazare, qui pourrait faire concurrence. Après bien des tractations, le corps arriva en 972. Il fut exposé à la dévotion des fidèles dans la cathédrale saint Nazaire. Mais…
Au temps de saint Augustin, à Aix en Provence, siégeait un évêque qui s’appelait Lazare. Il administrait sagement son diocèse. Devant se rendre à un synode à Jérusalem, il en profita pour visiter les lieux saints et aller se recueillir sur la tombe de son saint patron, l’ami de Jésus. De retour en Gaule, il rapporta le culte de ce saint, culte qui se répandit alors dans toute la Gaule Narbonnaise. Les évêques de la région furent contrariés par ce succès, par la notoriété qu’acquit ainsi l’évêque d’Aix…
Jaloux, ils le contraignirent à démissionner. Lazare obtempéra et se retira à l’Abbaye Saint-Victor de Marseille, fondée par Cassien. Il y mourut le 31 août 441. On l’ensevelit dans la crypte du monastère et l’on grava sur sa tombe une épitaphe. Au temps de Charlemagne on redécouvrit, dans l’Abbaye Saint-Victor de Marseille, le tombeau de Lazare. La confusion se fit instantanément. On ne consulta pas les archives… Comme quoi, les histoires de gros sous s’arrangent depuis longtemps pour nous faire avaler des couleuvres.
Quoi qu’il en soit, la ville devint un lieu de pèlerinage important. Étienne de Bagé, évêque de la ville et ancien moine de Cluny, décida de construire une nouvelle église, sur le modèle de l'église clunisienne de Paray-le-Monial : commencée vers 1120, consacrée par le pape Innocent II le 28 décembre 1132, elle fut terminée en 1146. Les reliques de Lazare y furent transférées le 20 octobre 1148, et elle prit alors le nom du saint. Elle devint cathédrale en 1195 en remplacement de Saint-Nazaire, toujours inachevée.
Au XIII ème siècle, les arcs-boutants furent mis en place pour soutenir la voûte en berceau brisé de la nef qui remplaçait la voûte d’origine, en bois. En 1469, la flèche de 80 mètres de haut fut construite par le cardinal Rolin (fils du chancelier Nicolas Rolin qui construisit les Hospices de Beaune) en remplacement du clocher roman détruit par la foudre. La partie supérieure du chevet et les chapelles du bas-côté droit datent du XV ème siècle. Les chapelles du bas-côté gauche furent édifiées au XVI ème siècle.
Sous l’impulsion des chanoines, qui trouvaient leur cathédrale de “mauvais goût et inesthétique”, disparurent en 1766 le tombeau de saint Lazare avec sa superbe sculpture romane, le tympan du portail du transept, le jubé du XV ème siècle avec une grande partie de ses sculptures, les stalles médiévales, la plupart des pierres tombales et des peintures murales.
Tout l'espace du chœur fut détruit, y compris la mosaïque du XII ème siècle, remplacée par un pavé neuf. Le fameux tympan du Jugement Dernier de Gislebert fut recouvert de plâtre. Sûr, c’était bien plus joli, n’est-il pas ? Cette dernière bêtise (pour ne pas être grossière) lui valut d'être préservé du vandalisme de la période révolutionnaire. Il fut redécouvert et dégagé en 1837. La tête du Christ, ayant été sectionnée au cours du plâtrage et conservée au musée Rolin, ne fut remise en place qu'en 1948.
En 1858, les deux tours du portail principal furent achevées sur le modèle de Paray-le-Monial, à l'occasion de travaux de restauration contrôlés par Viollet-le-Duc qui fit refaire la voûte, consolider la flèche et retirer les marbres des autels qui étaient autrefois accolés aux piliers de la nef.
http://architecture.relig.free.fr/autun.htm
http://abbaye-veniere.fr/2b-lazare.php
http://www.art-roman.net/autun/autun.htm
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-Lazare_d%27Autun
http://www.terres-romanes.lu/autun_interieur.htm
http://www.cityzeum.com/cathedrale-saint-lazare-dautun
Pour voir la carte, cliquer ici.
La cathédrale Saint-Lazare d'Autun, l’extérieur
Personne ne peut imaginer, de la place de la cathédrale où se trouve la fontaine Saint-Lazare, du XIV ème siècle, que l’église est romane. Pourtant, nous sommes devant un édifice de type clunisien. Les 14 chapelles de style gothique flamboyant entourant la nef furent construites au XVI ème siècle.
La croisée est couverte d'une flèche de 80 mètres de haut, construite sur une base carrée en 1469 par le cardinal Rolin en remplacement du clocher roman détruit par la foudre.
Le chevet porte de grandes baies longilignes séparées par de simples contreforts.
Au nord, le portail roman du transept est surmonté d'arcatures aveugles et de trois baies cintrées disposées en triangle.
Il est entouré de quatre chapiteaux historiés reposant sur des colonnes ornées de motifs géométriques.
La façade ouest, surmontée des deux tours romanes restaurées au XIX ème siècle, possède un vaste porche à trois vaisseaux, voûtés en berceau au centre et voûtés d'arêtes dans les collatéraux, ouvert sur le côté nord par des baies géminées.
Il protège le joyau de la cathédrale qui a fait sa renommée, le portail roman et son tympan. Le tympan fait partie des œuvres majeures de l'art roman, au même titre que ceux de Vézelay , Conques, Beaulieu-sur-Dordogne ou Moissac.