Trente, historique
(Trento) est le chef-lieu de la province autonome de Trente et de la région du Trentin-Haut-Adige. La région, ancien territoire vénitien composé du Tyrol méridional et des Dolomites, fut transformée en département français du Haut Adige par Napoléon Bonaparte jusqu’en 1814, puis fut rattachée à l'Autriche, puis à l'Italie à l'issue de la Première Guerre mondiale en 1919.
La région du Haut-Adige fut habitée depuis le paléolithique. De nombreux mégalithes sont répertoriés dans la région, dont des menhirs-statues. C’est dans ses glaciers que Ötzi fut découvert.
La ville de Trente, dont le nom latin est Tridentum, fut développée par les Romains. Elle tire sa célébrité du concile qui s'y tint de 1545 à 1563. Celui-ci fut convoqué pour répondre aux menaces du protestantisme sur l'Église catholique. Il en découla le mouvement de la Contre-Réforme. Le Congrès antimaçonnique de Trente y eu lieu en 1896. Pas commodes les tyroliens du sud…
Dans son centre historique, sur fond de Renaissance, se trouvent les palais des XIV, XV et XVIe siècles.
La place du Dôme ornée de la fontaine de Neptune datant du XVIIIe siècle, de la maison Cazuffi et de la cathédrale San Vigilio (saint Vigile), où s’est déroulé le Concile.
Plus éloignées, les églises San Lorenzo et Santa Maria Maggiore.
Saint Vigile
Vigile, dont le nom dérive du latin Vigilius (vigilance), est le saint patron de Trente. Né à Rome en 355, il déménagea avec sa famille à Trente, termina sa formation théologique et philosophique à Athènes où il se lia d'amitié avec Jean Chrysostome.
En 380, il revint à Trente où il fut nommé troisième évêque de la ville en 385, sous la directive de saint Ambroise. En compagnie de Sisinius, Marturius et Alexandre, missionnaires provenant de Grèce ou de Cappadoce (martyrisés en 397), il s’employa à affermir dans son territoire l'œuvre d’évangélisation et à extirper complètement les restes d’idolâtrie.
Cela ne lui aura pas porté chance, puisqu’il fut lapidé lui aussi en 405 par les habitants, très en colère lorsqu’il jeta dans le fleuve une statue de Saturne. Ses restes furent recueillis et enterrés dans la cathédrale qu'il avait construite. Pour l’anecdote, de nos jours, ce n’est plus Saturne mais Neptune qui domine la place du haut de la fontaine… Quand je vous disais qu’ils n’étaient pas commodes, les tyroliens du sud…
La cathédrale San Vigilio de Trente, historique
Deux lieux sacrés de l’époque romaine à Trente : l’un à l’emplacement de Santa Maria Maggiore, l’autre, situé hors les murs de la cité, associant lieu de culte et nécropole. C’est sur ce dernier que Vigile construisit une église, au IVe siècle. Il y fut inhumé. Dans la première moitié du VIe siècle, une basilique rectangulaire prit sa place.
Les évêques, ayant obtenu auprès des empereurs Henri II et Conrad II le Salique le pouvoir temporel, s’installèrent près d’elle, bâtirent leur palais, et la basilique cimetériale devint cathédrale.
Au IXe siècle, l’évêque Hitilgar la remania, ainsi que Ulrich II qui construisit la crypte. Après un dernier remaniement, Altemanno consacra une nouvelle église le 18 novembre 1145, en présence du patriarche d’Aquileia. 80 ans plus tard, elle fut démolie, faisant place au Dôme actuel, dont le niveau fut élevé de plus de deux mètres.
C’est en 1212 que l’architecte lombard Adam Campione d’Arogno fut chargé par le prince-évêque Federico Wanga (1207-1218) de reconstruire la nouvelle cathédrale. A sa mort en 1236 son fils Enrico di Fono d'Arogno lui succéda. Les fonds arrivèrent doucement, et la construction s’en ressentit.
Entre 1305 et 1307, Egidio da Campione, autre membre de la famille, dirigea les travaux, créant le côté sud et les fondations du clocher. En 1321 le fils d’Egidio, Bonino da Campione, sculpta la rosace de la façade ouest et a ajouta des éléments de style gothique.
Les plus anciennes parties, le chœur, le transept et le côté nord furent donc réalisées entre 1220 et 1250. La nef centrale et le côté sud dans la première moitié du XIVe.
La tour de croisée et le haut du clocher furent rajoutés dans les premières années du XVe. L’époque baroque y joignit la chapelle du crucifix, et modifia le presbytère. A la fin du XIXe siècle, le toit fut refait ainsi que la coupole du clocher en style néoromantique. Entre 1963 et 1977, à l’initiative de l’archevêque Gottardi, le transept reprit sa forme initiale. C’est à cette époque que l’on redécouvrit la crypte.
La cathédrale San Vigilio de Trente, la crypte
Elle fut découverte pendant les travaux effectués entre 1964 et 1977. Elle garde les traces de l’ancienne basilique paléochrétienne du VIe siècle, ainsi que les édifices successifs des IXe, XIe et XIIe siècles. On y accède par de nouveaux escaliers latéraux.
L’ancien pavement en mosaïque est posé devant une marche en pierre rouge, placée transversalement au milieu de l’ancienne église. Ce serait le reste d’un ancien bêma (le bêma désigne en grec le sanctuaire, la zone, dans les églises paléochrétiennes, située à l'extrémité orientale de l'édifice, devant l'abside, où est placé l'autel. Il est en général surélevé par une plateforme et clos. Son accès est réservé aux membres du clergé qui célèbrent la liturgie).
A l’est, l’ancienne église du XIe siècle comportait deux ailes entourant l’abside, qui garde les restes d’un ancien autel dédié aux martyrs compagnons de Vigile, Sisinius, Marturius et Alexandre. Au centre de l’abside se trouvait à l’origine l’emplacement du tombeau de Vigile.
De chaque côté, les pierres tombales de deux évêques, Albert de Ortenburg (1363-1390) et Georges Hack (1445-1465).
Les deux chapelles latérales datent du IXe siècle et remontent vraisemblablement au temps de l’évêque Hitilgar. Dans l’une d’elles est entreposé un sarcophage portant un fragment d’épitaphe médiéval au nom de l’évêque Hatto, datant de 1055.
La basilique paléochrétienne, à nef unique, mesurait 14 mètres de large et 50 mètres de long. On peut encore voir les murs de cette époque. Les piliers à base carrée datent de l’église du IXe siècle, où deux contre allées furent ajoutées.
Dans la nef de la basilique, sous le pavement, se trouvaient les sépultures, des tombeaux recouverts de dalles de pierre mises bout à bout, couverte par un lit de mortier. Certaines sont encore conservées, comme le sarcophage de l’évêque Adelpret, mort en 1172.
Au centre est placé un sarcophage en marbre du VIe siècle, peut-être celui de Vigile lui-même.
La cathédrale San Vigilio de Trente, l’extérieur
Le côté nord
On arrive en général à la cathédrale par le côté nord, celui de la place du Dôme. J’ai reçu une décharge d’énergie importante à quelques mètres de la façade. Peut-être à l’emplacement de l’ancien lieu de culte préchrétien ? Quoi qu’il en soit, cette façade est très imposante et très belle. De style lombard roman, elle laisse percevoir l’approche du gothique.
La cathédrale est accolée au palais Prétorio et au Castelletto, anciens palais des évêques. Entre les deux, un petit bâtiment du XVe siècle qui sert d’accès à l’église San Giovanni.
C’est sur le transept nord que se trouve la rosace de la roue de la fortune. Je n’avais jamais vu ça avant. Voir son intrerprétation ici.
En dessous se trouve la porte des lions. Le portail, dit des évêques, datant du XIVe siècle, fut appelé ainsi parce que le cortège des évêques, venant de la résidence épiscopale du château de Buonconsiglio lors du concile de Trente, passait par là. Sur le dessus du porche, saint Vigile les accueille.
Les colonnes du porche sont portées par deux lions en marbre, caractéristique de l'architecture romane lombarde, dérivés des lions funéraires romains, gardiens des tombes. Ce sont des lions apotropaïques (du grec apotropein, détourner) qui conjurent le mauvais sort, visent à détourner les influences maléfiques, éloignent les forces du mal et effrayent l'ennemi. Le lion est aussi symbole de force et de courage, mais il peut aussi représenter l’orgueil et la colère. Force brutale incarnée dans la matière lunaire, mais aussi puissance maitrisée du principe solaire accompli. C’est aussi le symbole de la résurrection. Ce n’est pas sans rapport avec la roue de la fortune placée au-dessus.
Le tympan, parmi les plus beaux de la région, est entouré de voussures bicolores, formant un halo. Les sculptures en ronde bosse et non pas en bas relief, datant de 1212, représentent le Christ en majesté, et le symbole des 4 vivants, ou tétramorphe (représentant les quatre animaux ailés tirant le char de la vision d'Ezéchiel).
L’origine du symbole remonte à la nuit des temps et on les retrouve dans diverses civilisations de l'Antiquité, en particulier en Egypte et en Mésopotamie, avant de les retrouver dans la Bible puis dans l'Apocalypse de saint Jean. C'est Saint Irénée de Lyon, dans son traité "Contre les hérésies" rédigé vers 180, soit de nombreux siècles après leur première apparition, qui a le premier identifié ces quatre vivants aux quatre évangélistes : le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l'homme pour Matthieu et l'aigle pour Jean. Ils accompagnent souvent les représentations du Christ en majesté.
A remarquer que le Christ tient dans sa (très grosse) main gauche le livre fermé, symbole des choses cachées, de l’ésotérisme plus que de l’exotérisme.
A côté du porche se trouve une niche dans laquelle se trouve un autel. C’est ici qu’au moyen-âge on exposait quelques heures le corps des noyés inconnus trouvés dans l’Adige, devant une statue de la vierge appelée Madonna degli annegati (Notre-Dame des noyés, que l’on retrouve à l’intérieur de l’édifice).
Quelques frises, pierres sculptées de l’époque romaine, furent réutilisées dans le revêtement du bas-côté nord, appartenant peut-être à l’ancien lieu de culte. Sur l’une d’entre elles est représenté un trident, attribut de Neptune, que l’on retrouve sur la fontaine.
La galerie haute est formée de colonnes polygonales surmontées par des chapiteaux à crochets.
Une fenêtre avec des chapiteaux sculptés s'ouvre sur le côté nord de la tour.
La façade ouest
La façade est dominée sur la gauche par une tour-clocher, la seconde, à droite, ne fut jamais achevée. Le clocher fut coiffé par un toit baroque.
Sur la façade, donnant sur la Via Verdi, une grande rosace en marbre à 16 pétales : du 10 de la roue de la fortune, on passe au 8, comme l’octogone de la tour de croisée. C’est en 1321 que Bonino da Campione la réalisa.
La rosace est surmontée d’un Christ en majesté tenant un livre fermé.
Dans le cercle, un carré. A ses angles, les symboles du tétramorphe, des évangélistes. Au centre, des figures géométriques. On retrouve des fleurs de lys, des trèfles, des étoiles à 5 ou 6 branches, le sceau de Salomon.
La petite rosace plus en hauteur comprend elle aussi 8 intervalles, les ouvertures de la galerie haute qui se prolonge sur cette façade, 9.
Le portail, assez simple, est surmonté d'une fresque du XIVe siècle représentant la Vierge et saint Vigile.
Le côté sud
Le bas-côté qui surplombe la place d'Arogno est moins riche, plus uniforme. La galerie haute en est absente. Peut-être parce que ce bas-côté donnait au départ sur le cimetière.
Le blason sculpté de la famille de Castelbarco date du début du XIVe siècle. Plus loin, l'aigle bicéphale du Saint Empire Romain. La chapelle Alberti, ou chapelle du crucifix, fut ajoutée à l’époque baroque.
Entre la chapelle Alberti et le bras du transept s’ouvre une porte romane. Le tympan est orné d’une fresque d’une Vierge à l’enfant. Le linteau porte les fruits de la connaissance.
Sur la droite, une inscription en lettres gothiques date du XIIIe siècle : "Iacobvs Comes". C’est le nom de l'un des derniers descendants des comtes d’Appiano, sculpté au-dessus.
Le chevet
C’est le côté le plus travaillé si l’on excepte les rosaces. Quatre parties bien distinctes sur le chevet : l’étage inférieur dont les fenêtres donnent sur la crypte, une partie constituée de fausses colonnes, puis l’étage rehaussé du chœur et la partie supérieure avec la galerie à colonnes. Deux petites absidioles sont accolées.
La fenêtre centrale est flanquée de colonnes doubles soutenues par des griffons se faisant face. Il se pourrait qu’ils aient fait partie de l’ancienne église, et qu’ils aient été réutilisés. Les griffons tiennent dans leurs pattes un animal à corps de serpent (la vouivre ?).
Le griffon, à corps de lion et tête d’aigle (deux animaux solaires : le corps et l’esprit, le tellurique et le cosmique), est le gardien des trésors, la partie solaire de la connaissance. Ils sont attribués, comme le lion qui surmonte le porche et le bas-relief du portail, au maître de la roue de la fortune. Les deux colonnes que supportent les griffons sont reliées par un nœud plat.
Le nœud plat, probablement un des nœuds les plus anciens et les plus connus, est la façon la plus traditionnelle de réunir deux cordages. N’étant pas solide et risquant de se défaire s'il est soumis à des secousses ou à une tension importante, il ne peut être utilisé comme nœud de jonction que pour relier provisoirement les cordages. Le cosmique est relié au tellurique. Mais provisoirement ?
Le porche est plus petit que sur le côté nord, mais tout aussi travaillé.
A gauche, une colonne polygonale est soutenue par un lion,
à droite, 4 atlantes soutiennent 4 colonnes qui se rejoignent par un nœud plat. Le nœud relie les 4 éléments… provisoirement.
À la base du portail, un bas-relief du XIIe siècle réutilisé figure la vouivre, maitrisée cette fois par un loup ou un chien. Le loup, ancêtre du chien, est associé à la terre, à l’eau et à la lune. Equivalent lunaire du lion, il maitrise les forces de la nuit. Il nous prévient qu’il faut garder la maitrise, en tant que gardien de la connaissance (comme Cerbère garde les enfers), sinon il peut nous dévorer. Le loup est associé à Sirius, l’étoile qui remplace le soleil pendant la nuit.
Le castello est accolé au chevet, englobant l'abside de l'église San-Giovanni. Au-dessus se dresse de clocher de san Romedio : il est dit que la cloche a sonné toute seule à l’heure de la mort du saint. Le castello se prolonge dans la rue Calepina.
http://www.medioevo.org/artemedievale/Pages/TrentinoAltoAdige/DuomodiTrento.html
http://xoomer.virgilio.it/60anto/Monumenti/Monum.htm
La cathédrale San Vigilio de Trente, l’intérieur
La cathédrale, en forme de croix latine, possède trois nefs divisées par 14 piliers cruciformes. Elle mesure 72 mètres de long, 24 de large (dont 12 pour la nef centrale), 26 de haut dans la nef et 19 dans les collatéraux.
Le chœur, composé d'une travée unique, est flanqué de deux absidioles. Il fut totalement remanié au XVIIIe siècle, en 1739, l’ancien étant construit au-dessus de la crypte qui fut démolie, et dans laquelle on accédait par trois grandes arches sur le devant, et quatre sur les côtés.
Il nous en reste une trace sur la peinture de Maroni, conservée au musée du Louvre, représentant le concile de Trente le 15 juillet 1563.
Certains chapiteaux du XIIe siècle sont encore présents dans l’abside.
Le maître-autel, surmonté d'un baldaquin baroque érigé au milieu du XVIIIe siècle, contient les reliques de saint Vigile.
Les escaliers menant aux tours ont été creusés dans l’épaisseur des murs latéraux.
Le dôme de la croisée du transept fut réalisé au XVe siècle.
Les bras du transept possèdent une seule travée voûtée d'ogives.
Dans la partie nord, la fresque sous la roue de la fortune représente la vie de saint Julien. Le nom du peintre apparaît : Mons de Bononia, de l’école de Bologne. La fresque fut réalisée en 1365.
L’absidiole nord présente deux panneaux retraçant le martyre de saint Jean, réalisés entre 1124 et 1149.
L’absidiole sud contient deux panneaux sculptés représentant le martyre de saint Etienne, datant du XIIe siècle. Les fresques datent du XIVe siècle.
Sous l’autel sont conservées les reliques de Sisinius, Marturius et Alexandre.
Dans une niche, une relique de sainte Pauline est conservée à l'intérieur d'une géode d'améthyste. Nul doute que cette relique soit active énergétiquement...
Amabile Lucia Visintainer, est née en 1865 à Vigolo Vattaro, province de Trente en Italie, dans une famille pauvre. Ses parents émigrèrent au Brésil pour y fonder la ville de Vigolo. Elle fonda la Congrégation des Petites Soeurs de l’Immaculée Conception pour le service des malades et des pauvres, et fut la première canonisée du Brésil, le 19 mai 2002 par Jean-Paul II.
C’est ici que se tient Notre-Dame des Noyés. Cette vierge à l'enfant du milieu du XIIIe siècle, la Madonna degli annegati, se trouvait dans une niche du côté nord, où, au moyen-âge, on exposait quelques heures le corps des noyés inconnus trouvés dans l’Adige.
Elle a perdu sa polychromie d’origine en 1880, suite à une restauration douteuse. La sculpture reprend le modèle d’une icône byzantine en l’adaptant au goût de l’époque romane.
Dans la partie sud, la fresque représentant la vie de saint Christophe date du XIIIe siècle. Plusieurs pierres tombales sculptées, dont celle du capitaine vénitien Sanseverino, mort en 1487. Dans l’angle, la pierre tombale de l’évêque Uldaric de Lichtenstein mort en 1505.
Une petite porte romane donne accès aux galeries supérieures.
La chapelle baroque du Crucifix fut réalisée par Alberti de Tereso en 1682. Elle contient le crucifix en bois sculpté par Sixte Frey de Nuremberg. Cette sculpture était présente au concile de 1563.
La roue de la fortune de Trente
Sur le transept nord de la cathédrale de Trente se trouve une rosace appelée la roue de la fortune. Effectivement, la symbolique de la rosace ne laisse aucun doute.
Tout d’abord le cercle, la roue, la rosace : de tout temps, pour célébrer le sacré, les civilisations ont connu soit des réunions en cercle, soit des rondes autour d’un feu, d’un arbre, d’une source, d’une statue. Les druides ont pratiqué ces rondes, les évêques aussi et tout le monde connaît les rondes de la saint Jean. Le rond, le cercle, la roue ont donc une valeur sacrée bien spéciale, symbole du monde en état de rotation.
Dans les représentations hindoues égyptiennes ou grecques, c’est le serpent qui est disposé en cercle et qui signifie ainsi la vie universelle dont l’agent magique, l’agent moteur, est la lumière.
C’est le serpent enroulé qui est au moyen-âge appelé ouroboros et, comme la circonférence entourant les croix hermétiques, il représente pour les alchimistes, l’unité de la matière et en même temps le fluide universel ou la rénovation perpétuelle de la nature. Ce n’est pas le cercle en soi qui a une profonde signification sacrée, c’est le cercle en mouvement, c’est la ronde ou la roue.
Pour les initiés extrême-orientaux, la fleur de lotus en rotation marque la connaissance suprême et Bouddha est représenté dans les temples avec à ses côtés des roues, fleurs de lotus stylisées (la roue du Dharma est aussi appelée roue de la loi ou Dharmachakra.
Elle représente la loi Bouddhiste, enseignée par le Bouddha. Sa connaissance mène à la sagesse, à la discipline génératrice de bien-être, à l’éthique.
Pour la découvrir, il faut s’affranchir des illusions et des perceptions superficielles. Lorsque le Bouddha commence à enseigner, il met symboliquement en marche la roue de la loi. Elle symbolise aussi le cycle éternel de la réincarnation, le samsâra. C’est le principe de vie. En cercle aussi sont les représentations des chakras (dérivé du sanscrit et qui signifie roue ou disque).
Au moyen-âge, en Europe, il en est de même avec les rosaces censées représenter le mouvement circulaire de la rose emblématique des initiés. C’est pourquoi la grande rosace des cathédrales était appelée à l’origine «rota», la roue.
Lucien Carny nous propose une explication supplémentaire : « La rosace est un abrégé encyclopédique des connaissances et des croyances depuis les temps anciens jusqu'au Moyen Age. Cet abrégé, cette image en raccourci de la nature et des quatre éléments, le microcosme, est représenté symboliquement par l'homme qui est la clef de la création et aussi le Roi de la création divine.
Cette ascension de la roue de la fortune, c'est la tentative de reconquête de l'état primordial d'avant la chute. La chute de l'homme, c'est la dualité, l'histoire étant le déroulement de l'incarnation du Verbe Divin initiant l'homme à l'intelligence pour le conduire à la Connaissance. C'est l'obscurcissement, par la bêtise humaine, des révélations divines conduisant à la perte du Verbe. C'est le passage du Paradis Terrestre qui est le centre de la roue, à la chute, c'est-à-dire aux rayons, jusqu'à la circonférence de la roue. Le temps est l'énorme illusion et la plus belle invitation au sommeil.»
Puis la Fortune. Elle eut ses déesses : Fortuna (du latin fors : sort ou de fero : porter, apporter), la déesse romaine du hasard, était représentée tenant une roue à la main. Elle est aussi identifiée à Tyché. Dans la mythologie grecque, Tyché (du grec ancien Túchê : chance) est la divinité tutélaire de la fortune, de la prospérité et de la destinée d'une cité ou d'un État. Son équivalent germanique est Heil, le salut de l'âme. Tyché décidait du destin des mortels. Les représentations innombrables de la Fortune ont comme attributs principaux la roue, la sphère, le gouvernail, la proue de navire, la corne d'abondance. La déesse est tantôt assise, tantôt debout ; elle porte parfois des ailes.
La roue et la Fortune s’associent : bâtie sur le modèle de l’univers visible, la roue de fortune en intègre le symbolisme. Rien n’est fixe dans le cosmos sauf l’axe central, l’axe du monde matérialisé par l’étoile polaire et la pierre levée, le menhir, la montagne sacrée, ou l’arbre. La roue de la fortune est une image du mouvement du cosmos et de sa rotation autour de l’étoile Polaire, mais aussi du rythme des saisons, de l’alternance du jour et de la nuit, des cycles lunaires, de la course du soleil, de la course du Zodiaque dans le ciel, de la répétition des solstices marqués dans la chrétienté par la Saint-Jean d’été et la Saint-Jean d’hiver. Le recommencement est sans fin, inexorable.
Nous retrouvons ce thème dans l’arcane X du Tarot, qui clos le premier cycle décimal des arcanes majeurs. Elle met en mouvement le cycle suivant. Le X, 10, est symbole de l’univers, exprimant l’ensemble des connaissances humaines. Le 1, l’unité et le 0, la matière et le chaos duquel tout est sorti, représentent le créé et l’incréé, le commencement et la fin, la série des différents états que nous devons franchir jusqu'à notre libération finale. 5+5 représente les deux sens de courants contraires de la conscience : involution et évolution.
1 L’arcane X évoque la fin d'un cycle et le début d'un autre, le 10 c'est la Tetraktys de Pythagore. C'est le nombre parfait. Chez les Pythagoriciens, la Tetraktys est invoquée comme le dieu de l'Harmonie, qui préside à la naissance de tout être.
1+2+3+4=10, racine essentielle de 4, nous ramène à l'arcane IIII, l'Empereur, que nous retrouvons en tant que roi au sommet de la roue, ou sphinx dans le Tarot. Ce personnage couronné, c'est le Vieux Roi, c'est Saturne, c'est le Grand Architecte, celui qui a créé le monde et le surveille. C'est également celui qui conduit la Vie ( Zoé Diaconé, conduire la vie), qui surveille le Zodiaque. Dans la Kabbale, Malkout est le royaume personnifié par le Roi assis au sommet de la rose. Le point central de la rose, c'est aussi le Soleil hermétique, autour duquel évolue toute la création, l'or des Alchimistes, le Logos.
La roue de Trente est divisée par 12 colonnes à chapiteaux décorés de motifs végétaux, reliés par paires par un arc de manière à former douze pétales.
Au centre, un personnage fait tourner une roue plus petite sur laquelle sont sculptées des feuilles de vigne et des grappes de raisin (la vigne, arbre sacré des grecs, symbole de la renaissance et de l’initiation, de l’accès au spirituel). Peut-être la représentation du temps.
Au sommet de la roue se tient un homme couronné, au sourire un peu ironique, tenant dans ses deux mains une coupe.
Sur le pourtour de la roue, 11 personnages (ce qui nous donne 12 avec le roi) semblent tomber à gauche
et remonter à droite, ce qui donne à la roue un sens antihoraire.
Petite remarque : le roi ainsi que deux autres personnages de la roue, portent une broche (une croix à l'intérieur d'un cercle) qui ferme son manteau. On retrouve la même sur l’un des atlantes du portail est de la cathédrale.
http://claudedarche-intuition.over-blog.com/article-arcane-x-la-roue-de-fortune-arcane-de-l-alternance-72436224.html
Miniature de l'Hortus Deliciarum de Herrade de Landsberg du XIIe siecle, Paris, Bibliothèque Nationale de France.
Abbaye San Lorenzo de Trente
L'abbaye de Saint- Lorenzo remonte à la seconde moitié du XIIe siècle. Elle fut construite par les bénédictins de l'abbaye de Vallalta (Bergame), qui, envoyés par l’évêque Altemanno, vinrent à Trente en 1146.
Ils s’installèrent sur les ruines d’une première église chrétienne. Selon un document du XIIe siècle, les moines bénédictins aidés de «plus de cinq cents frères», s’engagèrent dans la reconstruction de l'église en 1183.
Suivant la règle bénédictine, ils alternent les prières et les travaux des champs, sur une grande parcelle de terrain située vers le fleuve Adige, qui n’avait pas à l’époque situé au même endroit.
Sur une note de la seconde moitié du XIIe siècle, il est dit que l'abbaye fut construite sur l`"île" près de la rivière, en dehors des murs de la ville.
En 1226, un incendie endommagea les bâtiments, en 1231 survint une grande inondation. En 1234, l’abbaye passa aux frères dominicains.
L’église est bâtie à un niveau inférieur de l’actuel, qui fut surélevé en raison des inondations du fleuve.
La façade principale présente un portail surmonté d'une fenêtre à trois meneaux avec deux bas-reliefs romans sur les côtés.
L'abside de style roman, est caractérisée par des pilastres semi-cylindriques qui séparent des baies.
Le clocher, avec une fenêtre belle double, fut relevé au XVIIIe siècle.
L'intérieur présente trois nefs voûtées, peinte avec des étoiles rouges et bleues sur fond blanc, soutenues par quatre colonnes romanes cylindriques à chapiteaux.
Le presbytère, fermé par une abside semi-circulaire, est divisé par un arc d'ogive légèrement surélevé.
Une statue de padre Pio est constamment fleurie.
Dans l’absidiole nord, une reproduction de Notre-Dame de Lorette (Madonna di Loreta). La légende de Notre-Dame de Lorette rapporte qu'au Moyen-âge, un paysan labourait son champ à Alan lorsqu'il vit tout à coup ses bœufs s'agenouiller et refuser d'avancer. Saisi d'étonnement, il aperçut au fond du sillon une statue de la vierge.
Les voisins prévinrent aussitôt le clergé et les habitants des environs qui accoururent sur les lieux, et recueillirent la statue que l'on baptisa du nom de "Vierge Noire". La communauté d'Alan acheta bientôt le terrain pour y édifier une Montjoie, petite construction destinée à exposer la vierge noire et recueillir des offrandes. Elle devint vite l'objet de dévotions et de pèlerinages. Les nombreuses offrandes qui permirent vers 1140 d'édifier une chapelle. Deux siècles plus tard on la nomma « Notre-Dame de Lorette ».
Une autre légende raconte que pour protéger la maison de la vierge Marie des envahisseurs, les anges l'avaient transportée dans les airs et déposée près d'Ancône dans un bois de lauriers. D'où le nom de Lorette : laurier. C'est en référence à ce transport par les airs que Notre-Dame de Lorette est devenue la patronne des aviateurs .
En réalité, c'est un prince byzantin, Nicéphore I Doukas Commène, qui prit en 1290 l'initiative de transférer une maison typique de Palestine depuis Nazareth jusque dans les Marches italiennes. La maison fut démontée à Nazareth en 1291, débarquée ensuite sur les côtes de Dalmatie et finalement réassemblée à Loreto en 1294. La Santa Casa fait l'objet de nombreux pèlerinages aujourd'hui dans le village. Pourquoi pas... Mais quand on sait qu'au début de notre ère, Nazareth n'existait pas... Ce n’est pas bien grave, hein, du moment que tout le monde est content et que la foi fait des miracles.
À côté de l'église se trouvait les bâtiments conventuels, qui maintinrent leurs fonctions jusqu'en 1778. L’abbaye fut progressivement transformée en prison, en hôpital, puis en caserne jusqu'à sa démolition en 1930 durant l'ère fasciste.
Trente, Santa Maria Maggiore
Historique
C’est à cet endroit que, pendant la période romaine, se trouvait le forum de la cité, Tridentum, et plus particulièrement l’ancien temple. Dans les premiers siècles, une première église chrétienne fut construite intra muros, différente de la cathédrale actuelle, San Vigilio, se tenant hors les murs, associant lieu de culte et nécropole.
Cette première église épiscopale, cathédrale du diocèse de Trente où se tenait l’évêché, devint le principal lieu de culte de la ville du IVe au IXe siècle. Puis une nouvelle église fut construite en style roman, Santa Maria della Neve (Sainte-Marie des Neiges).
L’église actuelle, Santa Maria Maggiore (le titre de Santa Maria Maggiore était déjà utilisé dans les documents du XIVe siècle, sans doute pour la distinguer de l'église de Santa Maria Maddalena), fut construite au XVIe siècle à la demande du prince-évêque Bernardo Clesio en style renaissance.
C’est l’architecte Antonio Medaglia qui la réalisa entre 1520 et 1524, sur le modèle de San Andrea de Mantoue. De trois nef au départ, il n’en fit plus qu’une, et se servit des pierres romanes et autre décorations de l’époque comme matériau de construction.
Elle accueillit la troisième période du concile de Trente, d’avril 1562 à décembre 1563. En 1897 la façade fut refaite, ne conservant de l’église du XVIe siècle que le portail principal, et enfin, l’église fut restaurée en 2007.
L’extérieur
L’église est construite en pierre blanche et rouge. La façade principale possède un portail Renaissance construit par le prince-évêque Cristoforo Madruzzo en 1539. Le tympan illustre l'Annonciation.
Le clocher mesure 53 mètres de haut, c’est le plus haut dans la ville. Construit en calcaire blanc, il possède deux rangées de trois fenêtres à meneaux et un dôme polygonal roman.
Au côté nord de l'église, une colonne fut érigée en 1845 pour commémorer le troisième centenaire de l'ouverture du conseil.
L’intérieur
L’église possède une nef unique flanquée d’une série de chapelles de style baroque. L’une d’entre elles contient les reliques attribuées à saint Clément. Le chœur se compose d'une grande tribune finement ouvragée.
Pour l’instant, l’église est fermée, les archéologues ayant entrepris un immense chantier de fouilles suite à la suppression du plancher de l'église pour l'installation d'un système de chauffage par le sol.
Les fouilles
Les archéologues ont découvert dans le sol de l’église 57 tombes datant des alentours du XVIe s’étalant sur une période de plus de deux siècles. Ce fut le lieu d'inhumation des notables privilégiés de Trente, membres des familles qui avaient financé la conception intérieure du bâtiment promu par le prince-évêque Bernardo Clesio en 1519.
En dessous, des tombes datant de la période romane.
Les traces de l’ancienne église, avec son abside.
Une fresque représentant la Vierge, datant du XIIIe siècle, un fragment de corniche.
Puis des éléments de l’église du VIe siècle. Plus loin encore, les traces de l’église paléochrétienne avec des mosaïques datant de 550 à 600, puis des fragments de mosaïque de l’an 70.
On remonte encore le temps, avec des sculptures de l'époque romaine impériale (comme cette tête en marbre blanc représentant peut-être Aphrodite) ainsi que des canalisations appartenant peut-être à d’anciens thermes.
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