Narbonne, historique
De nombreux sites aux alentours de Narbonne témoignent d’un peuplement existant déjà à l’époque de la Préhistoire. Dès le VIIème siècle avant notre ère, le territoire de la basse vallée de l'Aude était occupé par les Elisyques, peuplade d'origine ibère à l'origine de la ville. C'est à 4 km de l'oppidum primitif que les romains fondèrent en -118 une colonie du nom de "Colonia Narbo Martius" d'après le nom du consul romain Quintus Marcius Rex.
Narbo, leur première colonie en Gaule, était située au bord de la voie domitienne (première route romaine permettant de relier l'Italie et l'Espagne), et elle deviendra au siècle suivant la capitale de la vaste province de Narbonnaise. Elle fut jusqu'à la fin de l'antiquité romaine l'une des villes les plus importantes de la Gaule avec une superficie de plus de 2 kilomètres carrés.
A la fin du Vème siècle, en 462, Narbonne tombe aux mains des Wisigoths et au début du siècle suivant elle fait partie de la province la plus septentrionale de leur royaume d'Espagne. Brièvement occupée par les Arabes au cours du VIIIème siècle, elle est par la suite rattachée au domaine carolingien. En 859, Narbonne est pillée par les Vikings du chef Hasting, qui vennaient de Nantes et avaient hiverné en Camargue.
Au cour du Moyen-Âge, Narbonne s'affirme à la fois comme une métropole religieuse de premier plan et comme une ville marchande et dynamique. Elle est gouvernée par deux seigneurs : l'archevêque et le vicomte.
Le Palais des Archevêques est composé du palais Vieux d'origine romane et du palais Neuf de style gothique. Au début du XVIème siècle, directement rattachée au royaume de France, elle joue face à l'Espagne le rôle de place forte, clé et garde de la province de Languedoc.
Cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur, historique
La cathédrale de Narbonne se situe au cœur de de la ville actuelle. Au moyen-âge, elle se trouvait en bordure des remparts. Cet emplacement est issu d'une longue succession de lieux de culte. Approximativement sur le même emplacement se sont succédés une basilique constantinienne, élevée peu après l'édit de 313 autorisant le culte chrétien (détruite par un incendie en 441) puis une basilique latine construite en 4 ans par l'évêque Rustique (la basilique fut terminée le 29 novembre 445 : primitivement dédiée à saint Genès d'Arles, elle fut consacrée en 782 aux jeunes martyrs espagnols Just et Pasteur), puis une cathédrale préromane carolingienne reconstruite en 890 par l'archevêque Théodard, mort le 1er mai 893. Il en subsiste le clocher, en grand partie restauré, visible du cloître. Malgré l'aide apportée par trois papes, cette église tomba en ruine.
L'édification de la cathédrale est l'un des projets les plus ambitieux du royaume de France du XIIIème siècle. Saint-Just et Saint-Pasteur possède un chœur aux dimensions imposantes : 40 mètres de large, 60 mètre de long, pour un vaisseau central de 15,20 m de large. Les voûtes s'élèvent à 41 mètres de hauteur. Cette cathédrale est la 4ème plus haute de France, après Cathédrale de Beauvais, Amiens et Metz.
La première pierre de l'église actuelle fut posée par l'archevêque Maurin le 13 avril 1272, dans les fondements de l'actuelle chapelle du Sacré-Cœur. L'édification de la cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur fut projeté dès 1264 mais ne débuta qu'en 1272, et le chœur fut achevé en 1332.
La plus grande partie des collatéraux fut élevée de 1295 à 1309, puis le premier étage des tours et le chevet. Sa construction se termine en 1355. (Wikipédia)
La cathédrale inachevée
Elle devait avoir la forme d'une croix latine. Il est facile de remarquer que seul le chœur (la tête de la croix) est terminé et que le transept (les bras de la croix) est à peine commencé, ainsi que la nef (pieds de la croix). Plusieurs raisons sont évoquées: premièrement le manque de ressources, deuxièmement l'hostilité des Consuls à détruire les anciens remparts romains, protégeant la ville, qui fut déterminante, et les désastres accumulés par la ville au cours du XIVème siècle, comme la peste (1348 à 1355), démoralisant la cité et accumulant les ruines et deuils, ou bien la chevauchée du prince de Galles, dit le Prince Noir.
En 1514, l'archevêque Guillaume Briçonnet fit abattre les anciennes murailles qui passaient entre les constructions dénommées actuellement Cour Saint Eutrope et le bâtiment qui était récemment encore la chapelle des Pénitents Bleus après avoir été celle des templiers hors les murs. Lorsque l'enceinte fut élargie, l'emplacement devint la propriété des archevêques de Narbonne.
Enfin, en 1840, Viollet-le-Duc, entreprit de couronner l'oeuvre du XVIIIème siècle par un porche fortifié, mais des dissensions avec le Conseil de Fabrique l'éloignèrent de Narbonne au bout de quelques mois, et les travaux de la cathédrale sont demeurés depuis en suspens.
La cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur, le cloître
Il relie le choeur fortifié de la cathédrale au palais des archevêques. Il occupe l'emplacement de l'église carolingienne de Théodard, dont le clocher est toujours visible.
Les travaux, relayant ceux de la cathédrale, commencent en 1349 par la galerie Nord et se poursuivent par les galeries Est et Ouest. Après une interruption, ils sont repris en 1417, avec l'édification de la galerie et de la porte Sud.
Le cloître comporte 4 galeries voûtées d'ogives, éclairées chacune par 5 arcades en arc brisé.
A l'Ouest, le mur extérieur du cloître est contreforté. Autrefois fortifié, il présente encore quelques mâchicoulis.
A l'Est, la galerie communique avec la salle capitulaire, devenue chapelle de l'annonciade.
Les galeries du cloître qui servaient de cimetiere sont restées inachevées : absence de balustrade, de pinacles sur les deux côtés et de remplages aux arcades.
La cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur, le choeur
De la cathédrale de Narbonne, bâtie sur le modèle des grands édifices du gothique rayonnant du Nord de la France, seul le choeur est complètement terminé.
La première pierre est posée le 3 Avril 1272, sous l'épiscopat de l'archevêque Maurin. Les travaux effectifs commencent sous l'épiscopat de Pierre de Montbrun.(1272-1286)
A la fin du XIIIème siècle, toutes les chapelles sont édifiées. Le choeur est achevé et voûté avant 1332, année de sa prise de possession par les chanoines. Parallèlement, le transept et le début de la nef sont ébauchés. Les tours-clochers, élevées au cours du XIVème siècle, seront restaurées au début du siècle suivant.
Le choeur imposant à 4 travées mesure hors oeuvre 55 mètres de long sur 48 de large. Il comporte un vaisseau central, hissant ses voûtes d'ogives à plus de 45 mètres, flanquées de collatéraux et de deux séries de 4 chapelles pentagonales moitié moins élevées.
Il est prolongé par un déambulatoire desservant 5 chapelles rayonnantes de même plan mais plus amples que celles des bas-côtés.
A l'intérieur, le tombeau des archevêques, le retable polychrome et la vierge du XIVème siècle, le maître-autel à baldaquin du XVIIème siècle.
La cathédrale, Notre-Dame de Bethléem
D'après la tradition, la vierge du pont de sainte Catherine se trouvait en grande vénération dans l'église de Lamourguier. Cette vierge miraculeuse avait remplacé une antique statue de Marie. Elle fut toujours un refuge de la ville en temps de calamités.
En 1525, les fortifications furent reconstruites. A cette époque, sur le pont que l'on appelait indifféremment le pont de Notre-Dame, la Cadène (en raison de la grosse chaine en fer que l'on tendait le soir d'une rive à l'autre pour empêcher la circulation des barques) ou bien de Sainte-Catherine, on édifia au milieu du pont une chapelle votive et l'on y plaça la statue vénérée.
Pendant 3 siècles, la statue fut vénérée. Elle était si aimée, que pendant la révolution elle fut respectée, et lorqu'en 1889 eut lieu le déclassement des fortifications comportant la démolition du pont, une vaste pétition demanda et obtint du gouvernement que l'on conservât le pont et la chapelle. Malheureusement, quand l'ordre arriva de Paris, la mine avait déjà fait son oeuvre et le pont était à moitié détruit.
Les Narbonnais firent alors placer la statue dans la cathédrale, où le pélerinage un instant interrompu a repris son cours. Lors de restaurations, on retrouva la fresque murale qui est autour d'elle. Sous ses pieds, à l'image de la vouivre, le "Léviathan".
La cour Saint-Eutrope
Faisant suite au choeur gothique de la cathédrale, elle correspond au transept de l'église. Elle est délimitée à l'Ouest par l'amorce de la nef qui devait à l'origine comporter 5 chapelles pentagonales de chaque côté et dont deux seulement ont été élevées. L'édifice achevé aurait avoisiné les 120 mètres de longueur.
Vers 1340 sont réalisées les parties basses du bras Nord du transept, décelables à la teinte plus claire de la pierre. La poursuite des travaux exige que l'on détruise une section de l'enceinte fortifiée d'origine antique. les consuls s'y opposant, il s'ensuit un long procès.
Puis surviennent la peste noire de 1348 et le raid dévastateur du prince noir suivi d'un déclin économique sévère, lié notamment à l'ensablement du port. Le chantier est alors arrêté. Il est relayé par la construction du cloître et l'extension du palais attenant.
En 1840, Viollet-le-Duc y travaillera brièvement, ébauchant un pont fortifié, avant que le chantier ne soit définitivement abandonné.
La cathédrale Saint-Just et Saint-Pasteur, la salle capitulaire
Elle est devenue la chapelle de l'annonciade, réservée au culte. Au-dessus, désignée dans les textes du XVème siècle sous les termes de "capitulum novum" ou "capitulum rotodum", se trouve la salle de l'écho ou salle acoustique.
La coupole ellipsoïdale en briques lui confère une particularité remarquable. Une personne située dans un angle, face au mur, peut communiquer à voix basse distinctement avec son interlocuteur placé dans l'angle opposé, sans être entendue dans le reste de la pièce.
C'est dans cette salle que se trouve le trésor de la cathédrale, l'un des 10 plus riches de France.
La collégiale Saint-Paul-Serge, historique
Cette église est bâtie sur le tombeau du premier évêque de Narbonne, saint Paul, mort en 240. Une ancienne tradition identifie ce premier évêque à Paulus Sergius, proconsul de Chypre converti par l'apôtre Paul. Grégoire de Tours fait de Paul un compagnon des évangélistes Trophime d'Arles, Saturnin de Toulouse et Aphrodise de Béziers. Cette fondation de l'église de Narbonne se situe donc au début du IIIème siècle.
Sur le tombeau de saint Paul proche des voies Domitienne et d'Aquitaine, se sont succédés plusieurs édifices depuis un oratoire primitif (aux environs de 250) auquel succèdera divers édifices de plus en plus importants, pour aboutir à l'église actuelle.
Ainsi, une petite basilique (12m x 6m50) érigée en 313 fut détruite par le feu au Vème siècle, un monastère fondé en 782 fut ruiné à son tour. Le tombeau préservé de Saint Paul deviendra lieu de pélerinage et de dévotion, d'autant plus avec le développement du pèlerinage vers Compostelle, et la situation de Narbonne sur la voie du piémont Pyrénéen. Les chansons de geste attestent la célébrité de la basilique carolingienne.
Autour du sanctuaire agrandi se développera, hors murailles antiques et se protégeant à son tour par un rempart, le Bourg Saint-Paul. Comme la cité, il aura ses propres consuls, et le consulat y siègera toujours.
Au XIIème siècle, dans la prospérité retrouvée, un beau monument sera édifié. Le choeur incendié sera reconstruit entre 1224 et 1230, et les voûtes refaites en 1368. Le tombeau de Paul Serge fut placé en 1244 au rond-point du nouveau chœur et fut transféré en 1265 au pied des colonnes du maître-autel, où une chasse contint les reliques jusqu'à la révolution.
Au XVème siècle, deux travées supplémentaires sont bâties, et au XVIème siècle, on consolide plusieurs piliers et on rajoute 3 arcs. Saint-Paul-Serge, l’une des plus anciennes églises gothiques du midi de la France, est considéré comme un sommet de l’art gothique primitif.
La collégiale Saint-Paul-Serge, éxtérieur
L’ensemble apparaît typiquement méridional. Maintenant qu’il vient d’être dégagé, nous pouvons apprécier l’élégance discrète du chevet. Cette construction de structure ogivale ne ressemble en rien aux édifices contemporains du nord de le France : aucun arc boutant, le mur épais est soutenu par des contreforts, les étroites fenêtres des chapelles sont encadrées de fines colonnes engagées aux chapiteaux ornés de crochets, feuillages et monstres.
Le clocher du XVIème siècle est une énorme tour de 40 m de haut que la suspension en ferronnerie des cloches domine de dix mètres.
L'ancienne entrée, sur la façade Ouest, a été murée lors de la construction des remparts au XVIème siècle.
La collégiale Saint-Paul-Serge, intérieur
Plusieurs fois remaniée, cette ancienne collégiale demeure le premier témoignage à Narbonne du nouveau style qui s’empare des églises françaises au XIIIème siècle : le gothique. Dès 1180-1200, la nef qui sera allongée de deux travées à la fin du XIVème siècle, subit d’importants travaux faisant de Saint-Paul l’une des plus anciennes églises gothiques du midi de la France.
En 1224, c’est au tour du chœur d’adopter les nouvelles formules du gothique : une élévation à trois niveaux composée de grandes arcades, d’un double triforium éclairé (galerie ajourée ménageant des jeux de lumière) et de fenêtres hautes, un déambulatoire à voûtes, cinq chapelles absidiales. Le maître-autel en baldaquin du XVIIIème siècle a une chasse d'apparat qui contenait jusqu'à la révolution le corps présumé de Saint-Paul.
La voûte d’ogives, qui culmine à 22 m, domine un déambulatoire haut desservant des chapelles rayonnantes à sept pans. La longueur totale est de 82 m. Les contreforts soutenant habituellement les voûtes d’ogives dans l’art gothique sont remplacés ici par le mur enserrant l’ensemble des chapelles du chevet. L’aspect ondulé si particulier de ce chevet à couverture unique est renforcé par de fines arcatures aveugles.
De l’époque romane subsistent les trois premières travées de la nef.
L’orgue de chœur de la basilique, signé Baptiste Puget et datant probablement des années 1880, a été restauré en 2006 et inauguré lors du festival européen Musique et Orgue en Pays narbonnais.
Dans la nef, des piliers cruciformes à colonnes engagées, spécimens de l’art primitif d’Ile de France, uniques dans le midi, la curieuse galerie, témoins d’âges divers, qui court autour de l’église, le triforium réputé par ses baies à claire-voie ajourées sur l’extérieur (aujourd’hui aveugles) qui annonce les belles galeries gothiques.
Au fond de l’église, la sculpture de Jésus au puits de la samaritaine (sur un sarcophage de l’époque romaine, IVème siècle)
Dans la seule travée subsistant du cloître roman, une cuve archaïque de sarcophage, un tympan décoré d’un bas relief où huit abbés mitrés entourent deux évêques. On peut voir dans le plus grand de ces personnages, le saint évêque Paul. L’inspiration byzantine de ce bas-relief permet en effet de penser que la taille du personnage est le symbole de sa grande sainteté.
Au fond de l’église, de part et d’autre des fonts baptismaux qui occupent l’ancien narthex de l’église, sont visibles des sarcophages paléochrétiens.
La grenouille du bénitier
L'un des piliers supporte le fameux bénitier à grenouille, de forme jacquaire, dont la légende veut que fut pétrifié là un animal qui avait troublé l’office. Se rattache à cette sculpture le conte d’un jeune compagnon tailleur de pierre, contraint par son père de revenir à Narbonne parce qu’il avait oublié de l’admirer dans son tour de France. Il se vengea en cassant une des pattes de la grenouille.
Une autre légende raconte que saint Paul, venant de Rome, aborda à Bages. Il y fut mal reçu par les habitants qui, pour se moquer de lui, l’obligèrent à rouler un rocher et à monter sur ce rocher pour traverser l’étang. Il faisait un vent de tempête et d’énormes vagues menaçaient d’engloutir le rocher et le saint évêque. Mais saint Paul, plein de foi, monte sur le rocher qui se transforme en nacelle. C’est alors qu’une grenouille sauta dans l’embarcation et conduisit saint Paul sur le rivage de la Nautique. De là, il atteignit la ville de Narbonne. Le bénitier avec la grenouille providentielle rappellerait la miraculeuse nacelle qui amena saint Paul dans la ville qu’il allait évangéliser.