Saint-Gilles, historique
La région de Saint-Gilles est peuplée depuis bien longtemps, comme toute la région du Gard. Les traces mégalithiques y sont nombreuses. À l’origine de la ville, le site fut probablement un comptoir phénicien. Elle devint cité portuaire grècque, colonie de Marseille, au Vème siècle avant notre ère. C'est aussi l'aboutissement de l'ancienne Regordane, route traversant le Massif central et les Cévennes.
Selon les traditions, c'est vers le milieu du VIIème siècle à Athènes, que naquit saint Gilles, de son nom grec Aegidius. Très vite, il s'illustra par des miracles mais du fuir sa renommée et aborda en Provence. Plus tard, on le retrouve à Orléans, Rome, Nuria (en catalogne) , où il sculptera une vierge pour les bergers, et où par la suite son culte se développera.
Il se retire ensuite dans une forêt au sud de Nîmes, où il vivra en ermite. Il sera chaleureusement accueilli à Arles, au bord du Gardon, par saint Vérédème avant de se retirer en ermite dans la vallée Flavienne. Sa seule compagnie sera une biche qui le nourrira de son lait. C'est elle qui provoqua la rencontre de saint Gilles et du roi Womba :
Au cours d'une chasse, poursuivie par la meute royale, elle vint se réfugier auprès du solitaire. Wamba découvrit saint Gilles blessé par la flèche d'un chasseur. Emu, il lui offrit la vallée Flavienne pour y bâtir un monastère.
Devenu abbé, saint Gilles conseille les plus grands, pape et rois. On raconte qu'un grand personnage lui avait demandé l'absolution pour un très grand péché ( Ce fut, selon la tradition, un inceste de Charles Martel ou Charlemagne : ce qui n'est pas possible au yeux de l'histoire, les dates ne correspondant pas. Il faut voir dans cet épisode la symbolique du geste et le désir de faire correspondre les miracles à de grands personnages : alors que Saint Gilles célébrait la Messe, un ange plaça sur l'autel un parchemin où était consignée la faute. Au fur et à mesure du déroulement de l'office, les traces écrites du péché s'effacèrent sur le parchemin.)
Placé sous la juridiction de Rome, le monastère autour duquel se bâtit la ville, connut un très grand rayonnement. Dédié à saint Pierre et saint Paul, l'édifice verra mourir l'ermite le 1er Septembre 720 ou 721. Il se peut que le bâtiment ait été construit sur l'emplacement d'un ancien oppidum.
Son culte se répandit rapidement, de nombreux pélerins venus de pays lointains (Flandres, Danemark, Hongrie, Norvège, Pologne...) s'acheminèrent vers son tombeau, invoquant saint Gilles contre la peur et le feu, pour la guérison des maladies nerveuses et pour la protection des enfants. Mais le monastère, encore vers l'an 900, ne portait pas le nom de saint Gilles.
Plus tard, des villes et villages en France et à l'étranger portèrent son nom et plus de 2 000 églises le désignèrent comme patron.
Le saint, dont la première "vita" connue fut écrite vers l'an mil, a son tombeau dans la crypte. En 1050, ce lieu devint l'un des 4 plus importants pélerinages de la chrétienté, après Jérusalem, Rome et Saint-Jacques.
En 1066, le monastère est affilié à Cluny, et en 1096, Urbain II consacre l'autel de la nouvelle église. En 1116, l'abbé Hugues rouvre le chantier de l'abbaye. De 1132 à 1179, c'est la période de prospérité. Le port sur le Rhône est en plein essor, marchands, croisés et pélerins animent la cité aux 7 paroisses. En 1208, l'assassinat du légat du pape Pierre de Castelnau envoyé pour enrayer l'hérésie cathare provoque le début du déclin. En 1226, l'abbaye est soumise au roi de France.
Gilles est le saint patron des infirmes, des lépreux, des mères
allaitantes (par référence à la biche qui le nourrissait de son lait),
des maréchaux-ferrants et même des écoliers. La simple invocation de
saint Gilles efface tous les pêchés.
La vierge de saint Gilles
Selon la tradition, Saint Gilles est arrivé dans la vallée de Nuria aux alentours de l'an 700. Il résida dans la vallée pendant quatre ans. Toujours selon la légende, ce saint sculpta une image de la vierge pour la vénération des bergers, la "Mare de Deù", qu'il cacha dans une grotte avant de fuir les romains et leurs persécutions contre les chrétiens. Il laissa aussi derrière lui la marmite qu'il utilisait pour faire la cuisine, la croix qu'il utilisait pour ses prières et la cloche avec laquelle il appelait les bergers pour venir manger.
En 1072, un pèlerin originaire de Dalmatie appelé Amédeus, suivant une révélation divine vint chercher l'image de la Vierge dans vallée. Il construisit une petite chapelle où venaient les pèlerins. En 1079 il trouva la statue ainsi que la croix, la marmite et la cloche, et il transféra tous les objets sacrés dans la chapelle.
La statue vénérée de nos jours est datée du XIIème siècle. Il s'agit d'une sculpture en bois de style roman et fait partie des vierges noires européennes. De traits primitifs, la sculpture conserve encore sa polychromie en parfait état. La Vierge tient l'enfant Jésus sur son genou gauche. Celui-ci a une de ses mains levée en signe de bénédiction. Tant Marie que l'enfant sont revêtus d'une cape et d'une tunique qui portent les couleurs traditionnelles des vierges noires. Avant la restauration, la statue avait une couleur noirâtre. Cette couleur lui a valu le surnom de "moreneta du Pirineu".
Une curieuse tradition a survécu jusqu'à nos jours. Les femmes qui souhaitent avoir des enfants mettent leur tête sous la marmite de saint Gilles et font sonner la cloche. Chaque carillonnement représente un enfant que l'on espère béni par la Vierge. Les bergers considéraient la Vierge de Nuria comme la patronne de la fertilité.
Saint-Gilles du Gard possède une reproduction de cette vierge en majesté, copie (presque) à l'identique en bois, offerte à l'abbatiale le 8 Mai 2003.
L'abbatiale Saint-Gilles
Avec le développement du pélerinage, l'église dédiée à Saint-pierre et à Saint-Paul du monastère primitif s'avère trop petite. En 1116, les moines entreprennent de construire un nouvel édifice, sur un plan absidial, au-dessus de l'église primitive qu'on appelle improprement crypte aujourd'hui et où reposera le corps du saint.
Elle sera plus vaste, de 98 mètres de long, large de 25 m, avec un déambulatoire et 3 nefs. La nef centrale, qui s'élevait à 26m, arrivait jusqu'au chœur semi-circulaire et les nefs latérales aboutissaient à un déambulatoire flanqué de cinq chapelles rayonnantes et deux chapelles latérales orientées.
Malheureusement, des démolitions ont eu lieu pendant les guerres de religion (1562-1622) et la révolution française. C'est en 1650 que les catholiques de la ville purent envisager de restaurer une partie de l'église car les moyens financiers manquaient.
Seule la moitié de l'église haute actuelle fut restaurée dans un style néo-gothique au XVIIème siècle.
Longue de 50m, sa nef centrale élevée à 16m est flanquée d'un chevet polygonal. L'édifice est soutenu par des voûtes sur croisée d'ogives, largement rabaissées (18m au lieu de 25m pour la nef centrale), donnant une vaste perspective sur son décor.
Actuellement, seul les piliers, les chapiteaux et la travée abritant l'actuelle sacristie sont d'époque romane.
Les orgues furent construites par Boisselin en 1659 et furent restaurées en 1704 et en 1808.
De la même époque, le buste reliquaire représentant saint Gilles.
Au niveau des énergies, bien sûr, l'absence de l'ancien choeur dans l'église lui enlève le point de croisement des réseaux qui se situait sous l'autel. Il nous reste le réseau situé dans l'axe central. D'après Monsieur Prat, nous sommes en présence d'un croisement des réseaux de l'Or et du Cuivre. L'Or étant relié à Arles, le Cuivre aux Saintes-Maries-de-la-Mer, ce qui forme un triangle avec le réseau Argent reliant Les Saintes à Arles. Prat dit aussi que les réseaux sont démultipliés : signe sur la pierre ?
L'ancien choeur
Sur un plan absidial, la nef centrale arrivait jusqu'au choeur semi-circulaire et les nefs latérales aboutissaient à un déambulatoire flanqué de 5 chapelles rayonnantes et 2 chapelles latérales orientées à l'Est.
Seules les bases des piliers principaux subsistent. Au centre de l'ancien chœur se trouve le buste de Clément IV, natif de Saint-Gilles, devenu Pape à Rome de 1265 à 1268.
On peut encore y remarquer sur l'extérieur du batiment de l'escalier à vis, une partie d'un occulus ainsi que le départ d'un arc ogival. Véritable chef-d’oeuvre de stéréotomie, « la Vis » est un modèle de construction datant du XIIème siècle, unique au monde pour l’époque.
Cet escalier hélicoïdal a pour particularité d’avoir une voûte annulaire appareillée à neuf claveaux, dont l’art réside dans la double concavité et convexité. Il assurait le service interne de l’Abbatiale et permettait d’atteindre le grand clocher par les combles.
Dés le XVIIème siècle, les Compagnons du Tour de France viennent découvrir « la Vis » et vont marquer leur passage par des signatures encore visibles à l’intérieur de l’escalier.
Dans le déambulatoire s'ordonnent des sarcophages gallo-romains portant des cartouches avec des inscriptions entourées de motifs décoratifs tels que des amours ailés ou des guirlandes de fruits.
C'est ici que les réseaux les plus importants se croisent : Or et cuivre, plus eaux souterraines et Hartmann/Curry.
La crypte
L'église basse ou crypte, fut remaniée aux XIème et XIIème siècles et abrite le sarcophage de Saint Gilles, redécouvert en 1865 par l'Abbé Goubler, et portant l'inscription : IN HTML QI C B AEGD (dans ce tombeau repose le corps du bienheureux AEGIDIUS).
Sur la voûte qui surplombe le tombeau on devine des traces de fresques. Au plafond, les clés de voûte représente les différents éléments, la Terre, l'Air, le Feu, l'Eau et l'Aether.
Longue de 50m et large de 25, la crypte était capable de recevoir les foules de pélerins venant prier autour du tombeau du saint. Dans la partie noire au Nord-Est, deux parties du collatéral ont été fermées. Elles ont servi de sépulture à deux moines lors de la peste de 1348.
Elle est composée de trois nefs dont l'appareillage présente des compositions architecturales différentes indiquant des interruptions et des reprises de travaux.
En parlant de travaux, j'ai pu apercevoir les fouilles situées sous l'escalier extérieur menant à l'église haute. A l'aplomb de la façade, il me semble bien qu'il y ait, à un niveau encore inférieur, l'ébauche d'une ancienne voûte. La vraie crypte ? (Ce qui semblerait correspondre avec le niveau de l'ancienne margelle du puits...) Mais bon, je suis pas archéologue, hein ? Tout juste chercheur. Souvent d'em...
Le puits de la crypte a une profondeur de 7m47, la margelle primitive est à 3 m en dessous du niveau actuel. C'est dans le puits voisin et identique du cloître que furent précipités les prêtres et enfants de choeur lors du début des troubles religieux en 1562. On aperçoit au-dessus la trappe qui permettait de puiser depuis la basilique.
L'escalier des abbés ou plan incliné fut construit au XIIIème siècle, détruit pendant les troubles du XVIème, réparé et réouvert en 1885. Il aboutissait au centre de la basilique et permettait aux pélerins de circuler et aux moines de descendre chanter l'office.
Autel privilégié, dit "de saint Gilles" : la base de cet autel est une pierre antique retrouvée sur le tombeau en 1865 et qui passe pour avoir été utilisée par saint Gilles lui-même.
3 cippes romains se trouvent aussi vers le plan incliné, ainsi que des sarcophages. Il y a aussi le tombeau de Pierre de Castelnau, mais c'est marrant, je n'ai pas eu envie de le prendre en photo celui-là...
Un des chapiteaux m'a intepellée... par son regard.
La façade
La façade de l'abbatiale a été classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO le 2 Décembre 1998 à Tokyo au titre d'étape sur les chemins de Compostelle. Elle est considérée comme un des fleurons des sculptures romane du Sud de la France et date du XIIème siècle.
L'art religieux des Xième et XIIème siècles est d'abord monastique. Les sculptures sont tirées des évangiles et de la bible. C'est un enseignement iconographique universel destiné à aider les fidèles (souvent analphabètes) à comprendre la religion à travers le livre de pierre. Mais aussi, étant universel, il véhicule un message bien plus subtil, reconnaissable par les initiés.
Réalisée entre 1120 et 1160, 3 portails avec pilastres et portiques en occupent toute la largeur. Le trumeau du portail central a une largeur égale à la longueur de la coudée sacrée égyptienne, et la largeur de son socle correspond à celle du flux du réseau de l'Or qui la traverse.
La partie supérieure a été démolie lors de l'abaissement de l'édifice, lors de la restauration de 1650 (La façade sera ensuite restaurée de 1842 à 1868). Les statues ont été mutilées lors des guerres de religion et sous la Révolution.
Cette façade a été élevée en plusieurs étapes et plusieurs sculpteurs y travaillèrent, dont le fameux Brunus qui signa les statues de Saint Mathieu et de Saint Barthélémy.
Les tympans représentent l'Adoration des mages, le Christ en majesté et la Crucifixion.
La frise, de gauche à droite :
1 Préparatifs de l'entrée à Jérusalem
2 Le cortège des apôtres
3 Jésus entrant à Jérusalem
4 Les habitants de Jérusalem accueillant Jésus
5 Judas recevant le prix de la trahison...
6 Jésus chassant les marchands du temple
7 La résurrection de Lazare
8 L'annonce du reniement de Pierre
9 Le lavement de pieds
10 La cène
11 Le baiser de Judas
13 La comparution devant Pilate
14 La flagellation
16 Jésus et Marie-Madeleine...
17 Les femmes achetant des parfums
18 Les femmes au tombeau
19 L'apparition de Jésus
Le registre inférieur
A Personnages renversés par des lions...
B Boucs attaqués par des lions
C Singes, chameaux, chasse aux lions...
F Centaure chassant un cerf
G Prophète Balaam, Samson, lionne allaitant
H Appel de l'ange à David
I Mort de Goliath
J Ours et personnages
K Personnages agenouillés
Les statues du registre médian
I Saint Michel terrassant le dragon
II Saint Mathieu (Brunus Me Fecit)
III Saint Barthélémy
IV Saint Thomas
V Saint Jacques le mineur
VI Saint Jean l'évangéliste
VII Saint Pierre
VIII Saint Jacques le majeur
IX Saint Paul
X Saint Michel terrassant le dragon... (très présent, isn't it ?)
http://viatolosana.free.fr/pat/vt_pat02_stgilles.htm