L'église Notre-Dame et Saint-Pierre
Historique
Varenne provient de la racine gauloise Vara, l’eau. La première mention du nom date de 976 et désigne alors une « villa » dépendant du territoire de Briant (« ager beronicensis »).
L’église actuelle fut certainement construite sur un sanctuaire plus ancien, mérovingien voire gallo-romain, qu’Artaud de Brionnais (ou de Briant) et sa sœur (ou sa femme) Eldeburge donnèrent à Cluny en 1045. L’église était déjà dédiée à Saint-Pierre-aux-Liens (fête le 1er août) et à Notre-Dame d’après une charte du XIe siècle. La fête de Saint-Pierre-aux-liens fut instituée pour célebrer la destruction des rites païens...
L’abbé de Cluny saint Odilon y établit alors un prieuré bénédictin, que son successeur, saint Hugues de Semur, attribua en 1094 au monastère clunisien de Marcigny. Cette donation détermina probablement la reconstruction de l’église.
Au XIVe siècle, le Brionnais fut ravagé par les troupes du prince de Galles, fils du roi Édouard III, qui passa la Loire à Marcigny en 1366. L’église fut fortifiée à cette époque. Les bâtiments du prieuré furent détruits au XVIe siècle lors des guerres de Religion, mais l’église resta intacte. Seules les traces de fortification du clocher disparurent à la suite d’anciens travaux de restauration.
L’extérieur
L’église fut construite en grès et non en calcaire jaune utilisé dans les autres églises de la région. C’est pourquoi la sculpture, plus difficile à réaliser sur cette pierre très dure, reste rudimentaire.
La façade occidentale tripartite présente un avant-corps central saillant et des travées latérales en retrait. Au-dessus du portail, une baie entourée de pilastres cannelés, de minces colonnettes et d’arcatures. Le pignon est percé d’une petite baie qui éclaire les combles.
Le portail est surmonté d’un tympan non sculpté, encadré par une archivolte à cinq voussures formées de gros tores et d’une rangée de billettes.
Les chapiteaux sont ornés de feuillages et les coussinets présentent deux hommes : à gauche, surmonté de deux feuilles pointant au ciel et de deux autres pointant la terre, il sort de la matière d’un air réjoui.
A droite, une série de trois feuilles dont une à l’intérieur d’un triangle, symbole de l’harmonie parfaite. L’homme se fait tirer la barbe, qui est une marque de sagesse et de connaissance.
Le portail sud est surmonté d'un fin linteau sculpté, d'un tympan représentant l'agneau mystique portant de la patte une croix nimbée, qui rappelle la filiation clunisienne, d'une archivolte sculptée de cinq fleurons (dits marguerites de saint Hugues) et d'un larmier.
Le chevet est composé d'une abside semi-circulaire rythmé par de puissants contreforts.
Le clocher, de plan carré, est situé au-dessus de la croisée du transept. Il se compose de deux étages de baies surmontés d'un toit à quatre pans.
L'étage supérieur fut refait à la fin du XIXe siècle, en style roman, par l'architecte Selmersheim. Chacune des faces est renforcée de demi-colonnes engagées.
L’intérieur
De plan cruciforme, l’église, dépourvue de fenêtres hautes au-dessus des grandes arcades, est dite à nef obscure.
Elle comporte une nef principale à trois travées flanquée de deux bas-côtés, un transept fortement saillant, et une abside en hémicycle précédée d'une travée de chœur.
La nef, voûtée d’un berceau brisé, communique avec les deux bas-côtés par de grandes arcades en cintre brisé.
Les bas-côtés sont voûtés d'arêtes.
La croisée du transept est surmontée d'une coupole sur trompes.
La partie orientale de l’église se compose d’une simple travée de chœur et d’une abside en cul-de-four où on trouve cinq arcatures en plein cintre retombant sur des colonnettes à pilastres cannelés et chapiteaux.
Les piliers cannelés de plan cruciforme portent 24 chapiteaux ornés de figures caractéristiques des XIe et XIIe siècles. Même si la sculpture est grossière, le message reste puissant, à l'image de ce chat.
Nous retrouverons particulièrement côté lunaire la grande déesse au milieu des feuilles de Chélidoine, tirant la langue dans un signe de parole divine, la tête surmontée du disque lunaire.
En dessous, le vase sacré, féminin s’il en est. Nous sommes dans une priorale destinée aux femmes, ne l’oublions pas.
Puis les aigles, ailes repliées vers la terre et bec de même, nous sommes encore dans la partie tellurique de l’édifice.
Un couple de lions (celui de droite porte une belle crinière) nous fait comprendre que nous arrivons à l’endroit où les énergies masculines et féminines se mélangent. Nous arrivons dans la partie cosmique.
L’entrée du chœur, la partie cosmique, est signalée par un centaure. Le centaure portant l’arc devient la représentation du Sagittaire (qui signifie « archer »), neuvième signe du zodiaque, dernier signe de l'automne. Le centaure-sagittaire peut être représenté flèche en arrière, en avant, ou au-dessus (les 3 décans du signe du Sagittaire).
La flèche devient le symbole de la destinée : en la lançant, le centaure manifeste sa volonté de choisir sa cible. Le centaure dans les chapiteaux romans est souvent représenté avec un adversaire vil ou dérisoire. Ici, ce sera un singe, la partie animale de l’homme. Les cheveux du centaure/sagittaire, sa force, lui sont liés.
L’entrée même dans le sanctuaire sera marquée par les aigles au bec relevé. Entre eux, la fleur s’épanouit.
Côté solaire nous retrouverons le griffon couronné, à l’endroit où les forces cosmiques et telluriques se rejoignent, au point d’entrée de la lumière dans le sanctuaire. Il unit le pouvoir terrestre du lion et l’énergie céleste de l’aigle, il est la force qui relie l’esprit et la matière, le haut et le bas, le ciel et la terre, le cosmique et le tellurique, protecteur des frontières, passeur d’un monde à l’autre
Quelques statues en bois polychrome intéressantes ornent l’église : un Christ en croix du XVe siècle, saint Roch et saint Denis du XVIe.
http://www.bourgogneromane.com/edifices/varenne.htm
http://www.sitesclunisiens.org/article.php?sid=205
http://fr.wikipedia.org/wiki/Varenne-l%27Arconce
http://pjpmartin.pagesperso-orange.fr/site/Chemins_du_roman.htm#Varenne-l%27Arconce