Le puy, la cathédrale
Au commencement de notre ère, les romains édifièrent sur le mont Anis, prenant l'allure d'une véritable acropole, une série d'édifices religieux dont le temple de Diane, à l'emplacement actuel du baptistère, et le temple qui englobait la source et le dolmen. Il devait avoir les dimensions et l'aspect de la maison carrée de Nîmes.
A l'époque du déclin de l'empire, les chrétiens investirent les lieux, détruisant les temples mais conservant le dolmen et la source. Ils bâtirent autour d'eux, aux alentours du Vème siècle, ce qui allait devenir la basilique.
L'église primitive ne comprenait qu'une seule nef dont l'abside était probablement pentagonale. Puis eurent lieu divers remaniements dont il ne reste pratiquement plus rien. Au XI ème siècle, la nécessité d'agrandir le bâtiment se fit sentir. On construisit deux travées supplémentaires et les deux transepts. Ces derniers étaient aussi grands que la nef, ce qui donnait à l'église la forme d'une croix grecque. Les constructeurs ont utilisé tout l'espace à leur disposition.
Au milieu du XIIème siècle, devant l'afflux des pèlerins venus prier la vierge noire, l'agrandissement se poursuit. Pas à l'est puisque la pierre sacrée et la source se trouvent là, donc on dut prolonger le sanctuaire dans le vide. Deux travées reposant sur d'énormes piliers furent mises en place. Deux chapelles, Saint Gilles et Saint Martin prirent place dessous, fermées par les portes de cèdres.(Derderian)
La cathédrale est de style roman, d'inspiration byzantine. Elle est entièrement dédiée à la vierge noire, jouant le rôle de la crypte. Il est vrai que la pénombre reste de mise dans l'édifice, posé à même le roc.
L'ascension au sanctuaire, par la montée des marches, devient un parcours où le corps et l'esprit se préparent à recevoir la Dame, comme à Rocamadour, et bien d'autres lieux.
Neuf degrés pour arriver à la première travée, onze pour la suivante. Arrêt sur les septième et huitième marches, où l'on trouve une inscription latine: "Ni caveas crimen caveas contingere limen/nam regina poli vult sine sorde coli", " si tu ne te gardes du crime, garde-toi de franchir ce seuil, car la reine du ciel exige un culte sans tâche". C'est l'ultime barrière magique, analogue aux avertissements que l'on retrouve dans chaque lieu initiatique.
De part et d'autres, de magnifiques fresques du XIIIème siècle, dont la Theotokos, mère de Dieu trônant sur sa cathèdre.
L'intérieur de la cathédrale ne présente plus son aspect d'autrefois. Elle avait deux chœurs, comme les églises byzantines. A l'est celui des chanoines contenant la pierre et la vierge, à l'ouest celui de Saint André, (Andros, l'homme) réserve au peuple.
Je terminerai en faisant la comparaison entre Chartres et le Puy.
Chartres fut le centre sacré de la Gaulle du nord, le Puy celui du sud. L'un et l'autre furent des centres druidiques importants dont un dolmen servit d'assise à la cathédrale. Chacun abrita une vierge noire qui furent parmis les plus célèbres. Toutes deux eurent le même sort à la révolution. (Les deux sanctuaires abritaient des statues plus anciennes). Aucun des deux sanctuaires ne peuvent recevoir de sépultures, si de dépouilles, tant le lieu était saint et ne pouvait célébrer que la vie.
A Chartres on adore la vierge du pilier, et la vierge du Puy est la "regina poli", reine du pôle (pilier et pôle ont la même symbolique). Il y a aussi homophonie avec le puits des saints Forts à Chartres et la place du For au Puy. Présence d'une source sacrée ou d'un puits aux eaux curatives...
Et voilà... Un dernier hommage à Cernunnos, à l'intérieur de l'édifice. Et le départ pour Compostelle...