L'abbaye Saint-Hilaire
Cet ancienne abbaye bénédictine fortifiée fut fondée à la fin du VIIIème siècle sur l’emplacement d'une chapelle construite à la demande de Saint-Hilaire, premier évêque de Carcassonne au VIème siècle, qui fut enseveli dans son oratoire.
L'abbaye fut tout d'abord dédiée à saint Sernin, premier évêque de Toulouse. Mais au Xème siècle, suite à la découverte des restes du corps d'Hilaire le 22 Février 970, et à la volonté du comte de Carcassonne Roger Ier, l'abbaye changea de nom et fut placée sous le vocable de saint Hilaire.
Le monastère connut une certaine prospérité jusqu’au XIIIème siècle, mais dès la guerre de Cent Ans il subit des dévastations, les ravages de la peste noire et des périodes de famine. Placée sous la commende en 1540, l'abbaye ferma ses portes en 1748. En 1531, les moines de Saint-Hilaire découvrirent le premier vin effervescent au monde : la blanquette de Limoux.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Saint-Hilaire_(Aude)
http://www.cathares.org/saint-hilaire-intro.html
http://fr.structurae.de/structures/data/index.cfm?id=s0039000
http://architecture.relig.free.fr/hilaire.htm
Plan extrait de la monographie "L'abbaye de St Hilaire" par Jean Blanc, éd. du CAML,1982
Le cloître
Après avoir prospéré sous la protection des comtes de Carcassonne, le monastère est soupçonné de sympathies cathares.
Les terres puis le monastère sont cédés à la communauté dominicaine de Prouille (jusqu'en 1217). L'abbaye perd 1/3 de ses terres.
Une fois le conflit apaisé, St Hilaire redevient ensuite une abbaye d'hommes.
L'abbatiale puis le cloître sont alors reconstruits sous les abbatiats de Guillaume (1237-1260) et de Bertrand de Touron (1323-1340).
En forme de trapèze irrégulier, avec des côtés de seize (sud), douze (est et ouest) et 14 baies (nord), il comporte donc 54 arcades ogivales.
Toutes les arcades reposent sur des colonnes géminées dont les chapiteaux sont très abîmés. Les galeries du cloître sont couvertes d'un toit mais ne sont pas voûtées.
Au centre du jardin se trouve un bassin quadrifeuille et une vasque du XVIème siècle.
Le sarcophage de saint Sernin
C'est l'œuvre maitresse de l'abbaye de Saint-Hilaire, réalisée en marbre blanc des Pyrénées par le Maître de Cabestany, sculpteur itinérant et anonyme du XIIème siècle. Le maître de Cabestany a laissé sa marque originale sur nombre de monuments d'Espagne (Catalogne et Navarre), France (Languedoc et Aude) et Italie (Toscane).
C'est par référence au tympan de l'Assomption trouvé à Cabestany, dans les Pyrénées Orientales, qu'on le désigne par ce vocable. Sa signature est reconnaissable aux visages triangulaires des personnages, aux fronts bas, aux mentons écrasés, aux yeux étirés en amande avec un trou de trépan de chaque côté, au nez à l'arrête tranchante, aux oreilles larges et décollées, aux mains démesurément allongées aux doigts longs et effilés, beaucoup de plis sur les drapés et un grand nombre de détails autour des personnages principaux. Comme la représentation de la Vierge à Rieux-Minervois.
Bien que présentant la forme d'un sarcophage antique, il s'agit d'un reliquaire. La cuve est trop étroite de l'intérieur et la face arrière n'est pas sculptée. On pense donc qu'il fit office de maître-autel dans l'ancienne abbatiale. Il fut réalisé dans le dernier tiers du XIIème siècle, et évoque le martyr de saint Sernin, ou Saturnin, évangélisateur et premier évêque de Toulouse au IIIème siècle. La lecture des scènes s'effectue de droite à gauche : son arrestation, son martyr et son ensevelissement.
Petit côté droit
On peut voir au centre saint Sernin qui tient la crosse de sa main droite, le livre des évangiles posé sur sa poitrine. A sa droite, saint Honest, évêque de Pampelune et à sa gauche saint Papoul, évangélisateur du Laugarais. Ils furent tout deux disciples de Sernin.
Face principale, à droite
On retrouve Sernin avec le livre des évangiles grandement ouvert sur sa poitrine, car il commence sa mission d'évangélisation. Il va se mêler à la population pour prêcher. Saint Sernin a vécu vers l'an 250, au moment des persécutions de Dèce, empereur romain, et le christianisme n'était pas encore toléré.
Il est donc arrêté par les soldats romains (l'un d'eux l'attrape par le cou). A noter les têtes d'animaux sculptées entre les jambes des romains.
Face principale, à gauche
Par le biais d'une corde, Sernin est attaché à la patte arrière d'un taureau aiguillonné par le bourreau et excité par deux chiens qui aboient et essaient de lui mordre les pattes.
Sernin semble serein et bénit de sa main droite les deux femmes qui se trouvent au dessus de lui : ce sont les saintes Puelles,disciples de Saturnin. A droite, le capitole de Toulouse est représenté par un bâtiment monumental, sorte de grande arche.
Petit côté gauche
Il s'agit de la mise au tombeau de saint Sernin. Au centre, on voit le corps du saint étendu et soutenu par les Puelles, ainsi que des femmes tenant un vase d'aromates pour embaumer le corps. Du corps du saint s'élève un enfant dénudé et nimbé qui représente l'âme de Sernin s'extrayant de son enveloppe charnelle et qui s'élève vers le Paradis où elle est accueillie par un ange.
Tout au fond, le tombeau de Sernin est béni par deux anges thuriféraires qui déversent de l'encens et par la main de Dieu qui descend du ciel. Sous le tombeau, on aperçoit les femmes qui viennent se recueillir sur la tombe, certainement dans le but d'obtenir guérison ou miracle.
L'église abbatiale de Saint-Hilaire
L'église, du XIIIème siècle, est de petite taille et possède un plan simple : une nef unique terminée par une abside en cul de four et deux chapelles latérales formant un faux transept.
Chacune d'elle disposait d’une absidiole : celle située au nord fut supprimée lors de la construction de la sacristie.
Elle devait originellement être couverte par une charpente en bois. C'est sous l'abbatiat de Guillaume que fut ajouté le voûtement d'ogives. La nef est constituée d'un vaisseau unique de deux travées, éclairée par des baies cintrées d'inégale hauteur.
Les ogives et les doubleaux retombent sur des colonnes ou demi-colonnes engagées.
Leurs chapiteaux sont sculptés de figures anthropomorphes, de personnages à type d’Atlante, de motifs végétaux et d'animaux fabuleux.
Un seul est historié et présente sans doute une procession de moines. Si vous regardez bien, un singe... montre son cul. Déjà vu ! (Thuret entre autres)
Les clefs de voûtes des deux travées de la nef et de la croisée du transept sont sculptées.
Les piliers de la première travées sont engoncés dans le mur. L'église devait à l'origine être plus grande, ce qui explique également qu'elle se termine brutalement par un mur sans ornement, à l'exception d'une minuscule chapelle semi-circulaire.
La légende de Saint-Hilaire
L’origine de la protection de l’abbaye de Saint-Hilaire par les comtes de Carcassonne vient probablement de l’histoire du combat du Lauquet qui eut lieu à la fin du Xème siècle. Cette bataille opposant Roger Ier, comte de Carcassonne, et Oliba Cabreta, comte de Cerdagne venu envahir la région, donna naissance à une légende.
En effet, on raconte que les troupes de Roger, inférieures en nombre et peut-être moins assoiffées de bataille, étaient sur le point de perdre le combat et de s’enfuir ou d’être massacrées.
Alors, le comte de Carcassonne ne sachant plus à qui s’adresser, se tourna vers Dieu : il se mit à genoux et commença à prier.
Il invoqua même saint Hilaire et lui demanda de l’aider à protéger le village des envahisseurs. Et c’est alors que le miracle se produisit : saint Hilaire, vêtu d’une robe éclatante, apparut à la tête d’une armée qui repoussa et extermina les troupes d’Oliba.
Pour remercier saint Hilaire de son intervention miraculeuse, Roger s’engagea à vêtir les moines chaque année, à faire régulièrement des dons à l’abbaye et avec sa femme Adélaïde, il s’engagea à respecter les principes de la règle bénédictine. De plus, le couple carcassonnais choisit le monastère comme lieu de sépulture.
Le réfectoire
La partie sud de la galerie du cloître desservait les deux réfectoires de l'abbaye : un pour les moines et un autre pour les étrangers et hôtes de passage.
Le réfectoire des moines fut rénové au cours des années 2005-2006, alors qu'il était presque entièrement détruit et que seuls subsistaient quelques pans de mur.
Les deux réfectoires étaient séparés par un épais mur renfermant une chaire de lecture d'architecture particulière, unique en France.
Un escalier étroit aménagé dans l'épaisseur du mur permet d'y accéder. La chaire, du XIVème siècle, est voûtée d'une croisée d'ogives à la clé de voûte circulaire. A l’origine, elle était ouverte sur les deux salles.
Une fois le moine assis, il était caché, seule sa voix ressortait de ce mur, atténuée d'écho. On entendait le moine mais on ne le voyait pas. Une façon unique de maîtriser l'acoustique et de favoriser l'écoute.
Les celliers
Ce sont des silos taillés à même la roche faite de grès et de poudingue, qui servaient à entreposer les fruits des diverses récoltes.
A l’intérieur, quatre ouvertures ont été aménagées dans la voûte, qui permettaient aux paysans de déverser les cultures, sans avoir de contact avec les moines.
C’est dans cette même cave que les moines découvrirent, en 1531, la Blanquette de Limoux, le plus vieux brut du monde…
Cette invention fut apparemment fortuite : un moine découvrit que le vin, qu’il avait mis en bouteilles et soigneusement bouché de liège, formait des bulles comme s’il commençait une nouvelle fermentation. La mise en bouteille se fait toujours à la vieille lune de Mars.
Le logis abbatial
Il s'agit d'une petite pièce cossue, bien plus tardive que le reste des bâtiments. Cette pièce jouxte la salle capitulaire et était réservée à l'abbé. Utilisée comme salon particulier ou chambre, elle présente une décoration remarquablement bien conservée.
Le plafond à solives date du XVIème siècle. Il fut commandé par l'abbé Gérard de Bonnet, qui administra l'abbaye de 1509 à 1536. Il fut ensuite masqué par un lattis garni de plâtre. Le chanoine Boudet, vers 1860, le remit à jour, le restaura et raviva les couleurs.
C'est lui qui fit peindre les armoiries des 55 abbés ayant siégé à l'abbaye avec leur nom et date d'élection, auxquelles sont venus s'ajouter les blasons des curés de la paroisse.
Les poutrelles du plafond sont ornées de guirlandes, dont les extrémités sont supportées par des têtes d'animaux. Une série de métopes du XVIème siècle agrémente ce plafond.
Ce sont des scènes, parfois osées pour un logis d'abbé, des armoiries et des portraits (fauconniers, aliéné, Jeanne d'Arc, deux artisans huchiers, menuisiers, ...).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Saint-Hilaire
http://architecture.relig.free.fr/hilaire.htm
http://pagesperso-orange.fr/abbayedesainthilaire/