Le cimetière juif de Josefov
Nulle visite de Prague sans faire un détour par le célèbre cimetière juif (Starý židovský hřbitov). Il est considéré comme la plus ancienne nécropole juive, implantée au XVe siècle sur le lieu le plus élevé du quartier. Une fouille archéologique a pourtant mis à jour un cimetière plus ancien créé en 1254, appelé « jardin juif », situé sous la rue Vladislavova dans le quartier de la Nouvelle-Ville, Nové město.
De la synagogue Pinkas on grimpe quelques marches qui conduisent au cimetière.
Il fut agrandi aux XVe et XVIIIe siècles, et malgré cela, le nombre toujours croissant des membres de la communauté juive et l’interdiction de profaner les tombes (Loi juive ou Halakha) firent que l’on dut superposer les tombes en rajoutant de la terre.
Il fut abandonné en 1787 par ordre de l'Empereur Joseph II qui ne souhaitait plus que l'on enterre les morts dans les quartiers résidentiels. En 1903, au cours de l'assainissement du quartier, il fallut céder une partie du cimetière pour créer une nouvelle rue.
On pense qu’il existe encore une douzaine de strates et environ 12 000 tombes. La plus ancienne retrouvée date de 1439 (rabbi Avigdor ben Isaac Kara, talmudiste et kabbaliste), la plus récente de 1787,
la plus célèbre, celle de rabbi Yehuda Loew ben Bezalel, de 1609.
« De nombreuses tombes portent des symboles de la tradition juive, comme le raisin de vigne (symbole de la fertilité et de la sagesse), les coffrets (symbole de la bienfaisance) ou l'étoile de David à 6 branches. Les symboles des familles sont par exemple des mains levées en signe de bénédiction (descendants des prêtes des temples), un arrosoir avec une assiette ou un instrument de musique (descendant des aides de la tribu de Levi), d'autres symboles animaliers illustrant un prénom ou un nom de famille (lion, loup, oie, coq etc.) et des reliefs d'outils comme symboles des professions (mortier - pharmacien, ciseaux - tailleur, violon - musicien etc.) »
J’ai été très émue par ce témoignage de l’histoire des juifs d’Europe centrale. J’ai ressenti de la tristesse, mais aussi de la joie et de la sérénité, j’ai entendu des voix qui chuchotaient ou qui chantaient, mais aussi des voix qui criaient, et les arbres qui, penchant leurs branches jusqu’aux sépultures chaotiques comme pour les caresser de leurs feuilles au moindre souffle, apportaient au tableau une touche de romantisme absolu.