Le prieuré de Saint-Romain-le-Puy, l’église
Sa caractéristique principale, comme à Saint-Michel d’Aiguilhe, est la présence d’une première chapelle englobée dans un édifice plus grand. On peut constater cinq étapes de construction.
- La première connue peut dater des IV ème et V ème siècles. Les fouilles ont mis à jour des vestiges de l’antiquité tardive, des sépultures.
- La deuxième, (gris) voit l’extension du sanctuaire pendant le haut-moyen-âge. Le plan centré triconque de l’église encore modeste en est encore visible.
- La troisième, (noir) au X ème siècle, voit l’ajout d’une nef à l’ouest.
- La quatrième, (hachures) au XI ème siècle, date de l’installation du prieuré. L’ancienne abside est supprimée, laissant place à un chœur plus vaste, surélevé pour laisser place à la crypte.
- La cinquième, (pointillés) au XV ème, met en place des embellissements gothiques, comme la chapelle au nord et le portail.
L’axe de l’abside et de la crypte est décalé vers le nord par rapport à celui de l’ancien sanctuaire. Il ne s’agit pas de donner l’inclinaison de la tête du Christ sur la croix, mais de respecter les lignes d’énergies telluriques du sous-sol.
La nef a une hauteur de 12 mètres sous la voûte. Le sol fut abaissé en 1988 afin de restituer le niveau de circulation roman. La poutre de gloire qui la traverse date du XV ème siècle, et porte les armes de la famille de Bouthéon.
Dans les parties hautes, les murs sont doublés par une arcature aveugle jouant le rôle d’arc de décharge pour les murs soutenant le clocher.
De la première chapelle de plan centré triconque reste les exèdres semi-circulaires (salle de conversation équipée de sièges ou de bancs qui suit le plus souvent un plan semi-circulaire facilitant le contact entre les interlocuteurs), à l’intersection du chevet et de la nef. Voûtées en cul de four, elles ont été tardivement percées d’un oculus.
Celle du Nord donne accès à la crypte.
Le chœur, situé 3 mètres plus haut, est accessible par plusieurs marches. Il est flanqué d’absidioles.
La beauté de l’édifice, outre son architecture complexe, réside dans la présence de fresques datant pour les plus vieilles du X ème siècle.
Sur l’une d’elles, datant du XIII ème, nous trouvons représenté le martyre de saint Romain d’Antioche. L’hagiographie raconte que Romain, diacre de l’Église de Césarée en Syrie, se trouvait à Antioche quand commença la persécution de Dioclétien. Ne pouvant supporter de voir des chrétiens se plier aux normes des décrets impériaux et s’avancer vers les statues des idoles, il les incita fortement à résister.
Conduit devant un juge, il fut torturé, eut la langue coupée et finalement fut étranglé par le bourreau dans sa prison en l’an 303. Avec lui un enfant, saint Barallah ou Barulas, fut pris au hasard dans la foule pour apporter son témoignage. L'enfant dit qu’un seul dieu devait être loué, et, pour cela, il fut battu de verges et décapité.
Une autre fresque du XV ème montre deux saintes, Marie-Madeleine qui tient un flacon de parfum et Catherine d’Alexandrie accompagné de la roue de son supplice.
De part et d’autre du chœur, dans des arcs aveugles, un personnage fait le geste de la bénédiction. Il porte le pallium, bande de laine blanche croisée sur la poitrine. Un autre personnage en buste se trouve au dessus de lui. Il s’agit là probablement d’archevêques de Lyon.
Les 49 chapiteaux soutenant colonnes et arcatures présentent une variété de thèmes et de motifs imprégnés de l’influence méditerranéenne :
animaux fantastiques, entrelacs, figures symboliques, motifs floraux et feuillages, des têtes de béliers et une seule représentation humaine.