Saint-Denis, l’intérieur
année 475, église mérovingienne : 20,6 m (68 pi) de long sur 9,5 m (31 pi) de large
année 775, église carolingienne : 63 m (206 pi) de long sur 22,6 m (74 pi) de large
année 1140, église gothique : 108 m (354 pi) de long sur 39 m (128 pi) de large, 29 m (95 pi) de haut
La nef
Elle date des XIIème et XIIIème siècles, unissant ainsi deux époques de construction, celle de Suger en 1140 et celle du maitre d'œuvre de 1231. Après les deux travées du narthex construites par Suger, aux ogives massives, la nef comporte sept travées.
Les trois travées orientales recevaient le chœur des moines. Elles étaient jadis séparées du reste de la nef par un jubé. Au niveau des deux dernières travées, les bas-côtés s'élargissent pour recevoir des tombeaux.
Son élévation est à trois niveaux : les grandes arcades, le triforium ou galerie de circulation avec des fenêtres hautes à quatre lancettes et trois roses. Le triforium à mur de fond ajouré comporte des séries de quatre baies géminées aux arcs tréflés. La nef est couverte de voûtes d'ogives quadripartites sur plan barlong.
Les collatéraux sont larges et voûtés d'ogives sur plan carré. Leurs soubassements sont ornés d'arcatures tréflées aveugles. Ils sont surmontés de fenêtres à deux lancettes et de grandes roses rayonnantes.
Le chœur et le chevet
Le chœur, voûté d'ogives sur plan barlong et consacré aux reliques, et le double déambulatoire, sont largement surélevés pour laisser plus de place à la crypte qui n'est pas complètement souterraine. Ils datent du XIIème siècle.
Le chœur s'entoure de deux cercles concentriques de douze colonnes, symbolisant les douze apôtres et les douze prophètes mineurs. Formant une couronne de lumière en hémicycle, les sept chapelles rayonnantes sont intégrées au déambulatoire. L'emploi de la voûte d'ogives et la lumière créée par les vitraux sont des innovations gothiques.
Les stalles
Alignées face à face dans la nef de l'église , elles datent du XVIème siècle et proviennent du château de Gaillon, en Normandie. Elles furent exécutées vraisemblablement par un artiste italien pour la chapelle de l'archevêque de Rouen, le cardinal Georges d'Amboise. Les panneaux de marqueterie de couleur au-dessus des sièges présentent les Vertus et les Sibylles, et les bas-reliefs des hauts dossiers représentent les épisodes de la vie du Christ et de la Vierge, et du martyre de saint Jean Baptiste. Viollet-le-Duc décida de les placer dans la nef lors de la restauration.
Les retables
À partir de 1952, d'importants travaux de restauration et d'aménagement sont réalisés sous la direction de l'architecte Jules Formigé. Les chapelles rayonnantes du chœur sont débarrassées de leurs peintures du XIXème siècle et reçoivent des parties de dallages médiévaux et des retables des XIIème et XIIIème siècles retrouvés au cours des fouilles archéologiques.
La chapelle Saint-Firmin, la première au nord dans le déambulatoire, présente un superbe retable du XIIème siècle figurant le Christ et les Apôtres.
Mosaïque de pavement
Cette mosaïque de pavement provient d'une chapelle, dédiée à saint Firmin. Elle représente le portrait du moine Aubry, donateur, signant son œuvre comme Suger sur le vitrail de l'Annonciation. Cette pièce de mosaïques du XIIème siècle fut très restaurée au XIXème siècle, et remise à son emplacement d'origine en 1957. Ce médaillon fait partie d'une mosaïque plus importante aujourd'hui disparue, dont il nous reste aussi la représentation du mois d'octobre.
Les regalia
Le trésor de Saint-Denis est célèbre pour son rôle de gardien des instruments du sacre, les regalia, que l'abbé doit apporter à Reims pour chaque sacre royal. Ce trésor fut dispersé et fondu à la Révolution, toutefois, une centaine d'objets furent épargnés pour être déposés au cabinet des médailles de la Bibliothèque nationale et au Louvre.
Aujourd'hui, Saint-Denis possède les insignes de la royauté reconstitués pour les funérailles de Louis XVIII en 1824. La vitrine de ces ornements restaurés présente le grand manteau de catafalque en velours de soie violet orné de trois cent soixante dix fleurs de lis d'or, le heaume et son ' timbre ', petite couronne royale, les éperons et les gantelets d'or, les copies du sceptre d'or de Charles V et de l'épée dite de Charlemagne, la main de justice et les deux couronnes du roi et de la reine.
Autel de la confession
La dénomination d'autel de la confession désigne l'aménagement cultuel du chœur de l'église au-dessus du tombeau d'un saint. Viollet-le-Duc succède à l'architecte Debret, en 1846, et reprend les travaux de restauration en restituant l'aspect originel de l'intérieur de l'église. Il dessine d'une manière néogothique le nouvel autel de la confession présentant les châsses des trois martyrs : saint Denis, saint Rustique et saint Éleuthère. L'autel de Viollet-le-Duc fait allusion au célèbre autel des Corps Saints disparu en 1626, mais il remplace, aussi, les trois célèbres reliquaires fondus en 1793.
Tombeau de Dagobert
Le tombeau fut exécuté au milieu du XIIIème siècle à la demande des moines de Saint-Denis. Il adopte la forme d'un enfeu à haut pignon dont le fond est traité comme un tympan. Les bas-reliefs nous racontent le rêve de l'ermite Jean ayant vu l'âme de Dagobert emportée par les démons et finalement sauvée par saint Denis, saint Maurice et saint Martin. Aux piédroits, les statues de Nanthilde, sa femme, et de Clovis II, son fils, ainsi que le gisant sont des restitutions de Viollet-le-Duc au XIXème siècle.
Notre-Dame, vierge de la Carole
Cette statue de la Vierge à l'Enfant du XIIème siècle, dite de la Vierge de la Carole, est l'une des plus anciennes d'Île-de-France. Elle n'est pas originaire de Saint-Denis, mais elle provient d'une autre abbaye bénédictine de Paris, l'abbaye de Saint-Martin-des-Champs, transformée en conservatoire des arts et métiers par l'abbé Grégoire (1750-1831).
On retrouve des traces de ses anciennes peintures. La composition de la statue reste hiératique, figée. Seul l'Enfant anime quelque peu le mouvement de l'ensemble de la composition.
Les vitraux
Au XIIème siècle, l'architecture gothique apparait pour la première fois dans le chœur de la basilique de Saint-Denis. Ce chœur de Suger est entouré d'un double déambulatoire ouvert sur des chapelles rayonnantes et Suger fait exécuter des verrières, aussi bien pour les fenêtres de la crypte que pour celles des chapelles supérieures.
Ici, une représentation de l’arche d’alliance ou quadrige Aminadab.
Les vitraux qui subsistent sont considérés comme les plus anciens de France. L'arbre de Jessé est le premier vitrail représentant ce thème de l'arbre généalogique du Christ, il est le modèle de celui de Chartres.
L’orgue
En 1806, Napoléon décida de restaurer l'église et on envisagea de reconstruire un orgue. En 1836, l'architecte en chef de la basilique, François Debret dessina le buffet actuel qui, malgré ses dimensions, s'inspire de miniatures médiévales. Cavaillé-Coll est chargé de cette construction. L'inauguration officielle eut lieu le 21 septembre 1841. Ce fut le point de départ de la célébrité d'Aristide Cavaillé-Coll.
Le cloître
De l’ancien cloître du XIIIème siècle, il ne reste qu’une arcature adossée au flanc sud de la basilique. Certains chapiteaux sont néanmoins conservés dans la basilique ou au musée de Cluny, à Paris.