Eglise Notre-Dame d'Avenas
Extrait des "Archives historiques et statistiques du département du Rhône", Publié 1825 par J.M.Barret, copie de l'exemplaire de l'Université de Harvard par Google-books :
"Avenas
est situé à une lieue de Beaujeu : la route de Lyon à Autun passait, du
temps des romains, par Avenas. Quelques traces de cette route
subsistent encore près de Saint-Jean-d'Ardière. Au haut de la montagne,
il existe des ruines d'un ancien monastère dont l'origine remontait au
berceau du christianisme. La tradition rapporte que, dans la suite, les
moines de Cluny ayant introduit la réforme dans l'ordre de Saint Benoit,
plusieurs monastères l'adoptèrent, entre autres celui d'Avenas. On
remarque dans l'église qui est sous le vocable de l'assomption de
Notre-Dame, et qui dépendait du diocèse de Mâcon, l'épitaphe suivante :
Hic jacet dominus Joannes Minet P. curatus hujus ecclesioe, qui obiit
anno Domini MCCXCII (1292).
Sévert,
dans son histoire, prétend que Louis , traversant nos provinces
gouvernées alors par Balmundus, environ l'an 824, résolut de raser
entièrement le château de Ganelon, bâti sur le sommet de la montagne de
Torvéon, dans la paroisse de Chenelette, et que Charlemagne avait déjà
fait détruire en partie.
Ce fut, suivant le même auteur, pour rendre
grâces à Dieu de la victoire remporté sur Ganelon, que l'empereur fit
bâtir l'église d'Avenas, dont il confia le service à des religieux de
l'ordre de Saint-Benoit qui résidaient alors dans le même territoire,
près de Foux ou Fouteau d'Avenas. Le bas-relief était destiné à
conserver la mémoire de cet évenement dont Sévert place la date au 12 de
juillet.
Le cardinal de Tournon, au nom du roi, vendit, par acte du
21 novembre 1537, à Guillaume Barjot, écuyer, la prévôté et justice de
Varennes et de la terre d'Avenas."
Le village, habité par les Avenaudis, est donc situé sur une ancienne voie romaine allant de Lyon a Autun, non loin de la forêt voisine du col du Fût d’Avenas (760 m). Cette voie est connue sous le nom de Chemin Ferré ou Chemin des Romains. On sait par les Romains que la région était habitée à l'époque de l'invasion de la Gaule mais il n'existe que tres peu de vestiges de ce passé.
Le village fut marqué par les légendes, dont celle de la " Source des Fées ", aux vertus curatives pour guérir le paludisme. La source existe toujours, sous un hangar situé au-dessus de l'église. Elle vibre encore de nos jours.
Au début du Moyen-Age, entre 880 et 910, des moines cisterciens fondèrent un monastère et construisirent une église de style roman entre 1088 et 1150. Le village se nommait alors Avenacum.
Une légende parle des origines de la construction de l'église : "Il fut décidé de reconstruire une église sur les ruines de l'ancien monastère du Pélage, détruit par les barbares. Le chantier commença, mais tous les matins, les outils des ouvriers se retrouvaient dispersés... Le maitre d'ouvrage, pensant que Dieu ne voulait pas de cet emplacement, eut une idée : il lancerait son marteau, et là où il retomberait, sera le futur chantier. Il retomba à 1200 mètres, dans un buisson d'aubépine, près de la fontaine sacrée d'Avenas..."
L'aubépine
est plante sacrée des druides, près de laquelle plusieurs vierges
noires ont été trouvées. Cette plante est aussi appelée l'arbre aux
fées... L'église n'est-elle pas dédiée à Notre-Dame, représentant
l'ancienne Déesse-Mère ? Et le marteau n'est-il pas attribut de Thor ?
Le monachisme bénédictin transporte bien l'ancien savoir des druides.
A
l'avènement du Christianisme, nombreux furent les pèlerins participant à
l'Assomption le 15 août. Réminiscence du culte à l'ancienne déesse...
L'église, modeste par sa taille, a suscité plusieurs hypothèses pour son origine, entre l'époque carolingienne et l'intervention protectrice du roi Louis VII qui contrôle le Mâconnais. Le remarquable autel sculpté et classé, avec son Christ en majesté entouré des douze apôtres et la représentation de la fondation de l'église par le roi Louis, en fait une des merveilles de l'art roman clunisien finissant du XIIème siècle.
L'église a été restaurée au 20ème siècle : la tourelle à 8 faces et la sacristie datent de cette époque.
L'intérieur, très simple, a une nef de 15 par 5,50 mètres environ, couverte en charpente, avec transept saillant, coupole sur trompes à la croisée et abside en cul-de-four décorée de pilastres.
Les fonds baptismaux, simple cuve en pierre, ont un couvercle en bois sur lequel est inserré une croix que l'on peut comparer avec la croix templière du "gratte-cul de Chartres", servant de maitre-étalon à l'édifice.