Sainte-Foy de Sélestat, historique
Une légende fait remonter la fondation de Sélestat à l'époque lointaine où des "géants" régentaient la région. Le plus fort d'entre eux aurait creusé à lui seul la vallée de Leberthal. Il précipitait dans la plaine les rocs énormes et les troncs d'arbre qu'il arrachait à la montagne. Puis, il se serait servi de ces matériaux pour bâtir un immense château à l'endroit même où se situe actuellement la ville. Pendant longtemps, on put voir sous la porte de l'hôpital un fragment de squelette, laissant supposer que l'ancien "propriétaire" de ces ossements avait une taille de vingt pieds au minimum. La population pensait que cette relique avait appartenu au géant Schletto, d'où serait venu le nom de la cité.
En fait, il s'agissait tout simplement des restes d'un fossile de saurien, qui avait été découvert près de l'Ill. La réalité est très différente. Les fouilles ont prouvé que la région de Sélestat fut habitée dès l'âge néolithique et les Celtes y apparaissent vers l'an 600 avant notre ère. En l'an 406, les légions romaines quittèrent l'Alsace pour protéger l'Italie. L'année suivante, les Alamans traversèrent le Rhin. Sur les ruines calcinées de l'agglomération celto-romaine, ils bâtirent un village qu'ils appelèrent Sladistat, de Slade qui signifie marécage et Stat (ou Statte) qui veut dire lieu : le lieu des marécages.
En l'an 775, Charlemagne, venant de Thionville, et se dirigeant vers
l'Italie pour combattre les Sarrasins, passe à Sélestat et y reste
plusieurs jours. Dans la chapelle de la villa, sur l'emplacement de la
future église paroissiale, il assiste aux fêtes de Noël "revêtu d'un
surplis, en chape et en épée". Son séjour prolongé prouve que la
"villa" était vaste et bien aménagée, puisqu'elle pouvait abriter, même
en hiver, le monarque ainsi que sa nombreuse suite de soldats et de
fonctionnaires.
En l'an 775, Charlemagne, venant de Thionville, et se dirigeant vers l'Italie pour combattre les Sarrasins, passe à Sélestat et y reste plusieurs jours. Dans la chapelle de la villa, sur l'emplacement de la future église paroissiale, il assiste aux fêtes de Noël "revêtu d'un surplis, en chape et en épée". Son séjour prolongé prouve que la "villa" était vaste et bien aménagée, puisqu'elle pouvait abriter, même en hiver, le monarque ainsi que sa nombreuse suite de soldats et de fonctionnaires.
Vers 1087, Hildegarde d’Eguisheim, veuve de Frédéric Von Büren
Hohenstaufen, fit élever un premier édifice, sans doute pour se faire
pardonner l’assassinat dans le palais épiscopal, lors d’une entrevue
avec l’évêque, de son parent le comte Hugues d’Eguisheim, adversaire
des Hohenstaufen et partisan de la papauté dans l’affaire des
Investitures. Cette chapelle, dédiée Saint Sépulcre, fut consacrée par
son fils Othon, évêque de Strasbourg.
Vers 1092 le même Othon fit étape à Conques, sur le chemin de Saint Jacques, avec ses frères Frédéric et Conrad de Hohenstaufen. Il fit venir en 1094 des moines de Conques à Sélestat. La même année, par charte, le petit monastère fut donné à l'abbaye de Conques avec tous les privilèges y afférant. La crypte, ainsi que quelques remplois sculptés témoignent de cette église primitive.
Puis
une église prieurale fut érigée entre 1152 et 1190, grâce à des dons de
Frédéric Barberousse, bienfaiteur à la même époque du mont
Sainte-Odile. Le nouvel édifice, construit sur un plan basilical avec
un transept peu marqué, présentait alors un style qui se rapprochait
davantage des réalisations lorraines et bourguignonnes que de l'art
roman rhénan.
Sainte-Foy de Sélestat, prieuré de l'abbaye bénédictine de sainte Foy de Conques, fut sans doute jusqu'en 1498 le seul monastère ayant été peuplé de moines de culture et de langue françaises. Les bénédictins veillèrent sur le sanctuaire jusqu'au début du XVème siècle, quand Frédéric II de Hohenstaufen accorde le statut de ville libre à Sélestat. Le pouvoir passa dès lors progressivement aux bourgeois. Sélestat prospère, devint membre de la décapole, agrandit ses fortifications, reçut des ordres monastiques et fit du commerce.
Aux XVème et XVIème siècles, Sélestat connaîtra la gloire avec son école humaniste qui devint célèbre aux yeux de toute l'Europe. On appela à la tête de cette école latine les plus grands éducateurs, qui introduisirent les idées et les méthodes de l'humanisme rhénan puis italien.
L'évêché de Strasbourg, qui prit l'église et le prieuré en charge, les mit en 1615 à la disposition des jésuites de la province de Mayence. Ceux-ci, y établissant un collège, engagèrent alors des transformations de style baroque. La tour nord fut surhaussée.
En 1767, Après la suppression de la Compagnie, la ville de Sélestat achète les bâtiments conventuels. Le Cardinal de Rohan réussit à sauver l'édifice de la destruction, la ville voulant construire à sa place une promenade pour les officiers.
L'église fit l'objet d'une restauration par l'architecte Charles Winkler, entre 1889 et 1893. La tour nord fut rabaissée et la tour sud fut élevée d'un niveau supplémentaire, avec l'adjonction de flèches rhomboïdales avec un pignon néo roman. Les tribunes de la nef seront supprimées et un nouveau toit fut posé sur le vaisseau central, ainsi que sur les bas-côtés. Des sculptures néo romanes furent installées à l'intérieur et à l'extérieur. Certains chapiteaux des tours et les deux lions du porche furent remplacés, les anciens étant conservés au musée de Sélestat.
C’est à Sélestat qu’est conservée la plus ancienne mention connue au monde à ce jour en rapport avec une tradition d’arbre de Noël.
longueur totale 44,20 m
longueur du transept 18,60 m
largeur des trois nefs 14,85 m
hauteur à la croisée 42 m
hauteur de la grande nef 11,10 m
http://www.visit-alsace.com/selestat/index_fr.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Sainte-Foy_de_S%C3%A9lestat
http://www.alsace-visite-guidee.info/eglf.htm
La façade occidentale de Sainte-Foy
Deux
tours élancées donnent le ton. Il y a opposition entre la nudité du
soubassement et la richesse décorative des beffrois du porche. Le
beffroi de chaque tour comporte deux étages : celui du bas est orné sur
chaque face d'une triple arcature aveugle retombant sur des
colonnettes, les arcs étant percés d'ouies. L'étage du haut est ajouré
sur chaque face de deux grandes baies géminées aux arcs à double
ressaut richement sculptés, reposant au centre sur trois colonnettes,
et aux extrémités sur deux colonnettes.
Un
cordon à billettes cerne les voussures et se continue en remontant en
gradin jusqu'aux angles de la tour. Les horizontales marquent le massif
: chaque tailloir des chapiteaux extrêmes est prolongé le long des
tours aux deux étages, une corniche à billettes sépare les étages, et
sous la flèche court une frise de feuilles à gordons.
Par
l'utilisation du grès rouge de Schirmeck et le granit gris d'Andlau, le
maître roman a su faire vibrer et donner de la vie aux grandes surfaces
nues et monotones des façades.
La tour de croisée de Sainte-Foy
La
tour de croisée s'élève à 43 mètres du sol. Le soubassement repose dans
les angles du carré sur des trompes coniques assemblées d'énormes
claveaux de grès. A l'extérieur, des glacis triangulaires en dallage
réalisent le raccord aux toitures de la nef et du transept.
Les
deux étages du beffroi reproduisent les mêmes divisions et le même
décor que le haut des clochers de la façade. Mais les motifs sont bien
plus variés. L'ensemble est coiffé d'une haute flèche de pierre aux
côtés légèrement bombés. La tour est un chef d'œuvre de la stéréotomie
romane en Alsace.
Le porche de Sainte-Foy
Avant
de pénétrer dans la nef, on traverse un porche voûté qu'on peut
considérer comme un narthex, survivance d'une tradition paléochrétienne
: les catéchumènes (postulants au baptême à l'époque de l'Eglise
primitive) n'étaient pas autorisés à entrer dans le sanctuaire et
devaient suivre les offices depuis ce vestibule.
L'entrée
du porche est surmontée de trois arcatures aveugles dans les
archivoltes ornées de torsades retombent sur de fines colonnettes.
L'arcature du centre en plein cintre est percée d'une grande arcade
ronde, celles des cotés, en ogive, sont percées de deux baies géminées.
Sur les clés de chaque arc et sur leurs retombées reposent sept
colonnettes supportant, à hauteur du ressaut du soubassement des tours,
un bandeau à dessin de losanges doublé d'une frise à rosaces. Le tympan
repose sur deux atlantes formant console. Il est plat et recouvert
d'une peinture moderne.
Les
tailleurs de pierre responsables des chapiteaux des colonnes arrivant
de Saint-Dié, d'un monastère de l'église primitive d'Irlande,
possédaient une liturgie fortement emprunte de symboles celtes : on
retrouve une forte ressemblance entre le décor des chapiteaux et ceux
reproduits dans le manuscrit de Kells-Iona. Des chapiteaux à feuilles
d'acanthes, provenant probablement de l'édifice primitif du XIème
siècle, sont remployés lors de la reconstruction du XIIème siècle.
Les portails de Sainte-Foy
Le
portail principal de l'église, datant de la seconde moitié du XIIème
siècle, conserve toutes ses sculptures d'origine. Les vantaux en bois
et le décor, peint sur le tympan, datent de 1890.
La
porte nord romane, à colonnes, coussinets et rouleaux sculptés, date de
la seconde moitié du XIIème siècle. Le tympan, orné d'une fuite en
Égypte, est sculpté en 1847. Les chapiteaux présentent un décor de
dragons ailés et d'entrelacs.
Une
ancienne porte gothique, datant peut-être de la fin du XIVème siècle,
donnait autrefois accès depuis le cloître du prieuré au bas-côté de
l'église. Probablement murée depuis la démolition du cloître par les
jésuites, ses montants sont sans doute refaits à la fin du XIXème
siècle. Un porc et un aigle sont représentés sous l'arc brisé du côté
gauche et un chien sous l'arc du côté droit.
L'abside de Sainte-Foy
Parfaitement
équilibré, dominé par l'extraordinaire tour de croisée, le chevet
constitue la partie la plus ancienne de l'édifice. Avec sa double
rangée d'arcades richement décorées (aveugles au niveau inférieur),
cette tour peut faire penser à une tiare pontificale. L'absidiole sud
est une reconstitution du XIXème siècle. De la même époque date aussi
la sacristie néo-romane qui lui est accolée.
L’abside
comprend une triple arcature largement étalée autour du tambour dont
les colonnes interrompues trahissent une reprise dans la construction.
Cette triple arcature en plein cintre encadre trois fenêtres percées à
cru. Les colonnettes ne portent pas directement l'arc à billettes, mais
reçoivent leur retombée par un bandeau horizontal.
Au dessus règne
un ordre de colonnettes à fût lisse dont les bases sont posées tantôt
sur les clés, tantôt sur les impostes des arcades inférieures. Les
chapiteaux de ces colonnes supportent, en alternance avec de petites
consoles, une série d'arceaux simplement équarris, surmontés d'une
corniche moulurée.
La nef de Sainte-Foy
De
plan basilical, l'intérieur s'ordonne en une nef centrale voûtée
d'ogives et deux nefs latérales voûtées d'arêtes. Un transept peu
saillant relie ces vaisseaux au chœur voûté en cul-de-four. Tous les
vitraux sont modernes et datent de la restauration du XIXème siècle.
L'élévation de la nef se compose des grandes arcades et des fenêtres hautes.
Le
vaisseau à trois nefs est composé de trois travées doubles, ce qui
entraine l'alternance des supports forts, faits d'une pile avec 4
colonnes engagées, et faibles avec une section quadrilobée. De même les
bases de ces piliers présentent une apparence originale. Le voûtement
est caractéristique des édifices romans alsaciens de la fin du XIIème
siècle avec une voûte d'ogive quadripartite dans la nef et des voûtes
d'arêtes dans les bas côtés.
L'ensemble
des chapiteaux et des bases des piliers présente une décoration
sculptée variée s'inscrivant dans un registre qui diffère de la
tradition alsacienne. On observe qu'ici est privilégié l'ornementation
à principe géométrique au détriment des motifs figuratifs, que l'on
trouve uniquement sur les chapiteaux du pilier sud ouest de la croisée
et sur un bas relief vraisemblablement plus ancien.
Les chapiteaux néo romans des piles faibles du vaisseau central datent de 1891.
Un
couvercle de sarcophage d'enfant, mis au jour en 1892, est fixé au mur
du bas-côté nord. On distingue, aux quatre coins de ce remarquable
bas-relief roman, les attributs des évangélistes.
En
1892, on enleva l'ancien dallage pour le remplacer par une mosaïque. Ce
pavement, à l'entrée de l'église, présente un labyrinthe entouré des 4
fleuves du paradis.
Dans
le transept sont représentés les signes du zodiaque. Dans le chœur, les
symboles des 4 évangélistes. Au cours de l'enlèvement du vieux dallage,
on découvrit l'ancienne crypte, fermée par les jésuites au XVIIème
siècle.
La crypte de Sainte-Foy
Deux
escaliers coudés permettent d'accéder à la crypte située sous le chœur,
vestige de la première église construite à la fin du XIème siècle. Le
vestibule fut retrouvé presque intact, mais on dut reconstruire presque
entièrement le petit pronaos, appelé "chapelle des anges", et
reconstruire les escaliers.
Desservi
par un vestibule rectangulaire, ce pronaos, un caveau funéraire
(hypogée) de forme carrée et voûté d'arêtes expose un tombeau dépourvu
de décor. Cet espace peut être considéré comme une copie du tegurium,
lieu de sépulture du Christ à Jérusalem. Le sol primitif devait se
situer bien en dessous du dallage actuel vu la faible hauteur des
impostes.
Au
cours de ces travaux, parmi les gravats, on découvrit un moulage en
creux : le buste d'une femme, probablement inhumée sous le dallage de
la chapelle et dont le corps avait été préalablement recouvert de chaux
vive, un usage du moyen-âge quand une personne mourrait de maladie
suspecte. Cette femme, "la belle inconnue de Sélestat", morte dans la
trentaine, est peut-être Adélaïde, la fille de la fondatrice, décédée
vers l'an 1100.
Saint-Georges de Sélestat
Au VIIème siècle, une chapelle baptismale carolingienne était déjà en place, située dans l'enceinte du palais impérial édifié par Charlemagne. L'empereur lui même y aurait passé le Noël de l'an 775. Les vestiges d'une vaste rotonde furent dégagés lors de fouilles effectuées dans la crypte en 1876 et 1902.
L'église fut rebâtie à partir de 1220 sur cet ancien sanctuaire par les bourgeois de la ville de Sélestat affranchie de la tutelle du monastère bénédictin de Sainte-Foy. De style roman, de plan en croix latine possédant trois nefs et deux transepts opposés, elle fut tout d'abord dédiée à la Vierge.
Un chœur polygonal, remplaçant l'ancien devenu trop petit, dont les plans furent faits par maître Mathis, fut construit par maître Ehrard Kindelin de 1414 à 1430. Le bâtiment fut terminé en 1490 avec le narthex et la tour occidentale de 60 mètres de haut, en style gothique flamboyant.
En 1500, une nouvelle dédicace à saint Georges lui fut donnée.
Au XVIIème siècle, la tour de croisée fut couverte d'une toiture galbée de style baroque après l'intervention d'architectes milanais.
Scandée par six contreforts, la façade ouest du XIVème siècle correspond au mur d'un véritable transept occidental.
Les sculptures du portail sont du XIXème siècle et remplacent celles détruites durant la Révolution. Le revers du tympan est sculpté d'une Sainte Face.
L'essentiel de l'ornementation se trouve rassemblé au portail sud qui constitue d'ailleurs la vraie entrée principale de l'édifice. Cette entrée superpose trois niveaux : celui du portail à voussures et tympan sculptés, celui de la grande rose à dix pétales représentant la Décapole (La Décapole, en allemand Zehnstädtebund ou Dekapolis, était l'alliance de dix villes libres alsaciennes en une ligue fondée en 1354 et dissoute en 1679.), celui enfin de l'étage supérieur avec balustrade, pignon et horloge.
Les murs extérieurs des nefs latérales, construits lors de la première campagne, obéissent à l'esthétique de transition des années 1220-1230, avec des fenêtres en plein-cintre d'inspiration romane et un portail en plein-cintre à colonnettes. Les portails romans au sud et au nord ont été repris de l'ancien édifice. La porte romane de la petite nef nord est celle où, selon la tradition, le bourreau assistait à la messe.
La haute nef est contrebutée par des arcs-boutants, selon la technique nouvelle du premier art gothique, ce qui autorise une datation de cette partie d'église aux alentours de 1250.
La partie orientale de l'église se ferme sur le chevet plat d'un chœur surélevé du XVème siècle ayant remplacé celui du XIIème.
Les chapiteaux des piles des arcades et des voûtes d'ogives de la nef et du massif antérieur datent du XIIIème siècle et XIVème siècles, ceux du transept du XIIIème siècle, et ceux du chœur datent du XVème siècle.
Certains chapiteaux sont décorés de corbeilles et de feuilles. Ceux des absidioles du transept sont peints et dorés.
La châsse de verre du chœur compte sept baies et comporte encore d'importantes parties réalisées entre 1430 et 1460.
La crypte est malheureusement fermée.
Un sarcophage en grès taillé, datant des XIème ou XIIème siècle, est conservé dans l'église. D'origine inconnue et en mauvais état (son couvercle bombé est cassé en deux parties), il possède des stries sur la cuve et une croix est visible sur le couvercle.
Longueur totale: 64,85m
Largeur totale: 18,70m
Hauteur de la tour: 60m
Hauteur de la nef: 20m
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Saint-Georges_de_S%C3%A9lestat
http://www.lesverts-selestat.org/sel_10sgeorges.htm
http://acpasso.free.fr/archives/stgeorges.pdf