10 octobre 2012

Saint-André-de-Bâgé, historique



Saint_Andr__de_B_g__0Situé au carrefour des axes Bourg/Mâcon et Lyon/Châlon, anciennes voies romaines, Saint-André-de-Bâgé faisait partie des trois paroisses de Bâgé au Moyen-âge, avec Bâgé-le-Châtel et Bâgé-la-Ville. L’endroit fut habité depuis le Néolithique, mais le nom de Bâgé proviendrait d’une villa gallo-romaine, propriété d’un certain Balgiacus.


 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__1La première mention de Saint-André-de-Bâgé en 878 se trouve dans un cartulaire de Saint-Vincent-de-Mâcon qui parle d’une « Ecclesia Sancti Andree » appartenant à Odremar. Elle devint possession des sires de Bâgé. Renaud, fils de Rodolphe, premier sire de Bâgé, ayant amassé fortune en combattant au côté du duc de Savoie, fit le vœu de construire une église.


 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__19C’est son fils, Ulrich, qui le réalisa.  En 1075, il fit don de la chapelle et de terres alentours à l’abbaye de Tournus, qui, en échange, devait bâtir une église plus grande.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__2C’est Pierre, abbé de Tournus, qui en entreprit la construction sur les fondations de la chapelle primitive, en même temps qu’un prieuré qui disparut en 1197 lorsque ses revenus passèrent à un vicaire perpétuel. Les moines disparurent.  


 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__16L’élévation inférieure du mur nord, faite de petites pierres,  témoigne de cette première église carolingienne. Des pierres de saillie, ou corbeaux, soutenaient une galerie, vestige de l’ancien prieuré.
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Les moines de Tournus se contentèrent d’agrandir la chapelle, tout d’abord au XIe siècle vers l’est avec un chœur plus long mais plus étroit, puis au XIIe siècle à l’ouest par une partie servant de narthex, puis, en suivant un plan en croix latine, avec un transept. La construction fut terminée vers 1120.


Saint_Andr__de_B_g__26Au XVe siècle, une chapelle gothique fut rajoutée sur le flanc sud de l’église. Elle fut supprimée au XIXe siècle après le classement de l’édifice, et l’encadrement de l’ouverture fut remis à jour lors de la restauration de 1992.

 

 

 

 

 


Saint_Andr__de_B_g__34L’église entra dans un lent déclin, et devint en 1689 une annexe de Bâgé-le-Châtel. Au XVIIIe siècle, menaçant ruine, elle ne servit plus qu’occasionnellement.

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Saint_Andr__de_B_g__4Pendant la révolution, le clocher devait être détruit, comme tous les clochers de l’Ain, suite à l’ordonnance d’Antoine-Louis Albitte.
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Saint_Andr__de_B_g__9La tradition raconte que l’opération fut arrêtée à la suite de la chute mortelle d’un ouvrier, considérée comme une malédiction. En fait, l’église ne figurait pas dans les recensements paroissiaux.
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Saint_Andr__de_B_g__23Depuis son inscription sur la liste des Monuments Historiques, en 1840, les restaurations se poursuivirent. A l’heure actuelle, c’est l’une des plus belles restaurations d’églises qu’il m’ait été donné de voir. Un son et lumière se met en route en appuyant sur un simple bouton.

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Saint_Andr__de_B_g__27L’architecture est mise en valeur, rien de superflu, tout n’est que luxe (le luxe, c’est ce qui est rare et non pas ce qui est cher comme dirait Andrée Putman), calme et volupté.

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Saint-André-de-Bâgé, description



L'extérieur



Saint_Andr__de_B_g__7Le chevet, typiquement roman, est formé d’une abside percée de trois fenêtres en plein cintre. Deux absidioles posées sur les bras du transept le complètent.


 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__3Le clocher de pur style bourguignon forme une tour octogonale posée sur la croisée du transept. Il s’élève sur trois étages de proportions allant en s’amenuisant. Trois cordons de pierre soulignent les étages.

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__5Le niveau inférieur est aveugle avec bandes lombardes reliées par des arcatures en plein cintre, des baies géminées ajourent les niveaux supérieurs. La flèche culmine à 27 mètres du sol.


 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__plan_1Remarquez que du sol à la pointe de la flèche, l'élévation totale se divise en trois volumes de hauteur sensiblement égale : corps de l'église, tour, flèche. De la corniche de l'abside au cordon qui ceint le premier étage, la hauteur est à peu de chose près celle des deux étages supérieurs, et l'étage moyen contient un peu moins de deux fois le dernier. Le nombre trois, symbole de la trinité, est très présent dans toute l’architecture. C’est le corps (la matière), l’âme (l'énergie) et l’esprit (l'information). C’est donc l'énergie qui va faire le lien entre l’homme et la connaissance.


 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__10La façade se divise également en trois niveaux.
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Saint_Andr__de_B_g__13Le portail est encadré de pilastres cannelés reliés à leur sommet par des arcatures en plein cintre. Les arcatures du premier étage sont plus simples.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__12Le troisième étage, ou pignon, est ajouré d'une fenêtre en plein cintre, surmontée d'une grande arcature encadrée de deux plus petites et supportée par des colonnettes.


 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__15Les chapiteaux des colonnes du portail nous montrent à gauche des feuilles de Chélidoine, symbole de l’accès à la lumière.


 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__14A droite, saint Pierre reconnaissable à ses clés, le Christ tenant en main un livre sur lequel se déchiffre l'inscription Trado Petro claves regni caelorum, et de trois autres personnages, des saints ou des évangélistes.

 

 

 

 

 

 

 




L’intérieur



Saint_Andr__de_B_g__33La nef unique est éclairée de chaque côté par trois baies en plein cintre (dont deux au nord, et une au sud ont été rouvertes ou percées lors de restaurations).  Un banc de pierre, dit « banc de miséricorde », en fait le tour.


 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__30Elle n’a jamais été voûtée, la charpente fut refaite à l’identique en 1844.  


 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__28La nef communique avec la croisée du transept, moins large qu'elle, par une haute arcade en plein cintre, et par les deux petits passages qualifiés de « passages berrichons ».  


 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__24L’axe de la nef est marqué par des pierres qui ressortent bien au milieu des pavés. Mis à part celles qui sont des pierres tombales, elles sont de la largeur de la rivière souterraine et la suivent parfaitement.


 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__20aQuatre arcades en plein cintre, non doublées, délimitent la croisée du transept, que coiffe une coupole octogonale sur trompes.
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Saint_Andr__de_B_g__41Le chœur possède une abside en hémicycle voûtée en cul de four. Elle est éclairée par trois fenêtres encadrées de deux arcs aveugles. Les cinq arcades retombent sur six colonnettes dont nous étudierons la symbolique plus tard.

 

 

 

 

 

 

 

 



Saint_Andr__de_B_g__36L’autel présente la particularité d’avoir remplacé la croix de consécration centrale par un rectangle creusé de quelques centimètres. C’est le quadrilatère solsticial du lieu.


 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__37Les absidioles aveugles, comme pour laisser la lumière dans l’abside principale, possèdent quand même chacune un autel et sont également voûtées en cul de four.  L’absidiole sud est plus écartée de l'abside principale que celle du Nord : 1 m 92 contre 1 m 42.
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Saint-André-de-Bâgé, symbolisme



Les chapiteaux



Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_15Les quatre chapiteaux de la croisée sont magnifiquement sculptés. Le premier, côté lunaire, féminin, c'est-à-dire au nord/ouest de la croisée, est considéré comme une allégorie de la luxure. On y voit soi-disant « un personnage féminin luttant farouchement contre des serpents qui s’enroulent autour de ses membres ». Bien bien bien. Ne faisons pas que regarder, mais essayons de voir. Le serpent n’est pas le mal, mais la représentation des énergies.


 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_15aLe premier serpent vient du ciel, énergie cosmique, le second de la terre, énergie tellurique. Nous sommes bien à l’endroit de la rencontre. La femme/ déesse mère tient dans sa main une fleur de Lys, symbole lunaire de la virginité, ou le bouton d’une fleur/esprit de Chélidoine qui s’épanouira dans le chœur. Son feuillage est cerclé par une chaine, symbole de l’ordre Bénédictin, où les moines avancent ensemble sous une même règle.


 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_16Le chapiteau au nord/est justement nous montre les feuilles de la Chélidoine, symbole de l’accès à la lumière, toujours entourées de la chaine bénédictine, d’où sortent les tiges des futures fleurs/esprits.


 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_12aCôté solaire, masculin, au sud/ouest, nous trouvons deux visages. L’un tire la langue et regarde le point du lever du soleil au solstice d’été, l’autre ouvre la bouche et regarde le lever du soleil au solstice d’hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_12Les feuilles de Chélidoine, toujours avec leur chaine, entrent dans leurs oreilles (symbolisant la capacité d’entendre le message divin). Leurs yeux sont exorbités, ils voient. La parole divine, inspirée par la Chélidoine qui ouvre les yeux donc l’esprit, peut être transmise, ou tue, au choix. Au-dessus, le bouton s’est transformé en fleur.


 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_13Au sud/est apparaît un chapiteau historié, celui du sacrifice d’Abraham. Isaac est couché sur un tas de pierres rondes, les cheveux tirés par son père qui tient son épée levée. Dans l’angle un ange porte le bélier qui sera sacrifié à la place d’Isaac. Il faut comprendre que lorsque nous arrivons vers le chœur, à la fin du parcours initiatique, il sera nécessaire d’abandonner ce que nous avons de plus cher. C’est une mise à l’épreuve de notre détermination, un sacrifice librement consenti.  


 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_10La base de la colonne par contre est tout à fait originale. Elle fut interprétée comme  une scène de la vie de saint André : le saint s’appuyant sur une croix en X procèderait à un exorcisme.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_11En réalité, la croix qu’il porte n’est peut-être qu’une crosse, et en guise d’exorcisme, ne pourrait-on pas voir plutôt la transformation de l’animal, du bestial en humain, tout d’abord avec l’action du serpent/énergie qui fait se relever la bête, puis par la bénédiction d’un évêque bénédictin, qui fera que l’homme puisse accomplir sa quête spirituelle ?

 

 

 



Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_1Nous voilà arrivés dans le chœur. Six colonnettes et leurs chapiteaux vont nous parler de transformation. Côté lunaire, nous avons tout d’abord la représentation très stylisée de feuilles encore enchainées à leur base. La fleur les surmontant est carrée. Une tête sort du feuillage et regarde le sud/est, en direction de l’autel. La colonnette est nue, sa base aussi.

 

 

 

 

 

 



Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_2La deuxième colonnette, entièrement striée horizontalement, porte le chapiteau appelé « la Médisance ».  Nous retrouvons ici le thème de la parole avec les feuilles rentrant dans la bouche, puis un serpent sortant de la bouche allant vers un deuxième personnage, l’autre partant du deuxième personnage et s’approchant de l’oreille du premier.  Entre les deux, le feuillage s’épanouit en arbre de Vie, la fleur/esprit à 7 pétales. La base est décorée d'un rang de rosaces à quatre pétales.



 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_3La troisième, ornée de torsades boudinées, n’est que feuilles. La fleur au-dessus porte en son centre un trou de trépan. Avec les six du feuillage, cela porte à sept. On sait que l’arbre de vie est la représentation de la montée de la conscience, qui se fait en 7 étapes. Ce sont les 7 plans de l’existence manifestée, pouvant se rapporter aux 7 centres vitaux (chakras), aux 7 corps de l’humain (physique, éthérique, astral, mental, causal, spirituel et divin), les 7 églises de saint Jean, etc.  

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_9La base est décorée de rinceaux à palmettes alternées.

 

 

 

 

 



Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_7Côté solaire, la première nous présente un centaure (Chiron le Sage ou le Sagittaire) tirant une flèche (la destinée). La flèche, pointée vers le haut (premier décan du Sagittaire)  vise la tête d’un oiseau dont la tête est tournée vers le haut, vers la fleur épanouie. La colonnette est divisée par des bagues de faible relief.



 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_6La deuxième montre la progression. Après avoir passé l’épreuve de la sagesse et du savoir, une fleur épanouie sort des feuilles de Chélidoine. La base est décorée de rinceaux à palmettes alternées. La colonnette, comme celle d’avant, n’est ornée que de bagues.


 

 

 

 

 

 

 

Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_4La troisième, ornée de cannelures torsadées alternant avec des chaînes d'oves fuselés liés par des annelets, est historiée. C’est Daniel dans la fosse aux lions. Le prophète Habacuc lui apporte sa nourriture. La fleur épanouie se situe juste au-dessus de sa tête, comme un chakra coronal. Daniel est la représentation de la mort tenue en échec, de la résurrection.

 

 

 

 

 

 

 


Saint_Andr__de_B_g__chapiteaux_8La base est ornée d'un masque humain réjoui, entre un lion et une vouivre ailée. L’initié maitrise les forces.  
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L'orientation



Saint_Andr__de_B_g__plan_7aNous avons eu la chance de trouver dans cette église  romane en parfait état le quadrilatère solsticial du lieu creusé dans la pierre de l’autel principal. Nous allons le retrouver cette fois, moins visible à nos yeux, dans les proportions de l’édifice primitif. En effet, le plan initial de la nef carolingienne reprend exactement ses mesures.

 

 

 

 

 



Saint_Andr__de_B_g__plan_6aMais alors, pourquoi le maitre d'oeuvre de l'église romane a-t-il déplacé l'axe du transept et du choeur ? Il se peut que la dédicace ait changé, qu'il ait voulu réaligner le transept sur un nouvel axe solaire. Il se peut aussi qu'il ait repris le quadrilatère de Jérusalem, comme il était coutume de le faire après les croisades (les Templiers étaient bien implantés dans le coin).

 

 

 

 

 

 


"Eglise romane chemin de lumière" de Jacques Bonvin et Raymond Montercy
« Richesses Touristiques et Archéologiques du Canton de Bâgé-le-Châtel », ouvrage publié par l’Association des « Amis du site de Bâgé-le-Châtel », 1990
http://bibnum.enc.sorbonne.fr/gsdl/collect/tap/archives/HASH0145/5ae8a6d6.dir/0000003004029.pdf
http://mafeuilledechou.fr/category/chouette-des-clochers/page/4/
http://www.lavoix-voiedessages.com/page2/files/documentation-le-symbolisme-de-la-croix.pdf


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