Santa Maria in Cosmedin, historique
L'église Santa maria in Cosmedin (Sainte-Marie en Cosmedin) est située sur la Piazza Bocca della Verità, berceau de l'antique cité de Rome, près du Tibre où s'était installé le premier port de Rome, le Portus. A l'est de la place se situait le marais où, selon la légende, la louve recueillit les enfants Rémus et Romulus, neveux du roi Alba qui les avait fait jeter dans le Tibre.
A cet endroit, situé à 100 mètres du Circus Maximus, s'implanta le Forum Boarium, le marché aux bovins, formé par la petite plaine qui relie les trois collines sur lesquelles naquit Rome : le Palatin, l'Aventin et le Capitolin. C'était un lieu de transbordement des marchandises remontées en bateau d'Ostie jusqu'au port. Un temple consacré à Hercule (qui avait récupéré les boeufs volés par le géant Cacus), l'Ara Maxima Erculis Invicti, ainsi qu'un temple dédié à Cérès, furent érigés à cet endroit, destiné à devenir le siège du praefectus annonae, responsable de l'approvisionnement en céréales de la ville de Rome.
Au VIème siècle, une "diaconie", organisme composé de laïcs et de religieux qui se substituèrent à ceux de l’Empire, et dont la fonction consistait à fixer le cours du blé et à le distribuer, souvent aux plus démunis, s'installa dans les bâtiments en ruine. Le bâtiment était pourvu d’un oratoire qui prit place parmi les pièces réservées aux magasins.
Au VIIIème siècle, en 782, après son agrandissement demandé par le pape Adrien 1er, le bâtiment fut donné à la communauté chrétienne grecque, fuyant Byzance et les persécutions iconoclastes promues par les chrétiens qui croyaient que représenter des images de Dieu, de la vierge ou des saints était un péché. Ceux-ci comme les autres colonies étrangères de Rome, se groupèrent en schola (école) : l'édifice fut alors transformé et prit le nom de Santa Maria de Schola Græca. L'église fut agrandie, selon l'architecture byzantine, par l'ajout d'une abside dans le prolongement de chacune des trois nefs.
Elle reçut à ce moment là le nom de Cosmedin, dont l'origine n'est pas certaine : du grec "kosmelikos", relatif à la parure, à l'ornement ou aux cosmétiques, renvoyant ainsi à la richesse de la décoration et à la lumière, ou du nom du monastère "Kosmidion" de Constantinople.
L'église fut partiellement détruite lors du sac de Rome par les Normands en 1084. Elle fut restaurée entre 1118 et 1124 par les papes Gélase II et Callixte II, qui rajoutèrent le porche, le campanile roman en briques rouges et les très belles décorations de style cosmatesque à l'intérieur.
L'église fut donnée en 1432 par le Pape Eugène IV aux bénédictins du Monte Cassino. Tombée en ruines, elle fut restaurée dans le style rococo par Giuseppe Sardi en 1718. Au XIXème siècle, entre 1894 et 1899, heureusement, une dernière restauration effaça tout ces ajouts inutiles et l'on peut donc admirer l'aspect que devait certainement avoir l'église entre le VIIIème et le XIIIème siècle.
Son actuel recteur est Mgr Mtanios Haddad, archimandrite de l'Eglise catholique grecque melkite.
Santa Maria in Cosmedin, l'extérieur
La façade en brique rouge datant d'Adrien 1er possède un avant-porche, le prothyron, soutenu par quatre piliers de granit rouge, et un atrium à 7 arcades surmontées de 7 fenêtres. Sur la droite s'élève le clocher de style roman, érigé par Gélase II : haut de 34,20 mètres, il comporte 7 étages, dans lesquels s'ouvrent des rangées de fenêtres à 2 puis 3 arcs, ce qui donne 58.
Sous l'atrium se trouve le monument funéraire du prélat Alfanus qui s'occupa des restaurations de l'église au XIIème siècle. C’est sous l’atrium aussi que se trouve la Bocca della Verità, la bouche de la vérité.
C'est à cause d'elle, ou grâce à elle, suivant les différents points de vue, que des files incessantes de touristes se font débarquer des cars afin de prendre la photo géniale de leurs connaissances mettant la main à l'intérieur de sa bouche. La légende rapporte que celui qui ment se fait mordre. Je n'ai jamais vu personne sortant sa main en criant, et pourtant les menteurs sont légion...
Basta. C'est un beau disque de marbre antique, de 1,66 mètre de diamètre, sur lequel est sculpté le visage d'une divinité, Neptune ou un des Tritons, fils de Neptune et d'Amphithrite. C'est sans doute une bouche d'égoût de l'ancien Cloaca Maxima, ou bien le dessus d'un puits.
Santa Maria in Cosmedin, l'intérieur
Malheureusement, la plupart des touristes venus place de la Bocca de la Vérità ne rentrent pas à l'intérieur de cette merveille d'église. Pourtant, c'est l'une des seules, avec San Clemente et Santa Maria in Aracoeli, qui vibrent encore de l'énergie puissante accordée aux hauts-lieux.
Conservée dans sa simplicité primitive du VIIIème siècle, elle présente un plan basilical à trois nefs.
1- Façade
2- Portique
3- Nef centrale
4- Sacristie
5- Chapelle du chœur
6- Schola cantorum
7- Entrée de la crypte
8- Autel majeur
9- Abside
10-11 Absidioles
12- Chapelle de la confession
13- Chapelle de Saint Jean de Rossi
14- Baptistère
On y retrouve les éléments essentiels du décor des églises primitives : le presbytérium, réservé aux prêtres, ainsi que la Schola Cantorum, espace réservé aux chanteurs, séparé des fidèles par une balustrade derrière laquelle s'élève un autel surmonté d'un baldaquin de style gothique florentin, œuvre de Déodat Cosma, troisième fils de Cosma le jeune (1294).
Sous ce dais gothique de la fin du XIIIème siècle, une baignoire de porphyre orange sombre sert d'autel depuis 1123. On peut imaginer qu'un riche citoyen byzantin, ou un citoyen de la Rome impériale, ait pris des bains parfumés dans ce futur autel chrétien.
Derrière l'autel, la cathèdre ou trône épiscopal, surélevée de trois
marches, est une oeuvre d'Alfano, du XIIIème siècle. Les accoudoirs du
siège représentent deux lions, le dossier en marbre est surmonté d'un
disque en porphyre rouge.
A droite de la Schola s'élève le cierge de Pâques, ainsi que le pavement aux décors géométriques, les deux travaillés par les Cosma, nom générique donné aux marbriers, sculpteurs, ornementistes romains du XII et XIIIème siècles.
La nef centrale, la plus large, est séparée des deux nefs collatérales par des colonnes de marbre. Un plafond plat en bois, typique des basiliques byzantines, la couvre. Les peintures situées juste sous le plafond sont du XIIème siècle.
Dans la nef de gauche, près de la porte et dans la sacristie, les grandes colonnes à chapiteaux corinthiens prises dans les murs sont encore dans leur position d'origine, appartenant au siège du praefectus annonae qui s’étendait transversalement sur la moitié de l’église actuelle.
Du VIIIème siècle, époque du pape Adrien Ier, il reste le chœur à 3 absides parallèles, dérivé du plan des églises orientales.
L'accès à la sacristie se fait par le couloir de droite. Dans la sacristie se trouve une mosaïque du VIIIème provenant de l'oratoire de l’originelle basilique Saint Pierre. Elle fut comanditée par Jean VII en 706 et représente l'Epiphanie, avec Marie tenant l'enfant sur ses genoux, et un des mages offrant son présent. Les autres pièces de la mosaïque sont conservées au Vatican et un fragment à l'Uffizi de Florence.
Dans la chapelle du Choeur ou de la madone, construite en hiver 1686, est conservée une image de Theotokos, la mère de Dieu, du XIVème siècle. Elle était posée avant dans l'abside, et on lui attribue plusieurs miracles.
Santa Maria in Cosmedin abrite aussi les reliques d'un certain... Saint Valentin, martyr romain. La fête de la Saint Valentin fut instituée pour contrer la Lupercalia,
fête païenne donné le jour de la fertilité et dédiée à Lupercus, dieu
des troupeaux et des bergers, et Junon, protectrice des femmes et du
mariage romain. Tiens, pas loin du dieu des bovins et de Cérès on dirait.
http://www.rome-passion.com/santa-maria-in-cosmedin.html
http://www.voix-nomades.com/carnets-voyages/voyager-id-3710_Rome___Sainte_Marie_in_Cosmedin.html
http://www.italie1.com/santa-maria-in-cosmedin-rome-6327.html
Santa Maria in Cosmedin, la crypte d'Adrien
Le sens du mot Krypte, dérivé du grec qui signifie "cacher, occulter", prend ici toute son ampleur. Il a fallu que je me faufile, en prenant garde que personne ne me voie, afin d'y accéder. Point de gardiens en vue, sauf peut-être de ceux qui ne sont pas humains.
La crypte est composée, à l'image de l'église du dessus, de trois nefs séparées par 6 colonnes, avec des chapelles latérales. La base des colonnes est enchâssée profondément dans le sol. Un petit autel dans la nef centrale est creusé dans une colonne romaine, fragment de l'Ara Maxima Herculis, et contient les reliques de sainte Cirille. Il est surmonté d'une mosaïque du VIIIème siècle.
La crypte est connue sous le nom de crypte d'Adrien, en l'honneur du pape qui demanda sa restauration. Elle date du IIIème siècle, époque des persécutions de Dioclétien, quand les premiers chrétiens décidèrent de profiter des fondations du temple païen de Cérès qui se trouvait ici, pour y édifier une petite église secrète. Des bouts de pierre, qui ressortent sur le revêtement du mur sont les restes du temple.