L’ile de Rousay
Rousay, dont le nom provient du vieux norrois Hrólfs-oy qui signifie l’ile de Rolf, est séparée de Mainland par le détroit de Eynhallow.
En raison de la présence de nombreux sites archéologiques, cette ile montagneuse façonnée par les glaciers est surnommée l’Egypte du nord. Ceux qui lui ont donné ce nom savaient-ils que le carré solsticial des Orcades (59° de latitude) est le miroir de celui de l’Egypte ?
Rousay possède donc un important patrimoine : menhirs, cairns, brochs, vestiges vickings, et sur la petite ile d’Eynhallow, les ruines d’un ancien monastère du XIIe siècle.
C’est sur Eynhallow qu’avaient élu domicile le peuple des Finmen, sorciers légendaires dont la magie était si puissante qu’elle pouvait faire naviguer leurs petits bateaux de Norvège jusqu’aux Orcades en très peu de temps. Naturellement amphibiens, ils pouvaient prendre l’apparence d’un très bel homme, ou d’une femme ravissante.
Les Finmen, qui enlevaient les humains afin de devenir leurs conjoints, avaient le pouvoir de maitriser les tempêtes. Ils vivaient l’hiver dans leur majestueuse cité du fond de la mer, Finfolkaheem, alors qu’ils passaient l’été sur Eynhallow, l’ile magique. Ils en ont été dépossédés par les moines, rapporte la tradition…
Eynhallow fair, Eynhallow free
Eynhallow sits in the middle o' the sea
A roaring roost on every side,
Eynhallow sits in the middle o' the tide.
Le nom de notre bateau a-t-il contribué à notre enchantement ? Sinon, pourquoi les vikings, qui ont rebaptisé toutes les iles après les avoir conquises, auraient appelé cette ile Eyin Helga, l’ile sainte, comme Iona ?
Une route côtière fait le tour de Rousay. Taversoe Tuick, Blackhammer, Knowe of Yarso et Midhowe cairn, le broch de Midhowe en face de celui de la pointe d’Hisber, et, proche du nord est de l’ile, le lac de Scockness et Yetnasteen, la pierre du géant aux pieds de la colline vous attendent.
Yetnasteen, grand monolithe solitaire de plus de 2m de hauteur, tient son nom du vieux norrois Jotunna-steinn, la pierre géante. La légende parle d’un géant qui fut transformé en pierre par les rayons du soleil d’un matin d’été alors qu’il était en train de boire.
Depuis, il reprend sa forme toutes les nuits du nouvel an à minuit : en deux enjambées seulement, il rejoint le lac, boit son verre d’eau, et retourne à son poste habituel.
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http://www.odysseyadventures.ca/articles/orkney-tombs/rousay_cairns.htm
http://celtijima.skynetblogs.be/c1-contes-legendes-des-iles-d-orcades/
http://www.discoverrousay.co.uk/historyandarchaeology.shtml
http://www.saintsandstones.net/stones-yetnasteen-journey.htm
Taversoe Tuick
Taiverso Tooack dirait un orcadien, est considéré comme un cairn à deux étages datant de 3000 ans avant notre ère. Surplombant le détroit de Wyre, il fut découvert en 1898 par le général Frederick Traill-Burroughs, propriétaire du manoir de Trumland, qui avait l’habitude de venir admirer la vue sur le monticule recouvert de bruyères avec sa femme (le fantôme du général apparut à des ouvriers dans le manoir la veille de l’incendie qui détruisit la toiture…).
Les deux étages du cairn ont été construits en même temps, de façon délibérée, et non pas comme il fut dit l’un après l’autre. Il n’existait pas de passage intérieur entre le bas et le haut, le trou et l’échelle ont été mis en place pour faciliter les visites.
L’entrée de la chambre haute est orientée au nord, celle du bas au sud/sud-est. La structure entière possède un diamètre d'environ 9,2 m.
On accède à la chambre haute, recouverte d’un toit moderne en béton, par un passage de 3,4 mètres de long, 90cm de large et 90cm de haut. Le plancher est composé de cinq linteaux de pierre, stabilisés avec de l'argile. La chambre possède 2 compartiments.
Le passage menant à la chambre basse, creusé dans la colline et maintenant condamné, fait environ 6m de long. Au départ il fait 40cm de large et 60cm de haut pour arriver à 60cm de large et 1,2m de haut. La chambre possède 4 compartiments.
Un peu plus bas, à l’extérieur de l’enceinte du cairn, se trouve une autre petite « chambre funéraire » souterraine. Mesurant 1,6m de long sur 1,1m de large et 85cm de haut, c’est une réplique miniature d’une chambre habituelle. Divisée par quatre dalles verticales, elle est reliée au cairn par un petit conduit souterrain qui va en s’élargissant de 6 cm à 46cm à proximité de la chambre basse.
A quoi pouvait bien servir ce cairn au moment de sa conception ? Une petite idée ? Ceux qui pensent que la chambre extérieure est en relation avec les morts ou des offrandes ne sont pas loin de la vérité il me semble. Je pense que le tout fut conçu comme un lieu initiatique, où des rituels en relation avec les ancêtres étaient pratiqués.
Les officiants se sont peut-être servis d’une particularité acoustique du conduit, comme le montrent les travaux du docteur Aaron Watson, de l'Université d'Exeter. Pour lui, le son faisait partie intégrante des rituels et cérémonies des hommes du néolithique. Il l’a mesuré sur des sites tels que Maeshowe, ou même Brodgar.
Watson a dit : « Ces monuments d'un passé lointain n’étaient pas les endroits éloignés et silencieux que nous visitons aujourd'hui; ils peuvent au mieux être compris comme des passerelles par lesquelles les gens de la période néolithique passaient pour accéder à des dimensions au-delà de la réalité de leur vie quotidienne ».
Watson pense que ces hommes utilisaient les effets spécifiques du chant et des tambours, amplifiés par les pierres, qui déstabilisaient ceux qui étaient présents. Ces effets sonores sont connus comme étant des ondes stationnaires : une onde stationnaire est le phénomène résultant de la propagation simultanée dans des directions différentes de plusieurs ondes de même fréquence, dans le même milieu physique, qui forme une figure dont certains éléments sont fixes dans le temps.
Au lieu d'y voir une onde qui se propage, on constate une vibration stationnaire mais d'intensité différente, en chaque point observé. Les points fixes caractéristiques sont appelés des nœuds de pression. Selon le point observé, les vibrations produites par les différentes ondes s'additionnent ou se compensent de manière partielle ou totale, ce qui provoque à des emplacements définis et fixes leur neutralisation mutuelle (lieux appelés « nœuds » : les vibrations disparaissent) ou leur addition (lieux appelés « ventres » : les vibrations sont amplifiées et maximales).
Les ondes stationnaires peuvent affecter tous les phénomènes vibratoires : mécaniques, sonores, optiques, électromagnétiques, etc. Parmi les milieux affectés par des ondes stationnaires, on retrouve en première position les églises romanes.
Plus encore. Watson émet l’hypothèse qu’ils utilisaient aussi les infrasons (ondes sonores se situant en-deçà de la limite d'audition humaine, entre 0 et 20 Hz), modifiant les états mentaux des participants aux cérémonies selon le principe de la résonance de Helmholtz (phénomène de résonance de l’air dans une cavité). L’exemple le plus connu en est le son produit par une bouteille quand on souffle au goulot. Même principe pour les cairns : il suffisait de produire un infrason (roulement de tambour) à la fréquence correspondant aux dimensions de la chambre. Il a trouvé pour Maeshowe une fréquence de 2 HZ… Pas mal non ? Sauf que Watson pense que ces hommes en ont découvert fortuitement le principe, alors qu’à mon avis ils savaient parfaitement ce qu’ils faisaient. Elémentaire mon cher.
www.orkneyjar.com/history/tombs/taversoe/
http://www.saintsandstones.net/stones-taversoe-journey.htm
http://www.undiscoveredscotland.co.uk/rousay/taversoetuickcairn/index.html
http://www.secret-scotland.com/Attractions/taversoe-tuick-chambered-cairn.html
Blackhammer
A quelques enjambées de Taversoe Tuick, à flanc de colline et dominant le détroit de Wyre, se dresse le cairn de Blackhammer.
Plus classique que le premier, daté de 3 500 ans avant notre ère, il mesure 13m de long et se divise en 7 compartiments.
A l’origine, le cairn était recouvert d’un toit de pierre en encorbellement.
Une fenêtre en plexi nous montre (quand il ne fait pas trop humide…) que les constructeurs se sont donné beaucoup de mal pour monter le parement extérieur. Les pierres ont été posées et inclinées de façon à faire apparaitre des motifs triangulaires, faisant penser aux poteries de style Unstan.
Tout au fond du cairn, dans le dernier compartiment, on sent une énergie particulière, enveloppante et douce, peut-être liée à la guérison. Mais l’endroit le plus fort n’est pas celui que l’on croit.
Il suffit de grimper la pente de la colline de quelques mètres, de s’asseoir sur le bord de la petite paroi de rochers, et de laisser couler en soi la résurgence du courant tellurique venant du plateau supérieur…
http://www.orkneyjar.com/history/tombs/blackhammer/
http://www.undiscoveredscotland.co.uk/rousay/blackhammercairn/
Knowe of Yarso
Le cairn, cette fois-ci, se trouve au bout d’un petit sentier qui grimpe sur 400 m le long de la pente menant au premier plateau dominant le détroit d’Eynhallow.
Il fut découvert en 1934, et fouillé en 1939.
Daté de 2 900 ans avant notre ère, il mesure 7,3m de long et 1,7m de large.
Il est divisé en 4 compartiments par 3 paires de dalles verticales. Les murs sont constitués de deux couches de pierres.
La chambre du fond n’était pas propice au badinage, l’atmosphère en était lourde. En effet, j’appris plus tard que les archéologues avaient retrouvé une trentaine de squelettes humains en cet endroit.
Le principal attrait de Knowe of Yarso, à mon avis, c’est la vue.
Midhowe cairn
De la route surplombant le détroit et l’ile d’Eynhallow, on aperçoit en contrebas un énorme hangar, ressemblant plus à un entrepôt d’usine qu’à des vestiges archéologiques.
C’est l’écrin protecteur de Midhowe cairn, qui a permis sa conservation depuis sa découverte en 1932 par le propriétaire des terres, un certain Walter Grant, dont la famille est plus connue pour ses whiskys que pour ses archéologues.
Midhowe, dont le nom est le même que le broch voisin, provient de mide, le milieu, et du vieux norrois haugr, tumulus.
Daté de 3 500 avant notre ère, c’est le plus long des cairns des Orcades. En effet, il mesure 33m de long à l’extérieur, 23 à l’intérieur, avec un passage central flanqué de 12 compartiments séparés par des dalles de pierre verticales de plus de 2m de haut.
Les murs font encore 2,5m de haut, et il semblerait que le cairn fut au départ recouvert d’un toit en pierre en encorbellement ayant pu aller jusqu’à 5m de hauteur.
Rodney Castleden, dans son ouvrage « The Stonehenge People: An Exploration of Life in Neolithic Britain 4700-2000 BC, le décrit ainsi :
"Walking into the monument is a little like walking into a miniature church, the straight central aisle flanked on each side by pillar-like slabs and culminating in a shrine-like end compartment at the western end".
"Marcher dans ce monument c’est un peu comme marcher dans une église miniature, l’allée centrale, droite, flanquée de chaque côté par des dalles servant de pilier et se terminant à son extrémité ouest par un compartiment qui pourrait être le chœur du sanctuaire".
Une passerelle suspendue permet de survoler le cairn. Sept compartiments contiennent encore des bancs, sur lesquels furent retrouvés les restes de 25 personnes en position fœtale, dos contre le mur, ce qui a valu à Midhowe le surnom de « grand navire de la mort ».
Les fouilles ont permis de dégager une triple enceinte autour du tumulus. Au nord, un immense parvis de plus de 70m de diamètre pourrait être interprété comme étant un espace cérémoniel capable de contenir des centaines de personnes.
Parmi les ossements retrouvés dans le cairn se trouvaient les restes de cerfs, qui ne gambadent plus depuis longtemps dans les prairies orcadiennes, mais aussi d’un poisson nommé la brème commune, ou Abramis brama, qui ne vit que bien plus au sud, ce qui implique qu’à cette époque le climat était bien plus doux qu’aujourd’hui.
Au-dessus de la corniche, entre la mer et le sommet de la colline, le lac de Muckle Water où les brèmes étaient certainement pêchées, fait partie du folklore de l’ile.
La légende dit que ses eaux abritent une créature magique, le nuggle, qui prend la forme d’un cheval à queue de poisson qui noie chaque cavalier qui grimpe sur son dos. Seul un finman peut le monter en toute impunité…
http://www.undiscoveredscotland.co.uk/rousay/midhowecairn/
Midhowe Broch
Avant toute chose, je vous invite à aller voir ce qu’étaient les brochs ici. Maintenant, nous pouvons passer à la description de Midhowe, qui fut, d’après les archéologues, l’un des plus vieux brochs des Orcades (dont une vingtaine ont été recensés actuellement).
Il est situé sur un promontoire étroit, entre deux criques escarpées. En face de lui, le broch of Gurness. Ils encadrent tous les deux l’ile d’Eynhallow et son détroit.
Midhowe tient son nom de l’ancien norrois mid, le milieu, et haugr, monticule, en raison de sa situation au centre d’une concentration de 3 ou 4 brochs. Il est daté de 200 ans avant notre ère et fut utilisé jusqu’au IIe siècle.
Le broch, d’un diamètre intérieur de 9,6m, était défendu d’un côté par la mer et deux profondes criques
(le mur que l’on aperçoit devant lui fut construit dans les années 1930 afin de protéger le monument de l’érosion côtière),
de l’autre par un rempart de pierres sèches et deux fossés en arc de cercle.
L’entrée monumentale se tient côté mer. La porte est surmontée d’un immense linteau et donne sur un long couloir.
Les restes des murs extérieurs du broch font encore plus de 4m de haut et 4,5m d’épaisseur. Leur particularité est qu’ils furent construits en pierres sèches avec deux murs séparés par des couloirs reliés entre eux par des escaliers. Ces couloirs furent remplis de terre à une date ultérieure.
L’intérieur, séparé par des cloisons en pierre qui furent remontées par les archéologues dans les années 1930, comprenait plusieurs pièces ayant chacune leur foyer.
Dans l’une d’entre elles se trouvait même une source alimentant une citerne, toujours active.
Il semblerait, d’après les traces sur les pierres vers 3m de hauteur, qu’une galerie avec plancher de bois ait été mise en place.
Collées au mur extérieur du broch s’agglutinent les restes de plusieurs petites maisons. Ces bâtiments de moindre importance furent construits bien après le broch, pour preuve l’un d’entre eux monté au-dessus de l’ancien fossé défensif.
Ils sont considérés par les archéologues comme des ateliers. L’une des maisons, où furent retrouvés des moules, des bijoux et des tessons de pots en cuivre, conserve son foyer sidérurgique.
Un bon nombre d’objets furent retrouves lors des fouilles : des outils en pierre et en os, tels que des meules, des pierres à aiguiser, des fuseaux à laine, des aiguilles à tisser. Quelques artéfacts d’origine romaine prouvent que les échanges commerciaux se faisaient avec ceux qui n’ont jamais pu envahir l’Ecosse…
Et c’est là que je vous donne cette réflexion qu’a faite Jacques Bonvin : les iles des Orcades ont toujours été respectées par ses envahisseurs : les vikings par exemple, qui pillaient et détruisaient systématiquement les territoires conquis, ont toujours épargné l’archipel.
Se passerait-il quelque chose de particulier sur ces terres ? Ont-ils senti cette atmosphère envoûtante d’où s’échappent à longueur de temps des filets de magie ? Va savoir Rognar.
https://en.wikipedia.org/wiki/Midhowe_Broch.
http://www.orkneyjar.com/history/brochs/midhowe/
http://www.undiscoveredscotland.co.uk/rousay/midhowebroch/