La synagogue Vieille-Nouvelle
Commencée vers 1270 sur les bases d’un monument plus ancien (probablement du XIe siècle), Vieille-Nouvelle est la plus ancienne synagogue d’Europe encore en fonction, l’un des plus vieux bâtiments de Josefov.
Elle fut édifiée par les tailleurs de pierre de l’atelier royal qui travaillaient sur le chantier tout proche du couvent de Sainte-Agnès. La légende raconte même que des anges apportèrent, pour ses fondations, quelques pierres du temple de Jérusalem, sous promesse de les rendre dès qu’il serait reconstruit.
Appelée au départ Nouvelle ou Grande École, afin de la différencier de l’ancienne synagogue de la rue Dušní, on lui attribua le nom de Vieille-Nouvelle au XVIe siècle après l’apparition de synagogues plus récentes.
Elle devint le principal centre cultuel du ghetto, abrita plusieurs grands rabbins dont le célèbre Yehuda Loew ben Bezalel, aujourd'hui encore considéré comme l'un des plus grands docteurs de la loi de Moïse.
Épargnée lors de la rénovation du quartier au XXe siècle, restaurée en 1967, la synagogue fut déclarée Monument historique en 1995. D’autres travaux de rénovation furent entrepris en 1998.
La synagogue est une construction rectangulaire massive avec un toit en bâtière aux pignons de briques rouges de style gothique tardif.
On y accède en descendant 9 marches. Plusieurs explications sont données : en raison du relèvement du niveau du sol depuis le Moyen-âge pour éviter les inondations, mais aussi par principe, les synagogues étant souvent enterrées afin de pouvoir construire avec une grande hauteur sous plafond sans heurter les bâtiments du voisinage, ou par humilité.
D’un plan très simple à deux nefs, le bâtiment principal est entouré sur trois côtés par des annexes basses, rajoutées aux XIVe et XVIIIe siècles, vestibule et nefs pour les femmes (Vieille-Nouvelle fut construite selon la coutume du judaïsme orthodoxe avec des espaces séparés pour les hommes et pour les femmes durant les prières).
Ces bâtiments furent reliés à la salle principale par des ouvertures très étroites permettant d’écouter l’office.
Le vestibule sud est voûté en berceau. Les deux cassettes servaient à rassembler les impôts juifs collectés dans tout le royaume.
On accède à la salle principale par un porche d’entrée dont le tympan représente un cep de vigne en bas-relief dont les racines puis les grappes de raisin, au nombre de 12, représentent les 12 tribus d’Israël. Le raisin, chez les juifs, symbolise la fertilité et la sagesse.
L’espace intérieur, séparé en deux hautes nefs, est coiffé d’une voûte d’ogives à 5 branches comportant 6 travées et soutenue par 2 piliers octogonaux ornés de feuillages.
Les 12 étroites fenêtres en ogive correspondent aux 12 tribus d’Israël.
Les consoles et chapiteaux de pierre sont ornés de reliefs aux motifs végétaux ou prédominent les feuilles de vigne.
Les ornements les plus précieux restent le tympan de l’arche sainte et les clés de voûte.
Le centre de la salle principale est occupé par une estrade surélevée avec un pupitre pour la lecture de la Torah (bimah), qui est séparée de l’espace alentour par une grille en fer forgé du gothique tardif, fin XVe.
Au-dessus, une bannière sur laquelle sont brodés une étoile de David avec le chapeau juif en son centre, entourés du verset 6:4 du Deutéronome, « Shema Israël » (Écoute, Israël, l'Éternel, notre Dieu, l'Éternel est UN). Cette bannière représente le blason de la communauté juive de Prague depuis l'indépendance accordée par Charles IV au XIVe siècle.
Les rouleaux de la Torah sont conservés dans l’arche sainte (aron haqodesh), dans le mur oriental.
L’un des sièges le long des murs porte encore le nom du célèbre rabbi Loew dont la légende raconte que les restes du golem qu’il créa sont enfermés dans la guenizah du grenier (pièce d’une synagogue où sont conservés les manuscrits et les ouvrages que l’on ne peut jeter car ils contiennent le nom de Dieu). Voir le reportage sur le golem.
Y sont également déposés des objets de culte, comme les tzitzit - franges au coin des vêtements - ou les loulavim - les 4 végétaux utilisés lors de la fête de Souccot ou Fête des Cabanes : palme de dattier, branche de myrte, branche de saule et cédrat-)
Est-ce vrai ? Personne en tout cas n'est autorisé à monter dans le grenier, accessible uniquement par une échelle incrustée dans le mur est de la synagogue. Si l’on demande pourquoi, il vous est répondu que le toit pourrait s’effondrer, les poutres étant très anciennes.