Les mégalithes de Saint-Michel-de-Grandmont
Le prieuré grandmontain de Saint-Michel se situe sur le haut du versant sud d’un plateau de grès du triasique, lui-même posé au milieu d’un petit massif volcanique appelé l’Escandorgue dont les volcans, actifs il y a 2 millions d’années, ont été rabotés par l’usure du temps.
Ici, au milieu des anomalies magnétiques du bassin de Lodève (ou la présence humaine est attestée depuis le Paléolithique supérieur), les basaltes noirs des coulées de lave côtoient les calcaires blancs du Causse du Larzac tout proche et les roches sédimentaires rouges typiques du Lodévois, nommées ruffes (de l’occitan rufa, rouge), formées de sédiments argileux, de grès fin et d’oxydes de fer.
Etonnant ? Là se trouvait une source, là les anciens érigèrent des menhirs, construisirent des dolmens, creusèrent de larges bassins dans les rochers.
Deux axes relient les principaux sites, l’un passant par le chœur de l’église Saint-Michel (A) et le site mégalithique cultuel (B), l’autre reliant le dolmen de Coste-Rouge (C) à celui du Belvédère (D), se croisant tous deux au milieu du site mégalithique des pierres à bassins (E).
Le dolmen de Coste-Rouge
C’est le mégalithe le mieux conservé et le plus connu du domaine. Il fut classé au titre des Monuments Historiques en 1900.
Erigés au milieu d’une terrasse circulaire dominant le paysage, deux anciens volcans à sa droite, le Brandou et le Serre-Beau (532 et 547 m), le dolmen et son couloir d’accès étaient recouverts d’un tumulus aujourd’hui disparu dont les pierres jonchent encore le sol alentours.
Les légendes parlent de lui comme de « l’ostalet das fadas » c'est-à-dire la maisonnette des fées. Au Moyen-âge, il était reconnu pour ses propriétés curatives, en particulier les maladies de peau : deux moines déshabillaient le malade, brûlaient ses vêtements, et le faisaient s’allonger sur la table.
Les païens constructeurs de mégalithes se sont vus rafler le fruit de leurs connaissances, et une croix fut gravée sur l’une des dalles de grès située à l’ouest. Moindre mal, le mégalithe est toujours debout.
L’unique chambre est constituée de cinq dalles de grès, les murs circulaires sont en rhyolite (l'équivalent volcanique du granite).
On accède à la chambre par une ouverture dite en « porte-de-four », taillée dans une dalle de grès. L’intérieur de la chambre mesure 3 m de long sur 2 m de large.
La table sommitale, d’un poids de 10 tonnes, mesure 3,15 m de long et 3 m de large.
D’après les archéologues, qui se basent sur la découverte d’ossements humains en son centre, c’est un monument funéraire collectif datant de 1500 avant notre ère, au milieu de l’Âge du Bronze.
Mais vous et moi savons qu’habituellement un dolmen n’est pas une sépulture, comme une église romane n’est pas un tombeau. Sa mise en place me parait bien plus ancienne, et on peut penser qu’il fut réutilisé plus tard à plusieurs occasions. Mais…
Le dolmen de Coste-Rouge est orienté au sud/ouest, sur le coucher du soleil au solstice d’hiver. La symbolique des orientations nous apprend que celle-ci en particulier est en rapport avec la mort, la déstructuration de la matière.
C’est une zone d’évacuation, qu’il ne faut surtout pas verrouiller sous peine de désagréments effectifs. « Le dolmen accélère le voyage des âmes, métamorphose les désincarnés, accueille le chemin de toutes morts, nous dit Tibul, qu’elles soient naturelles ou initiatiques ». Coste-Rouge accomplit cette fonction et fut sans doute utilisé pour ça.
Le dolmen du Belvédère
De l’autre côté du prieuré, situé sur une avancée du plateau surmontant le ruisseau de la Bouire se dresse un autre dolmen, dit du Belvédère, lui aussi christianisé par une croix gravée sur la dalle ouest.
C’est aussi un dolmen à couloir, dont la dalle de couverture mesure 3,20 m de long sur 2,10 m de large.
Il est orienté au sud à 194° d’azimut, soit, dans la symbolique des orientations, au début de la déstructuration de l’être après une phase de densification et de prise de conscience.
Celui qui entre dans la chambre, où l’on peut se tenir debout, va regarder au sud, il va voir la lumière physique que l’on aperçoit de l’intérieur, au point de mort, dans la destruction de la matière. Aurait-il l’idée d’aller se poser à l’arrière du mégalithe, sous le petit auvent formé par les pierres, le dos contre la dalle du fond, regardant vers le nord ? Là il trouvera, s’il entre en résonance avec le lieu, le point de vie, la résurrection, la naissance. Il tournera le dos à la lumière physique, mais trouvera la lumière intérieure, spirituelle.
Le dolmen de Grandmont
Il se situe à la pointe de l’avancée du plateau dominant le ruisseau de la Bouire, sous le dolmen du Belvédère. Il n’en reste que peu de choses, une dalle debout côté sud/est et deux autres couchées.
On remarque les restes de l’ancien tumulus qui fut entouré d’un muret de pierres sèches.
Le site mégalithique des pierres à bassins
Il occupe toute la partie la plus haute du plateau, au sud-ouest du prieuré.
Le chemin énergétique ne suit pas du tout le chemin touristique, et il faut passer par plusieurs paliers et portes de vie avant d’arriver aux pierres disséminées dans le sous-bois, ce qui fait penser à une triple enceinte protectrice.
Les pierres sont parfois naturelles, seulement creusées par l’érosion, mais certains blocs de grès furent façonnés de la main de l’homme quand il apparut que ce fut nécessaire. Les cuvettes ou bassins font encore leur office, transformer l’eau naturelle en liquide médicinal.
Des sièges furent aménagés dans la roche, invitant le passant à s’asseoir. Certains soulagent différents maux comme le mal de dos, d’autres permettent une intériorisation propice au voyage intérieur, d’autres sont réservées aux femmes, dans un endroit dédié à la naissance et à la fécondité.
La Grande-Déesse est bien présente, normal pour une hauteur dédiée à saint Michel. Là se trouve l’ancien hôpital. Comment ne pas penser à un autre site lui ressemblant fortement, celui de Cervières dans la Loire, même présentation, même fonction.
Le site mégalithique sacré
Proche du centre de soins, au sud, le centre sacré. Les archéologues, par manque d'éléments datables, ont estimé l’endroit de la même époque que le dolmen de Coste-Rouge, c'est-à-dire vers 1500 avant notre ère. Pour ma part, le dolmen fut érigé bien après ces pierres qui sont, à mon avis, les premières traces d’un lieu sacré sur le plateau.
Comme tout centre cultuel, l’endroit nous donne la possibilité d’ouvrir le site énergétiquement. Le mode d’emploi sera différent selon l’opérant et selon la date. Et pour celles et ceux qui n’ont pas besoin de clé, il s’ouvre instantanément.
Une pierre à bassin pourrait servir à la fabrication d’eau lustrale (l’eau est source de vie, moyen de purification et centre de régénération. La fonction du bassin sera alors de renforcer ses propriétés, par la forme, par l’emplacement et par l’intention qu’y pose l’officiant).
A une autre, qui pourrait être considérée comme la pierre centrale, j’ai donné le nom de « seize âmes ».
Une autre encore possède un siège, orienté vers la pierre centrale, sur lequel l’impétrant aurait pu s’asseoir, participant alors à un rituel d’initiation.
En allant vers l’est, une pierre couchée, fortement énergétique, nous indique une direction bien particulière, le lever du soleil au solstice d’hiver, dans l’axe de laquelle se trouvent plusieurs autres pierres.
La pierre appelée le « menhir », mesure environ 1,40 m de hauteur.
Nous arrivons ensuite au bassin en bordure du plateau. Nous sommes devant un panorama époustouflant, face à la vallée de la rivière Lergue qui conflue dans l’Hérault, jusqu’au Mont-Saint-Loup (l’ancien volcan d’Agde) et la Méditerranée.
La cuvette taillée dans le rocher porte plusieurs noms, entre autres « l’écuelle du Diable » ou « la table des sacrifices ».
Faut-il que le christianisme ait eu besoin d’affirmer son pouvoir face aux anciennes croyances de ses brebis… Saint Martin de Tours, le zélé destructeur de mégalithes qui suivit à la lettre l’édit de l’empereur Honorius ordonnant la démolition de tous les sites païens aurait pu s’offusquer.
La cuvette fut donc intentionnellement creusée, et ses bords entaillés. La plus grosse encoche est orientée sur le lever du soleil au solstice d’hiver, dans l’axe formé avec le menhir et la pierre allongée.
D’autres axes sont marqués, comme le lever du soleil au solstice d’hiver ou le coucher du soleil au solstice d’été. Le carré solsticial du lieu nous est présenté, reliant la cuvette aux énergies particulières de cet endroit.
Et cette fois, comment ne pas penser à un autre mont dédié à saint Michel, à Saverne, en Alsace, avec son « école des sorcières », l’Hexenschule, que je qualifiais d’endroit initiatique ( circulaire donc parfait) et réservé aux femmes (malgré la présence de l’archange, le lieu était préalablement dédié à la déesse Herta, d’où son nom primitif de Herthenstein), permettant d'accéder à des mondes différents. En est-il de même ici ? Probablement, même si je n’ai pas eu le temps d’expérimenter véritablement la chose.
http://fmoreau.recit.free.fr/index.php?ref=MFQ9527*
http://dolmen2.free.fr/crbst_4.html#anchor-top
http://www.t4t35.fr/Megalithes/AfficheSite.aspx?NumSite=9360