Paray-le-Monial, historique
L’histoire de Paray remonte bien plus loin que l’on veut bien nous le faire croire. Il est d’habitude établi que la bourgade de Paredum (du latin Par, égal, uni, endroit plat, plaine) s’est développée au Xe siècle autour d’un monastère, fondé en 977 par Lambert, premier comte héréditaire de Châlon-sur-Saône, et sa femme Adélaïde de Vermandois, en accord avec saint Mayeul, abbé de Cluny.
Mais avant, située au sommet de la colline de Survaux, dominant le Val d’Or (Cenobium quod Vallis Aurea dicitur) et la rivière Bourbince, une première église existait: dans la charte de fondation de l’abbatiale de Paray, il est fait mention d’une ancienne église (Juxta templum antiquissimum). Des fouilles récentes ont retrouvé à proximité une ancienne villa gallo-romaine.
Et… C’est dans le Val d’Or, ou Vallis Aurea, Orval, que se trouve la chapelle Notre-Dame de Romay et sa source sacrée, dédiée à la grande déesse du temps des Celtes. C’est sur la hauteur que fut érigé un dolmen, endroit qui devint un centre important du druidisme. C’est ici, au IIe siècle, d’après la légende, qu’Irénée de Lyon vint convertir les druides et les chefs gaulois en leur disant que leur Virgo Pariturae avait enfanté.
Le fils de Lambert, Hugues de Châlon, fit don du monastère à l'abbaye de Cluny en 999 lorsqu'il fut sacré évêque d'Auxerre. Saint Odilon de Mercœur, qui fut abbé de Cluny jusqu'en 1049, établit alors les moines sur les bords de la Bourbince où ils construisirent une nouvelle église au début du XIe siècle.
Elle fut consacrée et dédiée à Notre-Dame et saint Jean-Baptiste en 1004. Les reliques de saint Grat, évêque de Châlon au VIIe siècle y furent transférées, ainsi que celles de saint Blaise et de saint Laurent.
Vers 1080, elle fut dotée du porche d’entrée actuel, nécessaire à la pratique de la liturgie clunisienne liée au culte des morts, spécifique à l'ordre de Cluny. Il nous en reste le narthex et sa tour droite.
Hugues de Semur, abbé de Cluny canonisé en 1120 et initiateur de Cluny III, petit-neveu d’Hugues de Châlon, fit commencer une nouvelle église contre le narthex en 1092. Les études archéologiques montrent que les travaux se poursuivirent jusqu'au début du XIIIe siècle.
Par manque de moyens, le plan initial d'une nef à cinq travées fut abandonné. En 1470, l'absidiole du croisillon sud fut remplacée par la chapelle funéraire de la famille Damas-Digoine en style gothique.
Entre 1702 et 1750, un nouveau bâtiment monastique, le prieuré actuel, fut construit, et c’est en 1875 que le pape Pie IX éleva l'église au rang de basilique mineure consacrée au culte du Sacré-Cœur.
Paray subit au cours du temps les dégradations dues à la belle intelligence des hommes : les écorcheurs, les routiers, les guerres de religions, la révolution, le progrès qui fit installer un chauffage par le sol et des câbles électriques et les restaurations malheureuses (parmi lesquelles je place la dernière en date entre 1998 et 2005).