Le prieuré de Pommiers, l’église Saint-Pierre et Saint-Paul
L’église date des XI ème et XII ème siècles et a gardé son style roman.
Au XIV ème siècle, à l’époque de l’édification des fortifications du village, on construisit un grenier adossé au collatéral nord, ce qui explique l’asymétrie de la façade occidentale. Deux gaines en bois assuraient l’évacuation des grains : un dégorgeoir en pierre existe encore.
L’église prieurale devint paroissiale en 1821, lorsque l’église Saint-Julien fut désaffectée.
Le carré du transept supporte au dessus d'une coupole un clocher de type clunisien percé sur ses faces de fenêtres jumelées. Sa toiture date par contre du XIX ème siècle, ainsi que la sacristie.
L’église possède trois nefs et cinq travées. Les piliers sont larges et carrés, dépourvus d'ornements y compris dans leurs chapiteaux.
L’abside possède un plan trapézoïdal, le bras nord du transept de grands arcs aveugles. Des fenêtres rares et étroites, comme les trois baies nord, diffusent une faible lumière.
Une trentaine d'échéas en terre cuite (vases acoustiques) sont déposés dans l'épaisseur de la voûte, dans la grande nef au-dessus de la dernière travée, ce qui donne à l’église une exceptionnelle acoustique.
Dans l'abside sud, on découvre une statue en bois de saint Julien du XVII ème.
Les bâtisseurs utilisèrent d’anciennes pierres romaines pour la construction, comme le prouve une colonne en marbre dans le chœur, ou le sol de l’abside. Le maître autel est un ancien couvercle de sarcophage datant de l’antiquité tardive.
Le tombeau de sainte Prève, dans le bras nord du transept, date du XI ème siècle. Ce sarcophage est décoré d'un ange en pierre sans aucune ornementation. Il porte l’inscription suivante, du XVI ème siècle, à l’arrière : Tumul Stae Prevae virgis et martiv (?) Hujus monrii fondat.
La légende de sainte Prève
Sainte Prève, fille du comte Gérard II de Forez, fut la fondatrice mythique du monastère de Pommiers au XI ème siècle. Voici son histoire :
« Le Comte de Forez avait trois fils, Artaud, Geoffroy-Guillaume et Conrad, et deux filles, Rotulphe, mariée au seigneur Guigues de Lavieu, et Prève. Prève ne désirait pas se marier et souhaitait se retirer du monde. Son père lui donna comme retraite le château de Pommiers. Mais un jeune seigneur qui la désirait lui fit des avances. La jeune femme lui déclara qu'elle avait déjà fait choix de son époux et l'amoureux éconduit, sans comprendre le sens de ces paroles, s'en alla trouver les frères de Prève, qui étaient de ses amis, pour leur annoncer que leur jeune sœur s'était déshonorée. Ceux-ci allèrent au couvent où elle s’était retirée, lui coupèrent la tête qu’ils jetèrent avec son corps dans un puits. La stérilité frappa alors toute la contrée et des signes de feu annonçaient dans le ciel le courroux céleste. Si on cherchait de l'eau dans le puits, on n'en tirait que du sang, et, à l'endroit où avait roulé sa tête, sur une dalle de pierre, avait fleuri un lis d'une éclatante blancheur. Convaincus par ces manifestations de la volonté divine, les frères s'en retournèrent au couvent, donnèrent la sépulture au corps de la jeune fille, lui consacrèrent une fondation pieuse, et depuis ce temps Prève compte, dans le martyrologe, au nombre des vierges saintes. A titre de réparation à sa mémoire outragée, le château de Pommiers fut converti en un prieuré bénédictin. »
En fait, le comte de Forez, Gérard II, donna la terre de Pommiers à sa fille qui demandait à vivre seule avec les pauvres. La Prève historique n’a jamais été assassinée.