05 juin 2012

Saint-Romain-d’Ay, historique




Saint_Romain_d_Ay_4Le site naturel de Saint-Romain, en Ardèche, surplombe la rivière Ay. C’est un promontoire dont le rocher terminal a tenu lieu de sanctuaire depuis fort longtemps. Difficile de dater sa première utilisation, mais il est certain que le peuple des mégalithes y fut présent. D’après certains auteurs, un autel principal se tenait sur l’emplacement de l’actuelle chapelle, entouré de trois menhirs.

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_29L’un d’entre eux est encore enchâssé dans le mur qui monte au donjon de défense, un deuxième peut-être dans le mur de soubassement de la chapelle.
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Saint_Romain_d_Ay_30Le troisième a pu être morcelé et servir de base à l’un des remparts. Un des chemins du site s’appelle encore le chemin des pierres plantées.


 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_8Les Celtes s’y installèrent puis les romains après eux construisirent sur le site, facile à défendre et situé à la jonction de plusieurs voies, une première forteresse, près du sanctuaire où la grande déesse était honorée.

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_isis_2Ce fut Maïa, déesse de la fertilité à l’origine du mois de mai, ou bien Isis, représentée noire avec son fils sur les genoux, ou encore Cérès, déesse des moisons et maitresse des mystères d’Eleusis. Une déesse de la fécondité dans tous les cas. Abducille, chef des Allobroges du temps de César, donna les terres à l’ouest du Rhône à son fils Aygus.
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Saint_Romain_d_Ay_3Au IVe siècle, au début du christianisme, Maïa, Isis et Cérès laissèrent leur place à Marie. Une première chapelle dédiée à la Vierge fut construite. Un petit monastère fut créé. Au VIIIe siècle, lors des invasions des barbares et des sarrasins, le monastère se plaça sous la protection d’un prince, Charles Martel, qui établit le mandement d’Ay.

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_1Ce fut Albert d’Ay, comte de Saint-Alban, descendant d‘Aygus, qu’il plaça à sa tête. En 776, Charlemagne donna l’église de Saint-Romain et ses dépendances à l’abbaye bénédictine de Saint-Claude en Franche-Comté, ce qui fut confirmé en 1184 par Fréderic Barberousse devenu, par son mariage avec Béatrix, suzerain immédiat de la Franche-Comté et donc du monastère de Saint-Claude.

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_14La forteresse prit de l’importance et devint un véritable château à trois donjons, le fortalitium, encerclé d’un puissant rempart. A la fin du XIIème siècle, une vierge noire fit son apparition. Les pèlerins affluèrent.

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_23Au XVIème siècle débutèrent les processions des paroisses du plateau d’Annonay, venant demander la cessation des épidémies de peste ou des fléaux naturels, grêle ou sécheresse. Comme le château d’Ay était la forteresse la plus puissante de la région, le sanctuaire en fut le centre marial.

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_plan_3Au cours des guerres de religion, vers 1570, le monastère et la chapelle auraient été incendiés. Après la révolution, où Saint-Romain d’Ay devint Roche-d’Ay, la chapelle, d’abord agrandie par Antoine Farigoules, fut achevée par Françoise de la Rochette. De 1836 à 1954 les missionnaires jésuites prirent la direction du pèlerinage, puis les prêtres du diocèse de Viviers, curés de Saint-Romain d’Ay. Les principaux pèlerinages se déroulent le 15 août et le 8 septembre. En 1985, 10 000 fidèles y ont assisté

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_5Plusieurs étymologies possibles : Ay viendrait du vieux mot patois désignant l’eau, Aygue (en latin aqua). Deux des plus anciennes appellations du pays d’Ay sont Agium, le pays de l’eau ou de la rivière, et Ayo, par chute du G.

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_9Une autre, soutenue par Pelisson, principal du collège de Tournon, prétend que le nom proviendrait d’Aygus l’Allobroge. Au VIIIe siècle, une légende populaire fournit une troisième étymologie, et l’on sait combien les légendes sont porteuses de vérités à qui sait les lire.

 

 

 

 

 


Saint_Romain_d_Ay_plan_4"Un jour, une jeune bergère gardant ses agneaux, récemment convertie aux idées chrétiennes, priait et ne s'apercevait pas, tant sa ferveur et son extase étaient grandes, que le torrent, dont les eaux mugissaient au-dessous d'elle, frappait et ébranlait à sa base le rocher sur lequel elle était agenouillée. Tout à coup, la jeune fille et le rocher que les eaux ont détaché, roulent au fond de l'abîme : Aie ! Notre Dame ! Aie !... répète-t-elle éperdue.

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_22Ce cri fut entendu et sa prière exaucée. Arrêtée dans sa chute par un pouvoir surnaturel, elle vit venir à elle une belle dame enveloppée dans les longues et flottantes draperies d'un manteau semé d'étoiles, et portant sur son front le triple bandeau, signe distinctif de son pouvoir divin.

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_10La jeune fille pour éterniser la mémoire de ce grand événement, fit bâtir sur le lieu même où la Mère de Dieu lui avait donné une preuve si éclatante de sa protection, une modeste chapelle qui fut appelée en souvenir du cri de détresse que la jeune fille avait poussé en tombant."

 

 

 

 

 

 

 

 

Annales de l'école religieuse de Saint-Alban d'Ay, 1886
« Notre-Dame d’Ay, hier et aujourd’hui »  de Michel Faure, 1996
http://www.ardeche.catholique.fr/le-diocese-de-viviers/lieux-d-accueil-lieux-spirituels/lieux-de-pelerinages/notre-dame-d-ay/
http://www.notredameday.fr/fr/
http://www.medarus.org/Ardeche/07commun/07comTex/saitromainday.htm
http://www.nemausensis.com/ardeche/Gravures/NDd_AY.htm

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Saint-Romain-d’Ay, la chapelle



Saint_Romain_d_Ay_7La première mention d’une chapelle, située à l’extrémité du promontoire, date de 776, quand Charlemagne donna l’église de Saint-Romain et ses dépendances à l’abbaye bénédictine de Saint-Claude.
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Saint_Romain_d_Ay_40Il semblerait que la construction d’une nouvelle chapelle fut entreprise au XIIe siècle, quand la première statue de la vierge noire apparut en 1192. Elle fut sans doute remaniée, puisque l’on trouve une fenêtre trilobée du XIIIe siècle lui appartenant, enserrée dans la chemise du donjon

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_19Pendant la révolution, elle devait devenir bien national. Antoine Farigoules l’acheta avec les petits terrains alentours et y établit sa résidence. Il réalisa l’agrandissement de la chapelle initiale, orientée nord-sud (actuelle chapelle Saint-Joseph), ce qui est rare pour un sanctuaire roman, orienta le nouveau lieu de culte d’ouest en est et construisit un clocher.

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_20Le bâtiment fut vendu le 19 avril 1797 à l’abbé Joseph Laurent, qui desservit la chapelle pendant douze ans, devenant son premier chapelain, en l’absence de toute nomination épiscopale. Au début du XIXème siècle, l’ensemble du site passe aux mains de Françoise de la Rochette qui, en 1831 décida d’entreprendre des travaux.

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_11Durant trois ans elle fit agrandir et embellir la chapelle avec les pierres récupérées dans le château : création de la voûte actuelle, construction du chœur et de la coupole, des tribunes et du clocher, encadrement de la grande porte par un frontispice.

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_31L’évêque de Viviers procéda à son inauguration en 1835, date de l’érection du chemin de croix. C’est à cette époque qu’elle fut donnée au diocèse.
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Saint_Romain_d_Ay_28Les Jésuites s’y installèrent jusqu’en 1954. Leur ciletière n'est pas installé n'importe où. En 1890 une statue en fonte de 5m de haut fut placée sur la tour-clocher et proclamée sur autorisation du pape Léon XIII « Reine du Vivarais ».

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_plan_1La chapelle rectangulaire possède un chœur demi-circulaire. L’intérieur dallé possède une tribune à deux étages accessible de l’extérieur. La voûte en plein-cintre est ornée de cordons, de rosaces et de palmettes dorées. La vierge noire trône sur l’autel principal en marbre blanc relevé de bronze doré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_32La chapelle Saint-Joseph, décorée de bannières utilisées durant les processions, se trouve à l’emplacement du premier oratoire marial. Le clocher, haut de 26 mètres, contient un carillon de dix cloches sur le bourdon duquel on voit les effigies des Vierges de Fourvière, du Puy et d'Ay.
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Saint-Romain-d’Ay, la vierge noire


Saint_Romain_d_Ay_37Même s’il est sur qu’un culte païen à la déesse-mère existait depuis longtemps, le culte de la vierge noire d’Ay est réellement attesté depuis le XIIe siècle. Une statue initiale aurait été rapportée de Syrie, peut-être par Odon de Tournon qui participa à la troisième croisade (1189-1192), sous les ordres de Frédéric Barberousse.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_40Elle serait alors plus ancienne que ses sœurs du Puy et de Fourvière. Elle avait le pouvoir de ramener à la vie les enfants morts sans baptême. Aucune description de cette statue n’est parvenue jusqu’à nous, et elle disparut au cours de l’incendie de 1570 pendant les guerres de religion.

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_39Claudine de la Tour de Turenne de Tournon, à la fin du XVIe siècle fit alors tailler une nouvelle vierge, copie de la précédente au goût de l’époque : au pied de la statue figurent les armoiries de la famille de Tournon.

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_33Elle fut épargnée à la Révolution grâce à Antoine Farigoules qui mit en lieu sûr le mobilier et les objets sacrés. En 1835, la statue fut envoyée quelques mois en réparation à Lyon puis réinstallée, le 7 septembre 1836. Elle fut classée monument historique le 19 juillet 1968. D’éminents personnages vinrent se recueillir au près le la Vierge Noire : saint Jean-François Régis, saint Jean-Marie Vianney, sainte Thérèse Couderc et Teilhard de Chardin.

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_38Elle est en bois de chêne, haute de 75 centimètres. La Vierge porte une robe aux plis blancs et un riche manteau doublé de bleu et bordé de dessins rouges. L’Enfant Jésus est tenu sur le genou gauche de sa mère et porte un globe dans sa main gauche et bénit les fidèles de la main droite. Les cheveux sont dorés alors que les visages et les mains sont noirs. Lors des pèlerinages et des cérémonies importantes, un large manteau blanc rehaussé de riches motifs dorés, recouvre les épaules des deux personnages, alors couronnés.

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_35Elle fut déplacée de sa position initiale, dans le chœur de l’ancienne chapelle, vers l’autel principal situé dans le nouveau chœur que fit construire Madame de la Rochette.

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_le_PuyLa tradition populaire veut que chaque année, le 8 septembre, la vierge d’Ay reçoive la visite de ses deux puissantes sœurs du Puy et de Fourvière. Ce qui est certain, c’est  qu’elles furent toute trois détruites par la bêtise humaine.
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Et ce qui est certain aussi, c'est que l'éternel féminin, la grande déesse, se retrouve partout à Ay pour qui sait la voir.

 

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Saint_Romain_d_Ay_6Nulle part mentionnée dans les textes, mais toujours présente chez les habitants de Saint-Romain-d'Ay, l'ancienne source guérisseuse aux pieds de Marie, captée évidemment et devenue inopérante.

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Saint-Romain-d’Ay, le château



Saint_Romain_d_Ay_18Rien n’atteste de la présence d’une ancienne fortification avant les romains. Ils jetèrent les bases du premier donjon de défense en -200.
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Saint_Romain_d_Ay_21Des débris de tuiles de cette époque ont été retrouvés dans les murs d’enceinte du château situé au carrefour de plusieurs voies romaines, dont la Varogne ou via Rhodani, descendant de La Louvesc à Sarras. Ce fut Aygus, fils d’Abducille chef des Allobroges à la fin du Ier siècle avant notre ère, qui s’y installa.

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_15Le castro d’Ay prit de l’importance au fil des années et devint le siège d’un mandement au VIIIème siècle, avec à sa tête Albert d’Ay, comte de Saint-Alban, descendant d‘Aygus. Ay devint une puissante et importante seigneurie dès le IXe siècle.
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Saint_Romain_d_Ay_13Au début du XIIIe siècle, Béatrice d’Ay vendit le château à Aymar de Roussillon. Son fils Artaud suréleva le donjon jusqu’à une hauteur de 45 m en 1280.
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Saint_Romain_d_Ay_12Le château passa par mariage à la famille de Tournon en 1396, et Jacques de Tournon en 1440 y fit d’importants travaux de fortification et d’agrandissement. En 1533 Just II modifia l’ensemble en résidence.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_24A partir de 1641, jusqu'à la mort de Just-Louis de Tournon, il passa entre les mains de nombreux propriétaires. La Révolution épargna le site. Monsieur de la Rochette de Bobigneux hérita du domaine qui, laissé à l’abandon puis pillé, présentait un piteux état. Sa veuve, née Jeanne-Françoise de Laborie, en fera don au diocèse.

 

 

 

 

 

Saint_Romain_d_Ay_plan_5jpgLe château comportait un triple mur d’enceinte avec archères et 4 tours de guet, trois donjons : de défense, seigneurial et de vie, un porche d’accès avec pont levis.

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