La collégiale Notre-Dame de Beaune, historique
L'homme fut présent dans les environs de Beaune dès le Paléolithique inférieur. Le peuplement se poursuivit au Néolithique, puis au cours de l'âge du bronze, pour arriver à la période celte avec les Éduens qui contrôlèrent les échanges commerciaux entre l'axe de communication Saône-Rhône et le Bassin de la Loire.
Ils s'installèrent alors à Belena, au carrefour des routes celtes où s'établit un marché. Belena à pour origine Belenos, le dieu gaulois, identifié plus tard à Apollon. La Bouzaize, l'une des deux rivières de la ville, fut un important lieu de culte à Borvo (dieu gaulois des sources bouillonnantes).
Belno Castrum à l'époque gallo-romaine, capitale du petit pagus Belnensis ou pays du Beaunois, fut ceint de murailles. Après la conquête romaine, la culture de la vigne s'implanta autour de Beaune de façon durable, et s'y développa également le culte à Bacchus. Lors de la christianisation, le castrum se développa.
Au cœur du castrum, près de la source de Belenin (la Bouzaize) qui donna son nom à la ville, une première église fut probablement édifiée à la fin du Vème siècle sur les ruines d’un temple d’Apollon. Elle renfermait des fragments des reliques de saint Baudèle (ou saint Baudile), ramenés de Nîmes par par saint Romule et ses religieux, fuyant les Sarrasins.
Aux alentours de l'an 1000, Saint-Baudèle s'avérant trop petite, le duc Henri le Vénérable, frère d'Hugues Capet, qui tenait son parlement à Beaune, signa la charte de fondation d'une nouvelle église plus vaste, à quelques encablures. Les matériaux d'un mur du castrum gallo-romain servirent à la première construction.
La collégiale fut commencée dans le style roman, inspiré par la grande abbatiale de Cluny III. Beaune dépendait alors de l'évêque d'Autun, Étienne de Bagé, qui fit construire Saint-Lazare d'Autun et Saint-Andoche de Saulieu.
Elle fut continuée et embellie au XII ème siècle par la duchesse Mathilde, venue s'établir à Beaune au décès de son mari Hugues II le Pacifique. Fille d'un seigneur auvergnat, Boson Ier de Turenne, tué lors d'une croisade, elle mourut en 1162 et fut ensevelie sous le maître autel.
Il reste un fragment de marbre blanc de son tombeau, où elle se prosterne devant une vierge en majesté.
Beaune devint un centre de pèlerinage important, après l'arrivée de sa vierge noire.
http://www.guide-site-touristique.com/beaune.php
http://www.escapadesbourgogne.eu/beaune.html
La collégiale Notre-Dame de Beaune, la vierge noire
Est-ce Mathilde, sœur du pape Callixte II et femme du duc capétien Hugues II, qui, par l'intermédiaire de son père mort en Orient, fit don d'une vierge noire à l'église en construction ? Cette statue reliquaire en bois fruitier est une réplique de Notre-Dame du Port de Clermont, d'autant plus précieuse que l'originale a disparu.
La nouvelle église fut tout naturellement dédiée à la Vierge et devint Notre-Dame de Beaune. La statue fut vénérée : on la promenait en ville lors des épidémies de peste.. L'endroit fit partie des étapes sur le chemin de Compostelle, et les templiers venaient lui rendre hommage.
Le physique à l'orientale de cette vierge noire détonne avec celui, plus occidental, de son fils. Ce n'est pas, comme ses sœurs auvergnate, une vierge aux grandes mains, mais elle possède tous les attributs, en commençant par les couleurs de sa robe.
La collégiale Notre-Dame de Beaune, l'intérieur
Suite à l'importance du pèlerinage à la vierge noire, on dut, dans la seconde moitié du XII ème siècle, allonger la nef de deux travées,
et pour canaliser la foule, construire autour du chœur un déambulatoire, voûté d'arêtes, appelé "promenoir des anges", et trois absides.
La nef comporte une élévation à trois niveaux, de grandes arcades, une galerie aveugle avec arcs en plein cintre, des fenêtres hautes sans symétrie
avec une voûte en berceau brisé, retombant sur des pilastres dont les plus anciens sont à nervures cannelées.
Les collatéraux, voûtés d'arêtes, l'épaulent solidement par leur toiture indépendante. Les arcs doubleaux sont légèrement déversés vers l'extérieur.
L'autel est placé à la croisée des transepts, sous la voûte centrale du clocher qui élève sa coupole sur trompes.
Le chœur roman, éclairé d'ouvertures gothiques, supporté par 7 arcades brisées est orné d'un bandeau de roses stylisées.
Dans la chapelle Saint-Lazare, des peintures murales commanditées par Jean Rolin, cardinal d'Autun, attribuées à Pierre Spicre au XVème siècle.
Y sont présentés la résurrection de Lazare entouré du Christ et des apôtres, la lapidation de saint Étienne, Marthe et Marie-Madeleine.
Les chapiteaux auraient du être sculptés comme ceux d'Autun, les chanoines en ayant passé commande. Mais à l'époque, saint Bernard lançait l'anathème sur les représentations sculptées dans les églises, et seuls ceux du côté droit ont été exécutés.
Nous pouvons reconnaitre l'arche de Noé, des animaux musiciens, des personnages tenant des fruits (bizarres les fruits, bizarres leurs robes. On dirait des ananas... fruits exotiques symbolisant la connaissance ? Il y a trois fruits sortant de la tige principale...),
la lapidation de saint Étienne. Là aussi, le personnage au-dessus d'Étienne porte les cheveux bien longs...
Le porche gothique fut ajouté en 1332 en avant corps.
C'est sous ce porche qu'en août 1443, Nicolas Rolin, chancelier du duc de Bourgogne, lut la charte de fondation de l'Hôtel-Dieu qu'il mettait en chantier.
Côté nord, un petit porche du XV ème siècle, dont l'arc extérieur byzantin date de 1140, conserve quelques traces de polychromie.
La collégiale Notre-Dame de Beaune, l'extérieur
Le chevet est un exemple de superpositions de style différents : chapelles rayonnantes et déambulatoire romans, arcs-boutants gothiques.
La tour du clocher, des XII ème et XIII ème siècles, est couronnée d'un dôme campaniforme surmonté d'une guette.
Ce dôme fut construit au XVI ème siècle à la suite de l'incendie de la flèche primitive en 1575.
La collégiale Notre-Dame de Beaune, le cloître
A droite de l'église, au fond du jardin du presbytère, se trouve le cloître des XII ème et XIII ème siècles.
L'arc de la porte, délicatement sculpté, ouvre sur le transept.
Il dessert la salle capitulaire, dans laquelle on peut admirer une pietà du XVI ème siècle.
La collégiale Notre-Dame de Beaune, la tapisserie
Les tapisseries de Beaune, dites "à mille fleurs", sont tissées en laine et en soie.
Les patrons en furent commandés à Pierre Spicre par le cardinal Jean Rollin en 1474. Il les peignit à la détrempe sur toile, d'après les récits apocryphes de la légende dorée de Jacques de Voragine, recueil de la vie des saints paru en 1260.
Elles ne furent offerte au chapitre de Beaune qu'en 1500. La tapisserie, se trouvant dans le chœur, est donc une illustration littérale de l'histoire de la Vierge, en dix-neuf tableaux, présentés sous des arcades.
Elle commence par le baiser d'Anne et de Joachim (conception de Marie très prude), sa naissance, sa présentation au temple, ses prières,
et le choix du fiancé, indiqué par son bâton qui fleurit.
Puis le deuxième panneau montre son mariage, l'arrivée chez Joseph, l'annonciation, puis une scène montrant le donateur.
Le troisième montre la visitation, la nativité, la circoncision.
Le quatrième l'adoration des mages, la purification, la fuite en Égypte, le massacre des saints innocents.
Le cinquième le message de l'ange annonçant qu'ils peuvent revenir d'Égypte, la dormition, le couronnement de Marie, puis un portrait et les armoiries du donateur.
Ces tapisseries monumentales (1m90 de haut sur 6m de large en tout) constituent un témoignage essentiel de l'art du XV ème siècle. Elles ont aussi attiré l'attention des ufologues qui voient, deux fois, la représentation d'un OVNI dans le ciel derrière les personnages.
D'après la tradition beaunoise, ce n'est que la représentation du chapeau du cardinal Jean Rolin, le commanditaire, évincé lors de l'annexion de la Bourgogne par Louis XI. A chacun ses rêves.... Je préfère les petits hommes verts.