Le site du moulin du Fâ
quelques kilomètres de Royan, Barzan, petite commune de Charente-Maritime, abrite un site archéologique très riche.
Les environs furent occupé dès le Néolithique, ce qu’atteste la découverte de nombreux vestiges comme des poteries, des haches et des pointes de flèche,
mais aussi la présence de tumulus et de dolmens comme celui de Beloire, ou celui du Moulin-Rompu, dit polissoir de saint Cybard (moine contemporain de Radegonde, à qui l’église de Talmont est dédiée), dont la pierre de couverture, qui servit de polissoir, fut enlevée et transportée dans le jardin du musée de la préhistoire de Saintes.
Eutrope Jouan, notaire local passionné d’archéologie, en parle en ces termes en 1875 dans son Recueil des Actes de la Commission des Arts et Monuments historiques de la Charente-Inférieure : « On se demande en voyant ces sillons si les Celtes ne polissaient pas les instruments et outils auxquels ils croyaient attacher une vertu particulière ». Sur le site même de Barzan furent retrouvées des couches de cendres et des pierres de foyers ainsi qu'une nécropole, ce qui permit de prouver la présence d'un habitat à cet endroit, daté d’environ 3 500 ans avant notre ère.
Le site archéologique de Barzan, situé sur une hauteur dominant l’estuaire de la Garonne, fut occupé au VIIe siècle avant notre ère par une tribu gauloise, les Santones, qui y érigèrent un fanum (temple de la période gallo-romaine, construits en général sur l’emplacement d’un ancien nemeton celte).
Les fouilles du sanctuaire révélèrent l’existence d’un podium, d’un fossé circulaire et des murs du péribole, montrant deux enceintes successives, dont la seconde, monumentale, mesurait environ 106 mètres par 92.
Un moulin à vent fut édifié au XVIe siècle sur le podium, qui prit le nom de moulin du Fâ, abréviation de fanum.
Autour du sanctuaire fut retrouvée, sur un terrain de plus de 140 hectares, une ville portuaire avec son avenue centrale (le decumanus, de 300 mètres de longueur, qui reliait deux zones de temples), des thermes, un forum, un théâtre, un aqueduc, des entrepôts, des magasins de grande dimension et de nombreuses habitations.
Les ruines servirent malheureusement de carrière de pierre pendant plusieurs siècles et il n’est pas rare de retrouver des éléments décoratifs en réemploi comme dans l’église de Talmont.
Récemment fut retrouvé la statue d’un génie ailé adossé à un chêne, symbole de Jupiter, la main s'appuyant sur la tête d'un aigle.
La ville gallo-romaine, seconde agglomération de la civitas santonum (région administrative romaine) après Mediolanum Santonum (Saintes) est présentée comme l’ancienne Novioregum indiquée dans l’itinéraire d’Antonin (Itinerarium Antonini Augusti, guide de voyage du IIIe siècle qui recense les villes-étapes de l’Empire romain et les distances les séparant), ou comme le Portus Santonum, le port des Santons, décrit par Ptolémée. Cette ville importante fut probablement un comptoir commercial, ou emporium, situé sur l’ancienne route du commerce de l’étain et sur la voie romaine reliant Saintes à Bordeaux.
La ville, dont les premières constructions importantes furent édifiées sous les Flaviens (de l’an 69 à 96), fut agrandie au cours des deux premiers siècles de notre ère pour atteindre son apogée sous les Antonins (entre 96 et 192).
Les archéologues pensaient qu’elle fut abandonnée durant le IVe siècle, probablement à cause de l'envasement du port, mais des tombes mérovingiennes furent mises au jour récemment. Dès lors, il semblerait que la cité, devenue modeste, fut laissée à l’abandon vers le IXe ou le Xe siècle.
