Notre-Dame d’Andance
Les Helviens, peuple gaulois du Vivarais, donnèrent son nom au village : le mot gaulois "ande" désignant un gué. C’est sur le plateau du Châtelet, colline dominant Andance, que l’on trouve les premiers vestiges d’une occupation des lieux. Il est fort probable que les Helviens y construisirent leur premier temple.
Un peu plus tard, l’endroit fut fréquenté par une colonie phocéenne. Les anciens marseillais apportèrent des idées nouvelles et mirent en place les premiers échanges commerciaux, favorisés par la présence du Rhône. Les romains, après leur victoire sur les Allobroges en -121, y installèrent une imposante villa, au carrefour des voies anciennes. L’ancien lieu de culte gaulois devint peut-être un mithraeum comme à Bourg-Saint-Andéol, puis un temple dédié à Diane, fréquenté jusqu’au IVe siècle.
Une légende raconte qu’au Ier siècle, les corps de trois martyrs, Pomponia, Uraniée et Agathon, accostèrent à Andance dans une barque en pierre. A ce moment là, d’une source se mit à couler une eau ayant le pouvoir de guérir les paralytiques et d’aider les mourants à trouver leur voie. Trois croix furent érigées en leur honneur au sommet du Châtelet, qui devint nécropole chrétienne. La nouvelle religion fit son œuvre et s’implanta définitivement, peut-être appuyée par la visite de saint Martin au IVe siècle.
Vers la fin du XIe siècle, un prieuré dépendant de la Chaise-Dieu fut installé, le bourg entouré d’un mur d’enceinte.
L’église actuelle, dédiée à Notre-Dame et dont le style indique le passage du roman au gothique, fut construite par Gilles de Pommier en 1260. Elle fut terminée par Bertrand du Colombier, natif d’Andance et prieur claustral à la Chaise-Dieu.
Le chœur fut doté d’une voûte ogivale à nervures, où figurent ses armoiries.
Le prieuré d'Andance, détaché de l'Abbaye de la Chaise Dieu, fut uni en 1542 au collège des Jésuites de Tournon. En 1568 et en 1575 il fut pillé par les huguenots. L’église fut rénovée grâce à l’aide de saint Jean-François Régis, envoyé par les jésuites du collège de Tournon en 1624 pour sa première mission.
En souvenir, la Confrérie du Saint-Sacrement fit édifier un porche de quatre colonnes où figure la statue du Saint.
Sur la façade ouest, au centre du fronton, se tient la statue de Dieu le père. Il tient un globe dans sa main.
Il est entouré de saint Pierre, portant les clés, et de saint Luc, portant son évangile fermé.
De chaque côté de Dieu, un aigle semble accompagner Luc, alors qu’une…. chouette, debout devant une pomme de pin, se tient du côté de Pierre et ses clés. Même si ces sculptures datent d’une période où la symbolique n’était plus ou très peu comprise, ce fait reste étonnant.
Le clocher-porche à flèche fut remanié et terminé au XIXe siècle.
A ses pieds, une ancienne croix en pierre où figurent les têtes des trois martyrs, Pomponia, Uraniée et Agathon.
Dans l’église, une niche abrite le trésor : une croix des mariniers. Ces croix, décorées des instruments de la passion, disparurent avec la fin de la batellerie traditionnelle sur le Rhône en 1830. Elles étaient bénies et dressées à la proue des embarcations, et avaient pour vocation de protéger l’équipage. Lors des processions, elles étaient fixées sur la première barque du convoi, dite barque capitaine, celle du patron. C’est pour cette raison qu’elles ont aussi appelées croix « patronales », « croix de confrérie » ou croix « d'équipage ».
Un autre trésor, la vierge noire, Notre-Dame d’Andance, digne successeur de Diane, qui se partage avec la chapelle Saint-Bosc. C’est une petite statue d’environ 45 cm de hauteur, assez récente, imitation de Notre-Dame du Puy. Les habitants disent qu’elle fut cachée pendant la révolution par un habitant du hameau de Saint-Bosc.
http://jardindesprit.forumgratuit.org/t801-andance-en-ardeche-au-bord-du-rhone
http://www.medarus.org/Ardeche/07commun/07comTex/andance.htm
« Cévennes terre de lumière » A la découverte du patrimoine vivarois
La chapelle Saint-Barula de Saint-Bosc
Sur la route d’Andance à Sarras, près du hameau de Saint-Bosc, se dresse une petite chapelle. La pancarte indique une chapelle du Ve siècle, mais la bâtisse semble plus conforme avec l’architecture du XIe.
Elle fut remaniée au XIXe siècle : le chœur, appareillé en petits moellons romans, fut entièrement remonté. Elle fut restaurée encore une fois au début du XXIe.
Perdue au milieu des vignes et des vergers avec son petit clocher-mur, elle est dédiée à saint Barula.
Barula (ou Barral, Barallah, Boral, Bot) fut martyrisé en 303 à Antioche, lors des persécutions de Dioclétien contre les chrétiens. Ce garçon de 7 ans fut pris au hasard dans la foule qui assistait au jugement de saint Romain. Il confirma qu’il n’y avait qu’un seul dieu, et pour cela fut décapité. Romain et Barula sont fêtés le 18 novembre. C’est la déformation de Barula en Bôt puis Bosc qui donna son nom au hameau.
Cette chapelle fut l’objet d’un très vieux pèlerinage. Des fouilles au XIXe siècle permirent de retrouver les vestiges d’un site gallo-romain à cet endroit. Il me semble d’ailleurs renifler un édifice plus ancien près du mur sud de la chapelle, un sanctuaire probablement.
Chaque année au 1er mai, lors de la fête de saint Joseph travailleur (instaurée d’après le sanctoral post Vatican II, en 1969), la vierge noire d’Andance est transportée dans la chapelle, en remerciement. C’est en effet un habitant de Saint-Bosc qui sauva la statue de la tourmente révolutionnaire.
La Sarrasinière
Presque en face de la chapelle Saint-Bosc se dresse une ruine énigmatique, totalement incongrue dans le paysage, coincée dans un verger entre la nationale 86, la voie ferrée et le Rhône.
Longtemps la tradition populaire l’attribua aux sarrasins (d’où son nom), les archéologues y ont vu un trophée élevé par Quintus Fabius Maximus Allobrogicus à la suite de sa victoire de – 121 face aux Allobroges, mais les dernières fouilles de 1916 puis de 1971 ont permis d’émettre une théorie bien différente :
ce serait un petit mausolée, appelé colombarium, un tombeau familial destiné à conserver les urnes cinéraires. Il daterait du Ier siècle, et serait en relation avec le domaine situé au hameau de Saint-Bosc. Mon ressenti penche pour cette hypothèse, avec l’assurance qu’il na pas été implanté au hasard.
L’entrée se faisait par le côté ouest, par une porte d’environ 2 m de large, entourée de deux niches. A 4,80 m de hauteur se trouvait une plateforme en demi-cercle, devant abriter un groupe de statues.
Le monument ne porte plus les plaques de pierre calcaire qui devaient recouvrir sa surface, ni sa couverture. Il mesure actuellement 10,13 m de long, 6,76 de large et 9 de haut, pour une surface de 70 m². Le socle portant l'édifice mesure 11,70 m par 8 et la hauteur d’origine devait atteindre les 12 m. Au centre des murs nord et sud se trouvait une seule niche destinée à recevoir une statue.
La façade principale à l’est, qui regardait le Rhône et la voie romaine, porte les traces d’une ornementation monumentale. Elle était percée de trois niches carrées séparées par des pilastres, surmontées par une large architrave et couronnée d’un attique (partie supérieure qui vient couronner une construction, qui porte souvent sur les façades l'inscription de dédicace et qui accueille souvent des statues).
Le côté opposé s’arrondit à l’intérieur en forme d’abside. Au centre de la partie arrondie se trouve une niche agrandie par les dégradations volontaires ou non, qui devait recevoir les urnes. En-dessous, une trouée laisse entrevoir une possible crypte, à moins que ce ne soit les restes du passage d'un chercheur de trésor.
Le seul monument que j’ai retrouvé ressemblant à la Sarrasinière et datant de la même époque se trouve sur la route de Stora à l’ancienne Rusicade, en Algérie, appelée actuellement Skikda. Cet endroit était une ancienne colonie phénicienne, romanisée et consacrée à Vénus.
« Le monument gallo-romain dit la Sarrasinière à Andance » d’Yves Burnand
http://www.patrimoine-ardeche.com/visites/sarrasiniere_n.htm
http://skikda.boussaboua.free.fr/skikda_histoire_02_antiquite.htm