La cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône, historique
Le site fut occupé dès l’âge du Bronze (trace d’un habitat sur pilotis), puis au VII ème siècle avant notre ère, la tribu gauloise des Eduens s’y installa. Les romains se servirent de la situation idéale de l’endroit, au carrefour d’une voie navigable et de routes, pour y fonder Cabilonnum. Jules César choisit la ville pour y implanter un important poste d’approvisionnement pour ses légions. Saint Marcel, fuyant les persécutions de Lyon avec saint Valérien, remonta la Saône jusqu’à Chalon. Il y fut martyrisé en 177. Sa tombe devint un endroit de pèlerinage important, la ville fut dotée d’une première enceinte.
C’est aussi en ce lieu, suivant certains historiens, que l’empereur Constantin en octobre 312 eut la vision d’un signe céleste, juste avant une bataille décisive. La trace des camps de Constantin a d’ailleurs été retrouvée à Lux, à l’entrée de la ville. Ce signe flamboyant dans les nues représentait, d’après les chrétiens, le monogramme du Christ, accompagné des mots « in hoc signo vinces ».
Une explication que propose le planétarium de Munich : à cette époque, dans le ciel, les planètes Mars, Saturne, Jupiter et Vénus formaient une conjonction extrêmement rare : elles étaient parfaitement alignées. Les constellations du Capricorne et de l’Aigle dessinaient un P en arrière-plan, soit la lettre R dans l’alphabet grec… Ce qui est certain, c’est que Constantin se convertit sur son lit de mort en 337, et qu’à l’époque de sa visite à Chalon, il vénérait un autre dieu : Apollon, ou Mercure.
Hors, les fondations de la cathédrale de Chalon reposent sur un ancien temple païen. Il fut retrouvé une statue votive de Mercure dans le sanctuaire de la cathédrale en 1776, et un autel dédié au dieu Mars en 1850. Quoi qu’il en soit, le christianisme s’implanta durablement et au V ème siècle, des évêques furent placés à la tête de la cité : Chalon devint ville épiscopale en 449. En 542, l’ancienne église placée sous le patronage de saint Étienne fut placée sous le patronage de saint Vincent.
Un mérovingien, petit-fils de Clovis, choisit Chalon comme capitale de son royaume : Gontran, Roi de Burgondie, établit en 561 son palais face au “domaine” épiscopal. En 580, l’évêque saint Agricole fit agrandir la première église sur l’ancien rempart gallo-romain, qui, après avoir été détruite par les sarrasins, fut reconstruite par Charlemagne qui y convoqua un grand concile en 813, qui imposa à tous les moines la règle de saint Benoît, après celui de 647, où paraissent saint Ouen, saint Médard et saint Éloi, qui imposa à la Gaule les conclusions du concile de Nicée. A la fin du IX ème siècle, un chapitre d'une vingtaine de chanoines assistait l'évêque.
Entre 1090 et 1150, une cathédrale romane fut construite en trois étapes, dans le style roman, avec une forte influence provenant de l’abbaye de Cluny. Il en subsiste les chapelles à absidioles nord et sud, le rez-de-chaussée du chœur, les croisillons du transept, les piliers et les arcades de la grande nef, et les deux bas-côtés.
Puis des éléments gothiques furent rajoutés entre le XIII ème et le XVI ème siècle : l'abside et le chœur, la croisée du transept, de la chapelle du chevet et la salle capitulaire en 1230. Après 1310, les murs les voûtes de la nef.
En 1562, pendant les guerres de religion, les huguenots endommagèrent et pillèrent l’église. Entre 1624 et 1789, les évêques supprimèrent le jubé et les aménagements gothiques, le grand portail fut installé. De nouveau, la cathédrale souffrit d’importants dommages pendant la révolution française : le diocèse et le chapitre furent supprimés, le chœur démoli et ses pierres vendues.
Les clochers furent démolis, le cloître morcelé et vendu, le culte de la déesse de la raison prit place dans la cathédrale, qui servit peu après d'entrepôt à fourrage et d'atelier. La restauration des dégâts, en particulier ceux subis par la façade et le toit, ainsi que les nombreuses réparations que nécessitait l’intérieur, furent effectuées au cours du XIX ème siècle. En 1853, l’église fut attachée au diocèse d’Autun et devint une cathédrale.
Les habitants ont gardé quand même un goût très sur, eux qui pensent aux pauvres pèlerins sur la route des énergies positives.
Voir la carte ici.
La cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône, description
La façade fut refaite en 1827, première en France à adopter le style néo-classique. Elle remplace celle qui fut malheureusement détruite et qui comportait un clocher roman.
Le transept comporte une petite porte gothique, surmontée d’un tympan.
Un jardin entoure le chevet et longe l'absidiole nord romane, puis contourne l'absidiole gothique majeure.
L'édifice mesure près de 63 m de long à l'intérieur et la voûte principale s'élève à un peu plus de 24 m de haut. Il comprend trois nefs, dont une nef centrale, un transept saillant, un chœur et un sanctuaire. Il possède une longueur intérieure de 62,9 mètres et une largeur de 21,4.
A l’entrée principale, deux bénitiers en pierre monolithe : sur l’un décor de têtes de béliers, sur l’autre décor de têtes de lion.
La nef se compose de piliers flamboyants (pilastres cannelés, colonnes engagées et bases moulurées), assis sur des piliers romans datant de la seconde moitié du XII ème siècle. La greffe du gothique sur des bases romanes est bien visible.
Sur les arcs brisés, assis sur les piliers romans, d'inspiration clunisienne, ont été montés des faisceaux de colonnettes jusqu'à la voûte, de croisée d'ogives. Cette structure encadre deux étages de galeries. Au premier étage le triforium qui présente une balustrade pleine dans la nef et une ferronnerie tardive dans le chœur, et des colonnettes sans chapiteaux s'épanouissent en arcatures trilobées ou à chapiteaux à feuillage.
La nef s'achève, après sept travées, par une curiosité architecturale : une grande rose intérieure. Gothique, elle est percée au dessus de l'arc roman, qui sépare la nef centrale du transept. Il s'agit d'un vestige du temps où la nef, encore romane, couverte d'un plafond plat, était plus basse que le transept. Cet arc franchi, on arrive dans la croisée du transept, puis au chœur, qui est surmonté de deux marches. Comme la croisée du transept, il possède des piliers et des arcs romans, plus raffinés.
Pour accéder au sanctuaire, il faut franchir trois marches. Il est entièrement gothique, l'abside semi-circulaire a été remplacée par cette abside à cinq pans. Les trois fenêtres du rez-de-chaussée sont encadrées de deux colonnettes.
Les voûtes de certaines chapelles sont en gothique flamboyant, ainsi qu'un dais de pierre qui abritait le tombeau d'un évêque mort en 1480. Des grilles de pierre ou claustras ferment les chapelles du bas-côté sud, particularité du chalonnais.
Des éléments de peinture ancienne sont encore visibles, d'anciennes fresques du XV ème siècle ont été récemment restaurées ou dégagées : sur la voûte de l'absidiole nord un Christ pantocrator entouré des 4 symboles des évangélistes, une dormition et le couronnement de la Vierge.
Un triptyque de 1608 représente un Christ en croix avec des anges recueillant le sang des plaies, entre saint Anatole (ermite de Salins) et saint Loup, évêque de Chalon (vers l'an 800).
Une tapisserie, placée en 1965, provenant de Bruxelles, et datant de 1510, vient agrémenter le sanctuaire. En haut à gauche, Melchisédech, roi de Salem, offre à Abraham le sacrifice du pain et du vin. En bas à gauche, la manne tombe du ciel à la prière de Moïse, bâton levé vers la nuée : nourriture mystérieuse qui ne dure qu’une journée. En bas à droite, la Pâque juive : les hébreux debout, le bâton à la main, mangent l’agneau pascal et les herbes amères, nourriture de ceux qui sont en marche. En haut à droite, la Cène.
La voûte de la nef est ogivale, alors que les voûtes des bas-côtés sont des voûtes d'arêtes encore romanes, soutenues par des berceaux brisés.
Le transept est couvert de berceaux brisés.
http://www.chalon.fr/site/Accueil-1360.html
http://fr.wikipedia.org/wiki/Cath%C3%A9drale_Saint-Vincent_de_Chalon-sur-Sa%C3%B4ne
La cathédrale Saint-Vincent de Chalon-sur-Saône, les chapiteaux
Les chapiteaux ne sont pas tous romans. Ils sont sous le symbole d'un arbre à deux branches, schématisé en forme de Y. Le symbole des deux voies, masculine et féminine, chaude et froide, yin et yang, la dualité. Mais... celui qui peut les maitriser... Maitrise l'arbre de Vie, la connaissance.
Caïn et Abel et L'arbre de Vie, coté nord de la nef.
Chapiteau d'Alexandre : un épisode de la légende d'Alexandre le Grand, tenant deux lances, qui explora le ciel porté par des griffons. Le chapiteau est sans doute un réemploi de l'église du XI ème siècle.
Deux aigles, symboles solaires, posent leurs serres sur le lièvre, symbole lunaire illustrant la prolifération des œuvres de la Terre Mère, de la Vie, de leur régénération.
L'arbre de Vie de la connaissance, l'aigle à deux têtes parlant au roi et à la reine...
L’arbre de Vie, au-dessus des têtes de deux personnages.
De leur bouche sortent des rameaux, donnant des fruits.
Le palais épiscopal de Chalon-sur-Saône
L'existence d'un évêché est attestée près de la muraille dès le V ème siècle. Il englobait d'ailleurs une partie de celle-ci dès le IX ème siècle. L'évêque, seigneur de la moitié de la ville au moyen-âge, joua un rôle majeur jusqu'en 1789. Le plus illustre d'entre eux est Pontus de Tyard, poète membre de la Pléiade et humaniste qui prôna la tolérance lors de la crise religieuse au XVI ème siècle. L'évêché actuel fut entièrement reconstruit aux XVII ème et XVIII ème siècles, dans un souci d'affirmation du pouvoir épiscopal.
Il se compose de trois bâtiments, d'abord organisés autour de trois cours, le premier étant installé sur la muraille elle-même, relié à une des tours d'enceinte où l'on trouvait, fin XVIII ème, les archives. L’entrée était magnifiée par un portail en pierre de taille, caractéristique du règne de Louis XIV, en hémicycle surmonté de vases de pierre. Jusqu'en 1864, un bâtiment "passerelle" permettait à l'évêque de rejoindre la cathédrale sans passer par la rue.