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lieux sacrés

28 juillet 2023

L'abbaye Notre-Dame-de-Ré de La Flotte-en-Ré

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 3

L’abbaye cistercienne Notre-Dame-de-Ré, dite des Châteliers, fut fondée en 1156 par l’entremise d’Isaac, abbé de l’Étoile à Archigny en Poitou et de Jean, abbé de Trizay, et ce grâce aux dons du seigneur de l’ile de Ré, Eble de Mauléon, seigneur de Châtelaillon et de Ré. Elle doit son nom au lieu-dit où elle fut bâtie, le Breuil Chasteliers, le bois du petit château. Effectivement, une place forte existait déjà à l’époque, qui fut détruite plus tard.

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 5Affiliée à Pontigny en Bourgogne, ce fut l’une des rares implantations de l’Ordre de Cîteaux en Aunis et en Saintonge. Isaac de l’Étoile vint y trouver refuge en 1166 lorsqu’il prit parti pour l’archevêque Thomas Becket face à Henri 1er, roi d’Angleterre.

Abbaye des Châteliers ND de Ré 24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 10Aux XIIe et XIIIe siècles, l’abbaye, qui bénéficie d’un site stratégique, non loin du lieu d’accostage principal de l’ile, prit une importance considérable. Elle reçut nombre de dons successifs et prit le contrôle de la plus grande partie des terres rétaises. Sous l’impulsion des moines, les bois et forêts reculèrent au bénéfice de la vigne et les premiers marais salants ainsi que les écluses à poissons virent le jour.

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 8Dès la fin du XIIIe siècle, l’abbaye subit de nombreuses destructions lors d’attaques successives : durant la Guerre de Cent ans, lors de l’attaque de la flotte anglaise en 1294, et au cours des Guerres de Religion, en 1388 puis en 1462. Lassés, les moines abandonnèrent définitivement le site en 1574 après une dernière attaque des Huguenots. Données en 1623 à l’Oratoire Saint-Honoré de Paris, l’abbaye servit de carrière de pierres pour la construction du fort la Prée en 1625 : les bâtiments conventuels furent détruits. Seul de chœur fut conservé pour servir de chapelle dédiée au culte de saint Laurent, dont les Oratoriens favorisaient la dévotion. D’importantes cérémonies eurent lieu lors de la fête patronale.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 7A partir du XVIIe siècle, l’église Notre-Dame fut donc appelée chapelle Saint-Laurent. Désaffectée en 1793, vendue comme bien national, ce fut la commune de La Flotte qui récupéra ses vestiges dès 1795.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 1aDe 1850 à 1960, le sommet de la façade fut peint en noir pour servir d’amer (un amer est un point caractéristique à terre, utilisé par les marins comme repère, qui se distingue de la côte par sa hauteur ou sa couleur. Il s'agit souvent d’un phare, d'une église, d’un château d'eau, d'une antenne). Depuis les années 1960, des travaux de consolidation, de reconnaissance archéologique et de mise en valeur sont entrepris par la municipalité et les services de l’État.

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 2aLes fouilles archéologiques permirent de mieux connaitre l’aménagement du site et son décor. Dans les années 1990, des campagnes mirent à jour, dans l’église, de nombreuses sépultures du XIIe siècle ainsi que des carreaux de pavage de la fin du XIIIe siècle en argile rouge et blanche, estampés de motifs végétaux et animaliers. L’abbaye des Châteliers est la seule abbaye cistercienne de Charente-Maritime à avoir conservé quelques vestiges de ses murs originels.

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 21De la première construction romane de l’abbatiale il ne subsiste que quelques chapiteaux. Les ruines actuelles sont celles d’une grande église gothique à la fin du XIIIe siècle, au début du XIVe et transformée au XVe.

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré plan 1

Le plan (à nef unique de deux travées dont les voûtes d’ogives se sont écroulées, le chœur à chevet plat et les chapelles rectangulaires alignées sur le transept) est conforme aux schémas des églises cisterciennes des XII et XIIIe siècles dans l’ouest de la France.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré plan 2Voici une reconstitution de l’abbaye telle qu’elle devait être au XIIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 12Les deux types de fenêtres latérales, de la nef et du chœur, les moulures des voûtes ainsi que les chapiteaux ornés de motifs végétaux stylisés en crochets vont dans le sens d’une datation de la construction dans la première moitié du XIVe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 22On trouve dans le chœur trois petites niches. L’une servait aux ablutions, et les deux autres, ornées de barreaux, recueillaient les objets liturgiques et sacrés.

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 20La grande fenêtre du chevet témoigne des réparations effectuées au XVe siècle, à l’issue de la Guerre de Cent ans.

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 17Le transept présente deux croisillons dotés de petites chapelles rectangulaires dont il ne reste que les fondations.

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 13Devant l’église, un escalier s’enfonce dans une ancienne cave, probablement à l’emplacement du cellier qui fermait le cloitre à l’ouest. Entre le cellier et le réfectoire se trouvait sans doute la cuisine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 14Des bâtiments conventuels il ne reste pratiquement plus rien. On distingue le carré du cloitre avec un jardin en son centre.

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 16Au nord du cloitre s’élevait le réfectoire dont il ne reste qu’un pan de mur.

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 11La salle capitulaire est représentée par des murs arasés et un sol empierré.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Abbaye des Châteliers ND de Ré 6L'ensemble fait l’objet d’un classement au titre des Monuments Historiques depuis 1901.  

Abbaye des Châteliers ND de Ré 18

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame-de-R%C3%A9_dite_des_Ch%C3%A2teliers

https://www.cestenfrance.fr/abbaye-notre-dame-de-re-dite-des-chateliers/

https://www.ile-blanche.com/actualites/abbaye-des-chateliers/

https://www.patrimoine-histoire.fr/P_PoitouC/IledeRe/Ile-de-Re-Abbaye-des-Chateliers.htm

https://www.bernezac.com/Re_Chateliers.html

http://www.lesportesdutemps.com/archives/2020/09/14/38534620.html

https://www.fondation-patrimoine.org/les-projets/abbaye-des-chateliers-la-flotte

https://www.sudouest.fr/charente-maritime/la-flotte/l-abbaye-des-chateliers-a-la-flotte-en-re-une-histoire-mouvementee-8653691.php

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27 juillet 2023

La Couarde-sur-Mer

 

L’église Notre-Dame de l’Annonciation

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 2La Couarde, petit hameau de pêcheurs et de sauniers, existait déjà au XIe siècle. Il est fait mention d'une chapelle en 1476, détruite en 1574 et rebâtie au début du XVIIe siècle. Celle-ci tomba en ruine et vers 1740, la population se mobilisa pour la reconstruction d'une nouvelle église, plus vaste que l'édifice actuel.

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 1Lors de la révolution, en 1792, elle fut transformée en Temple de la Vérité. Pendant la première moitié du XIXe siècle, l'édifice se dégrada et le 7 juin 1850 une partie de la toiture s'effondra. Plusieurs projets de reconstruction virent le jour, mais ce n'est que le 11 juin 1857 que le premier coup de pioche de la nouvelle église fut donné.

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 7L'architecte Ernest Massiou décida d'agrandir la nef et de réduire le chœur, le tout dans un bel exemple de style néo-gothique.

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 8

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 6Le clocher-porche ouvert par de grandes arcatures reste très original.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 10La première messe eut lieu le jour de Noël 1867. La dédicace se fit le jour de l'Annonciation, même si l'église fut dédiée aussi, depuis fort longtemps, à saint Roch, dont la fête se célébrait le dimanche suivant l'Assomption. Une très belle statue du saint trône sur un autel secondaire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 5L'épigraphe " République Française - Liberté, Egalité, Fraternité" fut gravée au fronton. Cette devise, adoptée en 1848 par la Seconde République, rappelle la séparation de l'Église et de l'État.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 13Le chœur est voûté d'ogives aux nervures profondes et couvert d'un ciel étoilé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 9L’architecte conserva l'autel, les fonds baptismaux, les statues ainsi que les ex-voto de l'ancienne église qui datent du XVIIIe siècle.

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 12L’un d’entre eux est un modèle de thonier à voiles des années 1930. Il a pour nom "le Jean-Baptiste". Sur le mât principal apparaît un pavillon aux couleurs vert, blanc et orange, correspondant au drapeau irlandais, ile dont s'approchaient les thoniers lors de leur campagne de pêche. La coupe du navire et son tableau arrière ajourée montrent qu'il s'agit bien d'un navire de pêche de la région. Sur celui-ci le bout-dehors est remonté et le navire est armé pour la pêche au thon, les tangons étant à poste.

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 14

26 juillet 2023

Loix

 

L’église Sainte-Catherine d’Alexandrie

 

Loix Sainte-Catherine 2La paroisse de Loix fut fondée au début du XIVe siècle mais c'est dans un document du diocèse de Saintes de 1404 qu'apparait pour la première fois le nom de l'église, Sancta Catarina de Legibus. Legibus, en latin, veut dire les lois, ce qui pourrait être une confusion homonymique avec le terme l'oye, l'ile.

Loix Sainte-Catherine 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 4Après plusieurs destructions, il a fallu presque un siècle, de 1627 à 1726, pour que l'église soit reconstruite et aménagée. En 1827 l'écroulement de la charpente conduisit l'architecte Antoine Brossard à agrandir l'édifice. Elle fut consacrée en janvier 1831.

Loix Sainte-Catherine 7

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 11Le nouveau bâtiment, de style néo-classique, s'appuie sur la façade occidentale et le clocher porche de l'ancienne église qui ont été conservés. L'entrée de l'église se fait par la façade méridionale, la porte originelle, sur la façade occidentale, fut murée.

Loix Sainte-Catherine 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 5L'épigraphe " République Française - Liberté, Egalité, Fraternité" fut gravée au début du XXe siècle, laissant une trace de la loi décidant de la séparation de l'Église et de l'État.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 18Dans le cimetière attenant à l'église se trouve le tombeau Fournier. Cette sépulture est un remarquable exemple de l'art funéraire du XIXe siècle. Il a été réalisé en 1876 par Gabriel Jean-Baptiste Fournier, maçon de la commune, lors de la mort de son fils unique à l'âge de 18 ans.

Loix Sainte-Catherine 20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 17Il fit alors réunir dans une même sépulture son père, son frère et ses deux soeurs. Les quatre enfants furent rassemblés au centre et les parents se faisaient face sur un des côtés. Acquis par la commune, le monument furent restaurés en 2017.

 

Loix Sainte-Catherine 19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les ex-voto marins

La Couarde-sur-Mer, église Notre-Dame 14« Selon le vœu fait », telle est la définition des mots « ex-voto », contraction de l’expression latine « ex voto suscepto ». L’ex-voto, dont l'origine remonte d'avant les Phéniciens, est le symbole de la foi et de la reconnaissance. Bien souvent il est lié à une fortune de mer (bateau perdu dans la tempête ou drossé sur les rochers). Il peut aussi être lié à une expédition militaire ou lointaine pour la marine de guerre, un voyage au long cours pour les bâtiments de commerce. Quand le marin se trouvait en danger face aux éléments déchaînés ou lors d’un théâtre d’opérations de guerre, il se vouait alors à la Vierge Marie, Notre Dame, en général celle de son village natal. C’est pourquoi, il lui offrait à son retour, en guise de remerciement selon le vœu fait, une réplique de bateau, un diorama, une peinture, voire une pièce du navire, du gréement ou tout simplement un cordage ou un bout.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 10L'église de Loix conserve l'une des plus anciennes maquettes ex-voto de l'ile de ré. Il s'agit d'une frégate à deux étages de sabords et trois mâts datant du XVIIIe siècle. Elle est armée de 44 canons répartis sur deux ponts.

Loix Sainte-Catherine 6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 9Une autre maquette, celle d’un cotre de course, le "Tikocco", fut réalisée après le drame de la Fastnet. La Fastnet Race est une course de navigation à la voile en équipage et sans escale, se disputant les années impaires en Manche et en mer Celtique, de Cowes à Plymouth, en allant enrouler Fastnet Rock, îlot du sud-ouest de l'Irlande. Lors de l'édition 1979, la course essuya une tempête qui reste comme l’une des plus violentes enregistrées à ce jour dans la région. Le 11 août, 306 voiliers prirent le départ à Cowes. Le drame eut lieu le 14 août lorsqu'une tempête de force 10, et même par endroits de force 11, décima la flotte : 75 bateaux chavirèrent, cinq coulèrent et 18 marins perdirent la vie malgré les importants moyens de secours mis en œuvre par plusieurs pays (plus de 4000 hommes furent mobilisés). La maquette fut offerte en reconnaissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 12

 

Loix Sainte-Catherine 16

 

 

 

Loix Sainte-Catherine 15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://www.ex-voto-marins.net/pages/origine.html

3 juillet 2023

L’abbaye de Silvacane

 

Silvacane 1Autrefois appelée Sauvecanne, l’abbaye cistercienne de Silvacane tire son nom du latin silva cannorum, la forêt de roseaux. Les moines ont en effet asséché les marais sur la rive gauche de la Durance pour en construire les premiers bâtiments.

 

 

 

 

 

Silvacane 29

 

 

Elle fait partie des « trois sœurs provençales », avec Sénanque (Var) et Le Thoronet (Vaucluse). Contrairement à ses deux sœurs, issues de l’abbaye de Mazan, elle-même fille de Bonnevaux, fille de Cîteaux, Silvacane est issue de l’abbaye de Morimond en Haute-Marne, elle-même quatrième fille de Clairvaux. Toutes trois cisterciennes, elles n’ont pourtant pas la même filiation. Silvacane est la plus récente des trois et reste la seule sans activité conventuelle.

 

Silvcane plan d'ensemble 1a

1 Porterie

11 Salle capitulaire

2 Hôtellerie

12 Escalier

3 Bâtiments liés à l’hôtellerie, boulangerie

13 Parloir

4 Cellier

14 Scriptorium

5 Cimetière

15 Réfectoire

6 Source

16 Cloitre et lavabo

7 Jardin des moines et bassin

17 Fontaine

8 Abbatiale

18 Citerne

9 Armarium

19 Bassin moderne

10 Sacristie

 

 

Historique

Silvacane 2Ce sont donc des moines cisterciens de l’abbaye de Morimond qui furent envoyés en 1145 sur ces terres appartenant à l’abbaye Saint-Victor de Marseille.

 

 

 

 

 

Silvacane 20Sur place se trouvait une hostellerie du XIe siècle (la première trace écrite date de 1030) construite sur l’emplacement de l’église d’un ancien ermitage par des moines pontiers au niveau du gué de Gontard (un bac reliait alors les deux rives à l’aide de cordes tendues), ceux-là même qui avaient décidé, suite au passage de saint Bernard dans le Languedoc, de s’affilier à Cîteaux.

 

 

 

Silvacane 16Grâce aux donations de Bertrand des Baux (Bertran dels Baus) et de son épouse Thiburge d’Orange (Tibors de Sarenom), célèbre trobairitz (féminin de troubadour), l’abbatiale fut commencée en 1175. Othon, demi-frère de l’empereur Conrad III de Hohenstaufen en fut le premier abbé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Valsaintes 1L’abbaye reçut de nombreux dons des familles nobles locales et se retrouva sous la protection des comtes de Provence, ce qui lui permit de se développer et d’étendre son influence entre les XIIe et XIIIe siècles, suscitant la jalousie de l’abbaye de Montmajour. Une abbaye-fille, Valsainte, fut même fondée sous l’autorité du cinquième abbé, Norbert, en 1188. Pas n’importe où d’ailleurs, près d’Apt, sur un ancien site sacré dédié à Bélénos près de la source du Calavon.

 

 

 

 

 

Silvacane 27aÀ la fin du XIIIe siècle, vers 1289, les bénédictins de Montmajour envahirent l’abbaye et en chassèrent les moines. S’ensuivit un lent déclin. Survint alors la grande peste entre 1347 et 1342 qui fit des ravages au sein de la communauté. L’abbaye fut ensuite pillée en 1358 par une troupe de mercenaires menée par Rican Corvi, seigneur d’Aubignan. En 1364, le froid fit périr les oliviers et une grande partie des vignes, enlevant à l’abbaye des revenus conséquents. Entre 1413, l’abbé Jean Salsine quitta même les lieux pour aller se réfugier à Valmagne. Les moines ne revinrent qu’en 1420 et commencèrent à bâtir le nouveau réfectoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane 8En 1440, une crue de la Durance fait de nombreux dégâts. L’abbaye fut rattachée au chapitre de la cathédrale d’Aix-en-Provence en 1455 et l’abbatiale devint simple église paroissiale de la Roque-d’Anthéron en 1513.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 6Les guerres de Religion n’arrangèrent pas les choses : à la fin du XVIe siècle, Silvacane servit de carrière de pierre et en 1742 l’église est abandonnée. L’abbaye, très dégradée, fut déclarée bien national lors de la Révolution et vendue en lot comme exploitation agricole à des protestants. Le réfectoire devint grenier à foin, la nef pigeonnier et la salle capitulaire écurie.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 18Silvacane fut rachetée à ses propriétaires le 30 janvier 1846 par le préfet et l’État français dépêcha deux architectes des Monuments historiques pour sa rénovation, Henri Révoil puis Jean Camille Formigé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 16Le site fut classé en 1945, les premières fouilles débutèrent en 1952 et le site fut ouvert au public. La commune de la Roque-d’Anthéron en devint propriétaire le 9 juin 2008 et l’abbaye accueille maintenant des concerts, comme par exemple lors du festival de piano de La Roque ou du festival international du quatuor à cordes du Luberon et des expositions d’art contemporain. Vu la qualité de celle que j’ai vue, les moines qui n’en demandaient pas tant doivent se retourner dans leurs tombes. Mais bon, comme on dit, des goûts et des couleurs…

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’abbatiale

Silvacane Plan 0aConstruite entre 1175 et 1230, mesurant 39,20 mètres de longueur, elle présente un plan en croix latine et comprend une nef centrale, deux bas-côtés et un transept dont les bras sont pourvus de chapelles à chevet plat.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane 3L’abbatiale est un exemple d’architecture cistercienne de transition, mélangeant le style roman et le gothique. C’est l’un des premiers monuments majeurs à utiliser la voûte en berceau brisé, caractéristique de l’architecture de transition roman-gothique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 3En raison de la forte déclivité du terrain du côté nord, le plan du collatéral sud est plus élevé que le reste de l’église.

Silvacane plan coupe 1 jpg

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane 15La façade ouest est divisée en trois parties par deux puissants contreforts. Le tympan, surmonté de voussures, est orné de l’agneau pascal portant un étendard, blason des chanoines d’Aix-en-Provence. Il est surmonté par trois baies en plein cintre puis d’une petite rosace à huit lobes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane Bacini 7aAu-dessus, trois trous ronds posés en triangle où s’intégraient des bacinis, coupes en céramiques décorées de motifs islamiques recouvert d’une glaçure brillante.

 

Silvacane Bacini 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane Bacini 1aCes petites bassines étaient fabriquées au Moyen-Orient, au Maghreb et en Espagne. On en retrouve en Italie et dans le sud de la France. Les trous sont placés au sommet d’angles remarquables ayant servi à l’élévation de la façade. (108° pour l’angle de la toiture des collatéraux, 90° qui positionne au sol la longueur du transept, 72° celle de la nef, 60° la limite des trois baies, 36° tangent à la rosace, 18° qui encadre la baie centrale et le portail)

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane 18Le clocher, posé sur la croisée du transept, reste inachevé. Il possède des baies géminées en plein cintre séparées par une colonnette.

 

Silvacane 17

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 2La nef à trois travées est voûtée en berceaux brisés qui reposent sur des colonnes engagées, supportées par des culots. Sa hauteur atteint les 15 mètres.

 

 

 

 

 

Silvacane église 12Une particularité due à l’orientation de l’axe selon la dédicace (15 août, fête de la Dormition de marie) : ce jour précis, un rayon du soleil couchant vient taper sur un pilier du collatéral nord. C’est aussi à cause de la dédicace que l’axe de l’église n’est pas exactement orienté sur la ligne est/ouest.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 13Dans le collatéral sud se trouve le caveau, restauré en 1940, que l’on attribue à la famille des Baux. C’est là que serait enterré Bertrand des Baux et son épouse Tibors. Ce caveau particulier est appelé un pourrissoir : on déposait le corps sur des barres transversales de pierre ou de bois qui permettaient, une fois le corps décomposé, de faire tomber les os dans le fond permettant ainsi l’arrivée d’un nouveau corps sur les barres.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 17Les chapiteaux carrés sont ornés de feuilles d’eau. La feuille d’eau est un motif ornemental inspiré des feuilles de lotus, utilisé dans le style de transition entre le roman et le gothique dans les abbayes cisterciennes. Cette sculpture est devenue le symbole de Cîteaux.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 5Le transept est couvert d’une croisée d’ogives de style gothique.

 

Silvacane église 6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 7aLe chœur, achevé en 1192, est de nouveau paré d’une voûte en berceau brisé. L’autel est d’origine. Il reste des traces de peintures murales datées du XIVe siècle avec la représentation d’une Vierge et de figures de moines.

 

 

 

Silvacane église 8

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 1Le chevet carré aussi large que la nef est plat et éclairé par trois fenêtres romanes en plein cintre et un oculus à huit lobes.

Silvacane église 11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane église 4L’harmonie des proportions, la précision de la taille des pierres et le fini des chapiteaux, pourtant très sobrement ornés, témoignent de l’apogée de l’architecture cistercienne de l’époque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cloitre

 

Silvacane cloitre 25Attenant au mur nord de l’abbatiale, construit entre 1250 et 1300, il est formé de quatre galeries voûtées en berceau sur leur longueur, mais ses angles sont voûtés en ogives.

 

Silvacane cloitre 4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 2Compte tenu de la déclivité du terrain, son sol est à 1,60 mètres en-dessous de celui de l’église.

Silvacane cloitre 9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 16Les murs, très épais, sont percés de portes et de baies en plein cintre autrefois découpées en deux baies géminées décoré d’un oculus dans la partie supérieure au centre du tympan.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 18Une de ces arcades a été reconstituée dans la galerie nord.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 23Plusieurs piliers carrés sont sculptés en bas-relief de feuilles d’orchis et les colonnes sont décorées de feuilles d’eau.

 

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 17Dans un angle du jardin, face au réfectoire, une partie de l’emmarchement de la fontaine circulaire fut reconstituée avec des fragments d'origine retrouvés lors de travaux dans les années 60 et remise en place. Les pierres sont décorées d’anneaux et de colonnettes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 26Ce lavabo était alimenté par une source située à l’est qui fut canalisée par les moines jusqu’à l’abbaye. Très abondante il y a encore peu de temps, elle s’est progressivement tarie et ne coule plus depuis 2005.

 

Silvacane cloitre 19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'armarium claustri

Silvacane armarium 4aCe mot latin, issu de arma, outils, ustensiles ou instruments, et de claustrum, le lieu clos, le cloitre, désignait une niche dans un mur servant à ranger des objets. Notre armoire en est la descendante. Dans un monastère, l’armarium contenait des manuscrits et des livres de liturgie et d’étude, utilisés pour la lecture durant les repas et souvent reproduits par les moines copistes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane armarium 3aDans les abbayes d’importance, les premiers armariums, situés dans le cloitre entre l’abbatiale et la salle capitulaire, devinrent des pièces à part entière, prémices des scriptoria, futures bibliothèques.

 

 

 

 

 

Silvacane armarium 5aL’inventaire de 1269 atteste à Silvacane la présence de 102 ouvrages qui traitaient de médecine, de géométrie, de musique et d’astronomie. On y trouvait aussi les ouvrages d’auteurs classiques tels que Platon, Horace et Aristote.

 

 

 

 

 

Silvacane chauffoir 7Silvacane est riche en armariums. Quatre dans le scriptorium, face à la cheminée.

 

 

 

 

 

Silvacane cloitre 29Dans les galeries du cloitre nous en avons deux autres, formés de deux baies en plein cintre séparées par un pilier droit. On voit encore la trace des rainures portant les étagères. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane armarium 2Puis nous avons ce que nous pourrions qualifier de bibliothèque, une petite pièce voûtée d'environ 8m² dont l’entrée est formée de deux baies séparées par une fine colonnette à chapiteau. Juste au-dessus, une cavité circulaire devait recueillir, comme sur la façade ouest de l’église, une céramique ornementale, un bacini.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La salle capitulaire

Silvacane capitulaire 2Construite entre 1210 et 1230, ses dimensions sont basées sur deux rectangles d’or mis côte à côte. On appelle rectangle d'or un rectangle tel que le rapport des mesures de sa longueur et de sa largeur soit le nombre d'or φ (environ égal à 1,618), c'est à dire tel que son format vérifie L sur l = φ. Voir sur cette vidéo une animation simple de la réalisation d’un tel rectangle.

Silvacane capitulaire 6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane capitulaire 3Il faut descendre quatre marches pour y accéder de la galerie est du cloitre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane capitulaire 4Elle possède six voûtes sur croisées d’ogives qui reposent au niveau des murs sur des culots à chapiteaux et au centre de la pièce sur deux imposantes colonnes. La première, ornée de cannelures torses, fut refaite à l’identique en 1960. L’autre est formée de quatre colonnettes jointes. Leurs chapiteaux sont décorés de feuilles d’eau.

 

 

 

Silvacane capitulaire 8L’entrée est entourée de deux baies géminées en plein cintre séparées en deux par une colonnette.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le scriptorium

Silvacane chauffoir 13Construit entre 1210 et 1230, comme la salle capitulaire attenante, restauré en 1960, ses dimensions sont basées sur un rectangle d’or simple.

 

 

 

 

 

 

Silvacane chauffoir 10Cette salle, appelée aussi chauffoir ou encore salle des moines, est la seule de l’abbaye à posséder une cheminée, avec bien sûr la cuisine et souvent l’infirmerie. Les moines copistes avaient droit à un traitement de faveur. 

Silvacane chauffoir 8

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane chauffoir 12Comme la salle du chapitre, le scriptorium est couvert de six voûtes sur croisées d’ogives retombant sur deux colonnes plus massives, à chapiteaux ornés de feuilles d’eau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane chauffoir 2La cheminée est adossée au mur est.

 

Silvacane chauffoir 5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane chauffoir 11Proche de la cheminée, une fenêtre à meneau, donnant au nord, fut construite au XVe siècle par les chanoines du chapitre d’Aix-en-Provence. Des bancs, appelés coussièges, furent aménagés dans l’embrasure de la fenêtre, ce qui permettait de profiter de la lumière pour effectuer de petits travaux ou lire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le dortoir

Silvacane dortoir 2Situé au niveau supérieur de l’aile est, on y accède par deux escaliers. Le premier, qui arrive en son centre, est ouvert dans la galerie ouest du cloitre entre la salle capitulaire et le parloir.

Silvacane dortoir 7

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane dortoir 9Le deuxième le relie directement avec le bras nord du transept, ce qui permettait aux moines d’accéder à l’église rapidement lors des offices de nuit.

 

 

 

 

 

 

Silvacane dortoir 6Cette salle immense, voûtée en berceau brisé sur quatre arcs doubleaux de section rectangulaire, mesure 33 mètres de long sur 7 mètres de large. Elle fut restaurée en 1995.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane dortoir 10Sur le mur est, en face de l’escalier, une prière fut peinte avec des pigments naturels par les chanoines du chapitre d’Aix-en-Provence au XVIIe siècle.

Silvacane dortoir 11

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane dortoir 5Les paillasses des moines étaient disposées chacune sous une baie.

Silvacane dortoir 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane dortoir 4Une porte à l’ouest menait à la terrasse située au-dessus des galeries du cloitre, une autre au nord donnait accès aux latrines.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le réfectoire

Silvacane refectoire 1La pièce, rectangulaire, fut terminée à la fin du XIIIe siècle et reconstruite en 1420 par l’abbé Boniface. Elle mesure 25 mètres de long et 7,90 mètres de large. Le style en est gothique : la salle, divisée en quatre travées par des arcs doubleaux, est couverte de hautes voûtes sur croisées d’ogives. Les chapiteaux sont décorés de feuillages très travaillés.

Silvacane refectoire 3

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane refectoire 4La pièce est éclairée par une rosace ouverte sur le mur occidental.

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane refectoire 2Les trois fenêtres hautes à lancettes trilobées, partagées par un fin linteau, apportent aussi la lumière du nord.

 

 

 

 

 

Silvacane refectoire 5Dans le mur sud, très épais, est taillé un escalier menant à une petite chaire. C’est là que le moine préposé à la lecture s’installait.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le parloir

Silvacane Parloir 1Cette pièce toute en longueur reliait le cloitre aux jardins en terrasses où se trouvaient le potager et le verger. Elle était utilisée comme parloir, c’est-à-dire que les moines, soumis ailleurs à la règle du silence (sauf dans la salle capitulaire), avaient l’autorisation d’y parler entre eux. 

 

Silvacane Parloir 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les points d’eau

Silvacane Plan eau 1a

Silvacane 9Silvacane fut construite au bord de la Durance qui n’est qu’à quelques centaines de mètres. Mais les moines avaient besoin d’eau, pour l’irrigation, la cuisine, mais aussi pour la purification et bien d’autres choses.

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane 11La source principale, située à l’angle sud/est de l’abbaye, passait sous les latrines et alimentait une canalisation qui traversait les jardins à l’est, en alimentait le bassin, puis passait sous le cloitre pour remplir le lavabo, le traversait jusqu’à la fontaine située à l’ouest et continuait jusqu’à la citerne au nord. Une autre source, au sud, plus petite, passait près de l’hôtellerie.

Silvacane jardin 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Silvacane 27aUn des canaux fut prolongé au XVe siècle pour alimenter le grand bassin qui servait de vivier et qui, aujourd’hui, abrite des carpes Koï et de beaux nénuphars.

Les cours d’eau souterrains principaux, d’après les recherches radiesthésiques de Jean Guyou, qu’il développe dans son essai sur Silvacane, sont au nombre de deux, situés à une vingtaine de mètres de profondeur.

Silvacane 25

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La porterie et l’hôtellerie

Silvacane Hôtellerie 1Au XIIe siècle l’entrée s’effectuait par la porterie, qui n’existe plus que sous forme de vestiges à l’ouest de l’abbaye. L’arrivée se trouvait donc en face de l’abbatiale, près de l’hôtellerie bâtie sur plusieurs périodes et dont les différents bâtiments ne suivent aucun plan.

 

Silvacane Hotellerie 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

   

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_de_Silvacane

https://fr.geneawiki.com/index.php?title=Abbaye_de_Silvacane&mobileaction=toggle_view_desktop

http://jeanmarieborghino.fr/temoins-passe-labbaye-de-silvacane/

https://fr.geneawiki.com/index.php/Abbaye_de_Silvacane

Jean Guyou, Silvacane, proportions sacrées et nombre d’or.

19 juin 2023

L’abbaye de Ganagobie

Pour une meilleure compréhension symbolique de l'ensemble, n'hésitez pas à cliquer sur les liens de couleur rouge ou beige dans le texte, ils vous emmèneront sur une page dans un nouvel onglet.

 

Le plateau

 

Ganagobie plateau plan 1aL’abbaye de Ganagobie fut construite au sommet d’un plateau rocheux ovale formé il y a 25 millions d’années dans le bassin de Forcalquier qui était à cette époque reculée recouvert par la mer.

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 51Il domine la vallée de la Durance du haut de ses 350 mètres avec ses falaises abruptes de calcaire du Miocène posées sur une base de marnes de l’Oligocène qui forme un talus boisé. Sur le plateau qui servit de carrière pour la construction de l’abbaye et du village, certains affleurements plus riches en grains de quartz permirent la fabrication de meules pour les moulins à huile et à blé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Étymologie

Ganagobie 53Le nom de Ganagobie provient de la racine ligure gan/kan/car, le rocher, associé à la racine celte gob/gov, la courbe, le cercle (mais aussi le forgeron). Certains pensent que le nom vient du gaulois tanno, le chêne, d’autres de gan et de kopp, la source, ce qui ferait de Ganagobie le plateau de la source, d’autres encore font dériver le nom de l’occitan cana, roseau, et gòbia, tordu. Une légende locale parle même d’une chienne boiteuse, cana gobi, qui aurait trouvé refuge en ce lieu. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie cloitre 1Le monastère apparait pour la première fois dans un texte du Xe siècle en tant que cella Ganagobiacensis puis podium Ganaguobiense qui se transforme en Canagobiensis puis en Ganagobiæ.

 

 

 

 

 

Historique

 

Ganagobie pont romainLe site de Ganagobie, avec ses abris sous-roche, fut habité dès l’Âge du Bronze, vers 2000 ans avant notre ère. Sa configuration en fit un lieu stratégique où un peuple gaulois, les Sogionti, construisit un oppidum, devenu plus tard le village de Villevieille. Il semblerait ensuite qu’une villa gallo-romaine s’y soit installée, près de la via Domitia, route très fréquentée qui reliait l’Italie à l’Espagne, qui suivait la vallée de la Durance, dont il reste un pont romain qui enjambe le ravin du Buès.

 

 

 

 

 

Ganagobie 52Apparut ensuite un premier foyer chrétien sur le plateau avec quelques ermites anachorètes installés dans les grottes, devenant cénobites en fondant le premier monastère avec une église bordée d’un cimetière dont il ne reste rien (quelques tombes furent retrouvées datant des VIe et VIIIe siècles, dont celle d’un abbé avec son bâton pastoral).

Ganagobie 82a

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 24Vers 965, l’évêque de Sisteron Jean III qui probablement l’avait fait reconstruire (l’église fut dédiée à Notre-Dame), en fit don à l’abbaye de Cluny qui avait à sa tête l’abbé saint Mayeul, originaire de Valensole (proche de Ganagobie). Il fit de Ganagobie un lieu d’importance. Le monastère s'enrichit rapidement de donations diverses, notamment aux XIIe et XIIIe siècles, de la part des comtes de Forcalquier. L’église fut agrandie à cette époque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 11Vers 1471, la peste noire et la guerre de Cent Ans dépeuplèrent l’endroit. Les guerres de Religions finirent de le saccager : en 1562, les Huguenots, réfugiés au monastère, en furent délogés par le gouverneur de Provence qui fit abattre la voûte de l’église et le logis prioral afin d’éviter qu’ils n’y reviennent. Après un sursaut au XVIIe siècle, le monastère périclite jusqu’à la Révolution et il est vendu comme bien national. En 1794, le directoire du district de Forcalquier fit démolir à la masse les transepts et le chœur de l'église ainsi que la partie orientale du monastère.

 

 

Ganagobie 89En 1891, ce qui reste du monastère est cédé par son propriétaire, le comte de Malijai, à l’abbaye bénédictine de Sainte-Marie-madeleine de Marseille. Les moines restaurèrent le cloitre et retrouvèrent d’antiques mosaïques en 1898 en déblayant l’église avant de s’exiler en Italie en 1901. De gros travaux commencèrent en 1953 : les Monuments Historiques reconstruisirent l’église.

 

 

 

 

 

Ganagobie 87Le chevet et les absides furent relevés entre 1960 et 1975 avec les pierres restées sur place, et les mosaïques, restaurées en atelier, furent replacées dans le chœur en 1986. La communauté s’installa à l’abbaye d’Hautecombe en Savoie d’où quelques moines partirent retrouver Ganagobie en 1987. L’ensemble de la communauté reprit possession des lieux en 1992 et le prieuré devint abbaye.

 

 

 

 

L’église

 

Ganagobie plan 1bConstruite au XIIe siècle sur l’emplacement d’anciennes constructions (deux églises préromanes retrouvées lors des fouilles en 1960), consacrée à Notre-Dame de l’Assomption, elle comporte une nef à trois travées.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 22Primitivement charpentée, elle est voûtée en berceau brisé sur doubleaux reposant sur des pilastres plaqués contre les piliers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 16La tribune est accessible par un escalier du XVIIe siècle. Elle est décorée de modillons.

 

Ganagobie 31

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 12La nef est prolongée par un double transept. Le bras nord du premier transept est voûté en berceau brisé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 63Le transept donne sur un chœur à trois absides.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 68Côté sud, une statue de la Vierge en majesté est datée du XIIIe ou XIVe siècle. Assise sur une cathèdre, l’enfant sur son genou gauche, elle tient de sa main droite un sceptre terminé par une fleur de Lys. Ses mains semblent très longues. Pas de trace de la polychromie d’origine, mais son attitude qui est plus bonhomme qu’hiératique laisse présager qu’elle ne fait pas partie des Vierges noires. Elle n’est pas répertoriée dans la liste de celles qui sont arrivées jusqu’à nous et pourtant… Elle m’a laissée songeuse. Cet endroit aurait pu être une de ses demeures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 67Chaque soir, à la fin de l’office de Complies, les moines quittent le chœur pour former un cercle autour de la Vierge où ils chantent le Salve Regina.

Ganagobie 20

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 91A l’extérieur, adossée à la façade nord, la tour date probablement du XIe siècle.

 

 

 

 

 

Ganagobie 42C’est aussi côté nord ( ancien cimetière) que se trouvent conservées deux tombes dont l’une conserve son couvercle, ce qui est assez rare pour être noté.

Ganagobie 43

 

 

 

 

 

Ganagobie 48Un peu plus loin toujours au nord d’anciennes tombes creusées à même le rocher. Il semblerait que le monastère ait été très prisé des familles nobles de Provence pour y installer leur sépulture, ce qui fait penser à l‘ile de Maguelone.

 

 

 

 

Ganagobie 7aUn peu plus bas, le chemin mène à un ancien lavoir alimenté par une source.

 

 

 

 

 

 

 

 

Le sarcophage de Lurs

 

Ganagobie 27Il fut découvert semble-t-il au XVIIIe siècle puis transporté dans une ferme près de Lurs où il servit d’auge au milieu d’un champ de blé à la ferme des Raffins jusqu’en 1930. Il est alors acquis par un antiquaire d’Avignon qui le cède au docteur Gutmann pour orner les jardins de sa propriété de la Beaume à Domazan dans le Gard. En 1982, il revient à Ganagobie suite au legs de son propriétaire. Estimé dans un premier temps au VIIe ou au VIIIe siècle, il fut ensuite daté du XIIe. A la lumière des fouilles récentes, on a tendance à penser aujourd’hui qu’il pourrait appartenir aux premiers temps du monastère soit au IXe siècle.

 

Ganagobie 28

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 28bTrois des côtés de ce sarcophage sont ornés d’un décor de style archaïsant. De gauche à droite nous trouvons une spirale (mouvement cyclique infini ou retour sur soi-même, symbole d’évolution ou d’involution, toujours signe de fécondité physique et spirituelle -crosse de l’évêque-), un homme nu dans la position de l’homme de Vitruve, les deux mains écartées démesurées (à cette époque les proportions étaient liées à la symbolique, si les mains sont plus grandes c’est qu’elles ont une importance particulière), la bouche, les yeux et les oreilles bien ouverts. Les guides parlent d’un orant. Mouais. Drôle de position pour prier, mais pourquoi pas.

 

 

 

Ganagobie 29aSur la gauche, une spirale qui passe à une petite fleur à 7 pétales puis au-dessus une grande fleur bien ouverte à 8 pétales. Nous sommes dans la symbolique de la transformation, ce qui me parait approprié pour la demeure d’un trépassé.

 

 

 

 

 

 

 

 



Le portail

 

Ganagobie 34La façade occidentale présente, sous un oculus d’assez grande dimension, un portail monumental surmonté d’un arc brisé. Il est daté du XIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 35Il est composé d’une archivolte où des voussures pleines, associées à des voussures festonnées, sont portées par des colonnettes. Il semblerait que ces festons aient été rajoutés ultérieurement, peut-être au XVIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 37Les colonnettes sont réhaussées de chapiteaux de style corinthien que les historiens parent de feuilles d’acanthe.

Comme d’habitude, il semblerait que l’acanthe grecque ait remplacé dans le cœur des spécialistes la chélidoine celte. Il suffit de regarder le petit bourgeon sur le premier chapiteau devenir plus gros sur le deuxième pour se transformer en fleur épanouie sur le troisième pour comprendre que le message de l’art roman est bien différent du grec.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 38Sur le pied-droit côté sud, la dernière colonne porte un chapiteau montrant deux figures grimaçantes ressemblant à des masques sortant des feuilles, entourées de deux fleurs épanouies. Leur coiffure pourrait paraitre solaire. Ou bien ces figures sont-elles coiffées de pétales ? Elles portent les oreilles bien haut et montrent des dents démesurées. Attention, dent j’ai ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 38a« Le masque est à la fois ce que l’on montre de soi (l’image de l’énergie intérieure) et ce que l’on veut que les autres regardent. La plupart des pensées spirituelles ou initiatiques considèrent comme essentielle la vérité se cachant sous le masque. Que l’on déguise ses défauts ou que l’on s’attribue des qualités inexistantes, le masque est impitoyablement détruit par le miroir que tendent les Dieux aux hommes, c’est là une des premières épreuves initiatiques et la raison de leur présence permanente dans l’art roman. » Robert-Jacques Thibaud

 

 

 

 

 

 

 

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Le linteau monolithe présente les 12 apôtres sur un bas-relief. Pierre est le seul facilement identifiable avec ses clés. Dans les Évangiles, les apôtres sont classés selon un ordre de préséance qui traduit leur importance au sein de l’Église primitive, Pierre étant toujours cité en tête. Ici, il est représenté en deuxième position. Qui est celui qui se tient à sa droite ? Serait-ce Jean, celui qui représente l’enseignement ésotérique de la doctrine chrétienne, « celui qui forme, avec Jean le Baptiste, l’axe polaire nord /sud, lune et soleil, la Saint-Jean d’été et la Saint-Jean d’Hiver ? Jean, la lumière qui nait dans la nuit, au point d’espérance luisant dans les ténèbres ».

Ganagobie 41Le tympan entouré d’un cordon de bâtons brisés pouvant symboliser l’arc céleste peut être daté du XIIe siècle. Il est possible qu’il soit un réemploi et date de l’église du XIe siècle, le caractère archaïque des sculptures tendant à le démontrer. Il est fait d’un assemblage de pièces et il semblerait que certaines, comme la mandorle, aient été retaillées.

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie 36Il présente la figure classique du Christ en majesté dans sa mandorle entouré des Quatre Vivants, le Tétramorphe entourant Dieu dans la vision d’Ézéchiel, provenant de l’art sumérien et devenu symbole des Évangélistes. Le lion, Marc, en bas à droite, symbolise l’élément feu et la Résurrection. Le taureau, Luc, en bas à gauche, symbolise l’élément eau et la Passion. L’aigle, Jean, en haut à droite, symbolise l’élément air et l’Ascension. L’homme, Matthieu, en haut à gauche, symbolise l’élément terre et l’Incarnation. Le Tétramorphe correspond à toutes les énergies se manifestant par le nombre 4 qui demeure celui de l’incarnation de l’esprit dans la matière. Les animaux solaires sont bien représentés au sud, côté droit.

 

Les mosaïques

 

Ganagobie 65L’église de Ganagobie est connue pour ses mosaïques, couvrant, dans l’abside, les absidioles et le transept, une superficie de 72m². Fait rarissime, nous connaissons le nom de l’artiste qui la réalisa. La mosaïque autour de l’autel principal porte cette inscription latine : Me prior et fieri Bertranne jubes et haberi et Petrus urgebat Trutber meq(ue) regebat, Prieur Bertrand, tu as ordonné que l’on me fasse et Pierre Trutbert pressait et dirigeait mon exécution.

 

 

 

 

Ganagobie mosaÏque 1L’historien Guy Barruol réussit à dater les mosaïques en retrouvant le prieur Bertrand, nommé sous l’abbatiat du clunisien Pierre le Vénérable entre 1122 et 1156.  Pierre Trutbert étant décédé en 1129, il data leur exécution aux environs de 1124/1125. Elles sont faites à partir de morceaux de calcaire noir, de marbre blanc et de grès rouge récupérés dans les ruines des antiques villas romaines situées dans la plaine de la Durance. Les trois couleurs du Grand-Œuvre alchimique, nous sommes dans la transformation.

 

 

Ganagobie mosaique 11aIl manque la partie centrale devant l’autel principal, d’environ 10m², sans doute détruite lors de l’effondrement de la coupole au XVIe siècle ou bien lors de la démolition de l’église en 1794. Redécouvertes en 1898 par les moines de Sainte-Marie-madeleine de Marseille, recouverts afin de les protéger des intempéries puis enfin restaurées en atelier en 1976, elles furent remises en place en 1986 dans l’église rénovée par les Monuments Historiques. 

 

 

 

 

Ganagobie mosaïque 9aLes mosaïques représentent des animaux fantastiques comme des griffons ou des chimères (la chimère, créature à tête de lionne -c’est une fille- corps de chèvre et queue de dragon qui représente l’abus du pouvoir et de la force sur la matière et les hommes) et même une sirène (la sirène était du temps des grecs une femme-oiseau) ou une harpie,

 

 

 

 

Ganagobie mosaïque 3d’autres inhabituels comme des éléphants de guerre avec leurs tours de bois sur le dos, des chevaliers combattant des dragons dont un saint Georges reconnaissable, un centaure tirant à l’arc.

 

 

 

 

 

 

Ganagobie mosaïque 4bbet des motifs d’entrelacs de tradition carolingienne comme à Cruas ou lombarde

 

Ganagobie mosaïque 4c

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie mosaïque 6mais présente aussi des motifs typiquement byzantins, et donc d’inspiration orientale. L’ensemble peut évoquer les motifs persans des textiles sassanides ou des tapis d’Orient très prisés des cours européennes du XIIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie mos1aCes mosaïques pourraient se lire comme une bande-dessinée, partant de la gauche avec la représentation du mal ou mieux encore de l’animalité qui est en nous (les chimères) qu’un chevalier essaie de combattre. C’est la transformation de l’homme, essayant de maitriser ses pulsions animales pour devenir un homme nouveau.

 

 

Ganagobie mosaïque 2L’affrontement continue dans la partie centrale où le chevalier reçoit de l’aide (concentration d’énergies au centre du chœur)  puis,

 

 

 

 

 

 

Ganagobie mosaïque 5apassant par la croix de saint André, patron de nombreux ordres chevaleresques,

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie Mosaique 10il se termine par le terrassement du dragon.

Une étude datant de 1995 faite par le frère Régis Blanchard, moine de Ganagobie, mentionne la présence des quatre éléments autour de l’autel central : la terre avec l’éléphant, l’air avec le griffon ailé, l’eau avec les poissons (ils ne sont pas la représentation du signe du Zodiaque puisqu’ils vont dans la même direction), et enfin le feu avec le lion.

Nous sommes peut-être en présence de l’interprétation symbolique d’une cérémonie d’initiation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le cloitre

 

Ganagobie cloitre 8aEn forme de quadrilatère irrégulier, le cloitre a dû être construit entre 1175 et 1220.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie cloitre 14aDétruit en partie durant la Révolution, l’angle sud fut relevé entre 1895 et 1905 avec les pierres trouvées sur place.

Il est décoré de façon très austère, presque cistercienne. Les chapiteaux sont principalement sculptés d’un décor végétal avec parfois quelques têtes d’hommes dont des rinceaux sortent de la bouche.

 

 

 

 

 

Ganagobie cloitre 12aDes têtes d’animaux en modillons, un lion riant montrant de belles dents, un taureau tirant la langue. La langue possède une symbolique multiple. Tout d’abord, elle se tient dans la bouche qui représente la grotte originelle, la caverne matricielle chaude et humide de la Déesse Mère.

Ganagobie cloitre 11a

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie cloitre 13aLa langue sera dragon ou serpent, les gardiens du trésor, c'est-à-dire du verbe créateur.  La langue, organe de la parole donc de la connaissance, mais aussi du goût donc du discernement, créé ou anéantit, fait passer le mensonge ou la vérité, la calomnie ou la bénédiction, induit le conflit et la dispute ou la richesse.  Elle peut séparer ce qui est bien de ce qui est mal.

 

 

 

 

 

Ganagobie cloitre 17Une des colonnes d’angle est une statue d’un personnage debout habillé d’une robe et d’un manteau plissés dont les mains semblent porter le visage.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Ganagobie chapitre 1aLe cloitre donne sur la salle capitulaire

Ganagobie cloitre 9a

 

 

 

 

 

Ganagobie réfectoire 2aet sur le réfectoire.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La bibliothèque

 

Ganagobie bibliothèque 1aL’abbaye de Ganagobie possède une bibliothèque de plus de 100 000 livres dont les plus anciens, des incunables et des manuscrits datés du XIIe au XVIIIe siècle, sont près de 8 000. Creusée dans la roche du plateau sur plusieurs niveaux, elle a été aménagée et conçue afin d'assurer aux livres un niveau de température et d'humidité constant leur permettant une conservation dans les meilleures conditions. Les livres, qui traitent bien sûr en grande partie de religion, abordent des thèmes divers, notamment par des auteurs provençaux. L’informatisation des ouvrages de la bibliothèque est en cours depuis plusieurs années.

Ganagobie bibliothèque 2a

 

 

 

 

 

 

 

Les vitraux

 

Ganagobie 69Certains diront que c’est une hérésie. Certes on est loin des vitraux alchimiques de Chartres transformant la lumière mais je trouve ça plutôt pas mal. C’est moins puissant qu’à Conques, peut-être un peu plus poétique. C’est le père Kim En Joong, bénédictin coréen, qui a été mandaté en 2006 par la communauté pour réaliser ces vitraux.

 

 

 

 

 

 

 

 

Les pierres à cupules

 

Ganagobie 9Petite anecdote. En arrivant sur le plateau et en laissant aller mes pieds, je suis tombée sur plusieurs endroits où des labyrinthes de cailloux ont été aménagés au sol ou autour des arbres. J’en ai parcouru un. Oh ce n’est pas Chartres, mais j’ai quand même ressenti quelque chose de doux et puissant en même temps. Je ne sais pas qui en est l’auteur, je n’ai trouvé aucune information sur ce sujet. C’est assez récent et bien trouvé.

 

 

 

 

Ganagobie 74Fort de cette expérience, suivant toujours mes pieds, je me suis cette fois retrouvée devant des pierres creusées de grosses cupules, presque des bassins. Fière de moi et trop contente jusqu’au moment où j’ai appris que le site de Ganagobie a servi de carrière pour la fabrication de meules. Pfff…

Ganagobie 75

 

 

 

 

 

 

 

 

http://millenaire1.free.fr/408_13_4_ganagobie.html
http://www.archives04.fr/depot_ad04v3/articles/994/ganagobie_doc.pdf

http://dignois.fr/Ganagobie/

https://www.crapahut-nature-aventures.fr/article-5-249#

https://fr.wikipedia.org/wiki/Abbaye_Notre-Dame_de_Ganagobie

http://www.passionprovence.org/archives/2021/05/18/38967928.html

https://www.geocaching.com/geocache/GC61YPP_les-calcaires-de-ganagobie

http://moimessouliers.free.fr/tous/topos/le_prieure_de_ganagobie/texte.htm

https://www.abbaye-ganagobie.com/index.htm

Dépliant sur Ganagobie acheté sur place

* Citations de Robert-Jacques Thibaud

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11 juin 2023

Le gnomon du frère Arsène

Annecy 1À Annecy, sur le quai Napoléon III, en bordure du Lac, se trouve un gnomon qui sert à mesurer le temps. Nommé l’« unique », ce cadran solaire multiple appelé gnomon polyorénome fut mis au point en 1874, par le frère Arsène (Jean-Marie Dumurgier, 1808-1879), moine capucin originaire d'Annecy et fut inauguré 22 juillet 1876.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

gnomonMais qu’est-ce qu’un gnomon ? Le nom vient du latin gnomon, dérivé du grec γνώμων, gnṓmōn, qui connait, qui indique, qui discerne, qui interprète. Un gnomon est un instrument constitué d'une tige verticale, appelée style, fixée sur un socle, projetant l'ombre du soleil ou de la lune sur un écran horizontal et permettant ainsi de mesurer leur hauteur au-dessus de l'horizon : l'ombre projetée du style change de direction et de longueur au cours d'une journée et constitue ainsi un repère temporel des déplacements des astres sur la voûte céleste.

 

Carré solsticialPeut-être existe-t-il un lien entre la mesure du temps et le sacré ? Il suffit par exemple d’étudier les mesures et l’orientation d’une église romane (ça marche aussi avec les mégalithes, les fanums, les temples grecs, les pyramides, etc.) et de faire le lien avec le carré solsticial pour en être convaincu.

 

 

 

 

 

 

Annecy 2« Le frère Arsène a réalisé une étoile à 7 branches faisant corps avec un pied vertical de forme parallélépipédique. L'orientation et l'inclinaison de l'étoile ne doivent rien au hasard mais à la latitude locale, en avance de 25 minutes sur l'heure légale de Greenwich.

L'ombre projetée par les extrémités des branches de l'étoile donne l'heure sur les côtés des branches voisines. Au centre de la face supérieure de l'étoile un autre cadran solaire, dit cadran équinoxial, qui donne l'heure en été. Deux autres cadrans disposés symétriquement sur la face inférieure de l'étoile donnent l'heure en hiver.

 

 

 

 

 

 

 

 

Annecy 3Le cadran gravé sur le côté "oriental" du pied de l'étoile fonctionne de 4 à 11 heures et celui du côté "occidental" de 13 à 20 heures. Le cadran de la face sud, vertical et perpendiculaire au méridien est utilisable de 6 à 18 heures alors que celui de la face "septentrionale" s'étend de part et d'autre de la ligne est-ouest : il est gradué de 4 à 8 heures à l'ouest et de 16 à 20 heures à l'est.

La courbe fermée en forme de huit qui se trouve sur la face sud du piédestal est une "méridienne de temps moyen", qui permet, pour une date donnée, de déterminer le nombre de minutes qu'il convient d'ajouter à l'heure vraie donnée par le gnomon du père Arsène pour obtenir l'heure moyenne d’Annecy ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Si vous voulez plus de détails, il vous faudra consulter l'étude descriptive qu'en a fait le capitaine de frégate Henri Bencker, à l'époque lieutenant de vaisseau au service hydrographique de la Marine.

« Dans un appareil aussi multiple que celui du frère Arsène on ne rencontre pas moins de trois cadrans solaires.

Le premier se trouve au centre de la face supérieure de l’étoile ; il sert en été, tant que le soleil demeure dans la partie septentrionale du ciel par rapport à l'équateur, qui est aussi le plan de l'étoile. Il est dénommé "cadran équinoxial". Les deux autres sont disposés symétriquement l'un de l'autre sur la face inférieure de l'étoile à l'enracinement des branches élevées. Ils sont destinés à servir en hiver alors que le soleil demeure en-dessous de l'équateur (ou du plan de l'étoile) dit "équinoxial inférieur ». 

https://www.elsolieltemps.com/pdf/gnomonica/172.pdf

http://www.cadrans-solaires.fr/cadran-annecy.html

https://cadranssolairesfb.files.wordpress.com/2015/06/passion_cadrans_solaires_112015.pdf

11 juin 2023

Riez

 

Riez, historique

Riez 0Le site fut occupé dès l’âge du Bronze. Les premiers occupants connus de l’âge du Fer, les Reii (tribu celto-ligure de la Gaule Narbonnaise dont le nom pourrait signifier « les Libres », à l’origine du toponyme Riez), construisirent un oppidum au sommet d’une colline (Saint-Maxime) dominant les vallées des rivières de Colostre et de son affluent l’Auvestre, au croisement stratégique des routes reliant Fréjus, Aix, Digne et Castellane.

 

 

 

Riez 11Durant le Haut-Empire, la cité, élevée au rang de colonie de droit latin (colonia juris latini) par l’empereur Auguste, va se développer et prendre le nom de Colonia Julia Augusta Apollinarium Reiorum puis de Alebaece Reiorum Apollinarium au Ier siècle. L’agglomération s’étendait alors sur une vingtaine d’hectares. La cité s’est appelée ensuite Reii Apollinares au IVe, puis Reii au Ve siècle alors que la ville devient le siège d’un évêché, pour évoluer naturellement en Riez. Vu son toponyme, il ne fait aucun doute que la cité romaine était dédiée à Apollon.

 

 

 

Riez 9Vers 477, la région fut envahie par les Wisigoths et Riez passa sous leur autorité. Puis la ville basse fut saccagée par les Lombards et les Saxons au VIe siècle, et les Sarrasins au début du IXe. Les habitants déménagèrent de la plaine où s’était installé le complexe épiscopal près de l’emplacement de la ville romaine à la colline de Saint-Maxime au sommet de laquelle se construisit un castrum. Durant la période du Moyen-âge, la ville se dota de remparts et la ville basse se développa à nouveau.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez 26

La ville perdit l’évêché durant la période révolutionnaire et va péricliter pour devenir cette petite bourgade pleine de charme riche de son passé prestigieux.

Riez 33

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les colonnes romaines

Riez 17Alebaece Reiorum Apollinarium était l’une des principales cités de la Narbonnaise du temps de l'Empire Romain. La ville comprenait des thermes luxueux, des temples, de nombreuses habitations, une grande nécropole et un forum, grande esplanade carrée de 35 mètres de côté bordée de galeries.

 

 

 

 

 

Riez 16Il ne reste de visible que 4 colonnes d’un temple, les autres se trouvant en réemploi comme dans le baptistère ou dans l’église.

 

 

 

 

 

 

Riez 12Les colonnes monolithes en granit gris de l’Esterel, hautes de 7 mètres, sont surmontées d’une architrave richement décorée en calcaire tendre. Les bases et les chapiteaux corinthiens sont en marbre blanc. Elles constituaient la façade orientale d’un temple tétrastyle construit au Ier siècle et vraisemblablement dédié à Apollon de qui la ville tenait son nom. Cet édifice mesurait 22 mètres de long sur 11 mètres de large.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez 13Du haut de l’imposant socle en grand appareil, le temple dominait le niveau antique de circulation, la grande voie vers Aix. Deux massifs prolongeaient le podium en avant des colonnes extrêmes qui enserraient un escalier. L’édifice fut détruit à la fin de l’Antiquité et les matériaux furent récupérés, mais la colonnade et son support furent respectés.

 

Riez 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez 14De nombreuses colonnes ont été découvertes à Riez. Elles dateraient du premier siècle de notre ère, ayant probablement été utilisées pour la construction de différents édifices comme le théâtre ou le temple. Celles qui se dressent dans le champ à gauche à l'entrée du village seraient le reste d'un temple dédié à Apollon.

 

 

 

 

Le groupe cathédral antique du Ve siècle

Riez baptistere plan gLe groupe épiscopal primitif, situé sur le rebord méridional du Colostre en bordure de la ville antique, fut aménagé au début du Ve siècle sur l’emplacement d’anciens thermes romains sous l’impulsion du premier évêque de Riez, saint Maxime (Maximus), venu de l’abbaye des iles  de Lérins où il avait été élu abbé à la suite de saint Honorat. Son successeur, saint Fauste, continua la construction (Eh oui, à cette époque, les abbés et les évêques étaient très souvent saints).

 

 

Riez 6Une grande église (de plan basilical, composée d’une nef centrale de 9,40 mètres de largeur, de collatéraux séparés par une double colonnade et d’une profonde abside semi-circulaire), Notre-Dame de Sede (ou Notre-Dame du Siège), et un baptistère, dans le même axe, furent construits sur l'emplacement des thermes romains publics monumentaux dont ils remploient les pierres pour leur construction.

 

 

 

Riez 8Les deux bâtiments étaient reliés par une galerie de près de 2 mètres de large.

 

 

 

 

 

Riez 5L’évêque Édolde, en 879, décida d’abandonner son église et de s’installer sur la colline de Saint-Maxime. L’ancienne cathédrale devint église paroissiale et, délaissée, dut être reconstruite au XIIe siècle.

 

 

 

 

Riez 7L’évêque franco-italien Marc Lascaris de Tende, en 1463, abandonna la colline de Saint-Maxime et fit construire une nouvelle cathédrale dans le bourg vers 1490, utilisant les pierres de l’ancienne cathédrale qui fut totalement détruite.

 

 

 

 

Le baptistère

Riez Baptistère 12Le baptistère (du grec baptistêrion, piscine), seule composante épargnée du groupe épiscopal primitif, fut édifié entre la première moitié du IVe et le début du Ve siècle avec des matériaux antiques en réemploi.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez Baptistère plan 2eDe plan octogonal inscrit dans une construction de plan presque carré (11,10 sur 10,80 mètres), à l'origine entouré d'un portique et parfaitement aligné sur les points cardinaux, il présente une alternance de 4 absidioles semi-circulaires et d’une niche rectangulaire aménagées à l’intérieur du bâtiment qui ne sont pas visibles de l’extérieur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez Baptistère 16L’entrée est ouverte à l’est. Les façades sud et nord sont percées d’une fenêtre en plein cintre.

 

Riez Baptistère 7

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez Baptistère 13Huit colonnes antiques de granit surmontées de chapiteaux corinthiens de marbre, disposées en cercle, entourent la cuve baptismale octogonale et supportent la coupole qui fut refaite au XIe siècle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez Baptistère 2aIl fut découvert, lors de fouilles, des inscriptions se rapportant à la construction d'un temple dédié à Cybèle, ce qui fit penser que le bâtiment avait été un temple dédié à cette déesse, puis d’autres inscriptions parlant de plusieurs autres dieux laissèrent envisager qu’il avait été un Panthéon.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez Baptistère 15Le baptistère, miraculeusement épargné après le démantèlement du groupe épiscopal en 1498, devint en 1559 simple chapelle dédiée à saint Jean-Baptiste. Il fut cédé ensuite à la confrérie des tailleurs d’habits qui lui adjoignirent le vocable de Saint-Clair, saint patron de leur corporation. En 1707, la chapelle fut confiée à la congrégation des Pénitents blancs juste avant d’être désacralisée pendant la Révolution et servir de grange pour entreposer les moissons.

Riez Baptistère 8

 

 

 

 

 

Riez Baptistère 17aUn lanternon cylindrique, couronné d'une corniche et coiffé d'un mur-pignon, ainsi que le mur octogonal élevé au-dessus de la première corniche furent supprimés lors d’une restauration malhabile en 1818.

 

 

 

 

 

Riez Baptistère 9Il fut, comme les colonnes antiques, classé aux Monuments Historiques en 1840. Une autre restauration du baptistère fut faite en 1906, une autre encore, la dernière, qui s’acheva en 2016.

 

 

 

 

 

Riez Baptistère 10Les baptistères paléochrétiens étaient spécialement construits pour les baptêmes par immersion. C’est à partir du XIIe siècle que l’église utilisa le baptême par infusion ou aspersion en se contentant de simples cuves appelées fonts baptismaux. Seul l’évêque pouvait baptiser les cathéchumènes, seulement pendant la nuit de Pâques au tout début, puis à Pentecôte et lors de l’Épiphanie, raison pour laquelle ces édifices étaient construits à proximité des cathédrales. Après les cérémonies, les portes étaient refermées et scellées du sceau de l’évêque.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez Baptistère 11Le rituel du baptême par immersion appartient à un principe universel d’initiation où l’impétrant meurt à un ancien comportement, se purifie et renait à un nouveau. C’est un acte souvent secret de transformation spirituelle, de changement de niveau de conscience, réalisé par l’expérimentation de la mort, de la purification puis de la renaissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les fontaines et lavoirs de Riez

La fontaine Benoite

Riez 31La présence d’une fontaine à cet emplacement est attestée depuis le XVe siècle. Face à l’une des portes principales de la ville médiévale (porte Sanson ou Saint-Sols), la fontaine servait à l’approvisionnement des habitants de la ville close et à ceux des quartiers extérieurs. Elle permettait aussi aux voyageurs et à leurs montures de se désaltérer.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez 27L'eau qui alimente la fontaine et le lavoir viendrait de la source dite de Saint-Maxime. La fontaine actuelle date de 1819. Ses proportions importantes furent conçues pour de nombreux utilisateurs, à l’époque Riez comptait plus de 3 000 habitants.

Quelques années plus tard, on construisit à côté le vaste lavoir pour répondre aux besoins des habitants qui, longtemps, allèrent rincer le linge dans la rivière du Colostre, en bas de la ville.

 

 

La fontaine de la colonne

IMG_20230518_132514Située face à la porte d'Ayguières du XIVe siècle, des actes datant de 1412 la nomment « fontaine ronde ».

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La fontaine Sanson

Riez 29Cette partie de la ville, située entre la porte médiévale Sanson et le ruisseau de l’Auvestre, était essentiellement occupé par les tanneurs, les tisserands et les teinturiers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez 30Pour tanner les peaux ou rouir le chanvre, les artisans utilisaient l’eau du ruisseau la rendant impropre à la consommation. Pour les besoins en eau potable, on comptait sur cette fontaine, alimentée par une source.

 

 

 

 

La fontaine Blanchon

Riez 18La fontaine de Blanchon, proche de l’ancienne ville romaine, date de la moitié du XVIIIe siècle.

Elle est alimentée par une source dont l'eau arrive jusqu'au bassin par un canal souterrain qui traverse les caves de plusieurs maisons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Riez 19Elle fut utilisée par le personnel de l’Hôtel-Dieu qui venait y laver le linge des malades. Pourrait-elle avoir des propriétés thérapeutiques ?

 

 

 

 

 

Riez 20L’eau s’écoule en trois arrivées qui rappellent une vulve. Très féminin comme endroit quoi qu’il en soit, près de l'ancienne cathédrale Notre-Dame, protégé par l'énergie de l'antique temple d'Apollon comme il se doit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 Les remparts

Riez 28La construction des remparts se fit vers 1371, à l’initiative de l'évêque franciscain Jean de Maillac, qui travailla à la restauration de la ville épiscopale ruinée à la suite de l’attaque de troupes de mercenaires. 

 

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Riez 1aDeux portes, Saint-Sols et Ayguière, sont insérées dans la fortification.

 

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 L'église

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L’ancienne cathédrale ayant brûlé durant les guerres civiles, l'évêque de Riez Marc de Tende posa les premiers fondements d’une nouvelle église, Notre-Dame de l'Assomption et Saint-Maxime.

 

 

 

 

Riez 22Les travaux débutèrent vers 1490. Elle fut reconstruite au XIXe siècle, après un effondrement partiel de la nef en 1842. Reconstruite, elle s’effondra à nouveau en 1952. Elle fut le siège du diocèse de Riez jusqu’en 1801puis devint simple église paroissiale.

 

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Riez 25De plan en croix latine, elle possède un clocher de plan carré qui s’élève au-dessus de la façade, renforçant l’effet de hauteur.

 

 

 

 

 

Riez 32Il est coiffé d’une flèche en pierre cantonnée par 4 clochetons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://www.ville-riez.fr/histoire-patrimoine/histoire-village

http://dignois.fr/Riez-ex-cathedrale/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Riez#Culture_locale_et_patrimoine

https://ber-dranreb04.overblog.com/2021/09/eglise-de-riez-ancienne-cathedrale-les-rites-baptismaux-au-veme-siecle-ap-j.c.html

Panneaux indicateurs de la ville

Brochure éditée par les Amis du vieux Riez en 2016

Notes préalables du Parc Naturel Régional du Verdon

31 mai 2023

Manosque, Notre-Dame-de-Romigier

 

Manosque, historique

 

Manosque fouilles 1On sait, d’après les vestiges retrouvés en centre-ville près de l’église de Notre-Dame-de-Romigier, que le site de Manosque fut occupé dès le Néolithique (IIIe millénaire avant notre ère) et que cette occupation fut poursuivie de façon continue jusqu’à l’époque romaine (des fouilles archéologiques ont mis à jour les vestiges d’un premier centre urbain du IIIe siècle dans ce secteur), et le haut Moyen-âge.

 

 

 

 

Manosque 1D’autres habitats castraux étaient établis sur les hauteurs des cinq collines avoisinantes, comme les castrums du Mont d’Or, de Toutes Aures, de Montaigut, Saint-Pierre et Saint-Maxime. Vers l’an 900, les Sarrasins pillèrent et incendièrent la ville. Les habitants revinrent peu à peu s’installer et Manosque en se développant se dota de remparts ouverts par des portes posées aux quatre points cardinaux. Deux ont survécu au temps.

Manosque 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église Notre-Dame-du-Romigier

 

Manosque église ND de Romigier 3C'est vraisemblablement au cinquième siècle que la première église de Manosque fut construite et dédiée à Notre-Dame. Cette église primitive fut bâtie sur l’emplacement d’un ancien sanctuaire dédié à Cybèle, déesse de Phrygie dont le nom signifie la caverne. C’est la personnification des forces naturelles, la Magna Mater, la Grande-Déesse, mère des Dieux, l’initiatrice adoptée par la suite par les Grecs puis les Romains.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cybèle 2Les anciens mystères phrygiens comprenaient un rituel d’initiation où un taureau était sacrifié. Pour de nombreux historiens, la Vierge Marie aurait hérité de ses symboles et de ses fonctions. De cette époque furent retrouvés, concentrés autour de l’église, des éléments qui témoignent d’une vie communautaire déjà organisée (céramique fine estampée grise des Ve et VIe siècles, des sculptures du VIIIe).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 2C’est après la destruction de la ville par les Sarrasins vers l’an 900 que l’église fut reconstruite. On a fêté le millénaire de l’église en 1960 mais les travaux de construction ne furent achevés qu’autour de 980. L’église de Notre Dame devint le lieu le plus important de la ville autant sur le plan religieux que sur celui des affaires de la cité. Une charte de l’abbaye de Saint-Victor datée de 984 relate la présence de Guillaume 1er, comte de Provence, dans l’église où il tenait ses cours de justice. Guillaume 1er, dit le Libérateur, est célèbre pour avoir vaincu et chassé les Sarrasins de Provence en 979.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 10A cette époque, l’église et ses dépendances constituaient un prieuré placé sous l’autorité de l’abbaye Saint-Victor de Marseille. Jusqu’au XIIe siècle, Notre-Dame restera la seule église paroissiale de la ville. De nombreux miracles furent attribués à la Vierge noire de Notre-Dame de Romigier. Cette reconnaissance suscita la jalousie de l’autre église de Manosque, Saint-Sauveur, construite entre le XIIe et le XIVe siècle et dépendante du chapitre de Forcalquier, qui devait recevoir beaucoup moins de dons.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 21Au début du XVIIe, la voûte, effondrée suite à un tremblement de terre, fut reconstruite. L’église fut transformée en magasin de fourrages durant la période de la Révolution après le pillage et le saccage du mobilier. Heureusement, encore une fois, la Vierge noire fut cachée et protégée de la fureur destructrice des hommes.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 26aDans la deuxième moitié du XIXe siècle (entre 1886 et 1890) elle fut entièrement rénovée par des artistes italiens et la Vierge noire fut posée dans une niche tapissée d’un tissu bleu qui ne la mettait pas en valeur.. Restaurée dans les années 1970, elle n’est véritablement réouverte au culte qu’en l’an 2000.

Manosque église ND de Romigier 27a

 

 

 

 

 

 

 

Description

 

Manosque église ND de Romigier 18L’église Notre-Dame-de-Romigier est un édifice de style roman remanié au cours des siècles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 6Les travées 2 et 3 sont les seuls vestiges de l’édifice du Xe siècle. Elles sont séparées par des pilastres flanqués de quarts de colonnes engagées et surmontés de frises-chapiteaux très finement décorés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 7Les murs latéraux, massifs, dont on remarquera le dévers, sont ornés d’arcs de décharge à double rouleau très large et pas très haut.

Manosque église ND de Romigier 19

 

 

 

Cette nef romane en voûte d’arêtes nervurées se prolonge par une travée de chœur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 22Se substituant très vraisemblablement au sanctuaire du Xe siècle, le chœur actuel, composé d’une abside pentagonale flanquée d’absidioles également pentagonales, précédées de petits croisillons réunis par un passage assez étroit à la travée de chœur, correspond à une extension du monument réalisé dans la première moitié du XIIIe siècle.

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 8L’abside centrale, éclairée par trois baies qui s’ouvrent sur une arcature de plein cintre, est couverte d’une voûte d’arêtes dont les nervures, rayonnant autour d’une clef ornée de l’Agneau pascal, prennent appui sur des colonnettes.

Manosque église ND de Romigier 5

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 20Les bas-côtés ainsi que la première travée de la nef, bien que du XVIIe siècle, sont également couverts d’une voûte d’arêtes nervurées.

Manosque église ND de Romigier 19

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 25Le portail occidental, très sobre, présente un tympan sans sculpture et un encadrement renaissance. Cet encadrement, abimé au cours des ans, se trouvait dans un état lamentable il y a 30 ans. Il a été restauré ainsi que le parvis.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 3Le chevet roman est décoré de petites arcatures saillantes portées par des modillons historiés.

Manosque église ND de Romigier 1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le pentagramme

 

Manosque église ND de Romigier 23Sur le parvis de l’église apparait un pentagramme, une étoile à 5 branches fabriquée en mosaïque de cailloux noirs et blancs et de briques rouges, les trois couleurs du Grand Œuvre. Ici, ce pentacle (étoile à cinq branches composée grâce au tracé des diagonales du pentagone régulier) est censé, d’après les guides de voyage, être la représentation des 5 plaies du Christ. Le pentagramme est fondé sur le nombre 5, union du 2, principe féminin et du 3 masculin. Il représente donc l’union des contraires ou l’androgynie. Le pentagramme droit (pointe en haut) représente l'esprit sur la matière, le pentagramme inversé (pointe en bas) représente le contraire, la matière sur l'esprit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 24Déjà utilisé chez les Sumériens chez qui il représentait les cieux et les 4 directions de l’espace, il devint signe de reconnaissance chez les pythagoriciens (selon Pythagore, le pentacle est un signe symbolisant l'harmonie, la beauté et la santé et il ouvre la voie du secret). Chez les gnostiques, il était le symbole des 5 éléments (esprit, terre, eau, feu et air). Plus tard, il prendra, en plus de sa représentation symbolique de la connaissance, une connotation magique et les adeptes de magie s’en serviront comme moyen de conjuration et d’acquisition.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La Vierge noire

 

Manosque église ND de Romigier 10Sculptée dans une seule pièce de bois d’aulne, elle mesure 70 cm de haut, 24 de large, 18 d’épaisseur.

C’est une Vierge en majesté, assise sur une cathèdre. Elle tient l’enfant sur son genou gauche. Elle est vêtue à la mérovingienne d’une tunique, d’une longue robe ornée d’une large bordure (stola), et d’un manteau fermé d’une agrafe ronde (pallium). Sa tête, portant une couronne, est couverte et encadrée d’un voile court. Sa main gauche repose sur la cuisse de l’enfant, sa main droite a disparu.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 12L’enfant est vêtu d’une robe longue et d’un manteau revenant sur ses genoux et décoré d’un col à large bordure. Il porte lui aussi une couronne de style mérovingien.  

Lors de sa restauration en 1993 elle perdit sa couleur noire et des traces de polychromie apparurent sur les vêtements : du bleu pour la robe de la Vierge, du rouge pour celle de l’enfant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 11Les experts délégués par les Monuments historiques l’ont datée du Xe siècle ce qui fait que Notre-Dame du Romigier est l’une des plus anciennes Vierges noires de France.

Elle est classée aux Monuments Historiques depuis 1909.  Au XIXe siècle, la statue était recouverte de vêtements et d’étoffes luxueuses comme on peut encore le voir sur les ex-voto qui la représentent.

Elle avait le pouvoir de ramener à la vie les enfants mort-nés le temps de leur baptême. Cette Vierge Noire était particulièrement invoquée pour protéger les femmes en couches, pour redonner la vie aux enfants mort-nés et contre les chutes mortelles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La légende de la Vierge noire

 

Manosque église ND de Romigier 8Une très ancienne légende parle de la vénération des habitants de Manosque pour une antique statue de la Vierge. Beaucoup de gens venaient en pèlerinage l’invoquer pour sa protection. Vers l’an 900, Manosque fut pillée et incendiée par les Sarrasins. La statue fut cachée puis oubliée. Les habitants, qui s’étaient réfugiés dans les collines environnantes du Mont d’Or, de Toutes Aures et de Montaigut, revinrent peu à peu s’établir dans le bourg. Dans la ville, en partie reconstruite, les jardins et les petits champs labourés étaient nombreux.

Un jour vers l’an 973, un paysan défrichait et labourait près des ruines de l’ancienne église dédiée à la Vierge. Ses bœufs soudainement s’arrêtèrent devant un roncier (roumi en provençal). Le laboureur mit le feu au buisson et reprit son travail mais son attelage refusa d’avancer et les bœufs s’agenouillèrent. Stupéfait, le paysan appela les passants et ensemble ils décidèrent de creuser là où se trouvait le roncier. Ils trouvèrent alors un sarcophage sculpté en marbre blanc. Ils firent venir un prêtre qui procéda à son ouverture. Le sarcophage contenait, enveloppé d’étoffes précieuses, une statue de la Vierge tenant son enfant sur ses genoux. Aussitôt la foule réclama la construction d’une église pour abriter la statue. Il fut décidé de relever de ses ruines l’antique église dédiée à Notre-Dame et on y installa la statue qui fut appelée Notre-Dame-de-Romigier en souvenir de sa découverte miraculeuse.

Le sarcophage a servi d’autel à la statue de la Vierge puis est devenu l’autel majeur de l’église.

 

 

 

 

 

 

Le sarcophage de l’Anastasis

 

Manosque église ND de Romigier 14Classé monument historique le 25 janvier 1898, l’autel majeur est un sarcophage paléochrétien en marbre de Carrare attribué aux ateliers d’Arles et daterait de la fin du IVe siècle ou du début du Ve.

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 15En haut relief, sous la voûte céleste suggérée par des étoiles, sont représentés les 12 apôtres faisant le geste d’acclamation vers le signe de la résurrection, la croix de l’Anastasis (mot grec signifiant résurrection, action de se relever, utilisé pour dénommer le sanctuaire de la Résurrection abritant, à Jérusalem, le tombeau du Christ). Cette croix coiffée d’une couronne a disparu lors de la restauration du tombeau. De part et d’autre de son emplacement, le soleil et la lune. Au pied, deux soldats à qui il manque la tête sont les gardiens du sépulcre.

 

 

Manosque église ND de Romigier 17Sur la face latérale gauche, le péché originel : Adam et Eve au jardin d’Eden.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque église ND de Romigier 16Sur la face droite, 3 hébreux ayant refusé d’adorer la statue d’or de Nabuchodonosor, sont jetés dans la fournaise : ils chantent et ne brûlent pas. Le roi reconnait alors qu’il n’y a pas d’autre Dieu qui puisse délivrer ainsi (Livre du prophète Daniel, ch.3).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La croix de pierre

 

Manosque église ND de Romigier 13C’est une croix du début du XVIe siècle qui se trouvait dans le cimetière de l’église Notre-Dame, placée à l’intérieur de l’église au XIXe siècle. Du côté visible elle porte l’image de la Vierge, de l’autre le Christ en croix posant les pieds sur un crâne. Elle est entourée d’un décor gothique, le seul de tout l’édifice.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://notre-dame-de-romigier.jimdofree.com/historique/

https://www.ville-manosque.fr/

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89glise_Notre-Dame-de-Romigier_de_Manosque

http://www.paleotime.fr/rue-sans-nom-manosque-alpes-de-haute-provence/

 

 

 

31 mai 2023

La chapelle Saint-Pancrace de Toutes Aures

La chapelle Saint-Pancrace

 

Manosque chapelle Toutes Aures 9Dominant la ville de Manosque, la colline de Toutes Aures porte en son sommet, à 416 mètres d’altitude, une grande chapelle dédiée à saint Pancrace, appelé san Brancaï en provençal. Son nom lui vient de sa situation sur une hauteur exposée à tous les vents.

 

 

 

 

 

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 11Le bâtiment, tout en longueur, possède une entrée ornée d'un portail daté du XVIIe siècle. Il est abrité par un porche qui fut rajouté en 1756.

 

Manosque chapelle Toutes Aures 10

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 13Le bâtiment se prolonge côté ouest par un ermitage, proche du puits.

 

 

 

 

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 12Toutes Aures est le nom d’un village aujourd’hui disparu, celui-là même où s’étaient réfugiés une partie des habitants de Manosque lors de l’attaque des Sarrasins en 900. Il comptait deux églises et un château.

La première indication de l’existence d’une chapelle dédiée à Notre-Dame est fournie par une charte de donation de Guigues, comte de Forcalquier, aux Hospitaliers de Saint-Jean, en juin 1149.

En 1377, le village, déserté par ses habitants à cause du danger des bandes armées, est en ruine et ses églises est en très mauvais état. L’une d’elles fut restaurée en 1422 en utilisant les pierres des deux bâtiments puis elle fut dévastée par les Huguenots en 1561.

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 14En 1631, Manosque est victime d’une épidémie de peste qui dure d’août à novembre et emporte une grande partie des habitants. Les consuls font alors le vœu de reconstruire l’église de Toutes Aures et de venir en procession le 21 novembre de chaque année, jour de la présentation de la Vierge. Le sanctuaire, toujours sous la titulature de la Vierge, est reconstruit entre 1634 et 1637, mais les travaux ne sont vraiment achevés qu’en 1665. Le service dominical est assuré par des Carmes puis par un chapelain.

En 1708, suite à un tremblement de terre qui ébranle Manosque, les consuls font le vœu de venir en pèlerinage tous les ans, le dimanche suivant le 15 août (date de l’Assomption ou Dormition de la Vierge).

En 1710, les patrons de Manosque, saint Sébastien et saint Roch, furent détrônés par saint Pancrace dont le culte a été introduit par les Carmes.

Manosque chapelle Toutes Aures 4bLe culte du petit martyr prit de l’ampleur. Les Carmes de Rome offrirent à Manosque quelques fragments de ses os et le 12 mai 1712, la première fête de San Brancaï est célébrée à Toutes Aures. Les reliques firent naitre un pèlerinage annuel qui débuta en 1725. A l’occasion de ce premier romérage (pèlerinage ou encore roumavagi en provençal), un buste reliquaire de saint Pancrace en bois doré est installé en grande pompe dans la chapelle. Durant la Révolution l’édifice est dévasté et pillé, le buste est brûlé, mais les reliques furent sauvées. La chapelle considérée comme bien national fut mise en vente et achetée par quatre manosquins. Le romérage put reprendre dès 1795, le buste actuel du saint est installé en 1796.

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures 15En 1921 la chapelle, alors propriété privée est acquise par le syndicat d’initiative qui la cède en juillet 2011 à la ville de Manosque.

Les derniers travaux de restauration ont été effectués de 2002 à 2004.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Légendes et histoires singulières

 

Manosque chapelle Toutes Aures 5aUne légende se mit en place lors de l’installation du buste reliquaire de saint Pancrace en 1796. Elle prétend que le sculpteur reçut le jour même la commande de la ville de Volx dont la patronne est sainte Victoire et que, confondant les deux commandes, il livra à Manosque l’effigie de la sainte. Effectivement… Le buste de saint Pancrace représente une personne ressemblant plus à une femme qu’à l’adolescent de Phrygie que fut saint pancrace à sa mort en martyr à 14 ans en 304. Et inversement, le buste que reçut l’église de Vox (anciennement l’église abbatiale Notre-Dame de Baulis) ressemble plus à un jeune homme qu’à une Victoire !

Manosque chapelle Toutes Aures 5b1

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Manosque chapelle Toutes Aures ErmiteDepuis le XIIe siècle un ermite réside presque sans interruption et assure l’accueil. Le dernier ermite de Toutes Aures, le frère Cyril Barbier et son neveu, furent assassinés le 17 août 1900. Le meurtrier fut arrêté puis relâché à cause d’une erreur du médecin légiste sur l’heure de la mort de l’ermite.

 

 

 

 

 

Manosque chapelle aioliLa procession des reliques fut installée chaque 21 novembre à partir de l’épidémie de peste de 1631. A la suite du tremblement de terre de 1708, une nouvelle procession annuelle fut instaurée chaque dimanche suivant le 15 août. Puis une autre fête prit place le 12 mai, fête du saint patron de la ville (fête actuelle le deuxième week-end de mai), puis chaque lundi de Pâques. Aux XVII et XIIIe siècles, les pèlerinages d’inspiration religieuse s’accompagnaient de défilés militaires et de festivités profanes d’inspirations beaucoup plus païennes. Il est vrai qu’à Pâques, les paysans, ayant tué le cochon en hiver, sortaient les saucissons prêts à être dégustés. Les Manosquins, aimant les réjouissances et les traditions populaires, mirent vite en place, après la messe et la bénédiction des champs, une vraie fête avec des jeux, des danses, des concours (le meilleur aïoli), des cavalcades et surtout… la pastissade !

 

Saint Pancrace

 

Pancrace 3aNé en Phrygie dans une famille noble, devenu orphelin, il fut élevé par son oncle Denis à Rome. Devenu fervent chrétien, il fut décapité en 304 sur l’ordre de Dioclétien après avoir refusé de renoncer à sa foi. Son corps fut enterré et en 604, le pape saint Symniaque fait ériger sur son tombeau une basilique. Pancrace est devenu le saint patron des enfants, mais il est aussi en France le protecteur des troupeaux, des animaux domestiques et en Allemagne celui des chevaliers.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pancrace 1aEn Corse il est le patron des bergers et des bandits qui, à partir du 12 mai, jour de sa fête, respectent une trêve de 8 jours. Il protège toujours les gens de bonne foi et dévoile les parjures, les menteurs et les calomniateurs. Il est invoqué pour la guérison des rhumatismes, des crampes et des engelures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pancrace 4aIl fait partie des saints de Glace où il est en deuxième position entre saint Mamert et saint Servais.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

https://www.mouv-in.com/A-Manosque-les-traditions-pascales-sont-toujours-dans-le-vent_a995.html

https://fr.wikipedia.org/wiki/Chapelle_Saint-Pancrace_de_Manosque

http://graphiques.over-blog.com/la-chapelle-toutes-aures-%C3%A0-manosque

http://dignois.fr/Manosque-St-Pancrace/

28 mai 2023

Fontaine-de-Vaucluse

 

Fontaine-de-Vaucluse, historique

 

Fontaine_de_Vaucluse_3Le pittoresque village de Fontaine-de-Vaucluse s’est développé près de l’exsurgence de la rivière Sorgue. Cette source jaillit d’un gouffre creusé au fond d’une vallée en cul-de-sac dominée par des falaises abruptes de 230 mètres de hauteur. Le nom de la commune provient du latin Vallis clausa, la vallée close, devenu en provençal Vau cluso. Le village de Vaucluse est à l’origine du nom du département.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Pi_ce_de_NimesCet endroit, fort en énergies telluriques donc empli de magie, a attiré les gens depuis fort longtemps puisque le site fut occupé dès le Néolithique. Les vestiges d’un canal gallo-romain utilisant les eaux de la rivière existent toujours et de nombreuses pièces de monnaie votives furent remontées des profondeurs du gouffre (comme un Dupondius de Nîmes frappé du crocodile datant de -28 avant notre ère),

 

 

 

 

 

 

 

Fibule_1aainsi que des clous de fer, des bijoux ou des fibules, ce qui montre que la source était déjà l’objet d’une dévotion païenne du temps des Gaulois, certainement le culte d’une divinité de l’eau. C’est vers le IV e siècle qu’apparurent le plus de monnaies en or, ce qui indique une fréquentation du site par les classes aisées de la population. Cette pratique s’arrêta vers le Ve siècle, ce qui correspond à la période d’évangélisation poussée du pays.

 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_par_Hubert_Robert__mus_e_d_Avignon_1Il est dit qu’au VIe siècle, saint Véran, évêque de Cavaillon, y détruisit un ancien temple et rebâtit sur son emplacement la première église où il fut inhumé à sa mort. Son tombeau devint un lieu de pèlerinage très fréquenté.

 

 

 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_peinture_2aUn acte daté du 12 mai de l’an 979 dans le cartulaire de l’abbaye Saint-Victor de Marseille indique que Valcaudus, successeur de saint Véran sur le siège épiscopal, envoya des moines s’installer dans la Vallée Clause pour fonder un monastère près de l’ancienne église. Il fut restauré au XIe siècle par Isarn, abbé de Saint-Victor.

 

 

 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_peinture_aLe château date aussi de cette époque où Fontaine-de-Vaucluse comprenait trois parties distinctes : le monastère sur la rive droite, l’ensemble castral protégé par des remparts et le village sur la rive gauche.

 

 

 

 

 

Pétrarque 2aL’endroit fut la résidence, au XIVe siècle, du poète et humaniste Pétrarque. Comme Dante avec Béatrice, Pétrarque est passé à la postérité pour la perfection de sa poésie qui met en vers son inaccessible amour pour Laure de Sade, ancêtre du fameux marquis. Pétrarque est considéré, avec Dante et Boccace, comme l’un des premiers grands auteurs de la littérature italienne.

 

 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_2Après son passage, le village fut dévasté par des pillards et les villageois, désirant se protéger, construisirent une muraille défensive. Vaucluse perdit son attrait et il fallut attendre le XVIIIe siècle pour qu’il retrouve une fréquentation après le passage de Mirabeau et plus tard de Chateaubriand, Lamartine, Stendhal ou encore Amantine Aurore Lucile Dupin de Francueil, baronne Dudevant, dite George Sand ou encore Frédéric Mistral.

Fontaine-de-Vaucluse devint, après la dévotion à saint Véran, un lieu de pèlerinage littéraire et romantique. 

 

 

Fontaine_de_Vaucluse_1_Sur la place centrale du village est érigée une colonne en granit. Elle fut mise en place en 1804 en face du gouffre pour commémorer le 500e anniversaire de la naissance de Pétrarque. Elle fut transférée sur la place du village en 1827.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le château des évêques de Cavaillon

 

Fontaine de Vaucluse château 1Ce sont les moines de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille qui construisirent le château avant l’an 1000 afin de protéger le tombeau et les reliques de saint Véran. Il est fait mention d’un château à Vaucluse dans un acte de donation datant de1034.

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse château 3Il est fort probable qu’il fut reconstruit à la fin du XIIe siècle puisque les ruines ont été datées de cette époque. Au XIIIe siècle, il devint la propriété des évêques de Cavaillon.

Fontaine de Vaucluse château 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse château 4Philippe de Cabassolle en fit sa résidence d’été et c’est là qu’il rencontra le célèbre François Pétrarque. Ils devinrent amis. Le château appartint ensuite aux seigneurs de Vaucluse dès le XVe siècle. Il fut détruit au XVIe siècle par le baron des Adrets.

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse château 7Les ruines du château, inscrit sur la liste des monuments historiques en 1931, surplombent le village de Fontaine-de-Vaucluse et le piton rocheux sur lequel il est perché suit la vallée de la Sorgue jusqu’au gouffre.

 

 

 

 

 

 

Le gouffre et la source de Fontaine-de-Vaucluse

 

Fontaine de Vaucluse 3La source de Fontaine-de-Vaucluse, la plus importante exsurgence d’Europe, classée au 5ème rang mondial, donne naissance à la rivière Sorgue aux pieds d’une falaise de plus de 240 mètres de hauteur.  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse gouffre plan 1C’est une curiosité hydrogéologique, l’émergence d’un immense réseau souterrain, qui a donné son nom aux autres sources de même type que l’on appelle vauclusiennes (sources karstiques de type vauclusien pour être exact). Son débit annuel atteint les 700 millions de m3 et sa température varie entre 11 et 14°. Son débit minimum est de 4m3/seconde, le maximum de 120 m3 /seconde.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse 9C’est l’unique point de sortie des eaux de pluie infiltrées dans le massif du mont Ventoux, des monts de Vaucluse, du plateau d’Albion et de la montagne de Lure qui forment ce que l’on appelle un impluvium (aire de collecte des eaux de pluie et de la fonte des neiges).

Fontaine de Vaucluse 15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse 14L’eau s’infiltre en profondeur dans le calcaire des formations rocheuses, jusqu’aux strates de pierres plus dures ou non perméables comme l’argile, et forme alors des rivières souterraines ainsi que des réservoirs.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse 13Lorsqu’elle est en crue, la fontaine se déverse directement du gouffre. En période de basses-eaux, l’eau s’écoule par diverses sources et sort par plusieurs griffons qui alimentent la rivière même en période de grande sécheresse.

Fontaine de Vaucluse 16

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse 17Pas étonnant que la source de la Sorgue fut qualifiée par Pline l’Ancien, dans son Histoire Naturelle, de nobilis fons Orgae.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Saint Véran

 

Véran 3aVéran est originaire de Barjac, ou de Lanuéjols en Gévaudan. Il est aussi connu sous le nom burgonde de Wrain, francisation de Veranus. Ordonné prêtre en 540 par l’évêque Evanthe, il se retira dans un ermitage proche de la source de la Sorgue, à Vaucluse. Il partit en pèlerinage à Rome, devint prédicateur. Il fut choisi par Sigebert Ier comme évêque de Cavaillon en 568.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 17Véran siègea au concile de Mâcon en 585, reprocha à la reine Frédégonde le meurtre de l’archevêque de Rouen Prétextat, ce qui le mit dans les bonnes grâces de Childebert II dont le père Sigebert Ier avait été assassiné sous les ordres de la même Frédégonde. Il devint même le parrain de son fils Thierry II en 587. Il assista à un concile à Arles en 590 et serait décédé là-bas de la peste le 13 novembre. Son corps fut rapatrié à Vaucluse où il fut inhumé dans l’église. Son tombeau devint un lieu de pèlerinage célèbre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Véran 4aSaint Grégoire de Tours, qui l'a connu, a écrit de lui : « Ce pontife était pourvu de grandes vertus en sorte que, souvent, avec la grâce de Dieu, il guérissait les malades par un signe de croix ».

Plusieurs légendes parlent de Véran et de la Coulobre ou du Gargolium qu’il terrassa, ce qui fait de lui un saint sauroctone. Nous verrons plus loin à quoi correspondent ces histoires au niveau symbolique.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Jargeau CassiniUne partie des reliques du saint furent transportées en Orléanais au XIe siècle à la demande des moines de Jargeau après le saccage de leur monastère (monasterium Gergogiliense) par les Normands. Il est connu là-bas sous le nom de saint Vrain. Les reliques furent tout d’abord déposées dans un hameau près d’Orléans, La Fontaine-Saint-Vrain, puis dans l’église de Jargeau dont il devint le patron du chapitre, et enfin celle de Donnery.

 

 

cavaillon notre-dame et saint-veranAu XVe siècle, Pons Augier de Lagnes, évêque de Cavaillon, fit transférer ce qui restait des reliques du saint dans sa ville, au cœur du diocèse. J’imagine qu’il espérait en tirer grand profit, aussi bien spirituellement que financièrement (suis-je mauvaise langue… Mais les pèlerinages n'ont-ils pas toujours été d'un bon raport ?). Quoi qu’il en soit, la légende rapporte que lors du passage du cortège, les eaux de la Sorgue s’ouvrirent.

 

 

 

 

 

Véran 5aDans l’imagerie populaire, Véran est représenté tenant enchainé cette fameuse Coulobre qui n’en demandait pas tant. Vénéré à Cavaillon, il l’est aussi dans le diocèse de Mende, et dans l’Orléanais, à Jargeau et à Donnery. Saint patron des vignerons de l’Orléanais et des bergers en transhumance, saint Véran est invoqué contre le delirium tremens.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Véran 6bSes attributs seront bien sûr la grappe de raisin et le dragon qu’il foule aux pieds. Il est fêté le 10 novembre, mais aussi le 19 octobre, date de l’arrivée de ses reliques dans le diocèse d’Orléans, et enfin le 1er octobre, premier dimanche après la Pentecôte, date de leur translation solennelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L’église Notre-Dame-et-Saint-Véran

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 2Fontaine-de-Vaucluse fut, aux alentours du Ier siècle, une colonie romaine, où se trouvaient certainement édifiés de riches domus ainsi que des temples. Tout a disparu mais certains éléments architecturaux ont été conservés en réemploi dans la construction de l’église qui fut classée au titre des Monuments Historiques en 1840.

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 19Il est d’ailleurs fort probable que l’église primitive fut construite sur l’emplacement d’un antique sanctuaire dédié à une divinité païenne, certainement une divinité liée à l’eau. Comme la Vierge a souvent remplacé les divinités aquatiques, il n’est pas étonnant que la première dédicace de l’église ait été à la Vierge Marie.

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 9

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 22Elle est gravée sur le montant droit de l’arc d’ouverture de l’abside : XV (?). KL. NOVEMBRIS/DEdICACIO.SCE/ MARIÆ  ( le 15 des calendes de novembre [18 octobre], dédicace à Sainte-Marie). La dédicace fut plus tard partagée avec saint Véran.

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 13La chapelle possède plusieurs pierres intégrées dans ses murs, des fragments d’un ancien chancel (barrière qui sépare le chœur des autres parties d'une église) du Xe siècle avec des décors d’entrelacs, de rinceaux de pampres en hélice et des frises de crossettes, des fragments de frise carolingiennes du VIIIe siècle.

A l’ouest de l’église furent retrouvés plusieurs sarcophages mérovingiens, non loin d’une autre église, Saint-Etienne, qui serait peut-être sur l’emplacement du premier ermitage de saint Véran.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 4L’église actuelle, de style roman provençal, fut bâtie au XIe siècle (certaines parties du mur sud de la nef sont même attribuables au Xe siècle) sur le même emplacement et fut restaurée au XIIe par les moines de l’abbaye de Saint-Victor de Marseille. Elle faisait partie d’un ensemble monastique comprenant aussi un cloitre.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran plan 1aDe plan en croix latine, elle comprend une nef à trois travées et un transept qui s’ouvrait sur 3 absides en cul de four.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 7Bien placée sur la gauche en entrant, la cuve baptismale date du XIIe siècle. Elle fut retaillée et moulurée au XVIIe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 26aDans la troisième travée se trouve une statue de la fin du XVe siècle représentant sainte Anne, la Vierge et l’enfant.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 14La colonne de la partie sud du chœur et le chapiteau de la colonne opposée ont appartenu à l’ancien temple.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 25La table de l’autel principal fut taillée dans une pièce de marbre gris-jaune d’origine romaine.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 16A la fin du XIIe siècle une petite chapelle fut construite entre l’abside et l’absidiole droite qui abrite un sarcophage mérovingien daté du Vie siècle. Posé sur deux anciennes colonnes romaines, il est considéré comme celui de saint Véran et devait contenir ses reliques.

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 15

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 18La table d’autel en marbre est contemporaine du sarcophage. Elle fut taillée dans la pierre tombale d’un certain Sextus Aemilius Nigrinus dont on peut voir le nom sur la face inférieure de la table.

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 23À l’extérieur, les murs gouttereaux de la nef sont ornés d’une corniche saillante reposant sur des modillons figurant des masques humains ou des animaux : lion, bœuf, renard, aigle, chauve-souris. Les modillons furent très restaurés au xixe siècle : ils reproduisent néanmoins des modillons abimés qui existaient à l’époque.

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 24

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 5Le portail occidental fut remanié au XVIe siècle mais la partie haute de la porte avec un arc en plein cintre a été conservée.

 

Fontaine de Vaucluse église Saint-Véran 6

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les légendes

 

La légende de la Coulobre et de saint Véran

 

coulobre 2aComme tout saint sauroctone, (du grec saûros, le lézard, et ktonos, le tueur) Véran terrassa un dragon. Les sauroctones se retrouvent à proximité d’un point d’eau, près d’une ville en expansion, combattant les menaces naturelles ou surnaturelles mettant en danger la population et/ou la religion.

 

 

 

 

 

 

coulobre 3aLe point d’eau, c’est le gouffre, la source bouillonnante de la Sorgue, imprégnée des puissantes forces telluriques des roches traversées par l’eau. La ville en expansion, c’est Vallis Clausa, la vallée close. Ici, nous sommes en présence du Coulobre, vilain dragon ailé que maitrisa notre saint qui, rappelons-le, selon la tradition, détruisit l’ancien temple païen dédié à la divinité capricieuse de la source afin de construire une église dédiée à la Vierge, la sainte chrétienne qui remplace le plus souvent les anciennes divinités aquatiques.

 

 

 

coulobre 9aL’étymologie de Coulobre proviendrait du latin coluber, la couleuvre, ou bien, selon Dauzat et Rostaing, de racines celto-ligures, kal, la pierre et briga, la colline, ce qui ferait du dragon une divinité ligure des eaux tumultueuses. Elle était appelée sous divers noms : Colobrice, Cobraz, Couloubre ou bien Colobrix.

Dans l’hagiographie de saint Véran, redoutable prédicateur et grand guérisseur qui convertit la région au christianisme, cette légende est considérée comme le symbole de son succès : il se débarrassa du dragon qui incarnait le mal, c’est-à-dire l’ancienne religion, l’antique culte pastoral célébrant la force des eaux et de la pierre.

La légende populaire parlait d’elle comme d’une pauvre bête aquatique qui, s’étant laissée séduire par un dragon, mit au monde des bébés salamandres noirs tachetés d’or. Le papa, peu délicat, la quitta et la laissa seule s’occuper de sa progéniture. Voulant se consoler de pareille infortune, elle chercha à séduire tout bel homme qui passait près de son trou afin qu’il devienne son compagnon et un père pour ses enfants. Étant très moche, ce fut plutôt difficile, et les malheureux qui se refusaient à elle étaient dévorés tout crus.

 

 

 

 

 

 

 

 

coulobre 7aNous avons sa description, faite en 1665 par le chanoine François Mathieu :

« Il y avait pour lors en ces quartiers-là, un dragon d’une prodigieuse grandeur, lequel désolait tout son voisinage, et rendait la campagne presque inhabitable. Ce monstre avait sa tanière dans une caverne des rochers du Vaucluse, d’où venant à sortir avec impétuosité, lorsqu’on y pensait le moins, il se ruait sur le bétail et sur les hommes qu’il trouvait dans les champs, égorgeant, dévorant tout ce qu’il rencontrait sans qu’il fût possible d’esquiver sa furie, à cause qu’il avait des ailes, et qu’aussi on n’avait pas le loisir de se mettre à l’écart. Outre son énorme grosseur, il était tout couvert d’écailles impénétrables à toutes sortes de traits ; son dos bigarré d’une multitude de couleurs jetait une lueur effroyable ; ses yeux rouges et étincelants ressemblant à deux soupiraux d’une fournaise ardente, et quand il ouvrait sa gueule pour hurler, on en voyait sortir une haleine fumeuse qui faisait juger de loin qu’il vomissait des flammes ».

Plusieurs versions de la fin de l’histoire nous sont présentées. Véran se présenta devant la Coulobre, et, d’un signe de croix, l’obligea à se coucher à ses pieds. Là, il l’enchaina et la traina jusqu’en Lubéron où il lui ordonna de quitter la région pour ne plus jamais revenir. Blessée, la bête s’enfuit en laissant tomber des gouttes de sang. C’est en ces endroits que naquirent les villages portant le nom de saint Véran. Ou bien elle partit en suivant la Durance et vint mourir à plus de 2 000 mètres d’altitude dans le village de Saint-Véran, dans les Hautes-Alpes, où se trouvaient d’antiques mines de cuivre de l’âge du Bronze et où les bergers et leurs troupeaux se plaçaient sous la protection du saint. Certains disent que la sculpture qui porte la colonne du porche d’entrée de l’église est une représentation de la Coulobre, ce n’est qu’un lion stylophore accompagné de son jumeau, vestiges de l’ancienne église détruite pendant les guerres de Religion.

 

 

La légende de Raymond de Provence

 

Raymond_IV_de_ToulouseUne autre légende plus tardive parle de saint Véran. Au XIe siècle, le marquis de Provence, Raymond IV de Toulouse, décida d’aller chasser sur ses terres dans le Lubéron. Avant de partir, il demanda à l’évêque de Cavaillon, Benoit, grand donateur de l’abbaye de Sénanque, de l’attendre pour célébrer la messe. À son retour, bien évidemment, la messe avait été dite sans lui. Très en colère, il botta le cul de l’évêque. Mal lui en prit, sa jambe devint toute sèche ce qui l’empêchait de bien marcher. Il se rendit alors à Fontaine-de-Vaucluse implorer les moines pour qu’ils intercèdent en sa faveur auprès de saint Véran le guérisseur. Les moines, pas si bêtes, lui dirent que son pardon et la guérison lui seraient accordés contre la moitié du fief de Fontaine-de-Vaucluse. Ce qu’il fit immédiatement. Il repartit sur ses deux jambes, peut-être un peu moins lourd qu’à son arrivée.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La légende du Gargolium

 

Jargeau CassiniEst-ce saint Véran lui-même où la procession de ses reliques qui vainquirent le dragon qui s’était installé à Jargeau ? Cette bête aquatique abominable s’appelait le Gargolium et terrorisait ceux qui s’approchaient des rives de la Loire (racine GRG, comme gargouille, du grec gargareôn, gorge, qui devint le synonyme d’avaler, dévorer, mais il pourrait aussi, comme Gargan, l’antique dieu solaire, provenir du celte gar, pierre, gan, géant, et tua, l’homme).

 

 

JargeauLe toponyme Jargeau pourrait se rapprocher de ce Gargolium mais aussi du prénom Georges, autre saint sauroctone.

 

 

 

 

 

 

Varan du NilLe prénom de Véran est lui aussi intéressant. Il provient du burgonde Wrain, en langue d’Oïl Vrain, francisation du nom Veranus ou du latin vérus, vrai, légitime, juste. On peut penser aussi au latin varanus, latinisation du mot égyptien waran qui signifie avertisseur. Les varans du Nil, espèce de gros lézard semi-aquatique, étaient censés avertir les hommes de la présence de crocodiles.  

 

 

 


La Coulobre et Pétrarque

 

Pétrarque dessinFrançois Pétrarque, inconditionnel personnage de Fontaine-de-Vaucluse, y a vécu pendant une quinzaine d’années. Il y possédait une maison avec une importante bibliothèque où il écrivit la plupart de ses œuvres dont les fameux poèmes d’amour à Laure de Noves. Il parle de Vaucluse comme de la reine des fontaines : « Un rocher âpre et menaçant, qui reçoit les vents et les nuages, s’élève ici et va se cacher dans les airs. C’est à ses pieds que les sources de la fontaine ont un abîme, où les nymphes tiennent leur empire mobile. La Sorgue y voit sourdre les eaux majestueuses qu’elle conduit avec un doux murmure ». Il en a même laissé un dessin.

 

 

 

 

 

Il a lui aussi sa légende, probablement liée au pétrarquisme et à son influence sur le renouveau littéraire.

Pétrarque 1aLa Coulobre n'était pas insensible au charme du bel Italien. Elle nourrissait en secret la chimère de l'emmener vivre avec elle et ses enfants. Mais elle n'osait l'effrayer en se montrant à lui brusquement, comme elle l'avait fait à d'autres jeunes gens qu'elle avait dû croquer ensuite. Elle se tenait donc juste en dessous de la surface des flots, frôlant les rives des jardins, où elle le contemplait amoureusement, tandis qu'il écrivait et rêvait sous les feuilles.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Laure de Sade 2Par un bel après-midi, la Coulobre vit entrer chez son bien-aimé, une femme si merveilleuse qu'elle comprit aussitôt qu'aucun rêve ne lui était permis. Jamais le bel Italien ne déciderait de son plein gré de venir vivre avec une créature monstrueusement laide sous les eaux.

Folle de rage et de douleur, elle bondit à la surface au moment où le poète se penchait sur la main de son invitée pour y déposer un baiser. Voyant surgir le monstre devant elle, Laure poussa un cri et tomba évanouie dans l'herbe tandis que Pétrarque, saisissant son épée, transperçait l'animal sans autre forme de procès. Afin d'éviter à la dame de son cœur une vision affreuse, le jeune homme rejeta le dragon à l'eau, avant qu'elle n'eût repris conscience. Et le cadavre vogua au gré des flots jusqu'au gouffre de la vallée close où il fut englouti à nouveau.

 

 

 

 

 

Laure de Sade 1La nouvelle de cet exploit passa de bouche en bouche et le bel Italien devint bientôt aussi fameux que saint Véran parmi les gens du pays. Cela n'empêcha pas sa belle de demeurer aussi vertueuse et fidèle à son époux, auquel elle donna onze enfants.
Devenu célèbre par ses écrits, le poète repartit en Italie. Par un beau matin d'avril, il apprit que Laure était morte le jour de ses quarante ans, empoisonnée par une épidémie de peste dont le souffle avait pris naissance, à ce que l'on disait, dans les vapeurs du gouffre de la vallée close.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Le secret de la source, les nymphes, Mistral et Chateaubriand

 

Mistral 1Les deux écrivains, après Pétrarque, ont visiblement été marqués par l’ambiance mystérieuse de la source et y ont reconnu eux aussi la présence d’une nymphe, divinité féminine personnifiant les forces vives de la Nature.

« Parti pour faire danser les filles de l’Isle-sur-Sorgue, le vieux ménétrier Basile s’endormit à l’ombre un chaud jour sur le chemin de Vaucluse. Apparut une nymphe, qui, belle comme l’onde claire prit la main du dormeur et le conduisit au bord de la vasque où s’épanouit la Sorgue.

Devant eux l’eau s’entrouvrit et les laissa descendre entre deux murailles de liquide cristal au fond du gouffre.

Après une longue course souterraine, la nymphe, au milieu d’une souriante prairie semée de fleurs surnaturelles, arrêta le ménétrier devant sept gros diamants. Soulevant l’un d’eux, elle fit jaillir un puissant jet d’eau.

Voilà, dit-elle, le secret de la source dont je suis la gardienne, pour la gonfler, je retire les diamants, au septième l’eau atteint le figuier qui ne boit qu’une fois l’an et elle disparut en réveillant Basile » ...

 

Extrait de Mirèio (Mireille, 1859) de Frédéric Mistral

 

Chateaubriand 1a« J’allai à Vaucluse cueillir, au bord de la fontaine, des bruyères parfumées et la première olive que portait un jeune olivier. Cette claire fontaine, dans ce même bocage, sort d’un rocher ; elle répand, fraîches et douces, ses ondes qui suavement murmurent. À ce beau lit de repos, ni les pasteurs, ni les troupeaux ne s’empressent ; mais la nymphe et la muse y vont chantant ». 

Chateaubriand, Mémoires d’outre-tombe, 1849

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Coulobre 1

https://www.horizon-provence.com/fontaine-de-vaucluse/

https://fr.wikipedia.org/wiki/Fontaine-de-Vaucluse

https://www.fontainedevaucluse.fr/

https://islesurlasorguetourisme.com/decouvrir/terre-de-patrimoine/nos-villages/fontaine-de-vaucluse

https://clan-du-dragon.com/blogs/blog-le-clan-du-dragon/coulobre

https://www.saintveran.com/decouvrir/le-village-de-saint-veran/histoire

https://www.avignon-et-provence.com/sites-naturels/gouffre-de-fontaine-de-vaucluse

https://www.lasorgue.fr/la-sorgue/la-fontaine-de-vaucluse/la-source-de-la-sorgue-386.html

https://www.mas-seraphin.com/presentation/fontaine-de-vaucluse.html

http://eprimaire.free.fr/contes/tradi/recits_fr.html#r2

L’église Sainte-Marie et Saint‑Véran de Fontaine‑de‑Vaucluse de Guy Barruol et Yann Codou

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