Le côté nord
On arrive en général à la cathédrale par le côté nord, celui de la place du Dôme. J’ai reçu une décharge d’énergie importante à quelques mètres de la façade. Peut-être à l’emplacement de l’ancien lieu de culte préchrétien ? Quoi qu’il en soit, cette façade est très imposante et très belle. De style lombard roman, elle laisse percevoir l’approche du gothique.
La cathédrale est accolée au palais Prétorio et au Castelletto, anciens palais des évêques. Entre les deux, un petit bâtiment du XVe siècle qui sert d’accès à l’église San Giovanni.

C’est sur le transept nord que se trouve la rosace de la roue de la fortune. Je n’avais jamais vu ça avant. Voir son intrerprétation ici.
En dessous se trouve la porte des lions. Le portail, dit des évêques, datant du XIVe siècle, fut appelé ainsi parce que le cortège des évêques, venant de la résidence épiscopale du château de Buonconsiglio lors du concile de Trente, passait par là. Sur le dessus du porche, saint Vigile les accueille.

Les colonnes du porche sont portées par deux lions en marbre, caractéristique de l'architecture romane lombarde, dérivés des lions funéraires romains, gardiens des tombes. Ce sont des lions apotropaïques (du grec apotropein, détourner) qui conjurent le mauvais sort, visent à détourner les influences maléfiques, éloignent les forces du mal et effrayent l'ennemi. Le lion est aussi symbole de force et de courage, mais il peut aussi représenter l’orgueil et la colère. Force brutale incarnée dans la matière lunaire, mais aussi puissance maitrisée du principe solaire accompli. C’est aussi le symbole de la résurrection. Ce n’est pas sans rapport avec la roue de la fortune placée au-dessus.
Le tympan, parmi les plus beaux de la région, est entouré de voussures bicolores, formant un halo. Les sculptures en ronde bosse et non pas en bas relief, datant de 1212, représentent le Christ en majesté, et le symbole des 4 vivants, ou tétramorphe (représentant les quatre animaux ailés tirant le char de la vision d'Ezéchiel).
L’origine du symbole remonte à la nuit des temps et on les retrouve dans diverses civilisations de l'Antiquité, en particulier en Egypte et en Mésopotamie, avant de les retrouver dans la Bible puis dans l'Apocalypse de saint Jean. C'est Saint Irénée de Lyon, dans son traité "Contre les hérésies" rédigé vers 180, soit de nombreux siècles après leur première apparition, qui a le premier identifié ces quatre vivants aux quatre évangélistes : le lion pour Marc, le taureau pour Luc, l'homme pour Matthieu et l'aigle pour Jean. Ils accompagnent souvent les représentations du Christ en majesté.
A remarquer que le Christ tient dans sa (très grosse) main gauche le livre fermé, symbole des choses cachées, de l’ésotérisme plus que de l’exotérisme.
A côté du porche se trouve une niche dans laquelle se trouve un autel. C’est ici qu’au moyen-âge on exposait quelques heures le corps des noyés inconnus trouvés dans l’Adige, devant une statue de la vierge appelée Madonna degli annegati (Notre-Dame des noyés, que l’on retrouve à l’intérieur de l’édifice).

Quelques frises, pierres sculptées de l’époque romaine, furent réutilisées dans le revêtement du bas-côté nord, appartenant peut-être à l’ancien lieu de culte. Sur l’une d’entre elles est représenté un trident, attribut de Neptune, que l’on retrouve sur la fontaine.
La galerie haute est formée de colonnes polygonales surmontées par des chapiteaux à crochets.
Une fenêtre avec des chapiteaux sculptés s'ouvre sur le côté nord de la tour.


La façade ouest
La façade est dominée sur la gauche par une tour-clocher, la seconde, à droite, ne fut jamais achevée. Le clocher fut coiffé par un toit baroque.

Sur la façade, donnant sur la Via Verdi, une grande rosace en marbre à 16 pétales : du 10 de la roue de la fortune, on passe au 8, comme l’octogone de la tour de croisée. C’est en 1321 que Bonino da Campione la réalisa.
La rosace est surmontée d’un Christ en majesté tenant un livre fermé.

Dans le cercle, un carré. A ses angles, les symboles du tétramorphe, des évangélistes. Au centre, des figures géométriques. On retrouve des fleurs de lys, des trèfles, des étoiles à 5 ou 6 branches, le sceau de Salomon.
La petite rosace plus en hauteur comprend elle aussi 8 intervalles, les ouvertures de la galerie haute qui se prolonge sur cette façade, 9.
Le portail, assez simple, est surmonté d'une fresque du XIVe siècle représentant la Vierge et saint Vigile.
Le côté sud
Le bas-côté qui surplombe la place d'Arogno est moins riche, plus uniforme. La galerie haute en est absente. Peut-être parce que ce bas-côté donnait au départ sur le cimetière.

Le blason sculpté de la famille de Castelbarco date du début du XIVe siècle. Plus loin, l'aigle bicéphale du Saint Empire Romain. La chapelle Alberti, ou chapelle du crucifix, fut ajoutée à l’époque baroque.

Entre la chapelle Alberti et le bras du transept s’ouvre une porte romane. Le tympan est orné d’une fresque d’une Vierge à l’enfant. Le linteau porte les fruits de la connaissance.

Sur la droite, une inscription en lettres gothiques date du XIIIe siècle : "Iacobvs Comes". C’est le nom de l'un des derniers descendants des comtes d’Appiano, sculpté au-dessus.
Le chevet
C’est le côté le plus travaillé si l’on excepte les rosaces. Quatre parties bien distinctes sur le chevet : l’étage inférieur dont les fenêtres donnent sur la crypte, une partie constituée de fausses colonnes, puis l’étage rehaussé du chœur et la partie supérieure avec la galerie à colonnes. Deux petites absidioles sont accolées.

La fenêtre centrale est flanquée de colonnes doubles soutenues par des griffons se faisant face. Il se pourrait qu’ils aient fait partie de l’ancienne église, et qu’ils aient été réutilisés. Les griffons tiennent dans leurs pattes un animal à corps de serpent (la vouivre ?).
Le griffon, à corps de lion et tête d’aigle (deux animaux solaires : le corps et l’esprit, le tellurique et le cosmique), est le gardien des trésors, la partie solaire de la connaissance. Ils sont attribués, comme le lion qui surmonte le porche et le bas-relief du portail, au maître de la roue de la fortune. Les deux colonnes que supportent les griffons sont reliées par un nœud plat.
Le nœud plat, probablement un des nœuds les plus anciens et les plus connus, est la façon la plus traditionnelle de réunir deux cordages. N’étant pas solide et risquant de se défaire s'il est soumis à des secousses ou à une tension importante, il ne peut être utilisé comme nœud de jonction que pour relier provisoirement les cordages. Le cosmique est relié au tellurique. Mais provisoirement ?
Le porche est plus petit que sur le côté nord, mais tout aussi travaillé.

A gauche, une colonne polygonale est soutenue par un lion,
à droite, 4 atlantes soutiennent 4 colonnes qui se rejoignent par un nœud plat. Le nœud relie les 4 éléments… provisoirement.
À la base du portail, un bas-relief du XIIe siècle réutilisé figure la vouivre, maitrisée cette fois par un loup ou un chien. Le loup, ancêtre du chien, est associé à la terre, à l’eau et à la lune. Equivalent lunaire du lion, il maitrise les forces de la nuit. Il nous prévient qu’il faut garder la maitrise, en tant que gardien de la connaissance (comme Cerbère garde les enfers), sinon il peut nous dévorer. Le loup est associé à Sirius, l’étoile qui remplace le soleil pendant la nuit.
Le castello est accolé au chevet, englobant l'abside de l'église San-Giovanni. Au-dessus se dresse de clocher de san Romedio : il est dit que la cloche a sonné toute seule à l’heure de la mort du saint. Le castello se prolonge dans la rue Calepina.


http://www.medioevo.org/artemedievale/Pages/TrentinoAltoAdige/DuomodiTrento.html
http://xoomer.virgilio.it/60anto/Monumenti/Monum.htm